LA COMMISSION ECONOMIQUE ET FINANCIERE ENTAME SON DEBAT GENERAL SUR LES TENDANCES ECONOMIQUES MONDIALES
Communiqué de Presse
AG/EF/175
LA COMMISSION ECONOMIQUE ET FINANCIERE ENTAME SON DEBAT GENERAL SUR LES TENDANCES ECONOMIQUES MONDIALES
19961014 APRES-MIDI AG/EF/175 La Deuxième Commission (économique et financière) a entamé cet après-midi son débat général sous la présidence de M. Arjan P. Hamburger (Pays-Bas). Elle a élu M. Kheireddine Ramoul (Algérie) au poste de Vice-Président pour le Groupe des Etats d'Afrique. Le bureau de la Deuxième Commission est composé en outre de M. Mohammad Reza Hadji Karim Djabbari (République islamique d'Iran), Vice-Président et de Mme Silvia Cristina Corado-Cuevas (Guatemala). Ont pris la parole dans le cadre du débat général, les représentants des pays suivants : Costa Rica, Irlande (au nom de l'Union européenne), Pays-Bas, Chine, Jordanie, Etats-Unis, Algérie, Egypte, Bolivie, Brésil (au nom des Etats membres du MERCOSUR: Argentine, Paraguay, Uruguay, Bolivie et Chili), et Bangladesh.Le Sous-Secrétaire général au Département de la coordination des politiques et du développement durable, M. Nitin Desai, a introduit le débat général en rappelant qu'au cours de ses débats, ces trois dernières années, la Commission a axé ses efforts sur la nécessité d'un réexamen de l'orientation de l'ONU en matière de coopération internationale, sur la coopération au développement et sur la prise en compte de l'environnement. M. Desai a observé que les conférences internationales ont fait apparaître la notion de partage de responsabilité pour le développement.
S'exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, le représentant de Costa Rica a évoqué les conclusions des négociations au sein du Groupe spécial sur un Agenda pour le développement et a noté que des doutes sont apparus quant à la disposition de certains Etats membres de garder ouvert et comme thème prioritaire de l'ordre du jour international le thème du développement économique et social. Il a réitéré le fait que pour le Groupe des 77 et la Chine les questions du développement économique et social sont fondamentales.
Le Bangladesh, le Brésil et la Bolivie ont souligné leur attachement à l'Initiative spéciale des Nations Unies en faveur de l'Afrique, tout en précisant que les pays du continent ne pourront faire face à la situation actuelle de leur économie sans un appui de la communauté internationale.
(à suivre - 1a)
- 1a - AG/EF/175 14 octobre 1996
Plusieurs intervenants ont souligné l'importance de la coopération Sud-Sud, susceptible d'accroître et de stimuler le développement. Ils ont demandé le respect des engagements pris dans les accords du Cycle d'Uruguay et de l'Acte final, notamment à la veille de la prochaine réunion de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Le représentant de l'Irlande, au nom de l'Union européenne, a indiqué que l'Union européenne estime nécessaire de revoir de façon urgente le rôle et le mandat de tous les organes des Nations Unies s'occupant du développement. L'Union est également convaincue de la nécessité de poursuivre les efforts d'amélioration de la coopération entre les agences des Nations Unies, les institutions financières internationales et l'Organisation mondiale du commerce.
Les Pays-Bas ont indiqué que les leçons tirées du génocide du Rwanda font apparaître que l'action humanitaire ne peut se substituer à l'action politique. Si le cycle de la violence se poursuit, c'est parce que les causes du conflit sont négligées. Les Pays-Bas suggèrent une approche plus exhaustive et à long terme au problème de développement.
La Chine a, quant à elle, dénoncé les pratiques de certains pays développés qui continuent à avoir recours au protectionnisme et à l'unilatéralisme en matière de commerce international. Ces pays ont tendance à lier la coopération internationale à des considérations politiques.
La Jordanie a fait observer que tout au long de cette décennie, il n'avait été question que de libre-échange, de privatisation, d'une économie libre et de protection de l'environnement. "Le développement durable est devenu un slogan et la mondialisation un objectif ultime", a-t-il commenté. Dans le même temps, les ajustements structurels restent la hantise des gouvernements des pays en développement qui sont écrasés par le poids des arriérés et font porter tous leurs efforts sur le service de leurs différents types de dette. Le temps est venu de passer de la rhétorique à l'action, a-t-il déclaré.
Les Etats-Unis ont engagé la Deuxième Commission à montrer qu'elle peut revitaliser le dialogue intergouvernemental dans le domaine économique. Ils ont mis l'accent sur la reprise de la croissance économique, entraînée par le secteur privé. Ils ont regretté que les niveaux insupportables de la dette soient une entrave à la croissance et ont exprimé leur soutien au Programme d'action en faveur des pays les plus pauvres lourdement endettés.
L'Algérie a attiré l'attention sur la situation particulièrement grave que connaît le continent africain ainsi que sur le problème de la dette extérieure qui continue à obérer les efforts de réforme et de redressement entrepris par les pays en développement. Il a estimé que les initiatives prises ou annoncées par les institutions de Bretton Woods et les créditeurs en vue d'alléger la dette des pays les plus pauvres demeurent néanmoins insuffisantes et limitées.
(à suivre - 1b)
- 1b - AG/EF/175 14 octobre 1996
L'Egypte a déclaré que l'on assiste à une régression des Nations Unies dans son approche des problèmes du développement. Si le développement constitue l'une des missions les plus importantes de l'humanité, nous devons faire face à un danger de ne pas respecter cette mission. Il a mis en garde contre le risque de faire passer le développement de la catégorie de cause commune à celle de cause de seconde catégorie.
Le Brésil s'est prononcé en faveur d'un renforcement du Conseil économique et social et a assuré que son pays n'épargnerait aucun effort en vue d'une conclusion heureuse de l'Agenda pour le développement.
Le Bangladesh a indiqué que la Deuxième Commission est la plus importante instance des Nations Unies où des vues sur les problèmes de l'économie mondiale et sur leurs solutions sont échangées. Il a noté que beaucoup de pays en développement ont entrepris des réformes économiques très difficiles qui accroissent leurs capacités d'absorption et d'utilisation efficace de l'aide.
La Deuxième Commission poursuivra son débat général demain mardi 15 octobre à partir de 15 heures.
- 2 - AG/EF/175 14 octobre 1996
Déclaration liminaire
Prenant la parole en ouverture du débat général de la Deuxième Commission (économique et financière), M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint au Département de la coordination des politiques et du développement, a rappelé que l'essentiel des discussions au cours des trois dernières années au sein de la Commission économique et financière a porté sur la nécessité de réexaminer l'orientation de l'ONU en matière de coopération internationale, de coopération au développement, avec une troisième dimension, toute aussi importante : l'environnement. Il a indiqué que les politiques sont centrées sur le marché, et il fallait définir le rôle du secteur public en matière de développement. Selon M. desai, la série de Conférences internationales qui se sont tenues dans les années 90, avaient pour caractéristiques essentielles d'aborder les questions que ne peuvent résoudre un processus de développement axé sur le marché. En effet, toutes ces conférences ont fait ressortir la notion de responsabilité partagée en matière de développement ainsi que des innovations au niveau de l'élaboration des politiques dont une approche plus intégrée. Avec ce cycle de conférences, ont a cherché à atteindre un certain niveau de crédibilité au yeux des décideurs, mais également du patronat, des syndicats, des coopératives et de la communauté des ONG, a expliqué M. Desai. Il a ajouté que la communauté des ONG a porté cette question à l'attention du monde entier. Les innovations que les Conférences ont permis d'apporter ont été préparées par la Deuxième Commission. Il s'agit à présent dans une deuxième phase de la mise en oeuvre de ce nouveau dynamisme. Il s'agit aussi désormais de montrer que ce processus dans lequel la communauté internationale a tant investi est en train de donner des résultats. Cela doit devenir l'objectif des travaux, tant au niveau de la Commission du développement social que celui de la Deuxième Commission, a expliqué M. Desai. Il faut donc se concentrer sur la mise en oeuvre qui relève du processus intergouvernemental. Il faut à cet égard trouver un meilleur lien entre l'élaboration des politiques au sein des Nations Unies et les activités opérationnelles. L'un des défis majeurs est le lien entre l'orientation donnée à l'ONU et le processus de décision de la mise en oeuvre des politiques.
Parlant de l'Agenda pour le développement, M. Desai a estimé qu'il devrait constituer un autre aspect important de la réflexion au sein de la communauté internationale. Il a enfin évoqué le Sommet mondial pour le développement de l'énergie tenu récemment au Zimbabwe.
Débat général
M. FERNANDO BERROCAL SOTO (Costa Rica), au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a déclaré que le niveau peu satisfaisant des conclusions des négociations, au sein du Groupe spécial à composition non limitée sur un Agenda pour le développement au cours de la 50ème session de l'Assemblée générale, a soulevé certains doutes quant à la disposition de certains Etats membres de garder ouvert et comme thème prioritaire de l'ordre du jour international le thème du développement économique et social.
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Il faudrait souligner que pour le Groupe des 77 et la Chine, les questions de développement économique et social sont fondamentales, et que leur position à cet égard est tout à fait irréductible. Les questions de développement économique et social donnent leur raison d'être aux Nations Unies, a affirmé Berrocal Soto. C'est ce qu'ont affirmé les chefs d'Etat lors de la commémoration du 50ème Anniversaire de l'Organisation, a-t-il rappelé. Il a exprimé la position du Groupe sur le besoin urgent d'accroître le montant de l'aide au développement, qui a baissé au cours des dernières années. Il a expliqué que pendant que les pays en développement multiplient les efforts pour respecter les accords internationaux, les engagements d'Agenda 21, par exemple, ne sont pas respectés par d'autres Etats. Sans coopération internationale, le processus de développement pourra difficilement se réaliser, a expliqué M. Berrocal Soto.
Le Groupe des 77 et la Chine attache une grande importance à l'Initiative spéciale en faveur de l'Afrique. Il sera impossible de faire face à la situation actuelle de leur économie sans un appui de la communauté internationale. Il a lancé un appel ferme à la solidarité internationale en faveur de cette importante initiative des Nations Unies. M. Berrocal Soto a souhaité le suivi et la mise en oeuvre des accords adoptés lors des conférences internationales. Ces accords sont le symbole de la vitalité et de l'engagement des Nations Unies. Il s'agit d'un programme de travail inéluctable pour l'organisation mondiale, le renforcement de la coopération Sud-Sud est primordiale et nous sommes déterminés à ce que cette constante de la coopération soit prise en considération lors des délibérations de la Deuxième commission.
Le Costa Rica a convoqué une Conférence sur le commerce, les investissements et les finances, qui se tiendra les 13, 14 et 15 janvier 1997 pour que le Groupe des 77 et la Chine procèdent à la reformulation de leur Programme d'action adopté à Caracas en 1981. La coopération Sud-Sud est essentielle pour accroître et stimuler les niveaux nationaux de développement dans le Sud et arriver à un ordre économique mondial plus juste pour les pays d'Afrique, d'Asie et des Caraïbes. Le Groupe des 77 et la Chine se déclarent satisfaits des résultats de la IX Conférence de la CNUCED et des réformes de cette dernière, ainsi que de celles de l'ONUDI au cours des dernières années. Il a réitéré l'appui du Groupe de 77 et la Chine à ces deux organisations, qui constituent d'importants instruments pour maintenir l'engagement et l'obligation des Nations Unies en faveur des pays en développement. Il a demandé le respect plein des accords d'Uruguay et de l'acte final, notamment à la veille de la prochaine réunion de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en décembre prochain à Singapour. Il a émis l'espoir que les différences seront aplanies et que les anciennes pratiques de protectionnisme et de néo-protectionnisme, sous toutes ses formes, laisseront la place à des processus plus justes et équilibrés.
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La session extraordinaire de l'Assemblée générale sur l'application de l'Agenda 21 sera l'occasion d'examiner les obstacles de la mise en oeuvre effective des décisions de Rio. Il existe un lien entre celles de la Deuxième Commission et les questions d'importance au niveau mondial. La problématique du développement ne se réduit pas à la variable économique. Le droit de tous les hommes et de toutes les femmes à l'espoir et à la dignité, où qu'ils vivent devra être renforcé. Renforcer cette tendance est l'un des objectifs les plus importants du Groupe des 77 et la Chine au sein des Nations Unies.
M. CONOR MURPHY (Irlande), s'exprimant au nom de l'Union européenne, a estimé que la Deuxième Commission devait s'interroger sur les moyens permettant aux Nations Unies d'assumer les tâches découlant de l'évolution rapide de la situation mondiale. Il a fait observer, à cet égard, que le système des Nations Unies est entré dans une phase positive de changements au cours des douze derniers mois. En mai, à la suite de négociations ardues, l'Assemblée générale a adopté la résolution 50/227 qui fournit une base juridique à une restructuration et à une revitalisation significative du système, a-t-il déclaré. L'Union européenne est partie prenante dans la mise en oeuvre de tous les aspects de cette résolution, y compris ceux liés à la réforme financière et institutionnelle. Des tentatives faites lors de la session de fond du Conseil économique et social en juillet pour appliquer des aspects importants de cette résolution se sont révélées décevantes. Nous espérons que ces efforts seront plus fructueux au cours de la session actuelle de l'Assemblée générale.
M. Murphy a souligné qu'il reste beaucoup restait à faire pour que les Nations Unies puissent relever les défis colossaux qui se posent dans le domaine du développement durable centré sur l'être humain. Il a indiqué que l'Union européenne estime qu'il est nécessaire de réexaminer de façon urgente le rôle et le mandat de tous les organes des Nations Unies s'occupant des questions et des activités de développement. L'Union européenne est également convaincue de la nécessité de poursuivre les efforts d'amélioration de la coopération entre les agences des Nations Unies, les institutions financières internationales et l'Organisation mondiale du commerce.
L'Union européenne attache une importance particulière à un certain nombre de questions figurant au programme de travail de la Deuxième Commission, au nombre desquelles l'éradication de la pauvreté, a souligné le représentant. Il s'est dit préoccupé par la lenteur des négociations concernant l'Agenda pour le développement. Leur succès est une des priorités de l'Union européenne au cours de cette session, a-t-il indiqué.
M. JAN PRONK, Ministre pour la coopération au développement des Pays-Bas, a indiqué que s'il y a une leçon à tirer du génocide du Rwanda en 1994, c'est bien que l'action humanitaire ne peut se substituer à l'action politique.
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Il a expliqué que les leçons de la Somalie et celles que l'on tire actuellement de la situation en Afghanistan sont similaires et démontrent que tant que la médiation politique, les opérations militaires et de sécurité, l'assistance au développement ainsi que l'aide humanitaire se font de façon indépendante, la réponse internationale à la violence à grande échelle continuera d'être incohérente et inefficace. Il a observé que la violence se poursuit parce que l'on omet d'enrayer les raisons qui soustendent les conflits. En second lieu, la politique préventive exige une approche plus vaste avec du long terme, y compris un développement à long terme et des activités de reconstruction et de réhabilitation à moyen terme, mais aussi de l'aide humanitaire à court terme et des instruments politiques et de sécurité. M. Pronk a noté que dans les instances internationales responsables de la paix et de la sécurité, il existe une tendance aveugle à mettre l'accent sur les aspects militaires du conflit en négligeant quelque peu les acteurs non militaires et les activités de développement à plus long terme. Alors que les actions de maintien de la paix peuvent aider à contenir la violence et à en limiter l'ampleur, elles ne peuvent à elles-seules, en favoriser la solution. Au contraire, quelquefois le maintien de la paix peut empêcher les parties en conflit de chercher des solutions car il peut en isoler les communautés, maintenir le statu quo et provoquer des scissions entre les parties civiles. Le Ministre a indiqué que l'action à long terme dure trop longtemps ce qui ne favorise pas la réconciliation et ne permet pas aux blessures de vite se cicatriser. Du Burundi au Libéria, de la Somalie à l'Afghanistan, et du Soudan au Tchad, de plus en plus de pays se retrouvent dans des situation prolongées de moitié guerre/moitié paix, a expliqué le Ministre. En outre, la nature du conflit à l'intérieur des Etats pose la question de savoir quand est-ce que la paix se termine et quand est-ce que la violence commence. De nombreuses sociétés sont donc caractérisées par la paix et la guerre, a-t-il expliqué. Il a recommandé de faire plus que l'action humanitaire, car il est possible de créer la base de la reconstruction politique et le rétablissement de l'Etat. Les activités de développement qui peuvent assurer la diplomatie préventive sont nécessaires.
M. Pronk a indiqué que toute approche cohérente au développement exige que les institutions spécialisées soient bien regroupées sous la direction du Secrétaire général. Il devrait y avoir une seule institution des Nations Unies traitant de l'aspect humanitaire. Ces propositions ne sont pas nouvelles, a-t-il expliqué. Rappelant que nous sommes dans une période de l'après guerre froide, il a conclu qu'il faut être prêt à intégrer le développement aux politiques. Il faut renforcer les capacités de cohésion de cette organisation si l'on veut que sa crédibilité et son action soient cohérentes, quant à la coopération au développement, a dit le Ministre.
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M. WANG XUEXIAN (Chine) a fait observer que essentiellement certains pays en développement ont réalisé, grâce à leurs propres efforts, une croissance économique extrêmement rapide et que ce phénomène est sans aucun doute encourageant. Toutefois, a-t-il fait remarquer, ces pays ne représentent qu'une minorité, ils sont en outre confrontés à une forme de développement instable et inégal. Le fossé entre pays développés et pays en développement ne cesse de s'élargir. Les pays les moins avancés en particulier sont confrontés à un risque réel de marginalisation, a-t-il expliqué.
La coopération internationale en faveur du développement connaît de grandes difficultés. Certains pays développés parmi les plus importants continuent à avoir recours au protectionnisme et à l'unilatéralisme en matière de commerce international et d'activités économiques. On assiste à une tendance de plus en plus forte à lier la coopération internationale à des conditions politiques. Les ressources financières des Nations Unies dans le domaine du développement ont diminué. Le consensus réalisé au cours des conférences des Nations Unies est loin de se traduire en actions concrètes. En outre, une tendance s'est faite récemment jour qui consiste à exagérer la croissance réalisée par les pays en développement de façon à leur imposer des obligations qui excèdent leur niveau de développement économique.
La prospérité durable de l'économie mondiale ne peut être fondée sur la pauvreté et l'arriération persistante des pays en développement en général, a fait valoir le représentant. Un nouveau partenariat mondial équitable doit s'appuyer sur l'égalité. Il doit également placer au centre de ses préoccupations la coopération économique en faveur du développement et adopter comme principe de base la notion de "responsabilités communes bien que différenciées". Il a estimé que les Nations Unies avaient, à cet égard, un rôle important à jouer et que pour cette raison, la réforme des Nations Unies doit s'attacher à accroître son efficacité et à renforcer ses fonctions au lieu de les affaiblir.
M. FARIS AMMARIN (Jordanie) a fait observer que tout au long de cette décennie, il n'avait été question que de libre-échange, de privatisation, d'une économie libre et de la protection de l'environnement. Le développement durable est devenu un slogan et la mondialisation un objectif ultime. Toutes les estimations, a-t-il noté, montrent que 600 milliards de dollars sont nécessaires pour parvenir au développement durable d'ici à l'an 2000. Les engagements de contributions de la part des pays développés s'élèvent à 200 milliards de dollars, le reste est laissé à la charge des pays en développement. Alors que la dette totale des pays en développement excède ces chiffres, nous continuons à parler de partenariat mondial destiné à éliminer la pauvreté. Dans le même temps, les ajustements structurels restent la hantise des gouvernements des pays en développement qui sont écrasés par le poids des arriérés et font porter tous leurs efforts sur le service de la dette.
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On a beaucoup parlé d'accroître et d'encourager le flux des investissements en direction des pays en développement, a-t-il déclaré, et la Jordanie a tenu un Sommet économique sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord qui a rencontré un grand succès. Son objectif premier était de définir des structures et des politiques régionales essentielles pour la région. Des hommes d'affaires sont venus du monde entier, pourtant les perspectives d'investissements dans la région restent sombres. La Jordanie a soutenu l'Agenda pour le développement lancé par le Secrétaire général, a indiqué M. Ammarin. Elle a élaboré un traité de paix avec Israël qui constitue un modèle pour la région. Nous avons libéralisé notre économie et fait porter nos efforts sur la privatisation. Nous avons signé les trois principales conventions du Sommet de Rio. Nous avons construit un modèle de démocratie avec une activité parlementaire pleine et entière. Récemment, la Jordanie a payé le prix fort lorsque le gouvernement a appliqué les dures mesures de réajustement structurel instaurées par la Banque mondiale. Ces mesures ont déclenché des émeutes et des grèves.
Le temps est venu de passer de la rhétorique à l'action, ce qui nous permettrait d'accéder au siècle nouveau et de ne pas laisser les problèmes et les fardeaux du passé continuer à nous hanter, a déclaré le représentant. Le problème de la dette, des flux de capitaux et de l'investissement reste crucial. Dans ce contexte, il serait bénéfique d'inscrire à l'ordre du jour de la Deuxième Commission un point portant sur l'amélioration de la coopération entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods de façon à instaurer un nouvel ordre économique international.
M. VICTOR MARRERO (Etats-Unis) a fait observer que la tâche qui attend l'Assemblée générale au cours de cette session est de première importance. La Deuxième Commission doit montrer qu'elle peut revitaliser le dialogue intergouvernemental dans le domaine économique, a-t-il estimé. Nous sommes également chargés de parvenir à un consensus sur des objectifs et des priorités de développement.
Depuis la fin de la guerre froide, a-t-il également déclaré, les prémisses d'un nouveau consensus sont apparues. Il est désormais communément admis que des politiques financières et économiques saines, le respect des droits de l'homme, une bonne gestion des affaires publiques, le recours à l'initiative individuelle et au secteur privé sont déterminants pour créer un environnement favorable à la croissance économique, à la durabilité environnementale et à l'équité sociale. Le résultat a été l'émergence d'une économie mondiale intégrée et une croissance économique renforcée à la fois dans les pays industrialisés et les pays en développement. En réalité, la croissance économique, entraînée par le secteur privé, a repris que ce soit dans un certain nombre de pays en transition ou dans beaucoup de pays africains.
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Un des obstacles évidents à la croissance réside dans les niveaux insupportables de la dette, a estimé M. Marrero. Les institutions de Bretton Woods et le Club de Paris viennent de parvenir à un accord sur une approche globale destinée à réduire la dette excessive de certains pays les plus pauvres. Les Etats-Unis soutiennent pleinement le Programme d'action en faveur des pays les plus pauvres et les plus lourdement endettés.
Le représentant a estimé qu'il est de l'intérêt commun de mettre en oeuvre la réforme et la revitalisation des secteurs économique et social de l'ONU et que la résolution 50/227 fournit pour cela une excellente base de travail. Il s'est dit confiant quant aux possibilités de parvenir à une plus grande cohérence et complémentarité entre le travail de la Deuxième et de la Troisième Commission.
Les Etats-Unis, a-t-il indiqué, soutiennent pleinement les propositions du Sommet économique de Lyon consistant en la fusion des trois départements du Secrétariat de l'ONU en charge du développement en une seule entité placée sous la responsabilité d'un vice-secrétaire général qui pourrait aussi devenir le secrétaire général du Conseil économique et social. Il s'est également prononcé en faveur d'un réexamen des mandats des différents programmes fonctionnels dans le domaine du développement en vue d'une rationalisation et éventuellement de la fusion de certaines activités.
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a attiré l'attention sur le fait que cette année encore les rapides transformations qui affectent les relations économiques internationales vont imprimer leur marques sur les délibérations de la Commission. Les tendances accélérées vers la mondialisation sont autant de chances et d'opportunités pour tous les pays dans leur intégration à ce vaste mouvement et dans leurs efforts de tirer profit des possibilités de progrès et de prospérité dont il est porteur. L'évolution de l'économie mondiale, ces dernières années, laisse apparaître des signes encourageants voire des performances significatives réalisées par les pays en développement. Certains analystes sont même allés jusqu'à dire que les pays du Sud sont à l'origine de la croissance mondiale, ce dont on ne peut que se réjouir.
Le représentant a toutefois fait remarquer que ces signes positifs doivent être relativisés car ils ne sont pas le fait de toutes les régions du Sud et la situation économique générale de la majorité des pays en développement demeure encore très préoccupante. La situation particulièrement grave que connaît le continent africain, qui a été soulignée lors de l'examen à mis-parcours, le mois dernier, de la mise en oeuvre du nouvel ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 (UN-NADAF), est de ce point de vue un motif sérieux de préoccupation.
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De fait, la mondialisation de l'économie qui prend les contours d'une homogénéisation de plus en plus grande des modèles de développement du fait de la consécration des règles et des lois du marché, exige une attention particulière et un soutien multiforme aux pays en développement pour les aider à aborder et à atténuer certains des effets pervers qui l'accompagnent, a estimé M. Baali. Beaucoup de problèmes auxquels sont confrontés les pays en développement demeurent sans solution. Celui de la dette extérieure continue à entraver et à obérer les efforts de réforme et de redressement entrepris par ces pays au prix de sacrifices incommensurables. Les initiatives prises ou annoncées par les institutions de Bretton Woods et les créditeurs en vue d'alléger la dette des pays les plus pauvres lourdement endettés et de trouver des solutions à la dette multilatérale, tout en constituant des motifs de satisfaction, demeurent insuffisantes et de portée limitée. En outre le très lourd fardeau supporté par les pays s'acquittant régulièrement de leurs obligations n'a pas jusqu'à présent été pris en charge et appelle de ce fait une solution globale et radicale.
Les politiques d'ajustement structurel et de réformes économiques et financières menées par les pays en développement méritent d'être relevées et devraient être encouragées et soutenues par la communauté internationale par des actions concrètes en vue d'atténuer leurs coûts politiques et sociaux et de les accompagner d'un assainissement de l'environnement économique international, a-t-il souligné. Quant aux échanges commerciaux internationaux, ils devraient être débarrassés des déséquilibres et des anachronismes qui les ont caractérisés jusqu'ici pour s'inscrire dans le cadre d'un système commercial ouvert et plus équilibré et de manière à soutenir la croissance durable à la fois des pays du Sud et de ceux du Nord.
A propos de la réforme de l'ONU, M. Baali a fait valoir qu'elle ne saurait être perçue comme une fin en soi ni s'appréhender uniquement en termes de réduction de programmes ou de suppression d'organes au détriment d'un fonctionnement harmonieux de l'Organisation ou porter atteinte à son universalité.
M. ABDUL ABDELLATIF (Egypte) a déclaré que les points inscrits à l'ordre du jour de la Deuxième Commission couvrent à peu près l'ensemble des problèmes traités par les Nations Unies. Il est devenu évident que les Nations Unies sont parvenues à un tournant décisif de leur histoire qui invite à la réflexion. C'est ainsi qu'on assiste à une régression de cette Organisation dans sa manière de traiter des problèmes de développement. Si le développement constitue l'une des missions les plus importantes de l'humanité, l'Organisation risque de ne pas accomplir cette mission dans la mesure où elle cesse d'être une cause commune pour ne devenir qu'une cause de second ordre. Les Nations Unies se sont polarisées sur des conflits incessants et la nécessité de sauvegarder la paix dans une période post-guerre froide.
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Sous prétexte de réforme et de restructuration, d'aucun s'efforcent de modifier le rôle de l'Organisation. Il y a aussi une tentative inlassable d'élargir le domaine de travail des institutions de nations unies dans le domaine financier. Tous ces facteurs mènent à des résultats qui sont en contradiction avec le mandat et les principes mêmes qui ont présidé à la naissance des Nations Unies. Le développement est indispensable à la paix et à la sécurité.
L'augmentation de la pauvreté menace la stabilité, a déclaré le représentant de l'Egypte avant de préciser que la communauté internationale avait autant besoin de compréhension que d'échange dans le domaine économique. L'économie mondiale est devenue de plus en plus intégrée et l'interdépendance est croissante, il est donc nécessaire d'avoir recours au dialogue et à la coopération économique internationale.
La série des conférences internationales organisées par l'ONU ont témoigné de l'accord sur les principales questions qui préoccupent l'humanité, notamment dans les domaines économique et social, a-t-il précisé.
L'ONU est le forum unique ou la voix de tous est écoutée et respectée, toutefois l'ONU n'a pas encore pu honorer tous ses engagements dans le cadre de la coopération au développement, a encore dit M. Abdellatif.
M. EDGAR CAMACHO OMISTE (Bolivie) a estimé que la présente session de l'Assemblée générale est une occasion unique pour réfléchir sur le travail des grandes commissions et du rôle qu'elles jouent dans la réflexion plurisectorielle. Il a jugé que l'ONU est aujourd'hui le meilleur outil dont dispose la communauté internationale pour traiter les grands problèmes qui touchent cette fin de siècle. Il a annoncé que la délégation du Brésil fera une déclaration au nom des pays membres du MERCOSUR que la Bolivie appuie entièrement.
Il est de plus en plus impérieux d'accroître la coopération productive entre les pays du Sud, a indiqué M. Camacho qui s'est dit préoccupé par la tendance à la baisse de l'aide au développement, qui est en contradiction avec les efforts consentis par la plupart des pays en développement aux fins d'adapter leurs structures aux changements mondiaux actuels. Il a indiqué que l'un des événements les plus marquants de notre époque a été sans doute la Conférence sur l'environnement et le développement, tenue à Rio de Janeiro en juin 1992.
Se référant à la réforme structurelle importante que vit la Bolivie, M. Camacho a souligné que celle-ci repose sur les principes de la démocratie participative, du développement durable et du respect de la diversité ethnique, afin d'arriver à l'unité dans la diversité. La Bolivie a occupé cette année le poste de Secrétariat du Groupe de Rio qui a été le siège de la réunion tenue à Cochabamba en avril dernier sur la coopération entre les pays de l'Amérique latine et des Caraïbes d'une part, et ceux de l'Union Européenne, d'autre part.
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Cochabamba a également accueilli la réunion des chefs d'Etat du Groupe de Rio, à l'occasion du 10e anniversaire de la création de ce mécanisme permanent de concertation politique. Les chefs d'Etat ont mis l'accent, dans la Déclaration finale, sur les différentes formes d'intégration dans la région, sur la nécessité d'un développement humain et durable, et sur l'importance du respect de la diversité culturelle.
M. CELSO L.N. AMORIM (Brésil), au nom des pays membres du MERCOSUR (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay), de la Bolivie et du Chili, a signalé que l'actuel panorama des changements dans le domaine économique présente un certain nombre de risques en raison de phénomènes tels que la volatilité des flux financiers et la résurgence de certaines formes de protectionnisme.
Il a indiqué que l'ouverture vers l'extérieur est l'une des clés de la politique du MERCOSUR, notamment au niveau commercial, au niveau de la stabilisation macro-économique et de la modernisation du secteur public. Basé sur le principe du régionalisme ouvert, le MERCOSUR est un élément fondamental de la stratégie d'insertion dynamique des économies qui le constitue dans le contexte global et dans le cadre de l'édification de la paix dans la région, a expliqué M. Amorim.
Il a rappelé qu'au terme du dernier Sommet des Présidents du MERCOSUR, tenu à San Luis, en Argentine au mois de juin dernier, un Accord a été signé entre MERCOSUR et le Chili pour la création d'une zone libre commerciale. Cet accord comporte des aspects commerciaux et non commerciaux, notamment pour ce qui est de l'infrastructure physique, des interconnexions terrestres, du transport et de l'énergie. Il a annoncé que la Bolivie, pays avec lequel le MERCOSUR maintient des relations privilégiées, rejoindra bientôt le MERCOSUR en tant qu'Etat associé.
Il a expliqué que l'un des plus importants aspects de l'intégration de la région des pays du MERCOSUR se traduit par des avancées concrètes dans la création d'une Région (zone) de commerce libre des Amériques (ALCA), conformément aux conclusions du Sommet de Miami et des réunions des Ministres du commerce de l'hémisphère, tenues à Denver, en 1995, et à Carthagena de Indias en mars de cette année.
Parlant de la période de transition que vit l'Organisation des Nations Unies, M. Amorim s'est prononcé en faveur d'un renforcement du Conseil économique et social et a assuré que son pays n'épargnerait aucun effort en vue d'une conclusion heureuse de l'Agenda pour le développement. Il a souhaité que soient examinés les mécanismes d'application des engagements faits au cours des années 90 et d'une mise en oeuvre intégrée des décisions des conférences sur le développement. En conclusion, il a souligné que l'effort de réforme doit être dirigé vers le renforcement du rôle des Nations Unies dans le domaine du développement, en donnant la priorité à la qualité des programmes d'aide au développement.
- 12 - AG/EF/175 14 octobre 1996
M. FAROOQ SOBHAN, Secrétaire aux affaires étrangères du Bangladesh, a indiqué que la Deuxième Commission est l'instance la plus importante des Nations Unies où des points de vue sur les problèmes de l'économie mondiale et sur leurs solutions sont échangés. Il a formulé des propositions visant à améliorer et à alléger les modalités de travail de la Commission économique et financière, en suggérant notamment de raccourcir les préambules des résolutions de la Commission et d'éviter les répétitions.
M. Sobhan a déclaré qu'en dépit de la tendance positive générale de l'économie mondiale, les conditions socio-économiques de nombre de personnes de par le monde demeurent encore inacceptables. Il a jugé paradoxal que malgré la prospérité dont jouit le monde développé, l'objectif de celui-ci qui consiste à contribuer au développement d'autres nations reste ignoré. Pourtant, beaucoup de pays en développement ont entrepris des réformes économiques très difficiles, augmentant ainsi leurs capacités d'absorption et d'utilisation efficace de l'aide.
Il a fait observer qu'au cours de la période de l'après-guerre froide, alors que les impératifs politiques de l'aide auraient dû disparaître, l'aide des principaux bailleurs de fonds est restée liée à des considérations politiques plutôt qu'à l'engagement visant à être des partenaires efficaces du développement.
M. Sobhan a également évoqué le poids de la dette qui a sérieusement entravé le développement des pays à petite économie puisque la majeure partie des revenus à l'exportation de ces pays est tout bonnement retournée aux créanciers. Le service de la dette a longtemps été très lourd et certains pays, en particulier en Afrique, ne sont pas en mesure de faire face à leurs obligations et ont été obligés d'accumuler des arriérés, ce qui a empiré le poids de la dette. Dans ce contexte, le Secrétaire a estimé inadéquates les mesures d'allégement consenties par certains bailleurs de fonds. Il a estimé que seules des mesures globales prises par la communauté internationale pourraient restaurer les économies qui sont affectées par la dette.
Selon M. Sobhan, le commerce est la locomotive du monde moderne, non seulement pour le monde développé mais également pour le monde en développement. Les pays les moins avancés représentent seulement 0,3% du commerce mondial et même ce minuscule montant fait l'objet de plusieurs restrictions commerciales, a commenté le représentant du Bangladesh qui a souhaité des termes de commerce plus favorables et l'annulation des mesures protectionnistes pour permettre à ces pays de sortir de leur problèmes de développement. Il a également appuyé la coopération entre les nations du Sud et a salué l'initiative de convoquer à San José, au Costa Rica, du 13 au 15 janvier 1997 la Conférence Sud-Sud sur le commerce, les investissements et les finances. Il a noté à cet égard le manque d'enthousiasme des donateurs d'appuyer le processus de réflexion sur les perspectives de la coopération entre les pays du Sud.
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