SC/15620

Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur Haïti

On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de mars, M. Yamazaki Kazuyuki (Japon):

Le 6 mars, les membres du Conseil de sécurité ont entendu un exposé de la Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), María Isabel Salvador, sur la situation en Haïti.  Le Représentant permanent du Kenya, le Représentant permanent d’Haïti et le Représentant permanent de la Jamaïque, ce dernier au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), ont participé à la séance en vertu de l’article 37 du Règlement.

Les membres du Conseil se sont dits une nouvelle fois très occupés par l’insécurité et la situation humanitaire et souligné qu’il fallait remédier à la crise multidimensionnelle en Haïti.  Ils ont condamné de nouveau dans les termes les plus énergiques l’augmentation de la violence, des activités criminelles, des déplacements massifs de civils et des atteintes aux droits de l’homme qui compromettent la paix, la stabilité et la sécurité en Haïti et dans la région, notamment les enlèvements, les violences sexuelles et fondées sur le genre, la traite des personnes et le trafic de migrants, les homicides, les exécutions extrajudiciaires et le recrutement d’enfants par des groupes armés et des réseaux criminels.

Les membres du Conseil ont fermement condamné la poursuite des activités criminelles déstabilisantes des bandes armées et souligné que la communauté internationale devait redoubler les efforts qu’elle faisait pour fournir une aide humanitaire à la population et prêter appui à la Police nationale d’Haïti, notamment la rendre apte à rétablir l’ordre public avec le concours de la Mission multinationale d’appui à la sécurité.  Ils ont condamné avec la plus grande fermeté les attaques menées par des bandes armées contre les principales prisons du pays et d’autres infrastructures critiques, qui avaient permis à des chefs de bande et à d’autres prisonniers de s’évader.  Ils se sont dits très inquiets des menaces de violence inacceptables proférées à l’encontre de la police et des membres du gouvernement.

Les membres du Conseil ont entendu l’exposé du Kenya sur les préparatifs en cours en vue du déploiement en Haïti de la Mission multinationale d’appui à la sécurité et les annonces de contributions internationales en faveur de la Mission. 

Ils ont dit compter et espérer que la Mission se déploierait en Haïti dès que possible, comme le demandait Haïti et comme l’autorisait le Conseil de sécurité dans sa résolution 2699 (2023).  Ils se sont félicité des annonces de contributions faites par les États Membres en faveur de la Mission, qu’il s’agisse de contributions financières ou de contributions en personnel ou en nature, ainsi que de la création du Fonds d’affectation spéciale des Nations Unies pour la Mission. Ils ont souligné qu’il fallait instaurer des conditions de sécurité propices à un processus politique inclusif et à la tenue d’élections libres et régulières en Haïti.

Les membres du Conseil de sécurité se sont dits préoccupés par les progrès limités du processus politique en Haïti.  Ils ont exhorté tous les acteurs politiques à participer de manière constructive à de véritables négociations pour permettre la tenue d’élections législatives et présidentielle libres et régulières et le rétablissement des institutions démocratiques dans les meilleurs délais et pris acte des efforts que déployait à cet égard la CARICOM.

Les membres du Conseil de sécurité se sont déclarés gravement préoccupés par le flux illicite d’armes et de munitions à destination d’Haïti, qui restait l’un des principaux facteurs d’instabilité et de violence.  Ils ont redit que le Conseil exigeait des États Membres qu’ils prennent les mesures nécessaires pour appliquer l’embargo sur les armes, conformément aux résolutions 2699 (2023) et 2700 (2023), et préconisé que le Conseil prenne de nouvelles mesures.

Les membres du Conseil de sécurité ont exhorté les bandes armées à cesser immédiatement leurs actions déstabilisatrices.  Ils ont réitéré l’appel lancé par le Conseil pour que les auteurs de ces actes odieux soient traduits en justice et souligné qu’il incombait au Conseil d’imposer des sanctions aux personnes et aux entités qui étaient responsables ou complices d’activités faisant peser une menace sur la paix, la sécurité ou la stabilité en Haïti, conformément aux résolution 2653 (2022) et 2700 (2023), et de renforcer lesdites sanctions.  Ils ont rappelé également qu’il fallait faire progresser véritablement l’enquête sur l’assassinat du Président d’Haïti, Jovenel Moïse.

Les membres du Conseil de sécurité ont exhorté le Gouvernement haïtien et toutes les parties concernées en Haïti à assurer la protection du personnel des Nations Unies et de tous les civils, y compris des ressortissants étrangers.

Les membres du Conseil de sécurité ont redit qu’ils continuaient d’être solidaires du peuple haïtien et exprimé leur appui à l’action menée par le BINUH et l’équipe de pays des Nations Unies en vue d’un avenir meilleur pour Haïti.

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