Soixante-dix-huitième session,
63e séance plénière – matin
AG/12588

L’Assemblée générale adopte une résolution sur l’intelligence artificielle et marque la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale

L’Assemblée générale a adopté, ce matin, une résolution inédite concernant l’intelligence artificielle et commémoré la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, présentée cette année sur le thème « Une décennie de reconnaissance, de justice et de développement: mise en œuvre de la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine ». Elle a en outre proclamé 2025 « Année internationale de la paix et de la confiance », et le 15 novembre « Journée internationale de la prévention de toutes les formes de criminalité transnationale organisée et de la lutte contre ce fléau », en plus de procéder à des nominations. 

En adoptant à l’unanimité la résolution intitulée « Saisir les possibilités offertes par des systèmes d’intelligence artificielle sûrs, sécurisés et dignes de confiance pour le développement durable », l’Assemblée générale se déclare résolue à favoriser des systèmes d’intelligence artificielle (IA) sûrs, sécurisés et dignes de confiance afin d’accélérer les progrès vers la réalisation du Programme 2030. Elle encourage à cette fin les États Membres et les parties prenantes à contribuer à l’élaboration de principes ainsi que de cadres réglementaires et de gouvernance permettant de régir de tels systèmes. 

Considérant que les données sont fondamentales pour la mise au point des systèmes d’IA, l’Assemblée souligne qu’une gouvernance juste, inclusive, responsable et efficace de celles-ci et des biens publics numériques est essentielle pour mettre le potentiel de cette technologie au service du développement durable.  Elle constate en outre qu’il importe de poursuivre le débat sur l’innovation en la matière afin que les stratégies internationales suivent le rythme de l’évolution et de l’utilisation de l’IA. 

Auteurs de cette résolution, les États-Unis ont reconnu que l’IA pose une « menace existentielle universelle » pour l’humanité, les contenus ainsi générés, tels que les « deep fake », menaçant de saper l’intégrité des débats politiques, en cette année où la moitié de l’humanité prendra part à des élections.  Avec ses promesses d’efficacité améliorée, cette technologie pourrait entraîner des perturbations dans le marché du travail dans tous les secteurs, mais aussi accélérer la lutte contre la pauvreté et contribuer à un monde plus sûr.  Une IA équitable peut en outre être le moteur qui permettra d’atteindre les objectifs de développement durable, a souligné la délégation américaine, qui s’est appuyée sur les textes fondateurs de l’Organisation pour rédiger cette résolution. 

Auparavant, l’Assemblée générale a commémoré la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale.  Son Président y a vu l’occasion de renouveler notre engagement en faveur de l’élimination du racisme en nous tenant aux côtés de ceux qui continuent de se battre contre ces fléaux, lesquels constituent une « violation éclatante des droits humains ». 

L’inauguration de la Décennie internationale pour les personnes d’ascendance africaine, de 2015 à 2024, a été, selon M. Dennis Francis, une décision « historique » de l’Assemblée, un appel adressé à l’ONU, aux États Membres et à la société civile en faveur de la coopération avec les personnes d’ascendance africaine. 

Comme la Sous-Secrétaire générale aux droits de l’homme, M. Francis a appelé à adopter des cadres juridiques mondiaux dans le droit fil de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.  Mme Ilze Brands Kehris a noté pour sa part que la Décennie des personnes d’ascendance africaine a incité plusieurs États à se doter de cadres juridiques et politiques nationaux reconnaissant les droits de celles-ci et interdisant toute discrimination fondée sur la race ou l’origine nationale ou ethnique. 

Le racisme est un « mal » qui touche les sociétés du monde entier, une « séquelle profondément ancrée du colonialisme et de l’esclavage », a déploré le Chef de cabinet du Secrétaire général, M. Courtenay Rattray. Aujourd’hui, les personnes d’ascendance africaine demeurent confrontées à une histoire de racisme structurel et institutionnel unique, un défi auquel nous devons répondre en nous engageant en faveur d’un monde de justice pour toutes les communautés.  « Il n’y a pas d’innocents en la matière », a toutefois reconnu la représentante des États-Unis, en appelant à œuvrer en faveur de « l’élimination de l’injustice ». 

« Avec un taux de ratification quasi universel de 182 États parties, nous devrions être en mesure de parler de l’élimination de la discrimination raciale comme d’un objectif commun de l’humanité », a fait valoir la Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, Mme Verene Albertha Shepherd. Or, il n’en est rien, a-t-elle constaté, la discrimination raciale, les discours de haine et la violence à caractère raciste se poursuivant aux quatre coins du monde.  « Nous sommes encore trop nombreux à refuser de croire aux droits humains et à la justice pour tous », a-t-elle déploré. 

Au nom du Groupe africain, l’Ouganda a déploré qu’aucune réparation n’ait été accordée à ce jour pour les préjudices subis par les personnes d’ascendance africaine du fait de l’esclavage, de la traite transatlantique des esclaves, du colonialisme et des politiques de discrimination raciale, comme le préconise pourtant la Déclaration de Durban.  Pour la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Haïti a relevé que « l’aversion persistante » à l’égard de la reconnaissance des atrocités du passé, « qui imprègnent la vie quotidienne des personnes d’ascendance africaine », reste le plus grand obstacle à la poursuite de la justice et du développement. « Nous vivons, en effet, dans un monde injuste, un monde qui ne semble pas régi par un quelconque sens de la moralité internationale. » 

Alors que la Convention reste le seul instrument juridique en vigueur contre le racisme et la discrimination raciale, l’Afrique du Sud a noté que la Décennie internationale pour les personnes d’ascendance africaine a été marquée par une augmentation du racisme systémique, avec la complicité tacite du « système international » en faveur du statu quo.  Au lieu d’une action résolue, les mécanismes actuels « sont politisés et leurs objectifs, déformés », a-t-elle dénoncé. 

L’Assemblée générale a ensuite adopté, sans vote, une résolution proclamant 2025 « Année internationale de la paix et de la confiance », et pris note avec intérêt de la proposition du Turkménistan, venu présenter ce texte, d’accueillir en décembre 2025 le Forum international sur la paix et la confiance. 

En proclamant le 15 novembre « Journée internationale de la prévention de toutes les formes de criminalité transnationale organisée et de la lutte contre ce fléau », l’Assemblée générale compte sensibiliser aux menaces de ce phénomène tout en renforçant la coopération internationale. L’Italie, qui a présenté le texte, a précisé que cette date coïncide avec l’adoption de la Convention de Palerme, instrument juridique international le plus efficace en la matière.

L’Assemblée a par ailleurs approuvé la demande de prorogation de deux ans, à titre exceptionnel, du mandat du Secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité, M. Gilles Michaud.  Dans sa note, le Secrétaire général a jugé cette prorogation nécessaire d’un point de vue stratégique afin d’assurer la continuité du leadership en matière de sécurité et au vu du rôle déterminant joué par M. Michaud dans la mise en œuvre des réformes « transformatrices » engagées par le Département de la sûreté et de la sécurité, « dans un contexte de crises permanentes ». 

L’Assemblée générale a ensuite nommé le Brésil, les États-Unis, la Fédération de Russie, la Finlande, le Sénégal et le Soudan du Sud en tant que membres du Conseil d’administration du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables, pour un mandat de deux ans commençant le 21 mars 2024.  Les autres membres seront nommés à une date ultérieure. 

Enfin, l’Assemblée a pris note que le Libéria a effectué les paiements nécessaires pour ramener ses arriérés en deçà du montant spécifié à l’Article 19 de la Charte des Nations Unies. 

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

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