Soixante-dix-huitième session,
107e et 108e séances plénières – matin et après-midi
AG/12620

L’Assemblée générale adopte une série de résolutions, dont les modalités de la prochaine Conférence sur l’eau qui se déroulera aux Émirats arabes unis en décembre 2026

Alors que la soixante-dix-huitième session de l’Assemblée générale est sur le point de se terminer, l’organe universel de l’ONU a adopté ce matin plusieurs résolutions, dont une qui décide de convoquer la Conférence des Nations Unies sur l’eau de 2026 aux Émirats arabes unis, du 2 au 4 décembre. 

Plusieurs délégations, notamment la Hongrie au nom de l’Union européenne (UE) et les États-Unis, ont dit être déçus que ce texte ne reflète pas pleinement l'importance de la participation de la société civile à cette conférence.  Leur participation est essentielle pour pouvoir élaborer des politiques efficaces qui répondent aux besoins de l'ensemble des communautés dans le domaine de l'eau, a argumenté le Royaume-Uni, suivi par le groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande). 

Le souci d’inclusion de participants aux réunions de l’ONU s’est illustré également par l’adoption d’une résolution qui vise à renforcer la participation des représentants des peuples autochtones et de leurs institutions aux réunions des organes compétents de l’ONU.

L’Assemblée a en outre proclamé le 6 juillet Journée mondiale du développement rural en adoptant par consensus et telle qu’amendée une résolution présentée par le Bangladesh, qui souligne l’importance cruciale du développement et de la transformation des zones rurales pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD). 

Autre date prise aujourd’hui par l’Assemblée générale, avril 2025, qui verra la tenue de la deuxième édition des Jeux des Nations Unies. Les premiers ont été disputés à New York du 11 avril au 8 mai 2024, et leur succès a convaincu l’Assemblée de demander leur tenue à l’avenir chaque année.  

Plus près dans le temps, alors que la réunion plénière de haut niveau sur les menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer aura lieu le 25 septembre, l’Assemblée a approuvé la participation d’une liste de 20 organisations non gouvernementales, organisations de la société civile, établissements universitaires et entités du secteur privé.  Idem pour la participation d’une centaine de ces acteurs à la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral

Un autre texte a été adopté par l’Assemblée pour inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-dix-neuvième session la question intitulée « Élimination des mesures économiques coercitives unilatérales et extraterritoriales utilisées pour exercer une pression politique et économique », une question qu’elle a choisi d’examiner à l’avenir tous les deux ans. 

L’Assemblée générale a par ailleurs adopté une résolution sur le multilinguisme par laquelle elle prie le Secrétaire général d’appliquer le Cadre stratégique des Nations Unies sur le multilinguisme. Elle regrette à cette occasion que jusqu’ici la couverture des réunions et les communiqués de presse quotidiens ne soient disponibles qu’en anglais et en français.  « Il importe que ces documents paraissent dans toutes les langues officielles. »  De même, il faut traiter également les six langues officielles sur les sites Web, médias sociaux et autres outils de communication en ligne, ajoute le texte. 

Ce texte a suscité de nombreux commentaires de délégations très attachées au principe du multilinguisme, notamment la Communauté des pays lusophones, le Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies et le Groupe des ambassadeurs francophones.Si les délégations se sont félicitées du premier Cadre stratégique des Nations Unies sur le multilinguisme, plusieurs ont regretté un manque de transparence pendant la dernière phase des négociations de la résolution adoptée aujourd'hui. De plus, certaines délégations ont souhaité que les efforts en faveur du multilinguisme ne soient pas compromis par la crise de liquidités qui frappe l’ONU cette année. 

DÉCISION SUR DES PROJETS DE RÉSOLUTION ET DE DÉCISION

Le sport au service du développement et de la paix: édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique

Ce texte (A/78/L.107), adopté sans vote, se basant sur le succès des tout premiers jeux organisés avec les missions permanentes auprès de l’Organisation des Nations Unies à New York (Jeux des Nations Unies), qui ont été disputés à New York du 11 avril au 8 mai 2024, demande que ces Jeux soient organisés chaque année, dans des lieux accessibles aux représentants de tous les États Membres, des membres des institutions spécialisées et des observateurs auprès des Nations Unies.  Il demande que la deuxième édition des Jeux se tienne à New York en avril 2025. 

L’Assemblée générale encourage l’ensemble des délégations à apporter leur soutien à la tenue des Jeux, avec la collaboration du Département des affaires économiques et sociales (DESA) du Secrétariat.  Elle invite les cinq groupes régionaux à proposer chacun, en temps utile, une candidature pour le comité d’organisation de la deuxième édition de ces Jeux, de sorte que les personnes désignées puissent prendre part à la première réunion informelle du comité, qui se tiendra à New York en janvier 2025. 

Enfin, l’Assemblée générale engagetoutes les parties intéressées à verser des contributions volontaires à un fonds d’affectation spéciale consacré aux Jeux des Nations Unies, ainsi qu’à pourvoir par d’autres moyens à la tenue des Jeux. 

Application et suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes

Par le projet de résolution intitulé « Journée mondiale du développement rural » (A/78/L.84/Rev.2), présenté par le Bangladesh et adopté par consensus tel qu’amendé, l’Assemblée générale décide de proclamer le 6 juillet Journée mondiale du développement rural, afin de souligner l’importance cruciale du développement et de la transformation des zones rurales pour la réalisation des objectifs de développement durable.

Avant la décision sur le projet de résolution, l’Assemblée générale a adopté par 60 voix pour, 3 voix contre (États-Unis, Israël et Palaos) et 81 abstentions une proposition d’amendement (A/78/L.92/Rev.1) présentée par la Bolivie et prévoyant l’insertion au quatrième alinéa du préambule d’un nouvel alinéa, libellé comme suit: « Prenant note de sa résolution 73/165 du 17 décembre 2018, par laquelle elle a adopté la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales ».

Explications de vote et de position

Avant la mise aux voix de la proposition d’amendement, les États-Unis, qui ont indiqué avoir demandé un vote sur ce texte, ont regretté que certains États aient tenté d’accaparer le processus de consultation en présentant un amendement qui ne jouit pas du consensus.  La délégation a dénoncé une manœuvre qui fait fi des travaux menés par les États Membres pour parvenir à un consensus et qui ignore les efforts des négociateurs et des facilitateurs.  Elle a invité les États Membres à voter contre cette proposition au nom du respect des procédures en vigueur et de la préservation du consensus.

Après l’adoption du projet de résolution, la Hongrie, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne (UE), a déploré qu’après cinq séries de consultations officieuses et une procédure d’approbation tacite, une délégation ait tenté d’hypothéquer ce consensus.  Les résolutions sur les journées internationales doivent être des textes de procédure, a-t-elle fait valoir, justifiant ainsi l’abstention des États membres de l’UE sur la proposition d’amendement.  Les États-Unis se sont dissociés de l’amendement adopté.

Application et suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les nations unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes

Suite donnée aux textes issus du sommet du millénaire 

L’Assemblée général a en outre adopté par consensus une décision (A/78/L.112) déposée par son Président et portant sur la « participation d’organisations non gouvernementales, d’organisations de la société civile, d’établissements universitaires et du secteur privé à la réunion plénière de haut niveau sur les menaces existentielles liées à l’élévation du niveau de la mer ».  En vertu de ce texte, elle décide d’approuver la participation à cette réunion de 20 organisations non gouvernementales, d’organisations de la société civile, d’établissements universitaires et d’entités du secteur privé.

Avant l’adoption de cette décision, la Fédération de Russie a déploré le libellé qui ne tient pas compte du fait que la participation des parties concernées doit se baser sur le « principe de non-opposition » des États Membres.  Pour la délégation, cela restreint la possibilité des États à faire opposition à la participation d’ONG.  La Russie a ainsi dit ne pas se féliciter de la participation de « Society of Gender professionals » à la réunion plénière de haut niveau.

Développement durable

En adoptant par consensus la résolution A/78/L.110, l’Assemblée générale a décidé que la Conférence des Nations Unies sur l’eau de 2026, coorganisée par les Émirats arabes unis et le Sénégal, se tiendra aux Émirats arabes unis du 2 au 4 décembre 2026, et que son document final mettra l’accent sur des mesures d’urgence et des mesures collectives permettant de favoriser la réalisation de l’objectif de développement durable no 6. 

Explications de position

Au nom de l’Union européenne (UE), la Hongrie a déploré que les libellés sur la participation des parties prenantes n’aient pas fait l’objet de consensus, mais a néanmoins espéré que la Conférence débouchera sur un document final robuste. 

Les États-Unis ont salué le fait que le texte fasse mention des peuples autochtones mais ont en regretté l’absence d’un libellé reflétant pleinement l’importance de la participation de la société civile à cette Conférence. Leur participation est essentielle pour pouvoir élaborer des politiques efficaces qui répondent aux besoins de l’ensemble des communautés dans le domaine de l’eau, a souligné le Royaume-Uni

L’Australie qui s’exprimait au nom des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande (CANZ) a appelé l’Assemblée générale à examiner les critères établis par le Comité chargé des organisations non gouvernementales pour déterminer l’éligibilité des ONG à participer aux réunions, tout en réfutant toute politisation de ce travail. 

Le texte adopté permet à n’importe quel État de bloquer unilatéralement la participation d’une organisation de la société civile, s’est alarmé de son côté le Mexique.  La délégation a recommandé l’inclusion d’un paragraphe qui garantisse que l’Assemblée générale soit notifiée de toute objection concernant la participation d’une organisation de la société civile.  Cela contribuerait à une prise de décision intergouvernementale plus démocratique et plus accessible à tous, a-t-elle estimé. 

La Türkiye s’est dissociée du consensus sur les paragraphes 17 et 18, et des réunions préparatoires qui n’apporteraient pas de contributions à la Conférence de 2026.  La délégation a insisté sur l’importance de suivre les procédures des Nations Unies et les pratiques et règles établies s’agissant des négociations afin de respecter une transparence et une inclusion totales. 

La Fédération de Russie a observé que la résolution prend note de la stratégie en matière d’eau et d’assainissement à l’échelle du système des Nations Unies. Cette stratégie n’ayant pas fait l’objet d’un accord avec les États Membres, la résolution concerne donc en premier lieu les organes du Secrétariat, les organismes des Nations Unies et non pas les États Membres, a-t-elle estimé. 

Groupes de pays en situation particulière : suivi de la deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral

Par le projet de décision intitulé « Participation d’organisations non gouvernementales, d’organisations de la société civile, d’établissements universitaires et du secteur privé à la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral » (A/78/L.111), adopté par consensus, l’Assemblée générale décide d’approuver la participation à la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral et à ses travaux préparatoires des organisations non gouvernementales, des organisations de la société civile, des établissements universitaires et des entités du secteur privé.  La liste des plus de 100 entités concernées est annexée au texte.

Explication de position

La Fédération de Russie a indiqué qu’elle a rejoint le consensus sur cette décision mais n’approuve pas la participation de deux organisations à la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral: GÉANT et Society of Gender Professionals.

Droits des peuples autochtones

L’Assemblée générale a également adopté par consensus la résolution (A/78/L.106) intitulée « Renforcer la participation des représentants des peuples autochtones et de leurs institutions aux réunions des organes compétents de l’Organisation des Nations Unies portant sur des questions qui les concernent ».

Par ce texte, elle exhorte notamment les gouvernements et les organisations intergouvernementales et non gouvernementales à continuer d’alimenter le Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les peuples autochtones, afin que celui-ci puisse aider les représentants d’organisations et d’institutions autochtones à participer aux consultations concernant les mesures à prendre sur le plan procédural et institutionnel qui leur permettraient de participer aux réunions des organes des Nations Unies portant sur des questions les intéressant.

Explications de position

Avant l’adoption, le Guatemala a souligné que la participation des peuples autochtones est une obligation incombant aux Nations Unies.  Il serait donc de bon ton de créer une nouvelle catégorie permettant à ces peuples de participer aux travaux à l’international sous une autre étiquette que celle d’ONG.

« Les peuples autochtones ne sont pas venus aux Nations Unies pour créer des problèmes, mais pour apporter des solutions », a déclaré le Canada pour qui une meilleure participation des peuples autochtones s’inscrit en droite ligne du principe de ne laisser personne de côté.

Jugeant eux aussi essentiel que ces peuples puissent s’exprimer sur les questions les concernant, les États-Unis ont déploré que les représentants de ces peuples ne soient pas admis dans le processus d’accréditation des participants aux travaux les concernant.  De son côté, l’Australie a regretté que la résolution ne prévoit pas l’organisation d’un atelier informel avec les peuples autochtones pour discuter de cette question.  Le Mexique a pour sa part pointé le manque d’ambition du texte.

Renforcement du système des Nations Unies

Par cette résolution (A/78/L.105), l’Assemblée générale décide, par consensus, d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixante-dix-neuvième session, pour examen en séance plénière, la question intitulée « Élimination des mesures économiques coercitives unilatérales et extraterritoriales utilisées pour exercer une pression politique et économique ».  En outre, elle décide d’examiner la question tous les deux ans en séance plénière à compter de sa soixante-dix-neuvième session. 

Par ailleurs, elle décide que la partie inaugurale du Sommet de l’avenir comportera également des déclarations du Président de la République de Namibie et du Chancelier de la République fédérale d’Allemagne en lieu et place de leurs déclarations nationales figurant sur la liste des orateurs en séance plénière. 

Le Venezuela qui a adhéré au consensus, a souligné que la question des mesures coercitives unilatérales ne peut être ignorée, minimisée ou occultée, au motif que ces mesures compromettent délibérément, non seulement la réalisation de la promesse de ne laisser personne pour compte, mais aussi le bien-être et le plein développement des générations actuelles et futures.  Le représentant vénézuélien a dénoncé cette approche qui cherche à maintenir un statu quo inacceptable.  « La crédibilité de notre Organisation est en danger tout comme la réalisation de la promesse de paix, de développement durable et de droits humains. »  Plaidant pour que tous les textes de l’ONU reflètent les questions qui touchent directement les populations au quotidien, il a demandé d’y inclure des éléments concrets qui rejettent la promulgation et l’application de ces mesures coercitives unilatérales illégales.  Il a inclus dans cette demande les textes qui seront soumis à l’examen des Chefs d’État et de gouvernement dans moins de trois semaines.  Le Venezuela subit aujourd’hui « plus de 930 soi-disant sanctions » pour le simple fait de ne pas avoir cédé au chantage et à l’extorsion des puissances étrangères, a fustigé le représentant. Il a toutefois estimé que la décision adoptée va dans le bon sens et offre des possibilités de tenir au sein de l’Assemblée générale un dialogue politique régulier qui permettra, d’une part, de sensibiliser davantage à ce problème mondial et, d’autre part, d’avancer vers la levée complète, immédiate et inconditionnelle de ces mesures criminelles. 

Multilinguisme

Par le projet de résolution intitulé « Multilinguisme » (A/78/L.108), présenté par Andorre et adopté par consensus, l’Assemblée générale souligne que l’égalité des six langues officielles de l’ONU est d’une importance primordiale.  Prenant note avec inquiétude des conséquences que les mesures prises par le Secrétaire général pour faire face à la crise de liquidités et aux effets résiduels de la pandémie de COVID-19 ont sur la fourniture de services linguistiques et sur la gestion des réunions, elle prie le Secrétaire général d’appliquer le Cadre stratégique des Nations Unies sur le multilinguisme. Elle demande en outre aux États Membres et au Secrétariat d’encourager la conservation et la défense de toutes les langues parlées par les peuples du monde entier, notamment en célébrant la Journée internationale de la langue maternelle, le 21 février. 

Par ailleurs, l’Assemblée générale regrette que jusqu’ici la couverture des réunions et les communiqués de presse quotidiens ne soient disponibles qu’en anglais et en français, et souligne qu’il importe que ces documents paraissent dans toutes les langues officielles. Elle encourage le Département de la communication globale à continuer d’utiliser d’autres langues, outre les langues officielles, sans faire de préférence et comme prévu dans ses résolutions, afin d’atteindre un public aussi large que possible. De même, elle souligne qu’il faut traiter également les six langues officielles sur les sites Web, médias sociaux et autres outils de communication en ligne. 

L’Assemblée générale prie également le Secrétaire général de faire en sorte que soit mené à bien, à titre prioritaire, le téléchargement de tous les documents importants plus anciens de l’Organisation sur son site Web, dans les six langues officielles, afin que les États Membres puissent aussi accéder en ligne à ces archives, et de continuer de veiller à ce que les possibilités de formation offertes dans les six langues officielles soient les mêmes pour tout le personnel. 

Enfin, elle prie instamment le Secrétariat de traduire tous les documents de formation au maintien de la paix dans les six langues officielles de l’Organisation, de façon à ce que tous les États Membres, en particulier les pays qui fournissent des contingents et des effectifs de police, et les autres institutions participantes puissent s’en servir. 

Déclarations

Cabo Verde, qui s’exprimait au nom de la Communauté des pays lusophones, a exprimé son ferme appui à ce projet de résolution, qui réaffirme la valeur fondamentale de la diversité linguistique et culturelle au sein du système des Nations Unies et dans le monde. Il a dit défendre le droit de chaque nation et individu d’être écouté, compris et respecté dans sa langue maternelle. À cet égard, il a indiqué que la communauté lusophone, qui rassemble près de 270 millions de lusophones à travers cinq continents, s’est engagée à promouvoir l’utilisation du portugais parallèlement aux autres langues officielles de l’ONU afin de contribuer à enrichir le dialogue mondial. 

Au nom du Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies , la République dominicaine a estimé que l’intégration du multilinguisme dans tous les domaines d’activités des Nations Unies doit être une priorité. C’est une nécessité pratique et un symbole majeur de l’engagement de l’ONU en faveur de l’unité et de la diversité. Rappelant que, lors de la dernière adoption de ce texte il y a deux ans, le Groupe des Amis de la langue espagnole au sein des Nations Unies a souligné la nécessité pour le Secrétariat d’établir des stratégies pour parvenir à la mise en œuvre effective du multilinguisme en tant que principe transversal au sein de l’Organisation, elle s’est déclarée fière que le Groupe ait pris cette année des mesures concrètes pour répondre à cette urgence dans le but de parvenir à la parité linguistique. 

La République démocratique du Congo, s’exprimant au nom du Groupe des ambassadeurs francophones, a rappelé que le multilinguisme est au cœur du multilatéralisme. Elle s’est félicitée de la publication du premier Cadre stratégique des Nations Unies sur le multilinguisme et a appelé à sa mise en œuvre. Notant que le projet de résolution met en lumière cette étape et engage le Secrétariat à agir à cet égard, elle a appelé à voter pour ce texte. 

La Fédération de Russie a exhorté les États Membres à redoubler d’efforts afin que le multilinguisme se reflète dans tous les domaines d’activités de l’ONU. Saluant la publication du Cadre stratégique des Nations Unies sur le multilinguisme, elle a regretté que certains problèmes empêchent de garantir la parité entre les six langues officielles de l’ONU. Il suffit d’aller sur le site Web de l’ONU et de comparer le volume d’informations disponibles en anglais par rapport aux autres langues officielles, a-t-elle fait observer. La délégation a indiqué que, lors des consultations, la Fédération de Russie a appuyé toutes les propositions des délégations prévoyant un renforcement des ressources en personnel et financières du Secrétariat en matière de multilinguisme. Selon elle, il serait nuisible pour le Secrétariat de faire des économies sur le multilinguisme en se cachant derrière une crise de liquidités provoquée par les États-Unis.  

Le Guatemala, pays multiculturel où sont parlées 25 langues, s’est félicité à son tour de la publication du Cadre stratégique des Nations Unies sur le multilinguisme, qui renforce le principe selon lequel l’ONU est au service d’une communauté internationale multilingue. Il a jugé prioritaire de mettre en place une approche cohérente du multilinguisme au sein de l’ONU en tant que valeur fondamentale de l’Organisation. Se disant conscient des ressources limitées de l’ONU, il a souhaité que les États Membres soutiennent les efforts du Secrétaire général afin que le multilinguisme ne soit pas compromis par la crise de liquidités. 

Avant que l’Assemblée se prononce sur le projet de résolution, une mise aux voix distincte a été demandée sur les paragraphes 14 et 48 du texte. La Fédération de Russie s’est alors opposée à ces votes séparés, ce qui a provoqué un vote. La division des votes a été rejetée par 5 voix pour (Chine, États-Unis, Israël, Libéria et Royaume-Uni), 63 voix contre et 55 abstentions. 

Explications de position

Après l’adoption du projet de résolution, les États-Unis ont rappelé que le règlement intérieur de l’Assemblée générale précise que toute dépense prévue dans une résolution doit donner lieu à une consultation de la Cinquième Commission. À cet égard, ont-ils relevé, il est prévu au paragraphe 14 du dispositif de la résolution de renforcer la capacité en ressources humaines du Bureau du Coordonnateur pour le multilinguisme. Le texte prie le Secrétaire général de présenter une proposition en ce sens, notamment dans les prévisions budgétaires révisées pour 2025 et le projet de budget-programme pour 2026, ce qui n’est pas approprié, selon la délégation. De même, les États-Unis ont déploré le manque de clarté du paragraphe 48 du dispositif, qui intègre le multilinguisme dans les efforts permettant d’empêcher la propagation de la désinformation et de la mésinformation, sans préciser les implications budgétaires de telles mesures. Regrettant que leurs préoccupations sur ces points n’aient pas été prises en compte durant les négociations, ils se sont dissociés des paragraphes contestés.  

La Chine a souhaité que l’ONU mette véritablement en œuvre le multilinguisme et élimine le déséquilibre dans l’utilisation des langues officielles de l’Organisation. Affirmant avoir pris part aux consultations de manière constructive, la délégation a regretté que le consensus n’ait pu être atteint, faute d’un souci d’inclusivité de la part des cofacilitateurs. Elle a ainsi estimé que des éléments restent à clarifier aux paragraphes 14 et 48 du dispositif.  

Le Royaume-Uni a dit avoir demandé un vote sur les paragraphes 14 et 48, avant de regretter que la Fédération de Russie n’ait pas permis aux États Membres de faire entendre leur voix à ce sujet. Ces paragraphes manquent de clarté, notamment sur le plan budgétaire, a-t-il fait valoir. La délégation a par ailleurs dénoncé le manque de transparence pendant la dernière phase des négociations et la non-prise en compte de ses propositions de libellés transrégionaux. S’agissant des paragraphes 14 et 48, elle a déclaré réserver sa position en attendant les débats de la Cinquième Commission. 

Le Japon a dit avoir œuvré au consensus mais a regretté lui aussi le manque de transparence dans la dernière partie des négociations sur le texte. Il a regretté que ses demandes faites aux cofacilitateurs pour résoudre les questions en souffrance n’aient pas été entendues.  

Exploitation et atteintes sexuelles: application d’une politique de tolérance zéro

L’Assemblée générale a ensuite adopté par consensus la résolution (A/78/L.109) intitulée « Action de l’Organisation des Nations Unies concernant l’exploitation et les atteintes sexuelles ».  Dans ce texte, elle prie instamment le Secrétaire général de continuer à donner la priorité aux actions préventives dans l’ensemble du système des Nations Unies.  Elle lui demande de continuer à jouer un rôle actif dans ce domaine et, en collaboration avec les États Membres, de redoubler d’efforts pour harmoniser la prévention de l’exploitation et des atteintes sexuelles dans l’ensemble du système des Nations Unies.  L’Assemblée insiste sur le fait que les mesures prises par l’ONU à l’échelle de l’ensemble du système pour appliquer la politique de tolérance zéro doivent être centrées sur les victimes d’exploitation et d’atteintes sexuelles. 

Enfin, l’Assemblée a décidé d'inscrire les questions suivantes à l'ordre du jour de sa soixante-dix-neuvième session: Renforcement du rôle de la médiation dans le règlement pacifique des différends et la prévention et le règlement des conflits; Question de l’île comorienne de Mayotte; Zone de paix, de confiance et de coopération de l’Asie centrale; Demande d’avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur les effets juridiques de la séparation de l’archipel des Chagos de Maurice en 1965; Application des résolutions de l’Organisation des Nations Unies; et Financement de la Mission des Nations Unies au Timor oriental. 

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