Session de 2024,
Forum des partenariats – matin & après-midi
ECOSOC/7149

ECOSOC : Le forum des partenariats témoigne de la mobilisation de tous les secteurs pour atteindre les ODD et des besoins urgents de financement

« Cette année, nous devons accélérer l’action en faveur des objectifs de développement durable (ODD).  Cela exige de la concentration.  Cela exige des efforts.  Cela exige des partenariats conformes à la vision exposée dans le rapport du Secrétaire général ‘Notre Programme commun’ », a exhorté Amina Mohammed, Vice-Secrétaire générale de l’ONU (dans son discours lu par Li Yunqua, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales), à l’ouverture du forum des partenariats du Conseil économique et social (ECOSOC).  Cette année, le thème du forum était « Renforcer le Programme 2030 et éradiquer la pauvreté en période de crises multiples: la mise en œuvre efficace de solutions durables, résilientes et innovantes ».

Insistant sur l’importance des partenariats mondiaux, régionaux, nationaux et locaux —incluant la société civile, le secteur privé, le monde académique et la jeunesse— pour parvenir à cet objectif, Paula Narvaez, la Présidente de l’ECOSOC, a défendu son rôle crucial dans le suivi de la mise en œuvre de l’ambitieuse déclaration politique du Sommet sur les ODD, près de cinq mois après sa tenue à New York.  Mais alors que le nombre de personnes nécessitant une aide humanitaire a augmenté de 30% en un an, atteignant désormais 360 millions (pour ne citer que cet indicateur parmi les nombreux qui sont dans le rouge) et tandis que seuls 15% des ODD sont en voie d’être atteints tandis que 30% sont dans une impasse ou reculent, a regretté Mme Mohammed, il n’y a pas de quoi plastronner.  Toutefois, « il y a de l’espoir », a tempéré la Vice-Secrétaire générale, suivie dans cet optimisme par la Présidente de l’ECOSOC, qui a décrit le forum des partenariats comme un « moment unificateur unique » capable de « transformer les idées en engagements, et les engagements en actions ».

Mariana Mazzucato, professeure d’économie de l’innovation et de la valeur publique à University College London, est ainsi venue expliquer pourquoi nous échouions actuellement et ce qu’il faudrait faire pour y remédier.  Insistant sur la nécessité d’innover à tous les niveaux (technologique, organisationnel, sociale), elle a pris comme exemple le projet Apollo et son approche multisectorielle.  Lors de cette aventure, qui permit aux Américains de marcher sur la Lune il y a plus de 50 ans, l’invention de nouvelles technologies fut un « résultat », mais pas une « obsession ».  Ce qui obsédait les 400 000 personnes impliquées dans le projet, a-t-elle martelé, c’était d’abord la nécessité de résoudre des problèmes, pourquoi pas en inventant de nouveaux outils si besoin.  Or, « ce n’est pas ce que nous faisons avec les ODD », qui restent périphériques aux discussions économiques majeures, a reproché la professeure.

L’urgence, selon elle, est donc de restructurer le financement des ODD, dont les besoins sont estimés entre 4 et 7 billions de dollars.  Une somme « massive », certes, mais absorbable à long terme par les banques publiques, qui possèdent près de 23 billions de dollars de réserve.  Citant les exemples vertueux de l’acier « vert » en Allemagne ou du laboratoire de gouvernement au Chili (qui permet de tester des solutions politiques avant de les implémenter), la professeure a insisté sur la nécessité de repenser les partenariats public-privé et la gouvernance de la technologie.  La mauvaise circulation des vaccins contre la COVID-19 devrait quant à elle nous encourager à revoir la gestion des droits de propriété intellectuelle et le partage des connaissances au niveau mondial, a-t-elle ajouté. 

« Que faire? » s’est également interrogée Sri Lanka dans une déclaration applaudie.  Il conviendrait, a-t-elle affirmé, de pousser les pays en développement à repenser leurs systèmes de protection sociale pour que ceux-ci répondent aux vrais besoins, mais aussi à miser sur la création d’emplois ou encore sur l’éducation, « voie principale » pour sortir de la pauvreté.  Présentant des pistes de réflexion sur l’ODD 1 (élimination de la pauvreté), Mme Anita Thomas, Présidente du Comité des ONG sur le financement du développement, a de son côté prôné la diversification des sources de financement, ainsi que la contribution du secteur privé — deux recommandations d’ailleurs faites par la plupart des intervenants. 

La Colombie a choisi de mettre en avant l’économie sociale et solidaire, tandis que les États-Unis ou l’Espagne ont insisté sur l’importance des partenariats au niveau local, pour favoriser une transition plus juste et durable, plus proche des besoins des plus vulnérables. L’ONG, Bangladesh Rural Advancement Committee (BRAC), qui est aux premières lignes de la lutte contre la pauvreté depuis des décennies, a appelé elle aussi à privilégier les solutions locales.

Dans un discours emphatique, Charitie Ropati, originaire d’un village autochtone du sud-ouest de l’Alaska et ambassadrice de la jeunesse arctique, a quant à elle exhorté à une transition « juste et immédiate » pour s’éloigner des combustibles fossiles qui « nous tuent ».  Rappelant que les communautés comme la sienne ont déjà été forcées d’entamer cette transition, elle a insisté sur l’importance de les inviter « à la table ». La représentante de l’ONG Reboot a rebondi dans la discussion en mettant en avant les partenariats basés sur les connaissances traditionnelles autochtones, qui contribuent à la réduction des effets des changements climatiques (ODD 13) tout en créant un monde plus équitable.

Dans ses remarques de conclusion, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales a réaffirmé le besoin urgent de mobiliser des ressources, notamment via le plan de relance des ODD proposé par le Secrétaire général, et destiné à augmenter les liquidités, à accélérer la restructuration des dettes et à élargir les financements pour les pays en développement.  « Les États Membres et tous les autres participants, nous ont fait part d’un grand nombre d’idées nouvelles et de stratégies audacieuses sur la manière dont nous pouvons construire un avenir plus durable pour tous » a finalement conclu la Présidente de l’ECOSOC.

Demain, mercredi 31 janvier, l’ECOSOC entamera ses deux jours de forum de la coopération. 

DISCOURS D’OUVERTURE

Mme PAULA NARVAEZ, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a d’abord évoqué les multiples défis mondiaux actuels: aggravation de la pauvreté et des inégalités, ainsi que de la dette, insécurité alimentaire et crises planétaires, qui alimentent les tensions religieuses et ethniques.  Soulignant l’augmentation de 30%, en un an, du nombre de personnes nécessitant une aide humanitaire, atteignant désormais 360 millions, elle a rappelé l’engagement des dirigeants mondiaux lors du Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD) pour la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

La Présidente a insisté sur l’importance des partenariats mondiaux, régionaux, nationaux et locaux, incluant la société civile, le secteur privé, le monde académique et la jeunesse.  Elle a souligné le rôle crucial de l’ECOSOC dans le suivi de la mise en œuvre de la déclaration politique du Sommet sur les ODD, à travers ses forums et segments impliquant de multiples parties prenantes. Mme Narvaez a exprimé son optimisme quant à l’impact du forum des partenariats, voyant en lui un « moment unificateur » pour traduire les idées en engagements et actions concrets pour l’avancement des ODD.  Elle a enfin invité tous les gouvernements et parties prenantes à rejoindre l’effort commun pour faire de ce forum un moment unique de concrétisation des engagements.

Mme AMINA MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, dans son discours lu par M. LI YUNQUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a rappelé le contexte dans lequel se tient cette réunion: une période d’instabilité et d’incertitudes, et des crises plurielles.  Seuls 15% des ODD sont en voie d’être atteints tandis que 30% sont dans une impasse ou reculent, a-t-elle souligné en s’inquiétant en particulier pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement.  Nombre d’entre eux sont confrontés à la marginalisation des exportations, à l’exclusion des marchés financiers internationaux, à une grande vulnérabilité au climat et à la pauvreté énergétique.  De plus, les inégalités prospèrent, le respect pour l’état de droit s’érode, notamment les atteintes aux droits humains.

« Il y a de l’espoir », a néanmoins estimé la Vice-Secrétaire générale en rappelant que le Sommet sur les ODD de septembre 2023 a abouti à une déclaration politique forte visant à accélérer l’action en faveur du Programme 2030.  Elle a misé sur « six transitions clefs » qui, grâce à des investissements à grande échelle, peuvent aider à concrétiser cette déclaration: systèmes alimentaires, énergie, numérisation, éducation, changements climatiques et environnement, ainsi que des emplois décents et protection sociale. 

La Vice-Secrétaire générale a souligné que ces transitions doivent être soutenues par des politiques commerciales efficaces, un accès à la technologie, des données fiables, des capacités accrues, des institutions locales et nationales responsables et des financements essentiels. Elle a appelé, cette année, à accélérer l’action en faveur des ODD, en s’appuyant sur des partenariats conformes à la vision exposée dans le rapport du Secrétaire général: Notre Programme commun. 

L’ONU s’efforce d’élargir et d’approfondir les partenariats dans tous les secteurs et à tous les niveaux afin de faire avancer le Programme 2030, a-t-elle assuré.  Elle a expliqué que les équipes de pays et les coordonnateurs résidents sur le terrain coopèrent avec les gouvernements pour réunir les parties prenantes et établir des partenariats aidant à mobiliser les investissements et à traduire les engagements mondiaux en actions au niveau national.  Ils travaillent aussi en étroite concertation avec les entités des Nations Unies pour offrir un accompagnement adapté à chaque pays. 

Mme Mohammed a témoigné de partenariats public-privé dirigés par les Nations Unies qui ont aidé à accélérer la réalisation des ODD, citant ceux du Pacte mondial des Nations Unies, du Pôle de coordination sur les systèmes alimentaires, ou encore du réseau d’action des pactes pour l’énergie. Elle a indiqué que, cette année, le système des Nations Unies pour le développement mettra davantage l’accent sur l’action locale au niveau des pays.

Elle a aussi misé sur l’élaboration par les États Membres d’un pacte pour l’avenir en vue du Sommet de l’avenir qui se tiendra en septembre 2024.  Un processus qui a besoin d’un engagement significatif de tous les acteurs, a-t-elle fait remarquer en lançant un appel à tous: « unissons-nous pour faire de cette décennie celle où nous ferons des ODD une réalité ».

Mme MARIANA MAZZUCATO, professeure d’économie de l’innovation et de la valeur publique à University College London (UCL), a abordé les crises mondiales interconnectées telles que le réchauffement climatique, la perte de biodiversité, les crises de l’eau et les pandémies, soulignant notre impréparation face à ces défis.  Elle a insisté sur la nécessité d’innovation globale, technologique, organisationnelle et sociale pour résoudre ces problèmes, en prenant exemple sur le projet Apollo et son approche multisectorielle.  En l’occurrence, les nouvelles technologies furent le « résultat », mais ce n’était pas une « obsession », a-t-elle souligné, martelant que ce qui les obsédait était la nécessité de résoudre les problèmes en modifiant les outils.

« Ce n’est pas ce que nous faisons avec les ODD », a reproché la professeure, décrivant ces derniers comme périphériques aux discussions économiques majeures, et appelant de ce fait à une refonte de notre système économique pour placer les 17 ODD au cœur des préoccupations.  Plus de 2,2 milliards de personnes dans le monde ne disposent pas d’une eau potable gérée en toute sécurité, a-t-elle cité comme exemple.  Elle a donc insisté sur l’importance de restructurer le financement des ODD, soulignant les besoins massifs, estimés entre 4 et 7 billions de dollars, tout en plaidant pour un financement patient et à long terme par les banques publiques, qui possèdent selon son calcul près de 23 billions de dollars.

Mme Mazzucato a également abordé la nécessité de repenser les partenariats public-privé et la gouvernance de la technologie, en mettant l’accent sur l’importance des droits de propriété intellectuelle et du partage des connaissances.  Elle a ainsi donné l’exemple de l’acier « vert » en Allemagne, obtenu grâce à des prêts conditionnés par la banque publique KFW, exigeant une réduction de la consommation de matériaux dans la production d’acier.  Elle a aussi évoqué la gestion de la propriété intellectuelle des vaccins durant la pandémie de COVID-19, qui lui est apparue comme un secteur nécessitant une meilleure régulation.  Enfin, elle a critiqué la sous-traitance des capacités gouvernementales aux entreprises privées et a plaidé pour un gouvernement intelligent et une collaboration étroite entre les secteurs public et privé, citant l’exemple du laboratoire de gouvernement au Chili comme modèle de gouvernance innovante et orientée vers les résultats.

Mme CHARITIE ROPATI, Ambassadrice de la jeunesse arctique, récipiendaire du prix Girl Rising et du prix WWF-US 2023 pour le leadership en matière de conservation, qui vient d’un village autochtone du sud-ouest de l’Alaska, a expliqué comment cette minuscule communauté, dans les années 60, avait pris des mesures pour anticiper l’affaissement des sols créé par le dégel du pergélisol.  Rappelant que cette « décision difficile » avait été prise pour assurer la survie de la prochaine génération, elle a souligné le lien étroit entre humains et animaux dans sa communauté, des relations « régies par des règles », a-t-elle précisé.  « Que se passe-t-il lorsque ces règles sont violées? » a-t-elle poursuivi, en répondant que dans de tels cas, les ressources se raréfient, situation qui, a-t-elle ajouté, est aussi valable pour le reste du monde entier.

« Les combustibles fossiles nous tuent et mon peuple meurt », a lancé Mme Ropati, en rappelant que les peuples autochtones représentent moins de 5% de la population mondiale, mais qu’ils protègent 80% de la biodiversité.  Elle a dès lors appelé à une transition « juste et immédiate » pour s’éloigner des combustibles fossiles.  Expliquant qu’il fallait investir dans les communautés qui, comme la sienne, se sont adaptées aux changements climatiques, elle a insisté sur l’importance d’inviter ces communautés « à la table ». Rappelant enfin comment les épidémies, conséquence du colonialisme, avaient dévasté les communautés concernées et créé traumatisme et isolement, elle a conclu son intervention en lançant un appel à l’engagement moral de toutes les parties prenantes, à un changement d’approche global, à « une transition juste de l’industrie des combustibles fossiles » et à un investissement dans ce qu’elle a simplement appelé « la joie », pour « aborder cette période de crise sans précédent avec optimisme et espoir ».

DÉBAT EN PLÉNIÈRE

L’ECOSOC a tenu dans la matinée la partie plénière du forum des partenariats, qui se tient cette année sur le thème « Renforcer le Programme 2030 et éradiquer la pauvreté en période de crises multiples: la mise en œuvre efficace de solutions durables, résilientes et innovantes ».

Les États Membres et leurs partenaires de tous les secteurs étaient venus exposer leurs idées, partager leurs expériences et se mobiliser pour parvenir à réaliser dans les temps le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les discussions se sont tenues dans un contexte de fracture de la solidarité mondiale et de dégradation de nombreux indicateurs clefs du développement, qu’il s’agisse de la montée de l’intolérance, des inégalités, de la multiplication des conflits ou encore de la pauvreté. 

Premier pays à prendre la parole, le Népal a, au nom des pays les moins avancés (PMA), rappelé que le gouffre existant entre pays riches et pauvres continue à se creuser, et insisté sur les nombreuses crises qui ont entraîné des niveaux de dette « intenables » pour les PMA.  Face à ce constat, et au pessimisme affiché par plusieurs délégations préoccupées par le retard pris dans la réalisation du Programme 2030, les États et parties prenantes à ce forum se sont efforcés d’apporter des solutions concrètes pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) et notamment le premier d’entre eux, visant à éliminer la pauvreté sous toutes ses formes.  Un objectif qui ne saurait être atteint sans s’inspirer de l’économie sociale et solidaire, a expliqué la Colombie, tandis que les États-Unis ou l’Espagne insistaient sur l’importance des partenariats au niveau local, pour favoriser une transition plus juste et durable, plus proche des besoins des plus vulnérables.

« Que faire? » s’est, de son côté, interrogée Sri Lanka dans une déclaration applaudie, en incitant les pays à repenser leurs systèmes de protection sociale pour qu’ils répondent aux vrais besoins, et à miser sur la création d’emplois ou encore l’éducation, qualifiée par ce pays de voie « principale » pour sortir de la pauvreté.  Une ONG, Bangladesh Rural Advancement Committee (BRAC), a, elle aussi, suggéré de privilégier les solutions locales et décrit comment le programme de reclassement du Gouvernement à Bihar, en Inde, avait permis à près d’1 million de personnes de sortir de la pauvreté.  L’emploi et les partenariats avec le secteur privé ont été mis en avant comme l’une des solutions de fond pour réaliser l’ODD 1 à l’horizon 2030, que ce soit par des acteurs comme l’Organisation internationale des employeurs, qui a appelé à des partenariats renforcés entre acteurs privés et gouvernements, ou par des pays comme le Brésil, dont la Commission nationale pour les ODD compte parmi ses membres des représentants de la société civile et des gouvernements locaux afin de mettre plus efficacement en œuvre les ODD, de manière transversale et intégrée. 

Autre approche en matière de partenariats mise en avant par la Slovénie ou encore l’Indonésie, et par des organisations comme la Fédération mondiale des organisations d’ingénieurs: celle qui associe les politiques publiques aux sciences et à l’utilisation des technologies, ou encore l’échange et les transferts de ces technologies, pour permettre au plus grand nombre de pays d’accéder à des solutions à la fois équitables et durables de développement.  Si le Kenya a insisté sur ce point, en invoquant la nécessaire solidarité et la coopération entre nations, il a aussi et avant tout appelé à « miser sur l’humain », et plus particulièrement sur les populations vulnérables comme les femmes, les enfants ou les réfugiés, une approche à laquelle ont fait écho les initiatives transgénérationnelles de la Fédération internationale du vieillissement ou les projets présentés par Malte, visant à l’autonomisation des réfugiés syriens, ou à l’inclusion sociale des enfants handicapés.

DÉCLARATIONS FINALES

Messages principaux des sessions sur les ODD

Mme ANITA THOMAS, Présidente du Comité des ONG sur le financement du développement, a résumé les messages du premier segment concernant l’ODD 1 (éliminer la pauvreté).  Alors que 545 millions de personnes vivront bientôt dans la pauvreté, elle a d’abord souligné l’importance de l’accès universel à l’éducation, aux services de santé de qualité, à l’énergie et aux infrastructures publiques.  Elle a aussi appelé à ne pas négliger les technologies numériques, en particulier l’intelligence artificielle, qui permettra de trouver des solutions innovantes.

Mme Thomas a ensuite insisté sur la nécessité de cibler des mesures pour des groupes spécifiques, tels que les personnes âgées, les personnes handicapées ou les agriculteurs, en impliquant au maximum les collectivités locales, et mettant l’accent sur l’égalité des genres dans l’innovation. Elle a prôné la diversification des sources de financement, ainsi que la contribution du secteur privé.  Enfin, elle a souligné que les partenariats multipartites doivent être alignés avec les engagements d’Addis-Abeba pour assurer leur durabilité et un accès équitable à la technologie et aux financements.

M. JOSEPH BANGURA, jeune militant du grand groupe majeur des enfants et des jeunes, est revenu sur le deuxième segment concernant l’ODD 2 (éliminer la faim, réaliser la sécurité alimentaire et améliorer la nutrition, sans oublier la promotion de l’agriculture durable).  Il a d’abord souligné la nécessité d’une collaboration multipartite et synergétique pour combattre la malnutrition et la pauvreté.  Mettant l’accent sur l’agriculture durable, il a évoqué l’urgence d’agir rapidement face à la réduction des saisons agricoles et aux perturbations climatiques affectant la chaîne d’approvisionnement alimentaire.  Les efforts doivent être coordonnés dans tous les secteurs, incluant le secteur privé, la société civile, et les petits agriculteurs, souvent les plus exposés aux risques, a-t-il précisé.

M. Bangura a ensuite mis en avant la nécessité d’une approche inclusive, tenant notamment compte des disparités de genre.  Les partenariats, mutuellement bénéfiques et stratégiques, doivent se concentrer sur les impacts communs et le partage de valeur, plutôt que sur des actions transactionnelles, a-t-il affirmé.  Enfin, il a souligné la nécessité d’utiliser l’innovation pour renforcer la résilience et améliorer la transparence dans les investissements et les politiques.

Mme MARIA TERESA BENTO PARREIRA, responsable des programmes de Reboot, a présenté le segment consacré à l’ODD 13, « Prendre d’urgence des mesures pour lutter contre les changements climatiques et leurs répercussions ».  Elle a souligné que les effets des changements climatiques frappent de façon disproportionnée les communautés les plus vulnérables.  Agir urgemment dans le cadre de ces changements implique donc de parvenir à un mécanisme de prévention et d’élimination des catastrophes, en utilisant les connaissances traditionnelles autochtones ou les connaissances liées à la nature, a-t-elle expliqué.  Plusieurs intervenants ont insisté pour dire que les partenariats intégrés avaient fait leurs preuves, a-t-elle encore noté, en donnant comme exemple la « circularité des ressources » nécessaires à la mise en œuvre de solutions de lutte contre les changements climatiques.  Une approche « globale, holistique et basée sur la prise en compte des risques » permet également davantage de progrès, a-t-elle ajouté, en soulignant que les partenariats basés sur les connaissances traditionnelles avaient été un « fil rouge » dans toutes les déclarations. En effet, ces partenariats génèrent des bienfaits substantiels et contribuent à la réduction des effets des changements climatiques, tout en créant un monde plus équitable.  L’oratrice a conclu son intervention en soulignant que certains groupes et communautés marginalisés sont plus exposés aux risques liés à ces changements climatiques et en rappelant le rôle actif que la jeunesse pouvait jouer dans l’action climatique, alors même qu’elle a généralement du mal à être inclue dans les discussions sur ces questions.

Pour Mme PRIYA SOOD, coordinatrice de la gestion des connaissances et du plaidoyer pour l’ODD 16 au Centre de politique mondiale pour la gouvernance du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), il ne fait aucun doute que la réalisation de cet objectif (Paix, justice et institutions efficaces) repose sur des « partenariats robustes » et des « solutions innovantes », que ce soit avec les organisations internationales, les acteurs privés, la société civile ou encore la jeunesse.  Elle a noté combien il était important de travailler avec les communauté locales.  Pour se pencher sur la marginalisation et les inégalités, a-t-elle souligné, il faut un espace sûr en matière de protection des droits humains.  Parmi les conclusions émises par le groupe auquel participait Mme Sood, elle a ajouté la nécessité de publier « des données précises et ventilées » sur la justice et l’inclusion, de renforcer les capacités nationales pour suivre les tendances en matière de corruption, de se doter de lois qui promeuvent l’état de droit, de solidifier les mécanismes de protection des droits humains ainsi que l’accès à l’information.  Déployer davantage d’effort pour lutter contre les facteurs de perte de biodiversité, y compris la corruption, est également crucial, a-t-elle noté en citant aussi les impératifs d’améliorer l’éducation pour accompagner les efforts de paix et de mettre à contribution les jeunes, qu’elle a qualifiés « d’agents du changement ». 

M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a livré ses conclusions sur le forum des partenariats de l’ECOSOC.  Après avoir félicité les participants et les organisateurs de l’événement, il a souligné le rôle de catalyseur des partenariats, insistant sur l’importance de les adapter aux contextes locaux.  Il a également mis l’accent sur l’inclusion des plus vulnérables, notamment dans les pays les moins avancés, confrontés à de multiples crises. 

M. Junhua a ensuite évoqué le besoin urgent de mobiliser des ressources pour surmonter les obstacles, notamment grâce au plan de relance des ODD proposé par le Secrétaire général, destiné à augmenter les liquidités, à accélérer la restructuration des dettes et à élargir les financements pour les pays en développement. 

Il a enfin souligné l’importance de tirer des enseignements des débats et appelé à une volonté politique forte pour trouver des solutions durables et innovantes.  Il a conclu en espérant que ces discussions et recommandations alimenteront les débats futurs dans différents espaces intergouvernementaux, contribuant ainsi à l’avancement du développement durable.

Mme PAULA NARVAEZ, Présidente de l’ECOSOC, a clos les débats en soulignant leur clarté, tout au long du forum, s’agissant notamment des partenariats et stratégies nouvelles et audacieuses menées et proposées par les États Membres et autres parties prenantes.  Elle a dit sa satisfaction de constater que le format du forum lui-même avait permis de fournir une plateforme unifiée pour les débats qui s’y sont tenus.  La Présidente a invité l’ensemble des délégations à poursuivre leur participation à l’ECOSOC et de faire preuve d’une « dynamique collective » pour accélérer des partenariats « porteurs de transformation ». 

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