L’Assemblée générale appelle à renforcer la coopération en Asie centrale pour combattre les problèmes liés à la drogue
L’Assemblée générale a adopté par consensus, cet après-midi, une résolution inédite intitulée « Coopération visant à aborder et combattre avec efficacité les problèmes liés à la drogue: l’approche résolument unifiée de l’Asie centrale ».
Présenté par l’Ouzbékistan, ce texte appelle notamment à renforcer la coopération en Asie centrale en élaborant des initiatives stratégiques et des plans d’action visant à lutter contre les menaces que représente le trafic d’opiacés et de drogues de synthèse, y compris de méthamphétamine, ainsi que de leurs précurseurs chimiques, aux niveaux régional et international.
Au préalable, elle a adopté par 103 voix pour, 9 contre (Bélarus, Burundi, Cuba, Fédération de Russie, Mali, Nicaragua, République populaire démocratique de Corée, Syrie et Zimbabwe) et 53 abstentions, sa résolution annuelle sur la situation des déplacés et des réfugiés d’Abkhazie (Géorgie) et de la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud (Géorgie).
En vertu de ce texte présenté par la Géorgie, l’Assemblée générale invite tous les participants aux pourparlers de Genève (…) à prendre immédiatement des mesures pour faire respecter les droits humains et instaurer des conditions de sécurité propices au retour volontaire sans entrave, dans la sécurité et la dignité de tous les déplacés et réfugiés dans leurs foyers.
Le Président de l’Assemblée générale a encouragé les acteurs concernés à faciliter un accès humanitaire sans entrave et durable à l’Abkhazie et à la région de Tskhinvali/Ossétie du Sud afin de permettre aux agences humanitaires et de développement d’évaluer les besoins et d’aider les plus vulnérables. Il est clair que de nouvelles mesures sont nécessaires pour faire face à la détérioration de la situation humanitaire et des droits humains et pour faciliter la liberté de mouvement et l’accès aux services pour la population géorgienne dans les zones touchées par le conflit, a affirmé M. Dennis Francis.
À l’origine du vote, la Fédération de Russie a dénoncé un document qui ne résoudra pas les problèmes en cours. Selon elle, les problèmes humanitaires dans la région entravent la normalisation des relations et compromettent le dialogue dans le cadre des pourparlers de Genève, provoquant des tensions entre les représentants des communautés vivant en Géorgie, en Abkhazie et en Ossétie du Sud. La délégation a appelé en outre la Géorgie et ses partenaires à mettre fin aux attaques irresponsables contre Tskhinvali et Sokhoumi. Le Venezuela a appelé pour sa part à promouvoir les pourparlers de Genève.
Ce projet de résolution incarne notre solidarité avec les civils qui sont les plus touchés par les opérations militaires de la Russie depuis 2008, a déclaré le Japon qui est opposé à toute tentative de modifier les frontières internationalement reconnues de la Géorgie.
Après le vote, le Brésil qui s’est abstenu, a appelé à régler le litige par le dialogue. L’Arménie a elle aussi plaidé pour un règlement pacifique du conflit et le retour sûr et digne des déplacés, suivi d’Israël qui a réaffirmé son soutien à l’intégrité territoriale de la Géorgie y compris dans les régions occupées. Le conflit ne pourrait être réglé que par la négociation, a souligné la délégation.
Préoccupés par la situation des droits humains sur le terrain, les pays nordiques et baltiques, par la voix de la Lituanie, ont rappelé qu’en 2022, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt contre trois personnes accusées de crimes de guerre en lien avec l’invasion russe. La délégation a exhorté tous les acteurs concernés en Abkhazie et en Ossétie du Sud à garantir des enquêtes indépendantes, impartiales et approfondies.
Elle a également fait part de sa profonde préoccupation au sujet de l’adoption récente par le Parlement géorgien de la loi sur la « transparence de l’influence étrangère », avertissant que si elle était appliquée, celle-ci limiterait la capacité de la société civile et des médias à fonctionner librement, et aurait un impact négatif sur l’aide internationale, notamment en faveur des personnes déplacées.
L’Australie, qui s’exprimait au nom du Canada, de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie (CANZ), a insisté sur le caractère humanitaire de la résolution, le Royaume-Uni exhortant pour sa part la Russie à cesser de soutenir la pseudo-indépendance de ces régions. La communauté internationale doit mettre fin à la tentative impérialiste de Moscou qui veut conquérir les pays de la région, a tranché l’Ukraine qui a dénoncé le refus de la Russie de retirer ses troupes de la Géorgie.
Pour ce qui est de la résolution sur la lutte contre la drogue en Asie centrale, la Suisse, tout en se ralliant au consensus, s’est distanciée du concept de « société exempte de tout abus de drogues », le jugeant « dépassé, irréaliste à atteindre et contre-productif ». Il risque aussi de perpétuer, intentionnellement ou non, la stigmatisation sociale à laquelle sont souvent confrontées les personnes souffrant de troubles liés à la consommation de drogues. De plus, ce concept est parfois utilisé pour justifier des abus et violer les droits de certaines personnes et groupes.
L’Arabie saoudite et la Chine ont salué une résolution qui incarne une politique de tolérance zéro en matière d’utilisation de la drogue, Singapour regrettant cependant un texte dédié aux intérêts d’un groupe restreint d’États Membres. Les États-Unis préoccupés par certains dispositifs, notamment le paragraphe 15, ont appelé les États Membres à coopérer avec eux sur cette question au niveau mondial et à respecter le travail de l’ONUDC à Vienne.
La Fédération de Russie a salué la détermination des États d’Asie centrale à respecter les exigences des trois conventions antidrogues qui constituent le fondement du système international moderne de contrôle des stupéfiants. Il est particulièrement important de lutter contre la drogue entrant dans la région de sources extérieures, a-t-elle ajouté.
Le Mexique a dit être préoccupé par la fragmentation qui pourrait résulter de la régionalisation de cette question, préconisant l’adoption de stratégies globales reflétant la complexité de la question des stupéfiants. Ces stratégies doivent être axées sur l’égalité des sexes et les droits humains, placer l’individu au centre des politiques et inclure la prévention, le traitement, la réadaptation et la réinsertion sociale comme axes centraux. La Colombie a estimé pour sa part que le texte aurait dû être renforcé sur les plans des droit humains et de l’environnement.
Au nom de l’Union européenne, la Belgique a regretté que le rôle d’ONU-Femmes et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme n’ait pas été mentionné dans la résolution. La dernière déclaration politique de la Commission des stupéfiants, adoptée lors de la soixante-septième session en mars dernier, reste la voie à suivre en matière de coopération et l’organe doit rester la principale instance pour les résolutions relatives aux drogues, a-t-elle estimé. Préoccupé par la tournure des négociations autour du texte, le Canada y a vu un risque de saper les discussions en cours à la Commission des stupéfiants.
(En raison de la crise de liquidités qui affecte l’Organisation des Nations Unies, la Section des communiqués de presse est contrainte de modifier le format de la couverture des réunions.)