En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/21952

Au Conseil de sécurité, le Secrétaire général rappelle l’action collective menée par les Nations Unies pour atténuer l’impact du conflit ukrainien sur les populations

On trouvera, ci-après, le texte de l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, prononcée lors du débat public du Conseil de sécurité consacré à la défense des buts et principes inscrits dans la Charte des Nations Unies au moyen d’un multilatéralisme efficace: maintien de la paix et de la sécurité de l’Ukraine, à New York, aujourd’hui:

La Charte des Nations Unies représente notre feuille de route pour parvenir à un monde plus pacifique.

Les outils et les mécanismes fondés sur les principes de la Charte offrent des moyens pratiques de régler les conflits.

Ensemble, nos efforts collectifs au fil des ans ont contribué à prévenir la guerre à l’échelle mondiale et à sauver des millions de vies, grâce au rétablissement de la paix et à la diplomatie préventive, aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, aux efforts de désarmement et de non‑prolifération, aux programmes humanitaires et de développement, et aux activités de promotion des droits humains.

Cette semaine, le Sommet sur les Objectifs de développement durable a adopté un plan de sauvetage pour les ODD – objectifs qui constituent un outil essentiel pour prévenir les conflits et les crises de toutes sortes. 

Le multilatéralisme fonctionne.  Il est essentiel et efficace.

Mais les outils et mécanismes multilatéraux s’affaiblissent.  Face à la montée des tensions et des défis géopolitiques, certains cadres multilatéraux échouent, tandis que d’autres – dont on a besoin de toute urgence – n’existent pas encore. 

Le nombre de décès liés aux conflits a presque doublé l’année dernière.  Les opérations de paix des Nations unies sont soumises à une pression sans précédent.  Le désarmement nucléaire est à l’arrêt.  Et il n’existe aucun cadre mondial adéquat pour faire face aux menaces que les nouvelles technologies font peser sur la sécurité.

J’exhorte les États à aller plus loin et à faire mieux pour renouveler leur engagement vis-à-vis des obligations de la Charte des Nations unies; à utiliser l’ensemble des outils diplomatiques qu’elle met à leur disposition; à donner la priorité à la prévention des conflits et des crises; et à tenir compte des propositions de nouveaux cadres et outils présentées dans le Nouvel agenda pour la paix. 

L’invasion de l’Ukraine par la Russie, en violation flagrante de la Charte des Nations Unies et du droit international, accentue les tensions et les divisions géopolitiques, met en péril la stabilité régionale, accroît la menace nucléaire et creuse de profondes fissures dans notre monde de plus en plus multipolaire.

Tout cela intervient à un moment où la coopération et la recherche de compromis en faveur de solutions multilatérales sont plus que jamais nécessaires pour relever les défis qui nous sont posés, de la crise climatique aux niveaux d’inégalité sans précédent en passant par les technologies de rupture.

Les organes des Nations unies ont condamné la guerre de manière on ne peut plus claire. 

L’Assemblée générale a approuvé à une grande majorité une résolution exigeant que la Russie quitte l’Ukraine, et une autre rejetant les efforts de la Russie pour annexer le territoire ukrainien.

Maintes et maintes fois, j’ai appelé à une paix juste et durable en Ukraine, conforme à la Charte et au droit international – pour l’Ukraine, pour la Russie et pour le monde entier.

L’invasion russe a été suivie d’attaques systématiques et incessantes contre les civils et les infrastructures et services civils, y compris les installations sanitaires et scolaires.

La guerre a fait des dizaines de morts et de blessés parmi les civils, détruit des vies et des moyens de subsistance, traumatisé une génération d’enfants, déchiré des familles et des communautés, dévasté l’économie et transformé de vastes étendues de terres agricoles en champs de mines mortels.

Les attaques contre les civils et les infrastructures civiles doivent cesser immédiatement.

Près de la moitié de la population ukrainienne, soit quelque 18 millions de personnes, a besoin d’aide humanitaire et de protection.  Plus de 6 millions d’Ukrainiennes et d’Ukrainiens ont dû fuir le pays.

Les Nations unies ont collectivement œuvré pour atténuer l’impact sur les populations, tant en Ukraine que dans le reste du monde, et pour soutenir les civils.

Nos programmes humanitaires se sont intensifiés: une aide a été distribuée à plus de 8 millions de personnes cette année en partenariat avec plus de 450 organisations humanitaires, dont la moitié sont ukrainiennes.

L’Agence internationale de l’énergie atomique a établi une présence à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia et sur d’autres sites nucléaires ukrainiens importants afin de contrôler la sûreté, la sécurité et le respect des garanties.

Avec le Comité international de la Croix-Rouge, nous avons organisé avec succès l’évacuation des civils de l’aciérie Azovstal à Mariupol l’année dernière.

Les agences des Nations Unies ont recueilli des preuves de violations choquantes et généralisées des droits humains, notamment de violences sexuelles liées au conflit, de détentions arbitraires, d’exécutions sommaires – qui sont principalement le fait de la Fédération de Russie – et de transferts forcés de civils ukrainiens, y compris d’enfants, vers un territoire sous contrôle russe ou vers la Fédération de Russie.  Ce travail de collecte de preuves est indispensable pour établir les responsabilités.

Il est essentiel que tous les auteurs de violations des droits humains répondent de leurs actes, conformément aux règles et aux normes internationales.

La guerre a alimenté une flambée sans précédent des prix alimentaires mondiaux, menaçant des millions de personnes de famine et de pauvreté.

À partir de juillet 2022, nous avons réussi à atténuer cette situation grâce à l’Initiative de la mer Noire et au Mémorandum d’accord entre l’ONU et la Fédération de Russie. 

Au cours de leur année de mise en œuvre, l’Initiative de la mer Noire ainsi que le Mémorandum d’accord visant à faciliter l’exportation des produits alimentaires et engrais russes ont contribué à réduire les prix des denrées alimentaires de plus de 23% par rapport au niveau record atteint en mars de l’année dernière.

Grâce à l’Initiative, il a été possible d’exporter près de 33 millions de tonnes de céréales et de denrées alimentaires, et le Programme alimentaire mondial a pu transporter 725 000 tonnes de blé destinées à l’aide humanitaire dans des pays comme l’Afghanistan et la Somalie.

Dans le cadre du Mémorandum d’accord, l’ONU a réalisé des avancées dans plusieurs des domaines les plus difficiles de la facilitation du commerce de produits alimentaires et d’engrais russes, tout poursuivant le travail sur les questions restantes.

Nous regrettons profondément que la Russie ait mis un terme à sa participation à l’Initiative de la mer Noire en juillet de cette année.

Et qu’aussitôt après cette décision, la Russie ait bombardé des ports ukrainiens et des installations de stockage de céréales sur la mer Noire et le Danube.

Les attaques contre les ports et les greniers à céréales sont inacceptables. 

Ces agissements doivent cesser.

La navigation civile en mer Noire a été mise en danger.

Une nouvelle escalade pourrait immédiatement ébranler les marchés et déstabiliser la région.

L’instabilité et l’incertitude sont revenues sur les marchés internationaux des céréales, tandis que les stocks issus de la récolte en Ukraine s’accumulent.

Les bombardements compromettent également nos efforts dans la mise en œuvre du Mémorandum d’accord conclu avec la Fédération de Russie.

Ces actes ont conduit nombre des acteurs concernés, notamment dans le secteur privé, à se demander s’il existe un intérêt réel à reprendre sa participation à l’Initiative de la mer Noire.

Nous maintenons le dialogue avec toutes les parties pour garantir la sécurité de l’exportation des céréales et des engrais en provenance de Russie et d’Ukraine.  Ce dialogue doit reposer sur une base stable, sans la menace répétée d’une suspension.

Je remercie le Gouvernement de la Türkiye de ses contributions et j’invite tous les États Membres à nous soutenir dans nos efforts.

L’ONU continue d’œuvrer en faveur d’une paix juste et durable en Ukraine, conforme à la Charte des Nations Unies, au droit international et aux résolutions de l’Assemblée générale.

J’exhorte tous les pays de faire leur part pour éviter une nouvelle escalade et jeter les bases d’une paix durable.

Nous sommes pleinement attachés à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues.

Cette guerre a déjà provoqué des souffrances sans limites.  Sa poursuite risque d’entraîner une nouvelle escalade périlleuse.

Il n’y a jamais d’autre voie que celle du dialogue, de la diplomatie et d’une paix juste.

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