En cours au Siège de l'ONU

AG/EF/212

LA COMMISSION ECONOMIQUE ET FINANCIERE ENTAME SON DEBAT GENERAL

13 octobre 1997


Communiqué de Presse
AG/EF/212


LA COMMISSION ECONOMIQUE ET FINANCIERE ENTAME SON DEBAT GENERAL

19971013 La Deuxième Commission (économique et financière) a entamé ce matin son débat général, sous la présidence de M. Oscar de Rojas (Venezuela). Celui-ci a estimé que le dialogue sur le développement doit se faire dans le cadre de l'Organisation et non, comme le souhaitent d'aucuns, exclusivement dans des organismes spécialisés, dont certains n'ont même pas de lien direct avec l'Organisation. Seule l'Organisation peut traiter de ces questions en y intégrant une dimension politique, mais aussi morale, a affirmé M. Rojas, qui a regretté que l'aspect éthique des questions ait souvent été négligé et a appelé une meilleure prise en compte de celui-ci. Le Président a également estimé que les questions ayant trait au développement et à la coopération internationale doivent être au centre de la réforme des Nations Unies.

La Commission a entendu en outre, M. Nitin Desai, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, qui a affirmé que la coopération en matière de développement va au-delà d'une simple gestion à court terme de l'économie. Il a rappelé la vulnérabilité croissante des pays et surtout des groupes vulnérables qui cherchent à s'intégrer dans l'économie mondiale. Ces derniers ont besoin d'aide alors que l'aide publique au développement ne cesse de diminuer, a noté M. Desai, qui a appelé la communauté internationale à réfléchir sur la façon d'éviter une diminution de l'APD. Les représentants des pays suivants ont ensuite pris la parole: République-Unie de Tanzanie (au nom du groupe de 77 et de la Chine), Luxembourg (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Etats-Unis, Bangladesh, Ghana, Namibie, Jordanie, Myanmar, Fédération de Russie et Egypte. La plupart des délégations se sont félicitées de l'adoption de l'Agenda pour le développement et ont souhaité sa mise en oeuvre rapide. D'autres ont toutefois rappelé l'écart qui existe entre les mandats opérationnels des Nations Unies et les ressources effectives de l'Organisation.

La Commission a entendu des délégations qui ont rappelé que le développement et la paix internationale sont inextricablement liés et ont réclamé des mesures supplémentaires, notamment un nouvel allégement de la dette et des ressources supplémentaires. Le représentant du Myanmar a estimé que cette aide devrait être attribuée sans autre condition que l'existence de

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besoins identifiés lors des grandes conférences internationales. En revanche, le représentant des Etats-Unis a estimé qu'on voit trop souvent les Etats comme des donateurs ou des bénéficiaires d'aide, alors que le moteur principal de l'économie reste le secteur privé.

Avant d'entamer son débat général, la Commission avait complété son bureau en élisant, par consensus, au second poste de vice-président, M. Abel Abdellatif (Egypte). Le 19 septembre, la Commission avait élu au premier poste de vice-président M. Hans-Peter Glanzer (Autriche), et au poste de rapporteur M. Rao Kwon Chung (République de Corée). La Commission a également amendé oralement son programme de travail.

La Deuxième Commission poursuivra son débat général cet après-midi, à 15 heures.

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Le Président de la Commission, M. OSCAR DE ROJAS (Venezuela), a rappelé que les pays en développement n'ont pas les moyens de financer leur développement par eux-mêmes. Ces problèmes devraient figurer au nombre des questions les plus importantes à l'ordre du jour de l'Organisation. Nous ne pouvons cautionner la démarche de certains, qui considèrent que les questions macro-économiques devraient être traitées exclusivement aux séances des organismes spécialisés, dont certains n'ont même pas de lien direct avec l'Organisation. Le dialogue Nord-Sud sur le développement doit se faire dans le cadre de l'Organisation. Seule l'Organisation peut traiter de ces questions en y intégrant une dimension politique, mais aussi morale. Le Président a regretté que l'aspect éthique des questions ait souvent été mis de côté dans l'examen des questions à l'ordre du jour de l'ONU. On retrouve cette éthique dans le concept de justice sociale, qui est à la base du Nouvel ordre économique international. Certes, le monde a bien changé mais il faut tenter de récupérer ce que nous avons perdu, à savoir qu'il faut faire référence à la justice sociale.

Les Nations Unies doivent trouver le bon équilibre et relever le défi de la coopération internationale en faveur du développement. Il a rappelé que tous les points étudiés par la Deuxième Commission sont liés à l'Agenda pour le développement. Il a demandé à la Commission de réfléchir à la possibilité de redonner un véritable élan à la coopération Nord-Sud, notamment par la mise en oeuvre de l'Agenda pour le développement. Il a rappelé le rôle fondamental de l'Ecosoc dans ce domaine, puisque ce dernier est l'organe spécifiquement créé par la Charte pour coordonner les efforts et les mesures dans le domaine économique et social. M. de Rojas a rappelé que la Commission traitera de la Décennie des Nations Unies pour l'élimination de la pauvreté, qui reste la honte de l'humanité. Les pays en développement ont été réalistes et ont reconnu le lien entre le développement, l'élimination de la pauvreté et les progrès de la démocratie, a déclaré M. de Rojas. Aucune action en matière de coopération et de développement n'aura de légitimité si elle ne vise pas à assurer à chaque homme sur cette planète une vie décente.

La croissance économique touche davantage de pays en développement, même si leur croissance reste fragile, a constaté le Président. En même temps, l'écart s'accroît entre pays développés et en développement, la plus grande partie de l'Afrique reste à l'écart et l'environnement se dégrade. Les résultats de la session de l'Assemblée générale sur la mise en oeuvre des décisions prises lors de la Conférence de Rio sur l'environnement et le développement durable n'ont pas été à la hauteur des espoirs. Il faudra une volonté politique résolue de tous les pays pour faire face à ces problèmes. Le Président a souhaité que les propositions de réforme des Nations Unies, dont la plupart sont très opportunes, tiennent compte des demandes de la Commission. Toutes le questions ayant trait au développement et à la coopération internationale doivent être au centre de cette réforme.

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Débat général

M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a indiqué que l'économie mondiale sous tous ses aspects, est au centre du débat sur la coopération pour le développement. La force motrice qui dirige l'économie mondiale devient de plus en plus homogène. On peut attendre une inflation du commerce, mais on ne peut pas s'attendre à une amélioration dans le domaine de l'emploi au niveau régional. Même si on a estimé à 87 milliards le flux des transferts, cela ne concerne cependant qu'un nombre limité de pays. Suite aux problèmes financiers en Asie, il faut une diversité dans les conditions d'établissement d'une intégration de l'économie mondiale. Une politique financière solide, par exemple, permettra des flux de capitaux plus stables et des flux allant dans les deux sens. Il faut promouvoir un débat international sur la portée des politiques gouvernementales sur le marché financier et pouvoir assurer un financement d'urgence en cas de crise.

M. Desai a affirmé que la coopération en matière de développement va au-delà d'une simple gestion à court terme de l'économie. Il a rappelé la vulnérabilité croissante des pays et surtout des groupes vulnérables qui cherchent à s'intégrer dans l'économie mondiale. Ces groupes ont besoin d'aide et l'aide publique au développement ne cesse de décroître, a noté M. Desai, tout en reconnaissant que les flux financiers se limitent à un certain nombre de pays. Il a appelé la communauté internationale à réfléchir sur la façon d'éviter une diminution de l'APD, qui continue d'être indispensable dans la mondialisation. Il a rappelé l'importance d'une cohérence dans le processus de la politique de mondialisation, étant donné le large fossé existant entre les pays développés et en développement. Les risques sous-jacents de la mondialisation exigent une meilleure coordination des gestions nationales et internationales. Il faut analyser la coordination entre les instances de Bretton Woods, le système des Nations Unies dans son ensemble et les pays eux-mêmes. Il faudra mettre l'accent sur la démarginalisation qui est devenue une des directives de la Banque mondiale, ainsi que sur l'éradication de la pauvreté absolue, l'inclusion de tout le monde, sans discrimination, qui doit se faire au niveau national. L'environnement politique est important pour que cela se produise. Les différentes stratégies et plans d'action devront se faire dans l'optique d'un partenariat. Quant au processus de réformes, les processus de consolidation et de coordination entre les différentes entités du Secrétariat ont déjà démarré. Un département qui pourra mobiliser des ressources pour des interventions pluridisciplinaires (dimensions politique, économique, environnemental et autres) sera indispensable à cette fin.

M. DAUDI N. MWAKAWAGO (République-Unie de Tanzanie, au nom du Groupe des 77 et la Chine) a rappelé que le monde a connu cette année encore une croissance lente mais que les écarts de revenus entre les pays développés et les plus pauvres a continué de se creuser. Certes, certains progrès ont été enregistrés dans certains de ces pays, grâce à leurs efforts, mais les

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perspectives de développement durable des pays les moins développés sont sombres. Un partenariat renouvelé en faveur du développement et le respect des engagements internationaux sont donc nécessaires. La fin des travaux sur l'Agenda pour le développement constitue une étape positive. Il fournit les directives nécessaires en faveur d'un tel partenariat. Encore faut-il que les Etats Membres s'engagent à appliquer au plus vite cet Agenda, ce qui suppose une volonté politique marquée.

Le représentant a rappelé le faible bilan de la mise en oeuvre des décisions du Sommet de Rio de 1992 et l'a attribué au refus des pays développés occidentaux de remplir leurs engagements, notamment en matière de transfert de technologies et de nouvelles ressources financières. M. Mwakawago a rappelé que l'aide publique au développement, n'a jamais été aussi faible depuis 1970. Il faut accorder de nouvelles ressources. De même, l'endettement de certains pays empêchent leur développement. les mesures d'allégement prises récemment sont insuffisantes. Il faut annuler la dette. Aujourd'hui, les conditions imposées par les institutions financières internationales pour alléger la dette constituent un véritable cauchemar pour les Etats concernés. Il faut un soutien financier et technique à long terme et des transferts des technologies.

M. Mwakawago a demandé un système commercial international qui offre aux pays en développement de vastes possibilités d'accès aux marches des Etats développés. Les pays africains sont dans une situation particulièrement difficile. Ils sont écrasés par l'endettement et la baisse du prix des produits de base. Il faut aider les pays en développement sans littoral et les petits Etats insulaires en développement.

M. JEAN GRAFF (Luxembourg, au nom de l'Union européenne et des Etats associés) a évoqué la situation des pays les moins avancés, particulièrement en Afrique, qui continuent de souffrir des problèmes de marginalisation et de vulnérabilité. Les mesures nécessaires doivent être prises afin que l'ensemble des pays et des couches sociales profitent des bénéfices de la mondialisation. M. Graff a rappelé que la réduction de l'aide publique au développement continue d'être préoccupante. Elle demeure toujours une source majeure de financement extérieur pour les pays en développement. En rappelant ce qui avait été convenu lors de la 19ème session spéciale de l'Assemblée générale, M. Graff a indiqué que l'Union européenne s'efforcera d'honorer l'engagement d'atteindre l'objectif convenu par l'Organisation des Nations Unies de consacrer, dès que possible, 0,7% du produit national brut à l'aide publique au développement. En plus, des stratégies devraient être mises au point pour accroître l'aide que les donateurs apportent aux programmes d'assistance et redonner vie aux engagements pris lors de la 19ème session.

M. Graff a évoqué la question de la dette des pays les plus pauvres et les plus lourdement endettés qui, a-t-il jugé, devra retenir d'avantage l'attention de la communauté internationale afin de trouver des solutions comme celle de l'initiative de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international. Plus d'un cinquième de la population mondiale, dont la

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majorité sont des femmes, doit survivre avec moins de un dollar américain par jour. La lutte contre la pauvreté au niveau national et international doit rester l'objectif suprême de tous les travaux. L'éradication de la pauvreté doit être traitée de manière urgente, en accordant une attention particulière à la situation des femmes. M. Graff a indiqué l'importance qu'il faut accorder au suivi cohérent des grandes conférences internationales comme le Sommet mondial sur l'alimentation ou la Conférence des Nations Unies sur la population et le développement. Les fonds et programmes devraient concentrer leurs activités, dans cette période de ressources limitées, sur les objectifs définis dans le cadre de la stratégie commune de mise en oeuvre des résultats des grandes conférences des Nations Unies.

Quant aux priorités accordées par l'Union européenne concernant le suivi de l'Agenda 21, M. Graff se félicite des progrès obtenus dans la mise en oeuvre des conventions relatives à la désertification, aux changements climatiques et à la biodiversité. L'Union européenne continuera à jouer, comme par le passé, un rôle actif dans les futures conférences des Parties à ces conventions, la première étant celle de la Convention sur les changements climatiques à Kyoto en décembre 1997. L'Union européenne y oeuvrera en faveur de l'adoption par la réunion de limitations substantielles pour les émissions de gaz à effet de serre.

M. VICTOR MARRERO (Etats-Unis) a déclaré que la Deuxième Commission, doit avoir, et a dans les faits, un thème unificateur autre que celui de la réforme des Nations Unies. Ce thème est le développement durable, avec ses trois composantes interdépendantes que sont le développement économique, le développement social et la protection de l'environnement. La bonne gouvernance est une condition préalable essentielle au développement durable. Cet été , le Conseil économique et social a mis en lumière les facteurs nécessaires à un développement durable. C'est là le rôle des gouvernements, qui mérite toute notre attention. Trop souvent, à la Deuxième Commission, nous nous concentrons trop sur les gouvernement en tant que donateurs ou bénéficiaires de l'aide au développement. Or, si l'aide publique joue un rôle catalytique, c'est le secteur privé qui reste le moteur de la croissance économique. Il nous faut donc stimuler les conditions d'un investissement privé stable.

La Déclaration des Nations Unies contre la corruption dans les transactions commerciales internationales, adoptée l'an dernier sur recommandation de la Deuxième Commission, constitue un exemple du travail productif fait à propos de la bonne gouvernance, a estimé M. Marrero. Le représentant a rappelé l'initiative lancée par le président Clinton en faveur de l'Afrique. La mondialisation a un coût, mais des politiques économiques et sociales viables peuvent réduire ces coûts, a estimé le représentant, pour qui, même les pays les plus pauvres peuvent bénéficier de la mondialisation. Si le secteur privé est le moteur de l'économie, les gouvernements doivent veiller, notamment, à ce que les fruits de la mondialisation soient distribués

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d'une manière socialement acceptable. Il faut faire plus pour protéger les droits des travailleurs, interdire le travail forcé et le travail des enfants. Le développement durable exige une complémentarité entre les secteurs privé et public et les Nations Unies peuvent jouer un rôle essentiel en veillant à cette complémentarité.

Les Nations Unies doivent veiller à ce que la croissance mondiale crée davantage de bien-être et n'accentue pas les écarts entre riches et pauvres, ou encore ne menace pas notre environnement mondial, a déclaré le représentant. En ce sens, les secteurs public et privé doivent travailler ensemble. En même temps, toutes les nations, qu'elles soient industrialisées ou non, émettent déjà de grandes quantités de gaz à effet de serre et doivent participer au processus de la Conférence de Kyoto, d'une manière juste pour tous.

M. ABUL HASANAT (Bangladesh) a noté que l'économie mondiale a connu un taux de croissance de 3% l'année passée. Le niveau de croissance dans les pays en développement est un des plus hauts que l'on ait connu. Cependant ces chiffres ne montrent pas que le fossé se creuse davantage entre pays riches et pauvres. Au cours de ces dernières années, M. Hasanat a indiqué que le commerce mondial a également augmenté de manière extraordinaire, et qu'on s'attend à une augmentation de 6% dans les dix prochaines années. Ce n'est pas le cas pour les pays les moins avancés (PMA) où il a même diminué. Ceci est en effet dû au faible accès que ces pays ont au marché international. Les pays les moins avancés doivent faire face à des tarifs douaniers de 30% supérieur à la moyenne globale. En plus, il existe des barrières non tarifaires sous forme d'auto-restriction à l'exportation qui entravent l'accès à ces marchés. La prochaine Conférence de Genève visant à l'élimination des barrières tarifaires ne doit pas rester lettre morte, surtout pour les PMA.

M. Hasanat a rappelé que les budgets d'aide des principaux donateurs et l'aide bilatérale diminuent. La part de l'aide aux PMA a également baissé. Le flux d'aide a été réduit. Dans un certain nombre de pays en développement, le processus de démocratisation et la bonne gouvernance se sont enracinés et ont permis d'absorber l'aide publique au développement. Ces pays n'ont d'autres recours que l'APD. Si l'aide diminue, cela influencera également l'accroissement du fardeau de la dette. M. Hasanat indique qu'il n'y a pas encore de signes visibles de l'aide et demande une mise en oeuvre souple pour cette période de six ans afin que les PMA puissent bénéficier d'un allégement de leur dette. Les PMA n'ont reçu que 126 milliards d'investissements étrangers directs. En plus, ces flux ne concernent qu'un nombre limité de 12 pays, ce qui correspond à moins de 1% pour les PMA. Le rôle de l'aide est indispensable tout comme la coopération Sud-Sud. Des initiatives à l'instar de celle de l'Association des Nations d'Asie du Sud pour la coopération régionale est déjà apparue comme bénéfique aux pays membres, à savoir le Bangladesh, l'Inde, le Myanmar, le Sri Lanka et la Thaïlande.

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M. JACK WILMOT (Ghana) a déclaré que, malgré des réformes structurelles menées et accompagnées de forts coûts sociaux et politiques, de nombreux pays en développement ne parviennent pas à dégager une croissance suffisante pour créer des emplois, réduire la pauvreté et renforcer leurs économies, en grande partie parce qu'ils ne sont pas soutenus par un environnement international favorable. Ce dernier ne renforce pas les économies les plus faibles. La mondialisation, si elle offre une croissance considérable à certains, a aussi un effet négatif sur les économies le plus pauvres. C'est par exemple le cas de la récente décision de l'Organisation mondiale du commerce à propos des exportations de bananes des pays des Caraïbes, conformément à la Convention de Lomé, qui a été jugé en contradiction avec les règles du libre-échange. Une telle décision met en péril le pilier économique des Etats en question, a mis en garde le représentant. Démanteler les régimes de Lomé au nom de la mondialisation, c'est déstabiliser la structure sociale et économiques de pays qui en bénéficient.

Au contraire, aux Etats-Unis comme dans l'Union européenne, les agriculteurs sont protégés, a déclaré le représentant. Dans d'autres pays, c'est le cas de l'industrie. A chaque fois, l'idée est de protéger, au niveau national, des catégories jugées plus faibles. Pourquoi ne pas appliquer au plan international le même régime ? Le représentant a qualifié de mesures protectionnistes les prétentions moralisatrices à imposer des normes en matière de droit du travail. De nombreux pays n'obtiennent pas assez de ressources du fait des investissements privés et ont donc besoin d'une aide publique au développement, a déclaré M. Wilmot. Le représentant a demandé un allégement de la dette des pays les plus frappés. Il s'est félicité des mesures déjà prises par la Banque mondiale mais a demandé des efforts supplémentaires. Il a apporté son soutien à l'idée d'une conférence internationale spéciale chargée de rechercher des solutions au financement du développement. L'Afrique est le pays qui a le plus besoin de ressources financières. Or, le continent est un exportateur de capitaux. M. Wilmot a souhaité que les efforts entrepris pour aider l'Afrique subsaharienne portent leur fruits. Il a rappelé l'écart qui existe entre les mandats opérationnels de l'ONU et les ressources dont dispose l'Organisation pour les remplir. Rappelant que la paix et le développement sont inextricablement liés, il a demandé que la réforme de l'Organisation aboutisse à remplacer le développement en tête des priorités de l'Organisation.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a indiqué que les réformes doivent répondre aux objectifs des pays en développement. La pénurie de ressources dans ces pays est la racine du problème qu'il faudrait analyser. Il a constaté que la configuration internationale de la richesse et de la pauvreté n'a pas beaucoup changé. La mondialisation et l'ouverture des marchés doit offrir la possibilité aux PMA d'utiliser leurs recettes d'exportation pour le remboursement de leur dette. Force est de constater que les pays qui en ont besoin sont ceux qui ne sont pas en mesure d'éliminer la pauvreté. Les politiques en Afrique devraient être associées à une aide propice. Les

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conclusions de l'ECOSOC devraient enrichir ces discussions. Les priorités dans ces pays devraient être l'investissement dans le secteur social, notamment pour éliminer le problème du chômage, ainsi que la création d'un environnement propice au développement.

M. Andjaba se félicite de l'adoption de l'agenda pour le développement qui jette un nouvel éclairage sur des anciennes questions. La féminisation de la pauvreté est le résultat direct des barrières auxquelles les femmes sont confrontées. Un environnement propice devrait être créé de manière à améliorer ce manque d'accès aux ressources économiques dont elles souffrent. Des pays de l'Afrique australe continuent de vivre dans la pauvreté malgré l'abondance des ressources naturelles. La Communauté de l'Afrique australe pour le développement (SADEC) s'est penchée sur l'exploitation des ressources naturelles comme source de profit pour instaurer un processus de développement durable. M. Andjaba a indiqué que la Namibie est le pays le plus sec de la région sub-saharienne. C'est une des raisons pour lesquelles elle a ratifié la Convention sur la lutte contre la désertification. M. Andjaba a indiqué que les travaux avancent à tous les niveaux et que le Centre de recherche sur le désert dans le désert Namibie vient d'être reconnu comme une institution sous-régionale par la SADEC en charge de recherche, de formation et de renforcement institutionnel. Le processus de désertification a pour conséquence une baisse de productivité et un déclin dans les conditions de vie. M. Andjaba a lancé un appel à la Communauté internationale pour qu'elle mobilise des ressources afin d'aider les pays affectés par ce phénomène, et plus particulièrement en Afrique.

M. FARIS AMMARIN (Jordanie) a déclaré que la croissance mondiale est rapide, qu'elle touche des pays développés et en développement. Pourtant, l'économie mondiale est loin d'être en mesure de poursuivre des palliatifs aux changements rapides auxquels nous assistons. La mondialisation et le partenariat mondial exigent beaucoup plus, alors que plus d'un milliard d'hommes vivent toujours dans la pauvreté et qu'il n'existe pas de signe réel d'une amélioration sensible. Malgré toutes les grandes conférences mondiales et l'adoption, en juin de l'Agenda pour le développement, nous avons été incapables de trouver la volonté politique au plus haut niveau, a regretté le représentant. M. Ammarin a rappelé que son pays avait adopté un programme de réformes structurelles très strictes à coût social très élevé. La Jordanie a créé une économie de marché libre, a signé un traité de paix avec Israël, a instauré la démocratie. Et pourtant, la croissance progresse lentement. Il faut traiter sérieusement de la crise de la dette dans les pays en développement, du financement du développement, du commerce international, du suivi des grandes conférences internationales, de la situation économique critique de l'Afrique et de la situation au Moyen-Orient, notamment des conditions de vie du peuple palestinien.

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U WIN AUNG (Myanmar) a souhaité que la question de la réforme des Nations Unies domine toutes les autres durant la présente session. Ce processus de réforme doit être mené de manière à affronter les défis du prochain siècle et non sous la pression de quiconque. Dans ce cadre toutes les propositions de réforme doivent être bien réfléchies, équilibrées et orientées vers le développement, de manière à répondre efficacement aux besoins des pays en développement. Les principes de transparence, de pluralisme et de démocratie, qui demeurent les seules forces des Nations Unies, doivent être appliqués dans tous les secteurs concernés par les réformes, et en particulier dans le processus de prise de décision des principaux organes et institutions de l'Organisation. Le représentant a déclaré que le problème de la dette extérieure des pays en développement reste critique dans de nombreux pays malgré les mesures positives prises. Il est particulièrement important d'appliquer les engagements, accords et décisions prises lors des grandes conférences des Nations Unies dans ce domaine. Le représentant a rappelé que les résultats de la session extraordinaire de l'Assemblée générale organisée pour examiner la mise en oeuvre des décisions du Sommet de Rio de 1992 ont été décevants. Il faut absolument travailler ensemble dans un esprit de partenariat mondial pour satisfaire les besoins des générations actuelles et futures en matière de développement durable.

La mise en oeuvre des décisions et programmes d'actions des nombreux sommets mondiaux tenus durant la présente décennie reste en suspens dans de nombreux pays en développement, non parce qu'ils n'ont pas la volonté politique de le faire, mais parce qu'ils manquent de ressources pour les mettre en oeuvre. Dans toutes ces conférences, des engagements de financement ont été pris, qui n'ont pas été tenus. Non parce que ceux qui doivent donner n'ont pas les moyens de le faire, mais pour des raisons politiques totalement indépendantes. Considérant que la paix et le développement sont indissociables, le Myanmar réaffirme que l'aide au développement ne devra pas être soumise à aucune condition autres que les besoins tels qu'ils ont été définis lors de ces conférences internationales.

M. SERGEI LAVROV (Fédération de Russie) a estimé que la mondialisation et la libéralisation du commerce et de l'économie mondiale commencent à porter leurs fruits. Ainsi, les signes de stabilisation dans les pays d'Europe de l'Est et les Etats Membres de la CEI sont de plus en vue évidents. Une des tâches essentielles des Nations Unies est de participer à cette révolution en cours, d'autant que certains pays risquent de se trouver marginalisés, alors que d'autres sont menacés de crises économiques et financières, comme cela vient de se produire en Asie du Sud-est. Il faut créer des conditions internationales favorables à l'accès aux marchés, aux financements et aux technologies de pointe. Il faut créer un environnement favorable à la réduction de la pauvreté, à la protection de l'environnement, à la mise en oeuvre des réformes économiques et au renforcement de la compétitivité des entreprises, sans lequel une économie mondiale est impensable.

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La Fédération de Russie a entrepris des changements radicaux douloureux, a déclaré M. Lavrov, mais elle a aujourd'hui atteint la stabilisation. La croissance se déroule dans le cadre d'une augmentation de la demande intérieure et en ralentissant les exportations, alors que l'inflation est maîtrisée et la monnaie nationale renforcée. En revanche, il reste des mesures importantes à prendre, comme la réforme du système fiscal. M. Lavrov a rappelé l'adhésion de son pays au Club de Paris et à l'accord conclu avec le Club de Londres. Il a estimé que le concept d'économie en transition reflète effectivement un état provisoire, en attente d'un passage à une autre catégorie de pays. La Fédération de Russie espère qu'en ce qui la concerne, ce passage est proche. M. Lavrov a déclaré qu'il approuve dans son principe, le projet de réforme du Secrétaire général. Il ne faut pas oublier pour autant ce qui a déjà été réalisé, et en particulier mettre pleinement en oeuvre la résolution 50/227, qui a défini les grandes lignes de la restructuration des Nations Unies dans les domaines économique et social. Il faut également mettre en oeuvre les recommandations de l'Agenda pour le développement, qui reflète un consensus à la fois sur les mesures politiques et sur le cadre institutionnel des futures activités de l'ONU en matière de développement.

M. ABEL ABDELLATIF (Egypte), en parlant de la mondialisation et de ses conséquences, a évoqué la situation des pays en développement dans ce contexte. Cette mondialisation a été montrée comme un fait accompli. Cependant on n'a pas accordé suffisamment d'attention aux conséquences négatives qu'elle pouvait engendrer et qui peuvent effacer les avantages que l'on accorde à ce phénomène. Dans un monde de plus en plus interdépendant, la mondialisation n'est pas exempte de risques, car les pays n'y participant pas seront marginalisés. Les désavantages sont différents que ce soit pour le Nord ou pour le Sud. M. Abdellatif a indiqué que l'économie mondiale était dominée par un petit groupe de pays industrialisés et qui veulent protéger leur économie. M. Abdellatif a illustré son affirmation en citant l'exemple actuel dans les secteurs agricole et de l'industrie textile. Il a indiqué que cette évolution rapide veut que tous les pays soient traités sans différenciation, sinon le fossé entre le Nord et le Sud s'agrandira. Il a accordé de l'importance au principe de coopération qui va co-exister avec la compétition dans ce processus de mondialisation.

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