L’Assemblée générale appelle à intensifier la coopération internationale en matière de renforcement des capacités dans le domaine de l’intelligence artificielle
Lors d’une journée marquée par un long débat sur la responsabilité de protéger, l’Assemblée générale a procédé à l’adoption par consensus de quatre projets de résolution, dont un consacré à l’intensification de la coopération internationale en matière de renforcement des capacités dans le domaine de l’intelligence artificielle.
Présenté par la Chine, ce texte (A/78/L.86) encourage notamment les États Membres à intégrer le renforcement des capacités et la conception, la mise au point, la mise en service et l’utilisation de l’intelligence artificielle dans leurs plans et stratégies de développement national.
Il les encourage aussi à peser les avantages et les risques lorsqu’ils généralisent l’utilisation responsable de solutions numériques, telles que l’intelligence artificielle à code source ouvert et l’infrastructure publique numérique.
L’Assemblée générale a également décidé de proclamer le 7 juillet Journée mondiale de la langue Kiswahili (A/78/L.83) et le 24 novembre Journée mondiale des jumeaux siamois (A/78/L.72) en adoptant deux projets présentés respectivement par la République-Unie de Tanzanie et l’Arabie saoudite.
Consciente par ailleurs que l’esprit de fair-play est profondément ancré dans l’idéal olympique, et que le sport, les arts et l’activité physique peuvent faire tomber les barrières raciales et politiques, combattre la discrimination et désamorcer les conflits, elle a aussi décidé de proclamer le 19 mai Journée mondiale du fair-play (A/78/L.85). Ce texte était présenté par la Hongrie.
Au préalable, la Fédération de Russie a attiré l’attention sur la discrimination par le Comité international olympique (COI) à l’encontre des athlètes russes. La maire de Paris a déclaré que « les sportifs russes ne sont pas les bienvenus », s’est indigné le représentant, qui a jugé cette position peu conforme aux idéaux olympiques alors que doivent bientôt s’ouvrir les Jeux olympiques de Paris.
Enfin, l’Assemblée générale a échoué pour la vingt-sixième fois à départager la Fédération de Russie et la Macédoine du Nord, deux pays candidats du Groupe des États d’Europe orientale à un siège du Conseil économique et social (ECOSOC).
La Fédération de Russie a obtenu 100 voix, contre 76 pour la Macédoine du Nord, en deçà de la majorité des deux tiers requise. Ce scénario est le même qu’au scrutin précédent du 4 juin.
Le scrutin va se poursuivre à une date qui sera annoncée ultérieurement.
Cette séance a également été marquée par l’examen du rapport du Secrétaire général sur la responsabilité de protéger (A/78/901) qui a fait apparaître de nettes divisions entre les délégations.
Dans un premier temps, la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la responsabilité de protéger a regretté qu’en dépit de l’adoption, il y a 19 ans, du principe que chaque État est responsable de la protection de sa population contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité, la promesse de mettre fin aux atrocités criminelles reste largement non tenue. Les alertes précoces sur les risques d’atrocités criminelles sont accueillies avec indifférence ou déni, et aucune décision n’est prise pour prévenir et arrêter les atrocités. Aujourd’hui, nous assistons en temps réel au mépris, à la violation et à des abus flagrants du droit international humanitaire et des droits de l’homme par des acteurs étatiques et non étatiques, a dénoncé Mme Mô Bleeker.
La Conseillère spéciale a également relevé que l’absence d’unanimité des membres permanents du Conseil de sécurité empêche l’organe d’exercer son mandat, alertant que ces atermoiements érodent la confiance dans le système international et accroissent le malaise des nations et des populations face à l’incapacité des gouvernements et des organisations internationales à leur venir en aide.
« Nous sommes aujourd’hui témoins d’une dégradation généralisée du respect de la vie civile et d’un mépris effroyable pour les normes et les lois conçues pour prévenir les risques de conflit armé et minimiser leur impact sur les civils », a déploré la Croatie. Intervenant au nom du Groupe des Amis de la responsabilité de protéger, elle a souhaité que le Secrétaire général inclue dans ses futurs rapports des recommandations concrètes et orientées vers l’action sur la manière de renforcer la protection des populations vulnérables.
Au nom des délégations du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, l’Australie a insisté sur le rôle essentiel du Conseil des droits de l’homme et de la Cour international de Justice (CIJ), et a appelé à l’élaboration par les États de directives et de mesures concrètes pour prévenir la commission d’atrocités. Insistant sur l’importance de préserver les preuves d’atrocités de masse et de fournir une assistance juridique aux victimes, les pays du Benelux, par la voix des Pays-Bas, ont appelé les États à adhérer au statut de Rome et à la Convention de Ljubljana-La Haye pour la coopération internationale en matière d’enquête et de poursuite du crime de génocide, des crimes contre l’humanité, des crimes de guerre et autres crimes internationaux. L’Afrique du Sud a rappelé pour sa part que le 24 mai, la Cour internationale de Justice a ordonné à Israël de cesser ses opérations militaires à Gaza.
S’exprimant également au nom de la France, le Mexique a mis en avant l’initiative des deux pays qui vise à limiter le recours au veto en cas d’atrocité de masse. Le veto ne doit pas empêcher les auteurs de crimes de rendre des comptes, a souligné la délégation. La prévention des atrocités doit être une priorité non négociable aux niveaux national et international, a appuyé l’Union européenne qui a exhorté le Conseil de sécurité à agir d’urgence pour protéger les populations civiles exposées au risque d’atrocités de masse.
Notant que la responsabilité de protéger incombe en premier lieux aux États, la Fédération de Russie a souligné que la communauté internationale ne devrait agir en soutien « que par l’intermédiaire du Conseil de sécurité », accusant les Occidentaux d’avoir contourné cette restriction pour envahir la Libye en 2011. À ses yeux, la responsabilité de protéger serait un outil permettant à l’Occident de s’ingérer dans les affaires intérieures des pays en développement et piller leurs ressources. Depuis le précédent libyen, la responsabilité de protéger est devenue la « racine du mal » et en aucun cas une solution aux problèmes, a souligné le délégué, s’étonnant des rapports qui s’évertuent à « faire revivre ce Frankenstein ».
Il a été rejoint dans son analyse par le Groupe des Amis de la défense de la Charte des Nations Unies qui, par la voix du Venezuela, a pointé un concept non consensuel, controversé, contraire au multilatéralisme et à l’état de droit. Regrettant la présentation d’un rapport biaisé qui ignore les « conséquences tragiques » résultant de l’application de la responsabilité de protéger dans le passé, la délégation a dénoncé son recours sélectif dans les pays dotés de vastes ressources naturelles, et le silence face au carnage en cours en Palestine.
L’Assemblée générale reprendra ce débat mercredi prochain.
(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse
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