En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-neuvième session,
1re et 2e séances plénières – matin & après-midi
AG/SHC/4403

La Troisième Commission entame ses travaux en peignant un tableau mitigé du développement social, en particulier pour les personnes âgées

(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies et des contraintes horaires qui en résultent, l’intégralité du communiqué sera publiée ultérieurement.)

La Troisième Commission, en charge des questions sociales, humanitaires et culturelles, a lancé aujourd’hui les travaux de sa soixante-dix-neuvième session, présidée par M. Zéphyrin Maniratanga (Burundi).  La première séance, consacrée au développement social, a été l’occasion de constater le peu de progrès enregistrés dans ce domaine, avec un accent particulier mis sur les personnes âgées, leurs droits et leur intégration dans la société, étant donné le vieillissement constant de la population mondiale. 

Le sort des personnes âgées dans des sociétés vieillissantes

Venue présenter son rapport annuel, centré sur l’évolution démographique dans le contexte d’un doublement attendu du nombre des seniors d’ici à 2050, l’Experte indépendante chargée de promouvoir l’exercice par les personnes âgées de tous les droits de l’homme a rappelé qu’il n’existe actuellement « aucun cadre normatif, ni instrument international complet et juridiquement contraignant » pour traiter de ces questions.  Une carence qui, selon elle, entraîne de graves lacunes en matière d’autonomie, de soins, de sécurité économique et de non-discrimination. 

Mme Claudia Mahler a d’autre part posé la question de l’âgisme, « phénomène structurel et culturel qui reste omniprésent », avec un impact négatif sur l’élaboration de politiques relatives aux personnes âgées.  Pour y remédier, son rapport appelle à la collecte de données désagrégées, à une plus grande sensibilisation et à des mesures juridiques.  Le rapport évoque aussi la question de la participation des personnes âgées, recommandant de promouvoir la solidarité intergénérationnelle et de garantir l’inclusion des seniors dans les processus de planification « pour que la société soutienne tous les groupes d’âge ». 

Le dialogue interactif qui a suivi cette présentation a permis à nombre de délégations de solliciter l’Experte indépendante sur les bonnes pratiques dans la réalisation des droits des personnes âgées.  Cuba a, pour sa part, souhaité avoir l’avis de Mme Mahler sur les conséquences des mesures coercitives unilatérales pour la jouissance de ces droits, tandis que le Pérou s’interrogeait sur les retombées d’un instrument universel pour les pays à revenu intermédiaire à la population vieillissante.  La Fédération de Russie a préféré rappeler, par la voix de sa déléguée de la jeunesse, que le Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement continue de faire autorité dans ce domaine. 

Cette dernière affirmation a été nuancée par l’Experte indépendante selon qui le Plan d’action de Madrid -tout comme le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des personnes âgées en Afrique- promeut des politiques mais n’a pas force de loi.  Elle a donc encouragé les pays à transcrire le contenu de ces textes dans leurs législations nationales.  Revenant sur la question de l’âgisme, elle a estimé que la lutte contre ce phénomène devrait concerner toutes les générations, à commencer par les seniors eux-mêmes, qui ont tendance à ne pas solliciter de soutien pour ne pas être un « fardeau pour la société ». 

La discussion générale sur le développement social a, elle aussi, porté sur la problématique du vieillissement.  Au nom du Groupe des Amis des personnes âgées, le Chili a insisté sur la nécessité d’investir dans l’accès des personnes âgées, et notamment des femmes âgées, aux nouvelles technologies de l’information et des communications.  Il a déploré l’absence de définition internationale de la « personne âgée » et le manque de ventilation par âge dans les indicateurs pertinents.

Autre point saillant du débat: le « rôle critique de la famille ».  Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, l’Ouganda y a vu un facteur déterminant de développement social.  Par la voix du Bélarus, le Groupe des Amis de la famille a appelé l’ONU à accorder plus d’attention à la famille traditionnelle, « source de stabilité dans un monde troublé ».  Même insistance de la part de l’Iran, pour qui protéger la famille, « unité fondamentale de la société », permet de perpétuer des valeurs et de garantir la « santé sociale ». 

Un grand nombre de délégués de la jeunesse ont aussi fait entendre leur voix.  À l’instar de la représentante de l’Union européenne, beaucoup se sont inquiétés du sort des jeunes à Gaza, en Ukraine, au Soudan ou en Afghanistan, tout en appelant à investir dans les mouvements fondés par des jeunes.  « Ils veulent qu’on les laisse ouvrir la porte de l’avenir avec leur propre clef », a résumé la déléguée de la Slovaquie, appuyée par son homologue de la Thaïlande, selon lequel la jeunesse peut se muer en un « réseau de coopération, capable de tendre des ponts vers un avenir résilient ». 

Le développement social – entre menaces et promesses

En début de séance, le Sous-Secrétaire général chargé du développement économique a présenté la situation actuelle du développement social comme « un moment de menaces et de promesses ».  Au rang des menaces, M. Navid Hanif a évoqué les défis climatiques, les tensions géopolitiques, les conflits armés, les perturbations technologiques, les répercussions persistances de la pandémie de COVID-19 et les « progrès dévoyés » dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). 

Au rythme actuel, près de 7% de l’humanité pourrait continuer de vivre dans l’extrême pauvreté en 2030, a-t-il souligné, non sans rappeler que la faim et la malnutrition connaissent une recrudescence.  Faisant état de « progrès mitigés » dans l’amélioration des conditions de vie des groupes défavorisés, il a relevé que près de 70% de la population mondiale vit dans des pays ou les inégalités de revenu se creusent, avec des effets sur l’accès à l’éducation, à un emploi décent et à la protection sociale.  Il a cependant vu des motifs d’espoir dans la progression des « réalisations académiques » des filles, le développement mondial d’Internet et le déploiement des sources d’énergie renouvelable. 

Il a enfin plaidé pour que le financement du développement soit « au service des populations et non le contraire ».  Trop de pays consacrent plus de ressources au service de la dette qu’aux politiques sociales, a-t-il déploré, souhaitant que la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement, prévue elle aussi en 2025, soit l’occasion de « changer la donne ». 

L’importance de l’alphabétisation

Après la présentation d’une série de rapports relatifs au développement social par le Directeur de la Division du développement social inclusif du Département des affaires économiques et sociales, M. Charles Katoanga, le Directeur du Bureau de l’UNESCO à New York a insisté sur l’importance de l’alphabétisation, alors qu’environ une personne sur 10 dans le monde n’a toujours pas acquis les compétences de base en lecture et en écriture.  Deux tiers de ces personnes sont des femmes, une proportion qui n’a pas changé depuis plusieurs décennies, a ajouté M. Eliot Minchenberg, notant en outre que 4 élèves sur 10 n’atteignent pas le niveau minimum de compétence en lecture à la fin de l’enseignement primaire. 

Sur la base d’un rapport du Secrétaire général sur cette question, M. Minchenberg a préconisé une approche holistique de l’alphabétisation, non seulement pour améliorer les résultats d’apprentissage mais aussi pour promouvoir la pensée critique, la citoyenneté et la transformation sociale.  Il a aussi recommandé l’inclusion d’une « vision 2030 » de l’alphabétisation et d’une perspective d’apprentissage tout au long de la vie dans les politiques nationales. 

Le volontariat au service du développement durable 

À sa suite, la Cheffe des affaires du système des Nations Unies au Bureau de l’appui aux Volontaires des Nations Unies à New York a présenté un rapport triennal sur le volontariat au service du Programme 2030.  Mme Naoual Driouich s’est félicitée du fait qu’une majorité d’États Membres aient intégré le volontariat dans leurs politiques de développement.  En 2023, 82% des évaluations nationales volontaires mentionnaient la contribution des volontaires aux ODD, contre 63% en 2021, a-t-elle salué. 

En début de séance, Mme Robin Maria de Vogel (Pays-Bas) a été élue Rapporteuse de la Troisième Commission à sa soixante-dix-neuvième session.  Elle rejoint Mme Nur Azura Binti Abd Karim (Malaisie), Mme Ekaterine Lortkipanidze (Géorgie) et Mme Mayra Lisseth Sorto Rosales (El Salvador), élues Vice-Présidentes le 6 juin. 

Au préalable, la Troisième Commission, qui reprendra ses travaux sur le développement social demain, vendredi 4 octobre, à partir de 10 heures, a adopté le projet d’organisation de ses travaux (A/C.3/79/L.1).

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