En cours au Siège de l'ONU

Soixante-neuvième session,
18e séance plénière – matin
FEM/2248

Commission de la condition de la femme: « le moment est venu de repousser les limites du possible pour parvenir à l’égalité », plaide le Président en clôturant la soixante-neuvième session

Après deux semaines d’intenses travaux, avec 13 000 participants dont 5 845 ONG et 186 États Membres représentés dont 97 au niveau ministériel, la Commission de la condition de la femme a achevé sa soixante-neuvième session marquée par l’adoption, à l’ouverture, d’une déclaration politique qui réaffirme la détermination à appliquer de manière « intégrale, effective et accélérée » la Déclaration et le Programme d’action de Beijing adoptés il y a maintenant 30 ans.

Les délégations ont commémoré cet anniversaire en dressant un bilan sans complaisance des avancées et des obstacles à l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes dans le monde et au sein des Nations Unies, tout en proposant des idées novatrices et parfois non-conventionnelles pour revitaliser cet organe subsidiaire du Conseil économique et social (ECOSOC).

Dans son discours de clôture, le Président de la soixante-neuvième session de la Commission, M. Abdulaziz M. Alwasil (Arabie saoudite), s’adressant à « celles et ceux qui se sont battus pour cette cause et à ceux qui la porteront », a jugé « le moment venu de repousser les limites du possible, pour parvenir à l’égalité des sexes, aux droits et à l’autonomisation de toutes les femmes et des filles, aujourd’hui et demain ».  Lui emboîtant le pas, la Directrice générale d’ONU-Femmes, Mme Sima Bahous, a estimé que la communauté internationale se doit, après 80 années, d’élire enfin une femme au poste de secrétaire général de l’ONU.  Un vœu maintes fois clamé au cours de la session, y compris en ce dernier jour.

Comment l’Organisation peut-elle promouvoir les femmes sans que cela ne se voit à sa tête après 80 années d’existence, s’est interrogée la Présidente de la prochaine session de la Commission.  Pour Mme Maritza Chan Valverde (Costa Rica), choisir une femme comme dixième Secrétaire générale résoudra un déséquilibre historique, en plus d’offrir une opportunité de faire progresser le monde vers l’égalité des genres. 

La Cheffe d’ONU-Femmes s’est réjouie de voir qu’en ce jour, la première femme Présidente de la Namibie entre en fonction, alors qu’hier, Mme Kirsty Coventry du Zimbabwe a été élue à la présidence du Comité international olympique (CIO), une autre première.  Mme Bahous a également plaidé pour que la Commission accorde une place de choix aux jeunes et à la société civile qui ont joué un rôle de premier plan au cours des deux dernières semaines. 

Positions des délégations sur la déclaration politique

En dépit du consensus sur la déclaration politique, de nombreuses réserves ont été mises en avant, notamment par les États-Unis et Israël qui ont rejeté l’usage de l’expression « droit au développement ».  La délégation américaine a aussi marqué sa désapprobation du Programme 2030 et de certains termes utilisés comme « genre ».  L’Argentine a elle aussi dénoncé le fait que ce terme « genre » a été mentionné 43 fois dans la déclaration.

Cette position a été partagée par plusieurs délégations dont celles du Saint-Siège, du Cameroun, du Koweït qui parlait au nom du Conseil de coopération du Golfe, du Burkina Faso, et du Nigéria, entre autres.  De plus, la Libye a regretté l’emploi de l’expression « controversée »: « des formes multiples et croisées de discrimination, de vulnérabilité et de marginalisation tout au long de leur vie ».  La Fédération de Russie a pointé pour sa part une « terminologie discutable ».

Le Mali a regretté en outre que la question de la maternité et la place de la femme au sein de la famille n’ont été retenues dans cette déclaration.  Cette déclaration semble s’éloigner du libellé pourtant agréé à Beijing il y a 30 ans et dans le Programme 2030, a regretté l’Égypte

Au nom de l’Union européenne, la Pologne a salué un document robuste et équilibré, tout en estimant qu’il aurait pu être plus ambitieux, tandis que la Suisse s’est félicitée de la mention de la « question majeure » de la violence fondée sur le genre.  Il ne faut pas oublier le sort des adolescentes et jeunes victimes de certaines discriminations ou encore des migrants, a estimé le Chili au nom d’un groupe de pays

Les Tonga, s’exprimant au nom des petits États insulaire du Pacifique, ont dit qu’il aurait été de bon ton de mettre une emphase sur la question de la santé sexuelle et reproductive, ainsi que sur celle du handicap.  On ne peut pas parler des droits des femmes sans évoquer la question de la santé sexuelle et reproductive, a appuyé le Brésil.  Le Japon a regretté que la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur « les femmes, et la paix et la sécurité » ne soit pas citée dans la déclaration politique.  A contrario, d’autres États, tels que le Bélarus, ont salué l’absence de cette mention. 

Le Mexique s’est inquiété des obstacles de taille qui ont marqué les négociations et de la remise en cause du fait que les droits des femmes sont des droits humains.  C’est pourquoi la Colombie a promis qu’elle ne ferait pas retour arrière en ce qui concerne la défense des droits des LGBTIQ+.  Au nom d’un groupe de pays, le Canada a dénoncé une régression et aurait voulu une déclaration plus ambitieuse.  Nous devons offrir à nos femmes et filles l’avenir qu’elles méritent, a affirmé la République de Corée.  Le Samoa a estimé de son côté que la déclaration doit nous conduire vers un monde où les femmes et filles peuvent diriger sans crainte.  Le plus important aujourd’hui est de mettre en pratique la déclaration adoptée la semaine dernière.  Et dans cette optique, il faut déjà commencer par élire une femme à la tête de l’ONU, a renchéri la Tunisie

Procédures et adoptions

La Commission de la condition de la femme a par ailleurs adopté sans vote une résolution présentée par l’Azerbaïdjan et intitulé « libération des femmes et des enfants pris en otage lors de conflits armés, y compris de celles et ceux qui sont emprisonnés ultérieurement » ( E/CN.6/2025/L.3 ).  Après son adoption, l’Argentine s’est dissociée des références au Programme 2030 et de l’expression « égalité des genres ».  Israël a rappelé que cela fait 532 jours que des femmes et des enfants de son pays ont été pris en otages par le Hamas, et nombre d’entre eux ont subi des sévices et abus sexuels.  L’Égypte a réagi en faisant observer que des milliers de femmes palestiniennes sont privées de leurs droits les plus élémentaires à Gaza depuis près de deux ans du fait des interventions militaires d’Israël.  Cette intervention a été ponctuée d’une longue salve d’applaudissements.

La Commission a aussi adopté par acclamation son programme de travail pluriannuel (E/CN.6/2025/L.5).  L’Égypte s’est félicitée de cette planification tenant compte de thématiques majeures, alors que l’Argentine aurait souhaité que l’expression « égalité des genres » y soit remplacée par « égalité entre hommes et femmes ».  El Salvador a conseillé à la Commission d’accorder une place de choix au sort des femmes âgées. 

Elle a ensuite adopté par acclamation l’ordre du jour provisoire de sa soixante-dixième session (E/CN.6/2025/L.4), ainsi que le rapport de la soixante-neuvième session (E/CN.6/2025/L.2) que lui a présenté sa Rapporteuse, Mme Nataliia Mudrenko (Ukraine).

Après la clôture de la soixante-neuvième session, la Commission a brièvement ouvert sa soixante-dixième session afin de procéder à l’élection des membres du bureau.  Mme Maritza Chan Valverde, Représentante permanente du Costa Rica, accède ainsi à la présidence de la Commission.  Comme elle, les Vice-Présidents suivants ont été élus par acclamation: Mme Flavia Umulisa (Rwanda) pour la soixante-dixième session, ainsi que Mme Andreea Mocanu (Roumanie) et M. Noah Oehri (Liechtenstein) pour les soixante-dixième et soixante-et-onzième sessions.  Le représentant du Groupe des États d’Asie-Pacifique sera élu à une date ultérieure.

De son côté, l’Ukraine a été élue par acclamation au Groupe de travail sur les communications afin d’y représenter le Groupe des États d’Europe orientale. 

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