9858e séance – matin
CS/15993

Conseil de sécurité: la situation au Yémen

(Le résumé complet de la réunion sera disponible ultérieurement.)

Ce matin, le Conseil de sécurité tient une séance d’information sur la situation au Yémen.  L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Hans Grundberg, devrait faire un exposé, de même que le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, M. Thomas Fletcher (par vidéoconférence). 

Le mandat de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) expire le 14 juillet.

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LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Exposés

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a noté qu’après le cessez-le-feu à Gaza et la cessation des attaques d’Ansar Allah contre des navires en mer Rouge et des cibles en Israël, ainsi que la libération de l’équipage du Galaxy Leader, des défis d’ampleur restent à surmonter au Yémen. 

Il a tout d’abord mentionné la quatrième vague de détentions arbitraires de membres du personnel des Nations Unies menée par les houthistes le mois dernier, y voyant non seulement une violation des droits humains fondamentaux mais aussi une menace directe pour la capacité de l’ONU à fournir une aide humanitaire à des millions de personnes dans le besoin.  Déplorant la mort en détention d’un collègue travaillant pour le Programme alimentaire mondial (PAM), il a exigé qu’une enquête transparente soit diligentée sur ce décès et que les responsables soient tenus de rendre des comptes.  Il a également réclamé la libération immédiate et inconditionnelle de tous les membres du personnel de l’ONU, d’ONG, d’organisations de la société civile et de missions diplomatiques détenus arbitrairement. 

L’Envoyé spécial s’est ensuite alarmé de la poursuite des activités militaires au Yémen, alors que des rapports font état de mouvements de renforts et de matériel vers les lignes de front, et de bombardements, d’attaques de drones et de tentatives d’infiltration d’Ansar Allah sur plusieurs lignes de front. Appelant les parties à s’abstenir de toute mesure de représailles qui pourrait faire replonger le Yémen dans le conflit, il a assuré que son bureau reste en contact régulier avec les belligérants pour les inciter à désamorcer les tensions et à prendre des mesures concrètes de confiance par l’intermédiaire du Comité de coordination des opérations militaires. 

Sur le plan économique, M. Grundberg s’est aussi déclaré préoccupé par la détérioration rapide de la situation.  Dans les zones contrôlées par le Gouvernement, les habitants ont subi des coupures de courant prolongées, a-t-il indiqué, tandis que la dépréciation continue du rial yéménite a fait grimper le prix des biens de première nécessité.  Ces difficultés économiques sont également ressenties dans les territoires contrôlés par Ansar Allah. 

« Ces problèmes sont les symptômes de l’échec de la recherche d’une solution politique durable », s’est désolé l’Envoyé spécial, réaffirmant que « sans perspective de paix, il ne peut y avoir de prospérité ». Il a assuré que son bureau poursuit son dialogue avec les parties au conflit, ayant lui-même noué des contacts avec des représentants de la société civile, notamment des jeunes et des femmes, afin d’intégrer les perspectives locales dans le processus de paix.  Il a souhaité que ces efforts soient « protégés », demandant à cet égard des éclaircissements concernant la prochaine désignation par les États-Unis d’Ansar Allah comme organisation terroriste étrangère.  Il a dit répéter le même message à ses interlocuteurs régionaux et internationaux: seul un règlement politique du conflit soutiendra les Yéménites dans leurs aspirations à une paix durable.  C’est selon lui « réalisable, possible et pragmatique ». 

Rappelant le cadre de la feuille de route, M. Grundberg a souligné que les parties se sont engagées à un cessez-le-feu national comme première étape vers la stabilité.  Il a estimé que cela pourrait déboucher sur un processus politique structuré dans lequel les Yéménites détermineraient leur propre avenir par le biais de négociations inclusives sous les auspices de l’ONU. 

À cette fin, « il est essentiel que mon bureau maintienne un espace approprié pour s’engager dans une médiation efficace », a-t-il plaidé, avant d’appeler à résoudre la crise économique du Yémen par un dialogue soutenu et des mesures concrètes pour reconstruire le pays.  Enfin, qualifiant la libération unilatérale de 153 détenus liés au conflit par Ansar Allah d’« étape positive », il a encouragé les parties à faire les compromis nécessaires pour parvenir à un accord sur la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement et a exhorté les acteurs régionaux et internationaux à soutenir la diplomatie, la désescalade et un dialogue inclusif. 

M. THOMAS FLETCHER, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a exprimé sa douleur et sa colère après la mort cette semaine en détention d’un collègue du Programme alimentaire mondial (PAM).  Il était aux mains des autorités houthistes de facto.  Il a indiqué que 19,5 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire au Yémen, en précisant qu’en décembre dernier, 64% de la population n’était pas en mesure de subvenir à ses besoins alimentaires, soit 3 points de plus qu’en novembre.  Comme dans toutes les crises, ce sont les enfants qui souffrent le plus, a-t-il observé, estimant à 3,2 millions le nombre d’enfants yéménites déscolarisés.  La moitié des enfants de moins de 5 ans au Yémen souffrent de malnutrition aiguë. En 2023, cinq enfants mouraient toutes les heures, de causes qui auraient pu être aisément traitées ou évitées, s’est-il alarmé. 

Malgré les risques, les opérations humanitaires ont pu se poursuivre mais la détention d’un nombre accru de membres du personnel des Nations Unies a entravé la capacité du système dans son ensemble à répondre aux besoins, a-t-il regretté.  « En raison des risques sécuritaires graves, nous avons dû suspendre temporairement nos opérations dans la province de Saada. »  Le Coordonnateur des secours d’urgence a espéré que cette suspension sera de courte durée et indiqué œuvrer à préserver les capacités pour une reprise rapide des opérations, une fois obtenues les garanties sur la sécurité. 

Il a formulé trois demandes au Conseil, la première étant de faire libérer le personnel des Nations Unies et celui de la société civile.  « Protégez-les comme le droit international le prévoit. »  Deuxièmement, soutenez-nous afin d’opérer à pleine capacité et donnez-nous les ressources nécessaires pour répondre aux besoins, a-t-il prié.  « Troisièmement, ne prenez aucune action qui entrave l’accès des civils à des services essentiels. »  Les décisions politiques et sécuritaires ne doivent pas punir des communautés déjà éprouvées en restreignant les importations d’articles de première nécessité, a-t-il tranché.  « Près de 20 millions de Yéménites ont grandement besoin de votre soutien, maintenant. »

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