Les crises en Afrique, au Moyen-Orient et en Ukraine domineront la présidence française du Conseil de sécurité pour le mois de janvier
Le Représentant permanent de la France et Président du Conseil de sécurité pour le mois de janvier, M. Nicolas de Rivière, a indiqué cet après-midi, lors d’une conférence de presse au Siège de l’ONU à New York, que sa priorité sera de progresser dans le règlement des crises à Gaza, en Ukraine, ainsi que les « crises africaines ». C’est la raison pour laquelle il n’y aura pas de débat thématique lors de la Présidence française, a indiqué M. de Rivière. Il a en effet affiché sa préférence pour des réunions du Conseil « efficaces et axées sur des résultats » plutôt que des réunions « interminables ». Un Conseil qui accueille au 1er janvier cinq nouveaux membres non permanents -Algérie, Guyana, République de Corée, Sierra Leone et Slovénie- pour un mandat de deux ans.
La Présidence du Conseil est un moment important qui revient tous les 15 mois environ pour la France, a précisé M. de Rivière, en rappelant que la dernière en date remonte à septembre 2022. Pointant la multiplication des crises et « l’agenda extrêmement chargé » du Conseil, il a déclaré que cette présidence sera l’« occasion de réaffirmer l’engagement de la France en faveur de la Charte des Nations Unies et d’un multilatéralisme respectueux du droit international ». Notre présidence sera placée sous le signe de l’ouverture et de la diversité, a-t-il assuré.
Si le programme de travail provisoire pour le mois de janvier ne prévoit pas de réunions sur l’Ukraine, M. de Rivière a estimé fort probable que le Conseil se réunisse sur le sujet dès la semaine prochaine. « Deux ou trois réunions pourraient avoir lieu en janvier. » S’exprimant en sa capacité nationale, il a indiqué que la situation reste inquiétante. Les visées russes sont claires, il s’agit de faire peur à la population civile, en violation du droit international, a-t-il tranché. « Je ne vois pas comment des négociations pourraient s’ouvrir dans un avenir proche. »
La situation au Moyen-Orient a naturellement été au cœur de cette conférence de presse. En tant que Président du Conseil, M. de Rivière a précisé que le débat public du Conseil, prévu le 23 janvier, se tiendra au niveau ministériel. À titre national, il a longuement commenté les situations au Liban et à Gaza. S’agissant du Liban, le Représentant permanent a estimé que le respect de la souveraineté de ce pays est capital. Les atteintes à la souveraineté libanaise sont inacceptables, quel que soit d’ailleurs le côté dont elles émanent, a déclaré le Représentant permanent.
M. de Rivière a également insisté sur l’importance du rôle de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL). La Force doit continuer de patrouiller dans ses zones de déploiement, a dit le Représentant permanent, en souhaitant également que les forces libanaises jouent un rôle accru. Il a rappelé que le cadre international pertinent est celui de la résolution 1701 (2006) en plaidant pour sa pleine mise en œuvre. « Il convient également de veiller à ce que le Hezbollah n’attise pas les tensions avec Israël », a-t-il insisté .
S’agissant de la situation à Gaza, il a déploré que les hostilités se poursuivent, avant de rappeler que celles-ci ont été déclenchées par les attaques terroristes odieuses perpétrées par le Hamas le 7 octobre. « Israël a le droit de se défendre », a affirmé M. de Rivière, en rappelant que le Hamas cherche à rayer ce pays de la carte du monde. Il a néanmoins ajouté qu’Israël ne doit pas user de la force de manière disproportionnée et viser les civils. « Le droit de la guerre doit être respecté », a-t-il déclaré, en ajoutant que la protection des civils est fondamentale.
M. de Rivière a estimé qu’il n’y a pas de contradiction entre cet objectif et une action résolue contre les terroristes comme l’a fait d’ailleurs la France après avoir été attaquée en 2015. Les bombardements aveugles doivent cesser, a réclamé le Représentant permanent, en ajoutant qu’il n’y a pas « 2 millions de terroristes à Gaza ». « Dans le doute, on ne bombarde pas une école. » Le Représentant permanent a souhaité un cessez-le-feu durable à Gaza, en estimant que les deux résolutions votées par le Conseil pour un accès humanitaire sont loin d’être suffisantes.
« Cette tragédie doit cesser », a-t-il martelé, en ajoutant que le Conseil ne doit pas seulement traiter les symptômes de la crise mais aussi ses causes. « Nous ferons tout pour progresser vers cet objectif. » Il a enfin précisé que la position de son pays sur ce dossier n’est pas très éloignée de celle des États-Unis. Interrogé sur la menace posée par les houthistes en mer Rouge, M. de Rivière a précisé que le Conseil devrait se réunir dès demain sur le sujet. « Nous devons agir. » La sécurité du transport maritime international doit être garantie, a déclaré le Représentant permanent.
Alors que le Conseil doit entendre le Procureur de la Cour pénale internationale le 2 janvier sur son action concernant le Soudan, le Représentant permanent n’a pas exclu que le Conseil se réunisse sur la situation dans ce pays. Un nouvel envoyé spécial a été désigné et il pourrait faire rapport devant le Conseil, a-t-il précisé. « Cela reste à décider. » Le Conseil débattra par ailleurs de la Colombie le 11 janvier et de Haïti le 25 janvier, pays dans lequel la situation est « épouvantable ».
Enfin, le Représentant permanent a estimé que les programmes nucléaire et balistique de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) continuent de poser une menace. Depuis, deux, trois ans, le Conseil est divisé, a-t-il reconnu, en précisant que celui-ci devrait se réunir ce mois-ci sur le sujet. M. de Rivière a précisé que l’objectif est de retrouver une forme d’unité parmi les membres permanents. « Je ne suis pas exagérément optimiste. »