Soixante-dix-huitième session,
54e & 55e séances, matin et après-midi
AG/12582

À l’Assemblée générale, le Secrétaire général présente ses priorités en 2024: paix, réforme du Conseil de sécurité, financement du développement

C’est un Secrétaire général très déterminé qui a présenté, ce matin, devant l’Assemblée générale, ses priorités pour l’année 2024 pour les Nations Unies.  M. António Guterres a placé la paix au cœur de son action.  Il y a greffé la réforme du Conseil de sécurité, le financement du développement et de la lutte contre les effets des changements climatiques. Le Président de l’Assemblée générale, M. Dennis Francis, arborait lui-même sur sa veste un pin’s bleu avec la mention « 1,5 °C ».  L’Assemblée générale a en outre rendu hommage au Président de la Namibie, Hage Gottfried Geingob, décédé dimanche 4 février, avant d’adopter deux projets de décision et d’entendre une trentaine d’États Membres commenter les priorités énoncées. 

La paix est la raison d’être des Nations Unies, a déclamé son Secrétaire général en présentant le rapport d’activité de l’Organisation et ses priorités de l’année 2024. Pour un monde traversé par des divisions géopolitiques croissantes, dépendant de combustibles fossiles qui menacent la paix et la nature, subissant des guerres des mots, de territoires et des guerres culturelles, M. Guterres a estimé avoir trouvé dans la paix le moyen de sortir de ces crises « à condition d’agir ensemble ». 

Avant d’énumérer ses priorités, le Chef de l’ONU a dit avoir des raisons d’espérer, s’appuyant notamment sur le plan de relance des objectifs de développement durable (ODD), sur les appels à réformer l’architecture financière internationale, sur l’accord sur un traité concernant la haute mer, sur les progrès en matière de justice climatique et sur le Fonds pour les pertes et les préjudices. 

Dans l’immédiat, a pressé M. Guterres, il faut instaurer un cessez-le-feu humanitaire et libérer tous les otages à Gaza.  En Ukraine, il faut une paix juste et durable.  Au Sahel, il a demandé de ne pas relâcher le soutien aux populations, tandis que pour la Corne de l’Afrique, il a recommandé une action collective pour consolider les acquis durement acquis contre les Chabab.  Les combats doivent cesser au Soudan, a encore plaidé le chef de l’ONU avant de s’inquiéter aussi pour le peuple libyen qui mérite une paix et une stabilité durables. 

Poursuivant ses appels à la paix, il a sommé les groupes armés dans l’est de la République démocratique du Congo de déposer les armes.  S’agissant du Yémen, M. Guterres a appelé les parties à se concentrer sur la voie de la paix et à désamorcer les tensions en mer Rouge. Pour ce qui est du Myanmar, il a demandé de toute urgence de tracer la voie vers une transition démocratique et un retour à un régime civil.  Haïti, a-t-il ajouté, doit voir déployer sans délai la Mission multinationale d’appui à la sécurité.  Quant aux Balkans occidentaux, il a recommandé des mesures en faveur de la réconciliation, de la stabilité et de la prospérité économique. 

Puis M. Guterres a demandé aux États Membres de respecter la Charte des Nations Unies qui garantit le droit de chaque individu de vivre dans la paix et la dignité.  Le Nouvel Agenda pour la paix a été élaboré en vue du renouvellement des cadres mondiaux de paix et de sécurité, a insisté le Secrétaire général trouvant inacceptable que le continent africain attende toujours un siège permanent au Conseil de sécurité. Le monde a grand besoin d’une réforme du Conseil de sécurité, a-t-il fait valoir. 

Nous avons besoin de paix, de justice et de nouvelles perspectives économiques, a persisté le Secrétaire général pour qui la réalisation des ODD nécessite 500 milliards de dollars par an pour les pays en développement.  Il a aussi rappelé ses appels à un « nouveau Bretton Woods », aboutissant à une architecture financière internationale capable de répondre aux besoins de tous les pays. 

Les autres outils qu’il a demandé d’utiliser pour construire des économies et des sociétés inclusives, vertes et durables sont la technologie, notamment l’intelligence artificielle, et les énergies renouvelables. Il a exhorté les pays à s’engager d’ici à 2025 à mettre en place de nouveaux plans climatiques nationaux alignés sur la limite de 1,5 °C.  Il a rappelé les besoins financiers pour y parvenir et sollicité à cet égard les pays du G20, qui devraient accélérer l’élimination des combustibles fossiles et clarifier le versement de leurs engagements de 100 milliards de dollars. 

Parmi les obstacles dans ces voies, plusieurs délégations ont soulevé les problèmes de liquidités de l’ONU, comme Cuba qui a demandé de clouer au pilori les États Membres qui ne paient pas leurs contributions statutaires au budget ordinaire de l’ONU.  L’Afrique du Sud s’est inquiétée de l’impact de la crise de liquidités sur la capacité de l’ONU à honorer ses mandats.  La délégation a exhorté l’ensemble des États Membres à s’acquitter pleinement de leurs obligations financières envers l’Organisation, dans les délais et sans conditions. 

En tant que Président de la Commission de consolidation de la paix, le Brésil a également plaidé en faveur d’un financement durable et prévisible des efforts dans ce domaine.  La Croatie a vu dans l’obtention des contributions statutaires pour le Fonds pour la consolidation de la paix des raisons d’être « prudemment optimiste ». 

L’Assemblée générale a également cet après-midi rendu un hommage solennel au Président de la Namibie, Hage Gottfried Geingob, décédé le 4 février, « un homme dont le leadership était admiré partout sur le continent africain », a rappelé le Président de l’Assemblée.  « C’était un homme qui en imposait, tout en arrivant à nouer des liens avec toutes les personnes », a appuyé le Secrétaire général qui a insisté sur son rôle éminent dans la lutte contre l’apartheid. 

Par ailleurs, l’Assemblée générale a autorisé le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes à conclure avec la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris, un mémorandum d’accord sur l’hébergement du secrétariat du Réseau de Santiago.  Dans une deuxième décision, elle a autorisé la participation d’organisations non gouvernementales, d’organisations de la société civile, d’établissements universitaires et du secteur privé à la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral, qui se tiendra à Kigali, au Rwanda, du 18 au 21 juin.

 

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION - (A/78/1)

Exposé du Secrétaire général sur ses priorités pour 2024

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a observé que la paix, qui est la raison d’être des Nations Unies, manque dramatiquement dans un monde traversé par des divisions géopolitiques croissantes.  Pointant la dépendance aux combustibles fossiles qui menace la paix et la nature, il a déploré en particulier les guerres terribles qui tuent et mutilent des civils en nombre sans précédent: « guerre des mots, guerres de territoires et guerres culturelles ».  La paix est le moyen de sortir de ces crises, a réitéré le Secrétaire général en appelant à agir ensemble. 

Il a rappelé que lors du Sommet sur le développement durable, les dirigeants du monde avaient approuvé un plan de relance des objectifs de développement durable (ODD) et reconnu la nécessité de réformer en profondeur l’architecture financière internationale. Les pays sont également parvenus l’an dernier à un accord sur un traité concernant la haute mer, a-t-il salué avant de mentionner aussi des progrès en matière de justice climatique et de miser sur le Fonds pour les pertes et les préjudices.  En outre, le Conseil de sécurité a entendu l’appel pour soutenir les opérations d’imposition de la paix et de lutte contre le terrorisme menées par des partenaires régionaux, notamment l’Union africaine, avec le soutien financier des contributions obligatoires.  Le Secrétaire général a ajouté à cette liste de progrès le nouvel organe consultatif de haut niveau sur l’intelligence artificielle. 

Évoquant le Sommet de l’avenir de septembre prochain, M. Guterres a espéré qu’il permettra de façonner le multilatéralisme pour les années à venir, car le monde a grand besoin d’une réforme du Conseil de sécurité, de la réforme du système financier international, de la participation des jeunes dans la prise de décisions, d’un pacte numérique mondial et d’une réponse internationale aux chocs mondiaux complexes.  Les États Membres sont au centre de cet effort essentiel et la paix, a rappelé le Secrétaire général. 

« Les millions de personnes victimes des conflits qui réclament la paix attendent une action. »  Dans l’immédiat, il faut instaurer un cessez-le-feu humanitaire et libérer tous les otages à Gaza, a prié M. Guterres en espérant que cela conduise à des actions irréversibles en faveur d’une solution à deux États.  « En Ukraine, il faut une paix juste et durable. »  Passant au Sahel, il a demandé de ne pas relâcher le soutien aux populations, tandis que pour la Corne de l’Afrique, il a recommandé une action collective pour consolider les acquis durement obtenus contre les Chabab et préserver le principe de l’intégrité territoriale.  Les combats doivent cesser au Soudan avant qu’ils ne détruisent encore plus de vies et ne se propagent, a encore plaidé le Chef de l’ONU. 

Le peuple libyen, a-t-il poursuivi, mérite une paix et une stabilité durables, à commencer par un engagement en faveur d’élections libres et équitables.  Dans l’est de la République démocratique du Congo, les groupes armés doivent déposer les armes et les dirigeants régionaux doivent dialoguer.  Au Yémen, M. Guterres a appelé les parties à se concentrer sur la voie de la paix et à désamorcer les tensions en mer Rouge.  Venant à la situation au Myanmar, il a demandé de toute urgence de tracer la voie vers une transition démocratique et un retour à un régime civil.  En Haïti, la Mission multinationale d’appui à la sécurité doit être déployée sans délai avec le soutien financier nécessaire des États Membres.  Dans les Balkans occidentaux, des mesures en faveur de la réconciliation, de la stabilité et de la prospérité économique dans toute la région sont nécessaires. 

Pour M. Guterres, le respect par les États Membres de la Charte des Nations Unies garantit le droit de chaque individu de vivre dans la paix et la dignité.  Regrettant l’impasse au Conseil de sécurité, il a dénoncé la reprise des rivalités entre États pour améliorer leurs arsenaux nucléaires alors que les besoins humanitaires mondiaux n’ont jamais été aussi élevés, que le financement fait défaut et que les travailleurs humanitaires continuent leur tâche au prix de leurs vies.  Le Secrétaire général a rendu hommage au personnel humanitaire à Gaza. 

Le Nouvel Agenda pour la paix a été élaboré en vue du renouvèlement des cadres mondiaux de paix et de sécurité, a insisté M. Guterres estimant inacceptable que le continent africain attende toujours un siège permanent au Conseil de sécurité.  Il a détaillé les objectifs de cet agenda qui vise notamment à atténuer l’impact de la concurrence géopolitique.  Le Secrétaire général a plaidé pour que les missions de maintien de la paix soient dotées de mandats réalistes et de stratégies de transition et de sortie bien définies.  Le Nouvel Agenda pour la paix exhorte à la réglementation de l’utilisation des nouvelles technologies et de l’intelligence artificielle dans le domaine militaire, a-t-il aussi rappelé. 

M. Guterres a dénoncé la propagation des désinformations et de la haine à l’ère numérique, en soulignant les efforts de l’ONU pour décupler les investissements en faveur de la cohésion sociale et de la sécurité des personnes.  Il faut renouveler le contrat social, fondé sur la confiance, la justice et l’inclusion, et ancré dans les droits humains et la participation des femmes.  Estimant que les entreprises technologiques doivent cesser de tirer profit de la propagation de la désinformation, il a parlé du Code de conduite pour l’intégrité de l’information sur les plateformes numériques, qui sera publié avant le Sommet de l’avenir. 

Au-delà des tensions dans le monde, nous avons besoin de paix, de justice et de nouvelles perspectives économiques, a persisté le Secrétaire général pour qui la réalisation des ODD demande des avancées dans deux domaines, à commencer par la finance: 500 milliards de dollars par an sont nécessaires pour un financement à long terme pour les pays en développement.  Il faut accroître considérablement et immédiatement le capital et la capacité des banques multilatérales de développement et aider les économies en développement à se remettre sur les rails, a-t-il pressé. 

Le deuxième domaine est le « nouveau Bretton Woods »: il faut une architecture financière internationale capable de répondre aux besoins de tous les pays.  Le Sommet de l’avenir se penchera sur la nécessité de rendre les institutions et les cadres financiers véritablement universels et inclusifs. Nous devons exploiter le pouvoir de la technologie pour faire progresser les ODD, a dit M. Guterres en misant aussi sur l’intelligence artificielle pour construire des économies et des sociétés inclusives, vertes et durables. 

« Il faut aussi faire la paix avec la planète. »  M. Guterres a misé sur les avantages des énergies renouvelables et espéré que les pays s’engageront d’ici à 2025 à mettre en place de nouveaux plans climatiques nationaux alignés sur la limite de 1,5 °C, avec l’aide de l’ONU.  Les pays en développement devraient créer des plans climatiques nationaux de transition et des plans nationaux d’investissement afin d’attirer des capitaux et des investissements.  Pour les pays du G20, ils devraient faire accélérer l’élimination des combustibles fossiles. Il a demandé aux pays développés de clarifier le versement de leurs engagements de 100 milliards de dollars et d’expliquer comment ils vont doubler le financement de l’adaptation, pour atteindre au moins 40 milliards de dollars par an, d’ici à 2025.  Le Fonds pour les pertes et les préjudices doit être opérationnel le plus rapidement possible. 

Concluant la présentation de ses priorités, le Secrétaire général a rappelé que la construction de la paix est « la plus grande responsabilité de l’humanité » et qu’elle appartient à tous.  « Je peux vous garantir que je n’abandonnerai jamais la lutte pour la paix », a-t-il dit en conclusion.

Débat sur la question

Au nom du Groupe des Amis de la responsabilité de protéger, la représentante du Guatemala s’est dite convaincue que la prévention des atrocités et la mise en œuvre efficace du principe de la responsabilité de protéger contribuent à la réalisation de Notre Programme commun et du Nouvel Agenda pour la paix du Secrétaire général.  Les rapports thématiques annuels de ce dernier sur la responsabilité de protéger ont été extrêmement importants pour améliorer la compréhension commune de ce principe, a poursuivi la déléguée.  La communauté internationale gagnerait à recevoir des informations de l’ONU sur les tendances actuelles des risques de génocide, de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de nettoyage ethnique, ainsi que sur la prévention.  Pour cette raison, le Groupe estime aussi que ces informations devraient figurer dans les recommandations faites aux niveaux national, régional et mondial.  Le représentant a d’ailleurs jugé qu’il faut suivre de manière plus régulière et systématique ces recommandations et en faire état des conclusions, pourquoi pas, dans une annexe aux rapports annuels.  Elle a conclu en disant attendre avec impatience la nomination d’un conseiller spécial sur la responsabilité de protéger. 

En tant que Président de la Commission de consolidation de la paix, le représentant du Brésil est revenu sur les travaux et les progrès réalisés en 2023 par la Commission, dont le rapport souligne l’élargissement de sa portée géographique et de son inclusion.  En 2023, des réunions ont eu lieu à la demande du Canada, du Honduras, du Népal, de la Norvège et du Mozambique.  La Commission s’est engagée à soutenir des contextes spécifiques à chaque pays et région, ainsi qu’à améliorer la rapidité et la précision de ses avis au Conseil de sécurité.  Elle a également renforcé ses liens avec les organisations régionales, en particulier l’Union africaine, a assuré le Président. 

Il a également expliqué ce qui est fait pour renforcer l’universalité de la consolidation de la paix et élargir sa portée et les thèmes qui en relèvent: la Commission s’est engagée à la fois avec les pays développés et ceux en développement pour discuter, entre autres, de justice transitionnelle, des défis de développement et des questions autochtones.  Elle a également plaidé en faveur d’un financement durable et prévisible des efforts de consolidation de la paix.  Le Président a fait remarquer que tout ce travail témoigne de la pertinence croissante de la Commission dans l’architecture de consolidation de la paix de l’ONU, ainsi que de l’importance que les États Membres lui accordent. 

Espérant que son renforcement perdure en 2024, le Président de la Commission a estimé que cela nécessite l’établissement de liens plus solides entre la Commission et le Fonds pour la consolidation de la paix. 

La représentante du Costa Rica a indiqué que tous les enfants doivent pouvoir « sourire et rêver », avant d’appeler l’ONU à œuvrer pour ne laisser personne de côté.  La protection des civils, le respect des principes de précaution, de distinction et de proportionnalité dans les opérations militaires et l’interdiction de méthodes de guerre aveugles doivent être au centre des efforts de l’Organisation. Dans ce droit fil, elle a salué la centralité du droit dans les efforts de promotion de la paix du Secrétaire général. Elle a également insisté sur l’importance du partenariat entre l’ONU et les organisations de la société civile « à tous les niveaux ».  La paix et la sécurité humaine doivent demeurer les priorités fondamentales, « notre boussole dans ces eaux agitées », a conclu la déléguée. 

Le représentant de l’Indonésie a partagé les préoccupations du Secrétaire général quant à la fragmentation de la communauté internationale et quant au fait que le droit international soit moins respecté, comme l’illustre ce qui se passe actuellement à Gaza.  Le délégué a appelé à « rétablir la confiance », en rétablissant l’état de droit et en garantissant une meilleure représentation à l’ONU.  Il a aussi évoqué le Sommet de l’avenir, qui sera une bonne occasion de refaçonner le système multilatéral.  Les méthodes de travail, la déontologie doivent aussi être renforcés, tout comme il faut allouer les ressources nécessaires au règlement des conflits à Gaza, au Myanmar et dans d’autres parties du monde, selon le délégué.  Le temps presse: il ne nous reste que six ans pour accomplir les ODD, s’est-il impatienté. 

Le représentant de l’Arménie a indiqué que l’ONU n’a pas pu toujours protéger les populations vulnérables.  Il a dénoncé le blocus imposé par l’Azerbaïdjan dans le Nagorno-Karabakh et le déplacement forcé des Arméniens.  L’ONU n’a pas pu réagir face à de telles violations et il faut espérer, a dit le représentant, qu’elle finira par en prendre conscience et réfléchira aux raisons de son échec.  Il a rappelé les décisions de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur le corridor de Latchine et réclamé leur respect.  Il a aussi indiqué que l’Arménie vient d’adhérer au Statut de Rome.

Au nom du Groupe des États arabes, le représentant de la Tunisie a pris note du rapport d’activité du Secrétaire général en 2023.  Il a salué l’appel au cessez-le-feu humanitaire à Gaza de M. Guterres et son appel à l’aide pour l’UNRWA.  Le Groupe souhaite aussi un cessez-le-feu immédiat à Gaza, a déclaré le délégué. Il a aussi exigé que la Puissance occupante cesse l’occupation du Territoire palestinien occupé et qu’elle y retire ses troupes.  Il faut protéger les civils et laisser entrer l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, a-t-il encore demandé.  Les Palestiniens doivent pouvoir se déplacer librement à Gaza, a exhorté le délégué.

Le représentant du Venezuela, au nom du Groupe des Amis pour la défense de la Charte des Nations Unies, a déploré la « défiance » qui prévaut au sein de la communauté internationale.  Il a fustigé ces pays qui veulent préserver un ordre unipolaire et imposer leurs propres règles, sapant celles de l’ONU.  Il a aussi appelé à des efforts accrus pour revitaliser l’architecture sécuritaire internationale, qui est en voie d’effondrement. Celle-ci doit être juste et fiable et s’articuler autour d’un concept protégeant la sécurité de tous, a-t-il souhaité.  Enfin, il a demandé la levée des sanctions qui visent les pays en développement et le respect de la souveraineté des pays.  Le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays doit rester premier, a-t-il souligné. 

La représentante du Bélarus a affirmé que la communauté mondiale traversait la crise la plus profonde de l’histoire des relations internationales, crise provoquée par un niveau sans précédent de confrontation géopolitique, de méfiance et de concurrence hostile. Saluant les mesures rapides prises par l’ONU dans les domaines sanitaire, humanitaire et socioéconomique, ainsi que ses efforts pour mobiliser 500 milliards de dollars d’investissements en réponse à la crise financière mondiale, elle a en revanche critiqué l’ONU pour son travail insuffisant s’agissant de contrer les mesures coercitives unilatérales illégales appliquées par certains pays, y compris dans le contexte d’une concurrence déloyale. 

Elle a estimé important de préserver la « valeur exceptionnelle de l’ONU » en tant que plateforme d’échange de vues, de meilleures pratiques et de préparation de recommandations sur des sujets juridiques cruciaux contribuant à la codification du droit international.  La déléguée a enfin noté les efforts déployés par l’Organisation dans le cadre des négociations multilatérales visant à parvenir à un désarmement général et complet.  Les travaux visant à renforcer les normes mondiales interdisant l’emploi d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive, ainsi qu’à promouvoir la réglementation et la limitation des armes classiques, restent parmi les principaux objectifs de l’Organisation, a-t-elle estimé.

Pour le représentant du Pakistan, les menaces à la paix et à la sécurité émanent de violations de la Charte des Nations Unies et des rivalités entre grandes puissances.  L’instabilité sécuritaire est exacerbée par la pauvreté croissante, les changements climatiques, l’injustice, les inégalités, la haine, l’intolérance, la xénophobie et l’islamophobie.  Ces défis ne peuvent être résolus que par le biais de la coopération multilatérale dans le cadre des Nations Unies.  Le délégué a prié l’ONU de résoudre le conflit dans le Jammu-et-Cachemire avec les pouvoirs conférés au Secrétaire général par l’Article 99 de la Charte des Nations Unies.  Il a aussi souhaité que le Conseil de sécurité joue davantage son rôle pour résoudre les nombreux conflits dans le monde.  Pour cela, il doit être plus représentatif, plus démocratique, plus transparent, plus efficace et plus responsable.

Le représentant de l’Afrique du Sud a distingué, parmi les défis sans précédent lancés au système international, ce que la Cour internationale de Justice (CIJ) qualifie d’actes plausibles de génocide en cours à Gaza.  Il s’est dit préoccupé par l’incapacité persistante du Conseil de sécurité à agir pour promouvoir la paix, et permettre que l’aide soit acheminée à ceux qui souffrent de ces attaques incessantes contre leur existence. 

Il a estimé que la capacité de l’ONU à répondre aux menaces que représentent les changements climatiques, les armes nucléaires et les pandémies dépend du respect des engagements passés, mais aussi de l’ambition de la vision et des actions requises pour un monde meilleur.  Il a également appelé à s’inspirer du Nouvel Agenda pour la paix pour appuyer la prévention des conflits et la consolidation de la paix, en définissant un rôle clair pour les Nations Unies, les bons offices du Secrétaire général, ainsi que les organisations régionales, comme l’Union africaine.  Nous devons également réaffirmer notre engagement à créer des synergies entre les priorités de l’Agenda 2063 de l’Afrique et le Programme 2030, a-t-il ajouté. 

Poursuivant, le délégué s’est inquiété de l’impact de la crise de liquidité sur la capacité de l’ONU à honorer ses mandats, avant d’exhorter l’ensemble des États Membres à s’acquitter pleinement de leurs obligations financières envers l’Organisation, dans les délais et sans conditions.  Il a par ailleurs appelé à redoubler d’efforts pour renforcer la participation pleine, égale et significative des femmes à la prise de décisions, en particulier dans les processus de paix et politiques.  En outre, il reste encore beaucoup à faire pour rendre le financement de la consolidation de la paix plus durable et plus prévisible. 

Le représentant de la Malaisie a plaidé pour l’édification d’un État palestinien indépendant et salué le rôle indispensable joué par la Cour internationale de Justice (CIJ).  Il a salué la récente décision rendue par cette dernière dans l’affaire portée devant elle par l’Afrique du Sud contre Israël.  Il a insisté sur la nécessité de réformer le Conseil de sécurité et de revitaliser le travail de l’Assemblée.  Le Secrétariat de l’ONU doit se voir accorder les ressources adéquates, a-t-il dit, en rappelant que son pays est à jour de ses contributions au budget de l’Organisation. Enfin, évoquant le Sommet de l’avenir, il a appelé à revitaliser le multilatéralisme et à renforcer la gouvernance mondiale. 

Le représentant de Cuba a regretté que le rapport du Secrétaire général ne traite pas de la guerre à Gaza où Israël commet un génocide tuant plus de 26 000 Palestiniens et du personnel de l’ONU. Les Nations Unies doivent exiger la redevabilité d’Israël dans ce conflit si elles veulent préserver leur crédibilité.  Il a appelé à renforcer le rôle de l’Assemblée générale dans le cadre de la réforme du système des Nations Unies.  Il a ensuite regretté l’absence de la question des droits humains dans le rapport d’activité de l’ONU, accusant certains pays de sélectivité contre certains pays du Sud.  Il faut par ailleurs clouer au pilori les délégations qui ne paient pas leurs obligations statutaires au budget ordinaire de l’ONU, a exigé le délégué.

Le représentant de l’Angola a jugé nécessaire pour l’ONU de continuer à travailler avec les partenaires régionaux, notamment l’Union africaine, insistant en outre sur l’importance de mobiliser des investissements afin d’atténuer les conditions difficiles d’accès aux marchés pour les pays en développement. Il a préconisé une approche plus inclusive et complémentaire des principales questions qui seront l’objet du prochain Sommet de l’avenir.  Le pacte numérique mondial devrait quant à lui prioriser le développement, et contribuer à la réalisation rapide des ODD, en tenant compte des priorités et besoins des pays en développement s’agissant des nouvelles technologies.  Le délégué angolais a aussi appelé à une réforme en profondeur du système des Nations Unies et de son Conseil de sécurité, réclamant l’octroi d’un siège de membre permanent à l’Afrique. 

Le représentant du Myanmar a rappelé que le coup d’État militaire de février 2020 a plongé dans la pauvreté la moitié de la population.  Il a dénoncé la violence de la junte militaire qui, a-t-il ajouté, n’a pas réussi à réconcilier les populations.  Il faut sauver ces populations, mettre un terme au joug des militaires et créer une union démocratique et fédérale du Myanmar, a-t-il plaidé.  Le délégué a espéré que les activités de l’équipe de pays des Nations Unies au Myanmar figureront dans le prochain rapport d’activité de l’ONU.

Alors que s’annonce une année 2024 « complexe », le représentant de la Croatie a estimé que le succès de l’obtention des contributions statutaires pour le Fonds pour la consolidation de la paix donne des raisons d’être « prudemment optimiste ». 

Il a souligné que seuls un « multilatéralisme en réseau » et la solidarité permettront d’obtenir des résultats justes et tangibles pour tous.  Le délégué a également invité la Commission de consolidation de la paix à mettre davantage l’accent sur la prévention des conflits; à se concentrer sur l’universalité de la paix, en la reliant aux stratégies nationales de prévention; ainsi qu’à s’engager dans des activités de prévention opérationnelle, par le biais de missions à faible empreinte de carbone visant à faciliter la transition du maintien de la paix à la consolidation de la paix.

HOMMAGE À LA MÉMOIRE DE SON EXCELLENCE HAGE GOTTFRIED GEINGOB, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE NAMIBIE

L’Assemblée a rendu un hommage solennel au Président de la Namibie, Hage Gottfried Geingob, décédé le 4 février, « un homme dont le leadership était admiré partout sur le continent africain », comme l’a rappelé le Président de l’Assemblée.  Ce dernier a salué la profonde croyance de Hage Geingob dans les vertus du dialogue, de la justice et du multilatéralisme. 

« C’était un homme qui en imposait, tout en arrivant à nouer des liens avec toutes les personnes qu’il rencontrait », a appuyé le Secrétaire général, en rappelant l’image de Hage Geingob baisant le sol à son retour en Namibie après des années d’exil.  Il a insisté sur son rôle éminent dans la lutte contre l’apartheid et pour l’élaboration de la Constitution de son pays.  « C’est une icône de la libération. »  

Honorons les valeurs qu’il défendait en combattant le racisme et l’injustice, a déclaré le Secrétaire général.  Le Botswana, au nom du Groupe des États d’Afrique, a souligné la richesse du legs laissé par Hage Geingob qui a incarné la Namibie, « le pays des courageux ». Nous devons honorer sa mémoire en défendant le multilatéralisme, a dit la délégation, appuyée par les Émirats arabes unis qui, au nom du Groupe Asie-Pacifique, a loué son empreinte indélébile sur la scène internationale. 

Son rôle dans la libération de son pays « des chaînes du colonialisme et de l’apartheid » a également été salué par les États-Unis, intervenant en tant que pays hôte de l’ONU. « C’était un combattant de la liberté et une icône africaine. » Enfin, la délégation de la Namibie a rappelé les idéaux portés par Hage Geingob, troisième Président de son pays.  Il s’est toujours battu pour la reconnaissance du peuple namibien, a dit la délégation, en soulignant son engagement pour la justice et l’unité de la Namibie. 

DÉCISIONS SUR LES PROJETS DE DÉCISION (A/78/L.36/REV.1 ET A/78/L.40)

Le projet de décision A/78/L.36/Rev.1, intitulé « Accord au Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes d’une autorisation concernant l’hébergement du secrétariat du Réseau de Santiago pour la prévention, la réduction et la prise en compte des pertes et préjudices liés aux effets néfastes des changements climatiques » a été adopté par consensus. 

Avec cette décision, l’Assemblée générale autorise le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes à conclure, avec la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris, un mémorandum d’accord sur l’hébergement du secrétariat du Réseau de Santiago susmentionné. 

Le projet de décision A/78/L.40, intitulé « Participation d’organisations non gouvernementales, d’organisations de la société civile, d’établissements universitaires et du secteur privé à la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral », a lui aussi été adopté par consensus. 

Par ce texte, l’Assemblée générale a décidé d’approuver la participation à cette conférence, ainsi qu’à ses travaux préparatoires, des organisations non gouvernementales, des organisations de la société civile, des établissements universitaires et des entités du secteur privé, au nombre de 51, dont la liste est annexée à la décision. 

La troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral se tiendra dans la capitale du Rwanda, Kigali, du 18 au 21 juin 2024. 

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