Soixante-dix-huitième session,
64e séance plénière – matin
AG/12589

Assemblée générale: appels en faveur d’une « justice réparatrice » lors de la commémoration de l’abolition de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves

De nombreuses voix ont appelé, ce matin, à une justice réparatrice alors que l’Assemblée générale commémorait la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves. 

L’Assemblée a également adopté sans vote une résolution présentée par le Viet Nam par laquelle elle a décidé de proclamer le 11 juin Journée internationale du jeu, « consciente de l’importance de l’accès aux activités ludiques et récréatives et du fait qu’elles contribuent au bien-être et au développement physique et psychosocial des enfants et des jeunes ». 

Elle a également décidé que la réunion de haut niveau sur la résistance aux agents antimicrobiens convoquée par sa présidence se tiendra au Siège de l’ONU à New York le 26 septembre 2024 avec pour thème général « Investir dans le présent et assurer notre avenir ensemble: accélérer l’action multisectorielle menée aux échelles mondiale, régionale et nationale pour combattre la résistance aux antimicrobiens ». 

Auparavant, la Fédération de Russie a retiré un projet d’amendement qui proposait de remplacer au paragraphe 4 du texte l’expression « la crise urgente de la résistance aux antimicrobiens » par « les problèmes liés à la résistance aux agents antimicrobiens ».  La délégation a également fait savoir que des consultations supplémentaires avaient permis de parvenir à un terme de compromis.

Sur ce, le Président de l’Assemblée générale a présenté un amendement oral au texte, précisant que dans ce paragraphe 4, l’expression « crise urgente de la résistance aux antimicrobiens » serait remplacée par « risque mondial de résistance aux antimicrobiens ».

Dans une explication de position, la délégation du Mexique a déploré le manque de transparence au sujet de cet accord de dernière minute transmis avec moins de 24 heures de préavis, ce qui ne lui a pas donné le temps de consulter sa capitale. 

Au nom de l’Union européenne, la Belgique a regretté pour sa part l’absence de consensus sur l’introduction du principe « Une seule santé » dans les thèmes des tables rondes prévues durant cette réunion.  Cette approche unifiée est en effet essentielle pour combattre la résistance antimicrobienne, a souligné le Canada, au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), qui a espéré que cette approche sera reflétée dans le document final.

Dans le cadre de la Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves, le Chef de cabinet du Secrétaire général a appelé à reconnaître le besoin urgent de responsabilisation et de réparations dans la quête d’une véritable justice.  M. Courtenay Rattray a également exhorté à faire progresser les politiques et autres mesures visant à éliminer le racisme contre les personnes d’ascendance africaine, invitant en outre les entreprises technologiques à s’attaquer de toute urgence aux préjugés raciaux. 

Le besoin urgent de responsabilisation et de réparations a aussi été souligné par le Président de l’Assemblée générale qui a rendu hommage au courage des personnalités comme Samuel Sharpe, Sojourner Truth, Gaspar Yanga et d’innombrables autres personnes dans leur combat pour la liberté.  La Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (2015-2024) arrivant à son terme, M. Dennis Francis a notamment suggéré de proclamer une seconde décennie qui serait axée sur le besoin d’une justice réparatrice. 

Tant que l’Occident n’aura pas accepté de verser une réparation pour les victimes de « l’holocauste africain », par le biais d’indemnisation sous forme de soutien au développement, alors le XXIe siècle nous ramènera au XVIsiècle, a renchéri le recteur de l’Université des Antilles.  Également Président de la Commission pour la réparation de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. Hilary Beckles a plus particulièrement appelé à la justice pour Haïti, « puni par l’Occident pour l’audace d’avoir mis fin à l’esclavage » et contraint de payer des frais de réparation. 

« Cette journée est un moment de réflexion et d’inspiration pour les Haïtiens et elle rappelle que le pays, malgré les défis actuels, possède les fondations pour surmonter l’adversité qu’il connaît », a déclaré à son tour Haïti.  Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), le représentant a souligné que les barrières artificielles du racisme et de la discrimination continuent de faire perdurer l’injustice et le sous-développement. Outre la nécessité d’une justice réparatrice, il a appelé à plus d’équité, notamment dans le cadre de la réforme de l’architecture financière internationale.

Le délégué du Nigéria a noté que l’Union africaine a proposé que l’année 2025 soit déclarée « Année de la justice pour l’Afrique à travers les réparations », tandis que l’Ouganda, au nom du Groupe des États d’Afrique, a jugé impératif d’éduquer les générations futures sur les actes odieux de l’esclavage, afin de favoriser une culture de la tolérance, de la compréhension et de l’harmonie.  Des initiatives s’imposent également pour favoriser l’équité et l’impartialité dans la prise de décisions. 

Au nom des États d’Europe de l’Ouest, l’Allemagne a appelé à lutter contre le racisme, séquelle de la traite transatlantique, et à éliminer les obstacles qui continuent d’entraver l’essor des afro-descendants.  Rappelant le passé esclavagiste de la ville de New York, la délégation des États-Unis a assuré que le Gouvernement Biden-Harris s’est engagé pour lutter contre le racisme systémique, appelant à y mettre fin dans le monde entier. 

« Nous sommes toujours aux prises avec les mêmes problématiques dont parlait Martin Luther King Jr. », s’est désolée la petite fille du leader de la revendication en faveur des droits civiques des années 1960 aux États-Unis.  Jeune militante américaine, Mme Yolanda Renee King a rappelé le rêve de son grand-père qui espérait l’avènement d’une communauté sans discrimination, une maison de l’humanité, exhortant les jeunes du monde à bâtir cette communauté mondiale. 

Au nom des États d’Asie-Pacifique, Bahreïn a rappelé pour sa part les principes de tolérance, de justice et de respect des droit humains qu’incarne l’Arche du Retour, le mémorial permanent en l’honneur des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique situé aux Nations Unies.  La Guinée équatoriale a salué pour sa part la mémoire de ceux qui ont lutté contre « cette ignoble injustice et cette violation flagrante des droits humains ».  

En rappel, c’est dans sa résolution 62/122 du 17 décembre 2017 que l’Assemblée générale a déclaré le 25 mars Journée internationale de commémoration des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique des esclaves.  La traite transatlantique des esclaves, qui s’est étendue sur une période de 400 ans, a été la plus grande migration forcée de l’histoire.  Cet exode massif d’Africains vers d’autres régions du monde était sans précédent dans l’histoire humaine. 

En début de séance, le Président de l’Assemblée générale a informé que la Dominique a effectué les paiements nécessaires pour réduire ses arriérés en dessous du montant spécifié à l’Article 19 de la Charte des Nations Unies.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal.

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