Soixante-dix-neuvième session,
Sommet de l’avenir, Dialogue 3 - matin
AG/12631

Sommet de l’avenir: les participants au troisième dialogue interactif examinent comment réduire les fractures numériques pour bâtir un avenir numérique commun

« Les ordinateurs nous demandent parfois si nous sommes des robots. Prenons-les aux mots et demandons-nous si nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir d’êtres humains pour rendre véritablement l’espace numérique plus solidaire, juste et inclusif. »

Ce propos de la Ministre de l’information, de la communication et des technologies de l’Eswatini a donné le ton de la troisième discussion thématique du Sommet pour l’avenir.  Les participants à cette table ronde ont réfléchi, ce matin, aux moyens de réduire la fracture numérique, notamment en mettant en œuvre le Pacte numérique mondial, la feuille de route dont s’est dotée l’ONU pour créer un avenir numérique ouvert, libre et sécurisé pour tous autour de principes partagés par l’ensemble des États Membres.  L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour les technologies a appelé ces derniers à « rivaliser d’initiatives multilatérales » pour que le Pacte, première approche holistique en la matière, soit couronné de succès et porte ses fruits socioéconomiques au bénéfice de tous les citoyens du monde. 

Le défi africain 

La situation particulière de l’Afrique, où 75% de la population est toujours hors ligne, a été largement évoquée au cours d’une discussion à laquelle les pays, des organisations régionales, des représentants du système onusien et de la société civile ainsi que des acteurs privés du numérique sont intervenus sous la coprésidence du Président des Maldives et celui de l’Estonie. 

Des Ministres de Sao Tomé-et-Principe, du Burkina Faso, du Ghana et de l’Érythrée ont insisté sur les forces et les faiblesses du continent dont, ont-ils souligné, le capital humain sera une force incontournable qui façonnera l’avenir technologique, économique et culturel du monde de demain.  Pour ces pays, l’Afrique est une aire d’innovations qui peut servir de modèle à tous, en matière de gestion des ressources, de prévention des catastrophes naturelles, d’agriculture de précision ou encore d’utilisation des drones de surveillance des terres, l’Afrique possédant près de 80% des terres arables du globe.  Mais la fracture numérique ralentit le développent de tout le continent africain, a-t-il été rappelé, ce qui affecte l’accès des populations à l’emploi, à la santé et à l’éducation. 

Pour rattraper le retard technologique et réduire le fossé numérique entre nantis et démunis, de nombreux appels ont été lancés en faveur d’un accès universel à la connectivité.  Les États et des associations de startups africains ont souligné l’importance que l’ONU, le principal catalyseur de la mise en œuvre du Pacte, et les géants industriels du numérique les accompagnent sur la voie de cette véritable quatrième révolution industrielle qu’est l’industrie du futur. 

Poursuivre l’électrification de l’Afrique, réduire sa dépendance numérique extérieure en réduisant le coût d’accès aux terminaux mobiles et aux centres de donnés, faciliter la participation des acteurs du numérique du Sud dans les grandes manifestations internationales sur les technologies de l’information et des communications (TIC), investir dans les infrastructures des pays en développement par le biais de financements innovants, telles sont les actions urgentes à mener, selon ces délégations, pour sortir les nations d’Afrique de l’exclusion technologique. 

Plusieurs initiatives ont d’ores et déjà été lancées

Les représentants de l’Union internationale des télécommunications (UIT), de Microsoft, de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe ont réagi en présentant les initiatives concrètes que leurs organisations ont lancées en partenariat avec des gouvernements africains pour répondre à ces besoins.  Ainsi ont été mentionnés Giga, une initiative conjointe de l’UIT et de l’UNICEF qui vise à connecter toutes les écoles à Internet d’ici à 2030, ou encore un projet commun de l’UIT et de Microsoft visant à dresser la carte exhaustive des communautés africaines encore non connectées afin de déployer le haut débit dans le foyer de 250 millions de personnes à travers le continent à l’horizon 2025.  Le Premier Ministre norvégien a indiqué que la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et l’Union européenne étaient engagées dans l’objectif de fournir l’électricité à 600 millions de personnes en Afrique, également d’ici à la fin de la décennie, les services numériques étant particulièrement énergivores. 

De son côté, le représentant du Conseil de l’Europe a vanté la portée de la nouvelle Convention-cadre sur l’intelligence artificielle récemment adoptée par les 46 États membres du Conseil, la qualifiant de traité international unique en son genre.  Ouvert à la signature à tous les pays du monde, ce document fixe des règles contraignantes pour garantir que les systèmes nationaux et internationaux d’IA respectent les droits humains, la démocratie et l’état de droit au lieu de les affaiblir. 

Ce dernier point, touchant aux questions de sécurité internationale a fait l’objet de nombreux commentaires.  La Finlande, dans une allusion au « comportement irresponsable » de la Fédération de Russie en matière de cybersécurité, a par exemple fait remarquer que depuis le début de la guerre en Ukraine la technologie -qui doit être une force pour le bien et non pas pour amplifier les conflits et semer l’instabilité-, fait désormais partie de la politique étrangère et sécuritaire du Gouvernement finlandais.  Le Burkina Faso a souligné combien le combat contre le terrorisme qui mine son développement doit passer par l’alphabétisation numérique, la lutte contre la désinformation et les inégalités sociales.  Les partenariats régionaux et internationaux qui visent le renforcement des capacités technologiques des pays en développement, pour notamment numériser leurs services publics, doivent respecter les aspirations du peuple et sa souveraineté, a-t-il été dit par ce pays. Le Premier Ministre de l’Albanie a, quant à lui, attiré l’attention sur les cyberattaques de la part de l’Iran contre des infrastructures vitales de son pays, appelant au renforcement international de la cybersécurité afin que la culture numérique demeure une promesse de progrès vers un monde meilleur pour tous. 

Les enjeux éthiques d’une coopération numérique en matière d’information, dans un monde en proie au conflit et aux crises de confiance à l’égard des politiques et du multilatéralisme ont également été abordés. La Secrétaire générale adjointe à la communication globale des Nations Unies a souligné la nécessité de mettre en place un écosystème informationnel sain.  À cette fin, les Principes mondiaux des Nations Unies pour l’intégrité de l’information du Secrétaire général de l’ONU, lancés en juin dernier, forment une feuille de route pertinente, qui soutient la réalisation des objectifs du Pacte, en termes de lutte contre la mésinformation et la désinformation et les discours de haine.  La haute fonctionnaire a précisé que les Principes demandent aux acteurs de l’IA de protéger les droits humains en mettant en œuvre leurs applications de manière responsable, qu’ils appellent les géants du Web à cesser de monétiser les contenus malsains et qu’ils exhortent les réseaux sociaux et les gouvernements à veiller à la protection des usagers contre les préjudices en ligne. 

En ce qui concerne la réduction de la fracture numérique entre les sexes, l’Arabie saoudite a défendu son bilan en matière d’égalité de genres, 35% des salariés saoudiens du secteur des TIC et de l’IA étant des femmes.  La Russie a souligné pour sa part que la majorité des dispositifs numériques et collaboratifs des dizaines de villes « intelligentes » russes étaient dirigés par des femmes. 

Enfin, sur le plan linguistique, le Brésil a présenté les grandes lignes de son plan national de préservation et de valorisation des cultures lusophones et autochtones qui repose intégralement sur les outils numériques de l’IA. 

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