9573e séance – matin   
CS/15622

Conseil de sécurité: le Haut Représentant de l’Union européenne fait valoir la coopération ONU-UE sur les plans financier et stratégique

Le Conseil de sécurité a, ce matin, organisé sa séance annuelle consacrée à la coopération entre l’ONU et l’Union européenne (UE), en présence du Haut Représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité de cette organisation régionale.  « Si l’état du monde est profondément préoccupant, il le serait encore davantage sans l’ONU qui, à travers sa Charte, demeure une boussole et un repère dans la tourmente, une lanterne dans l’épais brouillard dans lequel nous cherchons chaque jour notre chemin », a déclaré M. Josep Borrell Fontelles. 

Cette coopération régionale prévue par le Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies est avant toute chose étayée par les « chiffres », a observé le Haut Représentant.  En effet, alors que l’ONU est confrontée à de sérieuses contraintes financières –notamment dues aux contributions impayées de certains États Membres– et que tout le monde parle à juste titre d’assurer un financement adéquat pour mettre en œuvre les ODD, « ces chiffres comptent! » a-t-il lancé.  M. Borrel Fontelles a fait remarquer que les États membres de l’UE financent près d’un tiers du budget ordinaire de l’ONU ainsi que près d’un quart de l’ensemble des agences, fonds et programmes du système des Nations Unies.  « Et nous payons dans les temps », a-t-il précisé, en rappelant que les Européens sont à la fois le plus grand contributeur financier de l’Organisation et le plus important fournisseur d’aide humanitaire au monde. 

Outre « un bon payeur », l’UE est également un partenaire stratégique de l’ONU, notamment sur les questions de gestion des crises et des opérations de paix, a poursuivi le Haut Représentant.  À l’avenir, a-t-il indiqué, l’UE aimerait se focaliser davantage sur la prévention des conflits et de la violence électorale, une tendance qui s’est traduite par un renforcement de sa coopération avec l’Union africaine (UA), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).  Cet attachement à la paix et à la sécurité en Afrique s’est traduit, au cours des trois dernières années, par la mise à disposition de près d’un milliard d’euros de soutien militaire à ses partenaires africains, par le biais de la facilité européenne de soutien à la paix, s’est encore enorgueilli M. Borrell Fontelles. 

Le haut fonctionnaire a aussi rappelé que l’UE montrait sa pleine solidarité avec l’Ukraine depuis le début de la « guerre d’agression » russe, une guerre que mène la Fédération de Russie contre un État souverain alors qu’elle était « censée garantir la sécurité ». La solidarité de l’UE se voit dans son aide exceptionnelle sur les plans économique, financier et militaire, un soutien qui reflète la détermination européenne à se protéger contre le danger que représente désormais la Russie pour sa sécurité.  « C’est pourquoi ceux qui tablent sur la lassitude de l’Europe se trompent », a assuré M. Borrell Fontelles. 

Ces propos ont suscité une mise au point du délégué russe, qui s’est demandé si, sous ses dehors d’« artisane de la paix », l’UE souhaitait vraiment mettre fin au conflit en Ukraine.  Pour lui, l’UE, « partie belligérante indirecte », n’œuvre pas à le résoudre, mais cherche plutôt à infliger un maximum de dégâts à la Russie et, idéalement, à obtenir sa défaite stratégique. La Russie, a-t-il tranché, n’apprécie pas la coopération ONU-UE.  « Je voudrais croire qu’il y a encore des gens au sein de l’UE qui se souviennent des leçons de l’histoire et prendront les mesures qui s’imposent pour ramener nos relations dans une direction constructive et pragmatique.  Nous n’avons jamais renoncé à cet objectif, c’est pourquoi la parole est désormais à Bruxelles », a déclaré le représentant russe.  

La Chine, qui a dit appuyer la coopération entre l’ONU et l’UE, a de son côté considéré que celle-ci doit être guidée par le multilatéralisme et le respect du droit international, avant de rappeler que la sécurité commune est « indivisible » et qu’elle ne saurait être atteinte par le renforcement des « blocs militaires ».  Soucieuse d’un règlement des différends par des voies pacifiques, la délégation chinoise a estimé que l’UE devrait faire davantage pour créer les conditions propices à une architecture de sécurité équilibrée en Europe.  L’Algérie a également encouragé l’UE à redoubler d’efforts diplomatiques pour parvenir à un dialogue inclusif en vue d’une solution négociée au conflit en Ukraine. 

Dans l’ensemble, les membres du Conseil ont salué la coopération entre l’UE et l’ONU, notamment les délégations africaines, comme la Sierra Leone, pour qui le partenariat UE-UA sur les questions liées à la prévention des conflits demeure crucial pour la sécurité à long terme du continent. De même, les missions de renforcement des capacités et d’assistance technique de l’UE auprès de l’UA jouent un rôle essentiel pour aider les missions africaines de maintien de la paix à s’adapter à leur environnement. Le Mozambique s’est quant à lui félicité du soutien européen apporté à l’UA dans la mise en œuvre de l’Agenda 2063, de l’Architecture africaine de paix et de sécurité et du programme « Faire taire les armes », désormais prolongé jusqu’en 2030. 

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

« Il y a des moments dans l’histoire où l’obscurité du monde est encore plus opaque que d’habitude, où le noir est encore plus noir et où la douleur et le désespoir deviennent l’ordinaire de la condition humaine », a déclaré M. JOSEP BORRELL FONTELLES, Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.  Toutefois, a-t-il observé, si l’état du monde est profondément préoccupant, il le serait encore davantage sans l’ONU qui, à travers sa Charte, demeure une boussole et un repère dans la tourmente, une « lanterne dans l’épais brouillard dans lequel nous cherchons chaque jour notre chemin ».  Depuis plus de deux ans, a rappelé le haut fonctionnaire, nous assistons à une violation flagrante du droit international de la part de la Russie, membre permanent de ce Conseil, qui a délibérément lancé une guerre d’agression contre un État souverain, l’Ukraine, dont elle était censée garantir la sécurité.  Il a rappelé que depuis le début de cette guerre, l’UE a montré sa pleine solidarité avec l’Ukraine en lui accordant une aide économique, financière et militaire exceptionnelle, un soutien qui reflète la détermination européenne à se protéger contre le danger que représente désormais la Russie pour elle et sa sécurité.  « C’est pourquoi ceux qui tablent sur la lassitude de l’Europe se trompent », a-t-il assuré. 

M. Borrell Fontelles a ensuite abordé les spécificités de la coopération entre l’UE et l’ONU.  Notre ferme soutien à l’Organisation se reflète d’abord dans les chiffres, a-t-il dit.  Et, alors que l’ONU est confrontée à de sérieuses contraintes financières –notamment dues aux contributions impayées de certains États Membres– et que tout le monde parle à juste titre d’assurer un financement adéquat pour mettre en œuvre les ODD, « les chiffres comptent! » a lancé le Haut Représentant.  Avec nos propres États membres, nous finançons près d’un tiers du budget ordinaire de l’ONU, nous finançons collectivement près d’un quart de l’ensemble des agences, fonds et programmes de l’ONU, « et nous payons à temps », a-t-il ajouté, en rappelant que les Européens sont le plus grand contributeur financier de l’ONU et le plus important fournisseur d’aide humanitaire au monde. 

Outre « un bon payeur », l’UE est également un partenaire stratégique de l’ONU, notamment sur les questions de gestion des crises et des opérations de paix, a poursuivi M. Borrell Fontelles.  À l’avenir, a-t-il indiqué, l’UE aimerait se focaliser davantage sur la prévention des conflits, une tendance qui s’est traduite par un renforcement de sa coopération avec l’Union africaine (UA), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sur l’analyse des conflits et la prévention de la violence électorale.  L’UE est particulièrement attachée à la paix et à la sécurité en Afrique, a déclaré M. Borrell Fontelles, raison pour laquelle elle soutient les opérations de paix dirigées par l’Afrique, comme le fait le Conseil de sécurité de l’ONU.  Il a aussi fait valoir qu’au cours des trois dernières années, l’UE a fourni près d’un milliard d’euros de soutien militaire à ses partenaires africains par le biais de la facilité européenne de soutien à la paix. 

Par ailleurs, l’UE mène actuellement 24 missions et opérations, déployant plus de 4 300 personnels pour contribuer à un monde plus stable et plus sûr.  Le mois dernier, nous avons lancé une nouvelle opération de sécurité maritime, Aspides, pour protéger les navires commerciaux en mer Rouge, s’est encore enorgueilli M. Borrell Fontelles. « Aux côtés de l’opération Atalanta, qui lutte contre la piraterie dans la Corne de l’Afrique, et de notre présence dans le golfe de Guinée, Aspides démontre que l’UE est de plus en plus un pourvoyeur mondial de sécurité maritime. »  Certaines de ces opérations travaillent avec un mandat de l’ONU, a-t-il souligné en citant en exemple l’opération Irini, qui contribue à mettre en œuvre l’embargo sur les armes de l’ONU contre la Libye, ou l’opération Althéa, qui a un rôle de stabilisation de la paix en Bosnie-Herzégovine. Le Haut Représentant a espéré en conclusion que le Conseil de sécurité renouvellera les autorisations annuelles pour ces deux opérations. 

Le représentant de l’Algérie a observé que les crises complexes et interconnectés qui ont cours dans le monde affectent l’efficacité du Conseil de sécurité, qui est parfois contraint à l’inaction.  Parallèlement, la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales au titre du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies demeure essentielle pour tirer parti du multilatéralisme et relever ces défis.  En tant que pays africain qui favorise le principe de complémentarité entre l’ONU et les organisations régionales, l’Algérie reconnaît le rôle de l’UE dans le maintien de la paix et de la sécurité, y compris en Afrique, a déclaré le représentant. Il a fait remarquer que l’Union africaine (UA) et l’UE entretiennent d’ailleurs une coopération de longue date fondée sur le principe des « solutions africaines aux problèmes africains ». Le représentant a salué l’adoption, en décembre dernier, de la résolution portant sur le financement par l’ONU des missions de paix dirigées par l’Afrique et autorisées par le Conseil de sécurité de l’ONU.  Le soutien de l’UE à ces missions dirigées par l’UA est crucial, a-t-il estimé.

Les efforts de l’UE pour atténuer les souffrances des Palestiniens à Gaza sont tout aussi importants, a poursuivi le représentant.  En outre, s’agissant de l’Ukraine, il a encouragé l’UE à redoubler d’efforts diplomatiques pour parvenir à un dialogue inclusif en vue d’une solution négociée au conflit.  Bien que la coopération entre les Nations Unies et les organisations sous-régionales permette d’élargir l’action de l’ONU, la réforme en profondeur de celle-ci et du Conseil de sécurité reste primordiale, a-t-il conclu.

La représentante du Guyana a dit voir dans l’UE un partenaire important de l’ONU et du Conseil de sécurité, saluant ses efforts destinés à renforcer la sécurité collective, à promouvoir la prévention des conflits, la stabilisation post-conflit et les processus de maintien et de consolidation de la paix. Elle a également rappelé que l’UE est un important contributeur de troupes et de forces de police des missions de maintien de la paix, et que ses États membres comptent parmi les plus grands contributeurs financiers au système des Nations Unies et aux missions onusiennes.  À cet égard, elle s’est félicitée du soutien de l’UE aux opérations de soutien à la paix de l’UA, notamment via la résolution 2719 (2023) qui a été coparrainée par les États membres de l’UE.

La représentante a également salué le rôle de l’UE en tant que premier donateur mondial d’aide humanitaire, ainsi que son engagement pour le climat et le programme sur « les femmes et la paix et la sécurité ».  Insistant sur le lien entre la paix, la sécurité et le développement, elle a souligné l’action déterminante que mène l’UE en matière d’aide au développement, avant d’appeler à accorder une attention continue aux besoins de développement des pays, en tenant pleinement compte de leurs contextes culturels et locaux.  En conclusion, elle a souhaité que le partenariat ONU-UE se renforce dans le cadre de la complémentarité pour un monde plus pacifique et plus sûr. 

Le représentant de la France a déclaré que l’Union européenne est mobilisée plus que jamais pour soutenir l’Ukraine contre la guerre d’agression menée par la Fédération de Russie, au mépris du droit international.  Ses États membres déploient en outre plus de 3 000 personnels dans des opérations de maintien de la paix dans le monde, notamment au sein de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) et en protégeant le trafic maritime en mer Rouge avec l’opération Aspidès.  L’Union européenne a notamment versé, la semaine dernière, quelque 50 millions d’euros à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). En Afrique, elle déploie plusieurs missions de formation en partenariat avec les forces de défense et de sécurité du continent, en plus de soutenir financièrement la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS). 

Les États membres de l’UE sont les premiers contributeurs au budget régulier de l’ONU et les seconds au budget des opérations de maintien de la paix, a indiqué le représentant.  L’UE compte continuer de travailler aux grands défis de notre temps, tels que les défis climatiques et environnementaux, ainsi que le financement du développement et l’appui aux pays les moins avancés.  Enfin, le délégué a salué les réflexions concernant le Pacte pour l’avenir, en espérant qu’elles permettront de renforcer le multilatéralisme et l’autorité de la Charte des Nations Unies. 

La représentante de Malte s’est félicitée de constater que l’approche globale ONU-UE en matière de gestion des crises, de médiation et d’opérations de paix a aidé plusieurs pays à surmonter les conflits.  Il existe actuellement 24 missions et opérations de paix et de sécurité de l’UE déployées sur trois continents, a-t-elle noté, des efforts qui contribuent à renforcer le Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général de l’ONU.  En mer Méditerranée, l’opération IRINI contribue notamment à la mise en œuvre de l’embargo sur les armes de l’ONU contre la Libye, en application de la résolution 2292 (2016).  « En tant que corédacteurs avec la France, nous pensons qu’il est essentiel que le Conseil de sécurité renouvelle une fois de plus cette résolution en juin », a précisé la déléguée.  Et en Afrique, a-t-elle ajouté, les missions de l’UE témoignent de son engagement envers le continent et de son engagement auprès de l’Union africaine.

Le représentant du Mozambique a salué la coopération entre l’ONU et l’UE, en particulier le soutien des deux organisations aux programmes africains de maintien de la paix et de la sécurité.  Depuis 2004, a-t-il relevé, l’UE appuie les efforts de prévention des conflits de l’Union africaine (UA), en finançant des opérations de soutien à la paix et en contribuant au renforcement des capacités des institutions de l’UA et des initiatives de prévention et de règlement des conflits menées par l’UA.  Évoquant l’adoption unanime par le Conseil de sécurité de la résolution 2719 (2023) sur le financement des opérations de soutien à la paix menées par l’UA, il a salué le concours apporté par l’UE.  Il s’est également félicité du fait que, lors du sixième sommet UE-UA en février 2022, les dirigeants des deux organisations aient reconnu la nécessité de respecter le principe des « solutions africaines aux problèmes africains » et se soient engagés à aborder les questions de la radicalisation, de l’extrémisme violent et du terrorisme, de la circulation illicite des armes légères et de petit calibre et de la criminalité organisée. 

Dans cet esprit, le représentant s’est réjoui du soutien apporté par l’UE à l’UA dans la mise en œuvre de l’Agenda 2063, de l’Architecture africaine de paix et de sécurité et du programme « Faire taire les armes », désormais prolongé jusqu’en 2030.  Il a ensuite attiré l’attention du Conseil sur l’importance que revêtent la transition politique au Soudan du Sud et le financement des élections locales en République centrafricaine.  Il a appelé la communauté internationale à soutenir financièrement les processus électoraux en cours dans ces deux pays, estimant que cet effort s’inscrit dans le cadre de la contribution au maintien de la paix et de la sécurité en Afrique. 

Le représentant de la Fédération de Russie a comparé l’état actuel de l’Union européenne avec le projet européen original (intégration économique destinée à panser les blessures subsistant au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et à réconcilier les peuples du continent), en déduisant qu’il a complètement changé de nature.  « Nous avons maintenant un bloc expansionniste agressif qui se soumet progressivement aux buts et objectifs des États-Unis et de l’OTAN et place les intérêts politiques bien au-dessus des intérêts économiques. »  En outre, selon le représentant, les dirigeants des structures paneuropéennes, qui accomplissaient autrefois des tâches très techniques, se mêlent désormais de politique mondiale et tentent d’imposer leur volonté à d’autres pays. 

Accusant l’UE moderne de suivre des « approches néocoloniales », le délégué a cité, pour preuve, la « métaphore inoubliable » utilisée par M. Borrell Fontelles dans cette salle, selon laquelle l’Union est un « magnifique jardin fleuri » dans lequel d’autres États s’efforceraient d’y prospérer comme de « mauvaises herbes ».  Peut-être aurions-nous regardé tout cela de loin, en nous moquant de l’emphase et de la myopie de nos voisins européens, si leur projet d’intégration n’était pas devenu chaque année de plus en plus antirusse et même russophobe, a-t-il dit.  Une tendance qui, selon lui, a commencé avant le début de « l’opération militaire spéciale » de la Russie en Ukraine, voire avant « le coup d’État anticonstitutionnel » de Kiev en 2014, mené avec la participation directe de pays de l’UE.  « L’élargissement de l’UE en 2004 peut être considéré comme une sorte de point de départ, lorsque 10 nouveaux membres d’Europe orientale l’ont rejointe, dont beaucoup n’étaient objectivement pas prêts à y adhérer », a analysé le représentant.  C’est alors que l’UE a cessé d’être une association purement économique et a, pour la première fois, placé la politique au-dessus de l’économie, commettant ainsi une « erreur fatale », à son avis. 

Affirmant que dans ces « jeunes Européens », notamment les États baltes, se perpétraient alors des violations des droits de la population russophone et des cas de glorification des criminels nazis, il s’est souvenu que Bruxelles et les principales capitales européennes se montraient rassurantes: ces petits États avaient peur d’être isolés face à la Russie, mais dès qu’ils rejoindraient la famille paneuropéenne, ils se calmeraient et se rallieraient aux plans visant à construire quatre espaces communs entre la Russie et l’UE.  C’est ainsi que de tels projets communs avec l’UE avaient vu le jour et nous nous étions même mis d’accord sur des feuilles de route pour leur formation, a déclaré le représentant.  Mais à peine entrés dans l’UE, les « nouveaux venus russophobes » ont empoisonné l’ensemble de cette organisation régionale, corrompant sa politique à l’égard de la Russie, la transformant en concurrence et en un « jeu à somme nulle », en lieu et place de coopération. 

Aujourd’hui, par exemple, ils se préparent à expulser de Lettonie environ un millier de retraités russophones qui vivent dans ce pays depuis des décennies, au motif que leur niveau de maîtrise du letton est insuffisant, et ils tentent par tous les moyens d’éliminer la langue russe dans les pays baltes, a fait remarquer le délégué en regrettant que l’UE ferme les yeux.  Il n’a pas apprécié non plus que l’UE vote désormais à l’unanimité contre la résolution que la Russie soumet chaque année à l’Assemblée générale condamnant la glorification du nazisme, ni qu’elle soit à l’avant-garde de toute initiative visant à interdire tout ce qui est russe, « même si cela nécessite de réécrire l’histoire ». 

Notant que dans le même temps, l’UE s’efforce de se positionner en « artisane de la paix » et en médiatrice, il lui a demandé si elle souhaitait vraiment mettre fin au conflit en Ukraine, interpellant M. Borrell Fontelles sur ce point.  Pour le représentant, l’UE, en tant que partie belligérante indirecte en Ukraine, n’œuvre pas à résoudre le conflit, mais cherche plutôt à infliger un maximum de dégâts à la Russie et, idéalement, à obtenir sa défaite stratégique.  Et l’UE applique cette « optique géopolitique antirusse », dont non seulement l’Ukraine mais aussi d’autres pays du monde paient le prix, a-t-il argué, citant l’Arménie, le règlement du différend au Kosovo, la République de Moldova et l’Afrique.  C’est pour cette raison que la Russie n’apprécie pas la coopération ONU-UE, a-t-il expliqué. 

« Je voudrais croire qu’il y a encore des gens au sein de l’UE qui se souviennent des leçons de l’histoire et prendront les mesures qui s’imposent pour ramener nos relations dans une direction constructive et pragmatique.  Nous n’avons jamais renoncé à cet objectif, c’est pourquoi la parole est désormais à Bruxelles », a-t-il dit en conclusion. 

Le représentant des États-Unis a exprimé sa reconnaissance à l’UE pour sa contribution à la paix et la sécurité internationales, en tant que partenaire fiable de l’ONU et du Conseil de sécurité. « L’agression de Putin » contre l’Ukraine a montré l’urgence de défendre la Charte des Nations Unies ainsi que les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale, a-t-il relevé.  Le délégué s’est notamment félicité de la possibilité de travailler avec la mission consultative de l’UE, par le biais de l’appui au Bureau du procureur général et à d’autres autorités qui s’efforcent de traduire en justice les auteurs d’atrocités commises dans le cadre de cette agression. La coopération entre l’UE et l’ONU ne se limite pas à l’Europe, mais s’applique également à l’embargo sur les armes en Libye et au recueil d’informations, a encore fait valoir le représentant. 

Les États-Unis et l’UE ont adopté une position forte à l’appui de l’aide humanitaire dans les zones de conflit, a poursuivi le délégué, en demandant l’application du principe de responsabilité et le respect du droit international humanitaire.  À cet égard, il a estimé que la coopération de l’ONU avec les organisations régionales telles que l’UE est plus importante que jamais.  Le représentant s’est en outre félicité du soutien accru de l’UE à la Mission de transition de l’Union africaine en Somalie (ATMIS) dans le cadre de la transition des responsabilités sécuritaires vers l’armée somalienne.  Par ailleurs, les États-Unis et l’UE ont appuyé les efforts de la Coordonnatrice de l’action humanitaire et de la reconstruction à Gaza, a-t-il noté.  De l’avis du représentant, l’acheminement de l’aide et la reconstruction seront essentiels pour garantir un plan cohérent permettant de répondre aux besoins de la population de Gaza lorsque les violences prendront fin.

Le représentant de la République de Corée a estimé qu’une coopération renforcée entre l’ONU et les organisations régionales telles que l’UE est plus importante que jamais, alors que l’ordre du jour du Conseil de sécurité continue de s’élargir et de s’approfondir.  Ce type de coopération, a-t-il souligné, est essentiel pour renforcer le multilatéralisme et soutenir les efforts interdépendants de paix et de sécurité en ces temps de crises mondiales interconnectées.  Le représentant a donné deux exemples représentatifs des efforts déployés par l’UE pour faire progresser la paix et la sécurité internationales: ses opérations dans les Balkans occidentaux, où l’UE surveille la sécurité et soutient les principales institutions locales, et celles en Méditerranée, où elle contribue à faire appliquer l’embargo sur les armes de l’ONU. 

Le délégué a ajouté que son pays et l’UE sont des partenaires stratégiques importants, bien qu’éloignés géographiquement.  En mai 2023, a-t-il rappelé, la République de Corée et l’UE ont tenu un sommet qui leur a permis de réaffirmer leur ferme soutien au multilatéralisme, ainsi que leurs valeurs communes en matière de liberté, d’état de droit, de sociétés ouvertes, de démocratie, de droits humains et de bonne gouvernance.  Elles ont également convenu de poursuivre leur étroite coopération au sein des organisations internationales, y compris l’ONU, pour trouver des solutions aux défis mondiaux, a précisé le représentant. 

Le représentant de la Chine a indiqué que son pays appuie la coopération entre l’ONU et l’UE, conformément aux buts et principes de la Charte des Nations Unies, dans le but de contribuer à la paix, d’améliorer le bien-être de l’humanité et de renforcer les échanges mondiaux.  Cette coopération doit être guidée par le multilatéralisme, avec l’ONU en son cœur, et par le respect du droit international, a-t-il fait valoir, avant de rappeler que la sécurité commune est « indivisible ».  Jugeant à cet égard que la sécurité régionale ne peut être atteinte en renforçant les blocs militaires, il a appelé à prendre en compte les préoccupations sécuritaires légitimes de tous les pays.  L’UE doit œuvrer aux cotés de l’ONU pour promouvoir un règlement politique des points chauds et résoudre les différends et les conflits pas les voies pacifiques, a plaidé le représentant.  Face aux changements de notre temps, il convient de surmonter nos divergences au travers d’une coopération qui bénéficiera à toutes les parties, a-t-il recommandé, avant d’inviter l’UE à œuvrer avec les autres États Membres à la promotion du consensus et d’actions concrètes en vue du prochain Sommet de l’avenir. 

Évoquant le défi majeur que représente la « crise en Ukraine » pour la sécurité européenne, le représentant a estimé que le règlement doit passer par le dialogue et la négociation.  L’UE devrait à son avis faire davantage pour promouvoir un règlement politique et créer les conditions propices à la création d’une architecture de sécurité équilibrée en Europe.  S’agissant du conflit à Gaza, il a souhaité que l’UE utilise son influence pour apporter une plus grande contribution à la promotion d’un cessez-le-feu, à l’élargissement de l’aide et à la réalisation de la solution des deux États.  En outre, il a déclaré attendre de l’UE qu’elle assume plus de responsabilités en Afrique et appuie le principe des « solutions africaines aux problèmes africains », espérant un appui accru dans les domaines du développement durable, du maintien de la paix et de la lutte contre le terrorisme.  Après avoir noté que l’UE a renforcé son autonomie stratégique et apporte une contribution importante au maintien de la paix et de la sécurité internationales, il a assuré que la Chine est disposée à renforcer sa coopération avec elle, au sein de l’ONU et d’autres instances internationales, afin de conjuguer les efforts en faveur de la paix, du développement et de la gouvernance mondiale.

Le représentant de la Sierra Leone s’est félicité de l’apport significatif de la coopération entre l’ONU et l’UE aux initiatives régionales ainsi qu’à l’appui de la paix et de la sécurité mondiales.  Il a également salué le partenariat stratégique ONU-UE en matière de médiation dans plus de 25 contextes de crise en Afrique et au Moyen-Orient.  À ses yeux, les dispositions du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies trouvent un écho dans la vitalité croissante du rôle des organisations régionales dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le représentant a reconnu le rôle important joué par l’UE concernant les questions de sécurité collective, notamment dans le cadre du conflit en Ukraine. Tandis que cette guerre continue d’être l’épicentre des conflits en Europe, le délégué a aussi appelé l’UE à explorer les moyens diplomatiques susceptibles de résoudre les questions en suspens entre le Kosovo et la Serbie.  Le renouvellement annuel de l’EUFOR-Althea en Bosnie-Herzégovine démontre selon lui l’importance du principe de subsidiarité dans le maintien de la paix et de la sécurité. 

En Afrique, a ajouté le représentant, le partenariat entre l’UE et l’UA sur les questions liées à la prévention des conflits demeure crucial pour la sécurité à long terme du continent.  De même, les missions de renforcement des capacités et d’assistance technique de l’UE auprès de l’UA jouent un rôle essentiel pour aider les missions africaines de maintien de la paix à s’adapter à leur environnement, a-t-il constaté.

Le représentant de la Slovénie a indiqué que le partenariat stratégique entre l’UE et l’ONU est important dans la poursuite des efforts de rétablissement de la paix à l’échelle mondiale.  Il sert selon lui de catalyseur pour promouvoir l’appropriation régionale et favoriser des solutions durables aux crises.  La participation de la Slovénie à sept missions et opérations de paix dirigées par l’UE est un exemple de son engagement à cet égard, s’est enorgueilli le représentant.  Pour lui, l’impératif de renforcer la coopération entre l’UE et l’ONU n’a jamais été aussi évident, alors que nous affrontons les défis complexes qui menacent les fondements de la paix internationale. 

Dans sa quête de paix, l’Union européenne est allée bien au-delà de ses différentes opérations sur le terrain, a poursuivi le délégué, qui a vanté son processus d’intégration comme un puissant facteur de stabilisation.  Dans cette optique, la Slovénie soutient fermement l’intégration européenne des Balkans occidentaux et du « trio oriental », a-t-il indiqué.  Enfin, il a dit que la coopération avec leurs partenaires africains continue d’être une priorité de l’instrument de la facilité européenne de soutien à la paix, dans le cadre duquel l’UE fournit un soutien durable et prévisible aux opérations dirigées par l’UA, notamment en Somalie. 

Le représentant de l’Équateur a déclaré que la collaboration entre l’ONU et les organisations régionales est cruciale, notamment au titre du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  L’appui politique et financier de l’UE au multilatéralisme témoigne de son esprit de compromis s’agissant des trois piliers de l’ONU, à savoir la paix et la sécurité, le développement durable et les droits humains.  Dans le domaine de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix, il a salué le soutien de l’UE aux efforts du Conseil de sécurité ainsi que son engagement en faveur de la sécurité mondiale, par le biais de sa contribution significative aux missions de maintien de la paix de l’ONU et du déploiement de ses propres missions de sécurité.  Le représentant a par ailleurs noté l’engagement de l’UE en faveur de l’aide humanitaire, notamment en Afrique et auprès d’organisations régionales telles que la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC).  Il a appelé à des efforts conjoints afin de trouver une solution diplomatique au conflit en Ukraine.  « Que l’exemple d’unité et de coopération du projet européen nous inspire tous à travailler en faveur d’un avenir de paix et de prospérité partagées », a-t-il conclu.

Le représentant de la Suisse a affirmé que le Sommet de l’avenir, programmé dans six mois, sera, entre autres, une occasion de réaffirmer l’importance de la collaboration entre l’ONU et les organisations régionales pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a souligné à cet égard l’engagement de l’UE en faveur de la paix dans diverses régions, telles que le Proche-Orient, la Corne de l’Afrique ou encore les Balkans occidentaux.  Le représentant a aussi rappelé que les principes et les règles du droit international, partagés à la fois par la Charte des Nations Unies et les documents fondateurs de l’UE, forment le socle d’un ordre international pacifique, respectueux des droits humains et axé sur le développement.  Tout comme l’UE, la Suisse accorde une attention particulière à la protection des civils dans les conflits armés et au respect du droit international humanitaire, a-t-il indiqué, appelant à mettre en œuvre ces principes fondamentaux dans le contexte de l’Ukraine. 

Le représentant a ajouté que son pays partage également les priorités de l’UE en matière de climat, de paix et de sécurité, avec pour objectif d’atténuer les impacts humanitaires et sécuritaires.  Dans cette optique, il a jugé essentiel de développer des mécanismes d’alerte précoce et d’action rapide intégrant les aspects climatiques et environnementaux.  Pour être efficaces, ces efforts doivent être coordonnés entre les institutions nationales et régionales, et aussi entre l’UE et l’ONU, a-t-il plaidé, rappelant que c’est une des recommandations du Nouvel Agenda pour la paix.

Considérant que le Sommet de l’avenir sera l’occasion de redynamiser le système multilatéral, le représentant du Royaume-Uni a salué l’engagement de l’Union européenne à soutenir les travaux du Conseil de sécurité.  L’initiative Global Gateway permettra ainsi de mobiliser 150 milliards d’euros, entre 2021 et 2027, pour des investissements dans les transports, le numérique, le climat et l’énergie, la santé, l’éducation et la recherche sur le continent africain.  De plus, l’appui de l’UE à la déclaration historique de Bletchley permettra d’approfondir la coordination internationale en matière de sécurité de l’intelligence artificielle. 

Avec 24 opérations de paix et de sécurité de l’UE déployées sur trois continents, le représentant a souligné l’apport de celle-ci aux questions de sécurité en Afrique et de coopération avec l’UA.  Au Moyen-Orient, l’UE continue de soutenir le peuple palestinien dans ses efforts pour remédier à la situation humanitaire à Gaza, a-t-il ajouté.  Le délégué a aussi apprécié l’appui de l’UE au dialogue entre la Serbie et le Kosovo, pendant que l’EUFOR Althea continue de jouer un rôle essentiel en matière de sécurité en Bosnie-Herzégovine. Il a également salué le soutien « ferme » de l’UE à l’Ukraine depuis son invasion illégale par la Russie.  L’annonce récente d’une aide de 50 milliards d’euros constitue un pilier essentiel du soutien international à l’Ukraine, selon le délégué.

Le représentant du Japon a salué la coopération entre l’UE et l’ONU, d’autant plus importante à ses yeux que le monde est arrivé à un « tournant critique de l’histoire ».  Les organisations régionales telles que l’UE jouent un rôle indispensable et complémentaire en permettant au Conseil de sécurité de s’acquitter de sa responsabilité première de maintien de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il fait valoir, avant de rappeler que son pays et l’UE ont scellé un partenariat stratégique et contribuent ensemble à des opérations de développement.  Parmi les projets communs, le représentant a mentionné des investissements stratégiques dans l’Indo-Pacifique et en Afrique, qui doivent servir de base à un développement régulier de ces régions.  Il s’est par ailleurs félicité du soutien constant de l’UE à l’Ukraine.  Face à la violation flagrante de la Charte des Nations Unies par un membre permanent du Conseil de sécurité, le Japon et l’UE restent solidaires pour protéger les principes fondamentaux des relations internationales, a-t-il affirmé. 

Reprenant la parole, le Haut Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité a constaté que l’écrasante majorité des membres du Conseil de sécurité partage son point de vue selon lequel l’ONU est une « boussole irréfragable pour l’humanité » face à la cruauté de notre monde.  Il a exprimé son appui à la Chine qui a déclaré que la sécurité devait être envisagée de manière indivisible, en évitant la confrontation entre blocs et en œuvrant en faveur d’un multilatéralisme fondé sur le droit international. La montée en puissance de ce pays, qui s’inscrit selon lui dans la logique de l’histoire, doit se faire en contribuant au multilatéralisme.  Or, à mesure que les pôles se multiplient, ainsi que les vetos, le multilatéralisme s’effrite, a-t-il observé. 

Quant à l’ambassadeur de la Fédération de Russie, il lui a semblé « fort sarcastique ». M. Borrell Fontelles a dit ne pas savoir s’il devait rire ou pleurer en l’entendant déclarer que l’UE est un « bloc agressif », alors que la Russie a lancé « la pire agression militaire de notre époque ».  « Combien de pays l’Union européenne bombarde-t-elle? » a-t-il demandé.  Si l’UE est un « projet » qui souhaite contribuer à la paix et la sécurité mondiales, elle ambitionne aussi d’être un acteur géopolitique, a expliqué M. Borrell Fontelles. « Nous soutenons l’Ukraine car nous considérons que ce pays a le droit d’exister », a-t-il souligné en rappelant que « nous nous trouvons devant une agression ».  « Le moment n’est pas venu pour l’Ukraine de brandir le drapeau blanc et de se rendre, parce que l’Ukraine a déjà beaucoup trop payé » face aux bombardements qui lui sont infligés.  « La paix, oui, mais une paix juste, une paix qui respecte les principes universels que nous défendons », a-t-il insisté. 

Nous devons défendre les mêmes principes à Gaza, où 500 000 personnes sont au bord d’une famine provoquée par les obstacles à l’acheminement de l’aide humanitaire, a ensuite déclaré M. Borrell Fontelles en appelant à trouver une solution à ce conflit.  Il a conclu en invitant le Conseil de sécurité à proclamer ce principe en adoptant un accord fondé sur la solutions des deux États.

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