LA CINQUANTE-DEUXIÈME SESSION DE L'ASSEMBLEE GENERALE PEUT MARQUER LE DEBUT D'UNE ÈRE NOUVELLE DANS L'HISTOIRE DE L'ONU, DECLARE LE PRESIDENT À LA SEANCE D'OUVERTURE
Communiqué de Presse
GA/9297
LA CINQUANTE-DEUXIÈME SESSION DE L'ASSEMBLEE GENERALE PEUT MARQUER LE DEBUT D'UNE ÈRE NOUVELLE DANS L'HISTOIRE DE L'ONU, DECLARE LE PRESIDENT À LA SEANCE D'OUVERTURE
19970922 Les Etats Membres ont l'occasion de revitaliser l'Organisation pour faire face aux problèmes croissants de l'époque, de "ré-unir les nations unies"On trouvera ci-après le texte de l'allocution prononcée le 16 septembre par Hennadiy Udovenko, Ministre des affaires étrangères de l'Ukraine, en qualité de Président de la cinquante-deuxième session de l'Assemblée générale.
C'est pour moi un grand honneur et un réel privilège d'avoir été élu Président de l'Assemblée générale des Nations Unies. Je remercie les Etats Membres d'avoir appuyé ma candidature, en particulier les Etats d'Europe orientale. Ce faisant, ils ont tenu, j'en suis persuadé, à reconnaître le rôle actif joué par mon pays, l'Ukraine, à l'ONU et dans les affaires mondiales.
Je tiens à remercier tout particulièrement mon prédécesseur, S. E. M. Razali Ismail, de Malaisie, qui a contribué de façon remarquable à renforcer le rôle de l'Assemblée générale pendant sa présidence de la cinquante et unième session de l'Assemblée générale. Je tiens également à saluer l'action courageuse menée par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, pour réformer l'Organisation. Il mérite nos louanges, mais surtout, notre soutien actif.
Il est symbolique qu'un représentant d'une démocratie rétablie, qui traverse une période de réformes radicales dans les domaines social, économique et politique, ait été élu Président de l'Assemblée générale au moment où la réforme de l'Organisation est au premier plan des préoccupations de celle-ci. Je suis convaincu que la longue participation de l'Ukraine aux activités de l'ONU, alliée à son expérience de la réforme sur le plan national, facilitera ma contribution aux travaux de l'Assemblée générale. Je compte sur votre compréhension, vos conseils et votre appui pour m'aider à guider ces travaux dans le sens que nous souhaitons tous.
Depuis qu'elle a proclamé son indépendance en 1991, l'Ukraine a réussi à marquer sa place sur la scène politique internationale et elle s'est déjà révélée être un facteur de stabilité et de sécurité régionales. En éliminant
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son stock d'armes nucléaires, qui était le troisième de la planète en volume, et en signant récemment un certain nombre d'importants traités bilatéraux avec ses voisins ainsi que la Charte sur un partenariat spécial avec l'OTAN, l'Ukraine a fait une contribution essentielle au renforcement de la sécurité en Europe et dans le monde, participant ainsi concrètement à la réalisation des nobles objectifs de la Charte des Nations Unies.
Membre fondateur de l'ONU, l'Ukraine a toujours accordé une grande importance aux activités de celle-ci. Aujourd'hui, non seulement elle s'associera à tous les Etats qui appuient la réforme en cours, mais encore elle n'épargnera aucun effort pour obtenir le plus large consensus possible sur les moyens de concrétiser au mieux les propositions qui ont été faites. Pour diverses raisons historiques complexes, il a fallu des dizaines d'années pour que l'Ukraine devienne un Membre de l'ONU à part entière. Maintenant, elle est prête à assumer davantage de responsabilités et à participer plus activement à la réalisation effective de tous les buts et principes de l'Organisation des Nations Unies.
La mondialisation nous impose d'agir de concert dans pratiquement tous les domaines. Aucune nation ne peut se sentir en sécurité quand elle agit seule face aux nouveaux défis.
La notion même de sécurité internationale a d'ailleurs beaucoup évolué depuis la fin de la guerre froide. Ce sont désormais les guerres civiles, les conflits ethniques, le terrorisme international et la prolifération des armes et des matières nucléaires qui menacent la paix et la sécurité du monde, plus que l'éventualité d'une guerre entre Etats, sans parler même d'une guerre nucléaire. L'évolution récente des relations internationales montre que ces menaces ne vont pas disparaître d'elles-mêmes; elles devront donc retenir en priorité l'attention de l'ONU.
Les problèmes économiques et sociaux ont les mêmes conséquences pour tous les pays telle est la principale conclusion de plusieurs grandes conférences mondiales tenues récemment. De nombreuses nations doivent faire face à des difficultés majeures : aggravation de la pauvreté, corruption et ses effets délétères, violations des droits de l'homme, criminalité organisée et trafic de drogues. Bien souvent, les problèmes liés au sous-développement mettent en péril la sécurité internationale.
Les problèmes environnementaux actuels exigent également une attention accrue. L'exploitation irresponsable et la mauvaise gestion des ressources naturelles compromettent la survie de la planète et menacent donc notre bien-être à tous. La catastrophe de Tchernobyl en est la triste illustration. Elle s'est produite dans mon pays, où, pour reprendre l'Apocalypse de Saint Jean, "Il tomba du ciel une grande étoile ardente comme un flambeau; et elle tomba sur le tiers des fleuves". Bien que l'accident se soit produit il y a plus de 10 ans, "l'étoile noire de Tchernobyl" menace toujours le monde, telle une épée de Damoclès, rappel inquiétant pour chacun d'entre nous.
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L'ONU a été en butte ces derniers temps à de sévères critiques, qui ne sont pas toujours injustifiées. En dépit de toutes ses insuffisances, elle demeure néanmoins un mécanisme unique et indispensable pour relever les nouveaux défis et régler les problèmes liés au maintien de la paix et de la sécurité internationales, à la promotion d'une croissance économique soutenue et d'un développement durable, aux droits de l'homme, à la justice et au droit international, au désarmement, à la prévention du crime et à la lutte contre le terrorisme international. L'ONU est par définition la mieux à même d'établir des normes internationales et de dégager un consensus mondial sur les questions les plus urgentes qui touchent au sort de l'humanité tout entière.
Je ne veux pas louer l'Organisation pour ses réalisations. Je ne la critiquerai pas non plus pour ses échecs. La critique doit céder la place à un travail constructif visant à réformer l'ensemble du système des Nations Unies. Il s'agit là d'une tâche redoutable, mais elle doit être accomplie si les buts de l'ONU ont véritablement un sens pour tous les Etats Membres. Il me semble que nous sommes dans l'ensemble d'accord en ce qui concerne les grands problèmes et tâches qui nous attendent, ce qui devrait, je n'en doute pas, nous aider à nous entendre sur les moyens d'adapter notre organisation en fonction de l'évolution de l'environnement international.
Je pense que l'éthique de ma présidence devrait reposer sur les fondations solides jetées par mes prédécesseurs. Ses principes directeurs devraient être l'efficacité, la transparence et la démocratisation de l'Organisation, y compris de son processus de prise de décision. À cela, il faudrait ajouter deux autres éléments essentiels : le réalisme et la responsabilité.
Aucun obstacle majeur n'empêche l'ONU de devenir ce qu'elle devrait être ce que nous, Etats Membres, souhaiterions qu'elle soit au lieu de rester un monument historique dans un monde métamorphosé. En 1945, nous avons créé cette organisation pour unir les nations dans leurs aspirations à la paix et la sécurité. Il est maintenant temps de "ré-unir" les Nations Unies à la recherche d'un avenir meilleur, plus prometteur.
Le programme de réforme présenté par le Secrétaire général est un point de départ solide pour les délibérations de l'Assemblée générale. Cette question sera au coeur des débats de la présente session, et je compte soutenir toutes les initiatives visant à faciliter le processus de réforme et à susciter un large consensus de façon que les nations soient unies dans cet effort.
À cet égard, je pense que l'Assemblée générale devrait veiller tout particulièrement à décider du cadre le plus approprié pour l'examen du programme de réforme du Secrétaire général.
Le renforcement du rôle de l'Assemblée générale est l'une des questions auxquelles les Etats Membres ont été très favorables. Le moment est venu de
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révéler et d'exploiter tout le potentiel de cet organe. La question a été examinée en détail par le Groupe de travail sur le renforcement du système des Nations Unies et il faudrait commencer à appliquer ses recommandations à la présente session.
En ma qualité de Président, je compte rechercher des mécanismes qui permettraient de renforcer la coordination et les échanges entre certains des organes principaux : l'Assemblée générale, le Conseil de sécurité, le Conseil économique et social et, bien entendu, le Secrétariat.
Ces dernières années, le nombre de Membres de l'ONU a considérablement augmenté et de grands bouleversements se sont produits dans les relations internationales. Il est donc nécessaire d'élargir le Conseil de sécurité, afin de le rendre plus représentatif, et de revoir ses méthodes de travail et son fonctionnement de façon qu'il soit plus transparent, capable d'agir, efficace et efficient. À mon avis, le principe de l'égalité souveraine de tous les Etats Membres, celui d'une représentation géographique équitable, compte dûment tenu des intérêts de tous les groupes régionaux, et le critère de la contribution des Membres au maintien de la paix et de la sécurité internationales devraient être les éléments fondamentaux dont il faudra s'inspirer pour la réforme du Conseil de sécurité.
Il est, cela dit, nécessaire d'éviter que des divergences de vues sur l'élargissement du Conseil ne paralysent notre travail sur d'autres aspects de la réforme de l'ONU.
En tant que Président de l'Assemblée, je suis déterminé à faire tout mon possible pour encourager un débat constructif.
La réforme ne saurait aboutir si la viabilité financière de l'ONU n'est pas assurée. Or, en dépit de tout ce qui a été fait récemment à cet égard, nos problèmes financiers ne sont toujours pas résolus.
Il me semble que les conditions qui permettraient de trouver une solution à la précarité de la situation financière de l'ONU sont en train de se faire jour. Sur notre recommandation, le Secrétaire général devrait améliorer la gestion et la structure de l'Organisation lors de l'application du programme de réforme proposé. À l'inverse, le processus de réforme serait grandement facilité si un accord sur le prochain barème des quotes-parts pouvait être conclu au cours de l'année. Nous devons faire preuve de volonté politique et d'esprit de coopération.
Nous savons tous qu'il est extrêmement difficile d'essayer de réparer un véhicule en mouvement. L'Assemblée ne peut cependant se permettre de suspendre pendant la cinquante-deuxième session l'application des responsabilités que lui confère la Charte des Nations Unies. Au cours des 12 prochains mois, nous devrons examiner un ordre du jour chargé, auquel sont inscrites de nombreuses questions politiques, économiques, sociales, humanitaires, juridiques, administratives, budgétaires et de désarmement.
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Nous devons partir de l'hypothèse réaliste selon laquelle, si nous arrivons à renforcer les mécanismes de l'ONU, cela nous aidera dans nos travaux et incitera également la communauté internationale à faire davantage appel à l'ONU. Lorsqu'elle se penchera sur des questions pratiques, l'Assemblée générale devra donc être consciente de la nécessité de réévaluer les réalités de manière à définir des stratégies, concepts et procédures adéquats dans tous les domaines d'activité de l'ONU.
La diplomatie préventive est considérée comme une priorité en vue du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Pouvons-nous soutenir que l'ONU utilise pleinement tous les instruments à sa disposition et que les ressources allouées sont suffisantes pour assurer le succès des actions préventives? Si la criminalité internationale et le trafic de drogue menacent de plus en plus l'économie des pays et les institutions démocratiques, quelle est la part exacte des responsabilités qui doivent être assumées par l'ONU de façon que sa contribution à la lutte contre ces fléaux et bien d'autres encore donne les résultats voulus? Comment les Nations Unies doivent-elles aborder le problème gigantesque que pose le nombre de plus en plus grand de réfugiés et de personnes déplacées victimes de la violence?
Les graves problèmes des pays les moins avancés sont toujours à l'ordre du jour. Quelles mesures nouvelles devrions-nous prendre pour prouver que nous avons l'intention de les résoudre? En sommes-nous capables et le voulons-nous? Quels sont les mécanismes qui permettraient le mieux à l'ONU de collaborer avec les ONG pour rapprocher ses activités de la société civile?
Cette liste de questions est loin d'être exhaustive. Pourtant, il faudra les aborder toutes et obtenir les réponses voulues quelle qu'en soit la complexité pour que la réforme des Nations Unies ait une chance d'aboutir, si le réalisme et le sens des responsabilités nous guide.
Je suis convaincu que chacun d'entre nous a ses propres vues sur la question. Partageons-les et essayons de trouver un dénominateur commun. Je saisis l'occasion pour rappeler à tous les Etats Membres que le succès de la réforme dépend de leur sagesse politique et de leur volonté d'agir rapidement, de manière constructive et avec esprit de décision.
Tous les éléments sont réunis pour faire de la présente session de l'Assemblée générale une session historique. Durant les prochains mois, nous avons l'occasion de revitaliser notre organisation universelle et de la rendre mieux à même de relever des défis de plus en plus redoutables.
Je suis convaincu que nous avons le pouvoir de faire de cette session un tournant, d'ouvrir une nouvelle ère dans l'histoire de l'Organisation. La Rochefoucauld avait raison de dire que notre pouvoir est parfois supérieur à notre volonté et que nous décrétons certaines choses impossibles à seule fin d'excuser notre inaction.
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En tant que Président de l'Assemblée générale, j'encouragerai un débat concret sur les mesures et propositions qui nous sont soumises pour réformer le système des Nations Unies.
En tant que diplomate, comme vous, qui ai consacré une grande partie de ma carrière à travailler à l'ONU, je souhaiterais être le témoin d'un événement majeur dans l'histoire de cette Organisation.
Il y a de nombreuses années, parlant figurativement des difficultés auxquelles se heurtent les partisans du changement, le grand poète ukrainien, Ivan Franko, écrivait, "Brisez ce rocher! Que la fatigue, les intempéries, la soif ou la faim ne vous écartent pas de votre tâche".
Je vous invite donc tous à vous consacrer avec ardeur à une tâche difficile. Ensemble, nous réussirons.
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