Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur la République démocratique du Congo
On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par la Présidente du Conseil de sécurité pour le mois d’octobre Mme Pascale Baeriswyl (Suisse):
Les membres du Conseil de sécurité se sont félicités de la tenue de la cinquième réunion ministérielle à Luanda le 12 octobre et ont exprimé leur soutien indéfectible aux efforts de médiation déployés dans le cadre du processus de Luanda, dirigé par l’Angola et le Président Joao Lourenço. Ils ont exhorté toutes les parties à respecter scrupuleusement l’accord de cessez-le-feu signé par la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda le 30 juillet avec la médiation de l’Angola. Ils ont également condamné les récentes violations du cessez-le-feu commises par le M23. Ils ont réaffirmé leur plein soutien aux processus de paix menés dans la région et souligné combien ces mesures étaient importantes pour mettre fin à l’escalade de la violence dans l’est de la RDC, qui compromet la sécurité et la stabilité de la région des Grands Lacs et aggrave encore la crise humanitaire actuelle et les problèmes de protection.
Les membres du Conseil ont engagé les deux parties à coopérer pleinement avec l’Angola afin d’accélérer l’action menée pour achever et mettre en œuvre le plan harmonisé de neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et pour mener à bien le dégagement des forces étrangères. Ils ont exhorté la RDC et le Rwanda à participer de bonne foi au processus et à saisir cette occasion pour trouver une solution viable et pacifique au conflit qui perdure dans la région.
Les membres du Conseil ont réitéré leur soutien continu à toutes les mesures prises pour parvenir à une cessation des hostilités s’inscrivant dans la durée, qui ouvrirait la voie à un règlement diplomatique et à une paix durable. À cette fin, ils ont souligné l’importance des processus de Luanda et de Nairobi. Ils ont réaffirmé leur soutien à l’Union africaine, à la Communauté de l’Afrique de l’Est, à la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et à la Communauté de développement de l’Afrique australe.
Les membres du Conseil ont demandé à tous les donateurs d’accélérer et d’accroître d’urgence leur soutien au plan de réponse humanitaire 2024. Ils se sont déclarés profondément préoccupés par le lourd tribut que le conflit actuel faisait payer à la population civile, notamment aux femmes et aux enfants, et par les violations du droit humanitaire international et les violations des droits humains et atteintes à ces droits qui continuent d’être commises, notamment les actes de violence fondée sur le genre et de violence sexuelle en période de conflit, ainsi que le recrutement, l’utilisation et l’enlèvement d’enfants, qui doivent cesser. Ils ont exhorté toutes les parties à permettre et à faciliter, conformément au droit humanitaire international et aux principes directeurs des Nations Unies en matière d’aide humanitaire, un accès sûr, rapide et sans entrave de l’aide humanitaire aux personnes qui en ont besoin. Ils ont de nouveau condamné les discours de haine visant toute communauté et alimentant les violences intercommunautaires. Ils ont souligné qu’il importait de protéger la population civile et de veiller à ce que les auteurs de ces violations et atteintes, notamment des violences sexuelles commises dans les situations de conflit et d’après-conflit, en répondent.
Les membres du Conseil ont de nouveau condamné tous les groupes armés opérant en RDC, notamment le M23, les Forces démocratiques alliées (ADF) et les FDLR. Ils ont par ailleurs condamné l’appui militaire extérieur fourni au M23 et à tout autre groupe armé opérant en RDC. Ils ont exigé de toute partie extérieure fournissant un tel soutien qu’elle y mette un terme et se retire immédiatement du territoire de la RDC. Ils ont également condamné l’appui apporté, notamment par les forces militaires, à certains groupes armés tels que les FDLR et ont exigé qu’il y soit mis fin. Les membres du Conseil ont demandé instamment que les groupes armés étrangers retournent dans leur pays d’origine et que soient intégralement mis en œuvre les processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration pour tous les groupes armés opérant en RDC. Ils ont rappelé le rapport final de 2024 établi par le Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo et réitèrent leur profonde inquiétude quant à l’intervention militaire étrangère directe qui serait menée sur le territoire de la RDC.
Les membres du Conseil ont fermement condamné l’exploitation et le commerce illicites de ressources naturelles par les groupes armés et les réseaux criminels transnationaux qui les soutiennent. Ils ont souligné que ces activités illégales compromettaient la paix et le développement durables. Ils ont demandé que de nouvelles mesures soient prises pour empêcher d’urgence le financement des groupes armés, notamment en renforçant les capacités nationales en matière de réglementation et d’application de la loi. Ils ont également déclaré que, pour parvenir à une paix durable, il fallait s’attaquer aux causes profondes du conflit, soulignant qu’il importait de faire répondre de leurs actes les auteurs d’atteintes aux droits humains, de promouvoir le développement économique, d’accroître la transparence et la traçabilité du commerce de minerais, ainsi que de faciliter les échanges de la société civile de part et d’autre de la frontière.
Les membres du Conseil ont réaffirmé leur ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’unité et à l’intégrité territoriale de la République démocratique du Congo et de tous les États de la région. Ils ont réaffirmé leur plein appui aux efforts déployés par les Nations Unies pour promouvoir la paix et la sécurité, notamment les activités de stabilisation menées par la MONUSCO, la Représentante spéciale du Secrétaire général et l’Envoyé spécial pour la région des Grands Lacs et son bureau.