Troisième Commission: les délégations insistent sur l’importance de l’éducation au numérique comme moyen de réaliser le développement social
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Au deuxième jour de l’ouverture de ses travaux pour cette soixante-dix-neuvième session de l’Assemble générale, la Troisième Commission, en charge des questions sociales, humanitaires et culturelles, a poursuivi sa discussion générale, entamée hier, sur le thème du développement social.
L’accent a surtout été mis sur le numérique et la formation à celui-ci, en particulier à destination des jeunes et des populations marginalisées. Nombre de délégations ont également pu exprimer leur vision du développement social, ayant trait notamment au rôle du système multilatéral, à la participation des jeunes, mais aussi à la famille. En outre, certaines se sont saisies de l’occasion pour présenter les mesures nationales prises pour réaliser leurs objectifs de développement social.
L’éducation au numérique - moteur du développement social
Parvenir à la réduction de la fracture numérique est la « condition préalable » pour parvenir au développement social, sans laisser personne de côté, a déclaré le Pérou. De manière pratique, a poursuivi son représentant, il s’agit de promouvoir la connectivité universelle, en particulier dans les régions reculées ou difficiles d’accès, où l’accès à la technologie reste limité.
Cet objectif passe par l’éducation au numérique des jeunes, dès le plus jeune âge, et ce, dans le contexte où leur manque de compétences dans ce domaine, les empêche de répondre efficacement aux exigences de l’éducation et du marché du travail, ont réagi le Ghana et un délégué de la jeunesse de la Roumanie. En appui, le Burundi a noté que cette approche intégrée permettrait aux futurs citoyens d’être, non seulement consommateurs de technologies, mais aussi acteurs éclairés et responsables, contribuant ainsi à réduire les inégalités numériques à long terme.
À son instar, plusieurs délégations ont également noté que pour réaliser cet objectif, un soutien financier adéquat et une coopération internationale « agissante » sont indispensables pour permettre aux pays du Sud mondial de bénéficier des bienfaits de l’ère numérique. Un tel soutien permettrait de combler le fossé qui s’est considérablement creusé entre pays, alors que 2,7 milliards de personnes, en particulier dans les pays en développement, n’ont pas accès à Internet, a signalé le Ghana, notant que cet écart exacerbe non seulement les disparités existantes, mais prive aussi des millions de personnes de possibilités qu’accompagne l’ère numérique.
Soucieux de mettre l’intelligence artificielle au service du développement durable, le Maroc a mis en place, dans le cadre de sa stratégie numérique, de nouvelles méthodes de paiement et des programmes de transfert de fonds, notamment en faveur des familles en zones rurales.
Djibouti souhaite devenir « la plaque tournante » de l’économie régionale et continentale et couvrir son territoire des technologies de l’information et de la communication (TIC), alors que la Roumanie fait partie des États qui déploient le plus d’efforts pour élever le niveau des compétences numériques des jeunes. De son côté, l’Algérie a indiqué que le taux de connectivité sur son territoire atteint les 72,9%, avec 33,4 millions d’usagers d’Internet en 2024.
Promotion de la pleine participation des jeunes aux processus
Certes des programmes de formations doivent être mis en place pour les jeunes, mais ces derniers ne doivent pas être eux-mêmes exclus des processus, ont plaidé pour leur part des délégués de la jeunesse qui se sont mobilisés en force, à l’instar de la Serbie qui a souhaité que les jeunes deviennent « des leaders » dans les discussions sur l’intelligence artificielle. Les jeunes ont un potentiel de transformation à exploiter, a abondé son homologue de la Roumanie.
Les Émirats arabes unis ont de leur côté créé des conseils de la jeunesse ainsi qu’un programme « jeunesse et climats » pour permettre aux jeunes d’occuper une place de chef de file dans la lutte contre les changements climatiques. De son côté, le délégué de la jeunesse de la Géorgie a demandé au Secrétaire général de l’ONU, la création, dans son pays, d’une université numérique internationale pour tous les jeunes.
Promotion de la famille et de la jeunesse
Le développement social a également été vu sous l’angle de la protection de la famille, en tant que « valeur fondamentale de la société » et de la promotion et protection de la jeunesse, dans un contexte où 461 millions d’enfants, soit un sur 5, vit dans une zone de conflit. Le Liban a d’ailleurs signalé que, depuis la campagne coordonnée d’explosions d’appareils de communication sur son territoire, il fait l’objet d’une « agression aveugle » de la part d’Israël, laquelle empêche son développement social. L’année écoulée a battu le record de violations graves des droits des enfants, a également déploré la déléguée de la jeunesse de la Norvège.
Ainsi, en Arabie saoudite, un programme qui renforce les valeurs morales de la famille a été mis sur pied, alors qu’en Fédération de Russie, l’année 2024 a été déclarée « Année de la famille », avec comme priorités la natalité et le bien-être. La famille, base de l’ordre social, doit jouir d’une protection sociale et économique, a souligné le Kenya, le Saint-Siège notant pour sa part qu’elle est parfois la seule source de protection sociale.
Abordant par ailleurs la question du rôle du multilatéralisme dans la mise en œuvre du développement social, la Fédération de Russie s’est opposée à toute tentative de la part des agences de l’ONU de définir des axes de développement social.
La Troisième Commission poursuivra ses travaux lundi 7 octobre, à partir de 10 heures.