AG/EF/197

L'AGENDA POUR LE DEVELOPPEMENT DOIT PRENDRE EN COMPTE LES INTERETS DES PAYS EN DEVELOPPEMENT

1er novembre 1996


Communiqué de Presse
AG/EF/197


L'AGENDA POUR LE DEVELOPPEMENT DOIT PRENDRE EN COMPTE LES INTERETS DES PAYS EN DEVELOPPEMENT

19961101 APRES-MIDI AG/EF/197 La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a poursuivi cet après-midi son débat général sur la question de l'Agenda pour le développement. Les représentants des pays suivants sont intervenus : Mongolie, Jamaïque, Iraq, Algérie, Pérou, Iran et Soudan.

Les intervenants ont souligné la nécessité de mener à bien au plus vite les négociations en cours sur l'Agenda pour le développement. Des représentants ont mis en garde les négociateurs contre le risque de faire de l'Agenda une compilation des résultats des conférences internationales. Ils ont souligné que l'Agenda ne devait pas être dévié de ses objectifs et ne doit pas non plus être une énième tentative de réforme du système des Nations Unies. La nécessité de prendre en compte la situation des pays en développement, et notamment des pays les moins avancés, des pays enclavés, des petits Etats insulaires en développement ainsi que des économies en transition a été soulignée.

La Commission poursuivra ses travaux le mercredi 5 novembre à 15 heures.

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Environnement durable et coopération économique internationale

Débat

M. DAMBYN GANKHUYAG (Mongolie) s'est déclaré heureux d'apprendre par le rapport sur le commerce et le développement que certains pays en développement ont vu leur situation s'améliorer considérablement. Il a noté toutefois que les déséquilibres persistent et qu'ils sont aggravés par les nouvelles formes de protectionnisme, la dégradation de l'environnement, le poids de la dette, les contraintes qui pèsent sur l'accès aux technologies, les flux financiers spéculatifs ainsi que la baisse de l'aide publique au développement. L'Agenda pour le développement devrait porter une attention particulière à la situation critique des pays les moins avancés, des pays enclavés et des petits pays insulaires en développement ainsi qu'aux économies en transition. Il devrait s'attacher à créer les conditions favorisant une plus grande assistance financière et technique et l'accès aux marchés financiers sur des bases prévisibles et sûres, l'investissement étranger direct et une solution durable au problème de la dette publique. Le représentant a indiqué que son pays attache une grande importance à l'Agenda pour le développement et est préoccupé par la lenteur des négociations.

M. DAVID PRENDERGAST (Jamaïque), a déclaré que l'Agenda pour le développement fournit une excellente occasion d'établir un cadre de la coopération internationale pour le développement dans les années 90. La reconnaissance du rôle central et appréciable des Nations Unies dans la promotion de la coopération internationale pour le développement y est implicite. L'Agenda met également en avant le besoin croissant d'adopter une approche intégrée. Il devrait répondre aux besoins urgents en matière de développement. M. Prendergast a mis en garde contre le fait que l'inertie politique de la communauté internationale peut avoir des effets dévastateurs pour les pays en développement. L'Agenda doit servir de processus favorisant un consensus sur des questions majeures susceptibles de stimuler le développement. Le représentant a suggéré que les négociations en cours prennent toutes ces données en considération.

Dans le chapitre III du document "Questions institutionnelles et suivi", il importe de faire des propositions pragmatiques et pratiques quant au rôle des Nations Unies en matière de développement et de considérer les moyens d'améliorer l'efficacité de tout le système. Ce chapitre devrait fournir un cadre global afin que les fonds, programmes et agences des Nations Unies aient un véritable impact sur le processus de développement. Les discussions doivent prendre en compte le fait que le développement est centré sur l'être humain. Il a appelé à un dialogue constructif qui contribuerait à la mise en place de politique de développement internationales et stimulerait la coopération dans ce contexte. Il a souscrit aux déclarations du Groupe des 77 et la Chine dans lesquelles il est appelé à préserver la question de la croissance économique et du développement durable en tant que priorité, au même titre que la paix et la sécurité internationales.

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M. KHALID AL-HITTI (Iraq) a estimé que les ressources affectées jusque-là à la guerre devraient être consacrées au développement. Il a fait remarquer que la libéralisation de l'économie mondiale se traduit bien souvent par la marginalisation de certains pays en développement. Il a insisté sur la nécessité de réaliser un nouveau partenariat entre pays développés et pays en développement et de promouvoir le dialogue entre ces pays. Il a observé que les mesures économiques ne devaient pas être utilisées comme sanctions. Ce procédé entrave le développement économique de certains pays et des pays voisins et profitent à d'autres. Le représentant a fait remarquer que le développement nécessite une volonté politique des différents partenaires visant à redresser les déséquilibres qui minent la paix et la sécurité internationales. Il faut notamment encourager le partenariat entre le Nord et le Sud, a-t-il déclaré. Il est temps que les Nations Unies accomplissent leur mission et s'attachent à réaliser un développement durable et équitable.

M. ZINEDDINE BIROUK (Algérie) a constaté que le processus en vue de l'adoption d'un Agenda pour le développement piétine et suscite les craintes et la frustration de la majorité des Etats Membres. En effet, a-t-il ajouté, les lenteurs observées dans les travaux du Groupe spécial de l'Assemblée générale chargé de l'élaboration d'un Agenda pour le développement, ont quelque peu dénaturé l'objet et le sens de cet Agenda, pour aboutir à une pâle copie des différents Programmes d'action des grandes conférences des Nations Unies. Il a indiqué que l'absence de volonté politique risque, si elle venait à se confirmer, de priver l'Organisation d'un outil indispensable pour la mise en oeuvre des engagements pris en faveur du développement. Dans la perspective de l'adoption de l'Agenda dans les meilleurs délais, les tergiversations, les hésitations, les faux-fuyants, doivent désormais céder la place à plus de clairvoyance et, surtout, à plus de détermination face aux drames que continue de vivre la majorité des populations de la planète, condamnée, à la veille du XXIème siècle, à la pauvreté et à la paupérisation, phénomènes que sont venues accentuer la globalisation et la mondialisation de l'économie internationale, a précisé M. Birouk.

Le consensus mondial sur la coopération internationale pour le développement se doit d'être traduit en actes concrets dans les domaines du commerce international, de la dette extérieure, du transfert de technologie, de l'investissement direct et des flux financiers, de l'élimination de la pauvreté et de la sauvegarde de l'environnement. Il a souligné qu'il s'agit de rétablir l'ONU dans son rôle fondamental de cadre unique pour la promotion de la paix et du développement. L'Agenda pour le développement ne doit pas être dévié de son objectif et servir de prétexte à une énième tentative de réformer le système des Nations Unies dans un sens qui serait préjudiciable aux activités de développement onusiennes, a commenté le représentant. A cet égard, l'Agenda doit constituer, sinon un tournant, du moins une évolution significative au plan pratique dans le domaines des relations économiques et financières, et souligner la nécessité d'une nouvelle éthique internationale qui réponde mieux aux impératifs du redressement économique et du développement, a-t-il conclu.

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M. ITALO ACHA (Pérou) a regretté que l'Agenda pour le développement ne soit pas plus "programmatique" au lieu d'être une compilation des résultats des différentes Conférences. Il a estimé que la valeur ajoutée de l'Agenda réside dans la définition du rôle des Nations Unies dans le domaine du développement et, de façon peut-être plus importante encore, dans sa prise en compte des intérêts des différents Etats Membres. Le représentant a indiqué que le processus de suivi est un aspect clé du développement et qu'il doit être mieux reflété par l'Agenda. Les relations avec les institutions de Bretton Woods doivent être également précisées, a-t-il déclaré.

M. MOHSEN ESPERI (République islamique d'Iran) a souligné que l'initiative de l'Agenda pour le développement était de confirmer et de réorienter les activités des Nations Unies en matière de développement. Il a évoqué le lien étroit entre la paix et le développement. Une approche réaliste vers une paix durable signifie que les pays développés devraient prendre des engagements plus fermes en vue du développement humain durable. M. Esperi a évoqué les obstacles, de nature internationale, qui apparaissent au niveau de l'économie internationale et de ses tendances nouvelles qui doivent aussi trouver des solutions d'envergure mondiale, notamment pour ce qui est du transfert des technologie, du remboursement de la dette extérieure des pays en développement et de l'ouverture des marchés. Il importe aussi que les pays en développement fassent une meilleure place aux pays en développement dans le processus de prise de décision. Les discussions sur l'Agenda ne devraient pas refléter de positions unilatérales ou se transformer en une discussion sur la charité.

M. HAMID ALI EL TINAY (Soudan) a rendu hommage au consensus qui s'est dégagé sur certains points importants de l'Agenda pour le développement. Parlant du chapitre III du document, il a souligné que le dialogue au sein du Groupe de travail renforce l'espoir que toutes les parties vont respecter les objectifs du partenariat pour mener à bien les discussions du chapitre III. Il a appelé les pays développés à revoir leurs positions concernant les ressources financières et le remboursement du service de la dette extérieure des pays en développement. Il a soutenu le rôle des Nations Unies dans le domaine de la coopération pour le développement et a invité les pays industrialisés à poursuivre leur appui en vue de la réalisation d'un développement durable qui réduirait le fossé entre les pauvres et les riches. Il a mis l'accent sur le développement et la paix qui ne peuvent devenir réalité que si les pays riches cessent d'avoir une vision négative qui tend à aggraver les conflits au lieu de les résoudre.

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