En cours au Siège de l'ONU

Soixante-dix-huitième session,
39e séance plénière - matin
AG/12657

L’Assemblée générale adopte six résolutions sur la coopération entre l’ONU et les organisations régionales, dont une à l’issue d’un vote demandé par l’Ukraine

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Ce matin, l’Assemblée générale a tablé sur la coopération entre l’ONU et les organisations régionales ou autres, adoptant par consensus, après un bref débat, cinq résolutions relatives à la coopération entre l’ONU et les entités suivantes: Organisation de la coopération islamique; Ligue des États arabes; Système économique latino-américain et caribéen; Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires; Organisation pour la démocratie et le développement économique.  Seul le texte relatif à l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) a fait l’objet d’une mise aux voix, à la demande de l’Ukraine. 

D’après le rapport de synthèse du Secrétaire général dont l’Assemblée était saisie ce matin, la coopération entre l’ONU et les organisations régionales ou autres est capitale pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, la promotion et la protection des droits humains et la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Prévue par la Charte des Nations Unies, cette coopération est de plus en plus étendue et poussée, « car nous nous efforçons ensemble d’affronter les menaces communes, qu’il s’agisse des inégalités, des changements climatiques ou de la résurgence et de la nature évolutive des conflits », écrit le Secrétaire général.

Réagissant à la présentation par le Kazakhstan du texte sur la Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), la délégation ukrainienne a jugé « inacceptable, sur le plan moral, d’accompagner la coopération entre l’ONU et l’OTSC et demandé un vote enregistré sur la question.  Elle a souligné que la Fédération de Russie et le Bélarus, membres de l’OTSC, ont envahi son territoire. 

Pour sa part, la Hongrie, s’exprimant au nom de l’Union européenne (UE), qui a rappelé que cela fera 1 000 jours demain que la Russie a envahi l’Ukraine, avec le soutien du Bélarus, et avec aujourd’hui aussi le soutien de la République islamique d’Iran et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC).  L’UE a constaté que les Forces armées de la Russie constituent le noyau de l’OTSC et que « leur rôle dans l’agression illégale contre l’Ukraine », avec son lot d’atrocités, a « stigmatisé l’ensemble de l’Organisation, entravé sa crédibilité et créé un obstacle insurmontable à sa coopération avec l’ONU ».  Elle a ainsi dit ne pas pouvoir voter en faveur d’une coopération entre les Nations Unies et l’OTSC.  La République islamique d’Iran a exercé son droit de réponse, réagissant aux propos de l’UE qui a proféré, selon elle, des allégations « non fondées et fallacieuses ».

Par ce texte, adopté par 67 voix pour, 8 voix contre (Estonie, Lettonie, Lituanie, Moldova, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Pologne, Roumanie et Ukraine) et 69 abstentions, l’Assemblée générale engage notamment les deux organisations à poursuivre leurs échanges afin d’appliquer la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies de façon cohérente et intégrale, et à continuer de réfléchir à des moyens de renforcer encore leurs échanges dans le domaine du maintien de la paix.  Après l’adoption, le Mexique a déploré le fait de placer la migration irrégulière sur le même plan que le trafic illicite de stupéfiants ou des armes. 

Tous les autres textes ont donc été adoptés par consensus, y compris celui présenté par le Cameroun et portant sur la Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation de la coopération islamique (OCI).  En vertu de ce texte, l’Assemblée engage instamment les organismes des Nations Unies à coopérer avec l’OCI dans les domaines d’intérêt commun, selon qu’il conviendra.  De plus, l’Assemblée générale rappelle l’adoption de sa résolution 78/264 du 15 mars 2024 sur les mesures de lutte contre l’islamophobie, présentée par l’OCI, dans laquelle elle a prié le Secrétaire général de nommer un envoyé spécial des Nations Unies qui sera chargé de lutter contre l’islamophobie.

Une demande à laquelle s’est opposée l’Union européenne par la voix de la Pologne.  Pour l’UE, un « point focal » serait plus approprié au vu des implications financières s’il fallait créer un poste d’envoyé spécial. De même, l’UE s’est insurgée contre le libellé de la résolution qui mentionne le Programme d’action de l’OCI pour 2025, un document qui n’est pas conforme aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité concernant Chypre et qui promeut « une entité séparatiste ».  L’UE a appelé l’OCI à s’abstenir d’adopter des positions qui « sapent » la Charte des Nations Unies et entravent les mesures prises par le Secrétaire général pour trouver un règlement à la question de Chypre. 

Pour la Türkiye, qui a usé de son droit de réponse, un règlement juste et pérenne de la question de Chypre ne peut se faire sans tenir compte des Chypriotes d’origine turque.  La délégation a considéré que les explications de l’UE sont entachées de partis pris et de préjugés et qu’elles reflètent exclusivement la position des Chypriotes grecs.  Pour leur part, les Maldives ont salué la détermination de l’OCI et son plaidoyer continu en faveur de la libération de l’État de Palestine qui est victime de « l’État colonial d’Israël ».  L’UE a pris la parole pour répondre à la Türkiye, rejetant toute tentative de rendre légitime l’entité sécessionniste de Chypre du nord non reconnue internationalement. 

Par la résolution portant sur la Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation pour la démocratie et le développement économique – GUAM, présentée par l’Azerbaïdjan, l’Assemblée générale invite les institutions spécialisées, les entités, les organismes et les fonds et programmes des Nations Unies à coopérer avec l’Organisation pour la démocratie et le développement économique – GUAM, et à établir avec elle des liens directs en vue d’exécuter ensemble des projets servant les objectifs communs. 

En vertu de la résolution sur la Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et la Ligue des États arabes, présentée par le Liban, l’Assemblée générale demande aux secrétariats de l’ONU et de la Ligue des États arabes d’assurer le suivi de l’application des recommandations et résolutions issues de la seizième réunion de coopération générale entre les deux organisations afin d’aider les États arabes à faire face aux défis existants et émergents.

La Bolivie a présenté le texte relatif à la Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et le Système économique latino-américain et caribéen par lequel l’Assemblée générale prend note avec satisfaction de l’évaluation positive qui a été faite de l’application de l’Accord entre l’ONU et le Système économique latino-américain et caribéen et engage les deux organisations à continuer de renforcer leur collaboration.  De même, elle prie instamment la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC)de continuer d’intensifier les activités de coordination et d’entraide menées avec le Système économique latino-américain et caribéen.

En vertu de la résolution consacrée à la Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et la Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, présentée par le Japon, l’Assemblée générale, rappelant la création, à New York en juin 2017, du mécanisme de liaison entre l’ONU et la Commission préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE), décide d’inscrire de nouveau cette question subsidiaire à l’ordre du jour provisoire de sa quatre-vingt-unième session.

Pour le Chili, il est urgent d’œuvrer à l’entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICE).  La délégation a demandé aux États dotés de remplir leurs engagements en vertu de l’article VI du Traité sur la non-prolifération, en éliminant complètement les arsenaux nucléaires.  Le Mexique a rappelé l’accord entre l’ONU et l’OTICE qui a encouragé de manière tangible les efforts visant à éradiquer les essais nucléaires, une condition sine qua non pour freiner la prolifération nucléaire horizontale et verticale.

À son tour, l’Argentine s’est dite engagée en faveur du système de vérification qui est un instrument essentiel pour faire cesser les essais nucléaires. 

Sur un plan général, quelques États Membres ont salué la coopération entre l’ONU et les organisations régionales.  C’est le cas de Singapour qui a estimé qu’une coopération étroite et efficace entre l’ONU et d’autres organisations reste indispensable pour atteindre les objectifs de l’ONU.  En raison de leur localisation, de leur histoire et de leur composition, ces organisations ont des approches, des expériences et une expertise distinctes qui peuvent informer l’ONU sur ce qui fonctionne dans des zones géographiques et des contextes spécifiques, a fait valoir Singapour.  Le pays a dit attendre avec impatience l’adoption en temps voulu du projet de résolution biennal sur la coopération entre l’ONU et INTERPOL. 

Pour sa part, la Thaïlande a relevé que la synergie entre l’ONU et les organisations régionales et autres reste cruciale pour promouvoir la paix, le développement durable et la sécurité humaine.  En tant que membre fondateur de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), la Thaïlande s’est félicitée de l’expansion de la coopération avec l’ONU, avant de souligner qu’une « interface mondiale-régionale » plus forte est essentielle pour s’attaquer aux problèmes mondiaux émergents.

Le Rwanda a demandé que l’on continue à soutenir le renforcement des capacités de consolidation de la paix de l’Union africaine et d’autres organisations régionales, notamment en matière de prévention des conflits et de systèmes d’alerte précoce.  La délégation a toutefois noté que les tensions géopolitiques et les intérêts divergents des grandes puissances sapent la coopération régionale, ce qui complique encore les efforts déployés pour relever les défis mondiaux.  La Malaisie a tenu à rappeler que le Pacte pour l’avenir fait, à plusieurs reprises, référence à la coopération étroite entre l’ONU et les organisations régionales. 

De plus, la Ligue des États arabes a fustigé les tensions résultant de la « confrontation croissante entre l’Occident et l’Orient », avec ses effets délétères sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales et sur la coopération entre certains organismes.  Elle a néanmoins salué le rôle de premier plan du Secrétaire général de l’ONU qui conduit des consultations fréquentes avec les chefs des organisations régionales. Enfin, la Syrie a regretté que le rapport 2023 de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) soit déjà présenté à l’Assemblée générale alors même que l’OIAC ne l’a pas encore adopté.

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