AG/EF/189

LES DIFFICULTES DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE A DEFINIR UNE STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT EFFICACE SONT MISES EN CAUSE

28 octobre 1996


Communiqué de Presse
AG/EF/189


LES DIFFICULTES DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE A DEFINIR UNE STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT EFFICACE SONT MISES EN CAUSE

19961028 MATIN AG/EF/189 La bonne gestion des affaires publiques et la lutte contre la corruption ont été jugées indispensables au développement

La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a achevé ce matin l'examen des questions de politique sectorielle et a entendu dans ce cadre les représentants de la République de Corée et de l'Ukraine. Elle a entamé l'examen de la question du développement durable et de la coopération internationale et, plus particulièrement, l'application du suivi des principaux arrangements ayant fait l'objet d'un consensus en matière de développement,à savoir la Déclaration sur la coopération économique internationale et la Stratégie internationale du développement pour la quatrième Décennie des Nations Unies pour le développement. La Commission a examiné en outre dans ce cadre la question de l'intégration des pays en transition à l'économie mondiale.

La Commission a entendu le Chef du service de la coordination des politiques et des affaires interorganisations, le Responsable de la Division de politique macro-économique et sociale du Département de l'information économique et sociale et de l'analyse des politiques, ainsi que le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l'Europe. Ils ont commenté les rapports présentés à la Commission. Elle a entendu en outre les représentants des pays suivants : Costa Rica (au nom du Groupe des 77 et la Chine), Irlande (au nom de l'Union européenne et d'un groupe de pays), Bolivie (au nom du Groupe de Rio), Chine, Fédération de Russie, Ghana, Georgie, Pologne, Etats- Unis et Arménie. Un représentant de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) est également intervenu.

La Commission a entendu les délégations qui ont invoqué les difficultés de la communauté internationale à définir et à mettre en oeuvre une stratégie de développement efficace pour justifier la faible croissance économique qu'ont enregistré les pays en développement en dépit de leurs efforts. Des intervenants ont insisté sur la nécessité d'identifier et d'évaluer les facteurs qui font obstacle à la mise en oeuvre de la Déclaration sur la Coopération économique internationale et à la Stratégie internationale du développement.

(à suivre - 1a)

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Ils ont regretté que les pays en développement se trouvent jusqu'à présent confrontés à des problèmes qui leur sont insaisissables tels que la dette et l'accès aux marchés. Elle a également entendu des intervenants qui ont souligné l'importance d'accorder davantage d'attention aux pays en transition pour assurer leur intégration à l'économie mondiale et leur participation aux organisations multilatérales.

L'importance de la bonne gestion des affaires publiques et de la lutte contre la corruption en tant qu'éléments clefs dans la création d'un environnement favorable au développement de l'économie et des investissements a été soulignée. Un appel a été lancé pour que la Commission adopte un projet de déclaration sur la lutte contre la corruption et les pratiques illicites.

La Commission économique et financière poursuivra ses travaux cet après- midi à 15 heures.

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Questions de politique sectorielle

Débat

M. RAE KWON CHUNG (République de Corée) a estimé que la mondialisation présente à la fois des opportunités et des défis aux pays qui s'engagent actuellement dans la voie du développement industriel. Les pays en développement qui ont une importante main-d'oeuvre et des matières premières devraient attirer l'investissement étranger direct notamment les multinationales qui ont une stratégie de développement mondial. La mondialisation intensifie la compétition économique entre les nations. Le représentant a trouvé encourageantes les tendances récentes qui montrent que les pays en développement ont bel et bien créé un climat économique basé sur une politique de réformes économiques plus favorables aux investissements. Il a souligné la progression de la croissance économique de certains pays africains qui ont atteint un taux moyen annuel de 5 à 9%.

M. VOLODYMYR RESHETNYAK (Ukraine) a apporté son soutien à l'ONUDI, qui joue un rôle important dans la structure des Nations Unies pour la promotion industrielle des pays en développement et des pays à économie en transition, en vue de leur intégration à la coopération industrielle internationale. Dans le contexte de la revitalisation de l'ONU, le représentant s'est félicité des résultats de la réforme de l'ONUDI. Il a estimé que son processus de restructuration a permis de mieux définir son mandat. Il s'est déclaré convaincu qu'une structure institutionnelle plus souple et une gestion efficace dans les phases de préparation et de mise en oeuvre des projets de l'ONUDI aideront cette organisation à améliorer la qualité de ses services, leur orientation et leurs résultats concrets.

Il a souligné le rôle croissant de l'ONUDI en tant qu'agent d'exécution du protocole de Montréal et sa position clef dans la mise en place d'industries écologiquement rationnelles et en tant qu'instance appropriée où un contact direct peut s'établir entre les gouvernements et le secteur privé. Le représentant a appuyé l'ONUDI pour son soutien aux pays à économie en transition. Il a indiqué que son pays a acquis une expérience significative dans les diverses sciences et technologies, ce qui facilite leur utilisation dans les pays en développement intéressés.

Développement durable et coopération économique internationale

Dans son rapport consacré aux programmes de communication pour le développement dans le système des Nations Unies (A/51/314), le Secrétaire général rappelle que l'Assemblée a souligné, dans sa résolution 50/130, le rôle important que jouent les programmes de communication pour le développement dans le système des Nations Unies.

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Le rapport précise qu'en tant qu'organisme principalement responsable de la communication au sein du système des Nations Unies, l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) s'emploie en particulier à examiner la communication comme une notion conceptuelle en soi qui doit être abordée dans une optique autonome. Les activités de l'UNESCO, dans ce domaine, sont dans une large mesure définies par le fonctionnement du Programme international pour le développement de la communication (PIDC), créé en son sein en 1980, et sont orientées par le Conseil intergouvernemental du Programme. A sa session de 1996, le Conseil intergouvernemental du PIDC a approuvé 569 projets d'un montant de 30 millions de dollars environ imputés sur le compte spécial. Les ressources du compte spécial proviennent de contributions volontaires des Etats membres.

La sixième Table ronde interinstitutions sur la communication pour le développement, qui s'est tenue à Harare du 2 au 6 septembre, constitue l'une des principales activités de l'UNESCO à s'inscrire dans le cadre des recommandations figurant dans le rapport du CCI sur la question ainsi que des dispositions de la résolution 50/130 de l'Assemblée générale. L'UNESCO portera les résultats de cette Table ronde à l'attention de l'Assemblée générale lors de l'examen du présent rapport.

Le rapport présente les activités du Département de l'Information du Secrétariat de l'ONU. Il rappelle que ces activités sont guidées par le Comité de l'information, conformément au mandat que lui a confié l'Assemblée et que le renforcement des capacités en matière de communication des pays en développement et l'amélioration des techniques de communication et d'information de ces pays, en particulier grâce à des programmes de formation et de diffusion de l'information, sont au nombre des questions fondamentales dont le Comité de l'information est saisi depuis sa création en 1979. Ces questions ont été spécialement abordées dans les deux résolutions sur les questions relatives à l'information intitulées "L'information au service de l'humanité" et "Politique et action de l'Organisation des Nations Unies en matière d'information" que le Comité a adoptées à sa dix-huitième session en mai 1996.

Toujours à sa session de mai 1996, le Comité de l'information a réaffirmé son appui à la poursuite des séminaires régionaux sur la promotion des médias indépendants et pluralistes, parrainés par le Département de l'information et l'UNESCO. Depuis 1991, quatre séminaires ont été organisés, en 1991 à Windhoek pour les médias africains, à Alma-Ata en 1992 pour les médias asiatiques, à Santiago en 1992 pour les médias de l'Amérique latine et des Caraïbes et à Sana'a en 1996 pour les médias arabes. Le Département de l'information organisera, en étroite coopération avec l'UNESCO, le prochain séminaire régional en 1997 pour les médias européens.

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Le Département de l'information a joué un rôle clef dans la promotion du cycle récent de grandes conférences des Nations Unies sur les questions de développement et de leur suivi. A cette fin, il a mis en place des stratégies de communication et des programmes d'information multimédias. La documentation promotionnelle sur les résultats de chaque conférence a été produite et diffusée dans le monde entier, principalement aux organismes d'information et aux organisations non-gouvernementales.

Afin de mettre au point et de coordonner des activités d'information conjointes visant à accélérer le suivi des conférences, le Département a créé des équipes de travail spéciales interorganisations. En 1996, ces équipes se sont réunies pour coordonner les activités d'information conjointes sur la pauvreté, les femmes et les établissements humains dans le cadre des activités de suivi du Sommet mondial pour le développement social, de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et de la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II). On envisage de réunir en 1997 une équipe spéciale pour discuter des activités d'information relatives à l'examen quinquennal des progrès accomplis depuis la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement.

Les activités du Département de la coordination des politiques et du développement durable dans le domaine de la communication pour le développement visent à renforcer le rôle de l'ONU en tant que forum permettant de débattre des questions économiques et sociales et de rechercher un consensus sur ces questions, et à faire mieux connaître le programme de l'Organisation. Il propose notamment les principaux produits suivants : site d'accès direct sur Internet permettant d'obtenir des informations exhaustives; publications et bulletins d'information sur support papier; dossiers, exposés et démonstrations.

Parmi les autres activités de l'ONU dans le domaine de la communication, il convient de mentionner la diffusion à l'échelle mondiale, par le Département de l'information économique et sociale et de l'analyse des politiques, d'un large éventail de données et d'informations sur le développement dans divers formats, de la version imprimée au CD-ROM. Le réseau d'information POPIN constitue à cet égard le domaine d'activités le plus remarquable. Au cours des deux dernières années, le Groupe de coordination de POPIN, situé au sein du Département de l'information économique et sociale et de l'analyse des politiques, s'est servi d'Internet pour élargir considérablement le public potentiel intéressé par les informations démographiques et diffuser rapidement, efficacement et à moindre frais ces informations dans le monde entier. Tirant parti de ce succès, POPIN continue de promouvoir et de faciliter l'utilisation de nouvelles technologies d'information permettant d'accéder plus aisément sur le plan international aux informations régionales et nationales. Le rapport fournit également des informations sur les activités de communication du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), des commissions régionales, de l'Organisation des Nations pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI).

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Dans ses conclusions, il observe que l'examen des activités en matière de communication pour le développement et des modalités de coordination à l'échelle du système fait clairement ressortir que les programmes et les fonds du système des Nations Unies accordent une grande attention à cette dimension clef du succès des programmes de développement. Il indique également qu'à l'échelle des pays, le système de coordonnateur résident et les arrangements du Comité commun de l'information des Nations Unies sur le terrain offrent des mécanismes de promotion de l'intégration des programmes et projets de communication pour le développement. Il note toutefois que des lacunes ont été identifiées et propose des recommandations visant à y remédier.

Le rapport du Secrétaire général sur l'application de la Déclaration sur la coopération économique internationale, en particulier la relance de la croissance économique et du développement dans les pays en développement, et de la Stratégie internationale du développement pour la quatrième Décennie des Nations Unies pour le développement (A/51/270), porte sur l'évolution de la croissance économique pendant la première moitié des années 90 au regard des objectifs de ces deux instruments.

Cette période s'est caractérisée principalement par la mondialisation et la libéralisation accrues de l'économie. Le commerce international a connu une expansion rapide. En cinq années à peine, la valeur totale des exportations mondiales de marchandises est passée de 13% du produit mondial brut en 1990 à 17% en 1995. Les flux internationaux de capitaux ont augmenté de façon spectaculaire au cours des mêmes cinq années. C'est ainsi par exemple que les investissements étrangers directs dans les pays en développement ont plus que triplé entre 1990 et 1995. On a également assisté à une internationalisation accrue des entreprises tandis que les taux d'intérêt se maintenaient à un niveau relevé dans les pays industrialisés.

Une autre caractéristique de cette période a été un regain de confiance dans l'efficacité de l'économie de marché. C'est ainsi que dans un nombre croissant de pays, les tenants du libre jeu des forces du marché ont poussé les gouvernements à renoncer à une politique interventionniste et à s'attacher uniquement à pourvoir aux besoins du secteur public et à créer des conditions de base propices. Une nouvelle orthodoxie est apparue lorsqu'il s'agit de définir une politique efficace de développement. Désignée sous le nom de "Consensus de Washington", la liste des options d'orientation met l'accent sur la rectitude budgétaire, des prix non faussés et une intervention limitée des pouvoirs publics.

Le rapport fournit un ensemble de données sur la situation économique et sociale dans le monde pendant la première moitié des années 90. Il note que l'économie mondiale, dans son ensemble, a connu un net ralentissement de la croissance par rapport aux années 80. Les pays en développement n'en ont pas moins obtenu dans l'ensemble des résultats appréciables.

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Pris dans leur ensemble, ces pays - dont la production avait progressé à un rythme d'environ 3,1% par an au cours des années 80 - ont vu leur produit intérieur brut (PIB) progresser de 4,8% par an au cours de la première moitié des années 90. La réussite de l'Asie du Sud-Est et de la Chine n'est pas un phénomène isolé, est-il également précisé. Les pays les moins avancés par exemple, dont la croissance était très lente depuis le milieu des années 80, ont sensiblement progressé en 1995 et devraient progresser à nouveau en 1996.

Toutefois, même si à mi-parcours de la décennie, on observe une certaine reprise dans plusieurs pays en développement, il n'en reste pas moins que, dans bon nombre de ces pays, la croissance du PIB par habitant a été faible et que, dans la plupart des régions, le niveau moyen de production par habitant est encore inférieur au niveau réel atteint en 1980. Par ailleurs, étant donné que l'Asie du Sud et de l'Est représentent actuellement, si l'on inclut la Chine, environ 50% de la production de l'ensemble des pays en développement, les taux de croissance très élevés que ces pays ont enregistrés au cours des quelques dernières années influent très lourdement sur les chiffres globaux, dissimulant ainsi d'énormes écarts régionaux et nationaux dans les niveaux de performance économique.

L'Afrique mérite d'être mentionnée, indique le rapport, car cette région connaît actuellement la plus forte croissance économique depuis le début de la décennie. En outre, cette amélioration a été assez générale. Environ une douzaine de pays d'Afrique (dont l'Angola, le Bénin, le Botswana, le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, l'Ethiopie, le Ghana, la Guinée équatoriale, le Kenya, le Malawi, Maurice, le Tchad et le Togo) ont un PIB qui a progressé de 5% ou plus en 1995, à la suite notamment d'un relèvement des prix et d'un raffermissement de la demande sur les marchés internationaux des produits de base. En outre, les perspectives restent bonnes et l'Afrique devrait en 1996 enregistrer pour la première fois depuis 1985 une progression du PIB par habitant grâce à des conditions extérieures favorables et à une amélioration du contexte politique. La plupart des pays africains n'en restent pas moins parmi les plus pauvres du monde puisque 33 des 48 pays les moins avancés se trouvent en Afrique.

Dans ses conclusions, le rapport note que la poursuite de la mondialisation et de la libéralisation de l'économie mondiale ne présentent pas seulement des dangers mais qu'ils offrent des possibilités pour ces pays. Au cours des négociations sur l'agriculture du Cycle d'Uruguay, par exemple, les pays les moins avancés ont été exonérés de la plupart des engagements en matière de réductions tarifaires. Ceux d'entre eux qui ont un solide potentiel agricole devraient être en mesure de mettre ces avantages à profit.

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Le rapport note également qu'on connaît en réalité peu de choses de manière conclusive sur les causes de la croissance économique. Récemment, par exemple, on a beaucoup parlé du soi-disant "miracle de l'Asie orientale" en se demandant si la forte croissance observée dans cette région devrait être attribuée à l'amélioration des rendements ou à l'accumulation de facteurs de production. S'il est impossible de répondre de manière catégorique à cette question, on sait que des progrès technologiques importants et soutenus sont à long terme le seul moyen pour une économie d'arriver à une croissance soutenue de la production par habitant.

La question se pose donc immédiatement de savoir quel est le degré d'intervention approprié pour favoriser l'expansion nécessaire de la productivité. Les pays d'Asie orientale qui ont réussi ont recours à tout un assortiment de politiques et d'institutions allant, par exemple, d'un interventionnisme exacerbé (Japon et République de Corée) à une politique de non-intervention (Hong-kong et Thaïlande), l'accent étant placé soit sur les grands conglomérats (République de Corée) soit au contraire sur les petites entreprises indépendantes (province chinoise de Taïwan). Il n'existe donc pas de panacée universelle.

Un rapport du Secrétaire général intitulé "Développement durable et coopération économique internationale: comment intégrer les pays en transition dans l'économie mondiale" (A/51/285), fournit des données sur la situation générale des pays à économie en transition, en tenant compte des attentes et des résultats du processus de transition.

Le rapport indique que des améliorations notables ont été réalisées pour ce qui est des résultats macro-économiques, mais que le passage des économies de l'Europe de l'Est d'une économie planifiée à une économie de marché s'est révélé beaucoup plus difficile que prévu. Bien qu'il existe des différences importantes entre ces économies, la production globale en Europe de l'Est a commencé à croître en 1994, progressant à un taux moyen de près de 6 % en 1995. Il ressort du rapport que le relèvement a été plus modeste et hésitant dans le Etats baltes, mais dans la Fédération de Russie et dans la plupart des autres pays membres de la Communauté des Etats indépendants (CEI), la faiblesse de la production liée à la transition s'est poursuivie en 1995.

Le rapport souligne qu'il est incontestable que les pays de l'Europe de l'Est ont consenti des efforts importants pour créer des institutions nécessaires à une économie de marché et en intégrant leur économie à l'économie mondiale alors que leur commerce extérieur se développe régulièrement au cours de la période 1994-1995 tout en se diversifiant plus sur le plan géographique.

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Ainsi, au cours des six dernières années, des systèmes politiques démocratiques et pluralistes ont été créés, la planification centralisée et les contrôles étatiques ont été démantelés, la liberté des prix progresse, la plupart des monnaies de l'Europe de l'Est sont maintenant convertibles, et, pour l'essentiel, les consommateurs et les producteurs sont libres de prendre les décisions qui leur conviennent, indique le rapport.

Pour ce qui est de l'intégration des économies en transition à l'économie mondiale, en 1992-1993, le développement des exportations et des importations de l'Europe de l'Est résultait surtout des échanges avec les économies de marché développées, alors qu'en 1994-1995 les échanges effectués entre eux se sont accrus au même rythme que leurs échanges avec les pays développés ou même à des niveaux supérieurs. Parmi les autres changements notables, le rapport mentionne la très importante augmentation des exportations de la Fédération de Russie vers les pays en développement en 1995. Le commerce avec les pays en développement a compté pour plus de 8 à 9 % du total des échanges de l'Europe de l'Est; exprimé en dollars, ce commerce a légèrement augmenté et s'est à peine modifié en fonction du volume en 1995. Le Secrétaire général note également que l'Union européenne est maintenant le principal partenaire commercial de toutes les économies en transition.

D'un autre côté, la crédibilité des programmes de réforme économique semble fournir une explication des importantes différences qui existent entre les pays de l'Est en ce qui concerne leur capacité à attirer des investissements de l'extérieur. En général, les pays qui ont peu bénéficié de capitaux privés sont les mêmes qui n'ont pas réussi à obtenir un important financement officiel. La Fédération de Russie fait exception car elle a obtenu 5,4 milliards de dollars du FMI en 1995 et elle semble avoir eu massivement recours à l'assurance-crédit à l'exportation, à la différence de l'Europe de l'Est qui a fait appel à ce mécanisme avec parcimonie et, en 1995, a procédé à des remboursements nets d'un montant de 2,8 milliards de dollars au FMI. Une plus grande confiance exprimée à l'égard de leur solvabilité a permis à 11 pays d'obtenir 7,8 milliards de dollars sous forme de prêts et d'obligations à long et à moyen terme, comparé à deux pays pour un total de 1,7 milliard de dollars en 1991.

Le rapport contient en outre des informations détaillées sur la coopération au niveau régional, y compris les activités opérationnelles des commissions régionales qui visent à assister les économies en transition; la coopération avec l'Organisation sur la Sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et les pays méditerranéens.

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Débat

Mme PATRICIA CHAVES (Costa Rica), au nom du Groupe des 77 et la Chine, a souligné que dans les pays en développement la revitalisation de la croissance économique et du développement est évidente, grâce en partie à des réformes et à la mise en oeuvre de la Stratégie internationale de développement pour la quatrième Décennie des Nations Unies pour le développement. Elle a souligné, en outre, que l'adoption de la Déclaration et de la Stratégie est une reconnaissance du rôle du développement par les pays en développement à la suite de plusieurs décennies de dégradation des conditions sociales et économiques dans ces pays. Trois Décennies des Nations Unies en faveur du développement n'ont pas eu d'effets notables sur les conditions de vie dans ces pays mais, au contraire, ont montré un déclin continue et la persistance de déséquilibres chroniques. Seuls quelques pays en développement ont connu une croissance économique notable. Elle a suggéré un réexamen et une redéfinition du concept de développement tout en mettant l'accent sur l'éradication des maladies, de l'analphabétisme, du chômage et des inégalités. Mesuré en termes d'emplois, de justice et d'élimination de la pauvreté, pour la majeure partie des pays en développement, force est de reconnaître que le développement a été un échec ou un succès partiel. En dépit de la mise en oeuvre de plusieurs approches au cours de l'actuelle Décennie dans le but d'accélérer et d'atteindre une croissance économique et un développement durables des pays en développement, le protectionnisme, en particulier dirigé contre les exportations des pays en développement, la dette extérieure et le fardeau du service de la dette, le déclin des flux de ressources et l'absence d'un accès équitable aux technologies entre autres, ont limité les efforts des pays en développement.

Citant le rapport du Secrétaire général, Mme Chaves a fait remarquer que le taux de croissance économique dans les années 90 a enregistré une baisse par rapport à celui enregistré dans les années 80. Elle a attribué ce déclin, en partie, au comportement des économies dans les pays développées et a souligné la nécessité d'inverser cette tendance en tant que condition indispensable à l'amélioration de l'environnement économique extérieur. La coordination des politiques économiques au niveau internationale est aussi essentielle si l'on veut promouvoir la stabilité macro-économique, en particulier sur les marchés monétaires et financiers. Elle a indiqué que cette coordination devrait inclure aussi bien les pays en développement que les pays développés. La contribution accrue des pays en développement à l'économie mondiale justifie leur participation d'une manière plus démocratique dans la prise de décision. Elle a plaidé en faveur d'une amélioration de l'aide publique au développement (APD). Mme Chaves a jugé que l'incapacité de la communauté internationale d'honorer ses engagements vis-à-vis des pays en développement explique le nombre croissant des pays les moins avancés, le nombre alarmant des personnes dans la misère, les terribles conditions socio-économiques dans plusieurs pays d'Afrique, les besoins restés sans réponses des petits pays insulaires et des pays enclavés, et le fossé inacceptable existant au niveau socio-économique entre les pays développés et les pays en développement.

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M. JAMES O'CONNELL (Irlande), au nom de l'Union européenne et des pays associés (Chypre, Lichtenstein, Islande, Hongrie, Lituanie, Pologne, Roumanie, Slovénie et Slovaquie), a fait observer que de nombreuses économies en Europe centrale et de l'Est ont atteint des niveaux de croissance significatifs après un déclin de la production durant la période considérée. Cependant, dans la plupart des autres pays en transition, la reprise n'est pas encore évidente, a-t-il noté. La reprise économique dans les pays d'Europe centrale et de l'Est est la conséquence de la mise en oeuvre de politiques macro-économiques efficaces, de changements structurels et de réformes institutionnelles. Les progrès des pays nouvellement indépendants ont été moins rapides, toutefois le taux de l'inflation a baissé et les perspectives de croissance économique durable sont bonnes à condition que les gouvernements poursuivent une politique financière saine et fassent des réformes du marché. M. O'Connell a salué l'action menée par la Commission économique pour l'Europe ainsi que la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique.

M. GUSTAVO PEDRAZA (Bolivie), au nom du Groupe de Rio, a noté que les économies des pays du Groupe ont subi de profondes transformations structurelles qui ont permis d'accéder à une stabilité et à des équilibres macro-économiques rarement observés dans la région, notamment en matière de contrôle de l'inflation, qui, dans un environnement économique approprié, devrait permettre une croissance économique soutenue des pays du Groupe de Rio pour le reste de la décennie. Il a fait ressortir que ces réformes ont été accompagnées et renforcées par un processus de démocratisation, en vue de réaliser "un développement dans l'équité". M. Pedraza a indiqué qu'en matière de croissance, la région latino-américaine a amélioré sa situation au cours des cinq dernières années, mais ceci s'est fait d'une façon très en-deça des attentes et des besoins des pays de la région. Pour ce qui est de la relation économique avec l'extérieur, il a indiqué que ces pays ont amélioré leur coopération avec les pays de l'Union européenne et avec ceux d'Asie et du Pacifique. Les transformations politiques et économiques ont eu lieu dans un environnement caractérisé par la mondialisation et la libéralisation de l'économie mondiale. Le représentant a déploré le recours répété aux mesures anti-dumping et aux droits compensatoires, l'échelonnement dans les structures tarifaires des pays développés, la lenteur à libéraliser le secteur agricole et textile et le recours à des mesures unilatérales, en marge du système des solutions commerciales différenciées prônées par l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

Le représentant a déploré le protectionnisme commercial qui tend à renaître dans les pays développés qui invoquent des arguments pieux sur la situation des travailleurs ou sur l'environnement dans les pays en développement pour justifier leur position. Il a appelé à reconnaître les efforts des pays du Groupe de Rio qui ont procédé à des changements profonds au cours de cette décennie dans le but de répondre positivement aux accords convenus au niveau international. Il a appelé à respecter les décisions prises, cette année à Midrand, en vue d'un "partenariat pour la croissance et le développement".

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M. WANG QUN (Chine) a suggéré qu'il faudrait déterminer d'abord les obstacles qui entravent la mise en oeuvre de la Déclaration sur la Coopération économique internationale et de proposer, après une évaluation objective du développement économique des pays en développement, des mesures adaptées et réalisables destinées à lever ces obstacles. Il a souligné que certains pays en développement sont parvenus par leurs propres moyens à améliorer leur croissance et, ce faisant, ont contribué à la croissance mondiale. Toutefois, a-t-il observé, les problèmes profondément enracinés auxquels font face de nombreux pays en développement restent sans solution. Le représentant a estimé que la communauté internationale, et en particulier les pays développés, doivent se défaire de leur comportement à courte vue, qui consiste à chercher des bénéfices immédiats, et s'engager dans des secteurs clés tels que les ressources, la dette, le commerce et la technologie.

M. YURIY N. ISAKOV (Fédération de Russie) a déclaré que les changements qui se sont produits dans 30 pays à économie en transition ne manqueront pas d'avoir un impact sur le reste de l'économie mondiale. En substance, cette transformation d'une économie centralisée et planifiée en une économie de marché est sans précédent. En 1996, la croissance du PIB a atteint 6%. La reprise économique s'est également concrétisée dans les pays baltes. Dans les Etats de la CEI, la croissance se poursuit en dépit d'une chute brutale au début de la décennie. La tâche prioritaire est le renforcement de la restructuration de l'économie et de l'intégration des pays à économie en transition à l'économie mondiale. Il a regretté que les investissements étrangers directs dans ces pays ont été très limités (13 milliards de dollars en 1995 sur un total de 325 milliards de dollars). Le Gouvernement russe a entrepris un train de mesures vigoureuses pour améliorer les investissements, au niveau de la législation et en concluant une série de 33 Accords intergouvernementaux de coopération. Un Conseil consultatif sur les investissements étrangers a été également créé. Il a indiqué que la Fédération de Russie est victime des procédures anti-dumping très strictes qui interdisent l'accès au marché des technologies de pointe. Il a appelé toutes les délégations à aider à la suppression de ces mesures injustes. M. Isakov a ajouté que son pays accorde une grande importance à la coopération avec d'autres régions du monde et multiplie ses efforts pour préserver la place qui lui revient, au sein de la communauté internationale. Il a indiqué que son pays a déposé sa demande d'adhésion à l'OCDE en mai dernier.

MME MESSIE Y. AMOAH (Ghana) a observé qu'en ce qui concerne la dette extérieure, la communauté internationale a été défaillante dans la mesure où elle n'a pas produit une stratégie orientée vers un développement efficace. Cela a eu pour résultat un accroissement réel de la dette, en particulier pour les pays d'Afrique subsaharienne, au cours des cinq dernières années. La situation reste la même en ce qui concerne l'accès aux marchés.

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Les pays les plus pauvres n'ont tiré aucun bénéfice de l'amélioration de l'accès aux marchés à la suite des Accords concluant le cycle d'Uruguay. En conséquence, la représentante s'est déclarée favorable à une véritable mise en oeuvre de la Déclaration sur la coopération économique internationale et de la Stratégie internationale du développement ainsi qu'au renforcement de la coopération internationale en vue de cette mise en oeuvre.

M. DAVID APTSIAURI (Georgie) a indiqué que personne ne peut contester que le développement socio-économique et la croissance de la coopération sont les meilleurs éléments susceptibles de garantir la stabilité et la paix pour le prochain millénaire. Il a constaté que l'intégration des pays à économie en transition a connu une nette amélioration, la production globale a connu une reprise et a atteint 6% en 1995, bien que la différence entre les pays reste importante. Il a félicité les Nations Unies et leurs institutions dans leur analyse et appui aux pays à économie en transition. Néanmoins, ces pays font face à des problèmes sérieux pour ce qui est de l'accès de leurs produits aux marchés internationaux et les conditions sociales de leurs populations. En même temps, la crise de l'énergie, en particulier la pénurie en électricité, a limité la production industrielle de la Géorgie. Il a recommandé de faire des études sur l'intégration de ces pays à différents niveaux.

M. ALAIN MODOUX, Directeur de la Division de la communication de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), a rendu compte des travaux de la sixième table ronde interinstitutions qui s'est déroulée à Harare, au Zimbabwe, du 2 au 5 septembre. Cette table ronde, a-t-il indiqué, avait pour but, comme les précédentes, de permettre aux participants de partager des informations et des expériences pratiques, afin d'offrir une base solide à la coopération interinstitutions. La réflexion a porté sur les expériences, les stratégies et les approches se rapportant à la communication pour le développement et auxquelles participent plusieurs partenaires importants du développement, l'accent ayant été mis sur l'Afrique australe, en particulier le Zimbabwe.

La table ronde, a souligné M. Modoux, s'est concentrée sur la communication pour le développement aux niveaux local et communautaire et, en particulier, sur les techniques, les méthodes et les technologies de la communication susceptibles d'accroître la participation des individus et de stimuler la création et le partage de connaissances et de compétences. Elle a adopté dix recommandations à l'adresse des gouvernements, des organismes et organisations spécialisées du système des Nations Unies, des organisations internationales, des organisations non gouvernementales, des donateurs bilatéraux, des institutions et agences de développement. Il a notamment été recommandé qu'une composante relative à la communication pour le développement soit comprise dans tous les programmes de l'Initiative spéciale du système des Nations Unies pour l'Afrique et que des fonds suffisants, qui seraient prélevés des ressources financières allouées à chacun de ces programmes lui soient affectés.

- 13 - AG/EF/189 28 octobre 1996

Mme ANNA RADUCHOWSKA-BROCHWICZ (Pologne) a exprimé sa satisfaction pour la qualité des documents soumis par le Secrétaire général au titre du point à l'ordre du jour, notamment pour leur forme analytique et la qualité des informations qu'ils contiennent. Le pronostic de toute économie dépend de l'environnement global et de la mondialisation. Les blocs et les mécanismes économiques régionaux continueront de jouer un rôle de plus en plus important. Ceci constitue un défi pour les pays à économie en transition et pour ceux en développement, a-t-elle souligné. La représentante a indiqué que la stratégie de développement le futur doit enregistrer tous les progrès de ces dernières années, surtout ceux obtenus par les pays en développement. Bien que les tendances positives dans l'économie ont été notables, des disparités significatives existent et la communauté internationale doit s'employer à les réduire et les éliminer. Ce faisant, la communauté internationale ne doit pas négliger les plus défavorisés et les femmes. De nouvelles pratiques fiscales internationales ont été adoptées et un grand nombre d'institutions de marché telles que la bourse et les instruments anti-monopole ont été adoptés, mais de grandes inégalités perdurent. Il faut donc mettre en place des mécanismes de sécurité sociaux efficaces et aider les femmes à mieux s'intégrer au développement. Elle a ajouté qu'il existe de grandes différences entre les stratégies de développement des pays individuels et des régions. Elle a affirmé qu'il n'existe pas une seule stratégie de développement acceptable pour tous.

M. VICTOR MARRERO (Etats-Unis) a souligné que la bonne gestion des affaires publiques est un point essentiel du développement durable. Il est désormais reconnu, a-t-il déclaré, qu'un des moteurs de la croissance économique est le secteur privé. Le rôle de l'Etat est de créer un environnement favorable aux activités du secteur privé et de protéger les investissements. L'aide publique au développement et les prêts multilatéraux sont des outils appropriés mais les différents ingrédients se résument à une phrase : la bonne gestion des affaires publiques. Elle est la variable la plus importante dans la recherche du développement. L'Etat doit mettre en place des institutions fiables et responsables.

M. Marrero a mis l'accent sur la lutte contre la corruption. Il a estimé que celle-ci est un cancer qui entrave le développement durable en affectant tous les domaines de l'activité socio-économique. La corruption est une menace pour la productivité, la concurrence, la protection de l'environnement et cette menace concerne l'ensemble de la communauté internationale, en particulier les jeunes démocraties, a-t-il observé. La lutte contre la corruption doit donc être lancée à tous les niveaux national et international. La Commission devait adopter un projet de déclaration contre la corruption et les pratiques illicites internationales. La crédibilité internationale est en jeu.

- 14 - AG/EF/189 28 octobre 1996

M. HAIK PAPIAN (Arménie) a estimé que la situation des pays à économie en transition est assez particulière et ce faisant mérite une attention particulière des institutions du système des Nations Unies. Tout en reconnaissant que chaque pays est responsable de ses politiques économiques particulières, le représentant a jugé que la relance de la croissance économique et du développement de tous les pays exigent un effort coordonné de la part de la communauté internationale tout entière. Il s'agit en fait d'accorder davantage d'attention aux pays à économie en transition sans pour autant affecter l'aide au développement aux pays en développement, a-t-il expliqué, en affirmant que l'intégration des pays en transition à l'économie mondiale et leur contribution aux institutions multilatérales auront un impact positif sur l'économie mondiale.

La stratégie de réforme de l'Arménie repose sur trois éléments : la stabilisation macro-économique, la libéralisation économique et la privatisation des institutions étatiques. M. Papian a fait remarquer que la libéralisation économique est un terme très vaste qui comprend les phases d'ouverture de l'économie au commerce mondial, la création d'une concurrence aux marchés nationaux, et l'institution d'un système juridique en vue de protéger le droit à la propriété privée. Malgré les mesures prises dans le domaine du transport routier par l'Azerbaïdjan ainsi que les conséquences à long terme du tremblement de terre de 1988, l'Arménie fait des efforts pour stabiliser son économie, a indiqué le représentant en se déclarant convaincu que la présence sur place des institutions spécialisées des Nations Unies et des institutions de Bretton Woods ne manquera pas de favoriser la durabilité de la transition de l'Arménie. Il a ajouté que les résolutions pertinentes de l'Assemblée générale devraient être perçues comme des éléments importants de la stratégie de l'ONU. Il a suggéré d'accorder de l'importance aux notes de stratégies nationales et au système des résidents-coordonnateurs.

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