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Session de 2025
Forum des partenariats – matin & après-midi
ECOSOC/7189

ECOSOC: la voix des peuples autochtones se fait entendre au forum des partenariats

Deux représentantes de peuples autochtones, venues du Canada et de la Bolivie, ont appelé, lors du forum des partenariats du Conseil économique et social (ECOSOC) qui s’est tenu aujourd’hui, à miser sur les savoirs de ces peuples et sur une politique de « petits pas » pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  « Imaginez que vous soyez des totoras », a indiqué Mme Dayana Blanco Quiroga, fondatrice de Uru Uru Team, en citant ce nom de plantes qui ont permis de purifier les eaux du lac Uru Uru en Bolivie, gravement menacées par la pollution. 

Le Président de l’ECOSOC, M. Bob Rae (Canada), a donné le coup d’envoi de ce forum, inaugurant, ce faisant, les travaux de l’ECOSOC pour l’année 2025.  « C’est la première occasion de rassembler la famille de l’ECOSOC face aux défis d’ampleur que sont les changements climatiques, les conflits ou encore les crises humanitaires. »  Le thème du forum des partenariats, cette année, était la promotion de solutions durables, inclusives, s’appuyant sur la science, au service du Programme de développement durable à horizon 2030 afin de ne laisser personne de côté. 

Le Président a appelé à concrétiser les engagements pris, avant de souligner l’importance du Pacte pour l’avenir adopté en septembre 2024.  Le mot-clef est celui de partenariat qui permet de démultiplier notre action individuelles en une action collective, a-t-il fait remarquer.  « Si nous voulons aller plus loin, il faut y aller ensemble, ce n’est pas un cliché, c’est la vérité. » 

Préférant voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide, M. Rae a insisté sur les progrès accomplis au titre de l’objectif de développement durable no 3 (ODD 3) sur la bonne santé et le bien-être.  Nous avons avancé dans la lutte contre le VIH, le paludisme, ou encore la tuberculose, a dit le Président, estimant à 100 millions les vies humaines sauvées depuis 2002. 

« Nous sauvons nos vies quand nous combinons nos ressources », a-t-il souligné. 

Si on parle beaucoup des retards dans la réalisation des ODD, n’hésitons pas à parler des succès, a tranché M. Rae.  Ces retards ont en revanche été au cœur de l’intervention de M. Guy Ryder, Secrétaire général adjoint chargé des politiques au sein du Cabinet du Secrétaire général, qui a indiqué que seules 17% des cibles des ODD seraient en passe d’être réalisées.  L’ODD 2 sur l’élimination de la faim n’est notamment pas sur la bonne voie, a-t-il concédé. 

Plaidant pour un multilatéralisme inclusif, il a appelé à repenser l’action internationale.  Le Pacte pour l’avenir est un cadre historique qui nous exhorte à aller « au-delà des partenariats traditionnels » et à miser sur des « financements mixtes », a-t-il dit.  Il a également souligné la nécessité que l’intelligence artificielle ne creuse pas les inégalités.  « Si la voie pour réaliser les ODD en 2030 est escarpée, grâce à des partenariats innovants, le succès reste encore possible », selon lui. 

De son côté, Mme Aluki Kotierk, ancienne Présidente de Nunavut Tunngavik Incorporated (NTI), a insisté sur l’importance de la signature en janvier 2024 avec le Canada de l’Entente sur le transfert des responsabilités relatives aux terres et aux ressources du Nunavut.  « Notre peuple va pouvoir décider de l’emploi de ses ressources », s’est-elle réjouie.  Elle a rappelé la pauvreté endémique qui frappe les communautés du Nunavut, notant que tous les autres signaux de développement sont au rouge.  Nous avons pâti de sous-investissements sociaux et d’une politique assimilationniste, a-t-elle déploré, jugeant capital cet accord pour « l’estime de soi » de son peuple. 

« Quand j’étais petite, j’entendais au bord du lac Uru Uru les flamants roses.  Les animaux nous réveillaient le matin et nous n’avions pas à mettre de réveil », s’est remémoré Mme Dayana Blanco Quiroga.  Puis, en raison de l’extraction illicite pratiquée par des compagnies minières, le lac a été ravagé, ses eaux sont devenues noires, empoisonnées, envahies de plastique, les poissons sont morts et les flamants roses se sont enfuis, a-t-elle témoigné.  Elle a ajouté que les premières à avoir souffert de cet état de fait étaient les jeunes filles autochtones, nombre d’entre elles s’étant mariées trop tôt, avant de tomber dans la pauvreté. 

Or les femmes dans notre communauté sont les gardiennes de l’eau, a-t-elle dit, avant de rappeler que la Bolivie est l’un des seuls pays au monde où la nature est dotée d’une personnalité juridique.  Elle a ensuite détaillé les efforts de plantation de « radeaux de totora », qui ont permis progressivement une purification des eaux du lac Uru Uru.  « Nous sommes fières de cette politique de petits pas. »  Le monde compte 400 millions de membres de peuples autochtones répartis dans 90 pays, a-t-elle rappelé. 

« Imaginez les possibilités de changements si on utilisait les savoirs et l’énergie des peuples autochtones, au lieu de les écarter du débat mondial », a-t-elle lancé, avant de dénoncer la « cupidité » de certains dirigeants.  Ces politiques de petits pas, comme ces radeaux de totora, peuvent être d’une grande puissance, a-t-elle dit, en invitant chacun à mener ce même genre d’action bénéfique. 

Les savoirs des peuples traditionnels et l’importance des partenariats ont été évoqués lors de la synthèse des quatre tables rondes consacrées, respectivement, à l’ODD 3; à l’ODD 5 sur l’égalité des sexes; à l’ODD 8 sur le travail décent; et à l’ODD 14 sur la conservation et l’exploitation durable des océans.  La nature transversale de l’ODD 3 a été soulignée tandis que la baisse des financements a été déplorée s’agissant de l’ODD 5.  Ces financements ne doivent pas dépendre des cycles électoraux, a-t-on entendu. 

S’agissant de l’ODD 8, des appels ont été lancés pour que soit trouvé un équilibre entre durabilité des entreprises, élimination du fardeau réglementaire et garantie des droits des travailleurs.  Enfin, en ce qui concerne l’ODD 14, les intervenants ont rappelé que les peuples autochtones, les jeunes, les femmes et les groupes vulnérables doivent être étroitement associés à l’élaboration des politiques de protection des océans. 

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