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9784e séance - matin
CS/15899

Conseil de sécurité: exposés des comités contre le terrorisme et inquiétudes quant à l’usage des nouvelles technologies par Daech, Al-Qaida et leurs affiliés

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Ce matin, le Conseil de sécurité s’est réuni pour la séance d’information annuelle sur les travaux de ses trois comités liés à la lutte contre le terrorisme: Comité des sanctions contre l’État islamique d’Iraq et du Levant (Daech) et Al-Qaida 1267/1989/2253; Comité contre le terrorisme ou Comité 1373; et Comité 1540 relatif à la non-prolifération des armes de destruction massive.  Notant que Daech, Al-Qaida et leurs affiliés restent la menace terroriste la plus aiguë sur plusieurs continents, les États Membres se sont alarmés en particulier du caractère évolutif de cette menace avec l’instrumentalisation d’Internet et des nouvelles technologies.

Les groupes terroristes font de plus en plus appel aux plateformes numériques et à de nouvelles technologies de financement, ainsi qu’à des drones pour améliorer leurs opérations et échapper aux sanctions, a d’abord informé Mme Vanessa Frazier, Représentante permanente de Malte et Présidente du Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015) concernant l’État islamique d’Iraq et du Levant (Daech), Al-Qaida et les personnes, groupes, entreprises et entités qui leur sont associés.  Ces entités constituent un danger pour l’Afrique, en particulier au Sahel, l’Afghanistan, l’Europe et l’Asie du Sud-Est, a-t-elle précisé. 

Les groupes terroristes utilisent de plus en plus la cryptomonnaie et l’apprentissage par des machines pour se dissimuler, renforçant ainsi leurs moyens opérationnels, a abondé M. Amar Bendjama, Représentant permanent de l’Algérie et Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1373 (2001) concernant la lutte antiterroriste - Comité 1373 ou Comité contre le terrorisme (CCT).  C’est dans ce contexte que le CCT a adopté les Principes directeurs d’Abou Dhabi qui, bien que non contraignants, devraient guider les États Membres dans leurs réponses aux menaces posées par l’utilisation des drones à des fins terroristes.

L’occasion pour la France de saluer le travail mené par la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) pour aider le CCT à veiller à la bonne application des résolutions du Conseil, et pour renforcer l’efficacité des méthodes de travail et de l’évaluation. 

Une approche bienvenue surtout face au danger supplémentaire que constitue l’expansion des activités idéologiques, de propagande et de recrutement par le biais d’habiles technologies de communication, a renchéri la Fédération de Russie.  D’autant, a fait remarquer Mme Frazier, que même si leur capacité d’organiser des opérations à l’extérieur a été affaiblie, « l’ambition et l’intention » de ces groupes de projeter la menace au-delà des zones de conflits sont encore très claires.  Ces évolutions nécessitent une attention de chaque instant, a-t-elle pressé.

De fait, a détaillé la Présidente du Comité 1267/1989/2253, Daech a maintenu sa capacité de perpétrer de graves attentats terroristes en dehors des théâtres de conflit, comme ce fut le cas à Moscou, en mars dernier, ou encore à Kerman en République islamique d’Iran avec l’État islamique d’Iraq et du Levant-Khorassan (EIIL-K), entité inféodée à Daech en Afghanistan.  En Syrie, Hay’at Tahrir el-Cham (Organisation de libération du Levant)  reste le groupe terroriste prédominant dans le nord-ouest, tandis que Hourras el-Din continue d’être actif dans le sud-est d’Edleb et le nord de Lattaquié. 

Selon l’évaluation de l’équipe de surveillance de la menace posée par Daech et Al-Qaida, des leaders arabes d’Al-Qaida se déplacent vers le Pakistan, notamment dans le cadre d’activités de formation, ce qui est révélateur, a ajouté Mme Frazier, des intentions du groupe sur le long terme.  Mais l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, « où la pauvreté se conjugue au désespoir », restent un terrain fertile pour Al-Qaida et Daech, à travers leurs affiliés, notamment au regard d’avancées territoriales significatives, facilitant les mouvements d’armes et de combattants. 

Mme Frazier a expliqué l’importance des recettes générées par ces groupes en partie par des canaux informels et des sources illicites.  En Somalie, les Chabab ont fait preuve de résilience et continuent d’opérer activement, recrutant des personnes possédant une expertise technique. 

« Lorsque les groupes terroristes maîtrisent l’intelligence artificielle bien avant que certains États ne maîtrisent les bases de la lutte contre le terrorisme, nous avons un problème », s’est impatienté le représentant algérien, à titre national.  « L’Afrique n’a pas de temps à perdre, la menace va plus vite que notre réponse », a-t-il averti.  Quand on regarde l’Afrique, a-t-il poursuivi, on constate, jour après jour, que la pauvreté est exploitée pour alimenter l’extrémisme, que la faiblesse des institutions conduit à l’infiltration et que le manque d’opportunités devient un terrain fertile.  « Et que fait le Conseil face à ce paysage?  Nous établissons des comités bureaucratiques qui ne se parlent pas.  Nous avons des attentes sans ressources correspondantes. »  Cette approche doit changer, a-t-il tranché.

Un point de vue défendu en partie par ses homologues de la France, des États-Unis et du Royaume-Uni, qui ont souligné l’importance de la coopération entre ces trois organes subsidiaires du Conseil de sécurité pour mieux aider la communauté internationale à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes. 

Parmi les propositions, les délégations ont recommandé, à l’instar de la Suisse, des sanctions ciblées, ou encore le tarissement des sources de financement du terrorisme.  Profondément préoccupé par l’influence croissante de l’EIIL au Sahel, « devenu un foyer majeur de terrorisme mondial », le délégué de la Sierra Leone a prôné une coopération régionale renforcée, dans l’esprit de la récente initiative de l’Union du fleuve Mano, alignée sur les efforts de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour contrer les menaces émergentes à la paix et à la sécurité. 

Le Mozambique a redit la nécessité d’une approche régionale, se félicitant de la réunion de haut niveau organisée en avril dernier à Abuja, au Nigéria, sur le renforcement de la coopération régionale et des institutions pour faire face à l’évolution de la menace terroriste en Afrique.  « Nos efforts s’adaptent » avec le soutien de la DECT, les organisations régionales, la société civile et les universités afin d’aider les États Membres à lutter contre le terrorisme, a assuré le Président du CCT, informant que la Direction exécutive apporte un soutien et conduit des visites de suivi dans le golfe de Guinée –au Ghana, en Côte d’Ivoire et au Togo- en tant que composante clef du processus d’évaluation du Comité. 

Comme Mme Frazier qui a recommandé de maintenir le régime de sanctions au rang des priorités de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, l’ensemble des délégations ont reconnu le caractère indispensable des sanctions.  Mais il convient également de minimiser tout impact humanitaire involontaire, a plaidé la République de Corée.  D’où l’importance du Bureau du Médiateur auprès du Comité du Conseil de sécurité faisant suite aux résolutions 1267 (1999), 1989 (2011) et 2253 (2015) concernant l’État islamique d’Iraq et du Levant (Daech), Al-Qaida et les personnes, groupes, entreprises et entités qui leur sont associés, a fait valoir la délégation britannique.  Un point de vue partagé par la Suisse, pour qui les travailleurs humanitaires doivent poursuivre leur travail sans être « entravés par les sanctions ». 

D’autres pays ont en outre salué l’adoption de la résolution 2734 (2024) qui permet la prise en compte des violences sexuelles et fondées sur le genre dans les demandes d’inscription sur la liste des sanctions.  Toutefois, ont déploré les États-Unis, le Comité n’a pas inscrit de nouvel individu sur ladite liste depuis plus d’un an du fait d’obstacles « politiques ».  Pour l’heure, la liste des sanctions contient 255 personnes et 89 entités et a été mise à jour pour la dernière fois le 23 août 2024, a signalé la Présidente.

Enfin, en ce qui concerne la non-prolifération des armes de destruction massive, domaine de compétence du Comité créé par la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité concernant la prévention de la prolifération des armes nucléaires, chimiques et biologiques (Comité 1540), son Président, M. Andrés Efren Montalvo Sosa, représentant de l’Équateur, a signalé la tenue de la première séance d’information ouverte du Comité, le 9 octobre, et d’un dialogue interactif informel avec les États Membres et les organisations internationales et régionales, le 10 octobre. 

Pierre angulaire de la lutte contre l’expansion des armes de destruction massive aux mains d’acteurs non étatiques, la coopération entre les comités appelle à un partage d’informations.  Or la Fédération de Russie s’est opposée aux efforts du Président du Comité 1540 pour combler les postes vacants depuis plus d’un an et a empêché le travail des experts, a accusé la délégation américaine.  Réfutant ces allégations, la délégation russe a insisté sur « la nature de non-prolifération exclusivement assignée » à ce comité, estimant que toute tentative de modifier son champ d’action serait contraire à la « lettre et à l’esprit » de la résolution 1540 (2004) du Conseil de sécurité.

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