AG/EF/187

LES NEGOCIATIONS SUR LE MECANISME MONDIAL DOIVENT ABOUTIR AU PLUS VITE, ESTIMENT LES REPRESENTANTS

24 octobre 1996


Communiqué de Presse
AG/EF/187


LES NEGOCIATIONS SUR LE MECANISME MONDIAL DOIVENT ABOUTIR AU PLUS VITE, ESTIMENT LES REPRESENTANTS

19961024 MATIN AG/EF/187 La Commission a été saisie d'une proposition visant à instaurer un impot de solidarité pour l'environnement

La Commission économique et financière (Deuxième Commission) a poursuivi ce matin son examen des questions relatives à l'environnement et au développement durable. Elle a entendu dans ce cadre, les représentants des pays suivants : Costa Rica (au nom du Groupe des 77 et la Chine), Bolivie (au nom du Groupe de Rio), Irlande (au nom de l'Union européenne et autres pays), Hongrie, Mongolie, Bénin, Allemagne, Niger, Ukraine, Nigéria, République de Corée, Egypte, Algérie, Israël, Kazakstan, Zimbabwe, Soudan, Philippines, République populaire démocratique de Corée, Iran, Zambie et Bolivie. La Suède s'est exprimée en qualité de Président du Comité intergouvernemental de négociations sur la Convention sur la lutte contre la désertification. Le Président du Fonds international pour le développement de l'agriculture (FIDA).

La Commission a entendu nombre d'intervenants qui ont mis l'accent sur les difficultés que rencontrent les négociations menées, dans le cadre du processus préparatoire de la Convention sur la lutte contre la diversification. Si le mécanisme dans son principe est salué par tous comme un instrument central de mobilisation des ressources, ses fonctions et son mandat sont loin de faire l'unanimité. Les différences d'approche entre pays développés et pays en développement ont été soulignées. Il est regrettable, a-t-il été déclaré, que les pays développés refusent d'admettre que le Mécanisme mondial de la Convention est un mécanisme financier dont l'une des fonctions principales est de mobiliser et d'apporter des ressources financières aux pays en développement touchés, en particulier en Afrique. Les pays développés, de leur côté, mettent l'accent sur une mobilisation nationale des ressources.

La Commission a entendu en outre nombre de représentants qui ont soulignés les effets dévastateurs de la désertification qui continuent de poser un véritable défi à relever à la fois par les pays affectés et par le reste de la communauté internationale. Certains pays affectés par ce fléau ont regretté que la Convention sur la lutte contre la désertification, qui entrera en vigueur en décembre prochain, ne jouisse pas d'un statut égal à celui d'autres instruments juridiques sur l'environnement.

(à suivre - 1a)

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La Commission a été saisie d'une proposition visant à instaurer un "Impôt de solidarité pour la protection de l'environnement" par chaque Etat membre. La moitié de la somme ainsi collectée irait au "Fonds national de solidarité pour la protection de l'environnement", l'autre moitié serait versée au "Fonds international pour la protection de l'environnement, dont l'utilisation et la gestion seront définies par l'Assemblée générale des Nations Unies.

La Commission économique et financière poursuivra ses travaux demain, vendredi 25 octobre, à 15 heures.

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Environnement et développement durable

Débat

Mme PATRICIA CHAVES (Costa Rica), au nom du Groupe des 77 et la Chine, a souligné que le problème de la lutte contre la désertification et la sécheresse est un problème mondial. On ne peut parler de la désertification uniquement en termes écologiques puisque la désertification provient de l'interaction de facteurs topographiques, biologiques, culturels, politiques, sociaux et économiques. Le problème de l'érosion des sols affecte 30% de la planète et 20% de la population mondiale sont exposés aux incidences du processus de désertification. Partout dans le monde, les zones rurales à terre sèche sont particulièrement touchées, a ajouté Mme Chaves. La désertification aggrave les migrations, pourrait susciter des conflits armés et pourrait exacerber certains problèmes comme le réchauffement de la planète et la dégradation de la diversité biologique, sans mentionner d'autres problèmes qui sont socio-économiques.

La Convention sur la lutte contre la désertification a un cadre intégré et invite à l'adoption de mesures efficaces à tous les niveaux en vue de combattre la désertification et de réduire la sécheresse. Ces mesures sont appuyées par des accords de coopération internationale. Depuis les consultations de la 9ème session du Comité intergouvernemental, les Etats ont reconnu la nécessité de progresser dans les négociations au sujet d'un mécanisme mondial. L'appui politique est indispensable pour appuyer les moyens de lutte contre ce fléau et apporter des ressources financières. Le Groupe des 77 est également préoccupé par le fait que la convention n'a pas eu d'influence sur l'ordre du jour politique des pays industrialisés. La Convention doit être appliquée à la lettre et dans l'esprit. Elle s'est félicitée de l'entrée en vigueur de cette Convention que les pays en développement considèrent comme un engagement concret de la communauté internationale.

M. JAMES O'CONNELL (Irlande), au nom de l'Union européenne, de la Bulgarie, de Chypre, de la République tchèque, de l'Estonie, de la Hongrie, de la Lettonie, de la Lituanie, de Malte de la Pologne, de la Roumanie, de la Slovénie et de la Slovaquie, a indiqué que l'Union considère que la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification constitue une des grandes réalisations dans le domaine du développement depuis la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED). Il s'est félicité des mesures prises contre la désertification et a indiqué que l'Union a l'intention de coopérer avec les pays touchés dans leur lutte contre la désertification. Il a attiré l'attention sur le fait que le Comité intergouvernemental de négociations mis en place pour élaborer la Convention, arrive à la fin de son mandat et qu'il reste beaucoup à faire pour satisfaire aux dispositions de la résolution 50/113. Il faut en particulier trouver un accord sur les fonctions du mécanisme mondial et identifier les organisations qui vont abriter le mécanisme et le secrétariat permanent.

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M. GUSTAVO PEDRAZA (Bolivie), au nom des pays du Groupe de Rio, a indiqué que le 27 septembre dernier fut déposé le 50ème instrument de ratification de la Convention sur la lutte contre la désertification, ce qui a initié le processus d'entrée en vigueur de cette Convention. Le Comité intergouvernemental de négociations aura des questions cruciales à débattre lors de sa 10ème session et avant la première conférence des Parties. M. Pedraza a jugé indispensable que le Mécanisme mondial dispose de ses ressources propres et soit en mesure d'en mobiliser d'autres. La dimension mondiale du problème de la désertification et de la sécheresse est reflétée dans le fait que plus d'un milliard de personnes vivant dans les zones rurales en sont gravement touchées. Ceci rend de plus en plus critique la relation entre la pauvreté et la dégradation de l'environnement. La désertification est un problème économique et social qui touche l'environnement. Il est également lié à la sécurité alimentaire et la croissance démographique, entre autres. Il faut donc un traitement intégral pour traiter ce problème. Il a renouvelé l'attachement du Groupe de Rio à mettre en oeuvre la Convention sur la lutte contre la désertification. Ainsi, ce Groupe a organisé deux réunions régionales sur cette question, dont celle de Mexico en 1996.

M. ISTVAN NATHON (Hongrie) a déclaré que la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le développement durable et l'environnement sera l'événement international le plus important depuis la CNUED. Elle doit donc être soigneusement préparée, a-t-il estimé, et le travail préparatoire doit refléter les nombreuses approches possibles du développement durable aux niveaux international, régional, national et local. La Hongrie partage l'opinion selon laquelle la session ne doit pas s'efforcer de renégocier Action 21 ou d'autres accords internationaux dans le domaine du développement. La session devra s'attacher à faire progresser leur application. La Hongrie offre son entière coopération au Groupe de travail spécial à composition non limitée ainsi qu'à la cinquième session de la Commission du développement durable.

Le représentant a rappelé que son pays est favorable à une participation de haut niveau à la session. Pour cette raison, nous soutenons l'Union européenne qui propose que cette session se tienne du 23 au 27 juin 1997, ce qui permettra au membres du G7 qui participent au Sommet de Denver d'y prendre part. Nous sommes convaincus que cette session ne peut et ne doit pas être un forum Nord-Sud dans la mesure où les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont de nature mondiale.

M. DAMBYN GANKHUYAG (Mongolie) s'est félicité de l'entrée en vigueur de la Convention sur la lutte contre la désertification. Le défi de la désertification et la sécheresse exige des réponses concertées. En tant que pays dont le climat est sec, la Mongolie s'intéresse à la mise en oeuvre de la Convention. Il a invité tous les Etats à ratifier ladite Convention qui sera l'une des premières sur les problèmes de l'environnement tels qu'ils ont été définis par la Conférence de Rio.

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Il s'est déclaré convaincu que la Convention permettra d'harmoniser les efforts pour lutter contre les causes sous-jacentes de la désertification, y compris les facteurs économiques et écologiques. La science et la technologie ont un rôle essentiel à jouer pour mieux comprendre la diversité biologique et les possibilités de préservation des sols et de l'eau. Il a estimé que le Comité intergouvernemental fournira à la Conférence des Parties toutes les données scientifiques nécessaires. La création ultérieure du mécanisme mondial devrait être utilisé à mobiliser et à répartir les ressources financières, en utilisant des créneaux qui permettent le transfert de technologie. La Mongolie a adopté un plan d'action pour lutter contre la désertification et à préserver la diversité biologique grâce à une série de programmes d'action.

M. ROGATIEN BIAOU (Bénin) a observé que la ratification de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement touchés par la sécheresse et/ou la désertification en particulier en Afrique et son entrée en vigueur le 26 décembre 1996 constituent des preuves tangibles et indéniables de la mise en oeuvre des décisions et recommandations de la Conférence de Rio. Il a souligné que le chemin à parcourir reste long pour arriver, entre autres, à arrêter le processus de désertification dans les zones arides, semi-arides ou subhumides sèches et revaloriser les terres dégradées ou desséchées.

M. Biaou a regretté que les négociations menées, dans le cadre du processus préparatoire de l'Assemblée générale, sur le rôle et les fonctions du Mécanisme mondial ne soient pas achevées à cause des divergences de vues et d'interprétations entre les pays développés et les pays en développement. Il est regrettable, a-t-il fait observer, que les pays développés refusent d'admettre que le mécanisme mondial de la Convention soit un mécanisme financier dont l'une des fonctions principales sera la mobilisation et l'acheminement des ressources financières aux pays en développement touchés, en particulier ceux d'Afrique. Le représentant a exhorté toutes les parties engagées dans les négociations de faire preuve de beaucoup de disponibilité et de compréhension. L'enjeu, a-t-il déclaré, c'est la survie d'environ un milliard d'êtres humains dans une centaine de pays dont la quasi-totalité, c'est-à-dire plus de 90, sont des pays en développement.

M. KLAUS-JURGEN HEDRICH (Allemagne) a rappelé que l'Allemagne a du faire face depuis la réunification à d'énormes défis économiques et sociaux. Les documents adoptés à Rio n'ont peut-être pas tout résolu, a-t-il noté, mais les discussions politiques et sociales initiées par la CNUED ainsi que les programmes d'action et les accords internationaux contraignants ont influencé l'opinion publique et des décideurs dans les domaines politique, industriel et social. L'Allemagne, comme d'autres pays, essaie de gérer quelques-uns des défis les plus importants et les plus complexes qui se posent à elle. Comment adapter les modes de production et les styles de vie aux besoins des populations sans que les générations futures en souffrent plus tard et sans que la menace qui pèse sur l'équilibre écologique ne s'aggrave. C'est là, un des défis.

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En tant que pays industrialisé, nous sommes conscients de notre responsabilité, a déclaré M. Hedrich. Pour manifester notre volonté de coopération, l'Allemagne a invité le Secrétariat de la Convention sur la lutte contre la désertification à installer son siège à Bonn et lui a proposé un soutien financier et logistique généreux. M. Hedrich a fait observer que les électeurs allemands sont en mesure de juger les résultats des Conférences internationales. Il a insisté sur le fait que les Nations Unies doivent démontrer aux électeurs des pays membres que les ressources existantes sont utilisées de la façon la plus efficace possible.

M. BACHARD ISSOUFOU (Niger) a déclaré que les problèmes de la désertification, de la sécheresse et de l'environnement en général, se posent à toutes les nations, sans considération des frontières, de race ou du système politique. Si certaines calamités naturelles comme les cyclones et les inondations ne peuvent être contrées, il n'en est pas de même pour la sécheresse et la désertification. Aujourd'hui, il existe des techniques pour lutter avec succès contre ces fléaux et leurs effets.

Le Niger s'est félicité de l'entrée en vigueur de la Convention internationale sur la lutte contre la diversification et lance un appel pour que la communauté internationale s'engage par des actions concrètes, à la mise en oeuvre effective de ladite Convention. En outre, les télévisions, les radios, les journaux, publics et privés, doivent être mobilisés pour sensibiliser et faire contribuer le monde entier à la lutte pour la protection et l'amélioration de l'environnement. S'agissant des ressources financières, il a estimé que le Mécanisme mondial créé pour promouvoir la mise en oeuvre de la Convention, devrait avoir pour tâche principale la mobilisation des ressources financières suffisantes, y compris des ressources nouvelles pour financer les activités au titre des programmes d'action des pays en développement les plus touchés, en particulier les actions urgentes pour l'Afrique. Dans le cadre de la préparation de la session extraordinaire de l'Assemblée générale, le Niger a proposé l'instauration par chaque Etat Membre d'un "impôt de solidarité pour la protection de l'environnement". La moitié de la somme ainsi collectée ira au Fonds national de solidarité pour la protection de l'environnement, l'autre moitié sera versée au "Fonds international pour la protection de l'environnement, dont l'utilisation et la gestion seront définies par l'Assemblée générale des Nations Unies. Les institutions financières devront accorder des traitements urgents et prioritaires aux problèmes liés à la sécheresse et à la désertification, dans la mesure où des solutions éprouvées existent.

Mme SVITLANA M. HOMANOVSKA (Ukraine) a souligné que la session extraordinaire devra contribuer à la recherche de solutions aux problèmes environnementaux de la planète. Cette session devra également inciter à se défaire des manières traditionnelles de penser et à susciter un sentiment de responsabilité commune en ce qui concerne les questions de l'environnement. La participation de tous les acteurs de la société civile ne pourra que rapprocher les objectifs.

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Elle a mentionné la Conférence sur le développement des pays à économie en transition qui se tiendra à Minsk en avril 1997. La session devra se concentrer, entre autres, sur le transfert de technologie écologiquement rationnelle et sur la mobilisation des ressources du secteur privé. Elle doit examiner le rôle futur de la Commission du développement durable en vue d'étendre son mandat et de mieux préciser ses objectifs. Le parlement ukrainien a ratifié la Convention sur la diversité biologique et la Convention-cadre sur les changements climatiques.

Evoquant le rapport du Secrétaire général sur les activités de l'Organisation, Mme Homanovska s'est félicité de ce que les Nations Unies sont profondément préoccupées par les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl et qu'elles sont déterminées à prendre des mesures visant à y remédier. La représentante a souhaité que la communauté internationale continue de créer les conditions, y compris matérielles et financières, qui permettraient à l'Ukraine d'honorer ses obligations.

M. AMBROSE D. OJIMBA (Nigéria) a souligné le fait que le Comité de négociations sur la Convention sur la lutte contre la désertification a achevé son neuvième mois sans être parvenu à un accord. Il a exprimé l'espoir que les problèmes du mécanisme mondial seront résolus lors de la dixième session du Comité de négociations. Le représentant a rappelé que la désertification affecte 1/6ème de la population mondiale et englobe un quart des terres de la planète. Il a estimé qu'il était urgent pour la communauté internationale de mobiliser les ressources adéquates et substantielles y compris des ressources nouvelles et additionnelles de façon à soutenir les activités et programmes des pays touchés, en particulier ceux d'Afrique. Il a reconnu que l'initiative et l'effort en matière de lutte contre la désertification repose sur les gouvernements nationaux. La nécessité d'une action internationale concertée, qui prenne en compte les engagements de Rio, n'en est pas moins nécessaire.

M. RAE KWON CHUNG (République de Corée) a jugé qu'Action 21 a été un succès, car il a pu faire prendre conscience de l'importance de changer dans les modes de consommation et la nécessité d'un changement d'approche au niveau national et mondiale. L'impact du Sommet de la Terre ne s'est pas limité à la politique gouvernementale de la République de Corée, il a eu également un impact sur l'opinion publique. L'introduction du système de collecte et le recyclage des déchets ont été accueillis avec enthousiasme. Cette réponse favorable montre qu'il est possible de changer les mentalités et d'organiser des campagnes de protection de l'environnement à long terme. Tirant des leçons de la mise en oeuvre des Décisions de Rio au niveau de son pays, le représentant a souligné que la bureaucratie n'a pas été bien organisée pour traiter du développement durable et que la première tâche a été de trouver des moyens d'orienter la politique vers le développement durable à tous les niveaux. Le défi actuel est de coordonner les fonctions gouvernementales afin d'aborder les questions multidisciplinaires de la protection de l'environnement. Il a incité à réfléchir à des modes de consommation durable.

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M. ADEL ABDEL LATIF (Egypte) a fait ressortir les divergences au niveau international sur les questions de l'environnement. Certains veulent que l'environnement soient au centre du problème économique, d'autres le lie au développement. Il a regretté que la lutte contre la pauvreté ne recueille par l'attention qu'elle mérite, en dépit de la dégradation des ressources naturelles et de l'environnement. Il faut une stratégie autre que celle de survie. De nombreux engagements au titre d'Action 21 n'ont pas été honorés, ce qui n'a pas permis aux pays en développement de réaliser plus de choses dans la voie du développement durable. L'Egypte a participé aux séries de négociations sur la phase pilote du FEM. Il s'est déclaré préoccupé face au ralentissement de l'attribution des ressources depuis 1994. Ce ralentissement aura un impact sur la mobilisation des ressources financières pour la prochaine période budgétaire. Certains pays ne veulent pas accorder la même priorité à la Convention sur la lutte contre la désertification.

Le représentant a plaidé pour que la Convention soit traitée sur un même pied d'égalité avec les autres Conventions sur l'environnement. La Convention sur la lutte contre la désertification doit également avoir son propre mécanisme mondial. Il a formé le voeu qu'elle ne subisse par le même sort que le Plan de lutte contre la désertification. La Convention de Paris mérite toute son importance et il faudra la ratifier.

M. FAWZI A. SULTAN, Président du Fonds international pour le développement de l'Agriculture (FIDA), a fait remarquer que la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification est le premier traité à répondre aux problèmes de la pauvreté et de la dégradation de l'environnement dans les zones rurales. C'est la première Convention qui place les utilisateurs des ressources et leurs collectivités comme un élément central de la solution, a-t-il souligné. Il y a une forte convergence entre les dispositions de la Convention et les activités du FIDA en matière d'éradication de la pauvreté dans les zones arides. Cette convergence implique que le FIDA se doit d'assumer un rôle important dans l'aide apportée aux pays en vue de la mise en oeuvre de la Convention. Le Fonds a déjà commencé à aider certains pays dans le cadre des premières étapes de cette mise en oeuvre à travers des Programmes d'action nationale ainsi que l'élaboration de projets d'investissements.

M. Sultan a attiré l'attention sur les spécificités du Mécanisme global. Il a souligné qu'à la différence d'autres Conventions inspirées par Rio, ce Mécanisme met l'accent sur un financement multi-sources et a estimé que cela constitue une des grandes forces de la Convention. Au lieu de reposer sur une seule source de financement comme par exemple le Fonds pour l'environnement mondial, a-t-il fait valoir, il ne dépend pas de la disponibilité d'un financement affecté à cet effet. Ce Mécanisme encourage la mobilisation des ressources nationales, l'initiative du secteur privé et un mélange de financement concédé ou non. Le FIDA a accepté d'héberger le Mécanisme global parce qu'il considère que le Fonds a le potentiel, la capacité et l'orientation nécessaires pour cette tâche.

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M. ABDERRAHMANE MEROUANE (Algérie) a indiqué que la désertification continue de se poser comme un véritable défi à relever à la fois par les pays affectés et par le reste de la communauté internationale. De par son impact dévastateur, ce phénomène ne cesse d'hypothéquer sérieusement le développement durable de plusieurs régions, voire la survie même de nombreuses populations à travers le monde et notamment en Afrique. Il a regretté que la Commission économique et financière n'ait pas eu l'occasion d'être édifiée par des avis d'experts sur l'ampleur de ce phénomène et partant, sur l'urgence de l'action qu'il requiert. Il a ajouté que son pays et d'autres auraient voulu que le thème de la désertification bénéficie d'un examen distinct, ce qui participerait de la préoccupation unique de lui consacrer, à l'instar des autres questions, l'intérêt qu'elle mérite afin de mieux interpeller la communauté internationale sur ce à quoi l'invite la Convention adoptée en 1994. Il s'est félicité du fait que la Convention entre en vigueur prochainement et a lancé un appel pressant aux Etats qui n'ont pas encore ratifié cette Convention de le faire. M. Merouane a également remercié l'offre du Gouvernement italien d'abriter l'année prochaine à Rome, avec le concours de la FAO, la première Conférence des Parties à la Convention.

Le représentant a indiqué que la communauté internationale donne l'impression de ne pas suffisamment s'intéresser à cette Convention qui est partie intégrante du processus de Rio. Il a été d'avis que le Sommet mondial sur l'alimentation prévu le mois prochain également à Rome apportera certainement un éclairage particulier à la relation très étroite entre la lutte contre la désertification et le développement de l'agriculture. M. Merouane a souligné que le succès de la Convention dépendra des moyens et des ressources que la communauté internationale voudra bien dégager à cette fin. Le Mécanisme global devra occuper une place centrale ce qui devrait inciter à une conclusion rapide et satisfaisante des négociations le concernant.

M. EVIATAR MANOR (Israël) a indiqué que son pays est constitué à 60% de zones désertiques et que le gouvernement et la population, de ce fait, ont développé des techniques leur permettant de transformer le désert en un environnement habitable, producteur de nourriture, doté d'équipements touristiques et industriels. Israël a partagé son expérience et son savoir-faire avec les pays de la région ainsi qu'avec certains pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. Il a rappelé qu'un symposium sur la gestion durable de l'eau dans les régions arides et semi-arides, organisé en collaboration avec le Japon, le PNUD et le Consortium international pour les terres arides, s'est tenu l'an dernier en Israël. Il a indiqué que son pays attache une grande importance aux trois Conventions sur l'environnement et qu'en conséquence Israël se propose d'organiser un atelier qui s'efforcera d'harmoniser les dispositions contenues dans la Convention internationale sur la lutte contre la désertification, la Convention sur la diversité biologique et dans la Convention- cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.

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M. MIKAEL ODEVALL (Suède), au nom du Président du Comité intergouvernemental de négociations pour l'élaboration d'une Convention internationale sur la lutte contre la désertification (CIND), a indiqué que le 26 septembre, le Tchad a déposé le 50ème instrument de ratification de la Convention sur la lutte contre la désertification ce qui garantira l'entrée en vigueur de cette Convention avant la fin de cette année. Il a signalé que depuis la création du Comité, un nombre incalculables d'activités, de rencontres, de projets, d'ateliers et de recherches a eu lieu aux niveaux local, national, régional et sous-régional, ce qui prouve la vitalité de la Convention qui a touché les décideurs et tous les autres acteurs concernés. Il a reconnu que la Convention n'est pas encore assez connue et qu'il reste encore beaucoup à faire avant qu'elle ait un impact concret sur les pratiques de la coopération au développement, aussi bien dans les pays affectés que dans les pays donateurs.

Il a mis en relief le fait que l'approche utilisée par le Comité accorde plus de place aux femmes. Une discussion sur cette question au cours de la neuvième session du Comité a clairement montré que les femmes ne sont pas un groupe marginal dans la lutte contre la désertification. Leur action et leur rôle dans la lutte contre la désertification est au coeur même de la Convention. Il a suggéré de poursuivre les négociations sur le Mécanisme global et ses incidences financières. En dépit du caractère complexe de ces négociations, le représentant s'est déclaré convaincu que des solutions seront agréées par tous à l'occasion de la 10ème session du Comité. La session extraordinaire sur le suivi de Rio discutera de la question de l'eau ce qui ne manquera pas également de permettre un examen de la problématique de la désertification et de ses incidences sur les populations.

M. JOULDYZ AKICHEVA (Kazakstan) a souligné que son pays doit faire face à une pénurie d'eau. Ce phénomène provient non seulement d'une distribution déséquilibrée des eaux de surface mais aussi d'une réduction des flux provenant de la Chine, de l'Ouzbékistan, du Kirghizistan et de la Russie. Plus grave encore, le processus de désertification a démarré dans toutes les régions et a tendance à s'accélérer. Le Kazakstan participe activement au processus de lutte contre la désertification mené dans le cadre de la Convention des Nations Unies. Il a engagé des activités préparatoires nationales qui consistent notamment à collecter des données dans le domaine du climat, de l'hydrogéologie, du sol et de la végétation. Un rapport a été transmis aux différentes agences et organisations spécialisées.

M. Akicheva a indiqué que son pays souhaitait développer sa coopération avec d'autres pays, si possible avec le soutien financier des agences de l'ONU et des pays donateurs. Il a mis l'accent sur l'intérêt que présenterait une coopération régionale dans les domaines suivants : protection du territoire entourant la mer d'Aral, redressement des pâturages dans le désert, implantation de forêt sur l'extrémité désertique de la mer d'Aral, création de zone de redressement écologique dans la région.

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M. MACHIVENYIAKA T. MAPURANGA (Zimbabwe) a indiqué que son pays a accueilli récemment le Sommet solaire mondial et qu'il sera l'hôte du prochain Congrès de la Convention sur le commerce international des espèces en voie d'extinction (CITES), l'année prochaine. Il a décrit la politique de gestion de ces richesses naturelles au niveau communal et a indiqué que son pays a adopté une politique et pris des mesures afin de sensibiliser l'opinion publique pour qu'elle participe plus largement aux efforts visant la protection de la flore et de la faune. Les bénéfices de la commercialisation de ces ressources sont distribués aux communautés locales. Il a dénoncé le fait que la CITES a été anormalement influencée par les intérêts de la protection animale et a par conséquent été politisée et déséquilibrée. Certains pays, notamment en Afrique australe, se sont opposés à l'inscription de l'éléphant dans l'Annexe I et à l'interdiction du commerce de l'ivoire. Les éléphants au Zimbabwe se reproduisent d'une façon rapide et constituent une réelle menace pour les populations.

L'Afrique australe est victime de la sécheresse depuis plusieurs années, et les risques de désertification sont multiples. Le Zimbabwe partage le sentiment selon lequel il faudrait accorder à la Convention sur la lutte contre la désertification une place importante. Le choix et l'utilisation de sources d'énergie plus propres et moins dommageables pour l'environnement sont des impératifs. Le programme sur l'énergie solaire a clairement prouvé le réalisme avec lequel les pays africains envisagent l'avenir. Le programme sur l'énergie solaire demeurera un engagement vide qui ne résistera pas à l'épreuve du temps, s'il ne dispose pas de ressources financières. Il a appelé à la création d'un mécanisme de suivi du Sommet mondial sur l'énergie solaire. Les énergies fossiles pourraient disparaître dans les 50 à 60 prochaines années, a averti le représentant, en concluant que le soleil, quant à lui, brillera toujours et que l'humanité devrait investir dans cette ressource infinie.

M. HAMID ALI MOHAMED ELTINAY (Soudan) a rappelé que son pays a participé aux travaux du Comité intergouvernemental de négociations. Le rapport du Secrétaire général confirme que la moitié des pays qui ont ratifié la Convention sur la lutte contre la désertification sont des pays africains. C'est la preuve que l'Afrique est gravement affectée par ce fléau et que ses pays sont disposés à oeuvrer ensemble en vue de remédier à ce problème.

M. Eltinay a indiqué que les populations soudanaises se sont mobilisées contre ce fléau et trouveront des solutions pratiques pour combattre la désertification et la sécheresse. Il a fait ressortir à cet égard la participation efficiente et novatrice des organisations non gouvernementales et des autorités locales, ainsi que la mise en place d'une Cour suprême de l'environnement et des ressources naturelles. Il a également cité le projet de développement de la mer Rouge présenté par son pays dans le contexte de la Convention-cadre sur les changements climatiques.

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Le Soudan attache une importance particulière aux résolutions du Programme d'Action 21, surtout celles visant l'élimination de la pauvreté. La session de 1997 devrait être basée sur une approche intégrée, en gardant à l'esprit les engagements pris lors d'autres Conférences internationales et dans la perspective de la tenue du Sommet mondial sur l'alimentation.

Mme CECILIA B. REBONG (Philippines) a indiqué que son gouvernement est attaché à la préservation de l'environnement parallèlement au développement de l'économie du pays. Elle a souligné qu'un projet de cimenterie d'un montant de 16 millions de dollars venait d'être refusé en raison des dangers qu'il présentait pour l'environnement marin et les oiseaux. Elle a mis en avant les actions entreprises dans le cadre d'Action 21. Des actions axées sur la lutte contre la pauvreté, l'équilibre démographique, l'hygiène, le logement ont été lancées. Une loi sur la protection des parcs naturels vient d'être adoptée et des initiatives ont été engagées pour la protection des récifs de corail et des ressources aquatiques. Mme Rebong a fait observer que la population est associée aux actions entreprises et que cela a notamment été le cas dans le cadre de l'étude du projet de cimenterie.

La représentante a fait valoir que son pays attend beaucoup de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'examen de la mise en oeuvre d'Action 21 et qu'il est d'accord pour que le dialogue, dans le cadre de cette session, soit le plus ouvert possible. Elle a insisté pour que soient adoptées des recommandations réalistes et faisables au lieu de renégocier Action 21 et pour que tous les acteurs grands groupes, ONG, secteur privé, soient associés à ses travaux.

M. RI GWANG NAM (République populaire démocratique de Corée) a associé la question de la protection de l'environnement et du développement durable à l'urgence de l'élimination de la pauvreté, à la prévention de nouvelles dégradations des écosystèmes, et à la stagnation de la croissance économique. Il a ajouté qu'il ne fait aucun doute que le programme Action 21 reflète les bonnes orientations à prendre au bon moment. Il a regretté le fait que les objectifs fixés quant aux ressources financières n'aient pas été dûment honorés, de même que ceux relatifs au transfert de technologie écologiquement rationnelle. Il a incité la session extraordinaire à prendre des mesures orientées vers l'action en vue de l'application d'Action 21. Le représentant a en outre souligné qu'au niveau national une nouvelle stratégie a été formulée et que le pays oeuvre à l'application d'Action 21, en collaboration avec d'autres nations et avec les institutions du système des Nations Unies.

M. MOHAMMAD JABBARY (Iran) a attiré l'attention sur les difficultés rencontrées dans le cadre des négociations sur le Mécanisme mondial. Bien qu'un consensus se manifeste quant au rôle de pivot que joue le Mécanisme, aucune unanimité n'a pu se faire sur son mandat et ses fonctions, a-t-il fait remarquer.

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Pour les pays en développement, comme l'a mentionné la représentante du Costa Rica au nom du Groupe des 77 et la Chine, le Mécanisme mondial devrait servir d'instrument de mobilisation des ressources en direction des pays en développement touchés, alors que d'autres mettent l'accent sur la mobilisation des ressources nationales. Nous estimons que l'article 21.4 de la Convention confère au Mécanisme mondial un mandat suffisant en ce qui concerne la mobilisation des ressources et les transferts de technologies. Ma délégation n'en considère pas moins comme centrale la question du financement et du transfert de technologie dans la mise en oeuvre de la Convention.

M. Jabbary a souligné l'ampleur du processus de désertification auquel son pays est confronté. Ce processus affecte 80% du sol national. Pour toutes ces raisons et parce que l'Iran y a gagné une vaste expérience en matière de lutte contre la désertification ainsi qu'une tradition de coopération à tous les niveaux, nous pensons que Téhéran est bien placé pour devenir le centre régional de mise en oeuvre de la Convention.

M. BRUCE NAMAKANDO (Zambie) a indiqué qu'en tant que pays en développement, son pays à souffert de l'impact dévastateur de la dégradation de l'environnement. Ce sont les pays pauvres qui souffrent le plus de la désertification et des effets des catastrophes naturelles car ils ne disposent pas de moyens suffisants pour y pallier, a-t-il expliqué . Il a déploré qu'en dépit des efforts fournis par les pays pauvres pour préserver la flore et la faune, ils n'ont reçu que peu d'assistance. L'élimination de la pauvreté est un élément crucial à considérer dans le débat de la session extraordinaire. M. Namakando s'est déclaré peu impressionné par la vitesse des travaux du Comité intergouvernemental de négociations. La volonté politique a fait défaut et un consensus n'a pu se dégager sur des questions de fond. Il a appelé à trouver des solutions à cette situation. Après avoir dénoncé la tendance à reléguer cette Convention à un statut secondaire, le représentant a souligné que la désertification est liée à la Décennie internationale de prévention des catastrophe naturelles. M. Namakando a conclu que les pays affectés par la désertification et la sécheresse aimeraient avoir quelque chose à célébrer à la fin de cette décennie. Le représentant a appuyé les petits pays insulaires et la proposition de créer un indice de vulnérabilité. Il s'est déclaré satisfait des progrès concernant la Convention-cadre sur les changements climatiques et a jugé nécessaire de collaborer avec tous les acteurs pour harmoniser la mise en oeuvre des Conventions sur l'environnement.

M. JAVIER OCHOA (Bolivie) a indiqué que son pays vient d'adopter un programme intitulé "Plan pour Tous", qui s'inscrit pleinement dans le concept du développement durable tel que défini à la Conférence de Rio en 1992. La Bolivie a été le premier pays à avoir créé, en 1993, un Ministère du développement durable, qui bénéficie d'un pouvoir de coordination avec les autres secteurs socio-économiques ayant pour objectif d'assurer une meilleure vie au peuple, en harmonie avec son environnement. Le Programme "Capacité 21" est né à Rio comme la principale alternative multilatérale en vue de la mise en place des capacités requises par les pays visant l'application d'Action 21.

- 13 - AG/EF/187 24 octobre 1996

Le Programme Capacité 21 a accompagné les efforts de réforme du gouvernement. Le modèle bolivien de développement durable est largement reconnu en raison de la participation populaire, qui a été rendue possible grâce aux efforts constants du peuple bolivien et de toute la coopération multilatérale et bilatérale, a expliqué M. Ochoa qui a indiqué en outre que son pays a soumis son rapport sur l'application des décisions de Rio à la Commission du développement durable. Il a indiqué que la version nationale d'Action 21 sera soumise au Sommet des Amériques sur le développement durable, qui se tiendra à Santa Cruz de la Sierra en décembre prochain. Le représentant a noté que la mise en oeuvre d'Action 21 au niveau planétaire exige encore plus d'efforts financiers que les 3% de la valeur nécessaire calculée à Rio, dans le contexte des responsabilités partagées. Il a estimé que Capacité 21, présent actuellement dans 40 pays, pourrait contribuer à la mobilisation de nouvelles ressources.

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