En cours au Siège de l'ONU

9587e séance – après-midi
CS/15642

Le Conseil de sécurité annule la tenue d’une réunion marquant les 25 ans du bombardement de la Yougoslavie par l’OTAN

À l’issue d’un vote de procédure demandé par la France, le Conseil de sécurité n’a pas été en mesure, cet après-midi, d’adopter son ordre du jour provisoire qui prévoyait la tenue d’une réunion afin de marquer le vingt-cinquième anniversaire de la campagne de frappes aériennes menée en 1999 par l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) contre la République fédérale de Yougoslavie. 

Les membres du Conseil se sont opposés, dans une proportion de 3 voix pour (Algérie, Chine, Fédération de Russie) et 12 abstentions, à la tenue de cette réunion demandée par la Russie et lancée, selon la France, en l’absence de toute concertation préalable avec les membres du Conseil ainsi qu’avec la Serbie. 

« Il est difficile de voir comment le thème de la réunion d’aujourd’hui s’inscrit dans la responsabilité du Conseil de sécurité d’assurer le maintien de la paix et sécurité internationales », a relevé la délégation française, qui s’est en outre étonnée que la Russie se soit opposée à la participation du Kosovo à cette séance.  Tout en notant que le Conseil n’a pas pour objet de commémorer des anniversaires, elle a constaté « une nouvelle fois » que la Russie gaspille à dessein les ressources du Conseil pour « diffuser son révisionnisme et justifier sa guerre contre l’Ukraine ». 

La Fédération de Russie a regretté que cette question ait été mise aux voix, affirmant que cette séance figurait bel et bien au programme de travail du Conseil pour le mois de mars.  Une affirmation contredite par le Japon, qui a indiqué ne pas avoir inscrit cette réunion au programme de travail, ce qui justifiait à son avis que l’ordre du jour provisoire soit mis aux voix.

Estimant, comme la Fédération de Russie, que les événements survenus en 1999 sont liés à ceux d’aujourd’hui dans les Balkans, la Chine a exprimé sa déception face au résultat du vote.  Le 7 mai 1999, a-t-elle rappelé, l’OTAN, « mené par les États-Unis », a en effet bombardé l’ambassade de Chine à Belgrade, en violation flagrante de la souveraineté et du droit international. 

À l’opposé, les États-Unis ont regretté que la Fédération de Russie ait gaspillé le temps du Conseil tout en sachant qu’elle n’obtiendrait « jamais » l’appui nécessaire.  Comme la France, la délégation américaine s’est montrée disposée à appuyer la tenue d’une séance traitant des conséquences de ces événements dans un « format adéquat », tel que la formule Arria, et non dans le cadre d’une réunion visant à « instrumentaliser ces événements tragiques pour des raisons de propagandes du Kremlin » et afin de nuire à la stabilité dans les Balkans. 

La situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui ne vise, selon la Slovénie, qu’à « politiser les travaux du Conseil et à nous diviser ». Évoquant les meurtres de civils, les réfugiés, « l’épuration ethnique » ainsi que « l’incapacité du Conseil » qui ont caractérisé la guerre dans les Balkans, elle s’est demandée en quoi il était utile de rouvrir des plaies qui ne sont pas encore pansées.  Pour comprendre comment établir une paix durable « en terre serbe », nous devons discuter des causes de l’escalade d’aujourd’hui, a rétorqué la Fédération de Russie. 

Après avoir rappelé que le Conseil a entendu le 10 février, à sa demande, le Président Serbe concernant la situation au Kosovo, le représentant français a invité à conclure cette « non-réunion ».  

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