Session de 2023
21e & 22e séances, Matin & après-midi
ECOSOC/7128

ECOSOC: des cas typiques de pays où se déploient le système des Nations Unies pour le développement présentés au débat sur les activités opérationnelles

Des exemples concrets d’intervention de terrain et les besoins des pays connaissant des situations particulières étaient au menu de cette seconde journée du débat du Conseil économique et social (ECOSOC) consacré aux activités opérationnelles de développement du système des Nations Unies, avec en toile de fond l’ambition renouvelée d’honorer la promesse de ne laisser personne de côté. 

Entre la République de Moldova et le Viet Nam en matinée et les groupes spécifiques de pays dans l’après-midi, avec pour finir une discussion sur les moyens de financer les activités de terrain, l’ECOSOC a permis aux délégations de détailler, au cours de sessions en présentiel et en visioconférence, les succès et les blocages de la coopération entre les Nations Unies et les pays qui reçoivent le soutien onusien dans l’optique de leur développement durable. 

Cette coopération requiert des actions coordonnées, a relevé le Ministre moldove du travail et de la protection sociale, M. Alexei Buzu, qui a invité à sortir des sentiers battus et à innover en ces temps marqués par des crises multiples.  C’est d’ailleurs ce qu’a fait son pays avec un projet pilote d’accompagnement par le système des Nations Unies: ce projet avait pour but d’aider les populations les plus vulnérables à payer les factures d’électricité alors que les coûts de l’énergie connaissaient une inflation record.     

Ce succès a été possible grâce au Fonds de vulnérabilité créé en peu de temps, a expliqué la Représentante résidente du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en République de Moldova. Elle a indiqué qu’après cette initiative menée sur un semestre, le long terme est maintenant envisagé pour parvenir à une transition énergétique douce.  Le Coordonnateur résident dans le pays a relevé pour sa part que ce projet a été mis en œuvre alors même que le pays était submergé par 800 000 réfugiés ukrainiens fuyant le conflit dans leur pays.  Plusieurs délégations, dont l’Australie et la Lettonie, ont particulièrement salué cette magnanimité du peuple moldove envers ses voisins. 

À son tour, le Représentant permanent du Viet Nam auprès des Nations Unies n’a pas hésité à saluer le soutien que le système onusien apporte à son gouvernement.  M. Dang Hoang Giang a expliqué que cet appui a permis de faire augmenter le nombre de bénéficiaires de l’assistance sociale, une augmentation chiffrée à 22% au cours des 10 dernières années. Le représentant a toutefois estimé que la coordination entre le Gouvernement vietnamien et l’ONU peut encore faire l’objet d’améliorations. L’un des défis à relever reste les priorités concurrentes de différentes agences onusiennes, a d’ailleurs reconnu la Directrice du Bureau de pays de l’Organisation internationale du Travail (OIT). 

La Coordonnatrice résidente au Viet Nam a quant à elle fait valoir que l’intervention du système onusien dans le pays a permis de rendre possible ce qui semblait ne pas l’être auparavant.  Elle s’est d’ailleurs réjouie que le Viet Nam ait reçu l’an dernier le certificat Platinum qui atteste de son engagement en faveur de la durabilité. 

Dans l’après-midi, une table ronde a également tablé sur les mesures à prendre afin de rendre le système des Nations Unies pour le développement plus adapté aux contextes et besoins des pays.  La session a examiné comment le repositionnement de ce système conduit à un soutien adapté aux besoins des pays les moins avancés (PMA), des pays en développement sans littoral et des petits États insulaires en développement (PEID), ainsi que des pays à revenu intermédiaire.  Enfin, une dernière session a permis d’examiner les moyens de financer le système des Nations Unies pour le développement. 

Le débat de l’ECOSOC sur les activités opérationnelles de développement se poursuivra encore demain, jeudi 25 mai. Les participants se retrouveront dès 10 heures pour échanger sur les atouts régionaux. 

ACTIVITÉS OPÉRATIONNELLES DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE POUR LE DÉVELOPPEMENT

Dialogue avec les gouvernements hôtes, les coordonnateurs résidents et les équipes de pays des Nations Unies: soutenir des politiques transformatrices et intégrées pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD) 

Cette session, présidée par M. ALBERT RANGANAI CHIMBINDI, Représentant permanent du Zimbabwe et Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a permis de toucher du doigt le fonctionnement du système des Nations Unies pour le développement dans les pays.  À travers deux études de cas, la République de Moldova et le Viet Nam, les intervenants ont évoqué les succès et les blocages de la coopération entre les Nations Unies et les pays qui reçoivent son soutien dans l’optique de leur développement durable. 

République de Moldova  

Cette coopération requiert des actions coordonnées, a d’emblée préconisé le Ministre moldove du travail et de la protection sociale, M. ALEXEI BUZU, en invitant à sortir des sentiers battus et à innover en ces temps marqués par des crises multiples.  Il a donné l’exemple de son pays où un projet pilote a permis au système des Nations Unies d’accompagner les efforts du Gouvernement pour aider les populations les plus vulnérables à payer les factures d’électricité alors que les coûts de l’énergie ont connu une inflation record.  Ainsi, de novembre 2022 à avril 2023, a expliqué le Ministre, un système d’aide a été mis en route, qui a permis de couvrir 50% des dépenses d’énergie de plus de 65% des ménages.  Il salué cette solution trouvée en peu de temps. 

Ce succès a été possible grâce au Fonds de vulnérabilité créé en peu de temps, a expliqué Mme DANIELA GASPARIKOVA, Représentante résidente du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en République de Moldova.  Elle a indiqué qu’après cette initiative d’un semestre, il est désormais question de tabler sur le long terme en misant sur une transition énergétique douce.  C’est pourquoi elle a appelé à soutenir le Gouvernement qui vise la diversification des sources d’énergie et une coopération renforcée avec les distributeurs d’énergie, essentielle pour toucher les plus vulnérables. De plus, le Fonds de vulnérabilité devrait aller au-delà des questions d’énergie pour aider dans la lutte contre la pauvreté et renforcer l’équité sociale, a-t-elle espéré.  Le Coordonnateur résident en République de Moldova, M. SIMON SPRINGETT, a relevé que la coordination entre le gouvernement local et l’équipe de pays est centrale pour la suite de cette initiative.  Il a aussi relevé que ce projet a été mis en œuvre alors même que le pays était submergé par 800 000 réfugiés ukrainiens fuyant le conflit dans leur pays. 

Plusieurs délégations, dont l’Australie et la Lettonie, ont particulièrement salué cette magnanimité du peuple moldove envers ses voisins.  Le Japon a indiqué soutenir les efforts de la République de Moldova pour la prise en charge des réfugiés mais aussi pour réaliser son ambition d’adhésion à l’Union européenne.  L’Allemagne a, pour sa part, souligné apporter un appui au Fonds de vulnérabilité. Le délégué des États-Unis a aussi salué le rôle du Coordonnateur résident qui collabore étroitement avec l’ambassade américaine sur place.  Il a souhaité que ce qui est fait dans le pays soit partagé et répliqué ailleurs dans le monde.  De même, le Coordonnateur résident a salué ces États qui appuient le pays, arguant que cela permet d’attirer d’autres partenaires capables de contribuer au financement des différents fonds ouverts par l’équipe de pays et son bureau pour mener à bien leurs missions.  Le Ministre moldove a ensuite remercié ces différents partenaires, avant que la Représentante du PNUD ne précise qu’en juin prochain, une conférence nationale évaluera le travail de ce fonds de vulnérabilité énergétique, afin d’envisager comment l’améliorer. 

Viet Nam 

M. DANG HOANG GIANG, Représentant permanent du Viet Nam auprès des Nations Unies, n’a pas hésité à saluer le soutien que le système onusien apporte à son gouvernement.  Il a expliqué que cet appui a permis de faire augmenter le nombre de bénéficiaires de l’assistance sociale, une augmentation chiffrée à 22% au cours des 10 dernières années, avec également une augmentation de plus de 60% du nombre de travailleurs bénéficiant de programmes de protection sociale.  Le représentant a toutefois estimé que la coordination entre le Gouvernement et les Nations Unies peut encore faire l’objet d’améliorations. Il a ainsi plaidé pour une meilleure coordination entre les différentes institutions onusiennes sur le terrain et le Gouvernement, afin d’éviter l’approche « sapin de Noël ».  L’un des défis à relever reste les priorités concurrentes de différentes agences onusiennes, a reconnu Mme INGRID CHRISTENSEN, Directrice du Bureau de pays de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  « Lorsque les agences travaillent ensemble, alors les résultats sont plus probants que si une seule agence le fait. » 

Les crises nous donnent l’occasion de nous transformer et le leadership du Gouvernement est crucial pour parvenir à des réformes, a poursuivi Mme PAULINE TAMESIS, Coordonnatrice résidente au Viet Nam.  L’intervention du système onusien dans le pays a permis de rendre possible ce qui semblait ne pas l’être auparavant, s’est-elle enorgueillie, avant d’évoquer l’assistance cruciale apportée au pays pendant la pandémie pour éviter que des pans entiers de population ne tombent dans la pauvreté.  Elle a estimé qu’un investissement de 1 milliard de dollars dans les politiques sociales permettrait d’accroître le produit intérieur brut (PIB) du pays de 3,2 milliards. 

Le Canada a rappelé qu’il est l’un des partenaires du Viet Nam, tandis que la Thaïlande a souhaité connaître les principaux défis rencontrés par son voisin dans la mise en place des programmes onusiens.  La République démocratique populaire lao a demandé des précisions sur le soutien en matière de protection sociale apporté par l’ONU pendant et après la pandémie.  De même, la Norvège a demandé d’expliquer comment fonctionne l’équipe de pays des Nations Unies au Viet Nam, et notamment si le problème de concurrence pour l’accès aux fonds a été résolu. 

Selon la Coordonnatrice résidente, le fait que les 15 institutions onusiennes œuvrant dans le pays soient logées dans le même bâtiment les oblige à coopérer, par exemple dans le cadre de la gestion des équipements informatiques.  Il y a donc eu un passage de 30 à 3 serveurs et un gain de 1 million de dollars, ce qui a du coup diminué l’empreinte carbone de l’équipe de pays.  L’an dernier, l’ONU au Viet Nam a reçu le certificat Platinum qui atteste de son engagement en faveur de la durabilité, s’est-elle réjouie.  Ce nouveau local commun, « La Maison verte des Nations Unies », a permis de réaliser d’importantes économies, a-t-elle insisté. 

Le Viet Nam a répondu à certaines préoccupations des délégations en expliquant que la confiance de son pays envers les Nations Unies venait de son histoire: le Viet Nam a vu l’ONU le soutenir au moment où il sortait de la guerre et faisait face à un embargo économique.  Il a expliqué que l’une des difficultés est due à la différence entre les ambitions du pays et les ressources disponibles.  Le pays compte donc sur l’assistance des Nations Unies pour l’accompagner dans la mobilisation des fonds, ainsi que sur les partenaires internationaux.  En effet, a précisé la Coordonnatrice résidente, le Viet Nam ne peut plus recevoir l’aide publique au développement (APD) du fait de son statut de pays à revenu intermédiaire.  Elle a estimé que si les financements privés ne sont pas à négliger dans ce contexte, il faut tenir compte du cadre juridique national et des options de politique intérieure. 

Enfin, la Directrice du Bureau de pays de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a rappelé que son bureau travaille spécifiquement sur la formalisation des emplois dans le pays, avec un accent sur la protection sociale.  L’appropriation nationale est cruciale pour avancer au niveau national, a conclu la modératrice des deux panels, Mme CAROLYN RODRIGUES-BIRKETT, Représentante permanente de Guyana auprès des Nations Unies.  Elle s’est félicitée que, à travers ces deux études de cas, les délégations aient pu aborder des situations réelles et évoquer des solutions concrètes. 

Renforcer les réponses adaptées des Nations Unies aux différents contextes nationaux 

La Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement a ouvert le second débat de la journée en indiquant que la cinquième Conférence des Nations Unies pour les pays les moins avancés (PMA), qui s’est tenue en mars de cette année au Qatar, a été l’occasion de réitérer notre attachement commun à l’accélération de la mise en œuvre du Programme d’action de Doha pour les PMA.  Cette rencontre a en effet permis d’obtenir des promesses financières revues à la hausse de la part des partenaires au développement et du secteur privé, de consolider les accords de coopération existants et de forger de nouveaux partenariats, a rappelé Mme RABAB FATIMA.  La Conférence a également permis aux coordonnateurs résidents des PMA d’échanger avec les points de contact nationaux et d’autres partenaires afin de combler le fossé qui subsiste entre les niveaux de mise en œuvre mondial et national du Programme d’action, a-t-elle encore expliqué.  À son avis, il nous faut désormais agir à tous les niveaux afin de veiller à ce que les engagements formulés à l’appui des PMA se transposent dans les programmes nationaux, avec l’appui des coordonnateurs résidents et des équipes de pays.  Mme Fatima a d’ailleurs annoncé que son bureau lancera sous peu une feuille de route attribuant des responsabilités spécifiques à chaque entité pertinente. 

S’agissant de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays en développement sans littoral (PDSL) et de la quatrième Conférence sur les petits États insulaires en développement (PEID), qui se tiendront toutes deux en 2024, la Haute-Représentante a estimé que le système des Nations Unies pour le développement doit jouer un rôle central dans le processus préparatoire, notamment au moyen d’évaluations régionales menées en partenariat avec les commissions régionales.  À cet égard, elle a rappelé que le rapport du Secrétaire général indique que les PDSL et les PMA considèrent que le système des Nations Unies pour le développement satisfait à leurs besoins et priorités. 

Le modérateur du débat, M. TEBURORO TITO (Kiribati), a ajouté qu’une bonne partie du travail de mise en œuvre du Programme d’action de Doha doit se faire sur le terrain, par les pays et les peuples concernés eux-mêmes, en veillant à ce que les mesures proposées soient en adéquation avec leurs priorités nationales.  Si le système des Nations Unies s’engage à soutenir ces trois groupes de pays dans la réalisation des objectifs du Programme d’action de Doha, il est tout aussi important que les pays et les partenaires de développement soient eux-mêmes investis dans sa mise en œuvre, a renchéri la Haute-Représentante

Le Programme d’action de Doha se veut un plan de transformation socioéconomique structurelle des PMA tenant compte de leurs besoins spécifiques et offrant un cadre au système de l’ONU pour mobiliser les partenaires au développement et les donateurs présents dans le pays, a expliqué M. OZONNIA OJIELO, Coordonnateur résident au Rwanda.  Il s’agit selon lui d’un complément à la réforme du système des Nations Unies pour le développement qui vient renforcer le rôle des équipes de pays afin d’aider les pays hôte à définir des programmes stratégiques plutôt qu’à mettre en œuvre des projets, tout en offrant un soutien au financement de leur développement national.  Il offre ainsi au système onusien pour le développement un cadre normatif additionnel permettant d’ancrer son soutien dans les pays hôtes, a-t-il noté. 

Mme INKA MATTILA, Représentante résidente du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en République dominicaine, a décrit les mesures mises en place dans la foulée de la pandémie de COVID-19 afin d’optimiser la riposte collective du système des Nations Unies. Ce système a apporté un soutien au Gouvernement dominicain par le biais d’une analyse intégrée afin d’identifier un « nouveau type » de politiques publiques fondées sur l’évaluation des besoins, sous l’égide des coordonnateurs résidents et avec le soutien du PNUD et de partenaires financiers multilatéraux.  Le cadre de coopération des Nations Unies 2023-2027 pour la République dominicaine a été selon elle l’occasion pour le système des Nations Unies pour le développement de renouveler son offre à l’appui des priorités nationales conformément au Programme 2030 et aux ODD, en mettant les priorités nationales au cœur du développement. 

Malgré le tableau très sombre des prévisions concernant la réalisation des ODD, le Népal a jugé que le Programme d’action de Doha pour les PMA représente une lueur d’espoir, en fixant des cibles et des engagements ambitieux permettant d’apporter des changements porteurs de transformation pour les 1,2 milliard de personnes vivant dans les PMA.  Nous devons toutefois redoubler d’efforts afin d’honorer les engagements pris en faveur d’une transition fluide permettant aux États tels que le Laos de sortir du statut de pays moins avancé de façon « irréversible », a suggéré ce pays, soucieux d’avoir pour cela un système de coordonnateurs résidents « robuste » et centré sur les priorités nationales. 

Pour y parvenir, il est essentiel que le système des Nations Unies pour le développement intègre les orientations fournies par le Programme d’action de Doha, sous la houlette des coordonnateurs résidents, a dit le Portugal.  Selon la délégation, le système des coordonnateurs résidents et le système de développement doivent établir un mécanisme d’appui durable et sur mesure à la sortie de ce statut. 

Au nom de la Communauté des Caraïbes, la Barbade a souligné l’importance de tirer parti du système onusien de manière concertée afin de trouver des solutions aux défis auxquels sont confrontés les PEID, en renforçant les données et les capacités statistiques des bureaux multipays par le biais de partenariats « sincères et durables ». 

Après avoir écouté les voix sur le terrain et celles des entités des Nations Unies évoquer une embellie alors que la pauvreté est à la hausse et qu’à peine 12% des ODD sont en voie d’être réalisés, le Vice-Président du Conseil économique et social et responsable du débat sur les activités opérationnelles pour le développement s’est demandé si nous ne trouvons pas dans « deux univers parallèles ».  Il nous faut donc rappeler ce lien direct qui existe entre la réalisation des ODD et la réalisation des Programmes d’action de Doha et de Vienne ainsi que des Orientations de Samoa, a prôné M. ALBERT RANGANAI CHIMBINDI, tout en mettant fin aux visions cloisonnées. 

Reprenant la parole pour répondre aux questions des délégations, la Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement a mentionné que 16 PMA, à savoir 12 en Asie-Pacifique et 4 en Afrique, se trouvent actuellement à un stade de reclassement, un nombre plus élevé que jamais.  Elle s’est en outre réjouie de la mise en place d’un centre d’aide au reclassement permettant d’aider ces pays, qui sont confrontés à des défis communs, à sortir de cette catégorie et à réaliser leurs aspirations.

Table ronde sur le financement du système des Nations Unies pour le développement

L’insuffisante mise en œuvre des engagements pris dans le cadre du pacte de financement, adopté il y a quatre ans, a été au cœur de cette table ronde.  Les intervenants se sont notamment inquiétés du sous-financement chronique du système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents. 

M. OSCAR FERNANDEZ-TARANCO, Sous-Secrétaire général à la coordination des activités de développement, a centré sa présentation sur la mise en œuvre de ce pacte, dont l’objectif est d’améliorer la qualité et la quantité des ressources financières au profit des activités de développement.  Il a rappelé que 88% des pays hôtes sont d’avis que les coordonnatrices et coordonnateurs résidents apportent un appui efficace à leurs priorités nationales de développement, signalant par la suite que la mise en œuvre de ce pacte est mitigée.  Selon lui, la promesse, contenue dans ce pacte, de disposer d’un financement prévisible et pérenne n’a pas été honorée. Il a également avancé que 68% seulement des équipes pays des Nations Unies disposent d’un cadre budgétaire actualisé.  Près de 50% du financement de base provient de cinq donateurs, a-t-il précisé, en citant l’Allemagne, la Suède, les États-Unis, la Norvège et le Royaume-Uni. 

Le Sous-Secrétaire général a en outre qualifié la tendance en ce qui concerne les contributions volontaires de préoccupante, celles-ci étant passées de 9,6% en 2010 à 7,7% en 2020.  Le fonds de financement des ODD accuse également un lourd déficit.  Il a ainsi précisé que 279 millions de dollars ont été reçus en 5 ans alors que le pacte visait à la mobilisation de 290 millions par an.  Le financement nécessaire du système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents, estimé à 281 millions de dollars, n’a jamais été apporté, a-t-il déploré, précisant que le déficit de 85 millions de dollars en 2022 est le plus important des dernières années. Ce pacte n’a jamais fait l’objet de débats parmi les États Membres, a-t-il regretté. 

De son côté, Mme ANNA-KARIN ENESTROM, Représentante permanente de la Suède, s’est dite également préoccupée par ce déséquilibre financier, en notant que seule une poignée de pays, dont le sien, porte le fardeau du financement des activités de développement.  Depuis 2020, la Suède a apporté 6 millions de dollars pour financer le système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents.  Pointant les attentes qui entourent le pacte, elle a insisté sur la nécessité de la transparence et du bon établissement des responsabilités, plaidant en outre pour que les engagements pris dans le cadre de ce pacte soient honorés. 

« Nous avons besoin de débloquer des flux de financement et c’est ce que ce que nous essayons de faire au Kenya », a déclaré M. STEPHEN JACKSON, Coordonnateur résident au Kenya.  Il a expliqué que le pacte est peu connu des parties prenantes au niveau national et que ces dernières peuvent également être rebutées par les lourdeurs bureaucratiques.  Il a noté avec inquiétude la baisse des financements de base et s’est interrogé sur la possibilité de réaliser les aspirations de pays comme le Kenya.  Enfin, il a souligné l’importance des fonds communs, tel que le fonds de financement des ODD.  Il a d’ailleurs indiqué être actuellement à Rome, à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), pour le lancement d’un nouveau fond. 

Lors du débat interactif qui a suivi, l’Afrique du Sud, au nom des pays africains, s’est dit gravement préoccupée par le déficit s’agissant du financement du système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents.  Notant que les ressources se raréfient alors que les crises se multiplient, il a plaidé pour un « financement hybride » de ce système.  Même son de cloche du côté de la déléguée de l’Uruguay qui a loué le travail abattu par le Coordonnateur résident dans son pays, avant de dire sa « tristesse » devant le manque de ressources financières. S’adressant aux donateurs, elle a assuré que les ressources sont bien utilisées. 

« Nous constatons une fonte des financements de base », a appuyé le Zimbabwe, tandis que le Brésil a pointé les incohérences dans le financement des différentes entités onusiennes et la fonte de l’aide publique au développement (APD).  « Cette tendance baissière est globale. »  De son côté, la déléguée du Danemark a indiqué que son pays, huitième contributeur aux activités de développement, a atteint l’objectif de consacrer 0,7% de son PIB à l’APD.  Elle a plaidé pour une souplesse dans l’apport de ressources financières, en soulignant l’importance de ressources non affectées.  Le Royaume-Uni a insisté sur l’apport de ressources provenant du secteur privé pour répondre aux besoins en financement, tandis que la Norvège a indiqué que des instructions ont été données à ses ambassades afin de mieux faire connaître le pacte de financement.  Enfin, les États-Unis ont précisé avoir contribué 23 millions de dollars par an au système des coordonnatrices et coordonnateurs résidents.

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