En cours au Siège de l'ONU

9576e séance – matin
CS/15625

Conseil de sécurité: au Yémen, « l’espace dévolu à la médiation de la crise s’est complexifié », selon l’Envoyé spécial du Secrétaire général

Alors qu’il aurait souhaité annoncer un accord sur un cessez-le-feu au Yémen conclu à temps pour le ramadan, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour ce pays a reconnu ce matin, devant le Conseil de sécurité, que « l’espace dévolu à la médiation de la crise yéménite s’est complexifié »: la mer Rouge fait désormais partie d’un ensemble plus large de « cercles concentriques d’escalade » dont l’épicentre se trouve à Gaza, a expliqué M. Hans Grundberg. Aussi a-t-il dit pouvoir compter sur le soutien des membres du Conseil et sur une « action diplomatique collective » pour l’aider dans sa médiation.

Même si son bureau s’est employé à protéger de la « tourmente régionale » le processus de paix au Yémen, en proie à une guerre civile depuis presque 10 ans, le haut fonctionnaire a souligné l’impact important du conflit en cours à Gaza sur la situation dans ce pays.  Depuis novembre 2023, Ansar Allah, le mouvement houthiste en guerre avec le Gouvernement yéménite, s’en prend à des cargos de marchandises dans la mer Rouge et le golfe d’Aden, où les marines américaine et britannique ont riposté depuis janvier contre des cibles militaires dans les zones du Yémen contrôlées par ce groupe.  « Pas plus tard que la semaine dernière, Ansar Allah a attaqué un vraquier dans le golfe d’Aden, tuant et blessant plusieurs membres d’équipage.  Un autre navire qu’Ansar Allah a récemment heurté, le Rubymar, a laissé échapper une nappe de pétrole, avant de couler dans la mer Rouge avec sa cargaison », a relaté l’Envoyé spécial.

Avec des intérêts en jeu qui se multiplient, les parties au conflit au Yémen sont davantage susceptibles de modifier leurs calculs et leurs programmes de négociation, a analysé l’Envoyé spécial.  Dans le pire des cas, elles pourraient se risquer à un « aventurisme militaire » qui propulserait le pays dans un nouveau cycle d’hostilités.  M. Grundberg les a donc exhortées à faire preuve de la plus grande retenue, suivi sur ce point par plusieurs membres du Conseil, de la France au Royaume-Uni, en passant par Malte, l’Équateur, le Japon et la Sierra Leone, qui s’est exprimée au nom des A3+1 (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana), autant de délégations qui ont condamné les attaques répétées des houthistes en mer Rouge.

S’il a apporté son soutien aux efforts de l’Envoyé spécial pour relancer le processus de paix, le délégué du Yémen a estimé que cette paix serait impossible tant que les milices houthistes n’auront pas mis un terme à leur escalade, cessé leur guerre contre le peuple yéménite et arrêté de menacer la paix et la sécurité régionales et internationales.  Il a, à cet égard, mis en garde contre le flux continu d’armes en provenance de la République islamique d’Iran. 

En ciblant les installations essentielles à l’exportation de pétrole, les houthistes privent le peuple yéménite de l’une de ses principales ressources, a tempêté le représentant, en évoquant un « siège économique » sur fond d’attaques contre les navires commerciaux transportant de l’aide humanitaire dans les ports yéménites.  Son gouvernement a pour sa part lancé une initiative visant à rouvrir des axes routiers afin de faciliter l’acheminement de biens et de vivres entre les différentes provinces du pays, une initiative saluée par l’Envoyé spécial. 

Mme Edem Wosornu, la Directrice des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a confirmé l’ampleur de la crise humanitaire au Yémen, prévenant que les progrès observés depuis la trêve négociée par l’ONU en avril 2022 risquent de s’effondrer.  Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ainsi que le Programme alimentaire mondial (PAM), qui a dû suspendre ses opérations dans le nord du pays, font état d’une hausse de 11% de l’insécurité alimentaire depuis novembre 2023, « avec les niveaux les plus élevés depuis 16 mois dans les zones contrôlées par les houthistes », s’est alarmée la Directrice. Et près de la moitié des enfants de moins de 5 ans, selon ces deux organismes, souffrent d’un retard de croissance modéré à sévère, soit une progression de 4% par rapport à 2022 et plus du double de la prévalence au niveau mondial.  Une situation imputable au conflit, mais aussi à une crise économique prolongée et aux graves déficits de financement.  En 2024, 18 millions de personnes au Yémen auront encore besoin d’aide humanitaire, se sont inquiétées plusieurs délégations.

Préoccupée elle aussi par la militarisation en cours au Yémen, y compris en mer Rouge, la Fédération de Russie a toutefois condamné la « coalition dirigée par les États-Unis et le Royaume-Uni », qui au lieu de stabiliser la situation, a eu le résultat « exactement inverse » d’après elle: non seulement ces attaques se poursuivent, mais elles sont également devenues plus fréquentes.  « Un navire a déjà complètement coulé, des membres d’équipage sont morts: c’est le prix de l’escalade », s’est désolé le délégué, en tançant la diplomatie de « la canonnière ».  En outre, aucune action n’a été prise par le Conseil de sécurité de l’ONU en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies pour autoriser des actions militaires au Yémen ou dans les eaux voisines, a-t-il rappelé.

La France et la Slovénie ont pour leur part rappelé que c’est conformément au droit international, et dans l’intérêt de la communauté internationale et de la région, que l’Union européenne a lancé l’opération défensive ASPIDES pour contribuer au rétablissement de la sécurité maritime et de la liberté de navigation.

Enfin, consciente elle aussi que les attaques des houthistes ne font qu’intensifier les tensions régionales et retarder le processus de paix au Yémen, la République de Corée a jugé vital, dans ce contexte, d’assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2722 (2024), y compris l’embargo sur les armes.  En tant que Président du Comité des sanctions contre le Yémen, son représentant a donné l’assurance qu’il suivra de près la mise en œuvre du régime de sanctions, avec la coopération du Groupe d’experts sur le Yémen.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. HANS GRUNDBERG, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a commencé par déclarer qu’il avait espéré –de même que les Yéménites– que d’ici au ramadan, un accord sur un cessez-le-feu à l’échelle nationale aurait été trouvé ainsi que des mesures visant à améliorer les conditions de vie de la population.  « J’avais espéré vous informer des préparatifs d’un processus politique inclusif », a-t-il dit en expliquant que les fonctionnaires auraient dû recevoir leurs salaires et que les exportations de pétrole auraient dû reprendre, ce qui aurait pu permettre une prestation de services plus efficace et une amélioration des conditions économiques.  Il y aurait dû avoir également un autre accord sur la libération des prisonniers, permettant aux proches de rentrer chez eux à temps pour le ramadan.  L’Envoyé spécial a toutefois assuré que ses efforts pour finaliser et mettre en œuvre une feuille de route des Nations Unies n’ont pas faibli. 

Cependant, a expliqué à nouveau M. Grundberg, l’espace dévolu à la médiation de la crise yéménite s’est complexifié.  Même si son bureau s’est employé à protéger le processus de paix des développements régionaux depuis le début de la guerre à Gaza, il a souligné l’impact réel qu’ils ont sur le Yémen, de même que ce qui se passe au Yémen peut avoir un impact sur la région.  Depuis novembre 2023, Ansar Allah cible les navires dans la mer Rouge et dans le golfe d’Aden, a-t-il rappelé en ajoutant que depuis janvier, les États-Unis et le Royaume-Uni, en réponse, ont frappé des cibles militaires dans les zones contrôlées par ce groupe.  Pas plus tard que la semaine dernière, Ansar Allah a attaqué un vraquier dans le golfe d’Aden, tuant et blessant plusieurs membres d’équipage.  Un autre navire qu’Ansar Allah a récemment heurté, le Rubymar, a laissé échapper une nappe de pétrole, avant de couler dans la mer Rouge avec sa cargaison, a relaté l’Envoyé spécial. 

Plus cette escalade perdure, plus l’espace de médiation du Yémen deviendra difficile, a mis en garde M. Grundberg.  Il a observé qu’avec davantage d’intérêts en jeu, les parties au conflit au Yémen sont davantage susceptibles de modifier leurs calculs et leurs programmes de négociation.  Dans le pire des cas, les parties pourraient se lancer dans un « aventurisme militaire risqué » qui propulserait le Yémen dans un nouveau cycle d’hostilités. Aussi M. Grundberg a-t-il souligné l’importance de rester concentrés sur les objectifs à long terme à atteindre au Yémen.  Afin de préserver les progrès enregistrés par le processus de paix, il a exhorté toutes les parties impliquées à faire preuve de la plus grande retenue: « Alors que la mer Rouge fait désormais partie d’un ensemble plus large de cercles concentriques d’escalade, je réitère également l’avertissement du Secrétaire général concernant le risque d’une nouvelle régionalisation du conflit à Gaza, ainsi que ses récents appels à un cessez-le-feu humanitaire immédiat dans ce territoire. » 

Au Yémen même, bien que les hostilités soient restées à des niveaux relativement faibles par rapport à la période de trêve d’avant 2022, les affrontements et les mouvements de troupes se sont poursuivis à Hodeïda, Lahj, Mareb, Saada, Chaboua et Taëz, a précisé le haut fonctionnaire en ajoutant que les parties continuent également de menacer publiquement de reprendre la guerre.  Dans ce contexte, son travail continue d’être guidé par les priorités articulées par les Yéménites pour le Yémen et son objectif de parvenir à un cessez-le-feu et d’entamer un processus politique.  L’Envoyé spécial a expliqué qu’une chose que tous les Yéménites lui ont dite, c’est que leurs besoins et leurs priorités n’ont pas changé depuis cette récente escalade régionale – « ils sont seulement devenus plus urgents ».  Par conséquent, son bureau a convoqué des réunions ces dernières semaines avec des responsables clefs de la sécurité à Aden et à Taëz pour préparer un futur cessez-le-feu à l’échelle nationale.  Il est impératif, a-t-il dit, que toutes les parties maintiennent ouverts les canaux de communication et ne perdent pas de vue les intérêts de tous les Yéménites.

La Journée internationale des femmes ce mois-ci a rappelé l’impact disproportionné du conflit sur les femmes au Yémen et l’importance de permettre leur participation significative au processus de paix, a relevé M. Grundberg.  Le conflit a exacerbé les inégalités entre les sexes, limitant l’accès des femmes à l’éducation, aux soins de santé et à la liberté de mouvement, et les exigences imposées en matière de tutelle limitent encore davantage leur action et leur participation aux efforts de paix, a-t-il indiqué.  Son bureau poursuit donc son partenariat avec ONU-Femmes pour organiser des consultations avec la société civile, des dirigeantes politiques, des activistes des droits humains et des représentantes de groupes marginalisés, tout en encourageant les efforts de médiation locaux.  Il s’est félicité que, ces dernières semaines, grâce au plaidoyer et au travail incessants de la société civile yéménite, un regain d’attention ait été constaté sur la nécessité d’ouvrir les routes fermées pendant le conflit.  L’ouverture de la route de Haïfan, dans la province de Taëz, constitue un pas dans la bonne direction, a-t-il salué. 

Il reste cependant beaucoup à faire pour prévenir les incidents et améliorer la coordination entre les parties, qu’il a exhortées à saisir cette opportunité pour répondre aux attentes des Yéménites concernant l’ouverture durable des principaux axes routiers à travers le Yémen.  Soutenir la liberté de circulation des personnes et des biens à travers le Yémen reste une priorité pour son bureau qui est prêt à aider les parties si nécessaire, a insisté le haut fonctionnaire, qui a espéré pouvoir compter sur une action diplomatique collective pour l’aider à guider le processus de médiation « dans la tourmente régionale actuelle ».

S’exprimant au nom de M. MARTIN Griffiths, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, Mme EDEM WOSORNU, Directrice des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a averti que les progrès observés depuis la trêve négociée par l’ONU en avril 2022 risquent de s’effondrer.  Elle a fait état d’évaluations récentes du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et du Programme alimentaire mondial (PAM) montrant une augmentation de 11% de l’insécurité alimentaire depuis novembre 2023, avec les niveaux les plus élevés depuis 16 mois dans les zones contrôlées par les houthistes.  Selon ces mêmes évaluations, près de la moitié des enfants de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance modéré à sévère, soit une progression de 4% par rapport à 2022 et plus du double de la prévalence mondiale.  De surcroît, plus de la moitié des familles interrogées ont signalé des niveaux de consommation alimentaire insuffisants, a-t-elle ajouté, imputant cette situation au conflit, mais aussi à une crise économique prolongée et aux graves déficits de financement, qui ont un impact considérable sur l’aide humanitaire. 

Mme Wosornu a ensuite rappelé que le PAM a suspendu en novembre son aide alimentaire générale dans les zones contrôlées par les houthistes, tout en poursuivant les discussions avec les autorités de facto houthistes sur les priorités en matière d’assistance.  Elle a ajouté qu’à la suite à l’allocation de 7 millions de dollars du Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) au PAM, un accord sur le lancement d’un exercice pilote de reciblage dans les zones contrôlées par les houthistes a été conclu.  Sur la base du succès de ce projet pilote et sous réserve des fonds disponibles, une reprise plus large des distributions alimentaires aura lieu, a-t-elle expliqué, estimant que cette aide pourrait bénéficier à 9,5 millions de personnes n’ayant pas reçu d’aide depuis novembre.  À cette fin, elle a exhorté les donateurs à intensifier leur financement, précisant que, ces cinq prochains mois, les besoins globaux du PAM s’élèvent à 230 millions de dollars pour couvrir trois cycles de distribution alimentaire en faveur des familles les plus vulnérables dans les zones contrôlées par les houthistes. 

Après avoir salué le dynamisme et la résilience des Yéménites qu’elle a pu rencontrer lors de sa visite dans les provinces d’Aden, de Sanaa et d’Amran la semaine dernière, Mme Wosornu a estimé qu’il est plus important que jamais que la communauté internationale soutienne le cadre de développement des Nations Unies pour le Yémen afin de permettre au peuple yéménite de briser le cycle de dépendance à l’égard de l’aide extérieure et de l’aider à bâtir une économie robuste, autonome et durable.  Elle s’est par ailleurs alarmée des tensions régionales et de l’escalade de la situation en mer Rouge, prévenant que les attaques contre des navires, comme le Rubymar, pourraient avoir des impacts directs et indirects sur les moyens de subsistance de milliers de personnes dans les communautés côtières dont la survie dépend de la pêche.  Réitérant l’appel du Secrétaire général au plein respect de la résolution 2722 (2024) du Conseil de sécurité, elle a également insisté sur l’importance d’un accès humanitaire sans restriction aux personnes dans le besoin au Yémen.  Elle a enfin appelé le Conseil à soutenir les efforts de désescalade et de paix, notamment les initiatives locales dirigées par des femmes. 

Le représentant du Royaume-Uni a condamné la poursuite des attaques des houthistes contre les navires de la mer Rouge, notamment contre le True Confidence et le Rubymar, et a demandé la libération immédiate du navire Galaxy Leader et de son équipage détenus illégalement depuis plus de 100 jours.  Il a appelé les houthistes à mettre fin à ces attaques, à respecter la liberté de navigation de tous les navires et à désamorcer les tensions en mer Rouge.  L’inspection des navires est cruciale pour empêcher l’entrée d’armes illicites dans les zones contrôlées par les houthistes tout en préservant le flux de marchandises vers le Yémen, a noté le représentant.  Près de 90% de la nourriture du Yémen provenant d’importations commerciales, il est vital de maintenir l’intégrité des ports du pays, a-t-il ajouté.  À cet égard, le délégué a jugé extrêmement préoccupantes les informations indiquant que des navires iraniens contourneraient ces inspections.  Il a appelé l’Iran à cesser son soutien illégal aux houthistes et a souligné que les navires entrant à Hodeïda doivent se présenter aux inspections du Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies. 

Le représentant a ensuite exhorté les parties prenantes et les parties au conflit à donner la priorité au processus de paix en s’appuyant sur les progrès réalisés par l’Envoyé spécial Grundberg, y voyant la meilleure opportunité d’instaurer une paix durable dans le pays depuis neuf ans. 

La représentante de Malte a considéré que les escalades militaires en mer Rouge menacent les avancées vers la paix au Yémen, condamnant les attaques perpétrées par les houthistes contre des cargos de marchandises.  Elle a ensuite salué le lancement de l’opération ASPIDES par l’Union européenne, qui vise à rétablir la sécurité maritime dans le golfe d’Aden. 

Exhortant les parties au conflit au Yémen à concentrer leurs efforts sur la recherche d’un accord politique dans l’intérêt de tous les Yéménites, la déléguée a jugé crucial l’établissement d’une feuille de route de l’ONU pour garantir la mise en œuvre d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale, améliorer les conditions de vie et permettre la reprise d’un processus politique inclusif dirigé et contrôlé par les Yéménites sous les auspices de l’ONU.  Elle a également demandé aux autorités yéménites à lever les restrictions qui violent systématiquement le droit des femmes à la liberté de mouvement.  Celles qui travaillent avec des organisations non gouvernementales et des agences de l’ONU sont prises pour cibles, harcelées et humiliées aux points de contrôle et nombre d’entre elles ont été contraintes de démissionner.  Cela coupe l’aide humanitaire essentielle aux femmes et aux filles yéménites ainsi que les revenus indispensables à leurs familles, s’est émue la représentante. 

Le représentant de la République de Corée a constaté que les attaques menées par les houthistes contre les navires de la mer Rouge se poursuivent malgré les demandes répétées du Conseil d’y mettre un terme.  Il a condamné les attentats du 6 mars qui ont tué trois membres de l’équipage du navire True Confidence, après le naufrage du Rubymar qui transportait des engrais.  Ces attaques causent des dommages économiques importants et ne contribuent en aucune manière à résoudre ou à apaiser la situation à Gaza.  Au contraire, elles ne font qu’intensifier les tensions et les affrontements régionaux, tout en retardant le processus de paix au Yémen. Dans ce contexte, il est vital d’assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2722 (2024), y compris l’embargo ciblé sur les armes, a souligné le représentant qui a ajouté qu’en tant que Président du Comité des sanctions contre le Yémen, il compte suivre de près la mise en œuvre du régime de sanctions, avec la coopération du Groupe d’experts sur le Yémen.

Pendant ce temps, les souffrances humanitaires de longue date perdurent au Yémen depuis une décennie, 17,6 millions de personnes, dont 6,5 millions d’enfants, étant toujours confrontées à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle.  Il est donc impératif que toutes les parties yéménites, dont les houthistes, s’en tiennent au processus de négociation, a ajouté le délégué. 

La représentante de la France a accusé les houthistes d’être les seuls responsables de l’escalade en cours en mer Rouge et de ses conséquences négatives sur la stabilité régionale et le commerce maritime international.  Condamnant fermement ces actions déstabilisatrices appuyées par l’Iran, elle a noté qu’un nouveau seuil a été franchi début mars avec l’attaque houthiste contre le navire commercial MV True Confidence, qui a tué plusieurs membres de l’équipage.  Face à ce « comportement irresponsable », la France poursuivra son engagement dans le cadre de l’opération européenne ASPIDES pour garantir la sûreté maritime et la liberté de navigation, conformément au droit international et en lien avec ses partenaires, a affirmé la représentante, selon laquelle une frégate française sur zone a déjà intercepté plusieurs drones houthistes.  Elle a ajouté qu’en vertu de la résolution 2722 (2024), les États ont le droit de défendre leurs navires contre de telles attaques.  

Revenant à la situation à l’intérieur du Yémen, la représentante a appelé à transformer la trêve partielle en une cessation complète et durable des hostilités.  Un cessez-le-feu durable permettra d’améliorer la situation humanitaire et de remettre en état les infrastructures essentielles, a-t-elle fait valoir, rappelant que plus de 17 millions de personnes auront besoin cette année d’une assistance en matière de santé et qu’autant souffrent d’insécurité alimentaire.  Elle a aussi appelé la communauté internationale à exercer sa responsabilité en permettant aux personnes déplacées de retrouver le cours de leur existence et de veiller à ce que les travailleurs humanitaires puissent exercer leurs missions sans entraves, notamment les personnels féminins en zone houthiste.  Enfin, après avoir plaidé en faveur d’un financement accru du Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies, qui contribue à la lutte contre les trafics d’armes en mer Rouge, elle a réitéré le plein soutien de la France aux efforts déployés par l’Envoyé spécial pour définir une feuille de route inclusive et a salué la mobilisation d’acteurs régionaux tels que l’Arabie saoudite et Oman.  

Le représentant des États-Unis a noté que les menaces que font peser les houthistes contre la navigation commerciale touchent un nombre toujours plus élevé de pays. La condamnation internationale de ces attaques « inlassables » doit se poursuivre, a-t-il estimé.  Pour ces raisons, les États-Unis ont désigné, le 16 février dernier, Ansar Allah en tant qu’organisation terroriste.  Nous devons faire front uni contre ces attaques qui touchent tous les États Membres, avec un effet sur le commerce aux quatre coins du monde, a exhorté le représentant.  Il a rejeté les tentatives d’entraver la liberté de navigation en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, avant d’appeler à la libération des membres d’équipage retenus en otage.

Après avoir rappelé l’adoption de la déclaration à la presse du Conseil exigeant des houthistes qu’ils mettent un terme à ces attaques conformément à la résolution 2722 (2024), le délégué a exprimé son appui au Mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies afin d’entraver l’importation d’armes illégales.  Il a appelé l’Iran à cesser de fournir des armes en violation de l’embargo ainsi que toute autre activité susceptible de faciliter l’escalade des houthistes en mer Rouge, affirmant que leurs agissements n’aident en rien la population de Gaza ou du Yémen.  

Au nom des A3+1 (Algérie, Mozambique, Sierra Leone et Guyana), le représentant de la Sierra Leone a appelé les parties yéménites à coopérer sous l’égide de l’ONU pour faire cesser le conflit.  Parvenir à une paix globale passera, selon lui, par une participation pleine et entière des femmes et de la société civile au processus de paix et aux négociations.  En l’absence de solution politique, la situation humanitaire continue de se dégrader, a-t-il déploré, constatant que les enfants et les femmes sont les plus touchés par cette crise.  Après avoir exhorté la communauté internationale à renforcer ses actions humanitaires en faveur du Yémen, le représentant a fait observer que les changements climatiques accentuent la crise due à la pénurie en eau et forcent de nombreux Yéménites à quitter leurs foyers, ce qui contribue à l’insécurité générale.  Face à ces défis, il est essentiel que les donateurs investissent davantage dans les systèmes d’alerte précoce, a-t-il plaidé.

Le délégué a ensuite condamné les attaques des houthistes contre des navires marchands en mer Rouge.  Notant que ces actions déstabilisatrices ont des effets sur toute la région, il a appelé la communauté internationale à renforcer les capacités des garde-côtes yéménites afin qu’ils puissent protéger leur littoral.  Il a enfin estimé que ces attaques, ajoutées à la situation qui règne à Gaza, pourraient mener à un embrasement complet de la région.  Un cessez-le-feu immédiat à Gaza s’impose donc de toute urgence, compte tenu des implications du conflit israélo-palestinien dans la région, a conclu le représentant.  

Le représentant de la Chine a exprimé sa préoccupation face aux tensions croissantes et aux attaques meurtrières en mer Rouge.  Les houthistes doivent cesser leurs attaques et respecter le droit des navires commerciaux de naviguer en mer Rouge conformément au droit international, a-t-il argué.  Le Conseil de sécurité, a-t-il rappelé, n’a jamais autorisé aucun pays à faire usage de la force au Yémen.  En outre, l’escalade en mer Rouge perturbe fortement le processus politique dans le pays, s’est-il inquiété.  Le représentant a plaidé pour que l’accord de cessez-le-feu et la reprise du processus politique sous la houlette de l’ONU soient préservés.  Il a aussi craint pour la population étant donné que la crise humanitaire persiste au Yémen, où plus de 18 millions de personnes ont aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire.  Selon le représentant, les tensions en mer Rouge démontrent le débordement du conflit à Gaza, où la population perd tout espoir.  Il a donc appelé Israël à cesser ses opérations militaires à Gaza et sa punition collective infligée au peuple palestinien. 

Le représentant de la Slovénie a appuyé les efforts déployés par l’Envoyé spécial pour parvenir à un cessez-le-feu et relancer le processus politique au Yémen. Une escalade militaire doit être évitée à tout prix, alors que la situation humanitaire demeure alarmante, a-t-il souligné, rappelant que 18 millions de personnes au Yémen auront encore besoin d’aide en 2024.  Dans ce contexte, il s’est dit préoccupé par le fait que les distributions alimentaires du PAM n’aient pas encore repris dans le nord du pays et que les problèmes d’accès persistent.  Le représentant a ensuite réitéré sa conviction qu’un processus véritablement inclusif est nécessaire pour parvenir à la paix au Yémen.  Observant qu’en dépit du tribut qu’elles paient à ce conflit, les femmes yéménites effectuent des médiations pour le rétablissement de l’accès à l’eau et négocient la libération de détenus, il a jugé que leur exclusion de la vie publique et politique est inacceptable et préjudiciable aux efforts de paix.  Il a par ailleurs appelé les houthistes à cesser leurs attaques en mer Rouge, conformément à la résolution 2722 (2024) du Conseil, afin que les approvisionnements énergétiques et l’aide humanitaire puissent transiter par ce couloir maritime vital.  À cet égard, il a rappelé que, dans l’intérêt de la communauté internationale et de la région, l’Union européenne a lancé l’opération défensive ASPIDES pour contribuer au rétablissement la sécurité maritime et la liberté de navigation, conformément au droit international. 

La représentante de la Suisse s’est déclarée préoccupée par le nombre croissant d’attaques contre des navires marchands en mer Rouge, appelant toutes les parties à faire preuve de retenue, à respecter le droit international et à redoubler d’efforts diplomatiques en vue d’une désescalade des tensions.  Elle a ensuite salué les acquis des discussions de paix au Yémen, avant de réitérer le besoin d’un processus politique inclusif sous l’égide de l’ONU et le plein soutien de son pays à l’Envoyé spécial.  Pour la représentante, la participation pleine, égale et significative des femmes à toutes les étapes des efforts diplomatiques visant la paix est à la fois « une évidence et une nécessité ».  Elle a d’autre part appelé les parties à autoriser et faciliter un acheminement rapide, sûr et sans entrave de l’aide humanitaire, notant avec inquiétude une augmentation des prix des denrées alimentaires de base, aggravée par les tensions en mer Rouge.  Enfin, en ce début de ramadan, la représentante a demandé à toutes les parties d’ouvrir un « espace de réconciliation », en permettant par exemple la libération de prisonniers. 

Le représentant de l’Équateur a constaté à quel point l’escalade des hostilités en mer Rouge, les tensions régionales provoquées par le conflit à Gaza, ainsi que les préoccupations rencontrées à l’intérieur du Yémen, ont rendu l’« espace de médiation » plus complexe.  C’est la raison pour laquelle l’Équateur soutient les efforts de l’Envoyé spécial pour mettre en place un environnement propice à la mise en œuvre de la feuille de route.  Après les avoir condamnées, le délégué a expliqué que les attaques perpétrées par les houthistes en mer Rouge et dans le golfe d’Aden ont aussi un impact économique, perturbant les chaînes logistique et d’approvisionnement, y compris dans les pays d’Afrique orientale. Une situation susceptible aussi de contribuer profondément à la gravité de la crise humanitaire causée par le conflit au Yémen, dont la population, à plus de 80%, vit dans des conditions de pauvreté « multidimensionnelles ».  Aussi le représentant a-t-il exigé que cessent ces attaques.

Le représentant de la Fédération de Russie s’est dit extrêmement préoccupé par la militarisation en cours au Yémen, y compris en mer Rouge, dénonçant la présence de ce qu’on appelle la « coalition » dirigée par les États-Unis et le Royaume-Uni.  Après avoir également dénoncé les attaques perpétrées contre des cargos de marchandises, il a cependant considéré que l’opération en cours n’a pas stabilisé la situation, mais a eu le résultat exactement inverse: non seulement, ces attaques se poursuivent, mais elles sont également devenues plus fréquentes.  « Un navire a déjà complètement coulé, des membres d’équipage sont morts: c’est le prix de l’escalade », s’est désolé le délégué, qui a tancé Washington, qui ne connaîtrait selon lui qu’une seule diplomatie, celle de « la canonnière ».  Difficile de ne pas admettre que la crise en mer Rouge a été, « à un degré ou à un autre », provoquée par les actions brutales d’Israël contre des centaines de milliers de Palestiniens innocents dans la bande de Gaza, avec le soutien de ses alliés américains, a raisonné le délégué. 

Il a tenu à souligner une fois de plus que les justifications de Washington et de Londres pour leur agression au titre de l’Article 51 de la Charte des Nations Unies sont absolument intenables.  Aucune action n’a été prise par le Conseil de sécurité de l’ONU en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies pour autoriser des actions militaires au Yémen ou dans les eaux voisines, a-t-il simplement constaté.  Pour la délégation russe, il va sans dire que l’escalade actuelle pourrait anéantir tous les développements prometteurs en faveur d’un règlement politique global du conflit au Yémen.

Si la situation politique intérieure du pays est encore relativement calme, la « fenêtre d’opportunité » se referme rapidement, a pressé le délégué en observant que dans les conditions actuelles, le travail de l’Envoyé spécial pour finaliser la « feuille de route » pour le règlement interyéménite se complique. La Russie, pour sa part, maintient des contacts étroits avec les principales forces politiques yéménites et les principaux partenaires régionaux.  Ainsi, du 26 au 29 février, le Président du Conseil des ministres et Ministre des affaires étrangères du Yémen, M. Ahmed Awad ben Moubarak, a été reçu à Moscou, a indiqué le représentant, qui a souligné la nécessité de résoudre la situation exclusivement par des moyens négociés, politiques et diplomatiques dans le cadre d’un dialogue inclusif interyéménite sous les auspices de l’ONU. Il a également appelé la communauté internationale à continuer d’œuvrer pour mettre fin à l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza.  « Résoudre cette question sera la clef de la stabilisation de la situation non seulement dans la mer Rouge, mais aussi dans d’autres régions du Moyen-Orient, où les actions d’Israël provoquent une colère et une indignation légitimes », a-t-il assuré.

Le représentant du Japon a dénoncé les conséquences graves des attaques houthistes en mer Rouge et dans le golfe d’Aden.  Il a rappelé que, parmi ces dizaines d’incidents particulièrement alarmants, figure le naufrage d’un navire transportant des tonnes d’engrais et l’attaque contre un autre navire qui a tué trois marins et fait plusieurs blessés.  Condamnant fermement ces actions injustifiables, qui entravent le commerce mondial et portent atteinte aux droits et libertés de navigation ainsi qu’à la paix et à la sécurité régionales, il a appelé les houthistes à cesser d’attaquer les navires commerciaux et à libérer immédiatement le Galaxy Leader, exploité par des Japonais, ainsi que ses 25 membres d’équipage.  Après des années de conflit, le Yémen a désespérément besoin de paix et de stabilité, a-t-il ajouté. 

Le représentant a ensuite appelé le Conseil de sécurité à rester uni en cette période de crise et continuer à soutenir les efforts de l’Envoyé spécial pour faciliter les fragiles pourparlers de paix et œuvrer à l’instauration d’une paix durable. Il importe également d’intensifier les efforts internationaux pour améliorer la situation humanitaire et économique désastreuse au Yémen, a-t-il souligné, assurant que le Japon, en tant que donateur majeur, reste fermement engagé à cette fin.  

Le représentant du Yémen a déclaré que le Conseil présidentiel et le Gouvernement yéménite ont renouvelé leur engagement en faveur d’une paix globale et durable ainsi que leur appui aux efforts de l’Envoyé spécial pour relancer le processus de paix. Or, la paix au Yémen est impossible sans l’engagement des milices houthistes, qui doivent mettre un terme à leur escalade militaire, cesser leur guerre contre le peuple yéménite et cesser de menacer la paix et la sécurité régionales et internationales, a recommandé le délégué.  Il a demandé à la communauté internationale et au Conseil de sécurité de remédier aux violations constantes des accords et initiatives visant à rétablir la paix.  Afin d’empêcher de nouveaux cycles de violence et d’escalade, nous devons selon lui redoubler d’efforts afin que les milices s’acquittent de leurs obligations, dont l’ouverture des points de passage et de routes ainsi que la libération des prisonniers.  Le représentant a mis en garde contre le flux continu d’armes iraniennes vers les milices houthistes.  À cette fin, il a appelé à soutenir le Gouvernement yéménite pour lui permettre de renforcer les institutions de l’État et d’assurer la protection du territoire national, afin qu’il soit en mesure d’assurer la sécurité des voies maritimes internationales et des ports. 

En dépit de défis immenses, les autorités yéménites s’efforcent d’alléger les conséquences économiques et humanitaires catastrophiques de la guerre lancée par les milices terroristes houthistes, a assuré le délégué.  Il a déploré l’arrêt des exportations de pétrole brut, qui constituent 70% des recettes de l’État.  En ciblant les installations essentielles à l’exportation de pétrole, les houthistes privent le peuple yéménite de l’une de ses principales ressources, a-t-il noté, évoquant une guerre économique qui vise à affamer le Yémen.  Il a parlé de « siège économique » en dénonçant l’agression contre les navires commerciaux transportant de l’aide humanitaire et des denrées humanitaires dans les ports du Yémen, mettant en garde que cela ne fait qu’aggraver la situation humanitaire.  Pour alléger les souffrances de la population, le délégué a salué le soutien apporté par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, et appelé la communauté internationale à fournir au Yémen un appui technique et logistique.  Pour sa part, le Gouvernement a lancé une initiative visant à rouvrir des routes afin de faciliter l’acheminement de biens et de vivres entre les différentes provinces du pays. 

Selon le délégué, les houthistes ne veulent pas la paix au Yémen et ne se soucient guère des difficultés que rencontre la population.  Il a condamné l’escalade dangereuses liée aux attaques terroristes contre la navigation internationale, y compris celles qui ont visés les navires True Confidence et Rubymar, provoquant une crise environnementale.  Il a donc demandé une fois de plus aux instances internationales compétentes d’aider le Gouvernement à faire face à cette catastrophe environnementale.  Enfin, le représentant a rappelé que les risques du pétrolier SAFER existent toujours, surtout après la suspension du plan de sauvetage d’urgence mené par l’ONU en raison de la situation en mer Rouge. 

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