Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur Haïti
Les membres du Conseil de sécurité ont de nouveau exprimé leur profonde préoccupation quant aux crises intervenues sur les plans politique, économique, humanitaire, de la sécurité et des droits humains ainsi qu’aux crises alimentaire et nutritionnelle aiguës qui s’accentuent en Haïti et aux restrictions imposées à l’accès humanitaire, et réaffirmé la volonté de la communauté internationale de continuer d’accompagner le peuple haïtien. Ils ont fermement condamné la poursuite de la violence des bandes armées, ayant appris, notamment, qu’une d’elles avait tué au moins 184 personnes entre le 6 et le 8 décembre, dans le quartier de Wharf Jérémie de la capitale, Port-au-Prince.
Les membres du Conseil ont fermement condamné les activités criminelles déstabilisantes que ne cessent de mener les bandes armées et souligné que la communauté internationale devait redoubler les efforts qu’elle faisait pour fournir une aide humanitaire à la population et prêter appui à la Police nationale d’Haïti, notamment la rendre apte à rétablir l’ordre public avec le concours de la Mission multinationale d’appui à la sécurité.
Les membres du Conseil ont souligné l’adoption à l’unanimité de la résolution 2751 (2024), dans laquelle ils ont remercié les responsables kényans de la Mission multinationale d’appui à la sécurité, se sont félicités du déploiement de la Mission en Haïti et se sont également félicités que plusieurs États Membres aient proposé de participer à la Mission et que des contributions financières aient été versées à l’appui des opérations de celle-ci. Ils ont insisté sur le fait qu’il fallait instaurer des conditions de sécurité propices à un processus politique inclusif et à la tenue d’élections libres et régulières en Haïti, et ont encouragé la Mission à accélérer son déploiement, désireux de voir s’accroître par ailleurs les contributions volontaires et l’appui à cette dernière.
Les membres du Conseil ont condamné de nouveau dans les termes les plus énergiques l’augmentation de la violence, des activités criminelles, des déplacements massifs de personnes et des atteintes aux droits humains qui compromettent la paix, la stabilité et la sécurité en Haïti et dans la région, notamment les enlèvements, les violences sexuelles et fondées sur le genre, en particulier celles visant les femmes et les filles, la traite des personnes et le trafic de migrants, les homicides et les exécutions extrajudiciaires auxquels se livrent les bandes armées et les réseaux criminels. Ils ont demandé qu’il soit mis fin à l’escalade de la violence, qui a de graves conséquences sur le plan humanitaire, notamment l’accentuation d’une crise alimentaire déjà aiguë, et que soit garanti un accès humanitaire sûr, durable et sans entrave.
Les membres du Conseil ont une nouvelle fois condamné fermement les atteintes commises sur la personne d’enfants en Haïti et exprimé leur profonde préoccupation quant à l’extrême gravité et à l’augmentation du nombre de ces atteintes. Ils ont rappelé qu’il importait d’assurer la protection des enfants et exhorté tous les acteurs, en particulier les bandes organisées et les réseaux criminels, à faire cesser immédiatement et à prévenir toutes les atteintes commises sur la personne d’enfants, notamment les meurtres et les atteintes à l’intégrité physique, le recrutement et l’utilisation d’enfants, les viols et les autres formes de violence sexuelle et fondée sur le genre, dont sont victimes notamment les filles, les attaques contre les écoles et les hôpitaux, les enlèvements et les refus d’accès humanitaire. Ils ont souligné en outre la nécessité d’empêcher le recrutement d’enfants et de soutenir les programmes de réintégration afin d’offrir d’autres possibilités économiques et sociales aux jeunes vulnérables.
Les membres du Conseil ont exprimé leur préoccupation quant à la lenteur des progrès en ce qui concerne la feuille de route d’Haïti pour le rétablissement des institutions démocratiques. Ils ont rappelé qu’il importait que la transition politique avance de toute urgence et exhorté tous les acteurs politiques à interagir de manière constructive pour faciliter la tenue d’élections législatives et présidentielle libres et régulières, avec la participation pleine, égale et véritable, en toute sécurité, des femmes et la participation des jeunes, de la société civile et des autres parties prenantes, et le rétablissement des institutions démocratiques dans les meilleurs délais. Ils se sont dits conscients des efforts faits par le Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) et du rôle clé joué par la Communauté des Caraïbes à cet égard.
Les membres du Conseil ont souligné l’adoption à l’unanimité de la résolution 2752 (2024), qui élargit la portée de l’embargo sur les armes imposé à Haïti. Ils se sont dits profondément préoccupés par le flux illicite d’armes et de munitions à destination d’Haïti, qui n’a pas cessé et demeure un des principaux facteurs d’instabilité et de violence, demandant une nouvelle fois aux États Membres de prendre les mesures nécessaires pour appliquer l’embargo sur les armes imposé par les résolutions 2699 (2023), 2700 (2023) et 2752 (2024), et ont exprimé leur volonté d’examiner les moyens de surveiller et de renforcer cette application. Ils ont également réitéré l’appel lancé par le Conseil pour que les auteurs de ces actes odieux soient traduits en justice et souligné qu’il incombait au Conseil d’imposer des sanctions aux personnes et aux entités qui étaient responsables ou complices d’activités faisant peser une menace sur la paix, la sécurité ou la stabilité en Haïti, conformément aux résolutions 2653 (2022), 2700 (2023) et 2752 (2024), et de renforcer lesdites sanctions.
Les membres du Conseil ont pris note de la lettre datée du 29 novembre 2024, adressée au Secrétaire général par la Présidente du Conseil de sécurité (S/2024/868) et dans laquelle celle-ci demandait un bilan détaillé de la situation actuelle en Haïti et des efforts que continuaient de déployer l’ONU et la communauté internationale, ainsi qu’un éventail d’options concernant le rôle que l’ONU pouvait jouer. Ils ont réaffirmé qu’ils continuaient d’être solidaires du peuple haïtien et qu’ils étaient favorables à l’adoption d’une approche intégrée entre les parties prenantes haïtiennes, les pays et organisations de la région et la communauté internationale, y compris l’Organisation des Nations Unies, s’agissant de relever les défis actuels en Haïti.