L’Assemblée générale clôt sa soixante-dix-huitième session marquée par le conflit à Gaza, la relance des ODD et les préparatifs du Sommet de l’avenir
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Sous les applaudissements nourris des délégations, M. Dennis Francis, Président sortant de l’Assemblée générale, a transmis aujourd’hui le marteau de séance à son successeur, M. Philémon Yang, ancien Premier Ministre du Cameroun, qui a prêté serment devant l’Assemblée, clôturant ainsi les travaux de la soixante-dix-huitième session.
Cette session n’aura pas été « de tout repos », a reconnu M. Francis, rappelant que, dès septembre 2023, la semaine de haut niveau a été suivie du Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD) et du Dialogue de haut niveau sur le financement du développement, deux événements dont il a attribué le succès à la diplomatie multilatérale. Il a également rappelé l’organisation en avril de la toute première Semaine du développement durable, dans le but de donner une dynamique nouvelle aux efforts de développement avant le Sommet de l’avenir prévu dans quelques jours.
M. Francis a déclaré avoir donné la priorité, au cours de sa présidence, à l’égalité entre les femmes et les hommes, avec notamment le rétablissement du Conseil consultatif pour l’égalité des genres. Il a dit avoir pris en compte les préoccupations légitimes des États vulnérables et s’est félicité de la création des liens de confiance et de solidarité entre les États Membres pour prendre à bras-le-corps des questions globales pressantes.
Évoquant ses visites dans 31 pays, notamment en Haïti, au Soudan et en Ukraine, le Président sortant a dit avoir passé un message de solidarité et d’appui inébranlable. Il a regretté, compte tenu des circonstances sur le terrain, de ne pas avoir pu rencontrer des Israéliens et des Palestiniens sur le théâtre des événements actuels. Confiant avoir discuté de cette situation avec un grand nombre de dirigeants, il a souhaité que les efforts en cours permettent d’aboutir à un cessez-le-feu à Gaza, « même temporaire », et conduisent à un processus politique visant à établir une paix durable pour le bien des peuples de la région.
Soucieux de la pleine mise en œuvre des résolutions de l’Assemblée générale, M. Francis a tout particulièrement exhorté la Fédération de Russie à respecter le droit international en Ukraine. Il a par ailleurs rappelé que, sous sa présidence, a été lancée l’initiative relative au droit de veto, qui a permis d’entendre les voix des États Membres lorsque le Conseil de sécurité se trouve paralysé. Le Président sortant a aussi souligné la nécessité de respecter les droits humains et a formé le vœu que soit proclamée une deuxième Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (la première couvrait la période 2015-2024), avec un accent sur la justice réparatrice.
Alors que de nombreux États sont pris au piège de l’endettement et contraints de choisir entre les plans d’avenir et la prévention des risques de catastrophes produites par les dérèglements climatiques, M. Francis a appelé à se concentrer sur le financement du développement et à aller au-delà du simple PIB par habitant pour mesurer la santé économique d’un pays. Il s’est cependant réjoui de l’adoption de la résolution sur l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle, « étape cruciale vers une évaluation plus équitable ».
Déplorant que le monde soit « loin d’être sur la bonne voie pour atteindre les ODD d’ici à 2030 », il a également averti que, si l’objectif de 1,5 °degré Celsius n’est pas respecté, « des millions de personnes se trouveront dans une situation vulnérable aux quatre coins du monde ». Il a dit compter sur la réunion plénière de haut niveau sur les menaces existentielles liées à l'élévation du niveau de la mer, prévue le 25 septembre, pour avancer sur ces questions alors que « notre marge de manœuvre se réduit comme peau de chagrin ». À ses yeux, seule la durabilité permettra d’assurer l’avenir de notre planète commune.
L’engagement de M. Francis tout au long de cette soixante-dix-huitième session a été salué par le Secrétaire général, M. António Guterres, qui a rappelé le rôle inestimable qu’il a joué dans le succès du Sommet sur les ODD, son leadership dans les préparatifs du Sommet de l’avenir, ainsi que son plaidoyer inlassable en faveur de l’égalité des sexes et de la participation des jeunes.
Après l’observation d’une minute de prière ou de méditation silencieuse, le Président élu pour la soixante-dix-neuvième session a prêté serment devant l’Assemblée. M. Yang s’est engagé à exercer les fonctions qui lui sont confiées en toute loyauté, discrétion et conscience, dans le seul intérêt des Nations Unies et conformément à la Charte des Nations Unies et au code de conduite du Président de l’Assemblée générale.
La soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée s’ouvrira cet après-midi à 15 heures.
CLÔTURE DE LA SOIXANTE-DIX-HUITIÈME SESSION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Déclarations
M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a constaté que la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale s’achève au terme d’une année tumultueuse, « une année de pauvreté, d’inégalité et d’injustice persistantes », mais aussi « une année de division, de violence et de conflit ». Une année qui a été « encore une fois la plus chaude jamais enregistrée », a-t-il ajouté, notant toutefois que cette session se termine également « à un moment d’espoir et d’inspiration croissants quant à ce que nous pouvons réaliser si nous travaillons ensemble ». Cet esprit de solidarité transparaît dans les réalisations de cette Assemblée au cours de l’année écoulée, a observé M. Guterres, pour qui, grâce aux outils intemporels de la diplomatie, du dialogue et du débat, cette soixante-dix-huitième session a travaillé pour apporter des solutions et de l’espoir aux peuples et à la planète.
Le Chef de l’ONU a profité de cette déclaration de clôture pour rendre un hommage appuyé à M. Dennis Francis, Président sortant de l’Assemblée générale, qui, sous le thème « Paix, prospérité, progrès et durabilité », a non seulement porté les besoins des petits États insulaires en développement comme le sien -Trinité-et-Tobago- mais aussi convoqué la réunion de haut niveau sur la prévention, la préparation et la réponse aux pandémies en septembre dernier. M. Francis a également joué un rôle inestimable dans le succès du Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD), qui a abouti à une forte démonstration de soutien politique en faveur d’une relance des ODD et d’une réforme de l’architecture financière mondiale afin qu’elle serve mieux les pays en développement, et n’a cessé de tirer la sonnette d’alarme et d’inspirer des actions contre l’élévation du niveau de la mer. Il a par ailleurs convoqué la toute première Semaine du développement durable à l’Assemblée générale, a rappelé M. Guterres, avant de louer le leadership du Président sortant dans les préparatifs du Sommet de l’avenir de ce mois-ci, ainsi que son plaidoyer inlassable en faveur de l’égalité des sexes et de la participation des jeunes.
Après avoir remercié M. Francis, au nom de toute la « famille des Nations Unies », pour ses efforts au cours de l’année écoulée, le Secrétaire général s’est dit impatient de collaborer avec son successeur, M. Philémon Yang, du Cameroun, pour faire avancer ces travaux au cours de la prochaine session. L’efficacité de l’ONU et du système multilatéral lui-même dépend de l’engagement des États Membres à son égard, a-t-il souligné, appelant à considérer la soixante-dix-neuvième session comme « un moment où le monde peut apporter la confiance, les solutions et la paix dont notre monde a besoin ».
M. DENNIS FRANCIS, Président de la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale, a déclaré que cette session n’a pas été de tout repos. Elle a commencé au mois de septembre 2023 avec la semaine de haut niveau suivie du Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD) et le Dialogue de haut niveau sur le financement du développement. Il a attribué cette réussite à la diplomatie multilatérale qui a accouché d’une déclaration politique historique visant notamment à éradiquer la pauvreté et la faim, à combattre les inégalités et ériger des sociétés pacifiques, à ne laisser personne sur le côté, à prévenir les pandémies et à lutter contre la tuberculose. Le Président a aussi rappelé la semaine du développement durable et les événements parallèles qui visaient à enclencher une dynamique nouvelle plus forte avant le Sommet de l’avenir.
Il s’est réjoui d’une présidence qui a donné la priorité à l’égalité entre les femmes et les hommes avec notamment le rétablissement du Conseil consultatif pour l’égalité des genres. Il a dit avoir pris en compte les préoccupations légitimes des États vulnérables et s’est félicité de la création des liens de confiance et de solidarité entre les États Membres pour prendre à bras-le-corps des questions globales pressantes. M. Francis s’est dit très heureux d’avoir continué cette année avec le programme de bourse de la présidence de l’Assemblée générale qui a permis aux pays sous-représentés de travailler au sein du système des Nations Unies et du multilatéralisme et aussi d’améliorer leur participation effective et concrète aux négociations multilatérales.
L’Assemblée générale doit rester pertinente vis-à-vis des 8 milliards d’êtres humains qui vivent sur cette planète, a exhorté son Président estimant que les États Membres « sont profondément endettés vis-à-vis de tous ceux qui œuvrent en première ligne et qui travaillent sur le terrain malgré les contraintes budgétaires et autres sources de frustration ». En servant avec fierté et abnégation sous l’étendard des Nations Unies, ils apportent du secours, de l’espoir et un appui aux personnes du monde entier y compris les personnes les plus marginalisées.
S’agissant d’Haïti et de l’Ukraine, deux pays où il faut sauver des vies, le Président a dit avoir pu passer un message de solidarité et d’appui inébranlable. Il a regretté, en raison des circonstances rencontrées sur le terrain, de ne pas avoir pu rencontrer des Israéliens et des Palestiniens sur le théâtre des événements actuels. Il a affirmé avoir discuté de la situation, y compris avec le pape François. Les efforts qui sont en cours devront permettre d’aboutir à un cessez-le-feu, a-t-il espéré.
En Haïti, au Moyen-Orient, en Afrique et en particulier dans la bande de Gaza, il a appelé à la pleine mise en œuvre des résolutions de l’Assemblée générale et à la remise en liberté immédiate et sans condition de tous les otages. Il a exhorté la Fédération de Russie à respecter le droit international en Ukraine conformément aux résolutions de l’Assemblée générale.
Par ailleurs, la mise en œuvre de l’initiative relative au droit de veto a permis d’accroître la transparence du travail du Conseil de sécurité, a-t-il apprécié. Le Président a aussi souligné la nécessité de respecter les droits humains et a exhorté à protéger les droits des personnes d’ascendance africaine. Il s’est indigné que des millions d’individus continuent de vivre dans une pauvreté terrifiante, dans le désespoir et dans l’indignité, en souffrant de privation et de faim. Se désolant du « piège de l’endettement » des pays en développement, il a fait remarquer qu’il leur est impossible de choisir entre les plans de développement pour garantir leur avenir et les mesures à prendre pour faire face aux risques de catastrophes produites par le dérèglement climatique.
Appelant à se concentrer avec détermination sur le financement du développement, le Président a recommandé de ne pas utiliser uniquement la mesure du produit intérieur brut (PIB) par habitant pour évaluer la santé économique d’un pays, car beaucoup de nations doivent consacrer une bonne part de leurs ressources à la riposte face aux chocs. Il a donc salué l’adoption de la résolution prévoyant l’utilisation d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle. Le Président a également misé sur les avancées dans les domaines de l’intelligence artificielle, des technologies numériques ou de l’innovation scientifique, qui sont des promesses d’avenir meilleur et de conditions de vie plus prospères pour tout le monde.
Le Président a insisté sur l’importance de la durabilité, de la paix et de la prospérité avant de déplorer la lenteur des progrès qui nous a mis sur une mauvaise voie pour atteindre les ODD d’ici à 2030. Si l’objectif de 1,5°degré Celsius n’est pas respecté, si l’Accord de Paris sur le climat n’est pas réalisé, des millions de personnes se trouveront dans une situation vulnérable aux quatre coins du monde et souffriront des effets dévastateurs des changements climatiques, a-t-il prédit. Il a espéré que les dirigeants du monde examinent ces questions de manière approfondie, lors de la réunion plénière de haut niveau sur les menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer qui aura lieu le 25 septembre, au moment où notre marge de manœuvre pour éviter les pires répercussions du réchauffement climatique se réduit comme peau de chagrin.
« La durabilité est le fil rouge qui connecte tous les aspects de nos travaux. » Le Président a donc exhorté à choisir la durabilité, qui permettra de garantir notre avenir sur cette planète partagée. M. Francis a terminé sa déclaration en réitérant l’importance du système multilatéral que représentante l’ONU, celle-ci demeurant « l’une des plus grandes forces positives au monde ».