L’Assemblée générale adopte par consensus un projet de résolution sur le sport au service du développement durable et de la paix
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« L’esprit olympique est le plus important symbole de paix dans le monde d’aujourd’hui », a déclaré ce matin devant l’Assemblée générale M. Thomas Bach, Président du Comité international olympique (CIO), en reprenant les mots du Secrétaire général de l’ONU. Nous avons fait de ce symbole une réalité aux Jeux olympiques de Paris 2024, s’est félicité M. Bach.
Le rapport du Secrétaire général sur la contribution du sport au développement durable et à la paix a servi de base au débat annuel qui s’est conclu –à la différence de l’année précédente où un vote avait été nécessaire dans un climat de défiance préolympique– par l’adoption consensuelle d’un projet de résolution intitulé « Le sport, facteur de développement durable ». Présenté par le Qatar et Monaco, ce texte souligne l’importance du sport, non seulement comme vecteur de développement physique et mental, mais aussi comme moteur du développement durable à l’échelle mondiale. Selon le Qatar, le sport incarne des valeurs universelles telles que le respect, la solidarité et l’égalité, avec un potentiel transformateur pour promouvoir le développement durable et construire la paix.
Le sport, vecteur de santé, d’éducation et d’inclusion sociale
Le sport favorise également le développement social et offre d’excellents « retours sur investissement », notamment dans le domaine de l’éducation, conformément à l’objectif no 4 de développement durable (ODD), a souligné Monaco, désignée Capitale mondiale du Sport en 2025. La déléguée a ainsi évoqué le programme Pass’Sport Culture, qui permet aux jeunes monégasques d’accéder à des activités sportives et culturelles. Le Maroc, qui coorganisera avec l’Espagne et le Portugal la Coupe du monde de la Fédération internationale de football association (FIFA) en 2030, a aussi mis en lumière le lien entre sport et éducation, citant son programme de repérage de jeunes talents soutenu par la construction d’infrastructures de qualité accessibles dans les zones urbaines et rurales.
La Thaïlande a évoqué son programme « Bounce Be Good Sports Club », une initiative d’intégration des jeunes et des groupes à risque dans leurs communautés. Singapour a présenté sa « Delta League », un programme de prévention de la délinquance utilisant le football et l’e-sport pour inculquer discipline, résilience et responsabilité. « Grâce au sport, la jeunesse peut mieux apprécier la diversité des compétences individuelles, l’importance du travail d’équipe et accepter autant la défaite que la victoire », a affirmé de son côté le Ghana, rappelant que ces valeurs sont essentielles pour des sociétés pacifiques et ouvertes (ODD no 16).
Le Rwanda a souligné le rôle unique du sport pour unir les gens au-delà des frontières, des cultures et des langues, un atout central dans la guérison et la réconciliation nationales après le génocide des Tutsis en 1994. Son délégué a désigné le stade Amahoro de Kigali, signifiant « paix » en Kinyarwanda, comme symbole de cette transformation. Dans le même esprit inclusif, le Burundi, qui organise actuellement la dix-huitième édition de la « caravane du flambeau de la paix », utilise cet événement sportif pour unir les individus et les communautés au-delà des différences ethniques et sociales, en offrant des opportunités égales à tous, y compris aux jeunes, aux personnes en situation de handicap et aux femmes.
Sport, égalité des genres et action climatique
Le sport constitue également un levier pour l’émancipation des femmes et l’égalité des genres (ODD no 5), en créant des opportunités pour les femmes et les filles et en combattant les stéréotypes, ont insisté les Maldives.
Mais, il ne faut pas oublier que le sport en tant qu’écosystème fait encore face à plusieurs défis, a souligné la déléguée de Monaco. L’inégalité de rémunération touche toujours les femmes athlètes, que ce soit en termes de salaire ou de prix, et celles-ci sont également bien plus à risque d’être victimes de harcèlement.
Concernant la santé et le bien-être (ODD no 3), l’Éthiopie, en s’appuyant sur le Plan d’action mondial de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour 2018-2030, a défendu l’idée que promouvoir l’activité physique contribue à prévenir et à traiter les maladies non transmissibles comme les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète et certains cancers.
Le Guyana, qui s’est dit particulièrement conscient des défis que les changements climatiques posent aux performances sportives, a plaidé pour que le sport devienne un outil d’action climatique (ODD no 13). Les Émirats arabes unis ont illustré cette volonté en mettant en avant les technologies vertes –panneaux solaires et ampoules LED— utilisées dans ses stades pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les Émirats arabes unis, ainsi que l’Égypte, ont par ailleurs exprimé leurs préoccupations quant à la sécurité des sportifs et des infrastructures sportives en Palestine, où plusieurs installations ont été détruites et des sportifs tués.
De son côté, la France, qui a accueilli cette année les Jeux olympiques et paralympiques à Paris, a salué cette occasion comme un « moment unificateur », particulièrement précieux dans un contexte de tensions mondiales. Elle a en outre célébré l’adoption de la résolution sur la Trêve olympique, fruit de sa collaboration avec le Comité international olympique (CIO).
La politisation du sport
La Fédération de Russie a critiqué les tentatives internationales de « cancel culture » visant ses athlètes, qu’elle attribue à un CIO influencé par des intérêts occidentaux. La Russie a dénoncé « les menaces, le chantage et les pressions » exercés sur les instances sportives nationales et internationales pour en exclure ses athlètes, qualifiant ces mesures de discriminatoires et d’atteintes aux droits humains des sportifs à exercer leur métier. Pour répondre à ces défis, la Russie a promu de nouvelles initiatives, telles que les « Jeux du futur » et les « Jeux des BRICS », visant selon elle à renforcer la coopération sportive internationale sans s’opposer au Mouvement olympique. La Chine et le Bélarus ont également critiqué la « politisation du sport » et les sanctions imposées aux athlètes.
L’Ukraine, exerçant son droit de réponse, a défendu l’exclusion de certains athlètes russes et bélarussiens des compétitions sportives internationales, arguant qu’il ne s’agissait pas de discrimination mais de « riposte justifiée » de la communauté internationale en réaction à la « complicité » de ces États dans la guerre illégale menée contre elle. Selon l’Ukraine, ce conflit a déjà coûté la vie à 516 athlètes et entraîneurs ukrainiens et endommagé ou détruit plus de 523 installations sportives.
Le Président du CIO, Thomas Bach, a rappelé que la suspension du Comité olympique russe était due à l’annexion d’organisations sportives situées dans la juridiction du Comité olympique national de l’Ukraine, une violation manifeste de la Charte olympique et, par extension, de la Charte des Nations Unies. Cependant, il a précisé que les athlètes russes restaient autorisés à participer de manière neutre aux compétitions olympiques. « Aux Jeux olympiques, nous sommes tous égaux, quelles que soient nos origines ou notre nationalité. Il n’y a pas de « Sud mondial » ou de « Nord mondial. » Il n’y a qu’un seul village mondial: le village olympique. Tous ceux qui respectent les règles de la Charte olympique sont les bienvenus aux Jeux olympiques », a-t-il conclu.
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