AG/EF/240

DOUTES A LA DEUXIEME COMMISSION SUR LES CHANCES DE SUCCES DE LA REUNION DE KYOTO SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

6 novembre 1997


Communiqué de Presse
AG/EF/240


DOUTES A LA DEUXIEME COMMISSION SUR LES CHANCES DE SUCCES DE LA REUNION DE KYOTO SUR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

19971106 Les petits Etats insulaires en développement inquiets des conséquences dramatiques du réchauffement climatique

La Deuxième Commission (économique et financière) a poursuivi cet après- midi l'examen du point de son ordre du jour relatif à l'environnement et au développement durable. Elle s'est concentrée sur les chapitres relatifs à la protection du climat mondial pour les générations présentes et futures, à la Convention sur la diversité biologique et à l'application des décisions de la Conférence mondiale sur le développement durable des petits Etats insulaires en développement.

Dans ce cadre, la Commission était saisie du rapport de la troisième réunion de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique, qui a été présenté par M. Calestous Juma, Secrétaire exécutif de la Convention sur la Diversité biologique. Elle était également saisie du rapport du Secrétaire général sur l'application des décisions de la Conférence mondiale sur le développement durable des petits Etats insulaires, présenté par Mme Joke Waller-Hunter, Directrice de la Division du Développement durable au Département des affaires économiques et sociales.

Les représentants des pays et organisations suivants ont pris la parole: République-Unie de Tanzanie (au nom du Groupe des 77 et la Chine), Luxembourg (au nom de l'Union européenne et de pays associés), Etats-Unis, Samoa (au nom de l'Alliance des petits Etats insulaires), Iles Marshall, Myanmar, Guinée, Malte, Forum du Pacifique Sud et Slovaquie.

Les représentants ont vivement souhaité la conclusion, lors de la prochaine réunion de Kyoto des Parties à la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique, d'un accord sur une réduction importante des émissions de gaz à effet de serre. Les représentants des petits Etats insulaires en développement ont insisté sur les conséquences particulièrement irréversibles et dramatiques pour eux d'un réchauffement climatique. Plusieurs se sont cependant montrés pessimistes sur l'issue de la réunion de Kyoto et le représentant des Iles Marshall a accusé les grands pays industrialisés de renier leurs engagements de Rio et de chercher à faire

(à suivre 1a)

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porter la responsabilité de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre sur certain pays en développement. Le représentant du Luxembourg a quant à lui affirmé que l'Union européenne était prête à prendre ses responsabilités. Plusieurs représentants ont par ailleurs demandé à la communauté internationale d'accorder plus d'attention à la mise en oeuvre du Plan d'action de la Barbade en faveur des petits Etats insulaires en développement.

La Commission était auparavant revenue sur les chapitres étudiés lors de sa séance du matin, à savoir l'application des décisions et recommandations de la Conférence de Rio et session extraordinaire consacrée à une évaluation de la mise en oeuvre d'Action 21. La République islamique d'Iran a pris la parole et les Etats-Unis ont fait usage de leur droit de réponse, suite à la déclaration faite le matin de la représentante de l'Iraq. Celle-ci a elle- même fait usage de son droit de réponse en fin de séance.

La Commission a par ailleurs entendu la présentation d'un projet de résolution sur le point relatif aux questions de politiques sectorielle, présenté par la République-Unie de Tanzanie au nom du groupe des 77 et la Chine et relatif à la coopération pour le développement industriel. Aux termes de ce texte, l'Assemblée générale demanderait notamment à tous les États Membres d'appuyer la mise en oeuvre du programme de la Décennie du développement industriel de l'Afrique et du Plan d'action de l'Alliance pour l'industrialisation de l'Afrique. Elle inviterait en outre les pays donateurs, les Fonds et Programmes des Nations Unies, l'ensemble des organismes compétents des Nations Unies et le secteur privé à participer à la réunion des donateurs que l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) doit organiser en 1998 en collaboration avec la Commission économique pour l'Afrique (CEA), le PNUD et l'Organisation de l'unité africaine.

La Deuxième Commission poursuivra ses travaux sur les mêmes chapitres, demain, vendredi 7 novembre, à 10 heures.

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QUESTIONS DE POLITIQUE SECTORIELLE

Présentation d'un projet de résolution

Aux termes du projet de résolution A/C.2/52/L.16, présenté par la République-Unie de Tanzanie au nom du groupe des 77 et la Chine et relatif à la coopération pour le développement industriel, l'Assemblée générale, demanderait à tous les États Membres d'appuyer la mise en oeuvre du programme de la Décennie du développement industriel de l'Afrique et du Plan d'action de l'Alliance pour l'industrialisation de l'Afrique. Elle inviterait les pays donateurs, les fonds et programmes des Nations Unies, l'ensemble des organismes compétents des Nations Unies et le secteur privé à participer à la réunion des donateurs que l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) doit organiser en 1998 en collaboration avec la Commission économique pour l'Afrique (CEA), le Programme des Nations Unies pour le développement et l'Organisation de l'unité africaine, sous la direction de la Banque africaine de développement et en coopération avec la Banque mondiale et exhorterait la communauté internationale et les organisations et organismes compétents des Nations Unies, en particulier l'ONUDI et la CEA à appuyer les programmes des pays africains visant à intensifier et à étendre la coopération mutuelle de ces derniers dans le secteur industriel.

L'Assemblée générale prierait l'ONUDI, la CEA et d'autres organisations des Nations Unies compétentes de collaborer étroitement avec les gouvernements et le secteur privé en Afrique aux niveaux national, régional et international, de façon à favoriser la production et le développement industriels. Elle demanderait à l'ONUDI et à la CEA de renforcer leur coordination avec le PNUD et d'autres organismes des Nations Unies et les donateurs afin d'accélérer la mise en oeuvre de la Décennie du développement industriel de l'Afrique et la réalisation de ses objectifs.

ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE

Application des décisions et recommandations de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement; session extraordinaire consacrée à un examen et à une évaluation de la mise en oeuvre d'Action 21

Fin du débat

M. BAGHER ASADI (République islamique d'Iran) a déclaré que les résultats de la mise en oeuvre du Plan d'action de Rio sont mitigés, comme l'a bien démontré la session extraordinaire de juin de l'Assemblée générale. Toutefois, le fait que la communauté internationale soit parvenue à un consensus sur la déclaration finale, le fait aussi que plusieurs conventions internationales de protection de l'environnement aient été signées depuis Rio est positif. Cependant, trop peu de mesures concrètes ont été prises.

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Si l'on a reconnu à Rio l'interdépendance entre l'environnement et le développement, on a trop insisté sur le premier point et pas assez sur le second et on a eu trop tendance à examiner les problèmes de manière sectorielle plutôt que globale, a affirmé M. Asadi. Pour la partie de la population mondiale la plus démunie, ces approches sectorielles apparaissent comme des préoccupations de nantis. Pour elle, le pain compte plus que la couche d'ozone ou les gaz à effet de serre. Par ailleurs, la tendance progressive au retrait par rapport aux engagements multilatéraux, sensible lors la session extraordinaire, est regrettable: le principe de responsabilité commune mais différenciée affirmé à Rio est réaliste. Dans les domaines du développement durable comme de la paix, l'établissement et le maintien de la confiance sont essentiels, a déclaré le représentant. Or, la confiance dépend d'un engagement et d'un respect réel des normes du droit international reconnues par tous.

Depuis la Conférence de Rio, la République islamique d'Iran est devenue partie à tous les instruments juridiques de protection de l'environnement, a déclaré M. Asadi. Le budget consacré à l'environnement a été considérablement augmenté. Le gouvernement a essayé de mettre en place des politiques incorporant la notion de durabilité, même s'il reste encore beaucoup à faire.

Droit de réponse

Le représentant des Etats-Unis a estimé que, ce matin, la représentante de l'Iraq avait reproché à la communauté internationale d'avoir dégradé son environnement lors du conflit du Golfe. Mais la guerre du Golfe a fait suite à une agression non provoquée de la part de l'Iraq. Plutôt que de faire de tels reproches à la communauté internationale, il vaudrait mieux examiner tous les rapports faisant état de production d'armes biologiques et chimiques par l'Iraq. L'Iraq doit se conformer à l'ensemble des résolutions de la communauté internationale ordonnant la destruction des stocks de ces armes et des capacités de leur production.

La représentante de l'Iraq a indiqué que la guerre des Etats-Unis contre son pays n'était pas une guerre propre. Il y a encore actuellement des éléments radioactifs et environ 300 tonnes de projectiles toxiques qui ont été abandonnés dans le désert quelque part entre le Koweit et l'Irak. De nombreux rapports internationaux documentent l'utilisation de ces projectiles aussi bien sur les soldats que sur la population civile, provoquant également des dommages aux récoltes. Un Ministre britannique, dans une lettre adressée au Secrétaire général datant du 6 décembre 1974, reconnaît que son gouvernement a utilisé de l'uranium dans sa guerre contre l'Irak, et a ajouté que les Etats- Unis en avaient utilisé encore davantage. Cela entraîne, a-t-elle conclu, non seulement des risques pour l'environnement, mais aussi des risques pour la santé de la population qui a déjà été gravement affectée en Iraq.

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Protection du climat mondial pour les générations présentes et futures; Convention sur la diversité biologique; et l'application des décisions de la Conférence mondiale sur le développement durable des petits Etats insulaires en développement.

Documentation

Rapport de la troisième réunion de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (A/52/441)

Le rapport présente les résultats des travaux de la troisième Conférence des Parties à la Convention, qui s'est tenue à Buenos Aires du 4 au 15 novembre 1996, sous la présidence de Mme Maria Julia Alsogaray, Ministre de l'environnement et des ressources naturelles de l'Argentine.

Lors de cette réunion, la Conférence des Parties a notamment adopté un Mémorandum d'accord conclu avec le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), qui confie à celui-ci, à titre provisoire, le rôle de mécanisme de financement prévu par la Convention.

La Conférence des Parties a également pris des décisions concernant l'application des articles 6 et 8 de la Convention. Ces articles concernent l'élaboration et l'application, par toutes les parties, de stratégies, plans et programmes nationaux pour la préservation de la diversité biologique, ainsi que les éléments à mettre en place pour assurer la conservation in situ. Elle a décidé dans ce cadre que les premiers rapports nationaux devront être présentés au plus tard le 1er janvier 1998. La Conférence des Parties a, par ailleurs, décidé de créer un programme d'activités pluriannuel sur la diversité biologique agricole, afin de développer les incidences positives des activités agricoles sur la diversité biologiques et réduire leurs incidences négatives, de développer la conservation et l'utilisation durable des ressources génétiques ayant ou pouvant présenter un intérêt pour l'alimentation et l'agriculture, et d'encourager un partage juste et équitable des avantages tirés de l'utilisation des ressources génétiques.

La Conférence des Parties a également adopté une Déclaration sur la diversité biologique, qui a été adressée à la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à la mise en oeuvre du Programme Action 21 de la Conférence de Rio, qui s'est tenue au mois de juin 1997. La Conférence des Parties y souligne l'importance de la Convention au regard de la réalisation des buts énoncés dans bon nombre des chapitres d'Action 21, et notamment du chapitre 15 sur la préservation de la diversité biologique.

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Rapport du Secrétaire général sur l'application des décisions de la Conférence mondiale sur le développement durable des petits états insulaires (A/52/319)

En application à la résolution 51/83 de l'Assemblée générale, le Secrétaire général a fait un examen approfondi des six points relatifs à l'application des décisions de la Conférence mondiale sur le développement durable, à savoir l'indice de vulnérabilité; les modalités de mobilisation des ressources; le programme d'assistance technique et réseau d'informatique; les catastrophes naturelles; les activités du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) et le renforcement du secrétariat.

Le document de base fournissant le cadre théorique de l'élaboration de l'indice de vulnérabilité suggère entre autres deux indices distincts: un indice de vulnérabilité économique et un indice de vulnérabilité écologique. Des études techniques, qui doivent s'achever en Novembre 1997, permettront au Groupe de travail III du Conseil économique et social, qui se réunira du 17 au 19 décembre 1997, d'examiner les conclusions et les résultats de la réunion du groupe d'experts et de soumettre ses recommandations à sa sixième session ainsi qu'au Comité de la planification du développement à sa trente-deuxième session.

Dans la mise en place par le PNUD d'un réseau informatique pilote par lequel l'échange via internet sera possible pour les petits Etats insulaires, trois thèmes du Programme d'action ont été retenus, à savoir les ressources touristiques, les ressources côtières et marines et les ressources énergétiques. Dans le contexte des programmes opérationnels en matière de changements climatiques, le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) a financé un certain nombre de projets.

En adoptant la résolution 5/1 sur les modalités pour l'examen approfondi, la Commission du développement durable a décidé qu'elle examinerait à sa sixième session, en 1998, tous les chapitres restants du Programme d'action. Elle a également décidé qu'elle procéderait à sa septième session à l'examen approfondi, et que ce dernier constituerait le processus préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale en 1999.

Un rapport sur les plans, programmes et projets qui ont été mis en oeuvre, en application du Programme d'action, pour le développement durable des petits états insulaires en développement sera présenté à l'Assemblée à sa cinquante-troisième session, en 1998.

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M. KATINDA E. KAMANDO (République-Unie de Tanzanie, au nom du Groupe des 77 et la Chine) a déclaré qu'au cours de la phase de préparation de la Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, on constate que la plupart des pays en développement restent les plus vulnérables aux effets de changement climatique résultant des émissions de gaz polluants dans l'atmosphère. La concentration des gaz à effet de serre est le résultat d'activités dans les pays industrialisés qui persistent dans leurs stratégies d'industrialisation sans se préoccuper des conséquences environnementales, et plus particulièrement du réchauffement de la planète qui provoque des changements climatiques, une augmentation du niveau de la mer, et une augmentation du nombre et de l'intensité des typhons et de la sécheresse. Les pays industrialisés se doivent de modifier leurs modes de production et de consommation de manière à les rendre plus durables.

M. Kamando estime que la proposition du Groupe des 77 et la Chine présentée lors de la réunion du Groupe ad hoc de Berlin, qui est réaliste et qui a d'ailleurs déjà été approuvée par les pays développés, doit être mise en application si l'on veut préserver la planète pour les générations futures. En effet cette proposition vise à réduire d'ici l'an 2005 les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 7,5% en-dessous du niveau de 1990, de 15% d'ici l'an 2010, et 35% d'ici l'an 2020. Le Groupe des 77 et la Chine attache une grande importance à la Convention sur la diversité biologique et s'est félicité des progrès accomplis dans la mise en oeuvre d'Action 21 concernant la biodiversité côtière et maritime, agricole, des forêts et des eaux intérieures. Il faut cependant augmenter les ressources permettant d'aider les pays en développement à atteindre les objectifs de la diversité biologique. Il faut cependant que les Parties à la convention redoublent leurs efforts pour que la session qui se tiendra à Bratislava, Slovaquie, en Mai prochain soit couronnée de succès. Les Parties à la Convention doivent en effet présenter leurs rapports nationaux qui sont très importants pour mesurer les progrès accomplis au titre de la convention.

Le Groupe des 77 et la Chine note avec satisfaction que les conseillers scientifiques explorent les différentes manières d'optimaliser les recommandations de la convention. Pour que celle-ci réussisse, il faut cependant des ressources financières supplémentaires. Le rapport du Secrétaire général sur l'application des conclusions des petits Etats insulaires a montré les progrès dans ce domaine. La République-Unie de Tanzanie a soutenu les mesures prises par l'ONU pour venir en aide aux efforts visant le développement durable des petits Etats insulaires. Elle se félicite des propositions de la cinquième session de la Commission du développement durable (CDD) qui a lancé l'application du Programme d'Action en 1998, prévu un examen global du Programme en 1999 et une session spéciale de l'Assemblée générale juste avant la 54ème session. M. Kamando a ajouté que si les efforts nationaux ne sont pas complétés par l'assistance internationale comme cela a déjà été indiqué dans la convention, les efforts risques d'être vains. Il faut donc absolument qu'il y ait une assistance financière et technique pour que les petits Etats insulaires puissent poursuivre leur développement économique et social.

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M. HENRI SCHUMACHER (Luxembourg, au nom de l'Union européenne et des pays associés) a indiqué que dans quelques semaines, la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques se réunira à Kyoto, au Japon, afin de définir la direction dans laquelle la communauté internationale dirigera ses efforts au cours des prochaines décennies en matière d'émission de gaz à effet de serre. A cet égard, l'Union européenne a annoncé qu'elle est prête à assumer sa part de responsabilité en proposant des objectifs et des échéances réalisables. Elle a réaffirmé sa proposition de réduire d'ici l'an 2005 les émissions de gaz à effet de serre d'au moins 7,5% en-dessous du niveau de 1990, et d'atteindre l'objectif des 15% en l'an 2010. Elle a également encouragé tous les pays industrialisés à se joindre à cette proposition. Les pays en développement devront quant à eux prendre les mesures nécessaires pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. Concernant la condition de la couche d'ozone dans l'atmosphère de la planète qui continue de se détériorer, l'Union s'est félicité de l'accord trouvé récemment par les signataires du Protocole de Montréal et qui devrait supprimer l'utilisation du bromure de méthyle par les pays développés d'ici 2005, et celle des pays en développement d'ici 2015. L'Union européen aurait cependant souhaité une élimination complète de ce bromure dans les pays développés d'ici l'an 2001, avec une période de grâce de dix ans accordée aux pays en développement.

M. Schumacher a déclaré que la session spéciale de l'Assemblée générale de juin dernier a reconnu que les menaces contre la diversité biologique découlent principalement de la destruction de l'habitat, de la surexploitation des ressources naturelles et de la pollution. Dans ce contexte, l'Union européenne reste convaincue que les stratégies nationales décidées à la Conférence des Parties constituent un élément crucial d'une politique cohérente qui poursuit l'objectif d'un développement durable. L'Union contribuera activement à la création et à la mise en oeuvre du programme de travail pluriannuel commun de la FAO et de la Convention sur la biodiversité. Le dialogue international au sujet de la conservation et d'une utilisation plus rationnelle de la diversité biologique côtière et marine devra également rester une priorité.

M. Schumacher a déclaré que le lien entre le développement durable des petits Etats insulaires et les changements climatiques et la prévention des catastrophes naturelles est évident. Il est clair que les petits Etats insulaires sont directement affectés par ces phénomènes. L'Union européenne s'est félicitée à cet égard de la coopération étroite du Secrétariat de la Décennie internationale de la prévention des catastrophes naturelles avec d'autres organismes des Nations Unies, ainsi qu'avec les organisations régionales et intergouvernementales. Elle a indiqué qu'elle continuera d'accorder une attention particulière à la question du développement durable des petits Etats insulaires à travers les accords de Lomé et à travers les organisations compétentes et attend avec intérêt l'évaluation du Programme d'action de la Barbade prévue en 1999.

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M. FRANK GUARINI (Etats-Unis) a rappelé que c'est à Rio que la communauté internationale a décidé de négocier un instrument juridique sur la lutte contre la désertification. En moins de cinq ans, cette convention a été négociée et signée, et a obtenu suffisamment de ratifications pour entrer en application. La première réunion de Etats parties, le mois dernier à Rome, a été un succès et un accord a été obtenu sur la question du mécanisme mondial. Il faut désormais aller de l'avant et les Etats-Unis sont disposés à cette fin à partager leur connaissance en matière de désertification.

Concernant le changement climatique, nous sommes actuellement en pleine négociations, à la veille de la troisième réunion de la Conférence des Parties, a rappelé le représentant. A ce stade, plus de 80 pays ont signé l'accord et l'intérêt de tous les Etats, développés ou non, pour cette question, reste élevé, même si nos vues divergent sur la manière de la traiter. Le représentant a en outre expliqué que son pays est affecté par les conséquences du phénomène El Niño et a expliqué les mesures prises par les Etats-Unis, que ce soit au niveau national ou au plan international, pour y faire face et mieux le comprendre. Le représentant a par ailleurs estimé que de nombreuses mesures ont déjà été prises pour mettre en oeuvre le Plan d'action de la Barbade en faveur des petits Etats insulaires en développement.

M. TUILOMA NERONI SLADE (Samoa, au nom de l'Alliance des petits Etats insulaires (APEI)) a estimé que les solutions au développement durable doivent se trouver en premier lieu dans les efforts à faire au niveau national. Cependant, il est vrai qu'en dépit de nos efforts, la mise en oeuvre efficace du Programme d'Action de la Barbade ne peut être réalisé qu'avec le soutien de la communauté internationale. Nous nous joignons à l'appel de nos partenaires des pays en développement afin de relancer le Programme d'Action de la Barbade. Nous pensons que les Nations Unies peuvent aussi jouer un rôle dans le développement des capacités humaines et le plein potentiel économique de nos pays, a-t-il déclaré.

Pour des petits Etats insulaires, le problème du changement climatique est de la plus haute priorité. Les preuves scientifiques soulignées dans le deuxième rapport d'évaluation du Groupe Intergouvernemental sur les Changements Climatiques ont confirmé nos plus grandes inquiétudes. En effet, le rapport souligne l'urgente nécessité, pour les pays industrialisés, de s'impliquer dans des réductions de gaz à effet de serre. Si les niveaux sont maintenus au niveau actuel, les émissions de gaz auront les plus graves conséquences dès le nouveau millénaire. Le représentant a fait remarquer que ce sont les pays en développement et particulièrement les petits Etats insulaires qui seront le plus gravement atteints. Car une augmentation des émissions pourraient dévaster entièrement les petits Etats insulaires. Il faut donc que tous les pays industrialisés s'engagent dans des objectifs de réduction des gaz. Il est universellement accepté que les engagements des pays industrialisés pris lors de la Convention sur les changements climatiques sont inadaptés. Le représentant a noté que des propositions avaient été faites de la part des Etats-Unis et du Japon, qui sont les pays les plus

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riches. La proposition des Etats-Unis de stabiliser les émissions au niveau de 1990 d'ici à 2008 cherche simplement à retarder ce que la Convention avait prévu pour l'an 2000. La proposition du Japon, avec les éléments de flexibilité qui y sont liés font perdre en fait le caractère contraignant qui y est attaché. Nos pays, qui sont vulnérables, considèrent ces propositions comme inacceptables, a-t-il conclu.

M. ESPEN RONNEBERG (Iles Marshall) a estimé que les négociations en vue d'un protocole à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques sont arrivées dans une phase critique. Or, les petits Etats insulaires en développement sont clairement menacés par le changement climatique, comme vient encore de le montrer en des termes très clairs le Groupe international sur le changement climatique. Le représentant a rappelé que, dès 1994, les pays de l'Alliance des petits Etats insulaires tenaient prêtes des propositions et qu'ils n'ont jamais accepté l'argument qu'on leur opposait alors, selon lequel ces propositions étaient irréalistes. Nous risquons d'approcher d'un seuil critique au-delà duquel on ne pourra peut-être plus stopper le changement en cours, a-t-il averti. La proposition de l'Union européenne, initialement jugée trop modeste, apparaît aujourd'hui bienvenue, mais celles du Japon et des Etats-Unis sont beaucoup trop modestes par rapports aux capacités économiques de ces deux puissances économiques a déclaré le représentant.

M. Ronneberg s'est dit très sceptique sur les possibilités de parvenir à des résultats concrets à Kyoto. Les Iles Marshall, qui, malgré le sentiment d'urgence, ont toujours cherché à écouter les propositions des autres pays, se trouvent aujourd'hui dans une situation difficile du fait de l'inanité des propositions des principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre. Certaines des propositions présentées constituent une abdication de toute responsabilité et une tentative pour rejeter les responsabilités sur les plus grands pays en développement. Cela est de mauvaise augure pour la conférence de Kyoto, et nous craignons un échec, a déclaré le représentant.

Le représentant a souhaité une aide dans le cadre du programme d'étude sur la diversité biologique des zones marines et côtières. Il a expliqué que, malheureusement, son pays a des problèmes pour financer sa participation aux travaux concernant la Convention sur la diversité biologique, comme d'ailleurs pour la Convention sur le changement climatique. M. Rooneberg a par ailleurs estimé que la mise en oeuvre du Programme de la Barbade en faveur des petits Etats insulaires en développement requiert un soutien international plus important. A cet égard, une réunion à la fin de cette année ou au début de l'année prochaine entre ces Etats et la Communauté des donateurs pourrait constituer une bonne occasion de faire mieux connaître les défis auxquels sont confrontés les petits Etats insulaires en développement et mettre en lumière le faible degré d'implication de la communauté internationale.

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M. U THANE MYINT (Myanmar) a déclaré que l'environnement et le développement durable étaient deux problèmes critiques pour les pays en développement et notamment pour le Myanmar. Le représentant s'est réjoui du fait que les pays industrialisés aient pris des mesures pour réduire les effets néfastes du développement et de la croissance d'un pays sur l'environnement mondial. Il a toutefois insisté sur la nécessité de travailler ensemble pour créer un monde meilleur et supportable. Cela demande des moyens financiers et un transfert de technologies. Il a indiqué qu'en ce qui concerne l'environnement, les barrières et territoires ne sont pas aussi bien délimités qu'en politique. Par exemple, les pluies acides provoquées par un pays peuvent avoir des effets sur la qualité de l'air d'un autre pays. C'est la raison pour laquelle les populations des pays les moins avancés ne sont pas exemptées de l'effet de serre provoqué par les émissions de gaz des pays développés et par conséquent le réchauffement planétaire.

Myanmar, qui ne connaît pas encore la désertification, a cependant des zones arides et sèches dans le centre du pays et si rien n'est fait, a-t-il déclaré, cette région se transformera en désert. Le pays a subi les conséquences de la dégradation écologique due aux catastrophes naturelles et aux activités humaines. En 1994, le pays a lancé un programme sur les zones sèches de Myanmar auquel ont participé toutes les couches de la société civile et les forces armées. Un an après sa mise en oeuvre, les organisations internationales et les organisations non gouvernementales ont offert leur appui au programme. Les premiers résultats du projet sont encourageants et la population pourra en tirer les avantages, notamment en ce qui concerne l'amélioration de son niveau de vie et ses besoins quotidiens en eau et en nourriture. Le représentant a estimé que le succès des projets et programmes concernant l'environnement dépend surtout de la population locale et de sa participation active. A cet égard, il est nécessaire de l'informer des questions touchant à l'environnement.

M. ARAFAN KABINE KABA (Guinée) a rappelé qu'à Rio, il y a cinq ans, la communauté internationale reconnaissait que la paix, le développement et la protection de l'environnement étaient interdépendants, indispensables et concernaient non pas un seul pays, ni un seul continent mais bien l'ensemble de la communauté. La Guinée fière d'avoir ratifié toutes les conventions issues du Sommet de Rio, s'est dotée d'une législation et de structures appropriées de protection de l'environnement. Le représentant a précisé qu'un ambitieux Programme national de développement humain intégrant les objectifs de développement durable et de lutte contre la pauvreté allait être mis en oeuvre. Par ailleurs, la Guinée a lancé un projet multidisciplinaire de protection et de gestion d'un des plus importants écosystèmes du pays, le Projet régional d'aménagement intégré du massif du Fouta Djallon. Le représentant a affirmé qu'il s'agissait d'une expérience unique en matière d'aménagement de bassins et de gestion de ressources naturelles transfrontalières. Il a indiqué que ce projet est aujourd'hui le cadre d'intégration des programmes de développement économique des Etats Membres que sont la Gambie, la Guinée-Bissau, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le

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Sénégal, la Sierra Leone et la Guinée. Bien que les Etats Membres soutiennent le projet, le représentant a souhaité un appui plus actif de la communauté internationale, des agences spécialisées des Nations Unies et des bailleurs de fonds pour ce qu'il a appelé le "véritable château d'eau de l'Afrique de l'Ouest." Il s'est dit convaincu qu'un engagement effectif de la communauté internationale dans le cadre d'un partenariat mondial pour la réalisation des objectifs de développement durable est la seule voie susceptible de répondre aux besoins des générations présentes et futures.

M. GAETANO BRINCAU (Malte) a déclaré que de nombreuses entreprises, même à Malte, ont pris conscience du danger que représentent les gaz à effet de serre pour la couche d'ozone, qui est indispensable à la vie sur terre. Elles ont pris des mesures pour remplacer ces gaz par des produits non dangereux. Malte a par ailleurs ratifié la Convention européenne sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance, et a pris des mesures au niveau national pour lutter contre la pollution de l'air, et de l'eau.

Le représentant a rappelé que le changement climatique représente une menace particulièrement grave pour les petits Etats insulaires en développement. La stratégie opérationnelle du Fonds pour l'environnement mondial constitue à cet égard un pas positif. Toutefois, il est essentiel que la Conférence de Kyoto soit couronnée de succès et qu'un protocole ou tout autre instrument juridique soit conclu, qui permette une réduction importante des émissions de gaz à effet de serre. Malte accorde en outre une grande importance au lien entre environnement et développement touristique durable. Elle se félicite de la déclaration récente de la Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l'environnement, qui a appelé à une alliance mondiale entre l'Organisation mondiale du commerce, l'industrie du tourisme, le PNUE et le secteur de l'assurance pour contrebalancer le lobby des combustibles fossiles, qui tente de retarder l'application de la Convention sur le changement climatique.

M. Brincau a rappelé que son pays accueille plusieurs instituts et organismes concernant le développement durable, et notamment de la protection des mers, comme l'Institut international du droit de la mer. Il a présenté les différents organismes nationaux qui oeuvrent pour la protection de l'environnement. Il a déclaré que son pays attache une importance particulière à l'accès à l'eau douce, dont l'impact sur le développement des Etats doit être examiné. Face à une demande croissante, Malte a dû construire quatre installations supplémentaires de dessalement de l'eau de mer par osmose inversée, pour un coût très élevé. La communauté internationale doit faire de nouveaux efforts en faveur des pays en développement qui ne disposent pas en quantités suffisantes de ressources en eau douce.

Le représentant a par ailleurs exhorté la communauté internationale à faire preuve de la volonté politique nécessaire pour garantir un examen réussi de la mise en oeuvre du Plan d'action de la Barbade en faveur des petits Etats insulaires en développement.

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M. I. T. TABAI (Secrétaire général du Forum du Pacifique Sud) a soutenu au nom des 16 pays membres du Forum du Pacifique Sud le programme de réformes du Secrétaire général qui vise à rendre le système des Nations Unies plus efficaces. Il a indiqué que depuis quelques années, les réformes économiques sont au centre des activités du Forum. Cependant, dans le contexte actuel de la mondialisation, tous les petits Etats insulaires du Pacifique sont particulièrement vulnérables aux perturbations et chocs économiques et environnementals, étant donné leur petite taille, leur isolement et l'ouverture limitée de leurs économies. Il a cependant indiqué qu'il n'y a que cinq des îles qui sont considérées comme des pays moins avancés, et qui sont donc éligibles pour l'assistance technique et commerciale offerte aux pays les moins avancés. Il a estimé qu'il était temps de revoir le système mesurant le niveau de développement d'un pays. En effet, les indicateurs qui sont utilisés doivent refléter les conditions économiques durables et prendre en considération la vulnérabilité économique et environnementale des pays.

M. Tabai a indiqué que la région du Pacifique Sud est préoccupée par le non-respect des engagements pris il y a cinq ans à Rio concernant notamment la réduction des gaz à effet de serre. Elle considère qu'il est grand temps que la communauté internationale prenne les mesures nécessaires pour renverser cette tendance. Les Chefs de gouvernement du Forum du Pacifique Sud ont lancé un appel aux participants de la prochaine conférence de Kyoto sur la Convention-cadre sur les changements climatiques pour qu'ils adoptent une solution qui permette une approche intégrée de haut niveau, fournissant la réduction au niveau mondial des gaz à effet de serre. Le Forum a également encouragé les Parties à la Convention à prendre en considération au cours des négociations, la proposition du Protocole de l'Alliance des petits Etats insulaires. Pour répondre de manière efficace aux problèmes des gaz à effet de serre, une coopération internationale est indispensable, a ajouté M. Tabai. La communauté internationale se doit de mettre en oeuvre au plus vite des mesures permettant d'éviter des dommages irréversibles à l'environnement. Il reste encore beaucoup à faire d'ici Kyoto, et un échec de cette réunion de la Conférence des Parties pourrait sérieusement menacer l'équilibre environnemental d'un grand nombre de pays du Pacifique.

M. MIROSLAV HETTES (Slovaquie) a noté que son pays a dès le début cherché à honorer ses engagements envers la Conférence des Nations Unies sur l'environnement, et que son représentant permanent auprès des Nations Unies a signé en mai 1993 la Convention sur la diversité biologique. La Slovaquie a par ailleurs ratifié la convention en 1994, devenant ainsi le 79ème Etat à y accéder. Il a indiqué à cet égard que son pays est en faveur des efforts menés à l'échelle internationale pour assurer l'application de la convention et a participé aux trois sessions qui ont déjà réuni les pays signataires. Notant que l'une des tâches les plus importantes consistera en la préparation d'un protocole traitant de la sécurité biologique et des questions relatives au mécanisme financier, il a indiqué que son pays s'intéresse à la poursuite de négociations au sein de groupes de travail qui réuniraient des experts.

- 13 - AG/EF/240 6 novembre 1997

M. Hettes a en outre annoncé que son pays accueillera la quatrième session de la Conférence qui réunira les pays parties à la convention du 4 au 15 mai 1998 dans sa capitale, Bratislava. La Slovaquie, a-t-il rappelé, a été membre de l'organe exécutif de la convention pendant la deuxième session de cette dernière et le Ministère de l'environnement a mis sur pied en septembre 1994 un Secrétariat national qui s'occupe de la convention et est responsable de l'application des engagements pris. Ce secrétariat s'occupe de coordonner les travaux ayant trait au projet de protection de la biodiversité, travaux qu'une subvention du Fonds pour l'environnement mondial a rendus possibles. Rappelant enfin que la Slovaquie n'est pas le seul pays que la Convention sur la diversité biologique aide à protéger notre patrimoine écologique, il a encouragé tous les Etats à ratifier la Convention pour permettre la protection de la diversité.

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