Conférence des Nations Unies sur l’eau
1re et 2e séances plénières – matin & après-midi
ENV/DEV/2051

La première conférence de l’ONU sur l’eau depuis 1977 est convoquée pour accélérer l’accès de tous à l’eau et sa gestion durable d’ici à 2030

Plus de 40 ans après la première conférence sur le thème de l’eau tenue à Mar del Plata, en Argentine, des milliers de participants du monde entier se sont donné rendez-vous du 22 au 24 mars 2023, au Siège de l’ONU à New York, dans le cadre d’une conférence « historique » de haut niveau sur l’eau.  Il s’agit notamment de contribuer à la réalisation de l’objectif de développement durable consistant à garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement (ODD 6), ainsi que les autres objectifs et cibles connexes du Programme de développement durable à l’horizon 2030, sachant que l’eau est au cœur de tous les grands défis actuels.

La Conférence des Nations Unies consacrée à l’examen approfondi à mi-parcours de la réalisation des objectifs de la Décennie internationale d’action sur le thème « L’eau et le développement durable » (2018-2028), s’est ouverte ce matin, en même temps que la Journée mondiale de l’eau.  Coorganisée par le Royaume des Pays-Bas et le Tadjikistan, elle appelle les intervenants à insister sur la gestion intégrée et durable des ressources en eau à des fins sociales, économiques et environnementales, et sur le renforcement de la coopération et les partenariats à tous les niveaux, et vise à parvenir à un Programme d’action pour l’eau.

En attendant, a tempêté le Secrétaire général de l’ONU, « nous avons brisé le cycle de l’eau, détruit les écosystèmes et contaminé les eaux souterraines ».  Aujourd’hui, a souligné M. António Guterres, près de trois catastrophes naturelles sur quatre sont liées à l’eau.  Une personne sur quatre vit sans services d’eau gérés de manière sûre ou sans eau potable.  Plus de 1,7 milliard de personnes ne disposent pas de systèmes d’assainissement de base.  « Nous n’avons pas une minute à perdre », a pressé le Secrétaire général, pour qui cette conférence est bien plus qu’une conférence sur l’eau.  « C’est une conférence sur le monde contemporain, vu sous l’angle de sa ressource la plus importante. » 

« Nous ne pouvons pas faire face à cette urgence du XXIe siècle avec des infrastructures d’un autre âge », a martelé le Secrétaire général.  Il s’agit de faire de la résilience une priorité et d’opérer un changement radical.  Il faut aller « au-delà des solutions conventionnelles », a renchéri le Président de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi, qui a préconisé un système mondial d’information sur l’eau et défendu un pacte pour l’éducation.  À mi-parcours du Programme 2030, le monde est à un tournant décisif, a-t-il encore averti.

« 2030, c’est dans sept ans », a appuyé le Roi Willem-Alexander des Pays-Bas.  Le temps est venu de dépasser les intérêts partiels et sectoriels, d’avoir une vision d’ensemble et de passer à l’action, a-t-il déclaré.  Il a appelé à prendre exemple sur le partenariat formé par son pays avec le Tadjikistan, deux nations que tout oppose géographiquement et qui pourtant représentent virtuellement à elles deux « le monde de l’eau ».  La conférence d’aujourd’hui est historique en ce qu’elle permet de promouvoir et de comprendre clairement les défis liés à l’eau et de rechercher des solutions efficaces, a fait valoir à son tour M. Emomali Rahmon, Président du Tadjikistan.

Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales et Secrétaire général de la Conférence, M. Li Junhua, a prévenu qu’une gestion durable des systèmes hydriques sera nécessaire pour l’adaptation et l’atténuation aux changements climatiques.  Beaucoup a été fait mais avec une population mondiale multipliée par deux, dans de nombreuses régions, l’accès à l’eau, l’assainissement et l’hygiène pour tous (WASH) demeure un rêve, a regretté la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC).  Chaque jour, a-t-elle noté, deux millions d’heures sont consacrées par les femmes et les filles à la corvée d’eau.  Mme Lachezara Stoeva a demandé qu’il soit fait preuve d’audace sur le thème de l’eau pour pouvoir réaliser les ODD, encourageant à écouter davantage les groupes marginalisés et défavorisés concernant leur accès à l’eau. 

Pour ce faire, plusieurs délégations ont, à l’instar de la Bolivie, la Namibie, l’Allemagne, le Portugal ou encore la Slovénie, appelé, lors du débat général, à nommer un envoyé spécial des Nations Unies pour l’eau. 

Conscients que les voyants sont au rouge pour atteindre l’ODD 6, les petits États insulaires en développement (PEID) du Pacifique, ont plaidé pour un soutien accru en termes de partenariat, de financement et de transfert de technologies.  Une approche appuyée par la délégation libyenne qui a prié les pays développés de considérer très sérieusement l’utilisation de leurs connaissances et de leurs capacités technologiques pour le dessalement, ainsi « nous n’aurons pas besoin de chercher de l’eau sur une autre planète ». 

Alors inspirez-vous des idées innovantes des jeunes et de leur audace pour soutenir la mise en œuvre des engagements de l’action mondiale en faveur de l’eau, a lancé une déléguée de la jeunesse néerlandaise.  Il faut léguer des solutions à la jeunesse, a soutenu la Suisse. 

En début de séance, il a été procédé à l’examen de toutes les questions de procédure et d’organisation, dont l’adoption du règlement intérieur et de l’ordre du jour, l’élection des deux présidents de la Conférence et du Bureau, la création éventuelle d’organes subsidiaires, la nomination des membres de la Commission de vérification des pouvoirs et l’examen les dispositions concernant l’établissement du rapport de la Conférence. 

Cinq dialogues interactifs sont organisés au cours de cet évènement marqué par la publication du rapport ONU-Eau édition 2023 intitulé « Accélérer le changement: partenariats et coopération ». 

En raison de circonstances exceptionnelles, la couverture du dernier segment de la plénière n’a pas pu être assurée.

La Conférence reprendra ses travaux demain, jeudi 23 mars, à partir de 10 heures. 

CONFERENCE CONSACRÉE À L’EXAMEN APPROFONDI À MI-PARCOURS DE LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE LA DÉCENNIE INTERNATIONALE D’ACTION SUR LE THÈME « L’EAU ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLE » (2018-2028)

Déclarations liminaires

M. EMOMALI RAHMON, Président du Tadjikistan et coorganisateur avec les Pays-Bas de la Conférence des Nations Unies consacrée à l’examen approfondi à mi-parcours de la réalisation des objectifs de la Décennie internationale d’action sur le thème « L’eau et le développement durable » (2018-2028), a souligné que cette conférence historique coïncide symboliquement avec la Journée mondiale de l’eau.  Il a mis en avant l’action de son pays dans les questions liées à l’eau dans le Programme de développement durable depuis plus de 20 ans.  Il en a voulu pour preuve les neuf résolutions sur ces questions adoptées par l’Assemblée générale à l’initiative de son pays, et dont la mise en œuvre a permis, selon lui, d’établir une base forte pour permettre une action coordonnée mondiale pour les objectifs de l’eau.  Le Président a rappelé que les Membres ainsi que les agences des Nations Unies, notamment le Groupe des Amis de l’eau, ont joué un rôle important pour promouvoir ces objectifs.

Les ressources en eau sont aujourd’hui fortement touchées par différents défis et menaces qui risquent d’avoir une répercussion négative sur tous les aspects de la vie publique, notamment la sécurité alimentaire, et la durabilité de la nature, s’est inquiété le dirigeant.  Dans ce contexte, il a appelé à se concentrer sur les changements climatiques en raison de leur impact sur les ressources en eau potable.  La fonte rapide des glaciers, aussi bien en Arctique que dans l’Antarctique, ainsi que dans les parties continentales de la planète, montre que ce phénomène a bien lieu.  M. Rahmon a souligné que la croissance accélérée de la population mondiale augmente également la demande en eau.  Ainsi, a-t-il précisé, au cours des 50 dernières années la quantité d’eau a diminué de près de 2,5 fois au niveau mondial et plus de quatre fois dans certaines régions, notamment en Asie centrale.  Le Tadjikistan, qui souffre de ce phénomène, a enregistré des pertes économiques et humaines très importantes à cause des catastrophes liées à l’eau, ralentissant ses efforts pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  De manière globale, a rappelé le Président, 2 milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et 3,6 milliards n’ont pas accès à un assainissement sûr.  Près de 500 000 personnes meurent de maladies liées à l’eau chaque année.  Ces faits et chiffres montrent, selon lui, que les actions menées par la communauté internationale ne sont pas suffisantes.  C’est ayant ce fait à l’esprit que durant le processus de préparation de la conférence avec les Pays-Bas et d’autres partenaires des Nations Unies, l’accent a été mis sur les engagements permettant d’accélérer les actions pour atteindre les ODD liés à l’eau, a-t-il expliqué.

Le Chef de l’État a, en outre, rappelé que le Programme d’action pour l’eau a été présenté lors de la deuxième Conférence de Douchanbé sur la Décennie de l’eau qui a joué un rôle essentiel dans la préparation de cette conférence.  « Nous allons chercher à travers des efforts intégrés à faire face aux questions de l’eau et des conditions climatiques au sein des Nations Unies, et ce, durant la mise en œuvre de l’Année internationale de la préservation des glaciers (2025). »  Dans ce contexte, a annoncé M. Rahmon, le Tadjikistan compte accueillir une conférence internationale de haut niveau sur la préservation des glaciers en 2025.  Poursuivant, il a assuré que son pays, où 60% de l’eau de l’Asie centrale s’accumule, poursuivra ces efforts pour renforcer et élargir la coopération sur la gestion des ressources en eau transfrontières en Asie centrale pendant sa présidence du Fonds international pour la sauvegarde de la mer d’Aral.  Sur le plan national, le Président a promis de redoubler d’efforts pour accomplir pleinement sa réforme de l’eau d’ici à 2025.  Son pays, qui n’est pas en reste au niveau de l’économie verte, est aujourd’hui classé sixième en termes de production d’énergie venant de ressources en eau renouvelable, s’est-il enorgueilli.  Pour finir, M. Rahmon a jugé que la conférence d’aujourd’hui est historique en ce qu’elle permet de promouvoir et de comprendre clairement les défis liés à l’eau et de rechercher des solutions efficaces.  Il a appelé, en conclusion, à effectuer des efforts conjoints pour atteindre des résultats spécifiques conformément aux engagements de la communauté internationale.

M. WILLEM-ALEXANDER, Roi des Pays-Bas, en tant que coorganisateur avec le Tadjikistan de la Conférence des Nations Unies consacrée à l’examen approfondi à mi-parcours de la réalisation des objectifs de la Décennie internationale d’action sur le thème « L’eau et le développement durable » (2018-2028), a évoqué toutes les différences entre leurs deux pays.  L’un, pays aux montagnes vertigineuses, l’autre, pays de polders; l’un en amont, l’autre en aval; l’un enclavé, l’autre côtier.  Dans l’un naissent les fleuves, dans l’autre ils se jettent dans la mer.  Les deux pays semblent former un « couple étrange, opposé », chacun ayant un équilibre hydrique complètement différent et pourtant, « nous sommes ravis de vous accueillir », car ensemble, ils représentent virtuellement « tout le monde de l’eau », a imagé le Roi des Pays-Bas.  Bien plus, a poursuivi M. Willem-Alexander, les deux pays représentent même les petits États insulaires en développement, car une partie du Royaume des Pays-Bas se trouve dans les Caraïbes et comprend Aruba, Curaçao et Saint-Martin, ainsi que les îles de Bonaire, Saint-Eustache et Saba.  Ensemble, « nous voulons souligner que l’eau est notre dénominateur commun », a insisté le Roi.  Dès lors, a-t-il demandé, supprimons toutes les barrières qui séparent les questions liées à l’eau, car tout ce qui mène à une vie décente est directement lié à l’eau. 

Léonard de Vinci avait raison de dire que l’eau est « la force motrice de la nature », a cité le souverain.  Or, a-t-il déploré, cette force est aujourd’hui menacée puisque le monde est confronté à un avenir où l’eau sera trop ou pas assez abondante, ou trop polluée.  Selon les Nations Unies, près de la moitié de la population mondiale souffrira d’un grave stress hydrique d’ici à 2030, a-t-il averti.  Il ne s’agit pas seulement d’un stress, mais d’un stress « important » et les personnes les plus touchées seront celles qui sont déjà vulnérables, a-t-il encore alerté, soulignant que 2030, c’est dans sept ans.

D’après le rapport 2022 sur les objectifs de développement durable qui a dressé un tableau alarmant dans presque tous les domaines, des crises interdépendantes mettent en danger le Programme de développement durable à l’horizon 2030, ainsi que la survie même de l’humanité.  Cela, « nous le savons tous.  Nous le ressentons tous », a martelé M. Willem-Alexander, c’est pourquoi, il a estimé le temps venu de dépasser les intérêts partiels et sectoriels, d’avoir une vision d’ensemble et de passer à l’action.  En tant que membres de la communauté internationale de l’eau, nous pouvons être les moteurs du changement, a-t-il fait valoir.

Le monarque s’est dit encouragé de constater que l’invitation à participer à cette conférence sur l’eau a été acceptée par un si grand nombre de personnes.  Non seulement les membres de l’ONU, mais aussi de nombreuses parties prenantes: des entreprises, des villes, des groupes autochtones, des organisations gérées par et pour les femmes, des organisations de protection de la nature et des instituts scientifiques, a-t-il relevé.  Il est rare qu’une conférence des Nations Unies fasse autant parler d’elle!  Si la jeune génération est également très motivée et prête à contribuer à la recherche de solutions, elle ne peut résoudre tous les problèmes.  Il est, dès lors, de notre responsabilité de faire tout ce qui est en notre pouvoir, a intimé le dirigeant.  Au cours de cette conférence, il va falloir « faire tourner la roue de l’eau », a-t-il résumé, promettant que nous ne nous arrêterons pas tant que l’eau n’occupera pas la place qu’elle mérite dans les agendas et les programmes politiques mondiaux. 

Pour finir, M. Willem-Alexander a informé que tous les engagements, promesses et actions seront rassemblés dans un programme d’action pour l’eau.  Il s’agit de créer un « lien fluide » entre l’eau et le travail d’ensemble des Nations Unies jusqu’en 2030 et au-delà.  Et s’il y a un conseil à donner, a-t-il conclu, c’est de toujours rechercher la compagnie de ceux qui ne sont pas dans votre domaine.  Suivez l’exemple de la République du Tadjikistan et du Royaume des Pays-Bas, cherchez à collaborer dans les eaux troubles du contraste, a-t-il lancé, car l’eau est notre terrain d’entente!

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a dressé un tableau sombre de l’avenir de l’eau, un droit humain compromis par une surconsommation « vampirique » et une utilisation non durable, qui provoque son évaporation en réchauffant la planète.  « Nous avons brisé le cycle de l’eau, détruit les écosystèmes et contaminé les eaux souterraines », s’est lamenté le Secrétaire général.  De fait, a-t-il précisé, près de 3 catastrophes naturelles sur 4 sont liées à l’eau.  Une personne sur quatre, vit sans services d’eau gérés de manière sûre ou sans eau potable.  Plus de 1,7 milliard de personnes ne disposent pas de systèmes d’assainissement de base.  La défécation en plein air est une réalité pour un demi-milliard de personnes.  Et des millions de femmes et de filles consacrent chaque jour plusieurs heures à la corvée d’eau. 

Dans ce contexte, M. Guterres a mis en avant quatre grands domaines d’accélération des résultats.  En premier lieu, il a appelé à combler les lacunes en matière de gestion de l’eau, exhortant les pouvoirs publics à élaborer et mettre en œuvre des plans pour garantir à toutes et tous un accès équitable à l’eau, tout en préservant cette précieuse ressource.  Il a invité les pays à travailler ensemble, par-delà les frontières, pour gérer l’eau conjointement.  L’une des réalisations dont il fut le plus fier lorsqu’il était Premier Ministre du Portugal, a témoigné le Secrétaire général, a été la signature, il y a 25 ans, de la Convention d’Albufeira sur la gestion de l’eau avec l’Espagne.  Une convention qui est toujours en vigueur aujourd’hui, s’est-il enorgueilli, évoquant des initiatives similaires en Bolivie, au Pérou et ailleurs.  À ce sujet, il a demandé instamment à tous les États Membres d’adhérer à la Convention sur l’eau des Nations Unies et de l’appliquer.

Passant ensuite à son deuxième point, le Chef de l’ONU a appelé à investir massivement dans les systèmes d’eau et d’assainissement.  Les propositions en faveur de la relance des objectifs de développement durable et des réformes de l’architecture financière mondiale visent à accroître l’investissement dans le développement durable, a-t-il fait valoir.  Dans ce contexte, il a invité les institutions financières internationales à réfléchir à de nouveaux moyens de développer les solutions de financement et à accélérer la réaffectation des droits de tirage spéciaux.  De même, il a encouragé les banques multilatérales de développement à continuer de multiplier leurs placements dans des projets liés à l’eau et à l’assainissement afin de venir en aide aux pays qui en ont désespérément besoin. 

Troisièmement, le Secrétaire général a recommandé de faire de la résilience une priorité car, a-t-il expliqué, « nous ne pouvons pas faire face à cette urgence du XXIe siècle avec des infrastructures d’un autre âge ».  À cet égard, il a énuméré différentes actions à entreprendre, notamment investir dans des canalisations, des infrastructures de distribution d’eau et des stations d’épuration résilientes face aux catastrophes.  Cela nécessite de nouveaux moyens de recycler et de conserver l’eau.  Cela implique des systèmes alimentaires intelligents, qui protègent le climat et la biodiversité en réduisant les émissions de méthane et la consommation d’eau.  Cela requiert d’investir dans un nouveau système d’information mondial qui permette de prévoir en temps réel les besoins en eau.  Cela signifie, a continué M. Guterres, que chaque personne dans le monde bénéficie de dispositifs d’alerte rapide contre les phénomènes climatiques ou météorologiques dangereux.  Pour cela il faut envisager de nouveaux partenariats public-privé dans le cadre de nos activités, a-t-il souligné. 

Enfin, abordant son quatrième point, le Secrétaire général a appelé à lutter contre les changements climatiques.  De fait, a-t-il analysé, l’action climatique et un avenir durable de l’eau sont indissociables.  Il ne faut ménager aucun effort afin de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius et répondre aux attentes des pays en développement en matière de justice climatique.  Sur cette question, M. Guterres a rappelé qu’il a proposé au G20 un pacte de solidarité climatique par lequel tous les grands émetteurs redoubleraient d’efforts pour réduire leurs émissions, et les pays les plus riches mobiliseraient des ressources financières et techniques pour soutenir la transition des économies émergentes.  M. Guterres a déclaré avoir présenté, en début de semaine, un plan visant à intensifier les efforts pour parvenir à un tel pacte de solidarité climatique, grâce à un programme d’accélération et à la pleine mobilisation de tous. 

« Nous n’avons pas une minute à perdre », a pressé le Secrétaire général, pour qui cette conférence est bien plus qu’une conférence sur l’eau.  « C’est une conférence sur le monde contemporain, vu sous l’angle de sa ressource la plus importante », a-t-il martelé.  Cette conférence doit marquer un progrès décisif, un changement radical, pour amener les États Membres et la communauté internationale non seulement à bien comprendre que l’eau est d’une importance vitale pour la viabilité de notre monde et qu’elle est un outil de promotion de la paix et de la coopération internationale, mais aussi à prendre les mesures qui s’imposent à cet effet.  Car, a-t-il tranché, le moment est venu de prendre des engagements décisifs pour donner vie au Programme d’action pour l’eau.

Il n’y a tout simplement plus assez d’eau douce, s’est alarmé M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, qui a relevé que l’eau qui coule librement dans les rivières, qui traverse les frontières et qui est répartie sur l’ensemble du globe sous la forme de rivières atmosphériques, fait aujourd’hui gravement défaut.  À mi-parcours du Programme 2030, le monde est à un tournant décisif, a-t-il encore averti, convaincu que « nous ne pouvons pas tenir nos promesses » de durabilité, de stabilité économique et de bien-être mondial à travers l’accélération de « solutions conventionnelles ». 

Il a souligné que l’eau est un bien public mondial et a appelé à adapter les politiques, législations et financements en conséquence.  Il faut travailler en faveur des personnes et de la planète, a-t-il plaidé, mettant en garde contre la procrastination et le profit, « même en période de fracture géopolitique croissante ».  Selon lui, un avenir coopératif et sûr en matière d’eau commence par la volonté politique, l’intelligence économique, la tolérance culturelle et l’acceptation.  Il a proposé la conception d’une culture financière commune respectueuse de l’eau, du climat et de la biodiversité.  Un financement qui, a-t-il dit, profite à tout le monde, depuis les autochtones et les marginalisés aux chanceux nés de parents fortunés. 

Il est urgent d’arrêter de gaspiller l’eau, a insisté le Président de l’Assemblée générale, recommandant des politiques intégrées en matière d’utilisation des terres, de l’eau et du climat qui aident à rendre les populations et la nature résilientes et à nourrir ceux qui ont faim et dont le nombre ne cesse de croître.  Il a également plaidé pour des politiques intégrées qui permettront de bénéficier de l’eau comme levier d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques et qui favoriseront la coopération, afin de garantir l’accès de tous à l’eau potable et à l’assainissement.  Il s’agit d’un droit humain et d’une question de dignité, a-t-il tranché. 

M. Kőrösi a également recommandé la création d’un système mondial d’information sur l’eau pour résoudre le dilemme de la disponibilité, de la demande et du stockage de l’eau.  Dans ce contexte, il a encouragé à se mettre d’accord sur un pacte pour l’éducation afin de disposer des connaissances, de la sagesse et d’une nouvelle façon de penser pour concevoir et mettre en œuvre un programme intégré pour l’eau, le climat, l’énergie et l’alimentation. 

Pour ce faire, le Président de l’Assemblée générale a appelé à être « inclusif et innovant ».  Il faut associer la gouvernance publique législative et exécutive et l’ingéniosité du secteur privé, a-t-il estimé, appelant à faire preuve d’audace et opérer des changements de comportement qui sont la base d’un avenir plus juste, plus inclusif, plus durable et plus résilient pour tous.  Ces changements doivent faciliter la coopération et l’action pour un avenir global afin de passer de solutions réactives à des solutions proactives dans le domaine de l’eau, a-t-il ajouté.  M. Kőrösi a ensuite invité à réfléchir à des solutions durables, pragmatiques, solidaires, fondées sur la science pour des lendemains meilleurs pour tous. 

Mme LACHEZARA STOEVA, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a déclaré que nous ne faisons pas assez pour protéger l’eau, élément essentiel du développement durable.  En 1977, a-t-elle rappelé, les dirigeants du monde se sont réunis pour la première Conférence sur le thème de l’eau, en Argentine.  Quarante-six ans plus tard, en matière politique, c’est toute une époque, un chapitre qui se tourne, a-t-elle commenté.  Beaucoup a été fait mais avec une population mondiale multipliée par 2, dans de nombreuses régions, l’accès à l’Eau, Assainissement et Hygiène pour tous (WASH) demeure un rêve.

La Présidente de l’ECOSOC a appelé à faire preuve d’audace sur le thème de l’eau pour pouvoir réaliser les ODD, encourageant à écouter davantage les groupes marginalisés et défavorisés concernant leur accès à l’eau.  Elle a notamment relevé que chaque jour, deux millions d’heures sont consacrées par les femmes et les filles pour la corvée d’eau: les impacts négatifs de la gestion de l’eau sont basés sur le genre, selon la Présidente. 

Elle a aussi appelé à écouter la jeunesse pour une meilleure gestion de l’eau ainsi que les populations autochtones, « gardiennes de la nature ».  Leurs connaissances traditionnelles, leur savoir doivent être valorisés et reconnus.  L’éducation est aussi primordiale: au-delà des simples formations en ingénierie, il faut que l’éducation autour de l’eau infuse dans toute la société, a appuyé Mme Stoeva.  La Présidente a appelé à une nouvelle approche économique de l’eau pour une gestion durable « plus holistique », et à intégrer cette approche à différentes politiques commerciales. 

Les campagnes de sensibilisation de l’ECOSOC auront un grand rôle à jouer, a-t-elle indiqué, précisant que son prochain forum de la jeunesse sera l’occasion, pour les jeunes de s’exprimer sur ces enjeux.  Le forum sur le suivi du financement du développement permettra aussi de mettre en avant le partenariat public-privé sur l’eau, a-t-elle assuré.  « Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre un demi-siècle supplémentaire », a conclu Mme Stoeva. 

M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales et Secrétaire général de la Conférence, a appelé à ne pas perdre de vue la décennie mondiale sur l’eau qui se trouve à mi-parcours, de même que le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a déploré le fait que trop de personnes sur la planète n’ont toujours pas accès à une eau propre.  Il faut, a-t-il dit, réfléchir à la façon dont nous pouvons mieux valoriser l’eau.  Il a rappelé qu’il y a un lien entre l’eau, l’alimentation et l’énergie.  Une gestion durable des systèmes hydriques sera donc nécessaire pour l’adaptation et l’atténuation aux changements climatiques.  De ce fait, une résilience des écosystèmes ne sera possible qu’à ces conditions.  M. Li a enfin demandé aux délégations de réaffirmer leurs engagements en faveur d’un avenir durable, et d’en assurer le suivi. 

Débat général

M. LUIS ALBERTO ARCE CATACORA, Président de l’État plurinational de Bolivie, a déclaré que la Constitution bolivienne reconnaît l’eau comme un « droit à la vie ».  Cette reconnaissance est le résultat de la lutte du peuple bolivien qui, en l’an 2000, s’est mobilisé dans la soi-disant guerre de l’eau, obtenant pour la première fois dans l’histoire que les droits des peuples priment sur les intérêts des entreprises privées.  Mais il reste beaucoup à faire, a dit le Président, estimant que sans changement radical de cap, l’humanité et la planète sont menacées de mort étant donné que plus de 800 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et que plus de 2,5 milliards n’ont pas accès à l’assainissement de base.  En conséquence, des milliers de filles et de garçons meurent chaque jour de maladies liées au manque d’accès à l’eau potable et à l’assainissement. 

Pour M. Arce Cataroca, la crise de l’eau n’est pas seulement un problème environnemental, mais aussi un problème social et économique.  Par conséquent, il faut une transition vers un système économique plus durable et équitable qui vise la santé à long terme de la Terre nourricière et des personnes.  Le fardeau de cette crise accable de manière disproportionnée les communautés vulnérables d’où l’importance de donner la priorité aux besoins de ces communautés avec équité et justice sociale, économique et écologique, a-t-il insisté.  Le Président a suggéré de rétablir l’équilibre des fleuves, des lacs et des systèmes de vie liés à l’eau de la planète, sur la base de la sagesse des peuples.  Il a recommandé plusieurs actions: faire de l’eau et de l’assainissement un droit humain; reconnaître que l’eau est le centre de la vie; créer un mécanisme intergouvernemental permanent pour l’eau à l’ONU, afin de promouvoir la gestion et la conservation de l’eau, l’éradication de la pauvreté et le développement intégral; nommer un envoyé spécial des Nations Unies pour l’eau; reconnaître le rôle des peuples autochtones, des paysans et des communautés locales dans la gestion communautaire de l’eau; annuler les dettes des pays en développement; et exhorter les pays développés à fournir davantage de ressources financières, d’assistance et de transfert de technologie aux pays en développement.  Le dirigeant a également exhorté les gouvernements à mettre à jour les lois pour garantir la protection et la conservation des sources d’eau, ainsi qu’un accès équitable et juste à l’eau pour tous les êtres vivants.  En conclusion, il a dit l’importance de reconnaître la relation qui existe entre l’eau et la souveraineté alimentaire des peuples, et le fait que l’eau est un facteur de paix et d’intégration des peuples. 

M. ABDULLATIF JAMAL RASHID, Président de l’Iraq, a relaté que la crise de l’eau dans son pays, sorti exsangue de la guerre, affecte déjà les moyens de subsistance, fait disparaître des emplois, provoque des déplacements à un rythme alarmant, et fait peser des menaces importantes sur la sécurité alimentaire et la biodiversité.  Sans une intervention immédiate, les pénuries d’eau feront peser des risques importants sur le système agroalimentaire et la stabilité de la société iraquienne, a-t-il averti.  Au cours du siècle dernier, l’Iraq a connu de nombreux épisodes de sécheresse, mais ces dernières années, ils ont gagné en fréquence: un signe fort de l’impact négatif des changements climatiques, selon le Président.  Le Tigre et l’Euphrate sont les artères vitales de l’Iraq, a-t-il expliqué.  Leurs rives marécageuses constituent un élément essentiel de la civilisation humaine et jouent un rôle clef dans la vie du pays.  L’incapacité des régimes précédents à tirer parti des technologies modernes, améliorer les systèmes d’irrigation et moderniser le secteur agricole en temps voulu a contribué à l’ampleur de la crise de l’eau que connaît aujourd’hui l’Iraq, a déploré le Président.  À cela il faut ajouter « les politiques de l’eau des pays voisins » qui, selon lui, ont un impact direct sur les moyens de subsistance de millions d’Iraquiens et provoquent « des migrations massives » ainsi qu’une « instabilité sociale et économique ». 

Alors que les besoins en eau de son pays sont appelés à augmenter au cours de la prochaine décennie en raison de la croissance démographique, du développement économique et des effets des changements climatiques, ses principales ressources, le Tigre et l’Euphrate, continuent de diminuer en raison des politiques de l’eau de ses voisins, a insisté M. Rashid.  Le comportement des pays voisins de l’Iraq -la Türkiye, la République arabe syrienne et la République islamique d’Iran- limite le flux d’eau douce, en raison de la construction de barrages, de projets d’irrigation et de structures hydrauliques de dérivation, sans tenir compte des conséquences dévastatrices de la diminution du flux d’eau en Iraq et de la détérioration de la qualité de l’eau, y compris une salinité accrue.  La désertification, a encore averti le dirigeant, menace aujourd’hui près de 40% de l’Iraq, un pays qui possédait autrefois les terres les plus fertiles et les plus productives de la région.  Il a donc réclamé de toute urgence une coopération plus large avec les pays voisins, en particulier la Türkiye; la formation d’un comité permanent avec des experts techniques et juridiques; la conclusion d’accords régionaux à l’échelle du bassin; et la garantie d’un mécanisme d’application pratique, sous les auspices de l’ONU, « pour s’assurer qu’il y a des rations d’eau adéquates et équitables pour tout le monde ». 

M. MOKGWEETSI ERIC KEABETSWE MASISI, Président du Botswana, a évoqué le problème majeur de la salinité de l’eau disponible dans le pays.  Ainsi, 18% du budget national est dédié à la gestion des ressources en eau.  Le Gouvernement a établi une stratégie nationale en 2021 pour une meilleure gestion des ressources en eau.  Même si l’accès à l’eau potable est assuré pour plus de 90% de la population, le Président a promis davantage de financement en faveur des projets hydriques, avec l’utilisation de technologies intelligentes pour une meilleure gestion de l’eau et pour assurer la sécurité hydrique du Botswana. 

Mme ŽELJKA CVIJANOVIĆ, Présidente de la présidence de la Bosnie-Herzégovine, a souligné l’importance de la modernisation du secteur de l’eau, priorité stratégique pour son pays et une étape essentielle vers son intégration à l’Union européenne (UE).  Cependant, a fait remarquer la Présidente, les besoins de modernisation de ce secteur en Bosnie-Herzégovine nécessitent des investissements extrêmement importants.  C’est également le cas des pays les plus pauvres qui auront besoin d’un soutien substantiel de la part des pays les plus riches, a insisté Mme Cvijanović. 

Afin d’assurer la viabilité financière des investissements d’infrastructure dans le secteur, a-t-elle indiqué, les principaux partenaires internationaux de développement de son pays ont mis en place en 2020 la Water Alliance BiH, une plateforme de consultation et de coordination pour soutenir la modernisation du secteur des services de l’eau de la Bosnie-Herzégovine.  Cette approche soutient la mise en œuvre des réformes nécessaires et des changements systémiques dans le secteur des services de l’eau, en s’alignant davantage sur la législation de l’UE relative à l’eau, a expliqué l’oratrice.  En conséquence, a-t-elle assuré, nos plans de développement pour l’avenir sont largement basés sur des investissements dans le secteur de l’énergie. 

Malheureusement, a-t-elle déploré, en Bosnie-Herzégovine, parfois les intérêts politiciens étriqués prennent le pas sur la logique économique élémentaire.  C’est le cas de nombreux projets hydroélectriques importants, qui font l’objet d’obstructions et de blocages inutiles de la part de certains acteurs politiques.  Toutefois, cela n’entravera pas notre détermination à utiliser les potentiels hydroélectriques qui constituent une grande opportunité de développement, a-t-elle assuré.

Mme NATAŠA PIRC MUSAR, Présidente de la Slovénie, a déclaré que son pays est l’une des nations les plus riches en eau d’Europe et que la Constitution slovène consacre l’eau comme un droit humain fondamental.  Elle a exhorté à protéger les écosystèmes aquatiques et à assurer l’accès à l’eau potable pour tous.  Pour que l’action climatique soit efficace, il faut garantir le droit à l’eau potable et à l’assainissement et concevoir des politiques qui répondent aux besoins de tous, a-t-elle estimé.

Pour y parvenir, la Présidente slovène a appuyé la nomination d’un envoyé spécial pour l’eau qui aiderait à mobiliser de nouvelles actions indispensables.  Elle a également appelé à tenir des réunions intergouvernementales de haut niveau sur l’eau tous les deux ou trois ans afin de maintenir l’élan généré par cette conférence et faire le suivi.  Il faut aussi concrétiser les engagements, a-t-elle souligné, appelant notamment à promouvoir l’égalité des genres dans la gouvernance de l’eau.  Elle a indiqué que la Slovénie et d’autres membres du Groupe d’Amis sur l’eau et la paix sont en train de mettre sur pied une plateforme en ligne de connaissances sur l’eau qui offrira une formation gratuite sur la gestion de l’eau.  La Présidente a ensuite invité l’assistance à la dixième réunion des parties à la Convention sur l’eau que la Slovénie accueillera en octobre 2024. 

M. MOSSA ELKONY, Vice-Président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’unité nationale de la Libye, a déclaré que la crise de l’eau que connaît actuellement le monde, la Libye l’a toujours connue, son pays souffrant d’une très forte pauvreté hydrique en raison des faibles précipitations dans le désert du Sahara.  Il a indiqué que le régime précédent avait tenté de creuser des trous dans le désert pour transférer l’eau d’aquifères vers le nord du pays, mais ce réseau, construit sur des milliers de kilomètres, n’a hélas pas mis fin aux problèmes.  Selon lui, la rivière artificielle libyenne ne devrait pas dépendre des aquifères mais de l’eau de mer, une eau de mer qui serait désalinisée.  Il a estimé que la création de centres de recherches spécialisés dans le dessalement de l’eau est la seule solution à la crise hydrique mondiale.  Les pays développés devraient très sérieusement utiliser leurs connaissances et leurs capacités technologiques pour le dessalement: ainsi, « nous n’aurons pas besoin de chercher de l’eau sur une autre planète », a déclaré le Vice-Président.  La Terre contient suffisamment d’eau pour tous, les technologies modernes et les compétences permettront d’assurer la sécurité hydrique sur le long terme.  Le dignitaire a, par ailleurs, fait savoir qu’à l’échelle régionale, une instance conjointe est envisagée pour réfléchir au partage équitable des ressources hydriques que constituent les lacs et aquifères que la Libye partage avec le Tchad et l’Égypte. 

M. MOHAMMED B.S.  JALLOW, Vice-Président de la Gambie, a souligné que le pays dépend du fleuve Gambie pour l’irrigation, le transport, la pêche, la production de sel et d’autres services.  Au vu de l’importance de ce fleuve, la Gambie et le Sénégal ont créé l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (OMGV) en 1978, avant d’être rejoints par la Guinée et la Guinée-Bissau.  Il a salué le fait que 95% de la population a accès à l’eau potable et 72% des ménages a accès à des facilités sanitaires.  Malheureusement, la Gambie est fortement vulnérable aux changements climatiques, et les inondations records de l’été 2022 ont eu un impact dévastateur sur le paysage urbain, avec notamment de nombreux morts, des familles déplacées, et de nombreuses pertes de biens dans la capitale du pays, Banjul, ainsi que dans des zones de la côte ouest du pays.  Au vu de l’importance des changements climatiques et de ses impacts sur la Gambie, le pays a établi une « Vision 2050 » qui est une stratégie de long terme sur les changements climatiques, avec pour ambition de parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050.  Les autorités nationales entendent également améliorer la gestion des ressources en eau afin de veiller à ce que le secteur agricole soit moins impacté par la rareté des pluies. 

M. KAUSEA NATANO, Premier Ministre des Tuvalu, prenant la parole au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique (PEID), a indiqué que d’aucuns pourraient supposer que ces pays répartis sur le continent bleu du Pacifique, qui équivaut à 15% de la surface de la Terre, entourés par l’océan, disposent d’un approvisionnement stable en eau.  À son grand regret, a-t-il informé, près de la moitié des habitants de la région n’ont toujours pas accès à une eau propre et sûre, ni à des installations sanitaires.  Les statistiques montrent que non seulement « la région du Pacifique est à la traîne », mais qu’elle est, en outre, « très mal classée pour tous les indicateurs de l’ODD 6 ».  De plus, a averti le Ministre, les sources d’eau autrefois sûres et stables sont menacées par les changements climatiques.  De nombreuses îles sont confrontées à l’intrusion d’eau salée dans leurs nappes phréatiques en raison de l’élévation du niveau de la mer.  Dans une région où la moitié des pays n’ont pas d’eau de surface et dépendent uniquement des eaux souterraines « il s’agit déjà d’une catastrophe », s’est-il lamenté.

Les cycles de plus en plus extrêmes de sécheresse et d’inondation et leur impact sur l’accessibilité de l’eau affectent à leur tour les cultures de subsistance et des secteurs clefs tels que le tourisme, la santé et l’éducation.  De fait, a martelé M. Natano, l’accès à une eau propre, sûre et fiable, ou son absence, a un impact évident sur la capacité des États à atteindre leurs objectifs en matière de développement durable. 

Alors, que faire pour atteindre l’ODD 6, en particulier, et le Programme à l’horizon 2030 dans son ensemble? s’est-il interrogé, appelant à des soutiens, par le biais de partenariats, de la coopération internationale, du financement et du transfert de technologies, y compris dans l’espace numérique, pour renforcer la résilience et garantir la sécurité de l’eau pour l’avenir.  Poursuivant, le Premier Ministre, a fait valoir que les systèmes de gestion de l’eau doivent être construits en fonction des besoins des PEID, être adaptés à leur petite échelle et leur faible population, et éviter d’endommager leurs écosystèmes océaniques.  Il a réaffirmé que l’accès des PEID au financement de la lutte contre les changements climatiques continue d’être un facteur clef du succès dans la réalisation de l’ODD 6.  Or, a-t-il déploré, seuls 2% de l’ensemble des fonds d’adaptation leur ont été fournis, jusqu’à présent.

S’exprimant ensuite en sa capacité nationale, M. KAUSEA NATANO, Premier Ministre des Tuvalu, a expliqué que les ressources financières et les ressources en eau douce limitées font que les technologies appropriées sont un élément clef des efforts visant à assurer la résilience climatique et hydrique.  Pour se prémunir contre les pénuries d’eau, les Tuvalu ont recherché des sources alternatives telles que le dessalement.  Cependant, celles-ci sont coûteuses à exploiter et à entretenir, et ne peuvent pas être utilisées seules pour protéger les Tuvalu des impacts de la sécheresse.  Pour finir, le Chef du Gouvernement a recommandé une approche moins onéreuse qui est de gérer et conserver correctement les ressources en eau limitées et de les alimenter en utilisant des sources d’énergie renouvelables.  Il a, en outre, conseillé, d’augmenter de manière significative la résistance aux impacts de la sécheresse en investissant dans des approches de réduction des risques de catastrophes, plutôt qu’en s’appuyant sur une réponse immédiate aux catastrophes.  L’évaluation des risques et la mise en place de systèmes d’alerte précoce et des réponses efficaces peuvent permettre à nos populations de se préparer à des périodes de sécheresse prolongées, a-t-il raisonné, tout en reconnaissant que ces systèmes et ces réponses restent toutefois onéreux. 

Mme SAARA KUGONELWA-AMADHILA, Première Ministre de la Namibie, a déclaré que son pays est l’un des plus secs d’Afrique subsaharienne, avec un climat semi-aride, un facteur qui limite le développement.  La gestion efficace des ressources en eau est fondamentale pour atteindre l’ODD 6, a-t-elle attesté, la Namibie s’efforçant d’assurer l’équité dans l’accès à l’eau et à l’assainissement, en particulier pour les communautés rurales.  Aujourd’hui, environ 97% de la population urbaine et 87% de la population rurale ont accès à l’eau potable.  Selon la Cheffe du Gouvernement, un accès universel requiert le transfert de technologies.  Elle a appelé à nommer un envoyé spécial de l’ONU pour l’eau dont le rôle contribuerait grandement à améliorer la coordination entre les divers organes qui traitent de la question.  Au niveau national, a-t-elle poursuivi, le Gouvernement investit dans le développement des infrastructures hydrauliques et la réhabilitation des canalisations dans les zones côtières.  Il vient aussi d’adopter la version révisée de la Stratégie d’assainissement et d’hygiène (2022-2027) pour une approche coordonnée en la matière.  Enfin, la Première Ministre a salué le Programme progressiste d’investissement pour l’eau en Afrique (AIP) qui vise à mobiliser 30 milliards de dollars par an pour renforcer la résilience face aux changements climatiques d’ici à 2030. 

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme INÉS MARÍA CHAPMAN WAUGH, Vice-Présidente de Cuba, a souligné que les pays en développement ont besoin d’un financement international accru, d’un renforcement de leurs capacités et d’un transfert de technologies respectueuses de l’environnement pour parvenir à une gestion efficace de l’eau.  Le Groupe réaffirme que l’aide publique au développement pour le secteur de l’eau devrait être augmentée.  Il juge impératif d’étendre la coopération internationale aux pays en développement dans les activités et les programmes liés à l’eau et à l’assainissement.  Actuellement, plus de 50% des villes du monde souffrent de pénuries d’eau récurrentes.  Les estimations suggèrent que 6 700 milliards de dollars sont nécessaires d’ici à 2030 -et 22 600 milliards de dollars d’ici à 2050- pour atteindre l’ODD 6, a-t-elle relevé.  Mme Chapman Waugh s’est inquiétée du niveau élevé de stress hydrique en Afrique du Nord, en Afrique subsaharienne, en Asie occidentale, en Asie centrale et méridionale et en Amérique du Sud, ainsi que dans la région du lac Tchad.  Elle a aussi réaffirmé la nécessité de s’engager à améliorer la coopération transfrontalière en matière de gestion de l’eau, conformément au droit international applicable. 

S’exprimant ensuite au nom de son pays, Mme INÉS MARÍA CHAPMAN WAUGH, Vice-Présidente de Cuba, a illustré les efforts cubains en matière de stockage de l’eau, incarnés par le programme « Volonté hydraulique » mis sur pied par Fidel Castro.  Elle a mentionné la construction de 242 barrages, de 800 micro-barrages et plus de 16 000 bassins versants.  La gestion de l’eau de Cuba est renforcée par la science et l’innovation et la présence d’un personnel formé et compétent, en vertu des capacités cubaines en ressources humaines et de son large réseau d’écoles, d’instituts polytechniques, d’universités, d’instituts de recherche et de centres de formation.  Malgré tous ses efforts, a regretté la Vice-Présidente, Cuba est confrontée aux défis du blocus économique, commercial et financier criminel imposé par le Gouvernement des États-Unis, principal obstacle à l’obtention de meilleurs résultats, à l’accès à des financements externes et aux nouvelles technologies.  L’inscription arbitraire de Cuba sur la liste des États présumés promoteurs du terrorisme, publiée par le Département d’État des États-Unis, a aggravé cette injustice de façon exponentielle.  Malgré ces obstacles, Cuba continue vaille que vaille d’œuvrer à la réalisation de l’ODD 6.  La Vice-Présidente s’est félicitée de la prochaine tenue, en novembre de cette année, de la vingt-quatrième réunion des directeurs ibéro-américains de l’eau à La Havane.  Cette réunion, a-t-elle espéré, permettra de concrétiser des projets durables, dont un programme spécialisé de formation postuniversitaire dans les centres universitaires cubains dans le domaine de la gestion intégrée de l’eau. 

M. TRAN HONG HA, Vice-Premier Ministre du Viet Nam, a estimé que la restauration des ressources en eau doit être menée en parallèle avec les efforts mondiaux pour restaurer les écosystèmes naturels, préserver la biodiversité et s’adapter aux changements climatiques.  Il a plaidé pour la mise en place d’un cadre juridique mondial basé sur la science pour guider et coordonner l’exploitation, l’utilisation et la restauration durables des ressources en eau.  Selon lui, il est nécessaire d’établir rapidement des pôles scientifiques et technologiques sur l’eau dans différentes régions du monde, et de créer un réseau de systèmes de surveillance des bases de données sur l’eau.  Il faut également planifier suffisamment l’exploitation et l’utilisation des ressources en eau, et améliorer la qualité de ces ressources dans les rivières.  Le dignitaire a aussi appelé à établir des organisations ou agences de gestion de l’eau sous l’égide de l’ONU, telles qu’un comité scientifique sur les eaux transfrontalières ou un conseil fluvial international.  En outre, il est nécessaire de créer un fonds financier pour les bassins fluviaux transfrontaliers, ou alors d’élargir la fonction de financement des bassins fluviaux du Fonds pour l’environnement mondial.  De même, il a plaidé pour la mise en place de normes morales et en rapport avec la gestion des ressources en eau, notamment transfrontalières.  Le Vice-Premier Ministre a ensuite indiqué que le Viet Nam entend s’assurer que d’ici à 2025, 100% des grands bassins fluviaux nationaux bénéficieront d’une gestion et d’une distribution harmonieuses des ressources en eau pour faire face à la pénurie.  Et à l’horizon 2030, tous les ménages des zones urbaines auront accès à de l’eau potable, a-t-il assuré. 

Mme SANTIA J.  O.  BRADSHAW, Vice-Première Ministre de la Barbade, a indiqué que bien que pauvre en eau, son pays dispose d’un réseau d’approvisionnement datant de 1856, avec une couverture de près de 99%.  Toutefois, avec près de 98% des ressources en eaux souterraines entièrement exploitées et des sécheresses plus fréquentes, l’île a commencé à connaître des problèmes d’approvisionnement en eau dans les zones d’altitude, ainsi qu’une augmentation des niveaux de salinité dans les aquifères côtiers, a déploré Mme Bradshaw.  Les effets prévus des changements climatiques, à savoir la diminution des précipitations, les sécheresses fréquentes, l’élévation du niveau de la mer et l’augmentation des températures, sont donc considérés comme des menaces majeures pour le bien-être de l’île, a-t-elle indiqué. 

La dignitaire a ensuite indiqué que toutes les écoles et tous les établissements de santé ont accès à des services d’eau potable et d’assainissement adéquats, et qu’il n’y a pas de défécation à l’air libre.  Toutefois, pour atteindre ce niveau de mise en œuvre, la Barbade a dû dépenser un montant disproportionné de son revenu national pour simplement rester à jour, a fait valoir la Vice-Première Ministre.  Et compte tenu de l’impact potentiel de la crise climatique sur la région des Caraïbes, le maintien de ce niveau de mise en œuvre peut lui-même devenir insoutenable sans soutien technique et financier.  C’est dans cet esprit que son pays a récemment présenté l’initiative Bridgetown dont l’objectif est de veiller à ce que les pays en développement qui en ont le plus besoin soient en mesure d’obtenir des financements adéquats pour atteindre les ODD. 

Mme DUBRAVKA SUICA, de l’Union européenne (UE), a constaté que le stress hydrique est un problème mondial et a appelé à intégrer la question de la gestion de l’eau aux niveaux local, régional, continental et mondial.  L’accès à une eau potable, salubre et sûre et à l’assainissement est un droit humain qui doit être réalisé pour tous sans compromettre les droits des générations futures, a-t-elle souligné.  Face au déséquilibre entre la demande en eau et l’offre en eau, il faut promouvoir l’efficience, la réutilisation de l’eau et promouvoir des économies circulaires dans le secteur de l’eau et au-delà. 

Elle a appelé à mobiliser les ressources financières et des investissements durables.  Nous devons également nous adapter à des scénarios de pénurie en eau, a-t-elle préconisé avertissant que l’inaction aujourd’hui se traduira par des coûts bien plus élevés dans quelques années.  Elle a aussi appelé à davantage de coopération au sein et entre les pays, ainsi qu’au partage de données et des connaissances scientifiques.  Il faut en outre renforcer la gouvernance au niveau mondial.  Selon elle, cela signifie la désignation d’un envoyé spécial de l’ONU pour l’eau pour qu’enfin la question de l’eau pourra se faire entendre dans les débats publics mondiaux.  Nous ne pouvons pas nous satisfaire du statu quo, a prévenu l’oratrice exhortant à œuvrer ensemble pour que l’eau figure à l’ordre du jour de toutes les organisations mondiales. 

Mme EVELYN WEVER-CROES, Première Ministre d’Aruba, s’exprimant au nom des Pays-Bas, a relevé que les causes profondes de la pénurie en eau sont nos modèles de production et de consommation.  Pour y faire face, elle a appelé à donner la priorité à l’eau dans la prise de décisions, tant en économie qu’en politique, insistant en outre sur l’importance de placer l’eau au cœur de l’élaboration des politiques.  Elle a indiqué que l’engagement des Pays-Bas en faveur de l’eau couvre des secteurs comme le financement, le renforcement des capacités, la gouvernance, les données, l’innovation et de nouvelles formes de collaboration.  L’eau a besoin d’une attention politique continue au plus haut niveau, a-t-elle insisté, en demandant que les voix des générations futures soient également entendues. 

Justement, la déléguée de la jeunesse des Pays-Bas, Mme SARA OEI, a estimé qu’agir sur l’eau, c’est obtenir des résultats sur tous les ODD, y compris les droits humains, la santé, l’action climatique, l’égalité des sexes, la jeunesse, et la question des inégalités socioéconomiques.  Les jeunes des Pays-Bas, a-t-elle dit, veulent que la nature et toutes les eaux soient désignées comme des personnes morales, afin de garantir des solutions fondées sur la nature aux problèmes hydriques.  Des millions d’enfants sont actuellement en danger à cause des questions d’eau, a souligné la jeune représentante.  Elle a invité la communauté internationale à s’inspirer des idées innovantes des jeunes et de leur audace pour appuyer la mise en œuvre des engagements de l’action mondiale en faveur de l’eau. 

M. RO FILIPE TUISAWAU, Ministre des travaux publics des Fidji, qui s’exprimait au nom du Forum des îles du Pacifique, a pressé le monde à agir maintenant pour atteindre l’objectif de 1,5 degré Celsius en réduisant radicalement les émissions de carbone et en accélérant considérablement le passage à une économie mondiale qui ne dépende pas des combustibles fossiles. 

Se basant sur le rapport de synthèse « sans équivoque » du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié cette semaine, il a averti que les changements climatiques d’origine humaine produisent de nombreux phénomènes météorologiques extrêmes dans toutes les régions du monde.  Le Ministre a décrié les effets négatifs généralisés des changements climatiques sur les communautés vulnérables qui ont historiquement le moins contribué à la crise, évoquant des données scientifiques claires en la matière et des conséquences qui font partie des réalités du quotidien.  « Il était temps d’agir hier! » a-t-il ironisé. 

Poursuivant, le représentant du Forum des îles du Pacifique a indiqué que ce continent bleu est l’une des régions du monde où l’accès à l’eau potable et à l’assainissement est le plus faible.  De fait, 43% des habitants des pays insulaires du Pacifique n’ont pas même accès à des installations d’eau potable et 65% n’ont pas accès à des installations sanitaires de base respectivement.  Il a par ailleurs exhorté à davantage de projets innovants, citant les nombreuses initiatives de sa région, qu’il s’agisse du Partenariat pour la résilience du Pacifique, de l’Association de l’eau et des eaux usées du Pacifique, du Conseil météorologique du Pacifique ou encore de la Facilité pour l’infrastructure régionale du Pacifique, qui soutient le partage d’informations et la coordination des partenaires de développement.  Pour finir, M. Tuisawau a estimé à 1,2 milliard de dollars le montant de l’investissement nécessaire pour le secteur de l’eau dans les îles du Pacifique afin atteindre les objectifs de développement durable liés à cette ressource.

M. JULIO CESAR ARRIOLA, Ministre des relations extérieures du Paraguay, s’exprimant au nom des États membres du Comité intergouvernemental de coordination des pays du bassin du Rio de la Plata (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay et Uruguay), a expliqué que le bassin de la Plata, formé par les réseaux hydrographiques des fleuves Paraguay, Paraná, Uruguay et la Plata, est le deuxième plus grand bassin d’Amérique du Sud et le cinquième plus grand bassin du monde, et que la nappe de l’aquifère de Guarani, troisième réserve d’eau souterraine du monde, s’étend sur une grande partie du bassin.  Voici 50 ans, les cinq pays ont signé un traité pour le développement harmonieux et équilibré de cette réserve d’eau souterraine, ainsi que pour l’exploitation optimale et l’utilisation rationnelle de ses ressources naturelles, afin d’en assurer la pérennité.  Or, les pays membres du Comité font face aujourd’hui à l’une des pires sécheresses du siècle depuis 2019, a expliqué le Ministre.  Cette sécheresse a compromis l’utilisation de cette ressource vitale pour la consommation humaine, la production d’énergie et la sécurité alimentaire.  Convaincus qu’il est possible de trouver des solutions gagnant-gagnant pour la gestion des ressources en eau, les pays du Comité promeuvent l’action conjointe des États pour atteindre les objectifs liés à l’eau.  Dans cet esprit, le Ministre paraguayen a suggéré d’accroître la coopération pour le financement des programmes et projets liés à l’eau; de consolider les organisations régionales pour promouvoir la coopération dans le domaine des bassins transfrontaliers; de donner la priorité au renforcement des acteurs locaux et des capacités nationales pour assurer la durabilité des programmes; et enfin, d’intégrer le critère d’efficacité et de non-duplication des efforts dans l’exécution de ces programmes.

Mme STEFFI LEMKE, Ministre fédérale de l’environnement, de la conservation de la nature, de la sûreté nucléaire et de la protection des consommateurs de l’Allemagne, a déclaré que l’accès à l’eau potable et à un assainissement adéquat sont des droits humains.  Sans eau, il n’y a pas de nourriture.  Cependant, dans de nombreux endroits du monde, l’agriculture ne s’est pas encore adaptée aux conditions résultant de la crise climatique.  Cela a ajouté une crise alimentaire à la crise de l’eau, attisée par l’agression de la Russie contre l’Ukraine.  Pour que ces crises multiples ne se détériorent davantage, la gestion responsable de l’eau est essentielle, a défendu la Ministre dont le Gouvernement vient d’adopter une stratégie nationale de l’eau pour soutenir la mise en œuvre nationale de l’ODD 6.  Au niveau international, elle a dénoncé une mise en œuvre trop lente, trop fragmentée et mal coordonnée de cet objectif. 

Les Dialogues sur l’eau de Bonn ont élaboré des recommandations concrètes dans le cadre d’un processus interrégional inclusif, a témoigné Mme Lemke, comme la signature des accords intergouvernementaux sur la gestion des eaux transfrontalières.  Deux projets de la Team Europe Initiative soutiennent des partenaires en Afrique et en Asie centrale dans la gestion transfrontalière des ressources en eau partagées.  Pour réaliser l’ODD 6, la Ministre a préconisé des approches innovantes en matière de financement et souligné que l’Initiative internationale sur le climat soutient la gestion intégrée de l’eau comme l’une des mesures clefs pour l’atténuation des changements climatiques, l’adaptation et la conservation de la biodiversité.  Pour surmonter la crise mondiale de l’eau, il faut tenir des réunions régulières sur l’eau, au plus haut niveau.  L’Allemagne appelle à une meilleure coordination entre les donateurs et l’ONU et à nommer un envoyé spécial de l’ONU pour l’eau, se disant disposée à y contribuer financièrement. 

M. FERNANDO ANDRÉS LÓPEZ LARREYNAG, Ministre de l’environnement d’El Salvador, a expliqué que son gouvernement entend favoriser l’accès de tous les Salvadoriens à l’eau.  Dans ce cadre, une loi générale sur les ressources en eau a été présentée à l’Assemblée législative afin de réglementer son utilisation, sa conservation et sa protection, ainsi que pour garantir la reconnaissance de l’accès à l’eau comme un droit fondamental.  Cela permettra notamment d’empêcher la privatisation de la ressource et sa surexploitation, a-t-il voulu croire.  Le Ministre a évoqué des projets miniers à l’extérieur du pays, mais près des frontières qui menacent les écosystèmes et la souveraineté de son pays sur ses ressources en eau.  Il a appelé à la solidarité, au bon sens et aux bonnes pratiques qui garantissent l’utilisation durable des ressources en eau.  El Salvador entend lancer le projet de réservoirs artificiels d’eau de pluie pour profiter des 2 000 mm de précipitations qu’il reçoit chaque année.  Nous avons des actions d’adaptation aux changements climatiques, à travers des programmes de reboisement dans les bassins versants pour protéger les sources d’eau, a assuré M. López.

Mme JOËLLE WELFRING, Ministre de l’environnement, du climat et du développement durable du Luxembourg, a salué l’appel d’avoir des réunions intergouvernementales régulières sur l’eau au sein de l’ONU, estimant nécessaire que l’eau retrouve une place au plus haut niveau de l’agenda politique.  Dans ce contexte, elle a soutenu la création d’un poste d’envoyé spécial des Nations Unies sur l’eau. 

Elle a indiqué que le Luxembourg encourage la promotion et la mise en œuvre de politiques inclusives et équitables d’accès et d’utilisation de l’eau, pour tous les secteurs et usages domestiques, notamment en tenant compte des principes du pollueur-payeur et utilisateur-payeur ainsi que de la gestion des risques y associés.  Cette approche des risques est d’autant plus importante, sachant que l’eau d’une bonne qualité est une ressource qui sera de plus en plus rare et précieuse avec les impacts des changements climatiques, a-t-elle relevé. 

Elle a également jugé primordial d’aborder les impacts des changements climatiques sur l’eau en mettant en œuvre des mesures d’adaptation pour accroître la résilience climatique des services d’eau et d’assainissement.  Le trop peu et le trop d’eau s’alterneront de manière beaucoup plus fréquente et seront la nouvelle «°normalité°».  Il faudra vivre avec, a-t-elle souligné, notant que des coopérations à tous les niveaux seront nécessaires pour faire face à ces défis.  Elle a également appelé à renforcer la Convention sur l’eau, instrument unique juridiquement contraignant, promouvant notamment la gestion durable des ressources en eau partagées.  Les principes de la Convention sont applicables partout et dans tous les secteurs et y adhérer permettra une meilleure gestion de nos ressources pour les générations futures, a-t-elle souligné.

Mme DEBRA ANNE HAALAND, Secrétaire à l’intérieur des États-Unis, a déclaré que les pays font face à un moment décisif dans la lutte contre la crise de l’eau et a appelé à gérer correctement ce don qu’est l’eau.  Elle a fait savoir que les États-Unis comptent plus de deux millions de personnes qui n’ont pas accès à une eau potable propre.  En outre, les peuples autochtones courent 19 fois plus de risques d’avoir des problèmes de canalisation dans leur domicile et de manquer d’accès à une eau sûre chez eux.  Il faut agir rapidement pour défendre la prospérité sur le long terme des communautés du monde entier, a-t-elle exhorté.  Elle a ensuite indiqué que l’Administration Biden-Harris, qui a lancé une approche commune pour assurer la sécurité de l’eau pour les générations à venir, s’engage envers le Programme d’action pour l’eau avec une contribution de 49 milliards de dollars d’investissements pour s’assurer que l’eau propre et l’assainissement restent une priorité dans le monde.  

Les États-Unis envisagent également d’investir plusieurs centaines de millions de dollars afin de soutenir les solutions locales pour relever les défis de l’eau et de l’assainissement dans les pays d’Afrique subsaharienne, d’Amérique latine, d’Asie et ailleurs.  Les États-Unis prévoient des financements pour les entreprises par le biais de prêts et entendent mobiliser des financements privés et publics pour soutenir les infrastructures d’eau propre et d’assainissement.  À travers les législations récemment adaptées comme la loi sur les infrastructures, les États-Unis prévoient des centaines de millions de dollars de nouveaux financements pour faire face à cette crise, a fait savoir Mme Haaland. 

M. GILBERTO PICHETTO FRATIN, Ministre de l’environnement et de la sécurité énergétique de l’Italie, a indiqué que cette Conférence représente un moment historique afin de renouveler l’engagement international en faveur de la protection de l’eau.  Il a détaillé les efforts de son pays, en indiquant que 4,38 milliards d’euros ont été alloués sur le plan national à cette fin.  Il a mentionné plusieurs projets, dont celui appelé « Renaturation du Pô » avec un investissement de 357 millions d’euros pour améliorer la qualité de l’eau et la biodiversité.  Sur le plan international, le Ministre a mentionné la création du fonds italien climatique qui sera doté de 840 millions de dollars d’ici à 2026.  Plus de 69 millions d’euros ont été alloués à des projets de coopération internationale.  Il y a quelques semaines, a-t-il ajouté, l’Italie et l’Éthiopie ont signé un accord de plus de 30 millions d’euros en vue de la protection de l’eau, de la gestion des terres et de la création d’emplois.  L’eau doit rester tout en haut de l’ordre du jour international, a-t-il conclu.

M. JANAINA TEWANEY MENCOMO, Ministre des relations extérieures du Panama, a déclaré que l’atout le plus précieux dont dispose son pays, le fameux canal par lequel transitent 6% du commerce mondial, est le seul canal aménagé à être alimenté par de l’eau douce pour fonctionner.  Par conséquent, une bonne gestion de l’eau et de nos sources est cruciale non seulement pour son pays, mais aussi pour le commerce mondial, le monde globalisé et la continuité des chaînes d’approvisionnement, a fait observer le Ministre.  Avec « notre voisin et frère », le Costa Rica, nous partageons quatre fleuves, a-t-il dit, avant d’évoquer le mécanisme de coopération transfrontalière Sixaola, qui implique directement les autorités locales des deux pays et leurs communautés, y compris les acteurs de la société civile et les représentants de groupes autochtones en tant que responsables de la gestion du bassin, les deux nations étant unies par un pont. 

Mme MARIA ANTONIA YULO-LOYZAGA, Secrétaire d’État de l’environnement et des ressources naturelles des Philippines, a déclaré que son pays avançait de manière décidée pour réaliser l’ODD 6 avec la création d’un bureau de gestion des ressources en eau au sein du Secrétariat de l’environnement.  Associé à d’autres bureaux, ce bureau adopte une approche de gestion des risques à l’échelle des communautés, a-t-elle précisé.  Les typhons, les pluies torrentielles et les maladies qu’elles entraînent, ainsi que la sécheresse impactent durement l’alimentation du pays et bien d’autres secteurs, a indiqué la dignitaire qui a précisé que les pertes se sont élevées à 10 milliards de dollars rien que l’an dernier.  Ces catastrophes naturelles, qui ne se limitent pas à l’archipel des Philippines, doivent pousser la communauté internationale à monter un véritable programme mondial de résilience de l’eau.  L’oratrice a appelé à mieux incorporer le thème de l’eau dans les cadres existants, tels que le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes.  Les Philippines souhaitent également lancer un projet de résolution sur WASH cette année, et s’engagent à alimenter les connaissances et les partenariats dans le domaine, a indiqué la Secrétaire d’État.

M. NIZAR BARAKA, Ministre de l’équipement et de l’eau du Maroc, a indiqué que l’année 2022 fut l’année la plus sèche connue par le pays, avec comme conséquence une réduction de plus de 40% de ses ressources en eau.  Ces sécheresses successives ont eu un effet négatif sur la nappe phréatique et la quantité d’eau disponible pour chaque Marocain, s’est-il inquiété.  Il a expliqué que grâce à l’ancien Roi, Hassan II, des infrastructures tels que des barrages ont permis de mieux gérer les ressources en eau.  Avec le Roi Mohammed VI, une feuille de route a été initiée pour poursuivre ces actions.  Un projet entend par exemple dessaler l’eau de mer en utilisant l’énergie éolienne.  Le Maroc recycle également des millions de mètre cube d’eau et entend aussi irriguer plus d’un million d’hectares de terres agricoles d’ici à l’année 2030. 

M. DUARTE CORDEIRO, Ministre de l’environnement et de l’action climatique du Portugal, a indiqué que 2022 a été l’année la plus sèche dans l’histoire récente de son pays.  Les précipitations ont diminué de 15% ces 20 dernières années.  Il a détaillé les efforts du Portugal en vue d’une gestion plus durable de l’eau, en indiquant notamment la recherche de nouvelles sources, notamment par le biais de la désalinisation.  Il a mentionné l’appui apporté par le Portugal aux efforts visant à lutter contre les effets des sécheresses et des inondations au Mozambique et à assainir l’eau au Cabo Verde.  Nous devons améliorer nos financements et créer les institutions nécessaires pour une bonne gouvernance de l’eau, a tranché le Ministre.  Enfin, il s’est dit en faveur de la nomination d’un envoyé spécial de l’ONU pour l’eau afin de « donner un visage à cette problématique ».

M. MIGUEL CEARA HATTON, Ministre de l’environnement et des ressources naturelles de la République dominicaine, a partagé l’expérience de son pays ces deux dernières années s’agissant de la gestion de l’eau.  Le Gouvernement a opéré un changement important dans la gouvernance et la structure institutionnelle de l’eau et la situation a commencé à changer.  Après avoir recensé les besoins, l’exécutif a ainsi estimé qu’il fallait investir environ 9 milliards de dollars ou 8% du PIB sur la question de l’eau.  Il a mis en place une stratégie à moyen et à long terme pour pouvoir dépenser l’argent de manière utile et commencé par créer un cabinet chargé de l’eau avec la participation de toutes les institutions liées à ce secteur.  Une vision sur la durée qui permet d’investir davantage de fonds publics dans l’eau afin de satisfaire aux besoins les plus urgents. 

Ensuite, a expliqué le Ministre, un débat sur l’eau a été organisé en juin 2021 pour discuter des propositions du Gouvernement.  L’objectif principal était de consolider la politique nationale pour réglementer, planifier, protéger et préserver les ressources en eau.  Ce débat s’est soldé par la Vision 2021-2036 sur l’eau.  Le Ministre a informé des problèmes liés à l’irrigation et au gaspillage soulignant qu’il faut 3 000 litres d’eau pour produire une livre de riz.  Le Gouvernement est en train de mettre la dernière main à une loi sur l’eau qui sera soumise sous peu au Parlement et prend en compte cette triple dimension des droits humains, des ressources humaines et ressources économiques.  

M. WALID FAYYAD, Ministre de l’énergie et des ressources hydrauliques du Liban, a appelé la communauté internationale à aider les pays en développement souffrant de crises, telles que le surendettement et l’insécurité alimentaire, notamment grâce à des financements internationaux qui soutiendraient des projets d’investissement dans le secteur de l’eau et de l’assainissement.  Pour ces pays en développement, il a aussi demandé des programmes d’appui technique et de renforcement des capacités.  Le Ministre a rappelé que depuis 2011, le Liban a reçu les réfugiés syriens qui représentent désormais 30% de la population libanaise.  Ces Syriens s’ajoutent aux Palestiniens installés depuis fort longtemps au Liban.  Le Ministre a appelé les donateurs à appuyer les efforts du Gouvernement libanais et à établir des programmes de soutien ciblant directement les réfugiés.  C’est comme si la France accueillait 20 millions d’étrangers, ou comme si les États-Unis en accueillaient 100 millions, a-t-il indiqué à titre d’exemple.  Dans ce contexte, le Liban a établi une stratégie nationale du secteur de l’eau et de l’assainissement qui nécessite des fonds.  M. Fayyad a présenté un plan de financement aux donateurs internationaux, mais la communauté internationale semblait peu enthousiaste à soutenir le Liban, a-t-il regretté.

Mme MAISA ROJAS, Ministre de l’environnement du Chili, a déclaré que son pays a l’intention de consacrer des ressources et de prendre des mesures pour assurer un accès universel et équitable à l’eau potable, à un prix abordable, en particulier dans les zones rurales les moins peuplées.  Son gouvernement s’est également fixé des objectifs précis en termes de qualité et de traitement de l’eau, de régénération et de réutilisation des eaux grises et traitées, au travers de projets de loi qui autorisent l’utilisation de ces eaux pour l’irrigation dans les activités forestières et agricoles et le changement des normes relatives aux déversoirs sous-marins.  Le Chili, a indiqué la Ministre, compte poursuivre la transparence de l’information à travers le développement de plateformes accessibles au public portant sur les écosystèmes au niveau du bassin, la qualité de l’eau, l’efficacité et la gestion intégrée des ressources en eau, le tout dans le respect de l’Accord d’Escazú.  Pour un pays avec la diversité territoriale et climatique comme le sien, il est essentiel de travailler sur la sécurité de l’eau et l’ODD 6 au niveau du bassin, a-t-elle encore indiqué.  Pour cette raison, la Ministre a fait part de trois grands axes complémentaires que sont l’élaboration et la mise en œuvre des plans stratégiques pour les ressources aquifères dans les bassins, la préparation d’un projet de loi qui crée les Conseils de bassin, en tant que composante essentielle du système de gestion de l’eau, et le renforcement des travaux et des accords conclus dans le cadre du Protocole spécifique additionnel sur les ressources en eau partagées.  

M. ANXIOUS JONGWE MASUKA, Ministre des terres, de l’agriculture, des pêches, de l’eau et du développement rural de Zimbabwe, a reconnu que son pays n’atteindra pas l’ODD 6 en 2030.  Mais le Gouvernement a élaboré une stratégie pour s’assurer de la disponibilité de l’eau y compris pour l’agriculture.  Il veut ainsi créer un système agricole résilient notamment pour la culture de maïs et de blé.  En outre, le Gouvernement a lancé la construction de 12 barrages pour utiliser 9 milliards de m3 d’eau pour la production agricole et énergétique.  Le Ministre a également évoqué l’élaboration d’un projet visant à amener l’eau dans la deuxième ville du pays et la création d’un programme d’investissement au niveau rural pour que 82% de la population rurale ait accès à l’eau propre.  L’exécutif entend aussi améliorer la gestion et l’efficience de la fourniture d’eaux.  S’agissant de la coopération transfrontière, le Ministre a salué l’excellence de la coopération avec les pays de la région pour faciliter la gestion transfrontière de l’eau.  Il a terminé en appelant à la nomination d’un envoyé spécial de l’ONU pour l’eau et des investissements supplémentaires dans les infrastructures en eaux.  

Mme CECILIA ABENA DAPAAH, Ministre de l’eau et de l’assainissement du Ghana, a déclaré que la nature interdépendante de l’ordre mondial prouve la nécessité de gérer ensemble l’eau afin d’éviter les conflits.  Conscient de cette réalité, le Ghana est devenu en septembre 2020 partie à la Convention sur l’eau et a travaillé avec le Togo sur un projet transfrontière relatif à l’eau, a-t-elle indiqué.  Le Ghana met également la priorité sur la distribution de l’eau, et est le premier pays à avoir signé le programme Assainissement et eau pour tous (SWA), atteignant ainsi les objectifs du millénaire bien avant la date limite.  

M. ABDELMONEM BELATI, Ministre de l’agriculture, des ressources hydrauliques et de la pêche maritime de la Tunisie, a rappelé que son pays est l’un de ceux qui souffrent de la raréfaction de ses ressources en eau, précisant que la part par habitant est estimée à environ 420 mètres cubes par an.  Il a mis en cause la demande croissante dans tous les secteurs en raison du développement économique et social et les effets négatifs des changements climatiques.  C’est la raison pour laquelle le secteur de l’eau en Tunisie a bénéficié d’investissements dans de vastes infrastructures hydrauliques afin de mobiliser les ressources en eau traditionnelles et non traditionnelles, par exemple des barrages connectés entre eux, ainsi que des usines de dessalement d’eau de mer et de traitement des eaux usées.  

M. MOHAMED ABDEL ATY, Ministre des affaires hydriques et de l’irrigation de l’Égypte, a dit considérer l’eau comme un droit au même titre que les autres droits humains.  L’Égypte, a-t-il dit, est une nation confrontée à la pénurie d’eau du fait du peu de précipitations.  Nous sommes en-dessous du seuil de pauvreté hydrique, a-t-il déclaré en rappelant que 75% des ressources en eau du pays sont dédiées à l’agriculture.  Le pays recycle de l’eau pour ses besoins de consommation.  Il a ensuite appelé à une gestion concertée des ressources en eau.  Il a estimé que le barrage de la Renaissance a été construit en Éthiopie sur 12 ans sans consultation avec les pays voisins.  De même, son exploitation sans collaboration met en danger les 150 millions d’Égyptiens voisins, a averti M. Aty.  Le Ministre a indiqué que ce barrage pourrait entraîner des conséquences socioéconomiques considérables dans son pays.  Il a enfin appelé à la création d’un poste d’envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU sur l’eau. 

M. RABUN OUK, Ministre du développement rural du Cambodge, a indiqué que son pays a la chance d’être doté d’abondantes ressources en eau, en ajoutant que l’accès à ces ressources est la priorité de son gouvernement.  Nous appelons l’eau « l’or blanc » en lien avec le renforcement du secteur du tourisme, qui est « l’or vert », a dit le Ministre, en citant le festival de l’eau et le festival de la mer au Cambodge.  Il a insisté sur les progrès accomplis en vue d’un meilleur accès à l’eau ces 10 dernières années.  En 2010, a-t-il précisé, 38% de la population avait accès aux services d’assainissement, contre 77% en 2022.  Enfin, le Ministre a appelé à appuyer les programmes qui promeuvent une gestion et une utilisation durables de l’eau en vue de son accès universel. 

M. COLLIN CRAOL, Ministre du logement et de l’eau du Guyana, a déclaré que son gouvernement a adopté une stratégie de développement à faible émission de carbone à l’horizon 2030.  Celle-ci prévoit une gestion plus intégrée des ressources en eau, parallèlement à d’autres priorités nationales telles que l’énergie et la sécurité alimentaire.  La stratégie incarne aussi la contribution guyanienne à la lutte contre les changements climatiques par la préservation des ressources forestières et par la transition vers des sources d’énergie propres et renouvelables. 

Faisant partie du bassin du fleuve Amazone, le Guyana reste attaché à la coopération transfrontalière régionale.  L’Amazonie fournit une pléthore de services écosystémiques, dont une riche biodiversité; elle joue un rôle crucial dans la régulation du climat mondial et assure le cycle de 20% de l’eau douce de la planète.  Le Guyana, en collaboration avec les autres États membres de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA), continue de travailler sur des initiatives transfrontalières visant à surveiller la qualité et la quantité de l’eau, tout en promouvant l’utilisation harmonieuse de cette vaste ressource, dans le respect des droits des habitants de la région. 

Le Ministre a ensuite appelé à l’échange de technologies et d’innovations entre les pays développés et les PEID, les pays en développement sans littoral (PDSL) et les PMA.  Le financement de la réutilisation de l’eau, de la désalinisation et du traitement des eaux usées reste un défi majeur pour les petits États: il doit être une priorité absolue pour promouvoir un accès équitable à l’eau potable pour tous, a-t-il insisté.

M. NORBERT TOTSCHNIG, Ministre fédéral de l’agriculture, de la sylviculture, des régions et de la gestion de l’eau de l’Autriche, a appelé à nommer un envoyé spécial de l’ONU pour l’eau afin de renforcer la coordination mondiale, de donner une voix à l’eau et aux deux milliards de personnes qui n’ont pas accès à l’eau potable.  Il a indiqué que l’Autriche, au cœur des Alpes, a la chance d’être dotée de riches ressources naturelles en eaux.  Toutefois, elle est confrontée aux conséquences des changements climatiques et doit gérer lesdites ressources de manière responsable.  

Pour le Ministre, cette responsabilité signifie investir dans la sensibilisation de la population, en particulier les jeunes, pour promouvoir une utilisation responsable de l’eau.  Il a également appelé à investir dans les innovations pour déployer des technologies de pointe dans les infrastructures d’eau douce et d’eaux usées.  De même, il a préconisé d’investir dans des systèmes d’alerte précoce et des mécanismes de surveillance pour détecter et prévenir le gaspillage de l’eau, les pollutions et les catastrophes naturelles telles que les inondations.  Enfin, il a recommandé d’explorer les opportunités d’investissement pour atteindre les ODD, comme la transition vers des systèmes d’énergie renouvelable.  Il a également insisté sur l’importance de la coopération à tous les niveaux et l’augmentation des financements. 

M. JUMAA HAMIDU AWESO, Ministre de l’eau de la République-Unie de Tanzanie, a indiqué que son pays s’est engagé en faveur d’un programme d’investissement dans l’eau de plusieurs milliards de dollars pour la période 2023-2030.  Ce programme garantira à l’échelle nationale la sécurité hydrique et la résilience aux chocs climatiques, a-t-il expliqué.  Il a insisté sur l’importance de la coopération et de partenariats pour relever les défis nationaux, régionaux et mondiaux liés à l’eau, y compris dans le cadre de l’atténuation et l’adaptation aux impacts des changements climatiques et la prévention de la pollution de l’eau à toutes les échelles.  

Le Ministre s’est réjoui du fait que le pourcentage de personnes ayant accès à l’eau potable dans les zones rurales a augmenté au cours des trois dernières années, passant de 65% en 2019 à 77% en décembre 2022.  De même, pour les zones urbaines, les chiffres sont passés de 78% à 88%.  Dans cette optique, la République-Unie de Tanzanie a acquis des équipements lourds pour l’évaluation des eaux souterraines et leur exploration.  Le pays entend également bâtir des barrages pour contenir les eaux de pluie et s’en servir pour l’irrigation agricole.  

M. FIDINIAVO RAVOKATRA, Ministre de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène de Madagascar, a indiqué que son pays est actuellement à pied d’œuvre sur deux importants projets de construction d’infrastructures en eau.  Tout d’abord, des travaux de mobilisation de rivière Efaho, financé par l’État, sont en cours, avec la construction d’un pipeline long de 97 kilomètres afin d’alimenter 60 villages particulièrement vulnérables à la sécheresse, et d’irriguer des centaines de milliers d’hectares de plaines pour une véritable transformation socioéconomique de la région Sud de Madagascar.  Ensuite, la mise en place de bassins de rétention d’eau dans 12 régions de l’île, a poursuivi le Ministre, en affirmant que Madagascar s’engage à augmenter le budget alloué par l’État malagasy et à mobiliser davantage de financement de la part de ses partenaires techniques et financiers.  Il est également déterminé à redoubler d’efforts pour donner une plate-forme et un soutien solide aux recherches liées aux nouvelles technologies pour l’accès à l’eau, a souligné M. Ravokatra.

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