Semaine de haut niveau de l’Assemblée générale: le Secrétaire général appelle les dirigeants du monde au compromis pour sortir l’humanité du « pétrin »
Aujourd’hui, à une semaine du débat de haut niveau à l’Assemblée générale, le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, a donné, au Siège de l’Organisation des Nations Unies à New York, une conférence de presse pendant laquelle il a exhorté les dirigeants du monde à rechercher le compromis pour relever les défis considérables auxquels l’humanité est confrontée car « les peuples du monde attendent de leurs dirigeants qu’ils les sortent de ce pétrin ». Le Secrétaire général a annoncé la venue du Président ukrainien et s’est dit convaincu d’une « percée » dans la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
M. Guterres a ouvert sa conférence de presse en rendant hommage aux victimes des inondations en Libye et du tremblement de terre au Maroc et en soulignant la mobilisation du système de l’ONU en appui aux efforts de secours. Il a ensuite mentionné sa participation au dernier sommet du G20 en Inde et sa rencontre prévue demain à La Havane, à Cuba, avec les dirigeants du Groupe des 77 et la Chine.
Mais dans une semaine commencera le « G-193 », le plus important de tous, pendant la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale. C’est un moment sans pareil où les dirigeants du monde entier évaluent non seulement l’état du monde, mais agissent aussi pour l’intérêt commun, a expliqué le Secrétaire général. C’est d’une action dont le monde a besoin maintenant. Le Secrétaire général a rappelé les défis pressants que l’humanité doit relever tels que l’urgence climatique, l’escalade des conflits, la crise du coût de la vie, les inégalités croissantes et les bouleversements technologiques. Il a regretté que la capacité de réponse soit entravée par les divisions géopolitiques.
Le Secrétaire général a constaté que l’émergence d’un monde multipolaire peut être un facteur d’équilibre mais aussi de tensions, de fragmentation voire pire. Nous avons besoin, a-t-il dit, d’institutions multilatérales fortes et réformées, ancrées dans la Charte des Nations Unies et le droit international. Il a rappelé que les institutions actuelles reflètent les dynamiques de l’époque où elles ont été créées, à savoir après la Seconde Guerre mondiale. Je sais qu’une telle réforme est une question de pouvoir et qu’il y a des intérêts concurrents, a-t-il admis. Mais il a mis en garde contre un « jeu à somme nulle » qui ne ferait que des perdants.
Le Secrétaire général s’est félicité de ce que les feux des projecteurs seront braqués, la semaine prochaine, sur les ODD, avec le sommet organisé les 18 et 19 septembre. Des questions cruciales seront abordées, telles que le renforcement des ambitions face à la crise climatique ou encore le financement du développement, a-t-il déclaré. Mon appel aux dirigeants du monde sera des plus clairs: le moment n’est pas aux postures, à l’indifférence ou à l’indécision, le temps est venu de s’unir autour de solutions concrètes et du compromis.
La politique c’est le compromis, la diplomatie c’est le compromis, un leadership efficace repose sur le compromis, a-t-il martelé, en pointant la responsabilité éminente des dirigeants du monde dans la garantie d’un avenir et d’un bien communs. La semaine prochaine, New York sera le bon endroit pour commencer, a estimé le Secrétaire général qui a ensuite abordé les situations les plus pressantes, à commencer par la guerre en Ukraine. Il a précisé qu’il rencontrera la semaine prochaine, en réunions bilatérales, le Président ukrainien, le Président turc et le Ministre russe des affaires étrangères.
Au menu de nos discussions, figurera notamment l’Initiative de la mer Noire, a confié M. Guterres, en souhaitant sa reprise, condamnant toute action susceptible de compromettre la sécurité alimentaire mondiale, ainsi que les attaques contre les navires transportant des céréales en mer Noire. Il a plaidé pour la paix, le conflit en Ukraine étant un facteur majeur d’aggravation des tensions. S’il s’attend à « des discussions approfondies » sur l’Ukraine, c’est sur la réalisation des ODD que le Secrétaire général a dit escompter des « bonds de géant ».
« Ce sera mon objectif le plus important de la semaine. » Dans ce droit fil, il s’est félicité de ce que le G20 se soit montré favorable à l’idée d’un « stimulus » en faveur du financement des ODD. Il est capital de répondre aux problèmes financiers au profit des pays en développement, a-t-il insisté, en saluant l’accent mis par la présidence indienne du G20 sur ce dossier. Sur la question connexe des changements climatiques, le Secrétaire général est revenu sur leurs conséquences dévastatrices, estimant néanmoins qu’il n’est pas encore trop tard pour agir.
M. Guterres a souligné la nécessité d’une économie, d’un commerce et d’un Internet véritablement mondiaux, ce qui permettrait d’éviter 7 000 milliards de dollars de pertes. Nous devons avoir un esprit de compromis car la grande fracture économique entre les pays n’est pas irréversible. Le Secrétaire général a aussi tenu à souligner le rôle crucial du Groupe des 77 et la Chine pour apporter les changements nécessaires à l’ordre économique et financier international.
S’agissant de la République populaire démocratique de Corée, il a appelé à l’application des résolutions pertinentes du Conseil. Toute forme de coopération militaire doit respecter le régime des sanctions imposé à ce pays, a-t-il déclaré. Il a précisé que la question palestinienne fera l’objet d’une réunion organisée lundi par l’Union européenne et plusieurs pays arabes. S’inspirant de l’exemple de Gandhi, M. Guterres a souligné que la violence n’est pas le meilleur moyen pour les Palestiniens d’atteindre leurs objectifs, et a dûment condamné les tentatives de saper la solution des deux États.