AG/EF/242

LES PETITS ETATS INSULAIRES RECLAMENT A LA DEUXIEME COMMISSION LA MISE AU POINT D'UN INDICE DE VULNERABILITE

7 novembre 1997


Communiqué de Presse
AG/EF/242


LES PETITS ETATS INSULAIRES RECLAMENT A LA DEUXIEME COMMISSION LA MISE AU POINT D'UN INDICE DE VULNERABILITE

19971107 La gestion des ressources en eau douce de la planète, cause d'une certaine inquiétude

La Deuxième Commission (économique et financière) a achevé cet après- midi l'examen du point de son ordre du jour intitulé "Environnement et développement", en se concentrant sur les chapitres relatifs à la protection du climat mondial pour les générations présentes et futures, à la Convention sur la diversité biologique et à l'application des décisions de la Conférence mondiale sur le développement durable des petits Etats insulaires en développement. Les représentants et observateurs des pays et organisations suivants ont pris la parole: Islande, Trinité-et-Tobago, Kenya, Kirghizistan, Iles Salomon, Venezuela, Organisation météorologique mondiale, Banque mondiale et Vanuatu.

Les représentants des petits Etats insulaires qui ont pris la parole ont rappelé leur intérêt à l'élaboration d'un indice de vulnérabilité dans la cadre du Plan d'action de la Barbade. Le représentant du Vanuatu s'est en outre élevé contre la proposition faite par le Conseil économique et social de rayer le nom de son pays de la liste des pays les moins avancés, expliquant que les petits Etats insulaires comme le sien restaient particulièrement vulnérables.

Plusieurs représentants ont par ailleurs exprimé leur préoccupation concernant l'avenir des ressources en eau douce et le représentant du Kirghizistan a préconisé la mise en place d'un système de tarification de cette ressource qui ne peut plus être considérée comme renouvelable, surtout face aux besoins croissants d'une humanité toujours plus nombreuse.

La Commission poursuivra ses travaux le lundi 10 novembre, à 10 heures. Elle reprendra le point de son ordre du jour intitulé "Questions de politique macro-économique", pour examiner le chapitre relatif au commerce et au développement.

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Débat

M. GUNNAR PALSSON (Islande) a déclaré que la signature de la Convention sur le changement climatique a constitué une étape décisive. On s'est ensuite lancé dans un processus tendant à ramener les émissions de gaz à effet de serre en 2000 à leur niveau de 1990. Mais les résultats ont jusqu'à présent été décevants et des mesures ne sont pas prises pour faire en sorte que la prochaine réunion de Kyoto, en décembre, aboutisse à des résultats positifs. L'Islande a fait certaines propositions pour faciliter ce processus. Mais elle insiste sur le fait que le niveau de départ des émissions et le niveau de développement économique des différents Etats doivent être dûment pris en compte dans les décisions qui seront prises à Kyoto, comme ils l'étaient clairement dans la Convention elle-même. Il faut par ailleurs substituer progressivement de nouvelles énergies - solaire, de biomasse, marémotrice - aux carburants fossiles. De telles mesures représentent une question de vie ou de mort pour certains petits Etats insulaires.

M. ROSLYN KHAN-CUMMINGS (Trinité-et-Tobago) a souscrit aux déclarations de la République-Unie de Tanzanie au nom du Groupe des 77 et la Chine et de la Jamaïque au nom des pays de la CARICOM. Elle s'est félicitée des progrès réalisés sur la mise au point de l'indice de vulnérabilité pour les petits Etats insulaires en développement ce qui permettra de doter la communauté internationale d'un outil essentiel pour la mise en place du Programme d'action de la Barbade. Elle a évoqué la Déclaration de la Barbade qui stipule que la mise en oeuvre du Programme d'action doit se faire au niveau national, régional et international si l'on veut que les petits Etats insulaires connaissent un développement durable. Or, a-t-elle déclaré, seuls des mesures éparses et isolées ont été prises jusqu'ici et des moyens suffisants n'ont pas été engagés à cet effet, en ce qui concerne en particulier l'assistance technologique.

Suite au Sommet de Rio, Trinité-et-Tobago a encouragé une politique écologique durable pour une bonne gestion de l'environnement. Le Ministère de la consommation a mis sur pied des programmes de conscientisation du public sur les modèles de consommation durable existants. Une Division du changement de la gestion en vue de l'éradication de la pauvreté a été mise en place auprès du Premier Ministre. Un projet général a également été entrepris pour permettre de mieux gérer le pétrole, les déchets et les substances dangereuses.

Comme conséquence de la mondialisation, des facteurs exogènes ont eu des conséquences graves pour les petits Etats insulaires. Elle a donc plaidé pour la mise en place d'un système multilatéral afin de permettre à ces petits Etats d'améliorer leurs structures économiques et de poursuivre un modèle de développement durable. Elle a rappelé qu'à la réunion au niveau ministériel du Commonwealth à Edimbourg l'accent a été mis sur les mesures à prendre pour assurer, aux petits Etats comme aux autres, les avantages de la

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mondialisation, et pour que des accords de commerce régionaux et internationaux qui leur soient favorables soient adoptés. La représentante de Trinité-et-Tobago s'est félicitée de la proposition d'évaluer en 1999 au cours d'une session spéciale la mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade.

M. TIMOTHY U.K. M'MELLA (Kenya) a indiqué que son pays avait signé et ratifié la Convention sur les changements climatiques et que son gouvernement avait également mis sur pied un Comité national de coordination qui étudie les changements climatiques. Ce Comité coordonne actuellement l'application du Projet de renforcement des capacités du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) et du PNUD destiné à l'Afrique subsaharienne. Notant par ailleurs que la mise en oeuvre des engagements auxquels les pays en développement Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ont souscrit, est entièrement fonction de l'octroi de ressources financières complémentaires, M. M'Mella a exhorté la Communauté internationale à honorer ses promesses. Observant en outre que son pays est favorable à l'oeuvre du Groupe intergouvernemental sur les changements climatiques, dont il fait partie depuis sa création, il a préconisé l'abandon des modes de production et de consommation qui ont largement contribué aux problèmes causés par les émissions de gaz à effet de serre. Il s'est donc prononcé en faveur de méthodes plus rentables et moins nuisibles à l'environnement, telles que les technologies qui produisent un air plus propre et dont devraient bénéficier les pays en développement.

Il a insisté sur l'importance que son pays accorde à la Convention sur la diversité biologique, en particulier au niveau de la préservation de cette diversité et de son utilisation rationnelle. Il a déploré que cette diversité continue d'être menacée du fait de l'introduction d'espèces étrangères notamment. Il a rappelé à cet égard que le gouvernement a pris certaines mesures, y compris une législation concernant l'environnement et le développement et a créé une commission qui va s'occuper des conflits liés à l'utilisation des terres. Le Kenya appuie le texte qui a été adopté à Montréal en 1997 et qui servira de base aux négociations sur un protocole sur la biodiversité lors de la prochaine session. M. M'Mella s'est aussi réjoui de l'étude de la question des ressources en eau douce prévue pour la sixième session de la Commission sur le développement durable, question d'un intérêt crucial pour ceux qui vivent dans les pays en développement. Evoquant l'absence de ressources financières prévisibles et l'insuffisance du transfert de technologies du Nord vers le Sud qui continuent d'entraver les efforts accomplis par le Kenya pour honorer ses engagements au titre de la Convention, il a plaidé pour que les partenaires du Nord s'acquittent de leurs obligations financières.

M. M. BAIKHODJOEV (Kirghizistan) a rappelé que la mise en oeuvre des dispositions en faveur du développement durable ont pris du retard. Le chapitre 13 d'Action 21 consacré au "Programme des montagnes" a largement contribué à mieux faire connaître l'importance des régions montagneuses et leur vulnérabilité. Il appelait à la mise en place d'indicateurs de

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développement durable de ces régions et à la prise de diverses mesures. Si l'élaboration de mécanismes régionaux et sous-régionaux a pris du retard, la Convention alpine de 1992 autorise un certain espoir. Les montagnes sont en outre une source d'eau douce, qui ne peut malheureusement pas être considérée comme une ressource renouvelable, surtout face à une population en augmentation. A cet égard, une gestion rationnelle des cours d'eau est d'une importance considérable et, compte tenu qu'environ 300 cours d'eau sont transfrontières, une gestion internationale de ces cours d'eau est primordiale. La création de marchés de ressources en eau et de systèmes de tarification permettra de mieux gérer les ressources et offrira des possibilités accrues au secteur privé, a estimé le représentant.

Région de montagnes, le Kirghizistan est très menacé par les catastrophes naturelles, auxquelles s'ajoutent des risques dus aux activités humaines. Le Kirghizistan est pollué par des déchets radioactifs de l'ex-URSS et le pays ne pourra faire face à ses problèmes qu'avec l'aide de la communauté internationale. Le Kirghizistan a proposé de décréter une année internationale des montagnes et a souhaité que cette proposition soit suivie d'effet.

M. JEREMI MANELE (Iles Salomon) a souscrit aux déclarations de Samoa au nom des petits Etats insulaires, de la République-Unie de Tanzanie au nom du Groupe des 77 et la Chine et du représentant du Forum du Pacifique Sud. Il a reconnu que malgré la difficulté d'intégration des politiques économiques et écologiques, les Iles Salomon s'efforcent néanmoins d'y parvenir. Il a rappelé les résultats peu satisfaisants de la 19ème session extraordinaire de l'Assemblée générale, et a insisté pour que des mesures effectives soient adoptées pour mettre en oeuvre le Programme d'Action 21. Il s'est félicité par ailleurs du Programme d'action de la Barbade pour le développement des petits Etats insulaires et a suggéré que le Fonds mondial de l'environnement accorde son assistance en tenant compte des priorités définies par les pays bénéficiaires.

Concernant la question de l'environnement et du développement durable, M. Manele a déclaré que les forêts représentent 50 à 60% des recettes d'exportation des Iles Salomon. Il est donc indispensable d'améliorer les pratiques en vigueur d'exploitation de ces forêts. Un colloque sur la mise en place d'un code à cet égard s'est récemment tenu au Vanuatu. Il reste cependant que ce code entre en vigueur et de le respecter. Le représentant a rappelé que l'agriculture représente 80% de la subsistance de la population dans les Iles Salomon. Le gouvernement a entrepris l'élaboration d'un plan national de protection de la biodiversité. Une assistance financière sera néanmoins nécessaire pour sa mise en place.

M. Manele a déclaré que le changement climatique représente une grande menace pour la vie des générations actuelles et futures, voire même pour la survie de la race humaine. Le réchauffement planétaire et la montée du niveau de la mer sont deux facteurs préoccupants pour les Iles Salomon et qui méritent une action urgente. Il a lancé un appel pour qu'un accord soit pris au niveau international à Kyoto en ce qui concerne la réduction des gaz à effet de serre. Concernant la prévention en matière de catastrophes

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naturelles, M. Manele a indiqué qu'il faut mettre en place des systèmes d'alerte précoce. L'aide publique au développement doit appuyer financièrement les efforts nationaux qui seront déployés dans ce domaine. La communauté internationale doit en effet être disposée à fournir une aide aux pays en développement, et plus particulièrement aux pays les moins avancés. Les Iles Salomon sont en train d'entreprendre un ajustement structurel afin de parvenir à une croissance économique durable ainsi qu'à une gestion efficace et responsable des institutions gouvernementales. Il existe donc une volonté politique claire de modifier l'état actuel des choses. Il a lancé un appel à tous les Etats pour qu'ils mettent en application l'Agenda pour le développement qui a été récemment approuvé et a salué les efforts du Japon, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande qui fournissent une assistance importante dans cette région du monde.

M. GONZALO PRIETO (Venezuela) a souscrit à l'Accord des Nations Unies sur les changements climatiques et au Protocole de Montréal sur les substances qui provoquent des dommages à la couche d'ozone. Il a estimé que ceux-ci représentent de bons instruments juridiques de base indispensables pour entamer les discussions sur la question de la protection atmosphérique. Une grande partie du territoire vénézuélien est constitué de forêts et de systèmes marins et côtiers. Ses régions ont d'ailleurs été décrétées zones placées sous un régime d'administration spéciale. M. Prieto a indiqué qu'il faut attendre que les progrès scientifiques permettent de réaliser avec plus de précision le calcul des émissions de gaz à effet de serre dans chaque pays avant de prendre des initiatives relatives à ce sujet. Il faut également mesurer les conséquences économiques et sociales qu'impliqueront l'application d'un protocole de mesures de restriction des émissions des gaz, et ceci surtout dans les pays en développement. Il faut donc des mesures concrètes de compensation pour ces pays très vulnérables. Il est d'autant plus évident, a- t-il ajouté, que la plus grande partie des gaz à effet de serre est produite par les pays industrialisés, et la responsabilité leur en incombe donc. Tout comme le précise le Principe 16 de la Déclaration de Rio, c'est celui qui contamine qui est chargé d'assumer les dommages causés à l'environnement. Les coûts économiques et sociaux de tels dommages devront donc être pris en charge par la communauté internationale le plus rapidement possible.

M. DON NANJIRA (Organisation météorologique mondiale (OMM)) a rappelé que son Organisation publie tous les ans une note sur l'état du climat mondial. En outre, le Groupe intergouvernemental sur le changement climatique représente la contribution de l'OMM à la Convention sur le changement climatique. L'OMM s'est engagée à collaborer étroitement avec les autres organisations compétentes afin de mettre en oeuvre le Programme d'action sur le climat correspondant au chapitre 9 d'Action 21. L'OMM met également en oeuvre un système de surveillance du climat et des océans, afin par exemple de surveiller le phénomène "El Niño", qui a des conséquences mondiales et représente un défi considérable pour tous les pays, qui doivent prendre des mesures collectives pour tenter d'atténuer ses conséquences négatives. Plusieurs articles de la Convention sur la diversité biologique intéressent également l'OMM, a déclaré M. Nanjira.

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L'OMM attache une importance particulière aux transferts de techniques adaptées au pays en développement ou à économie en transition, et notamment aux petits pays insulaires en développement qui sont particulièrement vulnérables. L'aide de l'OMM à ces derniers se concentre sur le renforcement des capacités nationales de veille et celles qui sont chargées d'informer le public.

M. ALFREDO SFEIR-YOUNIS (Représentant spécial de la Banque mondiale auprès des Nations Unies) a déclaré qu'au niveau planétaire, la communauté internationale n'a pas atteint les objectifs qu'elle s'était fixés. En ce qui la concerne, la Banque mondiale a oeuvré en vue de l'éradication de la pauvreté sans pour autant négliger le lien étroit entre la pauvreté et la dégradation de l'environnement. Il a indiqué que le Fonds pour l'environnement mondial est devenu un mécanisme financier efficace pour les questions de l'environnement. Il a passé en revue le plan d'action de la Banque dans cinq domaines où elle peut contribuer grâce à la collaboration des Etats Membres et autres organismes intéressés. Ces cinq domaines concernent le changement climatique, la biodiversité, la préservation de la couche d'ozone, la désertification et la gestion de l'eau. Concernant ce dernier point, le représentant prévoit que les pays en développement auront besoin d'investir environ 600 milliards de dollars des Etats-Unis en eau au cours des prochaines décennies. La Banque a donc annoncé qu'elle envisage un prêt allant jusqu'à 35 milliards de dollars au cours de cette période. Concernant la désertification, La Banque a aidé à l'introduction de techniques agricoles améliorées visant à limiter l'avancée du désert et à restaurer les terres arables. Concernant le protection de la couche d'ozone, la Banque, en collaboration avec la Fédération de Russie, a développé un programme pour éliminer la production de chlorofluorocarbones d'ici l'an 2000. Quant à la préservation de la biodiversité, la Banque a annoncé que dans les pays membres où elle exerce des activités, elle s'efforcera de mettre en place 50 millions d'hectares d'écosystèmes de forêts, et 200 millions d'hectares de forêts tropicales. Il a enfin indiqué que la Banque mondiale travaillera avec le secteur privé pour trouver des solutions durables aux problèmes de l'environnement. Elle mettra tout en oeuvre pour l'établissement d'un partenariat mondial pour la défense globale de l'environnement.

M. JEAN RAVOU-AKII (Vanuatu) s'est associé aux déclarations de la République-Unie de Tanzanie, au nom du Groupe des 77 et la Chine, et des îles Samoa, au nom des pays membres de l'Alliance des petits Etats insulaires. Il a rappelé que, dans la région du Pacifique Sud se trouvent cinq Etats qui figurent sur la liste des pays les moins avancés. Deux d'entre eux, dont le Vanuatu, semblent remplir les conditions nécessaires pour être rayés de cette liste et le Conseil économique et social s'est prononcé en ce sens. Le Vanuatu estime que ce retrait serait prématuré, a déclaré le représentant. Les Etats insulaires du Pacifique sont en effet très vulnérables aux chocs écologiques et économiques, et cette vulnérabilité est encore aggravé par l'éloignement des marchés. C'est pourquoi, le Vanuatu appuie les études sur l'établissement d'un indice de vulnérabilité pour les petits Etats insulaires.

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