DEUXIEME COMMISSION : LES AVANTAGES DECOULANT DE LA MONDIALISATION DE L'ECONOMIE DEVRONT BENEFICIER A TOUS, INSISTENT LES PAYS DU SUD
Communiqué de Presse
AG/EF/177
DEUXIEME COMMISSION : LES AVANTAGES DECOULANT DE LA MONDIALISATION DE L'ECONOMIE DEVRONT BENEFICIER A TOUS, INSISTENT LES PAYS DU SUD
19961016 APRES-MIDI AG/EF/177 La Commission économique et financière poursuit son débat généralLa Commission économique et financière (Deuxième Commission) a tenu cet après-midi la troisième séance de son débat général. Elle a entendu dans ce cadre les représentants des pays suivants : Sénégal, Niger, Thaïlande, Philippines, Bulgarie, Slovaquie, Kenya, Chypre, Inde, Malaisie, République tchèque, République de Corée et Tanzanie. Les représentants de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) ont également pris la parole.
Le représentant du Sénégal a lancé un appel pour que soit défini un nouveau partenariat pour le développement, qui sera fondé sur une responsabilité commune mais différenciée et sur un véritable esprit de solidarité. Le représentant du Niger a estimé que les difficultés financières et économiques des pays en développement proviennent davantage de la politisation des investissements internationaux que de l'absence de projets rentables.
La Thaïlande a estimé que la Deuxième Commission devrait se consacrer davantage à la mise en oeuvre et au suivi des décisions des dernières Conférences internationales sur le développement. Les Philippines ont dénoncé le protectionnisme qui se fait sous la forme de subventions, de la protection de l'environnement et du droit du travail, ainsi que les autres difficultés politiques qui font obstacles au partage égal des avantages.
Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie a indiqué qu'il présentera à la présente session de l'Assemblée générale, un projet de résolution sur la question de l'assistance spéciale aux pays tiers affectés par la mise en oeuvre des sanctions économiques décidées par le Conseil de Sécurité. La Slovaquie a indiqué que l'économie slovaque a connu une croissance notable en 1995, et que les pays d'Europe centrale ont décidé d'éliminer les barrières commerciales à partir de 1997.
(à suivre - 1a)
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Le Kenya a plaidé pour des mesures novatrices additionnelles sur la question de l'allégement de la dette, de façon à assurer la protection des groupes vulnérables, notamment les enfants, les femmes et les populations pauvres rurales et urbaines. Il a plaidé en faveur de mesures compensatoires pour les pays en développement qui ont subi des pertes à court terme suite à l'application des accords du cycle d'Uruguay. Chypre a indiqué que le développement de l'Afrique constituait une priorité, que son pays a toujours soutenu les initiatives dans ce domaine et qu'il a l'intention de poursuivre son action dans ce sens.
Le représentant de l'Inde a indiqué que le Programme commun minimum, adopté par le Gouvernement indien, a mis l'accent sur la poursuite du programme de réforme et de libéralisation et que l'Inde va attaquer de front la pauvreté en se donnant pour but son éradication d'ici à l'an 2005. La Malaisie a estimé que les institutions de Bretton Woods, loin de remplir leur mandat qui est de favoriser le développement et de réglementer le système monétaire international, se comportent comme des percepteurs de la dette au profit du Nord riche. Il importe urgemment de réformer les institutions de Bretton Woods, qui doivent surtout respecter leur mandat spécifique et refuser de subir le diktat des bailleurs de fonds.
La République tchèque a estimé qu'il est important de renforcer la confiance à l'égard des Nations Unies et de réaffirmer son rôle de guide en matière de politique mondiale. La République de Corée a indiqué que le rôle des Nations Unies est de renforcer la confiance entre le Nord et le Sud, en favorisant une meilleure dynamique entre les économies des pays riches et des pays pauvres.
Le représentant de la Tanzanie a lancé un appel aux créditeurs du Club de Paris pour qu'ils reconnaissent qu'il est important d'aller au-delà des termes de Naples dans le cas des pays lourdement endettés, notamment les pays de l'Afrique subsaharienne.
Le représentant du FMI a indiqué que le Comité intérimaire du FMI vient d'adopter la Déclaration sur le partenariat pour une croissance mondiale durable, ainsi qu'une série de mesures novatrices relatives au problème de la dette. Le représentant de la Banque mondiale a attiré l'attention sur l'accord qui vient d'être réalisé concernant la création d'un Fonds spécial d'intégration pour les pays les plus endettés qui a été doté de 500 millions de dollars.
La Commission a entendu les représentants des Etats-Unis, du Suriname et du Nigéria qui ont posé des questions aux représentants du FMI et de la Banque mondiale. La Turquie et Chypre ont exercé leur droit de réponse.
La Commission économique et financière poursuivra son débat général demain jeudi 17 octobre à 10 heures.
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Suite du débat général
M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a noté que les dividendes de la paix tardent à venir, cependant que dans ce monde d'interdépendance, l'avènement d'une paix et d'une sécurité internationales globales et durables dépend essentiellement de la capacité collective à apporter des solutions concrètes à ces défis effrayants qui sont la pauvreté, la faim, le chômage, la maladie, la croissance démographique et la détérioration de l'environnement. Evoquant le cycle des grandes conférences internationales qui s'achèvent en novembre prochain avec le Sommet mondial de l'alimentation, M. Ka a indiqué qu'il s'agit maintenant, ni plus ni moins, que de la volonté politique de mettre en oeuvre les engagements souscrits par une mobilisation adéquate de ressources nouvelles et additionnelles.
Il a appelé à la définition d'un nouveau partenariat pour le développement, qui sera fondé sur une responsabilité commune mais différenciée et sur un véritable esprit de solidarité. Cet esprit de solidarité suppose le règlement définitif du problème de la dette, le renoncement au protectionnisme et à l'isolationnisme, la sauvegarde de l'environnement et l'application par tous de règles commerciales transparentes, non discriminatoires et équitables comme convenu dans les Accords internationaux pertinents. Il a souhaité qu'après l'échec par lequel s'est achevé, il y a cinq ans, l'examen final du PANUREDA, les partenaires au développement de l'Afrique redoublent d'efforts pour éviter à l'UN-NADAf des résultats tout aussi décevants. Les clichés déformants et simplificateurs qui tendent à réduire ce continent en un vaste champ de conflits et d'urgence humanitaires, ne rendent assurément pas justice au travail inlassable que ces millions d'Africains, hommes et femmes des villes comme des campagnes font quotidiennement au service du progrès économique et social, a observé M. Ka.
M. ISSOUFOU BACHARD (Niger) a indiqué que sa délégation soutient la déclaration du représentant du Costa Rica qui s'est exprimé au nom du Groupe des 77 et la Chine. Il a déploré que la majorité des pays que compte l'ONU, n'ait pas encore atteint le niveau minimal de développement souhaité : celui qui donne droit à la paix et à la sécurité. Plus de la moitié de la population mondiale vit dans la pauvreté, a t-il fait observer. La dette extérieure des pays en développement, et en particulier celle des pays les moins avancés, a atteint, au cours de ces dernières années, un niveau insupportable.
Le Niger croit fermement que les moyens de permettre un bien-être mondial existe et que l'Organisation des Nations Unies peut en être le catalyseur. Les difficultés financières et économiques des pays en développement proviennent plus de la politisation des investissements internationaux que de l'absence des projets rentables. Les spéculations financières dans certains Etats du Nord entraînent de fausses dévaluations monétaires et détériorent les termes de l'échange contre l'économie des pays du Sud. Le représentant a estimé qu'il était vital que l'ONU s'attelle à introduire de nouvelles méthodes de travail pour mieux sensibiliser les décideurs que sont les parlementaires, la société civile et les populations en les informant davantage sur les activités de l'ONU et sur l'état et le mécanisme de la coopération multilatérale.
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M. ASDA JAYANAMA (Thaïlande) a noté que la mondialisation en cours se limite à une interaction entre les secteurs privés de divers pays alors qu'on avait estimé que la croissance économique mondiale est le résultat de la mondialisation de l'économie. Autrement dit, une vision commune et partagée de la mondialisation n'a pas encore vu le jour. L'absence de ces facteurs rendra la coopération intergouvernementale dans le cadre des Nations Unies encore plus difficile. La croissance économique constitue la composante essentielle du développement durable. Au cours du dernier débat général à la dernière session de la Deuxième Commission, la Thaïlande s'était déclarée déçue par le rôle des Nations Unies dans le développement, a rappelé M. Jayanama. Il a déploré que la résolution 50/227, qui devait permettre des progrès dans la voie de la réforme du processus de coopération intergouvernementale, n'ait pas encore été pleinement mise en oeuvre. L'Agenda pour le développement qui devait fournir un cadre final pour la coopération en faveur du développement n'a pas encore été finalisé. Des retards dans le consensus sur ces questions auront des répercussions sur la coopération internationale.
Il a estimé qu'outre les questions relatives à la réforme des Nations Unies dans les domaines économique et social, la Deuxième Commission devrait accorder davantage son attention à la mise en oeuvre et au suivi des décisions prises lors des dernières Conférences internationales sur le développement.
Mme MARIA LOURDES V. RAMIRO-LOPEZ (Philippines) a fait remarquer que les pays d'Asie de l'Est ont lourdement investi dans le développement des ressources humaines. Cet investissement a considérablement contribué à la stabilité de la croissance dans ces pays pendant plus de dix ans, a-t-elle indiqué. Les Philippines ont investi dans le développement du potentiel de la population et dans la protection de son bien-être. Nous disposons de programmes socio-économiques nationaux dirigés spécifiquement vers les secteurs les plus défavorisés de notre société. Des résultats positifs ont été enregistrés. Le niveau de pauvreté absolue a diminué tandis que le revenu par habitant a augmenté. Nous avons enregistré 7,1% de croissance économique durant les six premiers mois de l'année et nous atteindrons 8% l'an prochain.
La communauté internationale ne doit pas céder aux forces qui entravent l'élargissement des avantages liés à la mondialisation, a-t-elle estimé. Pour assurer aux pays en développement de participer pleinement à ce processus, le protectionnisme sous forme de subventions, la protection de l'environnement, le droit du travail, les critères sanitaires ou physiosanitaires ainsi que tous les autres obstacles artificiels ou à motivations politiques ne sont pas acceptables.
M. KONSTANTIN GLAVANAKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Bulgarie, a mis l'accent sur les changements rapides qui ont affecté l'économie mondiale et plus spécifiquement sur les tendances à la mondialisation et à la libéralisation. Ces tendances, a-t-il observé, offrent de nouvelles opportunités pour les Etats de tirer bénéfice de leurs avantages comparatifs dans le cadre d'un marché libre et équitable. C'est pourquoi la République de Bulgarie attache une importance particulière à sa complète intégration au sein du système commercial mondial qu'elle considère être un préalable indispensable à sa croissance et à son développement économique.
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M. Glavanakov a indiqué à ce sujet que son pays est devenu, le 2 octobre dernier, membre de l'Organisation mondiale du commerce, après de longues et difficiles négociations.
Le Vice-Ministre a estimé que le système des Nations Unies devrait intensifier ses efforts pour faciliter l'intégration des pays à économie en transition à l'économie mondiale. Ce soutien, a-t-il précisé, devrait être adapté au stade de transformation et de restructuration respectif de chaque pays.
L'assistance spéciale aux pays tiers affectés par la mise en oeuvre des sanctions économiques décidées par le Conseil de sécurité est une question à traiter dans le contexte de la réalisation du développement durable. La levée des sanctions contre l'ex-Yougoslavie n'élimine pas les effets à long terme de ces sanctions. Il a indiqué qu'il en allait notamment ainsi pour son pays et a indiqué qu'il présentera un projet de résolution sur ce point au cours de la présente session de l'Assemblée générale.
M. JURAJ SIKRA (Slovaquie) a indiqué que la croissance économique de son pays en 1995 a été bonne, puisque la Slovaquie a été classée deuxième sur la liste des pays de l'Europe centrale en terme de croissance économique. Les pays d'Europe centrale ont décidé d'éliminer les barrières commerciales à partir de 1997. Les activités du Gouvernement slovaque en matière d'environnement visent à créer un développement durable. M. Sikra a indiqué que son pays aborde cette question en collaboration étroite avec les autres pays. La Slovaquie attache une importance à la coopération et aux activités entreprises avec les institutions du système des Nations Unies.
Pour ce qui est de la CNUCED, M. Sikra a jugé qu'il s'agit de l'instance la plus appropriée pour des solutions intégrées aux questions liées au commerce. Il s'est félicité des résultats de la neuvième Conférence de la CNUCED. Il a observé que l'ONUDI traverse une période de consolidation et qu'il faudrait réexaminer ses indices qualitatifs de coopération avec ses Etats membres. Le représentant a souligné le renforcement de la coopération entre ses Etats membres, aux plans bilatéral et multilatéral.
En juin 1996, un des événements essentiels du PNUD "La Réunion 1996 des représentants Résidents" a eu lieu en Slovaquie. M. Sikra a appuyé la politique générale du PNUD d'allouer la majorité des fonds aux pays ayant un revenu par habitant inférieur à 750 dollars. Il importe d'appuyer les programmes de développement dans les pays à économie en transition, notamment dans la Communauté d'Etats Indépendants (CEI).
Il a également apporté son soutien à la rationalisation des travaux de la Deuxième Commission, en réduisant le nombre des résolutions et en améliorant leur clarté. Il a suggéré de combiner plusieurs résolutions en une résolution dite "omnibus", comme cela été suggéré par divers pays.
M. NJUGUNA M. MAHUGU (Kenya) a indiqué qu'en dépit des progrès de la croissance économique de l'ensemble de l'Afrique, nombre de nations africaines font encore partie des pays les plus pauvres du monde. Trente trois sur les 48 pays les moins avancés sont des pays africains.
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De nombreux pays en développement continuent d'appliquer des programmes de réajustement structurel qui ont des effets pervers sur le secteur social, notamment l'éducation, la fourniture de services de santé et la création d'emplois. Il a affirmé l'engagement du Kenya à l'application de mesures de restructuration afin de garantir une croissance économique à long terme et un développement durable. M. Mahugu a indiqué que les récentes réformes structurelles au Kenya ont créé un climat propice à la promotion des investissements. Il a souligné que ces efforts de réforme nationaux devraient favoriser un engagement international, la compréhension et un soutien efficace de la part des partenaires au développement.
Les dettes multilatérales et bilatérales contractées auprès des pays bailleurs de fonds et des institutions financières internationales par les nations en développement, et en particulier les nations africaines subsahariennes constituent des obstacles majeurs à la croissance économique. Il a plaidé en faveur des mesures novatrices additionnelles sur la question de l'allégement de la dette, de façon à assurer la protection des groupes vulnérables, notamment les enfants, les femmes, et les populations pauvres rurales et urbaines. Il a plaidé, en outre, en faveur de mesures compensatoires pour les pays en développement, qui ont subi des pertes à court terme suite à l'application des Accords du cycle d'Uruguay.
M. Mahugu a estimé que les Nations Unies devraient continuer de jouer un rôle important en vue d'un consensus sur les questions liées au commerce, en particulier pour faciliter aux pays en développement l'accès aux marchés. La collaboration entre l'ONU et les institutions de Bretton Woods devrait se faire à travers le Conseil économique et social. Il a indiqué que son pays conçoit le Sommet mondial sur l'alimentation comme un pont pour le futur car il traite des besoins essentiels de toute l'humanité et suggère des solutions liées à la sécurité alimentaire et à un développement agricole global durable.
M. Mahugu a soutenu les différentes initiatives régionales et subrégionales de coopération économique entre les pays du Sud, notamment la Communauté économique africaine, le Marché commun pour l'Afrique de l'Est et l'Afrique Australe ainsi que les efforts d'intégration des économies de trois nations de l'Afrique de l'Est: la Tanzanie, l'Ouganda et le Kenya.
M. DEMETRIOS THEOPHYLACTOU (Chypre) a indiqué que le développement de l'Afrique constitue une priorité et que son pays a toujours soutenu les initiatives dans ce domaine, que celles-ci viennent du système des Nations Unies ou d'ailleurs et qu'il a l'intention de poursuivre son action dans ce sens. Il a indiqué que Chypre participe à plusieurs activités de coopération régionale au Moyen-Orient et en méditerranée. De même son pays participe aux efforts de reconstruction des pays d'Europe de l'Est et du Centre en collaboration étroite avec les agences des Nations Unies et d'autres instances régionales ou internationales.
M. Theophylactou a déclaré qu'il était fier de la performance de son pays qui malgré sa taille et sa vulnérabilité aux influences extérieures, obtient des résultats remarquables dans le domaine économique. Il a insisté sur la situation économique difficile des régions chypriotes turques occupées qui affecte tous les Chypriotes et plus particulièrement les Chypriotes turcs.
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L'inflation y atteint un taux de 80% alors que dans le reste de la République chypriote, elle se stabilise aux environs de 2,5%. Le représentant a exprimé son soutien au suivi et à la mise en oeuvre des décisions prises à l'issue des grandes Conférences de l'ONU.
M. E. AHMED (Inde) a souscrit à la déclaration de Costa-Rica au nom du Groupe des 77 et la Chine. Il a observé que l'économie mondiale comporte des déséquilibres. Il a indiqué que le Programme commun minimum, adopté par le Gouvernement indien a mis l'accent sur la poursuite du programme de réforme et de libéralisation. L'Inde s'engagera dans la voie de la croissance en même temps que dans celle de la justice sociale et attaquera de front la pauvreté en se donnant pour but son éradication d'ici à l'an 2005.
Au cours des années qui viennent de s'écouler, la plupart des pays en développement ont adopté des réformes les engageant dans la voie de l'économie de marché, a observé M. Ahmed. Ces pays ont libéralisé leur commerce et les régimes des investissements de façon à laisser au secteur privé davantage de liberté. Cela n'a fait que les rendre plus dépendants des aléas du système économique international. Le représentant a lancé un appel pour que la Commission s'interroge sur les efforts à faire pour minimiser l'impact de ces incertitudes sur les économies de plus en plus ouvertes et vulnérables des pays en développement. Il a déploré les pressions tendant à réformer arbitrairement, à restructurer et à réduire les secteurs économique et social des activités des Nations Unies.
Mme TAN YEE KEE (Malaisie) a exprimé la déception de son pays face à l'absence de réponse de la part des pays développés de dégager, en des termes clairs et spécifiques, des ressources nouvelles et additionnelles à l'aide au développement. Elle a dénoncé les institutions de Bretton Woods, qui, à son avis, oeuvrent en contradiction avec leur mandat en ce qui concerne la question de la dette. Elle a estimé que ces institutions, loin de remplir leur mandat qui est de favoriser le développement et de réglementer le système monétaire international, se comportent comme des percepteurs de la dette au profit du Nord riche. Les faits sont édifiants puisque la Banque mondiale a collecté 7,2 milliards en 1995 au titre du remboursement de la dette et a réalisé des profits de l'ordre de 1,5 milliard de dollars. Dès lors, la communauté internationale doit multiplier ses efforts pour soulager les pays en développement du fardeau de la dette. Il importe urgemment de réformer les institutions de Bretton Woods, qui doivent respecter notamment leur mandat spécifique et refuser de subir le diktat des bailleurs de fonds.
Mme Yee Kew a observé que la mondialisation de l'économie a été un subterfuge des pays du Nord qui se sont toujours employés à déséquilibrer l'économie des pays en développement. Cela fut particulièrement le cas lors des négociations du cycle d'Uruguay au cours desquelles les pays du Sud n'ont pas manqué d'afficher leur étonnement. Ainsi les pays riches ont élargi l'ordre du jour et ont, entre autre, imposé l'ajustement des politiques économiques. De cette manière, les entreprises des pays du Nord peuvent avoir librement accès aux marchés du Sud, a expliqué Mme Yee Kew. En outre, la relation entre le commerce et la main d'oeuvre a été évoquée non pas pour protéger les travailleurs des pays pauvres, mais plutôt pour accroître les importations du Nord et affaiblir, ce faisant, les exportations des produits du Sud qui ne sont pas onéreux.
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Après avoir souligné l'écart grandissant entre pays riches et pays pauvres dans le domaine de la technologie, elle a dénoncé le manque de transfert de technologie appropriée aux besoins des pays en développement, en particulier les technologies de l'information. La prochaine conférence de l'OMC à Singapour ne devrait pas s'occuper de questions qui ne sont pas de sa compétence, en particulier, celles liées aux normes de travail ou autres.
La Malaisie souscrit pleinement aux décisions de la Conférence sur l'environnement et le développement et se félicite des activités de l'ONU dans le domaine de la recherche. Elle exprime sa préoccupation face au manque de fonds devant être affectés à des fins de développement ou à l'environnement.
M. JANA BULENOVA (République tchèque) a fait observer que les instances internationales multilatérales sont les mieux placées pour affronter les problèmes et les effets de la mondialisation et de la libéralisation. D'un autre côté, de façon paradoxale, ces institutions sont en train de perdre de leur crédibilité et de leur attrait et souffrent d'un manque de discipline et de ressources financières, a-t-il observé. La question est de savoir comment renforcer la confiance à l'égard des Nations Unies en particulier, en réaffirmant son rôle de guide dans la politique mondiale.
La République tchèque suit de très près les progrès effectués dans le domaine du développement durable et se félicite des résultats de la dernière session de la Commission du développement durable, a déclaré le représentant . Depuis qu'elle s'est réunie pour la première fois en 1993, le concept de développement durable a fait son apparition dans les programmes des différentes instances du système des Nations Unies ainsi que des organisations multilatérales. D'un autre côté, la Commission n'a pas réussi à déclencher des actions décisives de la part de la communauté internationale sur des sujets tels que le transfert de technologies sûres au plan de l'environnement, les instruments économiques du développement et les liens entre commerce international et environnement. Il est important d'accentuer nos efforts dans ces domaines.
M. PARK SOO GIL (République de Corée) a noté que l'interdépendance accrue n'a pas seulement relancé les économies des pays en développement mais qu'elle a également exacerbé les craintes des pays développement. Cela étant, le rôle des Nations Unies est de renforcer la confiance entre le Nord et le Sud en stimulant une confiance entre le Nord et le Sud, une interprétation dynamique des économies du Sud et du Nord. Un tel rééquilibrage est d'autant plus nécessaire que les pays en développement contribuent largement à l'expansion de l'économie mondiale. L'ONU doit jouer un rôle actif et novateur dans la promotion des politiques de développement. C'est là une étape essentielle dans le développement d'un nouveau partenariat mondial, a estimé M. Park.
Il s'est félicité de l'Initiative spéciale en faveur de l'Afrique. L'ONU doit renforcer son rôle dans la promotion et la définition d'une nouvelle stratégie de développement. En second lieu, les capacités du Conseil économique et social doivent être renforcées ainsi que sa relation de travail avec ses autres organes.
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M. Park a souhaité qu'à la suite du rapport du Secrétaire général sur un Agenda pour le développement, préparé avec l'idée maîtresse que le développement et la paix sont indissociables, un accord sera conclu entre pays développés et pays en développement sur les questions institutionnelles. Evoquant la session spéciale de l'Assemblée générale en 1997 sur l'application d'Action 21, M. Park a proposé d'examiner la création de mécanismes pratiques et durables susceptibles de promouvoir le financement, les transferts sectoriels et autres secteurs de l'économie. Il a estimé à cet égard que l'un des principaux apports de la dernière session de la Commission du développement durable a été de mettre l'accent sur la recherche de modèles de consommation durable. Jusqu'à présent, a-t-il noté, l'accent avait été essentiellement mis sur les effets négatifs de la consommation à outrance, en particulier la pollution de l'environnement. Un partenariat global entre les pays développés et les pays en développement est possible, a-t-il observé, tout en faisant remarquer qu'un tel partenariat doit être fondé sur une vision commune de l'avenir et sur des avantages mutuellement bénéfiques.
M. M. DAUDI N. MWAKAWAGO (Tanzanie) a exprimé son soutien à la déclaration de Costa Rica faite au nom du Groupe des 77 et la Chine. Le redressement économique et le développement des pays en développement sont d'autant plus urgents que les forces de la mondialisation et de la libéralisation se font de plus en plus visibles dans le domaine du commerce international. Nous devons examiner de près et en termes concrets les différentes politiques à notre disposition qui nous permettent d'éviter la marginalisation au plan économique.
M. Mwakawago a fait observer que le problème de la dette, en particulier dans les pays lourdement endettés, n'a toujours pas été résolu. Dans de nombreux pays, la situation de la dette a empiré et a pris des proportions dramatiques. Il a lancé un appel aux créditeurs du Club de Paris pour qu'ils reconnaissent qu'il est important d'aller au-delà des termes de Naples dans le cas des pays lourdement endettés notamment les pays d'Afrique subsaharienne. Il a regretté que certains partenaires n'aient pas souscrit à la création du Fonds africain de diversification des produits de base. Il les a incités à considérer ce fonds comme moyen de poser les fondations d'un développement de l'Afrique. La désertification et la sécheresse sont un autre obstacle au développement de l'Afrique, a-t-il observé. On n'insistera jamais assez sur l'importance de la Convention sur la lutte contre la désertification en raison notamment de son approche novatrice sur les aspects physiques, biologiques et socio-économiques de la désertification.
M. J.B. ZULU, Représentant spécial auprès des Nations Unies du Fonds monétaire international (FMI), a mis l'accent sur la convergence de vues avec la Deuxième Commission sur l'importance à accorder aux questions sociales et questions connexes dans le cadre d'une politique macro-économique saine et globale. Le Comité intérimaire du FMI et le Comité de Développement du FMI et de la Banque mondiale se sont réunis il y a deux semaines en marge de l'Assemblée Annuelle. Le comité intérimaire a pris quatre mesures concrètes importantes. En ce qui concerne l'allégement de la dette, les deux Comités mentionnés ont adopté l'initiative FMI\Banque mondiale visant à assurer que les pays les plus lourdement endettés puissent atteindre, à moyen terme, un niveau soutenable de la dette. Un fait sans précédent, selon M. Zulu.
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L'initiative englobe l'ensemble de la dette extérieure, y compris la dette multilatérale. La seconde mesure est ce que le Directeur du FMI appelle "les 11 commandements". Il s'agit de la Déclaration sur le partenariat pour une croissance mondiale durable qui vient d'être adoptée par le Comité intérimaire. La troisième mesure est qu'il faut garantir les investissements dans les infrastructures de base. La durabilité de la croissance économique dépend du développement humain.
M. Zulu a expliqué que l'ancienne dichotomie qui caractérise la programmation et l'ajustement structurel fait désormais partie du passé. Un nouveau consensus international se dégage en ce qui concerne les difficultés qui nous attendent et la communauté internationale s'exprime d'une seule voix dans un langage qui nous est familier à tous, a ajouté le représentant du FMI.
Résumant les discussions au cours des récentes réunions mentionnées, M. Zulu a fait ressortir quatre sujets: un optimisme général mais mesuré quant aux prospectives de performance des pays individuels dans l'économie mondiale; un large consensus concernant les stratégies économiques efficaces pour réaliser ces projections; la nécessité d'un FMI fort, susceptible d'aider les membres dans ce processus; un sens de la responsabilité partagée en vue d'une prospérité mutuelle pour toutes les nations.
Evoquant la question de la vente d'or, M. Zulu a annoncé que le "Enhanced Structural Adjustment Facility" (ESAF) sera le moyen par lequel le FMI contribuera à la nouvelle initiative. Il faut garantir le financement de l'ESAF intérimaire de façon à ce que le FMI puisse optimiser l'utilisation des ressources et il faudra qu'il vende un certain montant d'or afin d'aider les pays les plus pauvres à s'acquitter de leurs dettes.
M. ALFREDO SFEIR-YOUNIS, Représentant de la Banque mondiale, a indiqué que la Banque mondiale et l'Association internationale de développement ont investi plus de 21 milliards de dollars dans 256 projets, essentiellement dans les secteurs des transports, de l'agriculture et de l'énergie électrique. Il a précisé que ces investissements ont été effectués en prenant en compte un certain nombre de critères. La réalisation de ces projets ne devraient pas avoir d'impact du point de vue de l'environnement; ils devaient être durables et s'inscrire dans un contexte d'équilibre entre secteurs privé et public. La majeure partie des investissements a concerné le domaine des ressources humaines.
Les opérations d'ajustement structurel n'ont représenté que 21% de la totalité au lieu de 24% l'année fiscale précédente, a-t-il précisé. A propos du problème de la dette, il a rappelé que les différents partenaires sont parvenus à un accord sur un programme essentiel appelé le Fonds d'intégration spécial pour les pays les plus endettés qui a été doté de 500 millions de dollars. Un accord a été également conclu avec le Club de Paris sur la façon d'envisager le problème de la dette.
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Echange de vues avec les Représentants du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale
A la fin des interventions de l'après-midi, le président de la Commission économique et Financière, M. Arjan Hamburger a accepté de permettre aux délégations d'adresser des questions aux représentants du FMI et de la Banque mondiale. Se sont exprimés dans ce cadre les représentants des Etats- Unis, du Suriname et du Nigéria.
S'adressant à M. Zulu du FMI, le représentant des Etats-Unis a jugé remarquable de voir que les questions sociales touchent le FMI. Il a souhaité savoir de quelle façon le travail des Nations Unies, notamment le Sommet social, a influencé les travaux de Washington au coeur du FMI. Il a également demandé au représentant de la Banque mondiale de fournir les documents concernant le Fonds spécial d'affectation multilatérale.
Le représentant du Fonds monétaire international a répondu que la dimension sociale a été prise en considération au FMI au cours des cinq dernières années. Le Sommet social n'a fait que donner plus de force à cette décision et a incité à renforcer les dépenses dans les secteurs sociaux et domaines connexes. Il a précisé que le FMI agit de sorte que les budgets des pays et leur répartition tiennent compte de ces aspects.
Le représentant du Suriname a demandé à la Banque mondiale de mettre à sa disposition le texte de son intervention devant la Deuxième Commission.
Pour sa part, le Nigéria a félicité le président de la Commission de l'initiative permettant, malgré le manque de temps, d'inviter des représentants du FMI et de la Banque mondiale à faire des présentations, ce qui permet de mieux comprendre les orientations nouvelles de ces institutions.
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