L’intelligence artificielle, la sécurité alimentaire et la crise à Gaza, priorités de la présidence des États-Unis du Conseil de sécurité en décembre
La présidence des États-Unis de ce mois de décembre sera un véritable « sprint », a déclaré, cet après-midi, lors d’une brève conférence de presse au Siège de l’ONU, la Représentante permanente des États-Unis et Présidente du Conseil de sécurité pour ce mois, en pointant la densité de son programme de travail: « Nous allons nous retrousser nos manches et travailler. »
Mme Linda Thomas-Greenfield, qui prend les rênes de l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales pour la quatrième et dernière fois, a estimé que cette ultime présidence est un chapitre final adéquat pour ses quatre années passées auprès de l’Organisation. Alors que son mandat s’achève fin janvier 2025, Mme Thomas-Greenfield a, en préambule de sa conférence, rappelé les lignes de force de ses quatre présidences.
Lors de la première, en mars 2021, mon but avait été de réaffirmer le lien qui nous unissait à l’ONU, a-t-elle indiqué. « L’Amérique, partenaire faible pour la paix et la sécurité, était de retour. » Elle a précisé avoir été animée des valeurs qui sont la marque de fabrique de son pays, à savoir l’attachement à la justice, l’égalité ou encore l’intégrité. Ma deuxième présidence, 15 mois plus tard, a été marquée par la guerre injustifiée déclenchée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine et la troisième, en août 2023, par la guerre au Soudan, a-t-elle observé.
Mme Thomas-Greenfield a précisé que ses priorités, en tant que Présidente, ont toujours été la sécurité alimentaire, la résolution des conflits et la promotion des droits des femmes et des filles. Priorités qui se reflètent dans le programme de ce mois avec la tenue, dès demain, d’un débat sur le programme pour les femmes et la paix et la sécurité et, plus tard en décembre, d’une réunion sur la réalisation de l’objectif de développement durable no 2 visant à éliminer la faim. Et le sort des enfants en Ukraine sera examiné le 4 décembre.
Un autre temps fort de la présidence américaine sera le débat du 19 décembre sur le rôle de l’intelligence artificielle dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Mme Thomas-Greenfield a par ailleurs assuré qu’elle veillera à « finir ce qu’elle a commencé », en affichant sa détermination à parvenir à un cessez-le-feu à Gaza, à la libération de tous les otages et à l’atténuation des souffrances des Palestiniens. « Cette situation restera une priorité pour nous. »
« Nos efforts pour une solution diplomatique vont se poursuivre, nous n’abandonnerons pas », a-t-elle assuré, en ajoutant que son gouvernement y œuvre « 24 heures sur 24 ». Quant à l’accord de cessez-le-feu au Liban, il « tient », a affirmé la Présidente. Elle s’est en revanche refusée à tout commentaire sur la prise de sanctions par son pays contre la Cour pénale internationale (CPI) après la délivrance de mandats d’arrêt contre des dirigeants israéliens. Toutefois, l’action de cette juridiction contre ces dirigeants n’est selon elle pas justifiée.
Le Moyen-Orient sera au cœur des travaux du Conseil ce mois-ci, puisque le Conseil, outre les crises à Gaza et au Liban, discutera notamment du Yémen le 11 et des sanctions applicables à la Libye le 16. La situation politique et humanitaire en Syrie sera examinée le 17, tandis que le programme d’armes chimiques syrien sera au programme de la réunion du 5 décembre. La situation en Syrie est préoccupante, a commenté Mme Thomas-Greenfield, en rappelant que le groupe armé ayant pris le contrôle d’Alep est classifié comme organisation terroriste.
Les questions africaines ne seront pas oubliées en décembre, avec des séances consacrées à la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) le 9, au Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (BRENUAC) le 13, et au Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) le 17.
Invitée par des journalistes à dresser un bilan de son mandat de Représentante permanente des États-Unis, Mme Thomas-Greenfield a estimé que les efforts consentis sur le dossier de la sécurité alimentaire par temps de conflit auront des effets durables. Elle a également rappelé avoir eu des entretiens avec la quasi-totalité des délégations à l’ONU, à quelques exceptions près. « Nous avons restauré le respect », s’est-elle félicitée.
Mme Thomas-Greenfield a cependant confié quelques regrets, en pointant la persistance des conflits et des souffrances. « J’aurais aimé avoir une baguette magique pour instaurer la paix », a-t-elle reconnu. Sur une note plus légère, en réponse à la remarque d’un correspondant de presse, elle a indiqué avoir pour habitude –« c’est une tradition »- de porter des tenues de couleur rouge en décembre.