L’Assemblée examine les activités de la Commission de consolidation de la paix et adopte le Programme d’Antigua-et-Barbuda pour les petits États insulaires en développement
À l’Assemblée générale aujourd’hui, une vingtaine de délégations s’est penchée sur le rapport annuel de la Commission de consolidation de la paix et les priorités définies dans son programme de travail, dont l’élargissement du champ d’action géographique et « la grande importance » du principe d’appropriation nationale et de l’inclusion. Le rapport du Secrétaire général sur le Fonds pour la consolidation de la paix, dont le niveau de liquidité n’a jamais été aussi bas, a également été porté à l’attention des délégations.
La Croatie, ancienne Présidente de la Commission de consolidation de la paix, a présenté le rapport de la dix-septième session de la Commission couvrant toute l’année dernière. Ce rapport a en outre été établi en application de résolutions identiques concernant l’examen du dispositif de consolidation de la paix de l’ONU dans lesquelles l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité ont engagé la Commission à envisager la possibilité de diversifier ses méthodes de travail pour accroître l’efficacité et la souplesse de son action.
En 2023, a précisé la Croatie, la Commission a tenu 20 réunions et fourni une aide dans 10 contextes propres à un pays ou à une région, élargissant son rayon d’action géographique et organisant pour la première fois des réunions consacrées au Canada, au Honduras, au Mozambique, au Népal et à la Norvège. Avec ces ajouts, la Commission a collaboré avec 31 régions et pays différents depuis sa création.
Elle a tenu des réunions sur la mise en œuvre du dispositif régional de sécurité maritime dans le golfe de Guinée et sur la lutte contre la criminalité transnationale organisée, le terrorisme et l’extrémisme violent conduisant au terrorisme au Sahel. Faisant fond sur les travaux qu’elle continue de mener dans la région des Grands Lacs, elle a présenté par deux fois ses avis au Conseil de sécurité. La session a confirmé l’évolution positive de la quantité d’avis soumis par la Commission au Conseil de sécurité, avec 15 communications au total, s’est félicitée la Croatie.
Les États Membres, a-t-elle poursuivi, ont reconnu que le document d’orientation du Secrétaire général intitulé « Un Nouvel Agenda pour la paix » représente une occasion de promouvoir une approche cohérente, globale et intégrée de la consolidation de la paix. La Croatie a ensuite mis en relief l’action de plaidoyer de la Commission pour faire entendre la voix des femmes et des jeunes dans les initiatives de consolidation et de pérennisation de la paix aux quatre coins du monde.
En 2023, le Bureau d’appui à la consolidation de la paix a continué d’informer régulièrement la Commission de l’avancement des travaux du Fonds pour la consolidation de la paix. En novembre dernier, la Commission a tenu sa première réunion avec le Groupe consultatif du Fonds pour déterminer les moyens de développer des synergies entre les deux organismes dans le contexte du Nouvel Agenda pour la paix, du Sommet de l’avenir, prévu au mois de septembre, et de l’évaluation du dispositif de consolidation de la paix de l’ONU en 2025.
La Commission est un forum unique où les pays partagent leurs défis, leurs expériences et leurs meilleures pratiques, a enchaîné le Brésil, qui préside actuellement la Commission. Premièrement, a-t-il expliqué, la Commission continue de s’attaquer de manière durable aux causes profondes et aux moteurs des conflits et des crises. Son travail repose sur la conviction que la paix et la sécurité durables doivent être ancrées sur certains piliers fondamentaux, tous étroitement liés et se renforçant mutuellement. Il s’agit du développement social et économique, de la sécurité alimentaire, des droits de l’homme, du renforcement des institutions publiques et de l’accès à la justice.
Deuxièmement, a poursuivi le Brésil, la Commission continue de souligner l’universalité de la paix et de favoriser le dialogue sur la consolidation et la pérennisation de la paix. À titre d’exemple, elle a engagé en mars dernier un dialogue avec le Kenya, le Timor-Leste et la Norvège sur leurs stratégies respectives de prévention des conflits. Troisièmement, la Commission cherche à contribuer à un débat plus large et inclusif sur la mise en œuvre des résolutions sur la paix durable, à la demande des pays intéressés, comme Sao Tomé-et-Principe, la Gambie ou la Mauritanie. Quatrièmement, elle continue de promouvoir le rôle des femmes et des jeunes dans les efforts humanitaires, de consolidation de la paix, de relèvement et de développement. Cette année, elle a tenu sa première réunion avec la société civile sur le programme pour les femmes et la paix et la sécurité.
Cinquièmement, a encore assuré le Brésil, la Commission continue de renforcer ses partenariats avec les parties prenantes concernées, notamment les institutions financières internationales et les organisations régionales et sous-régionales. Selon lui, ces institutions peuvent mieux tirer parti des avantages comparatifs sur le terrain, notamment grâce au partage de données et de capacités, et à des diagnostics communs.
Concrètement, la Commission vient d’envoyer une invitation permanente à l’Union africaine à participer à toutes ses réunions. Enfin, la Commission continuera de contribuer à l’examen de l’architecture de consolidation de la paix, en appuyant la prévention des conflits. Le Brésil s’est dit convaincu que la Commission, un « instrument renforcé permettant à l’ONU d’atteindre ses objectifs », bénéficiera des discussions du Sommet de l’avenir et des trois documents finals.
« Nous devons dissiper le mythe selon lequel la prévention des conflits est quelque chose d’intrusif et de négatif, alors qu’en réalité, il s’agit d’une responsabilité à laquelle nous avons tous souscrit dans la Charte des Nations Unies », a déclaré l’Union européenne (UE). L’un des résultats que l’UE espère justement obtenir du Sommet de l’avenir est un accent plus systématique sur les stratégies nationales de prévention des conflits, élaborées sur une base volontaire, fondées sur l’appropriation nationale et centrées sur les personnes. L’UE a aussi jugé essentiel que le prochain examen de l’architecture de consolidation de la paix comprenne des propositions concrètes sur son financement.
L’UE a rappelé qu’elle assure plus de 60% des fonds du Fonds pour la consolidation de la paix, un instrument utile pour soutenir les efforts coordonnés dans le nexus aide humanitaire, développement et paix. Mais il faut élargir la base de donateurs et renforcer les liens avec les institutions financières internationales et les banques régionales de développement.
La décision de l’Assemblée générale d’inscrire dans le budget ordinaire de l’ONU le Fonds pour la consolidation de la paix à partir de 2025 n’a pas empêché une majorité de délégations, dont le Danemark, au nom des pays nordiques, l’Afrique du Sud ou l’Inde, de réclamer une augmentation des contributions volontaires. De leur côté, la Pologne et le Japon ont informé avoir versé respectivement 100 000 dollars et 14 millions de dollars au Fonds. Enfin, l’UE a plaidé pour une interaction « plus régulière, plus fluide » et une complémentarité accrue entre la Commission et le Conseil de sécurité, afin de renforcer la place de la composante « Consolidation de la paix » dans les opérations de paix de l’ONU et impliquer davantage les femmes et les jeunes.
Un certain nombre d’intervenants, comme l’Algérie et la République de Corée, ont invité la Commission à créer des « passerelles » avec les institutions financières internationales et les organisations régionales, en particulier l’Union africaine. Le Maroc, ayant applaudi un « acteur incontournable » au sein des Nations Unies, a rappelé son engagement dans l’accompagnement de la République centrafricaine. Le travail de la Commission doit aller jusqu’aux pays qui ne font pas actuellement partie de son programme de travail, a souhaité le Mexique, après que la Colombie et le Timor-Leste ont vanté ledit travail.
L’Égypte a insisté sur des solutions qui tiennent compte des tissus sociaux et des réalités culturelles des pays. La Fédération de Russie a mis en garde contre les liens établis entre changements climatiques et conflits, avant que les États-Unis n’appellent tous les États à saisir les occasions qui vont s’ouvrir en 2025 pour renforcer leurs outils de consolidation de la paix.
En début de séance, par une résolution intitulée « Le Programme d’Antigua-et-Barbuda: une déclaration renouvelée en faveur d’une prospérité résiliente », l’Assemblée générale a fait sien le document final de la quatrième Conférence internationale sur les petits États insulaires en développement qui s’est tenue dans ce pays du 27 au 30 mai dernier. Une dizaine de délégations ont salué ce programme de 23 pages, profitant de l’occasion pour souligner l’impact dévastateur de l’ouragan Beryl, exceptionnellement précoce, qui vient de frapper plusieurs îles des Caraïbes.
Cet après-midi, l’Assemblée a adopté sans vote une autre résolution, préparée sous la houlette de la Belgique et du Maroc, par laquelle elle décide que le « Deuxième Sommet mondial sur le développement social » se tiendra au Qatar du 4 au 6 novembre 2025. Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, l’Ouganda a souhaité que le Sommet imprime un élan au Programme de développement durable à l’horizon 2030. Il ne saurait y avoir ni développement social ni justice sociale si la paix et la sécurité ne sont pas instaurées et si tous les droits humains et libertés fondamentales ne sont pas respectés, a insisté l’UE.