9669e séance – matin & après-midi  
CS/15745

Enfants et conflits armés: le Conseil de sécurité débat de la hausse alarmante des violations graves et des moyens d’inverser cette tendance

Le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui son débat public annuel sur les enfants et les conflits armés, l’occasion pour la Représentante spéciale sur cette question d’alerter sur l’augmentation de 21% des violations graves en 2023 et de rappeler que, partout dans le monde, les enfants ont été les plus durement touchés par la multiplication et l’escalade des crises.  Ce débat, auquel ont pris part plus de 80 délégations, a permis à de nombreux États d’appeler les parties au conflit à inverser la tendance actuelle en mettant en œuvre des plans d’action sous l’égide de l’ONU.  Il a également porté sur la liste des auteurs de violations annexée au rapport annuel du Secrétaire général, dont la Fédération de Russie a dénoncé le caractère « politisé ». 

Venue présenter ce rapport, Mme Virginia Gamba a précisé que, dans les 26 situations couvertes par son mandat, l’ONU a vérifié 32 990 violations graves contre 22 557 en 2023, soit le nombre le plus élevé de violations annuelles depuis près de 10 ans.  Elle a relevé que sur les six violations graves répertoriées contre les enfants, les plus nombreuses en 2023 ont été le meurtre et la mutilation d’enfants, suivis de leur recrutement et de leur utilisation, du refus d’accès humanitaire et des enlèvements.  Elle a également relevé qu’en 2023, les viols et autres formes de violences sexuelles ont augmenté de 25%, touchant principalement les filles. 

Selon Mme Gamba, les situations d’enfants et de conflits armés ayant enregistré le plus grand nombre de violations graves en 2023 étaient Israël et le Territoire palestinien occupé (y compris Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est), la République démocratique du Congo (RDC), le Myanmar, la Somalie, le Nigéria et le Soudan. Elle a par ailleurs noté une augmentation dans les situations où la protection de l’enfance était faible, comme en Éthiopie, en Haïti, au Mozambique et dans les régions du Sahel et du lac Tchad.  S’agissant du conflit au Moyen-Orient, elle a indiqué que les violations perpétrées de part et d’autre ont conduit le Secrétaire général à inscrire les forces armées et de sécurité israéliennes, les brigades Ezzeddine el-Qassam du Hamas et les brigades Al-Qods du Jihad islamique palestinien sur la liste des auteurs, en annexe de son rapport. 

Au total, 75 parties sont désormais répertoriées comme auteurs de graves violations dans le monde, dont 10 acteurs étatiques et 65 groupes armés, a-t-elle souligné, suscitant la colère de la Fédération de Russie.  Pour cette dernière, « seule la politisation » peut expliquer l’absence des forces armées ukrainiennes de cette liste, alors que les forces armées russes y figurent.  La délégation s’est également étonnée que le rapport n’adresse aucun rappel à l’ordre aux États-Unis, qui contrôlent en Syrie la zone des camps de Hol et Roj, où sont arbitrairement détenus 29 000 enfants. 

La Russie est responsable de meurtres, de mutilations, de transferts forcés d’enfants et d’attaques contre les écoles et les hôpitaux, ont rappelé plusieurs pays, dont la France, qui a souhaité que le Conseil appuie le mécanisme de surveillance et de communication de l’information relative aux enfants en situation de conflit armé afin de permettre au Secrétaire général d’établir une « liste d’infamie complète et objective ».  Le travail visant à obliger les auteurs de violations graves à rendre des comptes doit se poursuivre, a appuyé l’ancien Secrétaire général Ban Ki-Moon, aujourd’hui Vice-Président du Groupe des Sages, pour qui l’inscription des forces armées et de sécurité israéliennes et des groupes armés palestiniens est une étape importante à cet égard. 

En écho au témoignage d’un jeune Congolais de 16 ans, recruté et maltraité par un groupe armé puis arrêté par les forces armées de la RDC, avant d’être libéré et de bénéficier d’un programme de réintégration sociale et éducative, M. Ban a fait part du traumatisme qu’il a subi enfant en fuyant avec sa famille pendant la guerre de Corée. « Aucun enfant ne devrait endurer ce que j’ai vécu et ce que d’innombrables autres garçons et filles subissent encore aujourd’hui », a-t-il déclaré. 

Sur une note plus positive, Mme Gamba a indiqué que, grâce à l’engagement de l’ONU avec les belligérants, des progrès ont été enregistrés en RDC, en Iraq, au Mozambique, au Nigéria, aux Philippines, en Somalie, en Syrie, en Ukraine et au Yémen. Des avancées saluées par le Sous-Secrétaire général et Directeur exécutif adjoint chargé de l’action humanitaire et des opérations d’approvisionnement du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), qui a salué la signature de plans d’action, par le Gouvernement iraquien et l’Armée nationale syrienne, ainsi que d’un plan de prévention par l’Ukraine.  M. Ted Chaiban a ajouté qu’avec le soutien des missions de l’ONU et des partenaires de la société civile, l’UNICEF a apporté une protection et un soutien à la réintégration à près de 11 000 enfants précédemment recrutés et utilisés par des forces et des groupes armés, ce dont se sont félicités les États-Unis, le Mozambique, le Royaume-Uni et la Slovénie. 

À l’aune de ces exemples, M. Chaiban a demandé au Conseil de sécurité de réaffirmer son soutien ferme au mandat sur les enfants et les conflits armés et à l’outil essentiel que constitue le mécanisme de surveillance et de communication de l’information.  De même, il a jugé urgent que le Conseil promeuve le consensus selon lequel les enfants doivent être épargnés des dangers et de la violence.  Une position vivement soutenue par l’Équateur et la Suisse, qui ont appelé à soutenir l’adhésion universelle au Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, la Chine souhaitant pour sa part que le Conseil reste attaché au règlement politique des conflits, sans ingérence externe, et à la non-politisation de l’action humanitaire.  Les lignes contraires défendues par les États-Unis et l’Algérie sur le conflit à Gaza ont toutefois montré la difficulté de l’exercice. 

D’autres délégations se sont inquiétées du possible recul des capacités de protection des enfants lors du retrait des missions de maintien de la paix et de missions politiques spéciales de l’ONU.  Alors que plusieurs d’entre elles doivent être transférées ces prochains mois, le Guyana et le Japon ont plaidé pour une continuité des programmes de protection de l’enfance, tant par les équipes de pays des Nations Unies que par les autorités nationales.  Malte, qui assure la présidence du Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés, a de son côté exhorté le Conseil à faire en sorte que les progrès réalisés au fil des années ne soient pas perdus pendant les périodes de transition. 


(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.

 

LES ENFANTS ET LES CONFLITS ARMÉS: AMÉLIORER NOS NORMES COLLECTIVES POUR MIEUX PROTÉGER LES ENFANTS ET METTRE UN TERME À TOUTES LES VIOLATIONS GRAVES  (S/2024/384)  (S/2024/468)

Déclarations

Mme VIRGINIA GAMBA, Représentante spéciale pour les enfants et les conflits armés, a présenté le rapport annuel du Secrétaire général sur cette question en indiquant que, dans les 25 pays et une situation régionale couverts par son mandat, l’ONU a vérifié 32 990 violations graves contre 22 557 enfants en 2023, soit le nombre le plus élevé de violations annuelles depuis près de 10 ans.  Rien que par rapport à 2022, qui marquait déjà une grave détérioration pour les enfants, les violations graves ont augmenté de 21%, a-t-elle précisé, constatant que, partout dans le monde, les enfants ont été les plus durement touchés par la multiplication et l’escalade des crises.  Selon Mme Gamba, la brutalité des violations s’est intensifiée dans de nombreuses situations, par exemple en Haïti, où des enfants ont été violés collectivement, décapités à coups de machette et brûlés vifs par des bandes armées. 

En 2023, a-t-elle relevé, les principales violations graves vérifiées étaient le meurtre et la mutilation d’enfants, suivis du recrutement et de l’utilisation, du refus d’accès humanitaire et des enlèvements.  S’agissant de la première de ces violations, elle a fait état de 5 301 enfants tués et 6 348 autres mutilés et/ou blessés, ce qui représente une augmentation de 35% par rapport aux années précédentes. Des chiffres liés en grande partie à l’utilisation d’armes explosives dans des zones densément peuplées et aux attaques délibérées et aveugles contre des civils et des biens de caractère civil. Toutes les parties au conflit, forces armées ou groupes armés non étatiques, ont contribué à cette « récolte meurtrière », a-t-elle déploré, avant d’évoquer le recrutement et l’utilisation d’enfants, également en hausse avec 8 655 cas vérifiés, dont environ 15% étaient des filles.  Dans de multiples situations, des enfants ont été utilisés dans des rôles de combat, les exposant à des risques importants et à la mort.  De plus, pas moins de 2 491 enfants ont été privés de liberté et exposés à des mauvais traitements et à des violations des droits humains.  Alors que 31 000 enfants continuent d’être privés de liberté dans les camps de Hol et Roj, dans le nord-est de la Syrie, elle a exhorté les États Membres à traiter les enfants effectivement ou prétendument associés à des forces ou à des groupes armés, y compris ceux désignés comme terroristes par l’ONU, « avant tout comme des victimes » et à permettre aux acteurs de la protection de l’enfance d’avoir accès à eux.

Les enlèvements d’enfants, qui se sont également poursuivis à des niveaux élevés en 2023, avec 4 356 enfants victimes vérifiés, sont souvent perpétrés en conjonction avec d’autres violations graves, notamment le recrutement et l’utilisation, le meurtre et la mutilation, ainsi que la violence sexuelle, a indiqué Mme Gamba.  En 2023, les viols et autres formes de violences sexuelles ont augmenté de 25% et ont touché 1 470 enfants, en particulier des filles.  Les viols collectifs se sont poursuivis sans relâche, avec des chiffres élevés en République centrafricaine, en République démocratique du Congo (RDC) et en Haïti, les filles étant régulièrement recrutées ou enlevées à des fins d’exploitation sexuelle, puis violées à plusieurs reprises.  Pourtant, a-t-elle noté, la plupart des cas de violence sexuelle ne sont jamais signalés en raison de la stigmatisation, du risque de représailles, des normes de genre néfastes et du manque d’accès à des canaux de signalement sûrs, à l’assistance et à la justice.

Les violations collectives se sont aussi multipliées en 2023, avec 1 650 attaques vérifiées contre des écoles et des hôpitaux.  L’utilisation de ces installations à des fins militaires est restée très préoccupante et a exposé les enseignants, les étudiants, le personnel médical et les patients à des risques, a souligné la Représentante spéciale, pour qui « cela n’a été nulle part plus répandu que dans la bande de Gaza, en Ukraine et au Soudan ».  Au total, 72 millions d’enfants dans le monde n’étaient pas scolarisés en 2023 en raison de conflits et de crises.  Dans certains cas, notamment en Afghanistan, le refus d’accès à l’éducation a été particulièrement sévère pour les filles.  De même, le refus d’accès humanitaire a atteint des niveaux alarmants, avec 5 205 violations vérifiées, soit une augmentation de plus de 32%. 

Sur le plan mondial, les situations d’enfants et de conflits armés ayant enregistré le plus grand nombre de violations graves en 2023 étaient Israël et le Territoire palestinien occupé, y compris Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est, la RDC, le Myanmar, la Somalie, le Nigéria, et le Soudan.  D’après la Représentante spéciale, les violations contre les enfants ont également connu une augmentation dans les situations où la protection de l’enfance était faible, comme en Éthiopie, en Haïti, au Mozambique et dans les régions du Sahel et du lac Tchad.  Au Myanmar, la situation s’est fortement détériorée, avec une augmentation de 123% des violations graves.  S’attardant sur le conflit au Proche-Orient, Mme Gamba s’est dite consternée par les meurtres, les mutilations et les enlèvements d’enfants par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens, ainsi que par le nombre d’enfants tués et mutilés par les forces armées et de sécurité israéliennes dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée.  Les violations dans l’ensemble de la situation ont augmenté de 155%, avec 8 009 violations graves contre 4 360 enfants, a-t-elle indiqué.  Elle a ajouté qu’après évaluation des graves violations commises contre les enfants dans cette situation, le Secrétaire général a répertorié dans les annexes de son rapport de cette année les forces armées et de sécurité israéliennes pour le meurtre et la mutilation d’enfants et pour les attaques contre des écoles et des hôpitaux, et a inscrit les brigades Ezzeddine el-Qassam du Hamas et les brigades Al-Qods du Jihad islamique palestinien pour meurtre, mutilation et enlèvement d’enfants lors de l’attaque du 7 octobre 2023 contre des civils israéliens.

Au total, a précisé Mme Gamba, grâce aux décisions du Secrétaire général figurant en annexe du rapport de cette année, 75 parties sont désormais répertoriées comme auteurs de graves violations dans le monde, dont 10 acteurs étatiques et 65 groupes armés.  Parmi eux, plus de 50 sont des auteurs persistants répertoriés depuis cinq ans ou plus.  Dans ce contexte, a-t-elle souligné, l’ONU a poursuivi son engagement constructif avec les parties au conflit, parvenant à des progrès dans certaines situations, notamment en République centrafricaine, en RDC, en Iraq, au Mozambique, au Nigéria, aux Philippines, en Somalie, en Syrie, en Ukraine et au Yémen.  Outre la signature de plans d’action de prévention et de protection, elle a noté que plus de 7 650 enfants anciennement associés à des forces ou groupes armés ont été libérés de leurs rangs et que nombre d’entre eux ont reçu une aide à la réintégration de l’ONU et de ses partenaires l’année dernière. 

Avant de conclure, la Représentante spéciale a observé que, malgré le consensus international atteint sur la question de la protection des enfants, les parties au conflit bafouent ouvertement les droits de l’enfant, avec peu ou pas de conséquences.  « Cela doit cesser », a-t-elle martelé, soulignant l’importance de respecter les principes juridiques et moraux les plus fondamentaux sur lesquels la communauté internationale s’est entendue dans le cadre de la Convention relative aux droits de l’enfant et de ses protocoles pertinents.  « Les enfants doivent être protégés des conflits provoqués par l’homme si nous voulons briser le cycle de violence qui a maintes fois mis le monde au bord de l’extinction. » 

Le Sous-Secrétaire général et Directeur exécutif adjoint chargé de l’action humanitaire et des opérations d’approvisionnement au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), M. TED CHAIBAN, a expliqué qu’en 2023, l’ONU a vérifié 32 990 violations graves à l’encontre d’enfants, soit une augmentation de 21% par rapport à 2022, qui détenait auparavant le titre de pire année jamais enregistrée.  En réalité, a-t-il précisé, ces chiffres ne rendent pas compte de l’ampleur des violations graves, ni des dommages physiques et psychosociaux profonds qu’elles ont causés à la vie des enfants, à leurs familles et à leurs communautés.  Ils sont toutefois révélateurs de tendances et de schémas plus larges affectant les enfants, a-t-il souligné, à savoir que toujours plus d’enfants sont tués et mutilés, violés et soumis à d’autres formes de violence sexuelle, et qu’il y a davantage de cas de refus d’accès humanitaire aux enfants. 

M. Chaiban a mis en lumière trois des situations mentionnées dans le rapport du Secrétaire général.  En 2023, 4 312 enfants palestiniens et 70 enfants israéliens ont été tués ou mutilés, ce qui représente 37% de tous les cas vérifiés de meurtres et de mutilations figurant dans le rapport.  La plupart des victimes ont été tuées par des armes explosives dans des zones peuplées.  Dans le même temps, plus de 23 000 cas signalés d’enfants tués ou mutilés au cours de l’année 2023 n’ont pas encore été vérifiés en raison de l’insécurité, des restrictions de mouvement et des risques importants encourus par le personnel humanitaire opérant à Gaza.  En outre, les corps de milliers d’enfants disparus restent enfouis sous les décombres. Ces chiffres n’incluent pas non plus les milliers de violations signalées jusqu’à présent en 2024, a précisé M. Chaiban.  Après près de neuf mois d’un conflit horrible, l’UNICEF et les autres acteurs humanitaires luttent toujours pour atteindre les enfants dans le besoin, a-t-il concédé, citant les obstacles à l’acheminement sûr de l’aide dans et à travers la bande de Gaza qui font croître le nombre d’enfants souffrant de malnutrition aiguë.  L’UNICEF demande instamment aux parties au conflit de respecter leurs obligations en matière de protection des enfants et de conclure immédiatement un cessez-le-feu complet, comme l’a demandé le Conseil dans ses résolutions récentes 2712 (2023) et 2725 (2024), a-t-il lancé. 

Il a ensuite abordé la situation au Soudan où, après plus d’un an de guerre, le pays connaît aujourd’hui la plus grande crise de déplacement d’enfants au monde, avec environ 4,6 millions d’enfants soudanais déplacés à l’intérieur du pays et au-delà des frontières, et une augmentation de près de 300% des graves violations des droits humains.  D’innombrables enfants ont été exposés à une violence effroyable, a-t-il déclaré, et l’ONU a vérifié le meurtre et la mutilation de 1 244 enfants par les parties au conflit en 2023, tandis que des violations graves généralisées ont été signalées jusqu’à présent en 2024.  L’UNICEF demande instamment au Conseil de prendre de nouvelles mesures significatives pour alléger les souffrances des enfants au Soudan, a déclaré M. Chaiban. 

Poursuivant sur la situation en RDC, il s’est inquiété de l’intensification du conflit dans l’est du pays qui y a conduit à la pire crise humanitaire depuis 2003, laissant 7 millions de personnes déplacées.  En 2023, l’ONU a vérifié 281 incidents de violence sexuelle, y compris des viols, des viols collectifs, des mariages forcés et de l’esclavage sexuel, la plupart des violations étant perpétrées à l’encontre de filles.  M. Chaiban est d’autant plus inquiet que le conflit dans l’est du pays s’intensifie au moment du départ de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo - MONUSCO, craignant que la crise humanitaire en RDC ne devienne bientôt une catastrophe.

Rappelant qu’il ne s’agit là que de trois des 26 situations couvertes par le rapport du Secrétaire général, il a souligné que des milliers d’autres enfants dans des pays comme le Burkina Faso, Haïti, le Mali, le Myanmar, l’Ukraine et le Yémen ont subi de graves violations de leurs droits en 2023, et des millions d’autres sont toujours en danger.  Le rapport de cette année montre clairement que malgré le consensus mondial sur la nécessité de protéger les enfants pendant la guerre, les parties au conflit ne remplissent toujours pas leurs obligations en vertu du droit international, a-t-il déploré martelant que ces violations graves ne se produisent pas d’elles-mêmes, elles résultent des choix et des actions des auteurs, qu’il s’agisse d’États ou de parties non étatiques à un conflit.  Sur une note positive, il a fait état de certains progrès notables enregistrés en 2023, notamment le plan d’action du Gouvernement iraquien; le plan de prévention de l’Ukraine et le plan d’action de l’Armée nationale syrienne visant à mettre fin et à prévenir le recrutement et l’utilisation, le meurtre et la mutilation d’enfants.

Avec le soutien des missions de l’ONU et des partenaires de la société civile, l’UNICEF a apporté une protection et un soutien à la réintégration à près de 11 000 enfants précédemment recrutés et utilisés par les forces armées et les groupes armés, a précisé M. Chaiban.  Ces exemples montrant que des progrès significatifs sont possibles, l’UNICEF demande instamment au Conseil de sécurité, « au nom des enfants dans les conflits », de réaffirmer son soutien ferme au mandat sur les enfants et les conflits armés, au mécanisme de surveillance et de communication de l’information, et à l’architecture plus large de ce mandat.  Les données des Nations Unies, vérifiées de manière indépendante et solide, sont un outil essentiel du mandat, a fait valoir son représentant.  Il est urgent en outre que le Conseil réaffirme et promeuve le consensus selon lequel les enfants doivent être épargnés des dangers et de la violence. 

Les membres du Conseil et la communauté internationale doivent s’engager dans des efforts diplomatiques renforcés et soutenus pour mettre fin aux conflits et prévenir l’escalade des hostilités, a-t-il conclu.  L’UNICEF voudrait aussi pouvoir compter sur le soutien du Conseil de sécurité pour plaider en faveur d’un espace humanitaire permettant aux Nations Unies de continuer à s’engager avec toutes les parties au conflit pour développer des outils de prévention et de protection tels que les plans d’action et pour l’accès humanitaire afin d’aider et de protéger les enfants.  Enfin, M. Chaiban a plaidé pour obtenir des ressources adéquates pour les survivants de violations graves, y compris pour des services spécialisés axés sur l’enfant, et des actions de sensibilisation pour prévenir et mettre fin à ces violations. Ceci est particulièrement urgent dans le contexte du retrait des missions de maintien de la paix ou des missions politiques spéciales, a-t-il argué.

M. BAN KI-MOON, Vice-Président du Groupe des Sages et ancien Secrétaire général de l’ONU, a rappelé que la protection des vies innocentes est au cœur des activités des Sages, soulignant que la protection des enfants contre les mauvais traitements et l’exploitation est une obligation morale universelle. Les États doivent avoir honte que des enfants innocents continuent de payer un prix si terrible dans les nombreux conflits dans notre monde, a-t-il imaginé.  « Je suis choqué et indigné que les violations graves contre les enfants aient augmenté de 21% en 2023, avec une augmentation de 35% des meurtres et des mutilations d’enfants au cours de la même période. » L’ancien Secrétaire général y a vu un mépris persistant et flagrant du droit international par les forces gouvernementales ou par des acteurs armés non étatiques.  Ils ont un sentiment d’impunité parce qu’ils ne seront pas tenus responsables de leurs actes, a-t-il compris.

Selon M. Ban, les auteurs des crimes contre les enfants ne devraient pas avoir d’impunité, qu’il s’agisse d’États ou de groupes armés, dans des autocraties ou des démocraties.  Ces distinctions ne valent rien pour les parents d’enfants assassinés, ni pour les institutions chargées de faire respecter la justice internationale, a-t-il relevé.  Il a fait valoir que le traumatisme vécu par les enfants dans les conflits armés ne peut pas être résumé uniquement par des chiffres.  « En tant que jeune garçon pendant la guerre de Corée, j’ai vécu un traumatisme et un déplacement déchirant en fuyant ma maison pendant le conflit, avec la mort et la destruction tout autour de moi », a témoigné M. Ban.  « La souffrance dont j’ai été témoin en fuyant mon village en flammes avec mes parents a continué à me hanter dans les jours et les années qui ont suivi. »

« Aucun enfant ne devrait endurer ce que j’ai vécu et ce que d’innombrables autres garçons et filles subissent encore aujourd’hui, de Gaza à l’Ukraine, du Soudan au Myanmar, de la République démocratique du Congo au Yémen, et tant d’autres conflits qui ne sont pas sur le radar des décideurs politiques ou des médias du monde », a encore déclaré le Vice-Président des Sages. Rappelant le rapport sur les enfants et les conflits armés écrit il y a 28 ans par Mme Graça Machel, ancienne combattante de la liberté et Ministre de l’éducation du Mozambique, M. Ban a cité celle-ci: « De plus en plus de gens sont aspirés dans un vide moral désolant qui est un espace dépourvu des valeurs humaines les plus fondamentales, un espace dans lequel les enfants sont massacrés, violés, mutilés et exposés à une brutalité extrême. »

M. Ban a dit que l’inscription des forces armées et de sécurité israéliennes et des groupes armés palestiniens sur la liste est une étape importante pour ce qui est de l’obligation de rendre des comptes.  Là où les missions de maintien de la paix et les missions politiques diminuent, il faut fournir des ressources suffisantes pour que ce travail vital se poursuive, a-t-il recommandé.  Se désolant que les attaques contre les écoles et les hôpitaux soient de plus en plus fréquentes à Gaza, en Ukraine, au Myanmar et au Soudan, il a appelé les États Membres à mettre en œuvre les engagements énoncés dans la Déclaration sur la sécurité dans les écoles soutenue par 120 États. 

Préoccupé par les niveaux toujours élevés de violence sexuelle à l’égard des filles dans les conflits dans le monde entier, M. Ban a averti que les enfants nés de violences sexuelles méritent un soutien particulier.  Citant M. Denis Mukwege, il a déclaré que « les survivants de violences sexuelles ont droit à la vérité, à la justice, à la réparation et à des garanties de non-répétition ».  De même que les survivants et leurs enfants ont des droits, les membres du Conseil ont des responsabilités pour s’assurer que ces droits soient respectés et que les auteurs soient tenus responsables, a-t-il lancé. 

M. Ban a déclaré que le Conseil de sécurité est défaillant, obsolète, non représentatif et inefficace, l’accusant de ne pas remplir sa fonction qui est de maintenir la paix et la sécurité et protéger les vies innocentes. Le Conseil est dans l’impasse sur les conflits car certains membres permanents abusent du droit de veto, a-t-il constaté.  Si les conflits majeurs font rage, c’est à cause d’un manque de volonté politique de donner la priorité au règlement des conflits, a-t-il analysé.  L’ancien Secrétaire général s’est réjoui qu’au Sommet de l’avenir, en septembre, des réformes spécifiques du Conseil de sécurité soient enfin examinées.  Il faut trouver une formule de réforme qui aboutisse à une représentation accrue et à une efficacité, a-t-il espéré avant d’exhorter à faire cesser l’impunité de ceux qui violent les droits fondamentaux des enfants.

Venu partager son expérience, un enfant a expliqué qu’un conflit faisait rage dans l’est de la République démocratique du Congo à sa naissance, il y a 16 ans, et qu’il a été forcé de rejoindre un groupe armé alors qu’il était sur le chemin de l’école.  Il a demandé des mesures plus fortes afin de mettre fin aux conflits armés et aux dangers pesant sur les enfants afin qu’ils puissent jouir de leurs droits, notamment le droit d’aller à l’école, exhortant en outre à la libération des enfants recrutés par des groupes armés. 

Il a ensuite fait le récit de sa vie et des conséquences négatives du conflit armé. « J’avais l’habitude de me réveiller très tôt tous les jours et de travailler dans les champs pour que nous puissions nous nourrir, j’étais payé l’équivalent d’un dollar à l’époque, j’avais 11 ans. »  Il a expliqué qu’un jour sur le chemin de l’école des hommes armés l’ont arrêté et détenu, ainsi qu’une fille et un autre garçon.  « Ils nous ont fouettés et maintenus dans la brousse.  En plus des exercices au maniement d’armes qui ont duré trois mois, nous étions chargés de transporter la nourriture volée dans les champs ».  Après trois ans de cette vie difficile dans la brousse, il a raconté s’être enfui et avoir été arrêté par l’armée.  Libéré quelques jours plus tard, il a reçu une aide du Gouvernement pour sa réintégration sociale et éducative, ainsi qu’un certificat du programme de démobilisation des enfants du Gouvernement congolais pour assurer sa protection au sein de la communauté, car certains le pointait du doigt en raison de ses liens avec le groupe armé.  « Maintenant que je suis de retour à l’école, je travaille avec mes collègues du Parlement des enfants pour sensibiliser les communautés afin de garantir que les droits des enfants soient respectés. »

Il a demandé au Conseil de s’emparer de la cause de la défense des droits des enfants dans le monde et en RDC.  « De nombreux enfants congolais ont besoin d’une aide comme celle que j’ai reçue, je ne veux pas qu’un autre enfant endure ce que j’ai enduré. »

Le représentant de Malte, pays assurant la présidence du Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés, a souligné l’importance du maintien de l’objectivité, de l’impartialité et de la transparence dans le rapport annuel du Secrétaire général sur cette question.  Qualifiant la liste des auteurs annexée au rapport d’outil essentiel pour mettre fin aux violations et protéger les enfants dans les situations de conflit armé, il a jugé essentiel d’appliquer les mêmes normes de contrôle à toutes les parties dans toutes les situations.  Après avoir constaté que les violations contre les enfants ont atteint une ampleur sans précédent en Israël et dans les territoires palestiniens occupés depuis les attaques du 7 octobre dernier, le délégué s’est ému de la situation au Soudan, marquée par une augmentation des meurtres et des mutilations d’enfants, une généralisation des violences sexuelles liées au conflit, un recrutement accru et des obstacles persistants à l’accès humanitaire.  Il s’est également dit préoccupé par la détérioration de nombreux autres conflits, notamment en Haïti, au Myanmar et en Somalie.  S’agissant de l’Ukraine, il a exhorté la Fédération de Russie à renforcer les mesures de prévention et à élaborer un plan d’action commun pour mettre fin et prévenir les graves violations contre les enfants. 

Après avoir appelé les pays à approuver les Principes et les Engagements de Paris, la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, les Principes de Vancouver et la Déclaration politique sur la protection des civils contre l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées, le représentant s’est alarmé de la perte de capacité de protection des enfants lors du retrait des missions de maintien de la paix, notamment celui de la MONUSCO en République démocratique du Congo.  Le Conseil de sécurité doit selon lui continuer d’examiner l’impact des retraits sur la capacité de protection de l’enfance, garantir des ressources suffisantes et faire en sorte que les progrès réalisés au fil des années ne soient pas perdus pendant les périodes de transition. 

La représentante de Guyana s’est dite plus qu’alarmée par le rapport du Secrétaire général à l’examen qui atteste que la violence à l’encontre des enfants a atteint des niveaux extrêmes, avec une augmentation de 21% des violations graves, y voyant un manque de respect des obligations juridiques internationales et un « manque d’humanité qui fait froid dans le dos ».  Elle a accusé les adultes engagés dans les conflits armés et les parties aux différents conflits de perdre complètement de vue que la protection des enfants doit toujours être la première considération.  Elle s’est inquiétée de constater que le refus d’accès à l’aide humanitaire se poursuit à un rythme alarmant et que de plus en plus d’enfants en situation de conflit sont privés de nourriture et de médicaments, risquant de mourir de faim et de maladie.  Les parties aux conflits doivent faciliter le passage sans entrave de l’aide humanitaire, a donc exigé la représentante en leur rappelant qu’il s’agit d’une obligation juridique internationale et non d’une monnaie d’échange politique.

Inquiète également de la multiplication des attaques contre les écoles et les hôpitaux et de la recrudescence de leur utilisation militaire, en violation directe du droit international humanitaire, elle a exhorté le Conseil de sécurité à utiliser tous les outils à sa disposition pour protéger les enfants contre ces graves violations et à donner la priorité à l’inclusion de dispositions et de capacités de protection de l’enfance dans les mandats des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales.  Alors que plusieurs d’entre elles doivent être transférées au cours des prochains mois, il est essentiel de se concentrer sur la continuité des programmes de protection de l’enfance, tant par les équipes de pays des Nations Unies que par les autorités nationales, a insisté la déléguée.  Ces efforts doivent être soutenus par des ressources et du personnel adéquats. 

Le représentant de la Fédération de Russie a imputé l’augmentation de 35% du nombre d’enfants tués et mutilés dans le monde à l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza, où les deux tiers de toutes les victimes sont des femmes et des enfants.  Observant que les six violations graves contre les enfants sont commises à une « échelle monstrueuse » dans la zone du conflit israélo-palestinien, il a estimé que la situation à Gaza constitue un défi majeur en matière de protection des enfants pour l’ensemble de la communauté internationale.  Il a « pleuré » également les enfants d’Israël décédés ou blessés le 7 octobre 2023, tout en estimant que ces sacrifices ne justifient pas les violations par Israël du droit international humanitaire à Gaza.  Dans cette enclave, a-t-il déploré, quand les enfants ne meurent pas à cause des tirs de roquettes israéliens sur des zones résidentielles, des écoles, des hôpitaux, des mosquées, des camps de réfugiés et des installations de l’ONU, ils meurent de faim, de déshydratation et de maladie.  Il ajouté que la situation n’est pas meilleure en Cisjordanie, où l’on constate aussi une forte augmentation des violations, notamment des meurtres et des mutilations, et de la détention arbitraire de mineurs soumis à la torture et à d’autres formes de traitement cruel. 

Pour le délégué, la fourniture d’armes occidentales est un des facteurs les plus graves dans l’émergence et la croissance des conflits et, par conséquent, dans le nombre de victimes parmi la population civile, y compris les enfants. S’agissant de l’Ukraine, il a constaté que les armes fournies par l’Occident, principalement par les États-Unis, sont utilisées contre la population civile, notamment contre les enfants, dans les régions russes.  Après avoir dénoncé l’attaque menée le 23 juin par le « régime de Kiev » contre la ville de Sébastopol à l’aide de missiles américains ATACMS, qui a fait selon lui 151 victimes dont 27 enfants, il a regretté que les violations commises contre des enfants par les forces armées ukrainiennes depuis 2014 ne soient pas correctement reflétées dans le rapport du Secrétaire général. 

Selon le représentant, les forces armées ukrainiennes sont responsables de la mort de 192 enfants et des blessures de 554 enfants en Fédération de Russie entre février 2022 et avril 2024.  Elles sont également responsables de la mort de 129 enfants et des blessures de 503 enfants dans le territoire du Donbass pendant la période 2014-2022. Face à de tels chiffres, « seule la politisation » peut expliquer l’absence des forces armées ukrainiennes dans la liste des parties responsables de violations contre les enfants, qui figure en annexe du rapport du Secrétaire général, alors que les forces armées russes y sont inscrites, s’est-il indigné, ajoutant que les violations attribuées à son pays n’ont pas été vérifiées de manière indépendante. Malgré cela, la Russie est attachée à la protection des enfants dans les conflits armés et est disposée à interagir avec l’ONU sur cette question, a-t-il assuré, avant de regretter que le rapport du Secrétaire général n’adresse aucun rappel à l’ordre aux États-Unis, qui contrôlent en Syrie la zone des camps de Hol et Roj, où sont arbitrairement détenus 29 000 enfants. 

Le représentant de la Sierra Leone s’est inquiété que tant d’enfants continuent d’être confrontés à des violations généralisées et à des dénis de leurs droits dans les situations de conflit.  Il a proposé des mesures urgentes pour faire avancer le programme des Nations Unies en matière de conflits armés et d’enfants en soulignant l’importance d’un dialogue ouvert pour parvenir à la pleine application des instruments juridiques internationaux et des engagements politiques visant à protéger les enfants dans les situations de conflit.  C’est essentiel à la fois pour les forces gouvernementales et les acteurs non étatiques, a-t-il précisé.  Le dialogue ouvert répond au besoin urgent d’éducation, de sensibilisation et d’action préventive contre les munitions explosives, qui continuent de tuer et de mutiler des enfants comme en Somalie et au Niger.

En outre, le représentant a exhorté les parties aux conflits à s’abstenir de toute action qui met les enfants en danger comme cela a été signalé en Israël et dans le Territoire palestinien occupé ainsi qu’en Afghanistan et en Ukraine où l’accès aux soins de santé, à l’éducation et à l’aide humanitaire est bloqué. Il leur a demandé de respecter le principe de distinction et d’assurer un accès rapide, sûr, systématique et sans entrave de l’aide humanitaire à tous les enfants.  Les auteurs de violations flagrantes doivent répondre de leurs actes, a-t-il aussi réclamé.  En outre, il a demandé un appui politique et financier accru pour le fonctionnement efficace et l’intégration des équipes de pays et des mécanismes de surveillance et de communication de l’information au sein des structures de gouvernance nationales. Il faut mettre fin à l’impunité, a-t-il martelé avant de conclure en citant deux proverbes africains: « Il faut un village pour élever un enfant » et « L’enfant qui n’est pas embrassé par le village le brûlera pour sentir la chaleur. » 

Le délégué de la Slovénie a jugé particulièrement cruel et inhumain le fait de refuser à un enfant une aide humanitaire.  « Cela brise le cœur de lire que ces privations sont à la hausse. »  Un accès humanitaire sans entrave doit être garanti en toutes circonstances, a-t-il réclamé.  Il a rappelé que les attaques contre les écoles sont interdites par le droit international humanitaire.  Les écoles sont pourtant de plus en plus prises pour cibles ou utilisées à des fins militaires, s’est-il inquiété, martelant que « les écoles doivent être des sanctuaires pour les enfants ».  Tout n’est pas sombre, a poursuivi le délégué, en soulignant les progrès accomplis dans plusieurs situations grâce à l’engagement des parties belligérantes suscité par l’ONU.  Il a ainsi salué les parties ayant été rayées des annexes au rapport.  Enfin, il a rappelé que la sécurité collective basée sur la Charte des Nations Unies et le droit connaît une érosion sans précédent. « Le Conseil et les États Membres de l’ONU doivent faire mieux. »

Le représentant de la Chine a regretté que le nombre d’enfants victimes des violations graves dans les théâtres de conflits armés reste très élevé, en citant en particulier la situation alarmante dans la bande Gaza où plus de 15 000 enfants palestiniens ont perdu la vie en huit mois et où les autres souffrent de la faim, de la maladie et sont privés d’école. Israël devrait écouter la ferme volonté de la communauté internationale et cesser sa punition collective du peuple palestinien, a-t-il recommandé en appelant à un cessez-le-feu durable à Gaza afin de permettre l’entrée de l’aide humanitaire.  Il a aussi demandé que les auteurs de ces graves crimes rendent des comptes.

Du Moyen-Orient à l’Europe, des Caraïbes au Sahel, de la Corne de l’Afrique à la région des Grands Lacs, des millions et des millions d’enfants attendent désespérément une aide alors qu’ils sont plongés dans l’enfer des conflits, s’est ému le représentant.  Il a dès lors recommandé une approche intégrée, au niveau international, pour prendre les mesures nécessaires afin de préserver l’avenir de l’humanité.  Le Conseil de sécurité doit rester attaché au règlement politique des conflits, à travers la négociation et sans ingérence externe, a-t-il argué.  Il a également demandé plus d’aide humanitaire et plus de fonds pour l’action humanitaire, en insistant pour que cette dernière ne soit jamais politisée. Il faut en outre des peines graves pour les violations graves contre les enfants, l’impunité étant inacceptable selon son représentant.  Il a également insisté sur l’aspect indispensable de l’éducation pour les enfants affirmant que les attaques visant des écoles et des hôpitaux et d’autres infrastructures civiles sont un moyen de priver les enfants de leur avenir.  De tels actes doivent être condamnés dans les termes les plus fermes, a-t-il réclamé.

Le représentant de la France a exhorté à respecter le droit international en mettant fin immédiatement et durablement à aux exactions contre les enfants, estimant que l’ONU doit redoubler d’efforts pour atteindre cet objectif.  Au Soudan, les parties doivent cesser les combats et respecter leurs engagements pour assurer la protection des populations et l’acheminement complet, sûr et sans entrave de l’aide humanitaire, a-t-il réclamé avant de parler des terribles conséquences de l’agression russe contre l’Ukraine sur les enfants.  La Russie est responsable de meurtres, de mutilations, de transferts forcés d’enfants et d’attaques contre les écoles et les hôpitaux, a-t-il recensé en appelant ce pays à respecter le droit international en mettant fin à ces violations graves, à sa guerre d’agression et en rendant immédiatement les enfants ukrainiens à leurs familles, en Ukraine.  « Nous devons, au sein de ce Conseil, exiger une action immédiate. »

À Gaza, l’aide doit bénéficier aux enfants, a supplié le délégué en demandent de libérer tous les otages.  Il a condamné les attaques terroristes et les violences sexuelles perpétrées par le Hamas le 7 octobre 2023, contre des enfants.  Face à toutes les violations commises contre les enfants à travers le monde, il a appelé à mettre en œuvre l’ensemble des instruments à notre disposition pour assurer la protection des enfants et lutter contre l’impunité.  Il a notamment appelé tous les États à ratifier la Convention relative aux droits de l’enfant et ses protocoles facultatifs, ainsi que le Statut de Rome.  Enfin, le délégué a mis en avant une campagne menée par la France, avec l’UNICEF, pour l’universalisation des Principes et des Engagements de Paris, désormais soutenus par 115 États.  L’endossement universel de ce texte, comme celui de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, est indispensable pour lutter contre ces violations, a-t-il fait valoir.  Il a aussi souhaité que le Conseil appuie le mécanisme de surveillance et de communication qui doit bénéficier des moyens nécessaires pour permettre au Secrétaire général d’établir une liste d’infamie complète et objective.  La France poursuivra son soutien financier à ce mécanisme en 2024, a-t-il annoncé.  Il a misé sur les conclusions devant être adoptées rapidement par le Groupe de travail et sur leur mise en œuvre sur le terrain.

La représentante des États-Unis s’est alarmée de l’augmentation de 21% en 2023 des six violations graves commises à l’encontre des enfants. Passant en revue les situations les plus alarmantes, elle a noté qu’au Soudan, pays confronté à la plus grande crise de déplacés au monde en raison du conflit, des enfants sont recrutés et utilisés par les parties, réduits en esclavage sexuel et menacés de mort dans les camps du Darfour.  En Ukraine, a-t-elle poursuivi, les enfants subissent de plein fouet l’invasion russe. Bien que la Russie tente de détourner l’attention du monde sur ses exactions, le rapport du Secrétaire général fait état de dizaines d’enfants ukrainiens enlevés, détenus et torturés par les forces armées russes et des groupes affiliés, a-t-elle noté.  Après avoir évoqué le sort terrible réservé aux enfants en Haïti et au Myanmar, la déléguée a estimé qu’à Gaza, les plus jeunes « n’ont que trop subi dans le cadre de la guerre provoquée par le Hamas ».  Selon elle, les combats dans l’enclave pourraient s’arrêter si le Hamas acceptait l’accord proposé, auquel a déjà souscrit Israël.  Toutefois, a-t-elle ajouté, les tactiques du Hamas n’empêchent pas Israël d’avoir à protéger civils, et notamment enfants.  De fait, Israël doit se coordonner avec l’ONU pour faciliter l’afflux de l’aide humanitaire car si la famine s’installe, les enfants seront les premiers à en pâtir. 

Dans ce contexte, la représentante a salué les « lueurs d’espoir » obtenues par la Représentante spéciale.  Elle a noté que les États-Unis, en tant que premier bailleur de fonds pour l’UNICEF, continuent de soutenir son mandat par le biais de programmes de réintégration pour les enfants associés à des forces ou à des groupes armés, notamment en RDC et au Nigéria.  Mais il faut faire davantage, a-t-elle plaidé, souhaitant qu’un soutien psychosocial robuste soit accordé aux enfants ayant subi des traumatismes et à ceux qui en prennent soin.  Il importe aussi de tenir compte des risques disproportionnés auxquels sont confrontés les filles, y compris les violences sexuelles liées au conflit, a ajouté la déléguée, avant d’exhorter tous les pays à respecter le droit international et les plans d’actions définis avec la Représentante spéciale. 

Le représentant du Royaume-Uni a qualifié d’« horrifiant » le rapport du Secrétaire général.  Tout en dénonçant l’ampleur prise par les violations graves contre les enfants, il a salué les réalisations du mandat sur les enfants et les conflits armés, qui, en près de 28 ans, a obtenu la signature d’une quarantaine de plans d’action et la radiation d’une douzaine de parties au conflit de la liste.  Il doit poursuivre ce travail d’une importance vitale, a-t-il plaidé, avant d’évoquer la situation en Israël et dans les territoires palestiniens occupés.  Condamnant les effroyables actes de terreur commis par le Hamas contre des enfants israéliens et appelant à la libération de tous les otages, il a aussi enjoint Israël à respecter ses obligations de protéger les enfants en vertu du droit international humanitaire et des droits humains, à améliorer de toute urgence l’accès humanitaire et à augmenter le flux d’aide vitale.  Mais pour que les combats cessent et qu’il soit mis un terme aux souffrances des enfants, le Hamas doit accepter les termes de l’accord proposé, a-t-il dit. 

À propos de la guerre en Ukraine, le représentant a sommé la Russie de mettre fin à son invasion injustifiable et de cesser le transfert forcé d’enfants ukrainiens vers son territoire ainsi que ses efforts visant à les forcer à devenir citoyens russes.  « La Russie doit rendre ces enfants à l’Ukraine », a-t-il martelé, promettant de demander des comptes aux responsables.  Plus largement, il a appelé toutes les parties à des conflit à adopter des plans d’action concrets et assortis de délais pour prévenir et mettre fin à ces graves violations contre les enfants.  Il a enfin demandé au Conseil de défendre les droits et vulnérabilités spécifiques des enfants et d’amplifier leurs voix. 

Le représentant de l’Équateur a déclaré que le nombre sans précédent d’enfants tués, mutilés, victimes de violences sexuelles, déplacés, emprisonnés, recrutés arbitrairement et devenus orphelins est un signal d’alarme pour les États en conflit, la communauté internationale et le Conseil de sécurité. Il a également signalé que la destruction des espaces de coexistence sécurisés des enfants les expose à des risques tels que le recrutement, la violence sexuelle et le déplacement forcé. Le représentant, qui a rappelé que l’Équateur est Vice-Président du Groupe de travail sur les enfants et les conflits armés, a jugé urgent de soutenir les États dans l’élaboration de cadres nationaux pour la protection des enfants, ainsi que de promouvoir l’adhésion universelle au protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés.  Il a également cité la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, les Principes de Vancouver et les Principes de Paris. 

À titre préventif, les États, et en particulier les États en conflit, doivent aussi reconnaître dans leurs cadres juridiques et leurs protocoles d’action le fait que les enfants restent des enfants jusqu’à l’âge de 18 ans, et que les enfants recrutés par des groupes armés doivent être traités comme des victimes et non comme des ex-combattants.  La réunification des familles et le retour digne, sûr et volontaire des enfants déplacés de force, en particulier ceux qui voyagent seuls, sont essentiels; et l’application de la Convention relative aux droits de l’enfant doit être renforcée.  La mise en œuvre des plans de déminage doit également être renforcée afin de réduire les risques de décès et de mutilation dus aux engins explosifs improvisés.

Il n’y a pas de deuxième chance pour une enfance, a déclaré la représentante de la Suisse qui a appelé à redoubler le soutien à l’agenda « enfants et conflits armés » du Conseil de sécurité.  Les outils issus des 13 résolutions pertinentes peuvent amener des changements de comportement positifs et doivent continuer d’être appliqués de manière indépendante, crédible et impartiale.  Et il est important que les conclusions du groupe de travail du Conseil soient adoptées, tant elles sont essentielles pour permettre des progrès sur place, a-t-elle estimé.

La représentante a ensuite souligné que les retraits des missions de l’ONU ne doivent pas se faire au détriment de la protection des enfants, constatant avec une grande inquiétude que le nombre de violations graves vérifiées a, soit stagné, soit augmenté dans plusieurs contextes de transition, comme en RDC. Les équipes de pays de l’ONU doivent être en mesure de poursuivre des activités de protection et surveillance pertinentes pendant et après des transitions, a-t-elle estimé, exhortant à veiller à ce que les mandats de transition prennent cela en compte.  Par ailleurs, il faut urgemment inverser la tendance à la hausse des cas vérifiés de meurtres, de mutilations et d’attaques contre les écoles et les hôpitaux ainsi que du refus d’accès à l’aide humanitaire.  La déléguée a également encouragé tous les États à signer et à mettre en œuvre la déclaration sur la sécurité́ dans les écoles.

« Quand nous parlons de graves violations contre les enfants, la situation à Gaza vient immédiatement à l’esprit », a déclaré le délégué de l’Algérie en ajoutant: « Je pense que chacun est de cet avis dans cette salle. » Le fait que les forces armées et de sécurité israéliennes soient inscrites parmi les parties commettant de graves violations contre les enfants est un pas important dans la bonne direction, a-t-il dit.  Il a rappelé qu’en quelques mois, plus de 15 000 enfants ont été tués à Gaza, et que plus de 19 000 enfants sont désormais orphelins.  « Plus de 96% des écoles de Gaza ont été bombardées par Israël », a-t-il encore décrié.  Dans ce contexte, le délégué a demandé un cessez-le-feu immédiat à Gaza et un accès humanitaire sans entrave.  La communauté internationale doit assumer ses responsabilités, a-t-il déclaré.  Enfin, le délégué a exhorté la communauté internationale à agir afin de protéger les enfants palestiniens de la violence et de la terreur coloniales.

Le délégué du Japon s’est dit alarmé par la poursuite des combats à Gaza, faisant de nombreuses victimes civiles dont des enfants.  Il a exhorté les parties figurant en annexes du rapport d’engager l’ONU et de mettre en place des mesures de protection des enfants. Il a jugé crucial d’éliminer les entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire pour les enfants.  Les écoles doivent être des sanctuaires pour les enfants, a souligné le délégué, en demandant un accès de tous les enfants à une éducation de qualité.  Dans les pays comme le Soudan et le Mali où l’ONU cesse ses missions, dans un contexte de graves violations, la communauté internationale doit faire en sorte que des mesures de protection des enfants soient mises en place, a estimé le délégué. « Les enfants ont le droit de grandir dans un environnement sûr, entouré de leurs familles et amis, sans connaître la peur. »

Le représentant du Mozambique a dénoncé les violations graves des droits des enfants perpétrées en Israël et dans les territoires palestiniens occupés et d’autres lieux où les conflits sont chroniques et endémiques.  Il a également appelé à ne pas perdre de vue l’impact dévastateur du terrorisme et de l’extrémisme violent sur les enfants dans le monde.  Cela doit nous inciter à engager des discussions franches et ouvertes sur les moyens concrets de soutenir efficacement les États Membres dans le renforcement des mesures de protection de l’enfance, a-t-il estimé en insistant sur le fait que la paix est la condition sine qua non de la protection des enfants et que c’est à l’État qu’incombe la responsabilité première de protéger les enfants.  Rappelant aux parties au conflit leurs obligations au regard du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, il les a appelées à prendre les mesures nécessaires pour protéger les enfants dans les situations de conflit, en évitant les attaques directes et ciblées contre les civils. Le représentant a également fait valoir que les enfants associés à des groupes armés doivent être traités avant tout comme des victimes.  Il a encouragé un financement prévisible et à long terme pour la mise en œuvre des programmes de réintégration des enfants qui ont été associés au terrorisme et à d’autres groupes armés.  De même, il a appelé à poursuivre les efforts visant à renforcer la capacité de protection des enfants dans toutes les opérations de paix et les missions politiques de l’ONU.

Le représentant de la République de Corée a noté que la communauté internationale est débordée par l’ampleur, l’an dernier, des graves violations commises contre les enfants dans les conflits armés.  Il lui a recommandé d’être unie pour protéger les enfants et condamner les auteurs de violations graves. 

Prenant note du rapport du Secrétaire général, le délégué a exhorté les parties inscrites sur la liste à s’engager fidèlement auprès de l’ONU pour signer et mettre en œuvre des plans d’action concrets pour mettre fin aux violations graves contre les enfants en situation de conflit armé, dont le mécanisme de surveillance et de communication de l’information.

Poursuivant, le représentant a exhorté le Conseil d’examiner l’inclusion des mandats de protection de l’enfance dans ceux des opérations de maintien de la paix et des missions politiques spéciales.  Il a attiré l’attention sur la terrible situation des enfants en République populaire démocratique de Corée, signalant que ce ne sont pas des conditions dignes des enfants, comme l’indique le dernier rapport du Secrétaire général sur la situation des droits de l’homme dans ce pays où les enfants sont soumis aux travaux forcés, subissent des punitions collectives avec les membres de leur famille et peuvent être condamnés à mort simplement parce qu’ils ont regardé et distribué des films sud-coréens.  Les enfants nord-coréens sont également confrontés à une situation humanitaire désastreuse causée par une malnutrition aiguë et un accès limité aux soins de santé alors que les dirigeants jouissent des produits de luxe et poursuivent leur programme d’armes de destruction massive, s’est indigné le délégué. 

Dans une reprise de parole, le représentant de la Fédération de Russie a répondu aux « accusations non fondées sur l’enlèvement d’enfants ukrainiens », portées par son homologue des États-Unis et d’autres délégations.  Il a d’abord relevé qu’un missile américain a tué deux enfants dimanche, s’étonnant que les Américains se permettent de lui faire la morale.  Pour ce qui est de l’accusation d’enlèvement et des déportations d’enfants, il a expliqué que ce sont en réalité des évacuations d’enfants conformes à la Convention relative aux droits de l’enfant.  Il a jugé douteux les éléments figurant dans le rapport à ce sujet, estimant qu’ils nécessitent des informations supplémentaires. La majorité des enfants arrivent en Russie avec des proches essayant de se mettre à l’abri des bombardements ukrainiens, a expliqué le délégué en précisant que la Russie n’a rien contre les contacts et les échanges des parents avec leurs proches, quel que soit le lieu où vivent ces derniers.  En ce qui concerne la réunification des familles, le chargé des droits de l’enfant en Russie participe à ce processus avec les intermédiaires humanitaires et 70 enfants ont déjà été réunis avec leurs proches, a annoncé le délégué.  La Russie, a-t-il ajouté, publie régulièrement une liste sur la situation, qui peut être consultée en ligne.     

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