LA PARTICIPATION DES FEMMES AUX STRATEGIES VISANT L'AMELIORATION DES CONDITIONS DE VIE EN MILIEU URBAIN EST PRIMORDIALE
Communiqué de Presse
AG/EF/193
LA PARTICIPATION DES FEMMES AUX STRATEGIES VISANT L'AMELIORATION DES CONDITIONS DE VIE EN MILIEU URBAIN EST PRIMORDIALE
19961030 MATIN AG/EF/193 La Commission économique et financière achève son débat général sur les établissements humainsLa Commission économique et financière (Deuxième Commission) a achevé ce matin son débat général sur les établissements humains. Elle a entendu dans ce cadre les représentants des pays suivants : Norvège, République de Corée, Canada, Inde, Uruguay, Gambie, Philippines et Liban. Les représentants du Programmes des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) sont intervenus. L'Observateur permanent du Saint-Siège a pris la parole.
La Commission a entendu l'avis des représentants sur les effets indésirables de l'accroissement de la population des villes. Aux phénomènes tels que la pauvreté, l'inégalité, le crime et la violence se sont greffés de nouveaux tels que la dégradation de l'environnement. Les représentants ont commenté les résultats de la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains et sur la mise en oeuvre de son Programme pour l'habitat. Il a généralement été estimé que le Programme pour l'habitat fournit le cadre d'une action nationale et internationale en faveur des établissements humains au XXIème siècle.
Les intervenants ont souligné que la responsabilité de la mise en oeuvre du Programme pour l'habitat se situe au niveau local. L'importance du rôle des femmes dans les stratégies pour l'amélioration de la qualité de la vie dans les zones urbaines a été reconnue de même que celui de la famille en tant que structure première d'aide aux plus démunis. L'importance du soutien de la communauté internationale, la nécessité de renforcer les agences spécialisées des Nations Unies et notamment le Centre des Nations Unies pour les établissements humains ainsi que le Centre HABITAT II de Nairobi ont été soulignés.
La Commission économique et financière reprendra ses travaux cet après-midi à 15 heures.
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Etablissements humains
Débat
L'ARCHEVEQUE RENATO R. MARTINO (Saint-Siège) a exprimé son soutien sans réserve à l'un des principaux résultats de la Conférence HABITAT II, le droit à un logement adéquat. En reconnaissant un tel droit, les Nations Unies et la communauté internationale ont manifesté leur volonté de mettre en échec l'un des symptômes les plus immédiats et les plus répandus de la pauvreté et de l'inégalité dans le monde. Il a indiqué que sa délégation croit que le respect, la protection et l'assistance aux familles est une composante vitale de tout programme de développement. L'entraide naturelle existant au sein de la famille est le soutien de base sur lequel peuvent compter ceux qui vivent dans la pauvreté.
L'Archevêque a souligné qu'un facteur sine qua non du développement est la paix. Peut-être plus que tout autre, la guerre et la violence entraînent pauvreté et misère. Il est réellement contradictoire et scandaleux que la communauté internationale tienne des réunions internationales pour discuter des moyens de combattre la pauvreté et la misère alors qu'au même moment différents pays produisent et/ou utilisent les armes même qui contribuent à cette pauvreté.
M. SVEIN ANDREASSEN (Norvège) a estimé que le rapport du Secrétaire général (A/51/384) reflète bien les conclusions de la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains. Il aurait préféré que le rapport fasse une meilleure place à des sujets très importants discutés par cette Conférence comme la responsabilité des gouvernements pour ce qui est de la participation à l'échelle locale des groupes vulnérables, la nécessité d'incorporer des perspectives sexo-spécifiques dans les politiques et programmes, l'importance des femmes en tant que ressources dans les établissements humains, les besoins des enfants et les besoins spéciaux des personnes ayant des difficultés physiques ainsi que le rôle des indigènes. Le représentant a indiqué que dans le programme d'HABITAT II, les gouvernements se sont engagés à accorder une importance accrue à ces questions, aussi bien dans leurs plans nationaux qu'au niveau du développement de la coopération bilatérale et multilatérale. Il a appelé à préserver l'élan de la Conférence et a émis l'espoir que l'application et le suivi soient discutés par l'Assemblée générale à la prochaine session de la Commission des établissements humains. Dans ce contexte, il a mis en relief le partenariat et les normes durables de consommation et de production. M. Andreassen a plaidé en faveur de ressources additionnelles aux organisations féminines de base. Le Gouvernement de la Norvège vient d'allouer une aide en vue de la mise en place de réseaux de femme en Afrique. Le Centre des Nations Unies pour les établissements humains sera responsable de la planification et de la mise sur pied de ce projet.
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M. KYUL-HO KWAK (République de Corée) a fait observer que l'accroissement de la population des villes a eu des effets indésirables, qu'il a exacerbé des problèmes sociaux tels que la pauvreté, l'inégalité, le crime et la violence et en a créé de nouveaux tels que la dégradation de l'environnement. Il a indiqué que sa délégation partage l'opinion qu'il est urgent de renforcer la coopération internationale visant à améliorer la qualité des établissements humains. Le représentant a estimé que le Programme pour l'habitat fournit le cadre d'une action nationale et internationale en faveur des établissements humains au XXIème siècle. Il a estimé nécessaire que la communauté internationale s'engage pleinement dans sa mise en oeuvre.
M. ANDERS WIJKMAN, Administrateur adjoint du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et Directeur du Bureau de soutien à la politique et au programme (BPPS), a rappelé qu'à l'occasion de son intervention à la Conférence d'HABITAT II, il avait insisté sur la nécessité de réviser en profondeur l'approche aux nombreux défis du développement. Il avait appelé à une révolution de la pensée en ce qui concerne la participation des population et des autorités locales, l'autonomisation des femmes et le besoin de développement par le biais d'une croissance économique non comme une fin en soi mais comme un moyen de promouvoir l'égalité et le développement social ainsi que l'environnement durable. Dans ses efforts en vue d'assister les pays en développement, le PNUD a organisé un Symposium international des Maires, de même qu'une série d'ateliers préparatoires aux rencontres régionales en Afrique, en Amérique latine, en Asie et dans le Pacifique ainsi que dans les pays arabes.
Les domaines les plus importants, selon le PNUD, sont les suivants : appuyer les stratégies nationales et locales d'atténuation de la pauvreté et la mise en place de cadres macro-économiques où le secteur social et le développement écologiquement rationnel progressent ensemble. Si on ne change pas de cap dans ce domaine, les villes seront envahies de déchets, a souligné le représentant. Il faut donc établir des partenariats entre le secteur public, le secteur privé et les scientifiques pour atteindre ce but. Il a cité la décentralisation des pouvoirs et des ressources comme une priorité ainsi que l'aide par la production de ressources de base telles que le matériel de construction, les infrastructures urbaines. Une question préoccupante sera de supprimer les déséquilibres entre les sexes dans la conception de tous les programmes urbains. Les hommes et les femmes utilisent les villes au même titre, mais les voix des femmes dans ce contexte ne sont pas encore réellement entendues, a-t-il déclaré. M. Wijkman a jugé d'une importance primordiale le rôle des coordonnateurs-résidents. Les autorités locales et les associations municipales joueront également un rôle clef dans la mise en oeuvre d'HABITAT II. En conclusion, le PNUD continuera de promouvoir la coopération technique entre les pays en développement au niveau des établissements humains.
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Mme XIMENA DE LA BARRA, Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), a indiqué que la participation de l'UNICEF à HABITAT s'explique par le fait que le Fonds considère que la crise urbaine actuelle est une crise qui affecte les enfants puisque la majorité des enfants dans les pays en développement sont pauvres et que la majorité des pauvres vivent dans des zones urbaines. Malheureusement les tendances actuelles montrent que les disparités dans ces zones s'amplifient et s'accompagnent d'une baisse des investissements ce qui entraîne généralement une dégradation des conditions de vie. Mme de la Barra a indiqué que l'UNICEF est engagé dans deux activités dans le domaine des établissements humains : les services urbains de base et une initiative visant la défense des droits des enfants. Elle a estimé que la Convention sur les droits de l'enfant, maintenant ratifiée par 187 pays, fournit un instrument efficace pour analyser la situation des enfants dans les zones urbaines et pour le développement de programmes visant à répondre à leurs besoins et à garantir leurs droits.
M. DENIS CHOUINARD (Canada) a déclaré que son pays a signé avec enthousiasme la Déclaration et le Programme d'action d'Istanbul et a renouvelé son soutien à la réalisation progressive du droit à un logement décent pour tous et toutes et au développement d'établissements humains durables dans un monde de plus en plus urbanisé. Pour le Canada, le développement d'établissements humains durables est indissociable du développement de sociétés justes, sûres, et prospères. Il a reconnu que la Conférence d'Istanbul a permis de grandes avancées dans l'égalité entre les sexes et la participation des femmes à la vie politique, sociale et économique des villes et des villages. Il a indiqué que la consultation et l'engagement de tous les membres de la société civile, en particulier des groupes vulnérables et désavantagés doivent permettre de mieux refléter les besoins et priorités pour la construction de villes à visage humain.
Commentant le rapport du Secrétaire général, il a appuyé l'idée selon laquelle la question des établissements humains est un aspect transversal du développement durable et doit à cet égard faire partie intégrante des politiques et programmes développés à l'échelle locale, nationale, régionale et internationale. M. Chouinard s'est dit convaincu que c'est dans les métropoles, villes et villages que se mesureront les progrès réalisés dans le domaine du développement économique, de la croissance de la population, de la réduction de la pauvreté, de la protection de l'environnement, de l'égalité des sexes et du respect des droits humains, qui ont été les thèmes des précédents Sommets des Nations Unies. Cela nécessite une plus grande mobilisation des pays, une coordination renouvelée au sein des Nations Unies et un suivi des autres Conférences, comme le recommande le rapport du Secrétaire général. Le représentant a soutenu, au lendemain d'HABITAT II, un dialogue continu entre la société civile et ses représentants, une coopération renforcée entre les gouvernements locaux ayant à résoudre des problèmes similaires ainsi qu'entre les gouvernements dans chaque pays. Il a reconnu que le développement de villes et de villages sain, sûr, équitable et durable contribue à renforcer la paix, la stabilité, la sécurité et la prospérité dans le monde.
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M. SURJIT SINGH BARNALA (Inde) a indiqué que la politique nationale de l'Inde en matière de logement, adoptée en 1994, reconnaît que le logement et le développement sont liés. Le logement est une partie importante de la stratégie du gouvernement visant à réduire la pauvreté et à créer de l'emploi. L'Etat est intervenu directement et a instauré un soutien financier de façon à améliorer le logement des couches les plus pauvres et des groupes vulnérables. Le Gouvernement de l'Inde a reconnu l'importance de l'égalité des sexes et du renforcement du rôle des femmes dans la recherche de stratégies pour la création d'établissements humains durables. Le représentant s'est prononcé en faveur d'un renforcement du Centre des Nations Unies pour les établissements humains et du Centre HABITAT II de Nairobi.
M. BERNARDINO AYALA (Uruguay) a observé que la Conférence d'Istanbul, a donné le départ des travaux réellement importants pour le développement national et régional ainsi que pour l'organisation des établissements humains au niveau mondial, et l'élimination de la pauvreté. Il s'est félicité des travaux de la Conférence et de la prise en compte des autorités locales dans la conception des politiques de développement. Une mise en oeuvre avec la participation de tous doit offrir l'occasion idéale aux parlementaires de jouer un rôle de médiateur et de jeter les ponts entre l'Etat et la société civile, a-t-il ajouté.
M. Ayala a indiqué que son pays a présenté au Parlement latino-américain une proposition visant à créer une commission spéciale chargée des thèmes en relation avec les établissements humains au niveau du continent. Au niveau mondial, l'Uruguay travaille avec le groupe parlementaire mondial pour l'Habitat. Il reste beaucoup à faire dans le domaine de l'aménagement territorial et de la protection de l'environnement. Il a suggéré de mettre en place des législations adéquates et actualisées afin de réglementer les établissements humains et définir des politiques durables en la matière. M. Ayala a appuyé le rôle indépendant du Centre des Nations Unies pour les établissements humains.
M. MOMODOU KEBBA JALLOW (Gambie) a engagé tous les Etats à mettre en oeuvre les engagements et les décisions d'HABITAT II. L'élimination de la pauvreté et le développement social touchent tous les aspects des activités humaines et ce qui a été décidé à Istanbul constitue un défi pour toute l'humanité. Ce défi exige une volonté commune afin de promouvoir un développement durable centré sur l'homme. Il a mis l'accent sur le partenariat et les échanges d'idées provenant des représentants de toutes les sociétés. L'Agenda d'HABITAT reprend l'Agenda africain pour les établissements humains, car tout ce qui a été traité à Istanbul affecte l'Afrique, a-t-il expliqué. Il s'agit de problèmes bien connus tels que l'exode rural, l'urbanisation chaotique, la marginalisation et la surpopulation, entre autres. Le contrôle démographique et un logement approprié pour tous est l'un des axes importants de la politique de la Gambie. Ce pays a fixé plusieurs priorités nationales pour développer les établissements humains tout en éliminant la pauvreté.
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Il a cherché à promouvoir une approche participative dans le cadre d'un dialogue entre les localités et le gouvernement. Des paramètres ont été également retenus : rendre le processus de développement pluraliste et pluridisciplinaire, l'apport de ressources nouvelles et additionnelles pour le suivi d'HABITAT. Il a reconnu le rôle essentiel que doivent jouer la coopération Sud-Sud et la coopération Nord-Sud dans la mise en oeuvre de l'Agenda d'HABITAT. Le Centre des Nations Unies pour les établissements humains doit renforcer ses capacités afin qu'à son tour il puisse offrir l'aide et les services techniques qui sont dans son mandat. La communauté internationale doit tenir son engagement si elle veut un véritable développement juste et prospère pour tous les pays.
Mme HELENA Z. BENITEZ (Philippines) a exprimé sa satisfaction pour le succès d'HABITAT II et a souligné que le plus dur restait à faire. Elle a indiqué que son pays reconnaît que la principale responsabilité pour la mise en oeuvre du Programme pour l'habitat se situe au niveau national et qu'il est pleinement engagé dans la réalisation de son plan national sur les établissements humains. Ce plan, qui repose sur une approche holistique des établissements humains durables, prend en compte les autres plans et initiatives nationaux de développement économique et social visant l'amélioration de la qualité de vie de la population. La représentante a insisté sur la nécessité de promouvoir un environnement international favorable et a estimé que le rôle des Nations Unies, en particulier du Centre pour les établissements humains, des institutions de Bretton Woods et des banques régionales ainsi que des agences spécialisées, est à cet égard crucial.
M. HICHAM HAMDAN (Liban) a indiqué que son pays s'efforce de mettre sur pied un comité national de développement durable. Le Liban n'a pas hésité à établir des comités pertinents pour toutes les Conférences internationales qui ont précédé la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains. Le dossier libanais comportait des éléments spécifiques, compte tenu de sa situation spécifique, notamment son actuel processus de reconstruction. Le pays a connu des déplacements massifs de population à la suite d'une série de guerres qui durent depuis 17 ans. Ces guerres durent encore dans certaines régions comme le Sud- Liban et la Bekaa, en raison des agressions d'Israël. Des centaines de familles ont vécu des situations dramatiques et ont occupé des logements qui ne sont pas les leur, ce qui fait que certains endroits sont surpeuplés. Les lois d'habitation civile n'ont pas été respectées, ce qui a conduit à une surpopulation et a créé des problèmes dus à l'abus des drogues. Le programme de reconstruction, d'un coût de 27 milliards de dollars environ est en cours. Le représentant a évoqué la reconstruction du centre commercial de la capitale et de la ville elle-même. Il a souligné que le programme fondamental est le retour des populations dans leur lieu d'origine et leur foyer.
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Plus de 41 000 unités de logements occupées de façon illégale ont été restaurées, les populations ont d'autre part été indemnisées à la suite de la perte de leurs logements. Le représentant a mentionné que l'ECOSOC a adopté une résolution pour renforcer les prêts accordés au Liban pour assurer la reconstruction. Le représentant a souligné que la tâche n'est pas aisée, en raison de l'occupation israélienne de certaines parties du territoire. La paix est une condition sine qua non, si l'on veut construire des établissements humains durables.
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