L’ECOSOC conclut son débat sur les activités opérationnelles de développement sur des appels à soutenir les pays tout en gardant le cap sur la réalisation des ODD
Le Conseil économique et social (ECOSOC) a achevé, cet après-midi, son débat annuel sur les activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies sur des appels à intensifier les efforts afin d’aider les États Membres à répondre aux crises actuelles tout en mettant l’accent sur la nécessité d’ancrer la réalisation des objectifs de développement dans la durée.
« Nous avons entendu votre message haut et fort: il nous faut continuer de faire fond sur les réformes pour renforcer notre appui », a déclaré la Vice-Secrétaire générale de l’ONU et Présidente du Groupe des Nations Unies pour le développement durable, Mme Amina J. Mohammed, à la clôture du débat. Ce segment des travaux de l’ECOSOC constitue à ses yeux un jalon « dans un voyage au long cours » qui nous mènera au Sommet sur les objectifs de développement durable (ODD) en septembre de cette année.
Un pacte de financement sera cependant essentiel, a ajouté la Vice-Secrétaire générale, afin de permettre au système des Nations Unies pour le développement d’apporter un appui personnalisé aux États. Un processus transparent sera également lancé afin d’assurer un financement durable et prévisible du système des coordonnateurs résidents, « point d’ancrage » du système onusien, selon les mots de M. Albert Ranganai Chimbindi, du Zimbabwe, Vice-Président de l’ECOSOC.
Afin de veiller à ce que la réforme du système des Nations Unies pour le développement porte ses fruits et contribue à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des ODD, la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a indiqué en matinée que l’organisme qu’elle dirige travaille de manière cohérente avec les coordonnateurs résidents pour favoriser la réalisation des priorités établies par les gouvernements des pays hôtes.
À cet égard, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe a plaidé pour que des politiques de résilience et de réduction des risques soient intégrées à l’ensemble des programmes de l’Organisation. Des structures de réduction des risques de catastrophe et des systèmes d’alerte précoce sont déjà en place dans les bureaux régionaux, a-t-elle noté, alors que la présence des coordonnateurs résidents sur le terrain a permis aux États de prendre en charge certaines responsabilités à cet égard. Pour appuyer ces efforts, l’ONU a concentré son action sur les 30 pays les plus exposés aux catastrophes naturelles afin d’identifier leurs lacunes et de prévoir l’aide appropriée pour y répondre.
Les délégations se sont ensuite penchées sur les ressources régionales qu’apporte le système des Nations Unies pour le développement aux États Membres afin de les aider à répondre aux crises transfrontalières. En Amérique latine et dans les Caraïbes, où la question des migrations transfrontalières se pose avec une acuité particulière alors que près de 43 millions de personnes vivent à l’extérieur de leur pays de naissance, le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) a indiqué que plusieurs pays de la région ont mis en place des plans migratoires quinquennaux.
Une situation similaire à celle qui prévaut dans plusieurs États africains, qui sont aussi confrontés au paiement du service de la dette d’un montant global de 23 milliards de dollars. La mise en place d’une zone de libre-échange continentale africaine pourrait cependant changer la donne, a considéré la Directrice régionale pour l’Afrique du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), en invitant le système onusien pour le développement à cesser de traiter l’Afrique en « élève » pour la laisser trouver les solutions les mieux adaptées aux défis qui lui sont propres.
Toutefois, a rétorqué le Coordonnateur spécial pour le développement au Sahel, le déficit de gouvernance constitue le principal obstacle dans les zones transfrontalières du Sahel. Un problème auquel la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, et sa forte dimension transfrontalière, a pour objectif de remédier, grâce à des programmes de développement renforcés, à une augmentation des ressources financières et à des engagements pluriannuels de la part des donateurs.
En après-midi, les délégations ont discuté du soutien apporté par le système des Nations Unies pour le développement afin d’assurer une transition équitable vers les ODD au niveau national dans les domaines de l’énergie, de l’alimentation et de l’éducation. La dernière table ronde de la journée portait quant à elle sur l’obligation de rendre compte des performances et des résultats à l’échelle du système onusien pour le développement.
ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT
Déploiement des actifs du système des Nations Unies pour le développement en appui des pays confrontés à des défis transfrontaliers
Cette table ronde a permis de couvrir un large éventail de situations, avec des interventions ayant trait aux défis qui se posent au Sahel, en Amérique latine ou bien encore à trois pays d’Asie, le Bangladesh, le Népal et la République démocratique populaire lao.
M. JOSE MANUEL SALAZAR-XIRINACHS, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a évoqué la question des migrations transfrontalières, qui est pressante en Amérique latine et dans les Caraïbes, région où 43 millions de personnes vivent à l’extérieur de leur pays de naissance. Il a mentionné le plan migratoire quinquennal mis en place par plusieurs pays de la région, le Guatemala étant le chef de file. « Ce projet va bon train. » Alors que seules 25% des cibles des objectifs de développement durable (ODD) devraient être atteintes, il a détaillé la coopération régionale mise en place pour combler ce retard et mentionné la création d’un fonds de résilience pour les Caraïbes pour faire face aux conséquences des changements climatiques. Enfin, il a rappelé la création en 2022 d’un forum sur le lithium entre la Bolivie, l’Argentine et le Chili, véritable « triangle du lithium », qui abrite, avec l’Afrique, la très grande partie des ressources mondiales de ce minerai.
De son côté, Mme AHUNNA EZIAKONWA, Directrice régionale pour l’Afrique du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a rappelé l’acuité des défis que les pays africains doivent relever, en particulier le paiement du service de la dette, qui représente quelque 23 milliards de dollars. Elle a aussi fustigé ces agences de notation qui présentent les pays africains comme étant systématiquement à risque. Des tels avis négatifs ont coûté 75 milliards de dollars d’investissements aux pays africains, s’est-elle désolée. Elle a insisté sur l’importance de la création, en cours, d’une zone de libre-échange en Afrique qui pourrait véritablement changer la donne. L’accélération de ce processus est la priorité des décideurs économiques africains en 2023, a-t-elle dit. Enfin, et plus globalement, elle a déclaré que le système onusien pour le développement ne doit plus traiter l’Afrique « comme un élève » en lui proposant des solutions. Ces solutions doivent venir de l’intérieur du continent, a-t-elle tranché.
Pour sa part, M. ABDOULAYE MAR DIEYE, Coordonnateur spécial pour le développement au Sahel, a indiqué que le manque de gouvernance est le principal défi qui se pose dans les zones transfrontalières du Sahel. La stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel vise précisément à y remédier, a-t-il dit, en rappelant que 44% des actions prévues par cette stratégie ont une dimension transfrontalière. Il a surtout insisté sur le nécessaire renforcement des programmes de développement, grâce à un accroissement des ressources financières et à des engagements pluriannuels. Les donateurs sont une partie du problème car ils ont leurs agences de prédilection et des plans bien souvent arrêtés, a-t-il analysé. Enfin, il a détaillé plusieurs projets en cours, dont le renforcement des mécanismes d’alerte rapide entre le Burkina Faso, le Bénin et le Togo, avant d’indiquer que les équipes de pays déployées dans la région sont des équipes transfrontalières.
Enfin, Mme SARA SEKKENES, Coordonnatrice résidente en République démocratique populaire lao, a souligné les difficultés qui accompagnent la sortie de la liste des pays les moins avancés (PMA) vers celle des pays à revenu intermédiaire. Le Bangladesh, la République démocratique populaire lao et le Népal ont cinq ans pour préparer cette transition et doivent être accompagnés, a-t-elle souligné. Ces pays passent en effet d’une dépendance à des financements externes à la nécessité de mobiliser des financements internes, a-t-elle expliqué, en mentionnant l’appui crucial fourni par les équipes de pays de l’ONU.
Dans le très court débat interactif qui a suivi, le délégué de la République démocratique populaire lao a rebondi sur les propos de Mme Sekkenes en indiquant que les pays qui effectuent cette sortie de la liste des PMA vers celle des pays à revenu intermédiaire ne doivent pas être « punis » mais bel et bien soutenus. En écho aux propos de Mme Eziakonwa, le Vice-Président de l’ECOSOC, qui vient du Zimbabwe, a insisté sur les promesses considérables que représente l’Afrique et plaidé pour un changement des mentalités des Africains et de leurs interlocuteurs. Nous nous présentons comme des pays pauvres alors que nous sommes riches, a-t-il dit.
Dialogue avec les chefs de secrétariat: travailler de concert pour aider les pays à relever les défis actuels
La session, présidée par le Représentant permanent du Zimbabwe auprès des Nations Unies et Vice-Président de l’ECOSOC, a permis de discuter de l’impact de la réforme du système des Nations Unies pour le développement sur sa capacité à aider les pays à répondre aux crises actuelles, tout en gardant l’attention braquée sur les objectifs de développement à long terme. M. ALBERT RANGANAI CHIMBINDI a lancé le débat en invitant les participants à examiner la façon dont ce système se prépare à aider les pays à débloquer des voies de transformation et à renforcer la résilience, y compris dans la perspective du Sommet sur les ODD de septembre prochain.
La réforme du système semble porter ses fruits et contribue à la mise en œuvre des ODD, a d’emblée reconnu le modérateur, M. BOB RAE, Représentant permanent du Canada auprès des Nations Unies. Mme CATHERINE RUSSELL, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a acquiescé, faisant valoir que le travail de ce système tient compte des ODD et des priorités établies par les gouvernements. Pour ce qui concerne l’UNICEF, elle a affirmé qu’il évalue régulièrement ses programmes afin de s’assurer qu’ils tiennent bien compte de l’intérêt suprême des enfants. La Directrice exécutive a en outre indiqué qu’au niveau des pays, son agence travaille de manière cohérente avec les coordonnateurs résidents. En outre, sachant que près de 70% des humains vivront en ville d’ici à 2035, l’UNICEF collabore avec ONU-Habitat et d’autres partenaires pour établir des plans de prise en charge des enfants en ville.
M. JORGE MOREIRA DA SILVA, Directeur exécutif du Bureau des Nations Unies pour l’appui aux projets (UNOPS), a déclaré que le mandat de son bureau est de soutenir les partenaires onusiens dans la mise en œuvre des ODD. Il a assuré que l’UNOPS n’entend pas marcher sur les platebandes d’autres agences onusiennes. Il a aussi fait valoir qu’il veille à ne point s’engager dans des projets qui ne cadrent pas avec les ODD ou qui ne sont pas écologiquement viables. Le Directeur exécutif a rappelé que son agence est chargée de la mise en œuvre de projets et qu’elle n’a pas elle-même de mandat programmatique: l’UNOPS appuie les programmes d’autres agences sur le terrain. Au Ghana par exemple, l’UNOPS appuie les efforts du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour accompagner le pays à s’adapter aux changements climatiques. M. Moreira da Silva a aussi évoqué le cas du Bangladesh où son bureau travaille avec le PNUD et ONU-Femmes pour accompagner leurs activités opérationnelles.
Examinant ces activités de terrain, le Danemark a décrié un déclin des programmes nationaux en faveur du genre, ainsi qu’une baisse d’intérêt sur la question climatique. C’est pourquoi il faut intégrer les questions des droits humains et du genre dans les politiques climatiques, a suggéré le Mexique. La délégation mexicaine a aussi insisté sur l’importance de tenir compte des droits des peuples autochtones. La Suède a fait remarquer que la réforme du système onusien œuvrant en faveur du développement a été engagée il y a plusieurs années, regrettant que certaines entités onusiennes ne l’aient pas encore mise en route, ce qui est préjudiciable pour les résultats du système dans son ensemble. La Directrice exécutive de l’UNICEF a partagé ce constat, promettant que son agence poursuivrait son travail en faveur des enfants tout en soutenant l’action des coordonnateurs résidents.
Alors que le Royaume-Uni a rappelé que le rapport du Secrétaire général de l’ONU laisse voir que la coordination au niveau des pays n’est pas encore optimale, le Canada a demandé d’examiner comment les équipes de pays pourraient éviter les doublons et renforcer la coordination. Une préoccupation partagée par les Pays-Bas et les États-Unis qui ont insisté sur une bonne relation au sein des équipes de pays, notamment entre les coordonnateurs résidents et les chefs d’agences. La Directrice de l’UNICEF a donné l’exemple de son agence qui mène des programmes conjoints avec d’autres agences au sein des pays, tout en prévenant que l’efficacité de telles initiatives doit être bien étudiée pour en mesurer l’impact. Interpelée également sur la question du genre, elle a répondu en rappelant que son agence est focalisée sur la question, une bonne partie de son travail ciblant d’ailleurs les jeunes filles. À cet égard, l’UNICEF collabore avec des agences telles qu’ONU-Femmes et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) pour la question du mariage précoce chez les femmes. L’UNOPS a assuré pour sa part suivre une « approche genre » tout au long de la mise en œuvre des projets. Il a souligné l’importance de tenir compte du genre dans les processus d’achats notamment, afin de cibler les entreprises dirigées par les femmes.
Intervenant par message vidéo, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, Mme MAMI MIZUTORI, a plaidé pour que la réduction des risques de catastrophe soit intégrée dans tous les programmes onusiens. Déjà, a-t-elle estimé, la plupart des structures de réduction des catastrophes sont déjà en place, ainsi que les systèmes d’alerte précoce, notamment au Siège des Nations Unies et dans les bureaux régionaux. Mais avec le travail sur le terrain des coordonnateurs résidents, la réduction des risques de catastrophe est de plus en plus prise en charge au niveau des pays. Elle a souligné que tous ces efforts sont menés en collaboration avec le bureau qu’elle dirige. Elle a appelé l’ensemble du système des Nations Unies à appuyer la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe. Selon elle, les alertes précoces sont les meilleurs outils pour sauver des vies. À peu près la moitié des États en sont dotés, mais ils ne sont pas répartis également sur leur territoire. L’ONU a de ce fait sélectionné les 30 pays les plus exposés aux catastrophes naturelles afin de se focaliser sur leurs carences et sur l’aide appropriée pour répondre aux risques qui se réalisent.
Le Vice-Président de l’ECOSOC a tenu à saluer le rôle de l’UNICEF pour faire face à une situation de catastrophe dans son pays, le Zimbabwe, pendant les moments les plus dramatiques de la pandémie de COVID-19.
Répondant à la Suisse qui s’interrogeait sur le partage des connaissances au sein du système onusien, le Directeur exécutif de l’UNOPS a estimé que cela passe par une évaluation sincère du travail des agences. Pas seulement une évaluation traditionnelle en fin d’année, mais un vrai exercice de remise en question en examinant les projets réalisés afin de tirer les leçons qui s’imposent. Pour le Kazakhstan, enfin, il est aussi question de partir du niveau national pour renforcer la coordination au niveau régional.
Soutenir les transitions équitables vers les ODD au niveau national
Une transition « juste » dans les domaines de l’énergie, des systèmes alimentaires, des emplois verts et de la connectivité numérique peut avoir des effets multiplicateurs sur la réalisation du Programme 2030 et des ODD, a estimé le Vice-Président de l’ECOSOC, M. MAURIZIO MASSARI, à l’ouverture des débats. Un avis partagé par la modératrice et membre du Groupe consultatif de la jeunesse du Secrétaire général sur les changements climatiques, Mme EDUARDA ZOGHBI, laquelle a considéré que le développement durable est tributaire de la création d’emplois verts et de la satisfaction des besoins locaux.
Le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), M. QU DONGYU, a indiqué que la FAO travaille avec de nombreux pays et avec les collectivités locales afin de contribuer au « verdissement » des systèmes agroalimentaires malgré les obstacles à la coordination et les goulots d’étranglement. Il est à ses yeux essentiel de trouver la voie vers une transition juste en créant des synergies dans les domaines scientifique et technologique, dans le cadre d’une approche fondée sur la coopération. La FAO, en collaboration avec le (PNUD) et les coordonnateurs résidents, appuie les plans de transition adoptés au niveau des pays ainsi que l’élaboration de programmes conjoints. Selon lui, la communauté internationale doit néanmoins s’efforcer de « décarboner » l’économie en faisant les compromis nécessaires pour attirer les investissements requis pour maintenir le réchauffement en-deçà de 1,5 degré Celsius.
L’équipe de pays des Nations Unies joue en effet un rôle essentiel pour permettre aux États Membres d’emprunter la voie d’une transition juste, a confirmé M. AMRIT BAHADUR RAI (Népal), en évoquant le plan de développement 2018-2022 de son pays qui reposait sur une croissance inclusive et durable, l’action climatique et la réduction des risques de catastrophe, le développement social, les droits humains de même que l’état de droit. Pour maintenir cet élan, les ressources financières et institutionnelles devront toutefois être renforcées, a-t-il reconnu.
M. LEONARDO GARNIER, Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sommet 2022 sur la transformation de l’éducation, a expliqué qu’en préparation de ce sommet, les équipes de pays des Nations Unies et les représentants des ministères de l’éducation de 130 États avaient tenu des consultations dans le but de préparer des déclarations d’engagement au niveau national. Comme d’autres intervenants, M. Garnier a évoqué, au nombre des obstacles qu’ont rencontrés les organisateurs de cet événement, l’insuffisance des ressources financières, alors que seulement 3% des investissements sont consacrés à l’éducation, ainsi que le « gaspillage de capacité » des entités onusiennes dont la coordination doit selon lui être resserrée.
Dans le contexte du Zimbabwe, une transition juste s’articule autour de deux questions qui se renforcent mutuellement, a expliqué le Coordonnateur résident au Zimbabwe, à savoir la lutte contre les changements climatiques et la production d’énergie renouvelable. Le cadre opérationnel pour la période 2022-2026 met l’accent sur les priorités que constituent la planification, la population, la prospérité et la paix, a expliqué M. EDWARD KALLON.
Concernant les efforts déployés par le secteur privé pour assurer une transition jute, M. ANKIT TODI, Directeur général adjoint du Groupe Mahindra, a prôné la mise en œuvre de stratégies de réduction à zéro des émissions de gaz à effet de serre ainsi que la création d’emplois verts au sein des communautés afin d’attirer des investissements, mesures qui bénéficient également à la croissance des entreprises.
De son côté, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a rappelé que les droits humains constituent une garantie importante en temps de crise et la clef pour assurer des investissements continus ainsi qu’une transition juste dans les pays en vue de la réalisation des ODD.
Les Nations Unies possèdent les connaissances requises pour mettre en œuvre des programmes transformateurs mais ne disposent pas nécessairement des ressources nécessaires pour y parvenir, a déploré le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sommet 2022 sur la transformation de l’éducation. À l’heure actuelle, le financement des coordonnateurs résidents est « en difficulté », a reconnu le Coordonnateur résident au Zimbabwe, en réclamant la mise en place d’une structure fonctionnelle et d’un appui technique adéquat permettant de forger des partenariats efficaces et d’appuyer pleinement les États, ceux-ci devant néanmoins s’acquitter des responsabilités qui leur incombe à cet égard.
La transition énergétique est une priorité de développement de l’Indonésie, qui a cependant besoin d’un appui en termes de transferts énergétiques et techniques afin d’assurer sa transition vers des sources d’énergie renouvelables et un État neutre sur le plan du carbone. Un système des Nations Unies pour le développement misant davantage sur l’énergie est en effet indispensable à des transitions justes, qui se concrétiseront en faisant participer les parties prenantes, la société civile et les gouvernements, y compris le secteur privé, a estimé pour sa part le Portugal. Son délégué a vu dans le Fonds conjoint des ODD l’instrument idoine pour mener à bien la réforme du système de l’ONU pour le développement dans les secteurs de l’éducation et de l’emploi en vue d’établir une économie durable et inclusive.
Selon l’Accélérateur mondial sur l’emploi et la protection sociale pour une transition juste, 400 millions d’emplois seront créés d’ici à 2030, un objectif « vraiment ambitieux » qui revient à créer 500 000 emplois par année, a fait observer Madagascar, en se demandant si l’Organisation internationale du Travail (OIT) dispose d’une vision « réaliste » permettant de parvenir à de tels résultats.
Reprenant la parole, le Conseiller spécial du Secrétaire général pour le Sommet 2022 sur la transformation de l’éducation a considéré que les transitions justes passent par la justice, qui dépend elle-même de l’égalité. Il a illustré son propos en mettant en exergue les disparités criantes qui existent dans le domaine de l’éducation alors que dans les pays à revenus élevés, où se trouve 10% de la population d’âge scolaire, se concentrent 63% des investissements mondiaux en éducation. De même, les pays riches investissent 8 000 dollars par élève, contre 300 dollars dans ceux à revenus intermédiaires et 50 dollars dans les pays pauvres.
En bout de ligne, le sous-financement des entités des Nations Unies œuvrant en faveur des transitions justes combiné à l’absence de capacités institutionnelles dans les pays en développement et aux investissements anémiques dans des domaines tels que l’éducation et l’emploi revêtent un coût plus important que d’y consacrer les ressources nécessaires, a conclu la modératrice et membre du Groupe consultatif de la jeunesse du Secrétaire général sur les changements climatiques.
Table ronde sur le renforcement de la reddition des comptes s’agissant des performances et des résultats à l’échelle du système
Les intervenants de cette table ronde se sont attelés à examiner par quels moyens améliorer la reddition de comptes lors de la conduite des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies.
Mme LACHEZARA STOEVA, Présidente de l’ECOSOC, a proposé quelques pistes de réflexion, plaidant notamment pour un renforcement du rôle de l’ECOSOC et une prise de décisions plus éclairée et mieux informée, grâce à de meilleures données. Le prochain examen quadriennal complet des activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies en 2024 sera une bonne occasion pour ce faire, a-t-elle indiqué. Elle a aussi insisté sur le caractère très technique des documents mis à disposition s’agissant de l’évaluation des performances et souligné la nécessité pour les délégations de disposer de l’expertise nécessaire.
De son côté, Mme SIMA SAMI BAHOUS, Directrice exécutive d’ONU-Femmes, a dit que son organisation travaille en étroite collaboration avec les coordonnatrices et coordonnateurs résidents pour combler toute lacune en ce qui concerne la reddition de comptes. Elle a souligné l’importance du Sommet sur les ODD prévu en septembre et de réaliser l’objectif d’égalité entre les sexes. À titre d’exemple, elle a indiqué qu’au Liban, le PNUD, ONU-Femmes et l’équipe de pays ont œuvré avec les autorités du pays afin d’augmenter le nombre de femmes parlementaires. Elle a aussi rappelé que 31% des programmes d’ONU-Femmes sont des programmes conjoints.
Mme MARITZA CHAN VALVERDE, Représentante permanente du Costa Rica, a souhaité que les acteurs du développement s’approprient davantage le système des Nations Unies pour le développement, tel que récemment repositionné. Il faut garantir le principe de responsabilité dans tout le système, a insisté la déléguée, en ajoutant que cela concerne aussi les coordonnatrices et coordonnateurs résidents. « Nous sommes à un tournant de la réforme du système. » Enfin, elle a souligné l’importance de la question en suspens du financement et appelé à l’intégration des enjeux climatiques à tous les niveaux des stratégies de développement.
Lors du débat interactif, les Pays-Bas ont exhorté les entités onusiennes à améliorer leurs rapports de présentation en se basant sur les performances obtenues sur le terrain, qui est le critère essentiel. Ces dernières doivent aussi respecter la liste de vérification afin de contribuer à la réalisation des ODD. L’Ukraine a souligné l’importance de réaliser l’égalité entre les genres. Appuyé par la Colombie, le délégué ukrainien s’est en outre opposé à toute restriction du mandat d’ONU-Femmes, louant le travail remarquable abattu par l’entité, comme il a pu le constater de visu lors d’un déplacement en Équateur l’an dernier. La Suède a proposé que les agences onusiennes, lorsque cela est pertinent, présentent conjointement les résultats qu’elles ont contribué à obtenir sur le terrain. Enfin, le Danemark a rappelé que l’amélioration des performances dépend également de la volonté d’apprendre et de s’améliorer des parties prenantes.
à suivre...