En cours au Siège de l'ONU

9623e séance – matin  
CS/15693

Conseil de sécurité: les progrès du Yémen entravés par des tensions régionales toujours très vives et la crise humanitaire, selon l’Envoyé spécial

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen s’est voulu d’un prudent optimisme ce matin au Conseil de sécurité, en faisant part d’une série d’entrevues encourageantes avec des responsables politiques de ce pays en proie à une guerre civile depuis 2014.  M. Hans Grundberg a néanmoins reconnu la persistance de défis à la mise en œuvre de la feuille de route convenue par les parties sous l’égide de l’ONU, mise à mal par des tensions régionales très vives et une crise humanitaire qui s’est encore aggravée au cours du mois écoulé.

En décembre 2023, a rappelé le haut fonctionnaire, les parties au conflit avaient fait un pas « courageux » vers une solution pacifique après s’être entendues sur un ensemble d’engagements à concrétiser dans le cadre de cette feuille de route, qui prévoit un cessez-le-feu à l’échelle nationale, l’acheminement d’une aide indispensable aux Yéménites et un processus politique inclusif pour mettre fin au conflit.  Avec le Président du Conseil présidentiel, Rashad Mohammed Al-Alimi, et le Vice-Président, Aïdarous al-Zoubaïdi, « nous avons discuté de la nécessité de remédier à la détérioration des conditions de vie des Yéménites et de progresser vers la conclusion d’un accord qui ouvrira la voie à une paix juste », a-t-il résumé.

Reste que certains défis continuent d’entraver les progrès, a concédé M. Grundberg, qui s’est tout particulièrement alarmé des annonces d’Ansar Allah visant à étendre la portée de ses attaques contre des navires commerciaux et militaires en mer Rouge, dans le golfe d’Aden et dans l’océan Indien, une « provocation inquiétante » qui ne ferait qu’exacerber une situation déjà instable.

Au Yémen même, si la situation sécuritaire le long des lignes de front est restée « contenue » au cours du mois dernier, le haut fonctionnaire s’est néanmoins dit préoccupé de la poursuite des bombardements, des tirs isolés, des combats intermittents, des attaques de drones et des mouvements de troupes dans plusieurs provinces, s’inquiétant en outre des risques considérables qui pèsent sur les civils.

Une situation à laquelle a fait écho le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, qui a alerté sur une insécurité alimentaire grandissante au Yémen et une flambée de choléra, avec 40 000 cas signalés et au moins 160 décès.  Face à cette situation, les mesures prises par l’ONU pour endiguer la propagation de la maladie exigent un financement rapide, a exhorté M. Martin Griffiths.  Le représentant yéménite a d’ailleurs déploré le déficit de financement du plan de réponse humanitaire pour le Yémen en 2024.  À la suite de M. Griffiths, l’Équateur et la Slovénie se sont cependant félicités des promesses faites, la semaine dernière, à Bruxelles, lors de la sixième réunion des hauts fonctionnaires de l’aide humanitaire au Yémen, d’un montant de 792 millions de dollars.

Mais au-delà de l’accès à l’aide et du soutien de la communauté internationale, la reprise des exportations pétrolières, selon le Secrétaire général adjoint, permettrait de stabiliser la devise nationale et de renforcer les services publics essentiels dans les zones contrôlées par le Gouvernement yéménite, tout en contribuant à réduire les besoins humanitaires.  La Sierra Leone, au nom des A3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana), a déploré la gravité de cette crise, demandant la préservation de la liberté de circulation du personnel humanitaire féminin dans les zones contrôlées par les houthistes.

Alors qu’Ansar Allah fait peser des menaces contre la province de Mareb, qui n’est pas contrôlée par les houthistes, l’Envoyé spécial a mis en garde contre des violences supplémentaires qui ne feraient qu’exposer le Yémen au risque de manquer l’opportunité d’un règlement politique.  Aussi les a-t-il exhortés, à l’instar de tous les membres du Conseil, à faire preuve de la plus grande retenue, « tant dans leurs actions que dans leurs paroles ».

De même, M. Grundberg a demandé aux parties de faire preuve de bonne foi pour résoudre les problèmes les plus graves, dont la libération des détenus, la réouverture des routes et l’amélioration du secteur économique et financier. 

Si, comme beaucoup de membres du Conseil, la Fédération de Russie a exigé l’arrêt des bombardements de navires commerciaux en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, elle a également blâmé les attaques « injustifiées » de la coalition occidentale sur le territoire du Yémen, qui compliquent encore la situation.  De plus, la « spirale d’escalade » dans laquelle est plongée la région est entrée dans une nouvelle phase avec l’annonce d’une opération militaire israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, s’est inquiétée la délégation russe, selon qui « il ne fait aucun doute » que cela affectera également la situation dans les eaux adjacentes au Yémen.  Le représentant yéménite a signalé de son côté que les houthistes exploitent la juste cause palestinienne pour enrôler des enfants, et a demandé que les responsables soient inscrits sur la liste des personnes visées par les mesures du Conseil de sécurité.

La République de Corée, qui préside le Comité des sanctions contre le Yémen, s’est félicité du rôle important joué par le Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies pour garantir le respect de l’embargo sur les armes imposé à ce pays, la France appelant toutefois à le renforcer et à mieux le financer.  La Fédération de Russie a rétorqué qu’il n’existe pas de régime spécial pour l’inspection des navires dans les eaux internationales dans le contexte yéménite et que de telles actions violent les décisions pertinentes du Conseil.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

S’exprimant par visioconférence, M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a indiqué qu’il venait de s’entretenir avec plusieurs responsables politiques yéménites, dont le Président du Conseil présidentiel, Rashad Al-Alimi, et son Vice-Président, Aidarous AlZubaidi, ainsi qu’avec le Premier Ministre et le Ministre des affaires étrangères du pays.  « Nous avons discuté de la nécessité urgente de remédier à la détérioration des conditions de vie des Yéménites et de progresser vers la conclusion d’un accord sur une feuille de route qui mettra fin à la guerre et ouvrira la voie à une paix juste », a-t-il résumé, en se disant encouragé par l’environnement constructif dans lequel ces entrevues se sont déroulées. 

En décembre 2023, a rappelé le haut fonctionnaire, les parties au conflit avaient fait un pas courageux vers une solution pacifique après avoir convenu d’un ensemble d’engagements à mettre en œuvre dans le cadre d’une feuille de route préparée sous l’égide de l’ONU.  « Ces engagements prévoiraient un cessez-le-feu à l’échelle nationale, garantiraient l’aide indispensable aux Yéménites et lanceraient un processus politique inclusif pour mettre fin durablement au conflit », a-t-il précisé. Reste que certains défis continuent d’entraver les progrès, notamment la situation tendue au niveau régional, a concédé M. Grundberg.  Malgré la réduction des attaques contre des navires commerciaux et militaires en mer Rouge, dans le golfe d’Aden et dans l’océan Indien, ainsi que du nombre de frappes aériennes américaines et britanniques contre des cibles terrestres au Yémen, les hostilités se poursuivent.  Les annonces d’Ansar Allah visant à étendre la portée des attaques constituent une provocation inquiétante dans une situation déjà instable, s’est alarmé l’Envoyé spécial.  Aussi a—il réitéré l’appel du Secrétaire général de l’ONU à un cessez-le-feu à Gaza, exhortant toutes les parties concernées à désamorcer la situation en mer Rouge et dans ses environs.

Au Yémen, si la situation sécuritaire le long des lignes de front est restée « contenue » au cours du mois dernier, le haut fonctionnaire s’est néanmoins dit préoccupé par la poursuite des activités militaires sous forme de bombardements, de tirs isolés, de combats intermittents, d’attaques de drones et de mouvements de troupes à Dalea, Hodeïda, Lahj, Mareb, Saada, Chaboua et Taëz.  Le 27 avril, deux femmes et trois filles ont été tuées dans le gouvernorat de Taëz par une attaque de drone alors qu’elles allaient chercher de l’eau près de leur domicile, a déploré l’Envoyé spécial, pour qui cet incident met en évidence les risques considérables qui pèsent sur les civils.  Il s’est dit tout autant préoccupé par les menaces des parties de reprendre la guerre, notamment par la rhétorique d’Ansar Allah concernant Mareb.  « Soyons clairs: davantage de violence ne fera qu’exacerber les souffrances et nous exposer au risque de manquer l’opportunité d’un règlement politique.  Une fois encore, j’exhorte les parties à faire preuve de la plus grande retenue, tant dans leurs actions que dans leurs paroles, pendant cette période fragile », a insisté M. Grundberg.

Il a ensuite indiqué que son approche pour parvenir à une solution pacifique et juste comporte trois volets.  Tout d’abord, poursuivre ses entrevues avec les parties pour faire progresser la mise en œuvre de la feuille de route de l’ONU, avec le soutien de la communauté internationale et de la région, notamment l’Arabie saoudite et le Sultana d’Oman.  En outre, M. Grundberg s’est dit déterminé à explorer les voies de la désescalade et du renforcement de la confiance, ce qui exige un engagement international coordonné et la bonne foi des parties pour résoudre les problèmes les plus graves, comme la libération des détenus liés au conflit, la réouverture des routes et l’amélioration du secteur économique et financier. 

L’Envoyé spécial est en outre à pied d’œuvre sur les préparatifs d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale et la reprise d’un processus politique inclusif. À cette fin, son bureau collabore avec divers acteurs et plusieurs réunions ont été organisées sur la meilleure manière de renforcer la participation significative des femmes à tous les aspects du processus de paix.  « De toute évidence, l’incertitude qui règne dans la région a un impact sur le Yémen, mais nous ne devons pas perdre de vue la valeur intrinsèque d’une paix durable », a-t-il souligné.

M. MARTIN GRIFFITHS, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaire et Coordonnateur des secours d’urgence (OCHA), a noté qu’au cours des trois dernières années, le Yémen a connu quelques « lueurs d’espoir », notamment la trêve négociée par l’ONU en 2022.  Pourtant, malgré ces efforts, le Yémen reste en proie à une situation alarmante, comme l’atteste la progression de la faim dans le pays, qui risque de s’aggraver encore à partir de juin.  Saluant les actions menées par le Programme alimentaire mondial (PAM) pour y remédier, notamment son projet pilote dans des zones contrôlées par les houthistes, il a rappelé que le Yémen fait aussi face à une flambée de choléra, avec 40 000 cas signalés et au moins 160 décès.  Face à cette situation, que les pluies et les inondations risquent d’exacerber, l’ONU prend des mesures pour endiguer la propagation de la maladie mais cela nécessite un financement rapide, a souligné le haut fonctionnaire, pour qui « les conséquences de l’inaction ne sont que trop bien connues ».  Dans ce contexte, il s’est réjoui que la sixième réunion des hauts fonctionnaires sur le Yémen, organisée à Bruxelles et coparrainée par la Suède et l’Union européenne, ait confirmé le soutien de la communauté internationale à l’égard du peuple yéménite.  Au total, quelque 792 millions de dollars de financement ont été annoncés, a-t-il salué.

De l’avis de M. Griffiths, il est aussi essentiel d’aller au-delà des seuls besoins en matière d’assistance humanitaire et de miser sur la stabilité et la paix.  Alors que le conflit a sapé l’économie du pays et décimé près de la moitié des installations sanitaires, il s’est félicité que, ces deux dernières années, sous l’impulsion de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, il ait été possible de s’acheminer vers un règlement politique complet au Yémen.  Il a cependant regretté que le conflit actuel à Gaza n’ait fait qu’aggraver l’instabilité au Yémen.  Après avoir dénoncé les attaques de navires dans et autour de la mer Rouge, il a appelé à ne pas laisser le conflit au Proche-Orient entraver les progrès au Yémen. 

Ces progrès sont également freinés par la crise économique prolongée, a pointé le Secrétaire général adjoint, selon lequel il est indispensable d’accorder la priorité à la reprise économique et aux intérêts de la population yéménite.  À cette fin, a-t-il dit, l’ONU joue son rôle en encourageant la création d’emplois et la possibilité de moyens de subsistance.  Mais les parties au conflit doivent aussi contribuer en mettant fin aux mesures économiques hostiles, a-t-il plaidé, appelant à la reprise immédiate des exportations de pétrole.  Cela permettrait de stabiliser la devise locale et de renforcer les services publics essentiels dans les zones contrôlées par le Gouvernement yéménite, tout en contribuant à réduire les besoins humanitaires, a estimé le haut fonctionnaire.  Il a souligné l’importance cruciale de la protection des civils, de l’accès humanitaire sans entrave, du financement des opérations d’aide et du soutien à l’économie. Il a également appelé les parties à mettre fin à 10 années de conflit et à avancer vers une paix durable. Selon lui, les progrès sont possibles, mais, sur ce chemin, le Yémen doit pouvoir compter sur le soutien de la communauté internationale et des membres du Conseil de sécurité.     

Partant du principe que le Conseil ne peut pas faiblir dans son soutien au Yémen et qu’il doit rester uni derrière les efforts de l’Envoyé spécial, la représentante du Royaume-Uni a appelé toutes les parties à désamorcer les tensions et à préserver un espace pour les négociations, dans le cadre de la feuille de route des Nations Unies.  Le Royaume-Uni, a-t-elle dit, condamne le fait que les houthistes aient menacé de compromettre la navigation dans l’océan Indien et la mer Méditerranée.  Elle les a appelés à protéger la liberté de navigation et à cesser leurs attaques aveugles.  Notant l’augmentation notable du nombre de navires à être entrés dans les ports contrôlés par les houthistes sans se présenter au Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies, elle a rappelé les violations signalées depuis octobre 2023.  Quelque 500 camions non inspectés pourraient être entrés à Hodeïda.  Le Mécanisme est un outil essentiel pour limiter l’entrée d’armes illégales au Yémen, a-t-elle insisté, en demandant que tous les navires se soumettent aux inspections nécessaires. 

Abordant ensuite la situation humanitaire, elle a noté que la semaine dernière, lors de la sixième réunion des hauts responsables de l’aide humanitaire au Yémen, les donateurs se sont engagés à verser plus de 700 millions de dollars mais, a-t-elle estimé, il est urgent de faire plus.  Le Royaume-Uni appelle donc la communauté internationale, y compris les pays de la région, à contribuer à alléger les souffrances de la population du Yémen et à financer le plan de réponse humanitaire, a conclu la représentante.

La représentante du Japon a réitéré sa condamnation des agissements des houthistes et appelé à la cessation immédiate des menaces sur la sécurité maritime, notamment en mer Rouge et dans le golfe d’Aden.  Elle a également exigé la libération du navire marchand Galaxy Leader, exploité par le Japon, et de son équipage multinational, conformément à la résolution 2722 (2024).  Constatant à cet égard que les houthistes ont de grandes quantités d’armes et de technologies militaires avancées malgré l’embargo imposé par le Conseil de sécurité, elle a souligné la nécessité de renforcer les mécanismes existants pour empêcher de nouveaux transferts illicites d’armes et d’assistance militaire.  Elle a par ailleurs observé que les troubles régionaux actuels affectent la situation sécuritaire du Yémen et compromettent les efforts de paix, avant d’appeler de ses vœux un dialogue intra-yéménite incluant les femmes, les jeunes, la société civile et les groupes marginalisés.  Enfin, face à la détérioration de la situation humanitaire, la représentante a demandé aux houthistes de lever leurs restrictions, notamment celles imposées aux travailleuses humanitaires, et à la communauté internationale de faire preuve de solidarité avec les Yéménites dans le besoin.

Le représentant de la Sierra Leone, au nom des A3+ (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana), s’est dit très préoccupé par le déficit de confiance entre les parties, avant de les appeler à préserver les gains enregistrés jusqu’à présent sur le plan politique.  Les parties doivent renforcer la confiance par l’échange de prisonniers, la réouverture des routes, en remédiant à la fragmentation économique et en s’engageant à mettre en œuvre la feuille de route de l’ONU.  Il a déploré la gravité de la situation humanitaire au Yémen, avant de demander la préservation de la liberté de circulation du personnel humanitaire féminin dans les zones contrôlées par les houthistes. Il a condamné les attaques de ces derniers contre des navires en mer Rouge et demandé que ces attaques cessent. Enfin, il a insisté sur les liens entre les événements à Gaza et la situation au Yémen et exhorté le Conseil à agir pour éviter toute contagion régionale du conflit israélo-palestinien.

Le représentant des États-Unis a indiqué que les attaques des houthistes contre des navires rendent illusoires les perspectives de paix dans le pays.  Ces attaques provoquent l’inflation et en conséquence, plus de la moitié de la population a besoin d’aide alimentaire.  En tant que principal argentier de l’action humanitaire au Yémen, les États-Unis invitent la communauté internationale à renforcer son appui au pays, a dit le délégué.  Il a ensuite insisté sur le respect de la résolution 2722 (2024), appelant le Secrétaire général à veiller à ce que ses rapports précise les types d’armes utilisés au Yémen ainsi que leur origine.  Selon le représentant, il y a des preuves avérées que l’Iran fournit des armes aux houthistes, y compris des missiles balistiques.  Rappelant les actes de déstabilisation de l’Iran dans la région, il a voulu que l’on trouve les moyens de dissuader ceux qui violent les sanctions. L’ampleur et la qualité du matériel transmis aux houthistes est sans précédent, s’est-il indigné.  La meilleure voie menant à la stabilité, c’est la négociation d’un accord de paix sous l’égide de l’ONU, a-t-il martelé, avant de réclamer la libération du personnel local de l’ambassade des États-Unis détenus par les houthistes.

La représentante de la Suisse a regretté que la situation au Moyen-Orient et ses répercussions régionales, y compris l’escalade en mer Rouge, aient ralenti l’élan des pourparlers pour lesquels l’Envoyé spécial s’est engagé afin de parvenir à un accord.  Considérant que les discussions en cours sur une feuille de route sont l’occasion de rendre opérationnel un cessez-le-feu à l’échelle nationale et de favoriser un processus politique inclusif sous les auspices de l’ONU, elle a invité les parties à profiter des célébrations de l’Eïd al-Adha, le mois prochain, pour procéder à des échanges de prisonniers ou à l’ouverture de routes.  Sur le plan humanitaire, elle a mis en garde contre le prix de l’inaction, alors que plus de 17 millions de personnes souffrent d’une grave insécurité alimentaire au Yémen et que le risque de maladies infectieuses concerne 1,7 million d’individus en raison du manque d’accès à l’eau potable et à l’hygiène.  Dans ce contexte, elle a salué l’engagement du personnel humanitaire et onusien, non sans rappeler qu’il est protégé par le droit international.  Après avoir dénoncé le fait que le conflit étouffe l’économie privée aux dépens de la population civile, la représentante a appelé le Conseil à rester mobilisé et à soutenir l’Envoyé spécial dans ses efforts pour obtenir un accord entre les parties. 

La représentante de Malte s’est dite préoccupée par la propagation du choléra et de la malnutrition dans les zones contrôlées par les houthistes.  Le partenariat avec les acteurs humanitaires est la seule façon d’assurer la réponse nécessaire à ces crises.  Une réponse robuste ne peut être assurée que si elle est adéquatement financée et si l’accès humanitaire est garanti, en particulier la liberté de mouvement des femmes dont les restrictions entravent gravement la fourniture de soins de santé, de services sociaux et d’aide essentielle aux personnes les plus vulnérables.  Rappelant que l’Union européenne a déjà déboursé une somme de 125 millions d’euros pour l’aide humanitaire, la déléguée s’est attardée sur le front politique.  Elle s’est dite troublée par le peu d’espace pour la médiation entre les parties.  Elle a appelé les houthistes à cesser les attaques contre la navigation commerciale, à respecter la résolution 2722 (2024) et à libérer le navire Galaxy Leader. Les parties doivent donner la priorité à la désescalade et engager un dialogue pour concrétiser les engagements pris dans le cadre de la feuille de route des Nations Unies.  Un processus politique durable mené et dirigé par les Yéménites doit inclure les femmes, les jeunes, la société civile et les groupes marginalisés, y compris les enfants. 

Le représentant de l’Équateur a plaidé pour un accès humanitaire sûr et sans entrave.  Le soutien financier aux organisations humanitaires est essentiel pour répondre aux besoins les plus pressants de la population, y compris l’action antimines, a souligné le représentant avant de se féliciter des promesses de contributions faites à Bruxelles, il y a quelques jours.  Après avoir réaffirmé la nécessité de respecter la résolution 2722 (2024) et appelé les houthistes à cesser leurs attaques contre les navires marchands, le délégué a souligné l’importance de redoubler d’efforts pour faire respecter l’embargo sur les armes, le Groupe d’experts créé par la résolution 2140 ayant identifié des violations récurrentes.

Le représentant de la République de Corée a constaté que la situation sécuritaire au Yémen et dans ses environs reste dangereusement instable, et que la crise humanitaire s’est encore aggravée.  Les attaques des houthistes contre des navires en mer Rouge et dans le golfe d’Aden persistent.  Plus inquiétant encore est l’expansion de leurs cibles contre les navires naviguant dans l’océan Indien, alors qu’ils ont récemment déclaré leur intention de cibler tous les navires se dirigeant vers les ports israéliens de la Méditerranée. Aussi le délégué a-t-il exhorté « une fois de plus » les houthistes à cesser immédiatement toutes les attaques qui mettent en danger la liberté de navigation et entravent le commerce mondial. Il est particulièrement alarmant de constater que les armes utilisées à cette fin, notamment des missiles et des drones, témoignent de graves violations persistantes de l’embargo imposé au Yémen, a-t-il souligné.

En tant que Présidente du Comité des sanctions contre le Yémen, la République de Corée souligne le caractère essentiel des activités du Groupe d’experts, a poursuivi son représentant.  À cet égard, le processus de nomination de deux des cinq experts toujours en suspens dans les domaines du droit international humanitaire et des groupes armés devrait être accéléré, afin de permettre au Groupe de remplir son mandat en analysant de manière globale des questions interdépendantes.  Le délégué a pris note du rôle important joué par le Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies pour garantir le respect de l’embargo sur les armes, tout en facilitant la circulation sans entrave des articles commerciaux vers les zones contrôlées par les houthistes.

Le représentant de la Fédération de Russie a regretté que les événements actuels au Moyen-Orient freinent le processus de normalisation yéménite.  Il a souhaité que la communauté internationale favorise la recherche de compromis entre les parties et des négociations politiques sous la médiation impartiale de l’ONU.  Même si l’accord sur une feuille de route est toujours en suspens, il importe de continuer d’y travailler et de renforcer la confiance entre les parties, a-t-il insisté.  Le représentant a toutefois constaté que la « spirale de l’escalade » est entrée dans une nouvelle phase avec l’annonce par les autorités israéliennes d’une opération militaire à Rafah.  Compte tenu de la position de principe des houthistes contre les actions israéliennes, il ne fait aucun doute que cela affectera également la situation dans les eaux adjacentes au Yémen, a prévenu le représentant qui a appelé à l’arrêt immédiat des attaques contre les navires marchands et à la libération du Galaxy Leader et de son équipage.  

Le délégué a aussi prévenu que les attaques injustifiées de la coalition occidentale sur le territoire souverain du Yémen compliquent la situation et ne contribuent en rien à la sécurité de la navigation en mer Rouge, au contraire.  Il a dénoncé la tentative de justifier cette agression par la résolution 2722 (2024) ou par une référence au droit de légitime défense, au titre de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies.  Plaidant pour la prise en compte de tous les aspects régionaux, il a jugé que la fin de la violence dans le Territoire palestinien occupé serait d’une grande aide pour le Yémen.  Dans l’immédiat, a poursuivi le représentant, il est urgent d’intensifier l’aide humanitaire à ce pays, dont la moitié de la population a besoin d’une assistance.  Le représentant n’a pas manqué de reprocher à « certains pays occidentaux » d’utiliser la crise au Yémen pour leurs intérêts géopolitiques égoïstes.  Il a condamné le transfert par les États-Unis d’armes et de munitions au « régime de Kiev », lesquelles ont été capturées au large du Yémen.  De tels actes violent les décisions pertinentes du Conseil sur le Yémen car il n’existe pas de régime spécial pour l’inspection des navires dans les eaux internationales.  

Le représentant de la Slovénie a concédé que, jusqu’à présent, en 2024, les efforts ont été contrariés par une dynamique régionale complexe, alors que le monde vit un moment dangereux pour le Moyen-Orient.  Il a demandé la cessation des attaques des houthistes en mer Rouge et souligné que ce dont le Yémen a besoin aujourd’hui, c’est d’un environnement propice à un dialogue qui permette de faire avancer les discussions sur la feuille de route des Nations Unies.  Le représentant a donc appelé toutes les parties à la désescalade, tant dans les actes que dans la rhétorique.  Il s’est aussi attardé sur l’impératif humanitaire.  Toutes les restrictions doivent être levées immédiatement, a-t-il exigé, avant de saluer les promesses faites, la semaine dernière, à Bruxelles, à l’occasion de la sixième réunion des hauts responsables de l’aide humanitaire au Yémen.  Il a révélé la promesse d’une contribution de 125 millions d’euros faite par l’Union européenne et insisté pour que tous les fonds promis soient effectivement déboursés. Avant de conclure, il a mis en exergue le travail essentiel du Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies et la nécessité d’en renforcer les capacités. 

La représentante de la France a condamné la poursuite des attaques des houthistes en mer Rouge en dépit la résolution 2722 (2024).  Elle les a appelés à libérer le Galaxy Leader et son équipage.  Elle a appelé à transformer au plus vite la trêve de facto en une cessation complète et durable des hostilités, exhortant par ailleurs les houthistes à cesser de déstabiliser l’économie du Yémen.  Nous devons rester collectivement mobilisés pour répondre aux besoins des populations civiles au Yémen, a exhorté la déléguée qui est aussi préoccupée par l’épidémie de choléra qui se répand dans le pays.  Pour faire face à cette situation, il est primordial de garantir tous les accès nécessaires et essentiels pour que les travailleurs humanitaires puissent exercer leurs missions sans entraves, notamment les personnels féminins dans les zones des houthistes. 

De même, elle a appelé à renforcer et mieux financer le Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies qui contribue à la lutte contre les trafics d’armes en mer Rouge tout en facilitant les importations commerciales et l’acheminement de l’aide humanitaire au Yémen.  La représentante a enfin déclaré que seule une solution politique permettra de mettre fin au conflit yéménite.  La participation effective des femmes yéménites aux négociations doit être garantie.  Les houthistes doivent choisir la voie du processus de paix sous l’égide de l’Envoyé spécial. 

Le représentant de la Chine a jugé indispensable d’opérer une désescalade en mer Rouge le plus vite possible.  Il a appelé les houthistes à arrêter les attaques et le harcèlement des navires, et plaidé pour le renforcement de l’aide humanitaire au Yémen.  Selon le délégué, la situation au Yémen est désormais étroitement liée avec celle de Gaza.  La Chine, a-t-il dit, est prête à œuvrer avec toutes les parties disponibles pour la paix à Gaza et l’assistance humanitaire nécessaire. 

Le représentant du Yémen a réaffirmé son engagement en faveur d’une paix juste et durable, avant de dénoncer les efforts non constructifs des houthistes.  Ces milices terroristes commettent des actes de piraterie en mer Rouge, a-t-il notamment condamné.  Il a salué les efforts de paix de l’Envoyé spécial et de l’Arabie saoudite, avant d’espérer un nouveau souffle pour le processus de paix.  La mise en œuvre de l’Accord de Stockholm atteste du sérieux du Gouvernement yéménite dans la recherche de la paix, a dit le délégué, en dénonçant les violations des houthistes.  Il a exhorté le Conseil à exercer des pressions sur ces derniers afin qu’ils s’engagent dans la voie de la paix.  Après avoir assuré que son gouvernement continuera d’œuvrer à l’amélioration de la situation économique, le représentant a déploré l’absence de financements du plan de réponse humanitaire pour le Yémen en 2024 et appelé la communauté internationale à y remédier rapidement.  Les houthistes exploitent la juste cause palestinienne pour enrôler des enfants, s’est par ailleurs inquiété le délégué, en mettant en garde contre un nouveau cycle d’escalade.  Il a enfin demandé que les responsables de ces enrôlements soient placés sur la liste des personnes frappées de sanctions.

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