AG/EF/233

LA DEUXIEME COMMISSION RESTE DIVISEE SUR L'OPPORTUNITE D'UNE CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LES MIGRATIONS ET LE DEVELOPPEMENT

30 octobre 1997


Communiqué de Presse
AG/EF/233


LA DEUXIEME COMMISSION RESTE DIVISEE SUR L'OPPORTUNITE D'UNE CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LES MIGRATIONS ET LE DEVELOPPEMENT

19971030 La Deuxième Commission (économique et financière) a achevé cet après- midi l'examen des chapitres traitant, d'une part, de la population et du développement, d'autre part des migrations internationales et du développement, dans le cadre du point de son ordre du jour relatif au développement durable et à la coopération économique internationale. Elle a entendu des délégations qui ont émis des réserves sur l'opportunité d'une conférence internationale sur les migrations, en invoquant plusieurs raisons telles que l'insuffisance des données techniques qui offrent une base de discussion ou l'absence de consensus sur les objectifs de cette conférence. Certaines ont fait remarquer que la question est traitée parallèlement dans d'autres organes internationaux et qu'il vaudrait mieux mettre en oeuvre les décisions déjà prises et appliquer les textes existants. D'autres ont estimé que la question est traitée de manière plus efficace dans un cadre régional, puisque l'essentiel des migrations se fait entre pays proches. La Commission a entendu d'autres délégations, qui en revanche, ont souhaité une telle conférence internationale, qui donnerait l'occasion d'un vaste échange d'expérience. Plusieurs représentants ont insisté sur la nécessité de respecter les droits de l'homme des migrants. Les représentants et observateurs des pays et organisations suivants ont pris la parole: Canada, République de Corée, El Salvador, Honduras, Norvège, Oman, Singapour, Nicaragua, Japon, Indonésie, République islamique d'Iran, Barheïn et République populaire démocratique de Corée. Le Président de la Commission, M. Oscar de Rojas, a résumé le débat en estimant que les migrations internationales jouent un rôle important dans le développement

Par ailleurs, les retards dans la publication de la documentation a suscité une vive discussion au sein de la Commission.

La Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 31 octobre, à 11 heures. Elle reviendra sur le point de son ordre du jour relatif aux questions de politique sectorielle, pour traiter du chapitre intitulé "Alimentation et développement agricole durable".

- 2 - AG/EF/233 30 octobre 1997

DÉVELOPPEMENT DURABLE ET COOPÉRATION ÉCONOMIQUE INTERNATIONALE

Population et développement; migrations internationales et développement, y compris convocation d'une conférence des Nations Unies sur les migrations internationales et le développement

Débat

Mme SALLY ANDREWS (Canada) a noté que le rapport du Secrétaire général concernant la convocation possible d'une conférence sur les migrations internationales et le développement montre qu'un consensus n'a pas encore été atteint quant aux buts et objectifs d'une telle conférence. Il serait donc souhaitable d'identifier les enjeux prioritaires se prêtant à une action coopérative dans le cadre de l'ONU. Le Canada estime qu'il faut que certaines conditions préalables clés soient remplies avant la convocation d'une conférence sur les migrations internationales et le développement. Il faut notamment que la conférence réponde aux besoins des Etats d'origine, d'accueil et de transit. Il faut par ailleurs s'entendre sur l'ordre du jour qui guiderait son développement. A défaut, les résultats ne donneraient pas aux gouvernements une stratégie cohérente face aux problèmes liés aux migrations. Mme Andrews a indiqué que même si on ne réussit pas à dégager un consensus sur la définition des objectifs d'une conférence internationale, on devrait pouvoir traiter de la question des migrations internationales et du développement de façon sérieuse dans d'autres instances.

Notant que d'autres mécanismes et processus permanents s'occupent spécifiquement de cette question, elle a évoqué la conviction de son pays quant à l'utilité de discussions régionales, interrégionales, infrarégionales et bilatérales sur la question. Elle a rappelé que le Canada a participé à la Conférence de la Communauté d'Etats indépendants en 1996 et du Groupe de consultation régionale sur les migrations (le Groupe Puebla). Elle a noté à cet égard que de telles discussions permettent aux Etats d'origine et d'accueil de procéder à des échanges de fond sur les questions migratoires qui les concernent directement. Le rapport entre les "migrations et le développement" n'est pas simple. Le Canada favorise donc une discussion sur la question dans le contexte de la revue et de l'évaluation quinquennales de la Conférence internationale sur la population et le développement.

M. CHANG BEOM CHO (République de Corée) a noté avec satisfaction qu'en réponse au Programme d'action de la Conférence sur la population et le développement tenue au Caire en 1994, plusieurs pays ont réorienté leur politique en matière de population, notamment en allant au-delà du simple planning familial pour y incorporer de nouveaux soucis de santé reproductive. La République de Corée pense que les problèmes liés à l'égalité des sexes et à une plus grande responsabilisation sociale des femmes, sont étroitement liés aux objectifs de la promotion du développement à travers une

- 3 - AG/EF/233 30 octobre 1997

bonne politique de contrôle de population. Une grande priorité devrait être dans ce sens accordée à l'éducation des filles, à la protection des femmes contre la violence et à l'intégration des différentiations sexuelles dans les politiques et les programmes de développement.

La coopération Sud-Sud peut être un moyen efficace dans la mise sur pied du Programme d'action de la Conférence sur la population, et devrait être encouragée, a dit M. Cho. La Corée a, dans ce domaine, beaucoup à offrir à la lumière de sa propre expérience en matière de population qui met l'accent sur la promotion de la qualité de la vie et du bien-être social. Elle estime aussi que la communauté internationale devrait mettre l'accent sur le contrôle des migrations internationales et de l'immigration illégale, mais émet des réserves en ce qui concerne la tenue prochaine d'une conférence internationale sur les migrations internationales et le développement sous l'égide des Nations Unies. Aucun consensus n'existe pour le moment sur les objectifs d'un tel sommet, même parmi le petit nombre de pays qui en soutiennent l'idée. La Corée pense que, comme l'indique le Rapport du Secrétaire général de l'ONU, les expériences acquises par de nombreux pays, pourraient traiter de manière plus efficace du problème des migrations internationales, d'abord au niveau sous-régional, puis au niveau des régions.

Mme GERALDINA BENEKE (El Salvador) a souscrit à la déclaration de la République-Unie de Tanzanie au nom du Groupe des 77 et la Chine. Il a soutenu l'initiative figurant dans le rapport du Secrétaire général A/52/314 qui vise à convoquer une conférence des Nations Unies sur la migration internationale et le développement. El Salvador considère important l'établissement d'un dialogue intergouvernemental qui permettra l'échange d'expériences concernant le phénomène des migrations. Ce dialogue doit être franc et doit aborder le sujet d'une manière objective et intégrale. Pour El Salvador, la migration revêt une importance particulière. Même si les données statistiques exactes ne sont pas disponibles, on sait qu'il y a plus d'un million de ressortissants d'El Salvador qui vivent à l'étranger. L'émigration au El Salvador est due à la fois au conflit armé que le pays a connu dans les années 80, et actuellement à la recherche de meilleures conditions de vie et opportunités de travail par les ressortissants. L'impact économique de la migration est indéniable car les familles des émigrés qui restent au pays contribuent de manière dynamique à la croissance économique et sociale du pays puisqu'elles reçoivent des travailleurs migrants de l'argent en devises étrangères qui sont indispensables pour l'économie salvadorienne. M. Beneke a indiqué qu'El Salvador participe activement aux conférences régionales sur la migration en Amérique centrale et du Nord, notamment, à la Conférence de "Puebla". Ce processus régional représente un mécanisme important qui facilite le dialogue sur le problème important que constitue le phénomène des migrations, avec toutes les implications qu'elles comportent. Il a indiqué qu'à la lumière de la complexité du phénomène de migration, il est important de l'examiner en prenant en compte les mouvements migratoires à la fois vers les pays développés qu'entre pays en développement.

- 4 - AG/EF/233 30 octobre 1997

Il est vrai que la migration procure des avantages autant pour les pays d'origine que pour les pays d'accueil. Mais il faut en même temps reconnaître la nécessité d'organiser ces flux migratoires de manière à mieux mettre en évidence les avantages qu'ils peuvent comporter. El Salvador a reconnu qu'un des aspects essentiels en matière de migration est la nécessité de garantir le respect des droits de l'homme des migrants, indépendamment des conditions migratoires, en accordant une attention particulière à l'éducation des enfants.

M. NOEMI ESPINOZA MADRID (Honduras) a soutenu l'argument selon lequel la solution aux migrations est le développement économique. Pour appuyer cette thèse, M. Espinoza Madrid a développé la théorie macro et micro-économique relative à ce point. Il a souligné que, si la communauté internationale partage la même opinion sur les migrations dues aux problèmes politiques, il n'y a pas de consensus international quant aux raisons économiques qui expliqueraient ce problème.

Concernant les pays en développement, il a déclaré que si leur situation économique s'améliorait, la migration diminuerait puisque les gens auraient moins de raisons pour quitter leur pays. Le Honduras soutient l'hypothèse selon laquelle les économies des pays pauvres sont à l'origine des migrations internationales car si ces économies étaient en mesure de procurer des salaires décents et de résorber le chômage, les ressortissants n'éprouveraient pas le besoin de quitter leurs pays. Fort de cette façon de poser le problème, M. Espinoza Madrid a suggéré aux autres délégations, notamment aux pays développés qui déploient beaucoup d'effort pour arrêter l'émigration de concentrer leurs efforts à l'éradication de la pauvreté dans le monde et à la promotion du développement. En ce qui concerne les problèmes de migration, le Honduras est soucieux de trouver des solutions à court terme pour les situations d'urgence, mais il souhaite surtout agir sur le long terme par l'apport de solutions durables.

M. ODD-INGE KVALHEIM (Norvège) a déclaré que son pays soutient les efforts faits pour la mise en oeuvre du Plan d'action du Caire. La Norvège encourage, en particulier, l'approche globale adoptée par le système des Nations Unies, qui comprend aussi les droits de l'homme, la promotion des femmes et l'amélioration des services de santé liés aux grossesses et aux naissances. La Norvège s'inquiète, en revanche, du manque de ressources à la disposition du Plan d'action, tel qu'il a été souligné par le FNUAP et elle invite les pays donateurs à accroître leurs efforts, afin que les objectifs fixés au Caire puissent être atteints. Elle est favorable à un examen de la mise en oeuvre du Plan d'action à mi-parcours. Il doit bien s'agir d'une analyse des mesures prises et des leçons retenues au niveau opérationnel, ainsi que d'un examen des améliorations à y apporter, et non d'une renégociation des accords existants contenus dans le Plan d'action, a averti M. Kvalheim. Le représentant a insisté sur l'importance de la coopération

- 5 - AG/EF/233 30 octobre 1997

entre les agences compétentes de l'ONU, notamment la Commission pour la population et le développement (CPD), la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales et le FNUAP ainsi qu'avec les gouvernements donateurs, en mettant en valeur le rôle dirigeant de la CPD dans le suivi du Plan d'action.

Les migrations internationales constituent un problème complexe pour lesquelles des données plus fiables sont nécessaires, a observé le représentant. La Norvège reconnaît l'interaction entre les aspects politique, économique, social et culturel de la question. Elle rend hommage à la volonté des Nations Unies de traiter de la question, en organisant notamment une conférence internationale sur les migrations et le développement. Toutefois, une telle conférence supposerait un accord sur ses objectifs et sur les problèmes fondamentaux qui devront y être traités, en particulier les contraintes économiques des pays d'accueil et les conséquences des migrations aussi bien pour les pays d'accueil que pour les pays de départ. Considérant les travaux en cours, la Norvège estime qu'il vaut mieux repousser à plus tard la décision finale sur l'éventuelle convocation d'une telle conférence.

M. SAID AL-HARTHY (Oman) a observé que le phénomène des migrations internationales n'est pas nouveau et il est lié à la loi économique de l'offre et de la demande. Le développement est à la fois cause et conséquence des migrations internationales, dont les avantages surpassent les inconvénients pour les pays d'accueil, comme pour les pays d'origine, ces derniers profitant des revenus envoyés au pays par les émigrés.

Oman n'est pas convaincu de l'utilité d'une conférence internationale sur les migrations internationales et le développement. Il n'y a en effet pas d'accord sur les objectifs d'une telle conférence. En outre, la question des migrations est déjà traitée dans plusieurs instances et il serait plus sage de veiller à la mise en oeuvre des décisions déjà prises. De plus, une grande partie de ces migrations se fait entre Etats voisins: une approche régionale est donc plus efficace. Enfin, vu la crise financière de l'ONU, il vaudrait mieux consacrer les ressources à d'autres questions plus importantes.

M. KWOK FOOK SENG (Singapour) a remarqué que les migrations de population sont généralement dues au fait que leur propre environnement ne peut plus subvenir à leurs besoins ou les satisfaire. Si cet environnement pouvait leur assurer leur survie et leur offrir des opportunités il n'y aurait plus lieu d'émigrer. Il attend d'une conférence internationale sur la migration internationale de mettre à la fois l'accent sur les problèmes liés aux migrations, et d'y trouver des solutions. M. Seng a regretté le manque de données sur le phénomène de la migration qui est à l'origine des confusions quant aux origines de ce phénomène. Il a souligné que, compte tenu du nombre de conférences internationales ayant abordé ce problème, la communauté internationale est consciente des problèmes liés aux migrations et que dans toutes les discussions qui s'y rapportent trois grands thèmes sont évoqués: le manque de données sur la question, l'absence d'une théorie cohérente permettant d'expliquer ce phénomène et la difficulté d'appréhender les interrelations complexes entre migration et développement.

- 6 - AG/EF/233 30 octobre 1997

M. Seng a déclaré qu'il n'y avait pas de solution unique et rapide aux problèmes liés aux migrations et qu'il ne faut donc pas perdre de vue l'objectif principal de développement dans le cadre des discussions sur ce phénomène. Singapour attend les résultats du Symposium technique sur les migrations internationales, qui doit se tenir en mai 1998. Il considère qu'avec la stabilité politique, la bonne gestion devient possible et seule la bonne gestion peut mener au développement et limiter ainsi le phénomène des migrations internationales.

M. JAVIER WILLIAMS SLATE (Nicaragua) a déclaré que le problème des migrations a un impact sur les couches sociales de la société. Ce problème a une influence au niveau de l'éclatement de la cellule familiale, comme l'éducation des enfants, le rôle de la femme migrante, ou encore les personnes chères et la culture laissées derrière dans les pays d'origine, pour ne citer que certaines conséquences de ce phénomène. Il a indiqué combien il importe à cet égard de respecter les différentes Conventions en matière des droits de l'homme des migrants qui ont été signées par la communauté internationale.

M. Williams Slate a déclaré que la disparité des richesses et des ressources entre les pays développés et les pays en développement font que beaucoup de ressortissants des pays en développement émigrent vers les pays développés que ce soit temporairement ou de façon permanente. Ceci permet un renforcement de la main d'oeuvre dans ces pays. Au nombre des autres facteurs influençant la migration, M. Williams Slate a cité l'insécurité créée par les conflits armés dans beaucoup de pays et régions du monde, et notamment en Amérique centrale, comme par exemple, au Nicaragua durant les années 80. L'évolution des systèmes de communication et d'information en est un autre, et plus particulièrement la presse ou les systèmes comme INTERNET, qui influence d'une certaine manière le processus migratoire en fournissant des informations sur les postes de travail disponibles dans les pays développés.

M. Williams Slate a déclaré que la migration procure au niveau du travail autant d'avantages pour les pays d'accueil que pour les pays d'origine. Il est cependant important, a-t-il observé, d'éviter l'exode des cerveaux des pays en développement. Les pays de la sous-région d'Amérique centrale se réunissent périodiquement pour discuter du phénomène des migrations. Ceci permet en effet de tenter d'harmoniser les mesures prises en vue de permettre un meilleur contrôle de ces flux migratoires. Il a noté à cet effet l'ensemble des accords conclus lors de la Réunion de l'Amérique centrale sur la migration et les réfugiés à laquelle participaient le Costa Rica, El Salvador, le Guatemala, le Honduras, le Mexique et le Nicaragua. Il a réitéré l'appui du Nicaragua à l'organisation d'une conférence sur les migrations internationales et le développement.

- 7 - AG/EF/233 30 octobre 1997

M. YUTAKA YOSHINO (Japon) a estimé que la Commission sur la population et le développement devrait faire en sorte que son travail soit mieux connu de tous, hors du système des Nations Unies. Le représentant a observé que pour atteindre les objectifs énoncés par la Conférence internationale sur la population et le développement, il faudra que la communauté internationale adopte une approche multidimensionnelle permettant de prendre en compte les activités qui contribuent directement à réduire le taux de croissance de la population mondiale. Pour sa part, le Japon a lancé, en 1994, un vaste programme sur la population et le SIDA et ce dans le cadre des mesures de suivi de la Conférence sur la population et le développement. Depuis lors, le Japon a investi près de deux milliards de dollars dans les activités liées à la population et au virus VIH. Le Japon, a précisé le représentant, est convaincu que la coopération Sud-Sud jouera un rôle essentiel dans le domaine de la population et du développement.

Le Japon, qui accorde une grande importance à l'examen par l'Assemblée générale du processus et des modalités d'application du Programme d'action de la Conférence, appuie le principe d'un mode d'examen à trois phases mais pas l'idée d'une renégociation du Programme d'action. L'Assemblée générale devrait d'abord s'attacher, a dit le représentant, à examiner les moyens de favoriser l'application du Programme d'action au niveau national. Cet examen devrait permettre d'évaluer objectivement le chemin parcouru jusqu'ici, sur la base d'indicateurs précis.

M. SAMANTHA ARI WARDHANA (Indonésie) a indiqué que son pays a toujours attaché une extrême importance à l'application du Programme d'action de la Conférence sur la population et le développement qu'il considère indispensable pour faire face aux risques que présentent les tendances actuelles en matière démographique. Il s'est déclaré déçu à cet égard de l'inaction qui a fait suite aux engagements pris au Caire lors de la Conférence. Il est clair, a-t-il dit, que la paix et la prospérité mondiales seront en danger si les tendances démographiques actuelles ne changent pas. Il s'est déclaré favorable à un examen du Programme d'action pour qu'ait lieu une discussion des problèmes qui entravent son application. Il faut, a-t-il noté, repérer les obstacles majeurs et chercher des moyens de les surmonter. Ce n'est qu'ainsi, a-t-il déclaré, que l'on pourra débloquer le Programme d'action, qui n'avance pratiquement plus. Il s'est donc déclaré favorable à la réunion d'une session extraordinaire de l'Assemblée générale qui permettrait, selon lui, de relancer le mouvement. Il a fait part de sa déception devant le fait que l'Assemblée générale ne consacrait que deux jours à cet important examen.

Il faut tenir compte, a noté le représentant, des problèmes démographiques majeurs que l'on prévoit dans les pays en développement et de la corrélation étroite qui existe entre l'explosion démographique et le niveau de croissance et de développement économiques. L'Indonésie estime qu'il suffirait pour appliquer le Programme d'action issu du Caire, de disposer de ressources financières. A cet égard, le représentant a déploré le fait que la plupart des pays en développement ont failli à leurs obligations financières

- 8 - AG/EF/233 30 octobre 1997

et n'ont offert que le tiers de la somme prévue. Les gouvernements continuent à avoir la responsabilité majeure en matière d'application du Programme d'Action issu de la Conférence du Caire, mais ils ne sauraient agir seuls. La participation à part entière de la communauté internationale, du secteur privé et des organisations civiques est aussi nécessaire à la réussite de l'examen de ce Programme. Le mécanisme de coopération Sud-Sud a par ailleurs un rôle important à jouer en matière de promotion d'une croissance démographique et d'un développement durables. L'Indonésie, pour sa part, est prête à faire partager à d'autres pays ses expériences réussies en ayant recours à un accord triangulaire Sud-Sud.

M. MOHAMMAD JABBARI (République islamique d'Iran) a estimé que le Plan d'action du Caire constitue une très bonne base et un cadre pour un effort commun, au niveau national et international. Encore faut-il que ce Plan d'action soit mis en oeuvre de manière globale et non sélective. En outre, sans le versement des ressources nouvelles et additionnelles, les chances réelles d'atteindre les objectifs de la Conférence sont très minces.

Le représentant a évoqué les mesures prises par son Gouvernement pour mettre en oeuvre le Plan d'action, affirmant qu'avec les décisions déjà prises précédemment, les résultats obtenus en 10 ans sont impressionnants. Ainsi, le taux de croissance de la population est passé entre 1986 et 1996 de 3,2% à 1,56%. Entre 1989 et 1996, le taux de natalité a chuté de 35 pour mille à 20,3 pour mille et le taux d'utilisation de méthodes contraceptives est passé de 27% en 1984 à 55% en 1996, grâce à une politique de planning familial intégré dans le cadre plus large d'une politique de la santé liée à la grossesse. Les ONG jouent également un rôle important dans le domaine de la population et du développement en Iran, a déclaré le représentant. La République islamique d'Iran est par ailleurs prête à coopérer au niveau régional.

M. Jabbari a observé que son pays accueille depuis 19 ans un très grand nombre de réfugiés: 2 100 000 actuellement, en provenance de plusieurs pays. Outre le logement, la nourriture, les soins et l'éducation, et malgré une aide internationale très limitée, le Gouvernement iranien fournit à ces réfugiées des facilités en matière de santé liée à la reproduction. Sur ce dernier point, la communauté internationale a une responsabilité collective, a ajouté le représentant, qui a estimé que le FNUAP peut jouer un rôle important.

M. MOHAMED AL KHALIFA (Barheïn) a déclaré ne voir aucun intérêt urgent à convoquer une conférence internationale sur les migrations et le développement. Ce thème, a-t-il expliqué, a déjà été l'objet de nombreux débats dans d'autres instances des Nations Unies et il vaudrait mieux consacrer les maigres ressources de l'Organisation à l'application des décisions déjà prises. En outre, les discussions bilatérales peuvent aider à résoudre les problèmes liés aux migrations. Enfin, les discussions sur l'étendue et les objectifs de la conférence occuperaient beaucoup de temps et retarderaient les autres travaux de l'Organisation.

- 9 - AG/EF/233 30 octobre 1997

M. RI KWANG NAM (République populaire démocratique de Corée) s'est associé à la déclaration de la République-Unie de Tanzanie au nom du Groupe des 77 et la Chine. A l'heure actuelle, les questions de la population et du développement n'ont jamais été aussi essentielles. Il est en effet important de créer un environnement socio-économique propice au développement des activités de l'être humain. Il a indiqué qu'une attention particulière doit être portée à la mise en oeuvre du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), et ceci au niveau international. Les fonctions et le rôle de l'ONU dans la mise en oeuvre de ce Plan d'action doivent être renforcés, de même que ceux de l'Organisation des Nations Unies pour la population (FNUAP) afin de lui permettre d'assurer son mandat dans les pays en développement. Il a indiqué que l'insuffisance de ressources financières dans les pays en développement constitue un des obstacles majeurs pour la mise en oeuvre du Plan d'action de la CIPD. Tout comme les pays en développement mobiliseront les ressources nécessaires pour mettre en oeuvre ce programme, il est important que les pays développés fournissent l'assistance financière complémentaire nécessaire.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.