En cours au Siège de l'ONU

Soixante-septième session,
15e séance plénière - matin
FEM/2228

La Commission de la condition de la femme conclut sa discussion générale sur les appels à l’action des ONG pour assurer l’égalité des sexes à l’ère numérique

La discussion générale de la Commission de la condition de la femme a pris fin, ce matin, sur les appels répétés à l’action des ONG soucieuses de donner vie aux aspirations des femmes et des filles à l’autonomisation et à l’égalité des sexes à l’ère du numérique. 

Parmi les jeunes qui se sont exprimés « haut et fort » aujourd’hui sur les questions à l’ordre du jour de la Commission, la World Association of Girl Guides and Girl Scouts a appelé à l’action pour parvenir à l’équité entre les sexes, en s’appuyant sur un sondage réalisé dans plus de 70 pays qui révèle que 66% des filles et des femmes ont été exposées à des contenus sexuels ou violents pour adultes en ligne qui les ont mises mal à l’aise.  La délégation a donc demandé, comme International Planned Parenthood Federation, Western Hemisphere Region, de resserrer l’application des lois afin d’établir un cadre juridique permettant de lutter contre la violence en ligne à leur encontre. 

« Les droits humains qui sont protégés hors ligne doivent également l’être en ligne », a renchéri Soroptimist International, en demandant des garanties pour faire en sorte que les femmes et les filles puissent accéder à Internet et aux plateformes numériques sans craindre les abus, le harcèlement, l’exploitation et la violence. 

Après avoir appelé les États Membres à améliorer d’ici à 2030 l’accès à Internet et aux technologies de l’information, en comblant le fossé qui existe entre les régions urbaines et rurales, notamment au sein des communautés autochtones, l’organisation Young Diplomats of Canada a demandé l’adoption de normes mondiales pour régir les biais algorithmiques ainsi que l’élaboration de politiques destinées à lutter contre la cyberintimidation et la violence sexiste en ligne. 

Un appel entendu par l’International Transport Workers’ Federation qui a demandé la réglementation de la technologie numérique, assortie d’une gouvernance publique des données et des systèmes algorithmiques.  Si la technologie a le potentiel de stimuler la création d’emplois et d’améliorer les conditions de travail en luttant contre l’exclusion systémique sexiste, la fédération a également relevé que les postes les plus vulnérables à l’automatisation sont occupés de manière disproportionnée par des femmes, qui doivent donc développer les compétences technologiques nécessaires pour être redéployées dans de nouveaux secteurs. 

En Ukraine, où l’agression russe menace la sécurité de millions de femmes et de filles, la destruction « incessante » du réseau énergétique, des infrastructures civiles et de la technologie compromet gravement l’accès des femmes et des filles à l’éducation et à la technologie, a déploré la World Federation of Ukrainian Women’s Organizations

À l’instar des États-Unis, le British Columbia Council for International Cooperation s’est particulièrement inquiété de la situation des filles en Afghanistan, « seul pays de la planète à avoir la terrible distinction de refuser aux femmes et aux filles leur droit à l’apprentissage en tant que politique », en appelant au soutien aux écoles alternatives et au renforcement du plaidoyer en faveur du droit à l’éducation des filles déplacées. 

Pendant ce temps, en Iran, les femmes continuent selon l’Afraz Cultural Association de subir « une vaste discrimination » dans la réalisation de leurs droits humains, situation intolérable qui nourrit la lutte civile des Iraniens pour la défense de leurs droits, avec l’appui d’autres nations en termes d’accès aux nouvelles technologies et aux médias sociaux. 

Women Engage for A Common Future, de Géorgie, a noté pour sa part des lacunes dans le traitement de l’égalité des sexes avec une approche intersectionnelle, notamment en ce qui concerne les droits des personnes LGBTQIA+, en s’inquiétant de la montée du populisme qui s’accompagne de la manipulation de l’opinion publique sur les questions liées au genre et à l’identité LGBTQI. 

Soulignant que l’inclusion numérique est fondamentale pour l’inclusion sociale, HelpAge International a dénoncé de son côté les stéréotypes et préjugés sur la capacité et la volonté des femmes âgées à utiliser les technologies numériques, notant que nombre d’entre elles sont capables et désireuses d’acquérir des compétences numériques. 

Même son de cloche du côté de Women With Disabilities Australia qui, déplorant que la technologie féministe et les espaces en ligne conçus pour soutenir et renforcer les femmes excluent souvent les femmes handicapées en matière d’accès, a demandé à la Commission de mettre sur pied un groupe de travail permanent sur la technologie et le handicap. 

 Nous devons mettre l’accent sur ceux qui sont issus de communautés historiquement exclues, marginalisées et vulnérables, et qui sont confrontés à des formes multiples et croisées de discrimination, a fait valoir la Youth Coalition for Sexual and Reproductive Rights, avant de mettre en garde contre l’adoption par la Commission de conclusions concertées qui ne reflèteraient pas les droits et les priorités des jeunes, tels que la « décolonisation et la démocratisation du numérique ». 

Dans ses remarques de clôture, la Présidente de la Commission, Mme Mathu Joyini, de l’Afrique Sud, a d’ailleurs espéré que les débats se traduisent par des conclusions agréées « ambitieuses » permettant d’améliorer le statut des femmes et des filles, remerciant dans la foulée les 229 orateurs issus de la société civile, des États Membres et des institutions des Nations Unies qui ont pris la parole au cours des huit séances de la discussion générale d’avoir parlé « d’une seule voix ». 

La Commission de la condition de la femme se réunira de nouveau demain, jeudi 16 mars, à partir de 10 heures. 

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Réalisation des objectifs stratégiques, mesures à prendre dans les domaines critiques et autres mesures et initiatives E/CN.6/2023/3, E/CN.6/2023/4, E/CN.6/2023/5)

Thème prioritaire: innovation et évolution technologique, et éducation à l’ère du numérique aux fins de la réalisation de l’égalité des sexes et de l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles

Questions nouvelles, tendances, domaines d’intervention et approches novatrices des questions ayant une incidence sur la situation des femmes, notamment sur l’égalité entre femmes et hommes

Prise en compte des questions de genre, situations et questions intéressant les programmes (E/CN.6/2023/2, E/CN.6/2023/7, E/CN.6/2023/10)

Suite et fin de la discussion générale

Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis) a dénoncé les récentes attaques perpétrées par les Taliban contre les filles et les femmes d’Afghanistan, où elles se sont vu refuser l’accès à l’éducation après avoir été bannies des écoles et des universités.  En Ukraine, les femmes sont confrontées à des violences sexuelles et sexistes dans la foulée de l’agression russe.  Et en Iran, les femmes sont prises pour cible par les forces de sécurité au motif qu’elles revendiquent leurs droits.  Ailleurs, 8 femmes sur 10 ont fait l’objet de harcèlement ou d’intimidation en ligne, a ajouté la représentante, en espérant que le thème de cette année de la Commission contribuera à changer la donne.  Si les outils numériques peuvent être des facteurs d’autonomisation des filles et des femmes, nous devons cependant continuer de faciliter leur accès à des services de contraception de qualité.  Les femmes doivent pouvoir faire leurs propres choix en matière de contraception, a insisté la déléguée, en déplorant les récentes restrictions à l’avortement imposées dans son propre pays.  Elle a ensuite indiqué que les États-Unis ont lancé des enquêtes pour lutter contre la violence sexuelle et sexiste et que son gouvernement compte également présenter, cette année, un premier plan de lutte contre la violence sexuelle et sexiste. 

Mme INÈS NEFER BERTILLE INGANI, Ministre de la promotion de la femme, de l’intégration de la femme au développement et de l’économie informelle de la République du Congo, a présenté les récentes avancées de son pays en matière de recherche scientifique, qui visent à accroître la participation des femmes aux métiers du numérique et aux STIM. La stratégie sectorielle de 2021-2030 a pour but d’accroître l’accès des filles et des femmes à une éducation de base de qualité et à développer leurs compétences professionnelles, a-t-elle indiqué.  Le Gouvernement congolais compte par ailleurs favoriser l’accès des femmes et des filles à l’innovation technologique en débloquant des ressources additionnelles.

M. MOUSSA MOHAMED MOUSSA (Djibouti) a passé en revue les efforts déployés par son gouvernement pour promouvoir l’égalité des genres dans le développement et l’utilisation des technologies numériques, indiquant que celui-ci agit de concert avec les secteurs privé et associatif et les milieux académiques, pour éliminer les barrières qui empêchent les femmes d’accéder aux STIM. De plus, a-t-il ajouté, les entreprises sont encouragées à recruter des femmes dans les postes techniques et de leadership et à promouvoir des environnements de travail inclusif et équitable.  En outre, conscient des effets pervers que des technologies non maîtrisées peuvent avoir, Djibouti veille à ce que les technologies numériques ne reproduisent pas les biais de genre existant, ce qui suppose, a-t-il indiqué, d’éliminer les algorithmes et les technologies qui perpétuent les sténotypes de genre et les inégalités.

Mme MAIMUNAH MOHD SHARIF, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains, ONU-Habitat, Nairobi, a indiqué que l’agence travaille avec les gouvernements locaux et nationaux pour appuyer la numérisation des villes et des services urbains en plaçant les femmes et les filles au centre de leur action.  Cela signifie, a-t-il expliqué, qu’il faut veiller à ce que les technologies déployées dans et par les villes soient fondées sur les besoins et les droits de tous leurs habitants.  Il s’agit également de favoriser l’accès de toutes les femmes et filles à une participation effective à la prise de décisions au niveau de la ville, en mettant l’accent sur celles qui risquent le plus d’être laissées pour compte, a fait valoir l’intervenante qui s’est dite convaincue que les villes et les technologies de la ville numérique développées avec et pour les femmes et les filles se traduisent par de meilleures villes pour tout le monde.  ONU-Habitat promeut également des stratégies de gouvernance à plusieurs niveaux pour soutenir la capacité à développer, acheter et utiliser efficacement les technologies numériques d’une manière éthique, inclusive et durable.

La représentante de International Planned Parenthood Federation, Western Hemisphere Region a appelé à garantir la jouissance de la santé et des droits sexuels et reproductifs pour toutes les femmes, les adolescents et les filles, ainsi que pour les personnes de genre différent, y compris leur droit à l’autonomie et à l’intégrité corporelles.  Elle a également plaidé en faveur de l’adoption et du renforcement des législations sur la violence fondée sur le genre en ciblant spécifiquement le harcèlement et la violence en ligne afin de protéger l’intégrité des défenseurs des droits humains des femmes, des filles et des personnes LGBTQI.  Il s’agit de reconnaître l’accès à Internet comme un droit humain, a-t-elle appuyé.  L’intervenante a également appelé à investir dans des environnements plus favorables et à surmonter les obstacles qui entravent la participation des femmes à la conception, à la mise en œuvre, au suivi et à l’utilisation de données. 

La déléguée de Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU) a fait part de la détermination du Mouvement municipal féministe mondial à continuer d’agir pour lutter contre les inégalités systémiques et s’assurer que personne et aucun endroit ne soit laissé pour compte, à la fois en ligne et hors ligne.  Les collectivités locales et régionales ont travaillé dur pour mettre en œuvre des principes centrés sur l’utilisateur pour assurer la fourniture de services publics numériques, notamment en facilitant l’accès à la technologie, en adoptant des marchés publics durables et inclusifs, en augmentant l’accessibilité des services en ligne et même en établissant des registres d’intelligence artificielle pour une utilisation responsable et transparente de l’IA.  Elle a noté que la participation active et le leadership des femmes et de divers groupes sont fondamentaux pour combler le fossé numérique et a souligné l’importance de la collecte de données sensibles au genre pour parvenir à une conception accessible et sûre de l’espace public.

La représentante de Women Engage for A Common Future a reconnu que malgré des progrès notables, des écarts entre les sexes subsistent dans la législation et les politiques de la Géorgie, notamment en termes de rémunération, de congé parental, de programmes pour les femmes migrantes et de la participation des filles aux STIM. Il existe en outre des lacunes dans le traitement de l’égalité des sexes avec une approche intersectionnelle, notamment en ce qui concerne les droits des personnes LGBTQIA+, qui constituent l’un des groupes les plus exposés à la violence sexiste.  La déléguée s’est inquiétée de la désinformation et de la mésinformation sur le genre alimentées par la propagande de guerre russe, y voyant une menace à l’égalité des sexes, la démocratie et à la sécurité nationale.  La montée du populisme en Géorgie s’accompagne de la manipulation de l’opinion publique sur les questions liées au genre et à l’identité LGBTQIA+, a dénoncé la représentante, en citant le récent projet de loi d’inspiration russe du Parlement géorgien sur les « agents étrangers ».

Mme JOHANNA VEIT, de World Association of Girl Guides and Girl Scouts, a appelé à l’action pour parvenir à l’égalité et à l’équité entre les sexes à l’ère numérique.  Un sondage réalisé par l’association auprès de plus de 1 000 filles et jeunes femmes de plus de 70 pays révèle que 66% d’entre elles ont été exposées en ligne à des contenus sexuels ou violents pour adultes qui les ont mises mal à l’aise, et 45% ont reçu des messages sexuels importuns.  Elle a donc demandé que des actions concrètes soient entreprises pour que les filles et les femmes puissent « surfer sur la liberté » (#SheSurfsFreedom), en assurant l’avènement d’un monde numérique fondé sur l’égalité et l’équité.  À cette fin, elle a prôné une approche sensible au genre et intersectionnelle de l’innovation, de la technologie et de l’éducation numérique, qui se reflète dans les législations pertinentes.  Nous devons également établir un cadre juridique permettant de lutter contre la violence en ligne à l’égard des femmes et des filles en resserrant l’application de lois.  Afin de donner la priorité à la « confiance corporelle » des jeunes femmes, elle a demandé d’empêcher la commercialisation d’idéaux corporels inaccessibles et à accroître la diversité dans les médias. 

La déléguée de World Organization of the Scout Movement a fait valoir que les innovations technologiques numériques et l’éducation constituent une voie essentielle vers l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles, bien que des disparités subsistent.  Elle a demandé que les femmes soient incluses de façon significative dans la conception et la mise en œuvre du progrès numérique.  La déléguée a appelé à favoriser l’autonomisation des femmes par le biais de l’éducation transformatrice, et plus particulièrement de l’éducation informelle, en plaçant les jeunes au centre de celle-ci. 

La déléguée de Young Diplomats of Canada a appelé les États Membres à l’action pour parvenir à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes et des personnes de diverses identités de genre en améliorant l’accès à Internet et aux technologies de l’information d’ici à 2030 et en comblant le fossé qui existe entre les régions urbaines et rurales.  Elle a demandé un meilleur accès à Internet haute vitesse dans les communautés autochtones éloignées et a appelé à collecter des données sexospécifiques représentatives de la société afin d’éliminer les effets des données sexistes.  Dans cette optique, la déléguée a demandé l’adoption de normes mondiales pour régir les biais algorithmiques ainsi que l’élaboration de politiques destinées à lutter contre la cyberintimidation et la violence sexiste en ligne.

Mme JEEVIKA SHIV, de Youth Coalition for Sexual and Reproductive Rights, a indiqué qu’elle figure parmi les jeunes qui ont eu la chance de surmonter les obstacles liés aux visas et au financement, pour prendre part aux travaux de cette session sur une base volontaire, ajoutant que de nombreux défenseurs de la jeunesse se sentent ignorés et exclus.  Elle a refusé que les jeunes défenseurs se retrouvent avec des conclusions concertées qui ne « reflètent pas nos droits et nos besoins », espérant que les recommandations mondiales des jeunes et leurs priorités seront reflétées dans le texte.  Elle a également souhaité que les États Membres axeront le libellé sur les jeunes femmes, les filles et les personnes de genre divers, ainsi que leur participation aux processus de prise de décisions et leur accès à la santé et aux droits sexuels et reproductifs.   Nous devons mettre l’accent sur ceux qui sont issus de communautés historiquement exclues, marginalisées et vulnérables et qui sont confrontés à des formes multiples et croisées de discrimination, a-t-elle ajouté, avant d’exiger la « décolonisation et la démocratisation du numérique ». 

La représentante de Afraz Cultural Association a signalé que les Iraniennes subissent une vaste discrimination dans la réalisation de certains de leurs droits humains.  Elle a notamment dénoncé les empoisonnements à répétition dans les écoles de filles, qui a-t-elle dit, ont choqué les Iraniens.  La majorité de la société iranienne, en particulier la jeune génération, ne tolère pas ces discriminations et ne cessera de se mobiliser pour obtenir des droits égaux, a soutenu l’intervenante.  Elle s’est ensuite réjouie de l’appui d’autres nations, en particulier de l’aide à l’accès aux nouvelles technologies de la communication et aux médias sociaux, qui ont jeté, selon elle, les bases de la lutte civile des Iraniens. 

La déléguée du British Columbia Council for International Cooperation a exprimé son inquiétude face aux droits des femmes et des filles à accéder à l’éducation dans des contextes fragiles et de conflits.  Ne pas fournir cette éducation entraîne des conséquences désastreuses non seulement pour la réalisation de l’égalité des sexes, mais aussi pour le développement durable, la paix et la sécurité, et pour notre avenir collectif, a-t-il noté.  La moitié des enfants non scolarisés dans le monde, soit 222 millions, vivent dans des zones de conflit, avec pour conséquences des risques accrus de mariage précoce, d’exposition à la violence sexiste, de pauvreté et de mortalité infantile et maternelle.  Il s’est particulièrement inquiété de la situation des filles d’Afghanistan, « seul pays de la planète à avoir la terrible distinction de refuser aux femmes et aux filles leur droit à l’apprentissage en tant que politique ».  Parmi les mesures pratiques pouvant être prises pour redonner espoir aux filles afghanes forcées de quitter l’école, le délégué a cité le soutien aux écoles alternatives, le renforcement du plaidoyer pour le droit à l’éducation des femmes et les filles déplacées et des collaborations innovantes entre les gouvernements et le secteur de l’enseignement supérieur à l’échelle mondiale.

La représentante de Equality Now a appelé tous les États Membres à s’assurer que les femmes et les filles profitent pleinement des avantages d’une société numérisée grâce à l’adoption de droits numériques universels et féministes.  La technologie numérique et l’innovation offrent la possibilité de faire progresser l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles, a-t-elle reconnu.  Toutefois, l’étendue et l’ampleur de la connectivité à Internet, ainsi que la disponibilité de caméras à un prix abordable, favorisent la violence en ligne à des niveaux sans précédent dans le monde.  De même, l’intelligence artificielle (IA) et l’apprentissage automatique amplifient les stéréotypes et les préjugés qui alimentent la misogynie et les divisions raciales et religieuses.  L’intervenante a jugé discutable la manière dont les droits humains existants s’appliquent dans le domaine numérique et a recommandé une analyse complète des caractéristiques de l’expérience virtuelle.  

Reconnaissant que l’inclusion numérique est fondamentale pour l’inclusion sociale, la déléguée de HelpAge International a déploré que les femmes âgées, et en particulier celles en situation de handicap, n’ont pas un accès égal au monde numérique.  Elle a expliqué cette exclusion par un manque d’accès aux appareils numériques et à Internet, des ressources financières inadéquates et des compétences limitées en matière d’alphabétisme numérique.  Ces difficultés sont plus importantes pour les femmes âgées vivant dans des zones rurales ou isolées, a-t-elle ajouté, notant que la pandémie de COVID-19 a également mis en lumière cette fracture numérique. 

Elle a dénoncé les stéréotypes et préjugés sur la capacité et la volonté des femmes âgées à utiliser les technologies numériques, notant que nombre d’entre elles sont capables et désireuses d’acquérir des compétences numériques.  L’exclusion des femmes âgées de l’apprentissage tout au long de la vie est un déni de leur droit à l’éducation et empêche la réalisation d’autres droits, tels que le droit au travail, le droit de participer pleinement à la vie civique et politique, et le droit à la santé, a-t-elle constaté.  Elle a appelé à promouvoir une conception des services numériques adaptée aux personnes âgées en s’appuyant sur une collaboration intergénérationnelle. 

La représentante de International Disability and Development Consortium (IDDC) a informé que 18% des femmes sont en situation de handicap et font face à des inégalités et à des obstacles supplémentaires dans l’accès aux technologies et aux services qu’elles fournissent.  Selon elle, cette situation est due à des obstacles liés à l’accessibilité financière -en raison de revenus plus faibles et du coût supplémentaire du handicap- et de la disponibilité limitée d’appareils, de programmes et de sites Web accessibles.  Durant la pandémie de COVID-19, les technologies d’assistance n’ont souvent pas été incluses dans les réponses de santé publique, et les informations sur la manière d’éviter la transmission du virus n’étaient souvent pas accessibles dans les langues des signes nationales et dans d’autres formats, a-t-elle informé.  Elle a noté que les technologies d’assistance peuvent constituer un domaine d’innovation essentiel pour les personnes handicapées.  Cependant, seule 1 personne sur 10 qui en a besoin y a accès.  Elle a ensuite appelé les États Membres à veiller à ce que les femmes et les filles en situation de handicap soient dûment incluses dans le thème prioritaire de la Commission. 

La déléguée de International Transport Workers’ Federation a relevé que la technologie peut présenter un risque pour certains emplois, et que les postes les plus vulnérables à l’automatisation sont occupés de manière disproportionnée par des femmes.  Toutefois, la technologie peut également stimuler la création d’emplois et améliorer les conditions de travail en luttant contre l’exclusion systémique sexiste.  Pour ce faire, les travailleuses doivent être pleinement formées à la technologie en vue de leur redéploiement dans de nouveaux emplois.  La déléguée s’est inquiétée des tendances actuelles à l’externalisation et à la sous-traitance, qui s’accompagnent souvent d’emplois informels et précaires, ainsi que de la pression croissante exercée sur les femmes, en particulier par le travail flexible abusif.  Pour changer cette situation, elle a demandé que la technologie soit réglementée, avec une gouvernance publique des données et des systèmes algorithmiques. 

Mme MAUREEN MAGUIRE, Présidente de Soroptimist International, a déploré que des femmes et des filles continuent d’être laissées pour compte malgré les progrès des technologies numériques, notamment celles qui vivent dans des communautés marginalisées et dans les zones rurales.  Le manque de ressources de base telles que l’électricité et la connectivité, de systèmes technologiques abordables et de formations aux technologies de l’information les empêche en effet d’acquérir les compétences numériques nécessaires.  À ses yeux, les États Membres doivent collaborer avec le secteur privé et la société civile pour combler le fossé numérique croissant entre les hommes et les femmes.  Des garanties doivent être mises en place pour que les femmes et les filles puissent accéder en toute sécurité à Internet et aux plateformes numériques, à l’abri des abus, du harcèlement, de l’exploitation et de la violence.  « Les droits humains qui sont protégés hors ligne doivent également l’être en ligne », a martelé la déléguée. 

La représentante de Women With Disabilities Australia Inc.  a voulu attirer l’attention sur la discrimination technologique à laquelle sont confrontées les femmes handicapées, en particulier celles qui ont des identités multiples et croisées, y compris les membres de la communauté autochtone et de la communauté LGBTQIA+.  Elle a relevé que l’innovation technologique et le monde numérique, peuvent permettre aux femmes handicapées de vivre de manière plus autonome grâce à des appareils d’assistance, des systèmes de soutien, et des outils de communication en ligne.  Or, de nombreuses femmes handicapées pâtissent d’un manque d’accès à une vaste gamme de matériels, d’appareils et d’outils numériques, ce qui entraîne, selon elle, leur ségrégation.  En outre, la technologie féministe et les espaces en ligne conçus pour soutenir et renforcer les femmes excluent souvent les femmes handicapées et leurs besoins en matière d’accès.  Face à cette situation, elle a demandé à la Commission de mettre sur pied un groupe de travail permanent sur la technologie et le handicap.

La déléguée de World Federation of Ukrainian Women’s Organizations a jugé essentiel le cadre juridique international régissant les droits et la protection des femmes et des filles ukrainiennes depuis le début de l’invasion et du « génocide » perpétré par la Fédération de Russie.  L’agression russe a compromis le droit le plus fondamental des Ukrainiens à la vie, affectant la santé physique et mentale ainsi que la sécurité de millions de femmes et de filles du fait des crimes de guerre, des violences sexuelles et autres violations des droits humains commis par la Russie.  La destruction incessante et délibérée par la Fédération de Russie du réseau énergétique, des infrastructures civiles et de la technologie de l’Ukraine compromet gravement l’accès du peuple ukrainien, y compris des femmes et des filles, à l’éducation et à la technologie.  Pour lever les obstacles structurels auxquels sont confrontées les réfugiées ukrainiennes, la déléguée a demandé que les papiers d’identité soient reproductibles, les diplômes transférables, la reconversion et l’emploi, accessibles.  Pour répondre à ces besoins, la technologie doit être sûre et exempte de menace d’exploitation sexuelle ou autres.

Clôturant la discussion générale, Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud), Présidente de la soixante-septième session de la Commission de la condition de la femme, a remercié les États Membres, les membres de la société civile et les organismes des Nations Unies d’avoir « parlé d’une seule voix » sur le thème retenu de cette session, en particulier s’agissant des questions d’accès et de l’importance pour les femmes et les filles d’occuper une place croissante dans l’innovation.  Vous avez abordé la question des droits humains, de la protection et de la sécurité des femmes à l’ère de la technologie numérique mais également défendu leur droit à la connaissance numérique, s’est-elle félicitée.  Mme Joyini a également salué la présence « parmi nous » de jeunes qui ont parlé « haut et fort », appelant à s’en inspirer et proposant de les associer, à l’avenir, à la discussion générale notamment lors des déclarations prononcées à titre national.  Elle a espéré que le « front uni » qui s’est manifesté tout au long du débat se matérialisera dans les conclusions agréées, enjoignant les États Membres à apporter leur concours pour parvenir à des conclusions ambitieuses afin d’améliorer le statut des femmes et des filles à l’ère numérique.

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