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Assemblée générale: seules des mesures radicales peuvent limiter l’élévation du niveau de la mer et mettre les populations à l’abri, avertit le Secrétaire général

On trouvera, ci-après, le texte de l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, prononcée lors de la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale consacrée aux menaces existentielles posées par l’élévation du niveau de la mer, à New York, aujourd’hui:

L’humanité navigue en eaux dangereuses.  Les scientifiques nous disent que le niveau des mers monte aujourd’hui plus rapidement que jamais au cours des 3 000 dernières années, et que cette hausse s’accélère – avec un taux d’augmentation qui a plus que doublé depuis les années 1990. 

Ils nous disent que la cause est claire: les gaz à effet de serre –issus en grande partie de la combustion des énergies fossiles– réchauffent notre planète, dilatent l’eau de mer et font fondre la glace. 

Mais ils ne peuvent pas nous dire où cela s’arrêtera.  Cela dépendra des dirigeants du monde actuels.  Leurs choix détermineront l’ampleur, le rythme et l’impact des futures élévations du niveau des mers. 

Une augmentation des températures de plus de 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels pourrait faire franchir au monde des points de bascule dangereux – ce qui pourrait sur le long terme entraîner l’effondrement irréversible des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique occidental. Dans le pire des scénarios, les personnes vivant aujourd’hui verraient le niveau des mers monter de plusieurs mètres. 

Près de 900 millions de personnes habitent dans les zones côtières de basse altitude.  Pour elles, la montée des eaux est synonyme d’une marée de malheurs: des ondes de tempête plus intenses, une érosion des côtes et des inondations côtières; des communautés submergées, de l’eau douce contaminée, des récoltes ruinées, des infrastructures endommagées, une biodiversité détruite et des économies décimées – avec des secteurs tels que la pêche, l’agriculture et le tourisme qui subissent de plein fouet les effets de la tempête. 

Les plus pauvres et les plus vulnérables sont les plus durement touchés. J’ai pu le constater récemment encore dans le Pacifique, où les cyclones détruisent des pans entiers des économies insulaires.  En 2015, le Vanuatu a subi des dégâts équivalant à plus de la moitié de son PIB. 

Pendant ce temps, au Panama, des centaines de familles insulaires ont dû être relogées sur le continent.  Au Bangladesh, l’eau salée pollue l’eau potable, détruit les récoltes et crée une menace sanitaire qui peut être mortelle – en particulier pour les femmes enceintes.  Dans la ville de Saint-Louis, au Sénégal, des maisons, des écoles, des petites entreprises et des mosquées auraient été abandonnées face à la marée montante. 

De tels événements se reproduisent partout dans le monde.  Voilà à quoi ressemble l’injustice climatique.  C’est le visage de l’iniquité.  Mais les riches ne sont pas à l’abri.  Les économies avancées dépensent des milliards – en dommages, et en adaptation. 

Et si nous n’agissons pas rapidement, la situation sera bien pire. Comme le rappelle le titre du débat d’aujourd’hui, cette situation représente pour certains une menace existentielle: des îles entières perdues; des communautés côtières détruites à mesure que les terres deviennent inhabitables et non assurables. 

Les déplacements massifs de population peuvent exercer une pression sur les ressources limitées des régions voisines – et aggraver des situations déjà dramatiques.  Le commerce mondial, les systèmes alimentaires et les chaînes d’approvisionnement seront mis à mal lorsque les ports seront endommagés et que les terres agricoles et les pêcheries seront ruinées. 

La montée des eaux remodèlera non seulement les côtes, mais aussi les économies, la politique et la sécurité.  Seules des mesures radicales de réduction des émissions peuvent limiter l’élévation du niveau de la mer.  Et seules des mesures drastiques d’adaptation peuvent mettre les populations à l’abri de la montée des eaux.

Tout le monde doit être protégé par un système d’alerte d’ici à 2027 – conformément à notre initiative « Alertes précoces pour tous ».  Tous les pays doivent présenter de nouveaux plans d’action nationaux sur le climat –ou contributions déterminées au niveau national– bien avant la COP30 de l’année prochaine.  Ces plans doivent s’aligner sur le seuil de 1,5 degré, couvrir tous les secteurs de l’économie et nous mettre sur la voie de l’élimination progressive, rapide et équitable, des combustibles fossiles. 

Le G20, responsable d’environ 80% des émissions mondiales, doit montrer la voie. Il doit aligner ses plans de production et de consommation de combustibles fossiles sur le seuil de 1,5 degré.

Le financement est indispensable.  Nous avons besoin de résultats ambitieux en matière de finances à la COP29 de cette année – y compris en termes de sources de capital nouvelles et innovantes.  Nous avons besoin de contributions significatives au nouveau Fonds pour les pertes et les préjudices – une étape essentielle sur le chemin vers la justice climatique.  Les pays développés doivent doubler le financement en faveur de l’adaptation pour atteindre au moins 40 milliards de dollars par an d’ici à 2025 – et démontrer comment ils vont combler le déficit de financement de l’adaptation.  Enfin, nous devons réformer les banques multilatérales de développement pour qu’elles deviennent plus grandes, plus audacieuses et capables de fournir des financements beaucoup plus abordables aux pays en développement.

Nous avons réalisé de réels progrès lors du Sommet de l’avenir.  Nous devons continuer à porter ces avancées, notamment lors du Sommet mondial pour le développement social et de la Conférence sur le financement du développement qui se tiendront l’année prochaine.

Nous devons également combler les lacunes de notre cadre juridique international concernant l’élévation du niveau de la mer: pour garantir un accès continu aux ressources, tout en protégeant les frontières maritimes existantes, ainsi que pour protéger les personnes touchées et, dans les scénarios extrêmes, pour traiter les implications liées aux statuts d’un État.

Nous ne pouvons pas laisser les espoirs et les aspirations de milliards de personnes sans réponse.  Nous ne pouvons pas permettre la destruction massive de pays et de communautés.  Il est temps d’inverser la tendance.  Et de nous sauver de la montée des eaux.

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