Session de 2023,
Forum sur la science, la technologie et l’innovation, matin & après-midi
ECOSOC/7125

ECOSOC: la science, la technologie et l’innovation offrent la base dont nous avons besoin pour avancer vers la réalisation des ODD

Le forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation (STI) au service de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) offre un espace permettant une collaboration plus étroite entre les décideurs politiques et la communauté scientifique, a déclaré ce matin la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Lachareva Stoeva, alors que s’ouvrait sa huitième édition, sous la présidence des représentants permanents d’Afrique du Sud, Mme Mathu Joyini, et du Royaume-Uni, M. Thomas Woodroffe.  Se tenant sur deux jours, le forum STI a pour thème « La science, la technologie et l’innovation pour reconstruire en mieux après la pandémie de COVID-19 tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».

Avec ce forum, l’ECOSOC est perçu comme « l’intermédiaire » facilitant le partage des connaissances et l’action coordonnée, pour un avenir plus équitable et durable, a noté Mme Stoeva.  C’est pourquoi elle a appelé à la collaboration permanente entre scientifiques, décideurs, société civile et organisations diverses, notamment en créant des connexions et coalitions pour mieux utiliser les STI en vue d’atteindre les ODD, dont la réalisation a été entravée par les multiples crises de ces trois dernières années, dont la pandémie de COVID-19. Le forum sur les STI est donc l’occasion de stimuler l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes, « ancrées dans la science », pour concevoir et mettre en œuvre des transformations en faveur du développement durable. 

La Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations a confirmé cet espoir placé en la science, la technologie et l’innovation.  Mme Maria Francesca Spatolisano, qui s’exprimait au nom du Secrétaire général de l’ONU, a constaté qu’à mi-chemin de l’échéance de 2030, nous ne sommes pas sur la bonne voie pour l’atteinte des ODD: sur les 146 cibles établies pour ces objectifs, à peine 12% sont sur la bonne voie et environ 30% n’ont pas progressé ou sont même en-deçà de leur niveau de 2015.  Elle a donc misé sur les STI pour avancer vers la réalisation des ODD.

Comme d’autres orateurs des discussions du jour, Mme Spatolisano a néanmoins appelé à la prudence avec les STI dont l’utilisation peut dévider du bien commun.  Il y a des risques inhérents à toutes les avancées humaines, a-t-elle noté, ajoutant que ces risques sont aujourd’hui amplifiés par l’ère du numérique.  Autre inquiétude exprimée aujourd’hui: la fracture entre les pays développés et ceux qui n’ont pas encore toute la capacité nécessaire pour en tirer parti au mieux.  La Sous-Secrétaire générale a donc appelé à renforcer la solidarité mondiale avant de souligner également l’importance de la pleine participation à ce secteur de la moitié de la population mondiale -les femmes et les filles- et des jeunes.

Face à l’éventualité de nouvelles pandémies, le Président de l’Assemblée générale a estimé qu’en intégrant l’innovation, la technologie et le numérique dans notre mode de pensée, il sera possible d’« être agile, au lieu d’être fragile ».  M. Csaba Kórösi a en outre plaidé pour des politiques d’innovation scientifiques et technologiques « ambitieuses ».  Il faudra aussi renforcer les interactions entre la science et la société, a ajouté le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, soucieux de voir transmettre aux décideurs des « connaissances essentielles » en matière scientifique.  M. Li Junhua a saisi cette occasion pour saluer le travail du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies. 

Le rapport du Groupe, qui a été présenté, laisse voir que l’accès à Internet est une nécessité absolue et non un luxe si nous voulons atteindre les ODD.  Une augmentation de 10% du taux de connectivité dans les pays en développement se traduirait par une augmentation d’un point et demi de leur produit intérieur brut (PIB), souligne le rapport qui comporte six propositions et 11 recommandations.  Parmi elles, l’augmentation des financements pour la science, la technologie et l’innovation; la création d’une banque mondiale de données sur l’innovation et la technologie; la démocratisation d’Internet 3.0 d’ici à 2027; le renforcement des capacités mondiales sur l’intelligence artificielle avec la création d’un centre de formation dédié; ou encore la création d’un programme onusien unique pour favoriser la coopération dans ces domaines. 

La session ministérielle a permis de souligner les atouts cruciaux des STI dans tous les domaines, notamment l’éducation et les énergies renouvelables, comme l’a indiqué le Ministre de l’éducation, des sciences et des sports de la Slovénie.  La Conseillère pour la science et la technologie auprès du Secrétaire d’État des États-Unis a confirmé que les chercheurs du monde n’avaient jamais eu autant d’outils et de données entre leurs mains, grâce au développement de l’industrie des données satellites notamment.  Elle a insisté sur l’importance d’une collaboration scientifique « de bonne foi », ouverte et diverse, équitable et « inclusive ». La Chine a pour sa part déploré la transformation des STI en « armes » par « certains pays » qui s’adonnent à des mesures coercitives unilatérales et au harcèlement. 

Mais ce sont des appels à la solidarité qui ont été surtout entendus, le Groupe des 77 et la Chine (G77), par la voix de Cuba, appelant ainsi la communauté internationale à renforcer le partage des fruits de l’innovation, ce qui nécessite « un système de gouvernance » et une augmentation de l’aide publique au développement (APD) dédiée au secteur des STI.  Des partenariats sont essentiels, a-t-on aussi entendu, notamment de la part du Ministre de l’enseignement supérieur, des sciences et de l’innovation d’Afrique du Sud, M. Bonginkosi Emmanuel Nzimande, qui a plaidé pour une transition technologique juste.

Le forum poursuivra ses travaux demain, jeudi 4 mai, à partir de 10 heures. 

HUITIÈME FORUM DE COLLABORATION MULTIPARTITE SUR LA SCIENCE, LA TECHNOLOGIE ET L’INNOVATION AU SERVICE DE LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Thème: « La science, la technologie et l’innovation pour reconstruire en mieux après la pandémie de COVID-19 tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 »

Déclarations d’ouverture

Mme LACHAREVA STOEVA, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a tout d’abord annoncé le thème de ce forum de collaboration multipartite sur la science, la technologie et l’innovation (STI) au service de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD): « La science, la technologie et l’innovation pour reconstruire en mieux après la pandémie de COVID-19 tout en avançant sur la voie d’une mise en œuvre intégrale du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  Les multiples crises de ces trois dernières années ont porté un coup majeur aux efforts de mise en œuvre des ODD, a rappelé la Présidente en faisant valoir que, dans ce contexte, le forum sur les STI est l’occasion de stimuler l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes, « ancrées dans la science », pour concevoir et mettre en œuvre des transformations en faveur du développement durable.  Le forum offre également un espace permettant de favoriser une collaboration plus étroite entre les décideurs politiques et la communauté scientifique, a-t-elle ajouté, voyant l’ECOSOC comme « l’intermédiaire » destiné au partage des connaissances et à l’action coordonnée, pour un avenir plus équitable et durable. 

Le suivi et l’examen du Programme 2030 lors du forum politique de haut niveau annuel de l’ECOSOC est aussi l’un de ces espaces permettant d’embrasser l’interdépendance des trois dimensions du développement durable (environnementale, sociale et économique), notamment par le biais d’examens nationaux volontaires des progrès réalisés dans chaque ODD, a poursuivi la Présidente.  Elle a dit apprécier l’attention portée par les délégations aux ODD faisant l’objet d’un examen dans le cadre du forum politique de haut niveau cette année, à savoir l’ODD 6 (eau propre et assainissement), l’ODD 7 (énergie propre et abordable), l’ODD 9 (industrie, innovation et infrastructure), l’ODD 11 (villes et communautés durables) ainsi que l’ODD 17 (partenariat pour la réalisation des objectifs).  Des liens évidents entre ces ODD appellent à des actions transversales, a plaidé Mme Stoeva en citant à titre d’exemples le rôle d’un approvisionnement constant en énergie pour le développement des capacités de fabrication et l’augmentation de l’emploi dans le secteur manufacturier; le rôle de la capacité industrielle et d’une infrastructure solide pour l’eau propre et l’assainissement; ou encore, le rôle des partenariats pour une vie urbaine durable. 

Pour Mme Stoeva, les délibérations du présent forum serviront aussi de tremplin pour l’examen à mi-parcours lors du prochain Sommet sur les ODD, qui se tiendra en septembre.  Elle a misé sur ce forum, celui de juillet ainsi que d’autres événements de l’ECOSOC pour servir de plateformes afin d’identifier des actions concrètes et renforcer le multilatéralisme.  Le but est d’obtenir des résultats concrets en matière de développement durable et de résilience, résultats « dont le monde a tant besoin », a conclu la Présidente de l’ECOSOC. 

La Sous-Secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations, Mme MARIA FRANCESCA SPATOLISANO, s’est exprimée au nom de M. António Guterres, Secrétaire général de l’ONU. Elle a constaté que nous sommes à mi-chemin de l’échéance de 2030 et que nous ne sommes pas sur la bonne voie pour l’atteinte des ODD: sur les 146 cibles établies pour ces objectifs, à peine 12% sont sur la bonne voie et environ 30% n’ont pas progressé ou sont même en-deçà de leur niveau de 2015.  La science, la technologie et l’innovation offrent la base dont nous avons besoin pour avancer vers la réalisation des ODD, a-t-elle souligné.  Elle a cependant tenu à préciser que ces trois atouts peuvent aussi avoir des aspects négatifs quand ils ne sont pas utilisés pour le bien commun. Il y a des risques inhérents à toutes les avancées humaines, a-t-elle noté, ajoutant que ces risques sont aujourd’hui amplifiés par l’ère du numérique.  Il faut donc renforcer la solidarité mondiale pour s’assurer que tous les pays aient les capacités de se servir des innovations, a-t-elle plaidé. Et pour ce faire, il faut s’assurer que les écosystèmes technologiques soient inclusifs et plus représentatifs.  Les gens qui bénéficient le moins d’innovations, notamment au sein des pays en développement, doivent donc être soutenus par des initiatives multilatérales, y compris par le biais d’échanges entre pays et la mise en place de politiques fiscales appropriées, a-t-elle recommandé. 

Sans la pleine participation de la moitié de la population mondiale -les femmes et les filles- au secteur des STI, nous perdrons la moitié des créateurs potentiels, innovateurs et scientifiques, ains que leur contribution essentielle à la résolution des grands problèmes mondiaux, a prévenu Mme Spatolisano.  Elle a souhaité voir réduire la fracture entre les sexes dans ce domaine, en agissant tout au long du cycle de l’éducation, de l’emploi, de l’entrepreneuriat et en s’appuyant sur un leadership déterminé.  Il faut aussi puiser dans le talent des jeunes du monde entier qui travaillent dans leur communauté, a-t-elle encore invité.  Les innovations locales sont essentielles pour résoudre les problèmes locaux de la façon la plus efficace, a-t-elle relevé.  Elle a conclu en appelant à la collaboration permanente entre scientifiques, décideurs, société civile et organisations diverses, notamment en créant des connexions et coalitions pour mieux utiliser la science, la technologie et l’innovation pour atteindre les ODD. 

M. CSABA KŐRÖSI, Président de la soixante-dix-septième session de l’Assemblée générale, a souligné la nécessité de mobiliser la science, la technologie et l’innovation en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Si nous voulons réussir la transition vers un monde plus durable, nous avons besoin de politiques d’innovation, scientifiques et technologiques ambitieuses, a dit le Président.  Il a estimé que ce forum peut participer à la création d’un mécanisme de validation scientifique permettant d’améliorer les engagements pris en vue de réaliser les objectifs de développement durable (ODD).  Il a insisté sur les vulnérabilités révélées par la pandémie de COVID-19, en rappelant qu’il y a une chance sur quatre qu’une maladie aussi sévère et pandémique que la COVID-19 n’émerge dans les 10 prochaines années.  « Pouvons-nous à l’ONU dire que nous serons prêts? »

Le Président a estimé qu’en intégrant l’innovation, la technologie et le numérique dans notre mode de pensée, il sera alors possible d’être agiles, au lieu d’être fragiles.  « Nous pouvons nous assurer que nos sociétés seront plus inclusives, nos systèmes plus intégrés et nos économies plus résilientes face aux chocs de demain. »  Alors que le Sommet sur les ODD se profile, faisons en sorte que ce forum et le forum politique de haut niveau en juillet soient les tremplins pour effectuer le « saut quantique » dont nous aurons besoin en septembre, a conclu le Président.

M. BONGINKOSI EMMANUEL NZIMANDE, Ministre de l’enseignement supérieur, des sciences et de l’innovation de l’Afrique du Sud, a rappelé que la COVID n’avait pas seulement tué des millions de personnes dans le monde, mais qu’elle avait aussi détruit de nombreux moyens de subsistance. Si la mise en œuvre des ODD était lente avant la pandémie, il faut être d’autant plus inquiet dans la course menée pour atteindre les ODD d’ici à 2030, a-t-il prévenu en regrettant de constater même un recul dans certains secteurs.  Dans ce contexte, à son avis, les STI font figure d’éclaircie: elles ont permis de trouver un vaccin, tandis que la « diplomatie scientifique » a bien fonctionné.  Cependant, le Ministre a rappelé que la croissance économique mondiale ralentit, présageant d’un impact certain sur les STI.  Il a recommandé à la communauté internationale de s’assurer que, même en temps de crise économique, la communauté scientifique et les STI soient soutenus.  Le Ministre a appelé à ne surtout pas réduire les ressources dans ce domaine.

Pour sa part, l’Afrique du Sud fait bon usage des STI pour atteindre les ODD, avec l’adoption d’un plan décennal débuté en 2021, qui coïncide avec son plan de développement national, a fait savoir le Ministre.  Il a précisé que le plan s’applique à certains domaines essentiels: la lutte contre les changements climatiques, avec un accent mis sur le développement des énergies renouvelables, et des investissements importants réalisés dans la production d’énergie à base l’hydrogène; la santé, avec la volonté d’établir un centre pluridisciplinaire consacré à l’étude des pandémies qui servirait à toute l’Afrique, un continent particulièrement touché.  Le Ministre a au passage insisté sur les efforts à fournir pour renforcer les capacités locales en matière de développement et de production de vaccins. Enfin, il a recommandé le développement de compétences pour l’avenir, la modernisation de l’industrie et l’utilisation des STI dans le domaine agricole, alors que la sècheresse menace l’Afrique. Il a enfin cité le rôle des nouvelles technologies dans l’extraction minière sudafricaine.  Dans tous ces domaines, les partenariats seront cruciaux, a insisté le Ministre en conclusion, appelant à atténuer les tensions entre pays développés et pays en développement pour une transition juste et un avenir meilleur.

Mme CHARLOTTE WATTS, professeure, Conseillère scientifique en chef et Directrice de la recherche et des preuves au Ministère des affaires étrangères du Commonwealth et du développement du Royaume-Uni, a rappelé que la plupart des grandes avancées de l’humanité ont été alimentées par les technologies et l’innovation.  Elle a souligné comment les recherches et le partage de celles-ci ont permis au monde scientifique de comprendre rapidement comment aborder la pandémie de COVID-19 et aider à la prise de décisions éclairée des politiques.  Même si dans le même temps, le monde a été confronté au défi de la désinformation et du doute.  La bonne nouvelle est que le monde connaît une révolution avec la bio-ingénierie qui pourrait transformer la planète, a-t-elle lancé.  Étant donné que les bénéfices du progrès ne sont pas tangibles pour tous, Mme Watts a demandé aux scientifiques de ne point se refermer sur eux et de miser sur la coopération afin de pouvoir atteindre les ODD. 

Présentation du rapport du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies

Mme QUARRAISHA ABDOOL KARIM, Ambassadrice d’ONUSIDA pour les adolescents et le HIV, a indiqué que le rapport est disponible sur le site du forum.  L’accès à Internet est une nécessité absolue et non un luxe si nous voulons atteindre les ODD, a-t-elle insisté.  Elle a indiqué qu’une augmentation de 10% du taux de connectivité dans les pays en développement se traduirait par une augmentation d’un point et demi de leur PIB.  La pandémie a montré combien nous sommes connectés mais aussi combien nous sommes fragiles, a -t-elle dit, en rappelant la « pandémie de désinformation » observée à ce sujet.  « Il faut se préparer à de nouvelles menaces sanitaires. ».  Elle a appelé à promouvoir la transition verte, le monde ayant pris du retard.  Enfin, elle a précisé que le rapport précité comprend 6 propositions et 11 recommandations.

Mme CHERRY MURRAY, de l’Université de l’Arizona (États-Unis), a détaillé ces propositions qui sont, de son propre aveu, complexes.  Elles visent à renforcer les efforts nationaux en vue de réaliser le Programme 2030, a-t-elle précisé.  Parmi celles-ci figurent l’augmentation des financements pour la science, la technologie et l’innovation; la création d’une banque mondiale de données sur l’innovation et la technologie; la démocratisation d’Internet 3.0 d’ici à 2027; la promotion de biens publics mondiaux; ou bien encore le renforcement des capacités mondiales sur l’intelligence artificielle avec la création d’un centre de formation dédié.  La création d’un programme onusien unique pour favoriser la coopération dans ces domaines est également avancée, a-t-elle dit.

Séance ministérielle

Le modérateur de la séance, M. TOM WOODROFFE (Royaume-Uni), a rappelé que le forum sur les STI rassemble non seulement les États Membres, mais aussi la société civile, les chercheurs, les start-ups, les multinationales, les populations autochtones et les ingénieurs.  Il a invité les délégations à « s’interpeller les uns les autres », mais aussi à « tendre la main à de nouveaux partenaires » avec lesquels elles n’auraient peut-être pas envisagé de collaborer. 

Le premier intervenant, M. LI JUNHUA, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a expliqué dans un message vidéo que si rien n’est fait, les ODD ne seront pas atteints en 2030.  Si rien n’est fait, plus de 700 millions de personnes demeureront dans la pauvreté extrême à cette date et que les énergies renouvelables ne constitueront qu’une infime partie du mix énergétique mondial.  Appelant à un « sursaut », comme demandé par le Secrétaire général António Guterres à tous les chefs d’État et de gouvernement, il a rappelé que « le potentiel des STI est immense » et a encouragé à renforcer les capacités numériques à tous les niveaux de la société, en éliminant les obstacles institutionnels.  Il faudra aussi, selon lui, renforcer les interactions entre la science et la société, et transmettre aux décideurs des « connaissances essentielles » en matière scientifique. À son avis, le travail du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies est un autre moyen d’atteindre ces objectifs.

Mme ANA CRISTINA AMOROSO DAS NEVES, Présidente de la Commission de la science et de la technique au service du développement (CSTD), a présenté quant à elle les grandes lignes des travaux menés par la Commission de la science et de la technique au service du développement (CSTD) pour avancer sur les politiques publiques en matière de STI.  Elle a souligné les capacités inégales entre région en matière de développement d’énergies renouvelables.  En matière d’eau propre et d’assainissement, la tâche est rendue compliquée par ces mêmes inégalités, mais aussi par les changements climatiques, a-t-elle relevé, en estimant elle aussi que les STI jouent un rôle essentiel pour atteindre les ODD. 

Face aux difficultés à se relever de la COVID-19, M. SAIDZODA RAHIM HAMRO, Ministre de l’éducation et de la science du Tadjikistan, a souligné le rôle des STI dans la réduction des conséquences de la pandémie, notamment dans le domaine de l’éducation.  Le Tadjikistan et ses partenaires ont ainsi mis en place des politiques pour soutenir ce secteur, avec des cours en ligne et plus de 2 000 cours de programmes scolaires enregistrés par vidéo.  Le pays a également développé, avec l’UNICEF, des outils pour réduire les conséquences négatives de la COVID-19.  Le potentiel énorme des STI pour s’adapter aux crises, démontré pendant la pandémie, a été ressenti également dans le commerce en ligne et le service public, a ajouté M. RENATO SOLIDUM, JR., Secrétaire à la science et à la technologie au Ministère de la science et de la technologie de la République des Philippines.  Il a cependant déploré les inégalités continuant d’augmenter entre pays et souligné le besoin de s’adapter au rythme rapide de l’évolution des STI.

Les STI sont en outre cruciales pour réduire la dépendance aux énergies fossiles et pour le développement des énergies renouvelables, a poursuivi M. IGOR PAPIČ, Ministre de l’éducation, des sciences et des sports de la Slovénie.  Pour lui, les États Membres ne s’en sortiront qu’avec une approche intégrée des STI à tous les pans de la société, et en mettant l’accent sur l’éducation.  Le Sultanat d’Oman travaille dur pour devenir un pays technologiquement avancé d’ici à 2040, a enchaîné M. SAIF BIN ABDULLAH AL HADDABI, Sous-secrétaire au Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation du Sultanat d’Oman, en parlant d’un « interventionnisme soutenu » vers les STI et l’éducation.  À cet égard, il a mis en avant un programme de coopération culturelle développé par Oman: 175 bourses ont été délivrées à des étudiants étrangers pour qu’ils viennent étudier dans le pays.

Mme ALLISON SCHWIER, Conseillère pour la science et la technologie auprès du Secrétaire d’État des États-Unis, a confirmé que les chercheurs du monde n’avaient jamais eu autant d’outils et de données entre leurs mains, grâce au développement de l’industrie des données satellites, notamment.  Appelant à un écosystème scientifique et environnemental doté d’« un accès aux données libre et sûr », elle a insisté sur l’importance d’une collaboration scientifique « de bonne foi », ouverte et diverse, équitable et « inclusive ». 

La Chine a pour sa part déploré la transformation de STI en « armes » par « certains pays » qui s’adonnent à des mesures coercitives unilatérales et à du harcèlement.  Elle a appelé à s’ériger contre ce genre d’actions.  La Chine s’évertue quant à elle à aider les autres pays en développement à renforcer leurs capacités, en créant diverses initiatives pour le transfert d’énergies renouvelables et pour partager le fruit des STI avec tous les États Membres.  Le Groupe des 77 et la Chine (G77), par la voix de Cuba, a d’ailleurs appelé la communauté internationale dans son ensemble à « absolument » renforcer la solidarité et le partage des fruits de l’innovation.  « Un système de gouvernance apparaît essentiel pour ce faire. »  Le G77 a aussi noté que la vitesse de connexion dans les pays en développement, insuffisante, renforce le fossé entre pays.  Louant la coopération Sud-Sud, le Groupe a interpellé les pays développés en leur demandant d’augmenter leur aide publique au développement (APD) en matière de technologie et d’innovation, et réclamé davantage de transfert de technologies. 

Dans ce même esprit, l’Algérie a dit continuer d’appuyer les pays en développement dans l’installation de la fibre optique pour promouvoir le développement numérique en Afrique.  Elle a en outre salué la proposition du Secrétaire général de mettre en place un Pacte numérique mondial d’ici à 2024.  Membre de la CSTD, l’Algérie est consciente du rôle des STI dans l’atténuation des conséquences de la pandémie et elle a appelé à agir pour renforcer les liens entre communauté scientifique et décideurs.  Le Brésil s’est pour sa part inquiété des conséquences préjudiciables qu’entraînerait un développement incontrôlé des nouvelles technologies pour les travailleurs, appelant à protéger ceux-ci.  Les STI doivent avoir une perspective d’équité sociale et de respect des cultures, a ensuite exigé la Bolivie, pays dont la politique est basée sur les énergies renouvelables et sur les connaissances ancestrales de peuples autochtones. 

Au Maroc, les STI sont considérées comme une valeur essentielle et le pays s’évertue à réduire la fracture numérique, avec des investissements dans l’enseignement supérieur, ainsi que dans les technologies de l’information et des communications (TIC), a témoigné la délégation. Elle a dit que le secteur privé prend les devants et que le Gouvernement marocain soutient ses entreprises, avec la construction de « technoparcs » dans les grandes villes du pays.  Enfin, la République dominicaine a confirmé que la numérisation est devenue une condition sine qua non de la croissance. Cette numérisation se veut en République dominicaine « large, fluide et intégrale », notamment dans le domaine de la santé.  Le but est de décongestionner le système sanitaire du pays, qui a vu la mise en place, depuis peu, d’un recueil de données numériques ventilées ciblant mieux les besoins de la population.

Session 1: Renforcer la confiance dans la science et la technologie

Cette session, présidée par Mme MATHU JOYINI, (Afrique du Sud), a abordé l’un des principaux mandats du forum STI, à savoir l’examen des rapports entre la science et la politique.  Les intervenants ont ainsi souligné la nécessité de s’appuyer sur des faits et sur une compréhension scientifique solide pour l’élaboration des politiques pour résoudre les défis interconnectés et complexes de notre temps.  Parmi ces défis, le dernier en date, la pandémie de COVID-19, a démontré l’importance et le potentiel de la science pour trouver des solutions, tout en instaurant la confiance en luttant contre la désinformation. 

Le problème est que les scientifiques et les politiques travaillent souvent en vase clos, a lancé d’emblée la Slovénie. Pourtant, la confiance entre ces deux groupes d’acteurs est essentielle, a indiqué la modératrice, Mme QUARRAISHA ABDOOL KARIM, qui est Directrice scientifique associée à CAPRISA d’Afrique du Sud, enseignante à l’Université de Columbia aux États-Unis, et coprésidente du Groupe des 10 hauts représentants chargés d’appuyer le Mécanisme de facilitation des technologies.  Il faut donc amorcer des changements de paradigmes, par exemple en informant mieux la société, a argué le représentant de l’Union internationale des télécommunications (UIT).  C’est d’ailleurs l’un des chantiers de l’Union qui s’attèle à fédérer les initiatives des 193 États qui en sont membres.  Elle s’évertue ainsi à renforcer la confiance en les technologies de l’information et des communications (TIC) en prônant plus de dialogue et un système ouvert.

M. JOEL NETSHITENZHE, Directeur exécutif de Mapungubwe Institute for Strategic Reflection (MISTRA), a fait remarquer que les partenariats sociaux sont importants pour bâtir cette confiance.  Pour faire passer les messages de la science, il a recommandé de se servir des plateformes de communication modernes et des célébrités, au-delà des médias traditionnels.  De plus, il a demandé de réglementer à présent le domaine de l’intelligence artificielle, tandis que Mme CARY FUNK, Directrice de Science and society research, Pew Research Center, a redouté les risques de voir cette intelligence artificielle renforcer les inégalités entre et au sein des sociétés. La panéliste, qui intervenait par visioconférence, a dit que la vraie question reste celle-ci: « Comment communiquer en temps de crise? ».  Elle a pris l’exemple de la pandémie de COVID-19 pour expliquer comment même les moins sceptiques ont commencé à douter de la véracité des informations transmises par les décideurs. 

La science est affaiblie par la désinformation, les groupes d’intérêts et l’ignorance, a reconnu M. PETER GLUCKMAN, Président du Conseil international des sciences.  Dans son message vidéo, il a mis en avant la perte de confiance envers les élites et les experts.  Pour lui, la confiance doit être méritée, ce qui n’est pas facile dans un environnement de désinformation et de conspiration.  Le représentant de Global vision India Foundation a fait valoir que la science vient dissiper les doutes et ne prend pas partie dans sa quête de vérité. Il a expliqué comment son organisation avait mis en route une campagne de communication afin de convaincre le public d’adhérer à la vaccination contre la COVID-19.  La Fédération de Russie a aussi évoqué la baisse de confiance en la science au moment de la pandémie de COVID-19.  L’une des parades mises en œuvre par le Gouvernement russe fut de diffuser des informations en ligne et dans les réseaux sociaux par le biais d’experts de la santé.  Pour la Chine, la confiance s’acquiert par l’unité et la coopération et non par la confrontation.  Le délégué a insisté sur le multilatéralisme et a salué le rôle de chef de file des Nations Unies dans le domaine des STI. 

Nous parlons tous d’innovation, mais il faut commencer par mener des recherches pour mieux comprendre ce qui fait que l’humanité va de crise en crise, a suggéré Mme ANA-MARIA CETTO, professeure à l’Institut de Physique de la Faculté des Sciences de l’Université nationale autonome du Mexique.  Selon l’enseignante, il serait opportun de mener des recherches pluridisciplinaires, en impliquant les spécialistes de sciences sociales pour essayer de comprendre comment nos sociétés produisent des crises. Il faut aussi changer le système de pensée afin de mettre fin au système de domination et au colonialisme, a-t-elle souhaité.  Les pays les moins avancés (PMA) ont la possibilité de combler leur retard technologique en faisant un bond essentiel, mais il faut déjà mettre de côté la désinformation, a expliqué M. TAFFERE TESFACHEW, Directeur général par intérim de la Banque de technologies des Nations Unies pour les (PMA).  Selon l’expert, il est important de bien expliquer le bien-fondé des technologies aux bénéficiaires afin de faire tomber les doutes et renforcer la confiance.  En fin de compte, il est question de travailler avec des partenaires en qui on a pleinement confiance, a résumé M. SCOTT C. RATZAN, Directeur exécutif de Business Partners for Sustainable Development

Session 2: des solutions systémiques pour progresser dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable 6, 7 et 9

Les orateurs ont détaillé les solutions systémiques à mettre en œuvre pour progresser dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable 6, 7 et 9, relatifs, respectivement, à l’accès à l’eau, au recours aux énergies renouvelables et à l’innovation.  La nécessité d’un soutien technique et financier accru aux pays en développement a été abondamment mentionnée.

M. KEYWAN RIAHI, International Institute for Applied Systems Analysis, Autriche, a dit que le but de son organisation est de fournir des conseils sur la mise en œuvre des ODD 6, 7 et 9, laquelle est bien trop lente.  Deux milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable, tandis que 800 millions n’ont pas accès à l’électricité.  Il faut des solutions systémiques et une coopération renforcée, a-t-il dit, en prenant l’exemple du bassin de l’Indus que partagent la Chine, l’Afghanistan, le Pakistan et l’Inde.  « Il est crucial d’accroître les infrastructures de ce bassin et les investissements nécessaires doivent être considérablement augmentés. »  Enfin, il a présenté le réseau EDITS qui rassemble des scientifiques chargés d’appuyer l’élaboration des politiques environnementales et climatiques. 

De son côté, Mme MÓNICA GUTIÉRREZ, ingénieure en énergies renouvelables, Mott Macdonald, Colombie, a détaillé l’appui fourni aux peuples autochtones de la Colombie pour la désalinisation de l’eau. Il est crucial de comprendre les systèmes de pensée et les cosmogonies de ces peuples afin que l’appui apporté soit accepté, a-t-elle dit, en soulignant la nécessité d’une appropriation des solutions proposées.

M. RAO NARASIMHA, Yale University, États-Unis, a rappelé que le développement de la production agricole pour répondre à l’insécurité alimentaire n’est pas sans conséquence néfaste, comme l’émission de gaz à effet de serre et l’épuisement des nappes phréatiques.  La solution serait une diversification de la production. Il a rappelé que 2,5 milliards de personnes cuisinent à l’aide de l’énergie fossile, alors que l’électricité est plus propre.  Mais les besoins en électricité sont considérables et l’offre n’est pas suffisante face à une telle demande, a-t-il dit, en appelant, lui aussi, au développement des infrastructures nécessaires.

Mme CATARINA BAPTISTA, ingénieure hydraulique, Belgique, a rappelé les graves sécheresses qui ont frappé la Belgique l’an dernier, dans un contexte de réchauffement climatique.  Elle a passé en revue les politiques mises en place pour y remédier, en notant la création de jardins retenant les eaux de pluie et le recyclage des eaux usées.  Si le financement est crucial, la gouvernance dans ce domaine est tout aussi essentielle, a-t-elle dit, en soulignant l’importance d’associer les jeunes à la prise de décisions.

M. SHLOMI KOFMAN, de l’autorité chargée de l’innovation d’Israël, a, lui aussi, passé en revue les solutions systémiques mises en place dans son pays face aux défis énergétique, hydrique et climatique. Un milliard de dollars a ainsi été investi pour financer la recherche universitaire pour la période 2022-2027. Nous œuvrons aussi à l’avènement d’une « agriculture bio-résiliente », a-t-il dit.

Le recyclage du carbone est une solution face au défi climatique, a déclaré M. NOBUO FUKUDA, de Carbon Recycling Fund Institute, Japon.  Il a déclaré que 10 millions de yens ont été octroyés à 16 projets en vue d’un recyclage du carbone.  Les jeunes entrepreneurs dans ce domaine doivent voir leurs capacités renforcées et c’est précisément l’un des axes de notre politique, a-t-il dit.  Des puits à carbone vert et à carbone bleu ont également été créés.

Mme ISMAHANE ELOUAFI, de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a appelé à réfléchir aux synergies entre ODD. Elle a souligné l’importance d’une bonne gouvernance pour lutter contre le stress hydrique, en y impliquant notamment les petits agriculteurs.  Elle a aussi exhorté à remédier à la disparition d’espèces, de plantes et de bactéries et à faire le pari des énergies renouvelables.  Il est crucial de produire des denrées alimentaires qui soient véritablement nourrissantes, a-t-elle dit.

M. JEAN-PIERRE CAYOL, de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a rappelé que l’énergie nucléaire est « propre » en ce qui concerne les émissions carbone, avant de souligner la pertinence des techniques nucléaires.  L’AIEA et la FAO gèrent cinq laboratoires où des solutions technologiques sont élaborées et partagées avec les pays, a-t-il fait savoir.  Il a expliqué que les techniques nucléaires permettent d’identifier les nappes phréatiques, comme dans la région du Sahel, de garantir la sécurité des exportations comme celles de miel et d’huile d’olive, ou encore d’identifier les maladies, comme la COVID-19.

Dans le débat qui a suivi, les pays ont détaillé leur action, à l’instar de la Fédération de Russie, qui a mentionné le programme « megagrants » pour le financement de projets.  Il a noté l’apport des « jeunes scientifiques russes » à la recherche, notamment médicale.  Le Népal a demandé un soutien financier et technique accru pour aider les pays les moins avancés à améliorer l’accès à l’eau potable.  « Il est crucial de remédier aux inégalités entre les pays si nous voulons atteindre les ODD 6, 7 et 9 », a appuyé le délégué du Brésil.  L’Union internationale des communications (UIT) a enfin demandé une meilleure participation des pays en développement à l’élaboration des normes dans le domaine des communications.

Session 3: Penser à l’échelle globale, agir à l’échelle locale - l’innovation et les infrastructures technologiques pour des villes plus intelligentes et inclusives 

Cette session, présidée par Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud), a exploré l’innovation et les infrastructures technologiques destinées à l’espace urbain, alors que plus de 50% des humains vivent dans des villes, un pourcentage destiné à augmenter dans les décennies à venir.  Cette urbanisation rapide pourrait avoir le potentiel d’améliorer la vie de milliards de personnes dans le monde, en particulier si elle est associée aux avancées technologiques. 

La tension entre planification technologique et souci d’impliquer ces citoyens toujours plus nombreux a constitué le fil rouge de cette table ronde.  Le modérateur, M. TALIS JUHNA, Recteur pour la recherche, professeur et Président du conseil consultatif du Conseil letton des sciences à l’Université technique de Riga en Lettonie, a d’emblée posé les termes du débat en rappelant que les villes ne peuvent être résumées à des infrastructures.  Les villes sont peuplées d’humains qui devraient participer plus activement à leur aménagement.  Pour lui, le concept de « villes intelligentes » ne comprend pas seulement les nouvelles technologies, mais la manière dont elles améliorent vraiment la qualité de vie. 

Pour cela, les instituts de recherches et les universités doivent être mis à contribution, a appuyé M. AXEL GRAEL, maire de Niterói, banlieue de Rio de Janeiro (Brésil).  Avec l’arrivée des « emplois verts », de nombreuses opportunités vont se présenter, a-t-il observé tout en demandant de veiller à ce que ces évolutions soient inclusives et à ne pas négliger les petites et moyennes entreprises.  Pour sa part, le Gouvernement brésilien, avec des années de recul sur le plan environnemental, va désormais reboiser et lutter contre la déforestation.  Les STI seront cruciales dans cet effort, qui devra impliquer la société civile et les agriculteurs.  La durabilité et l’inclusion sociale sont l’avenir, a-t-il soutenu.  Dans le même esprit, Mme LOUISE BEDSWORTH, ancienne Présidente du Conseil pour la croissance stratégique, Directrice exécutive du Centre pour le droit, l’énergie et l’environnement de la faculté de droit de l’université de Californie, Berkeley (États-Unis), a appelé à bien concevoir les programmes basés sur les STI pour que ces dernières soient bel et bien accessibles aux citoyens.  Elle a donné un exemple concret avec un programme californien qui mobilise les citoyens à l’échelle locale via une loi de l’État, dont l’objectif est de maximiser la santé climatique et environnementale dans des quartiers paupérisés et marginalisés.  Dix communautés ont bénéficié de ces projets, dont l’une dans la ville de Fresno, en Californie centrale.  Une ville qui se situe en milieu agricole souffrant de pollution, où évoluent des communautés marginalisées.  Elle a cité l’établissement d’un jardin communautaire et d’un hub communautaire à Fresno mais aussi dans 17 autres localités californiennes.  L’accent y est mis sur les STI, avec le déploiement de panneaux photovoltaïques sur les toits, a-t-elle ajouté en soulignant que les partenaires communautaires font office de « messagers indispensables » pour appliquer ce programme.

Une autre expérience concrète a été signalée par Mme NZAMBI MATEE, fondatrice de l’entreprise Gjenge Makers au Kenya. Participant par vidéoconférence depuis Nairobi, elle a présenté son entreprise, une start-up, qui combat les déchets plastiques en les transformant en briques.  Sachant que chaque jour, Nairobi produit 500 tonnes de déchets, elle a expliqué que Gjenge Makers recycle deux sortes de déchets, ceux de l’industrie et les déchets ménagers.  Le plastique est un problème mondial, pas seulement kenyan, a-t-elle reconnu.  Elle a précisé que l’objectif de l’entreprise est de recycler en produisant de la valeur, ce qui montre en même temps que recycler peut-être profitable.  Gjenge signifie « Bâtis-toi toi-même » en swahili, a-t-elle indiqué avant d’annoncer que, forte de son succès, l’entreprise compte prochainement s’implanter au Cameroun, au Nigéria et en Ouganda.  L’intervention a été vivement applaudie et louée par le modérateur pour « sa mise en valeur de l’économie circulaire ».

La session s’est poursuivie par une discussion interactive, avec une première intervention de M. TAIKAN OKI, professeur à l’Université de Tokyo, Japon, qui a fait part de ses recherches sur une ville du futur où l’intelligence artificielle permettrait à la ville d’être multipolaire et de s’articuler autour de plusieurs « sphères cybernétiques », le tout au service des citoyens.  Mme SHULANG FEI, de l’Académie chinoise des sciences agricoles, a ensuite exprimé ses craintes face à la situation critique que connaissent les grandes villes du monde.  Elle a fait part de la collaboration entre le Gouvernement et les instituts de recherches, en Chine, pour développer une vision systémique de la planification urbaine basée sur les STI, ainsi que pour arriver à un approvisionnement alimentaire optimal de chaque ville, en partenariat avec les agriculteurs. 

Spécialisé dans les solutions pilotées par les communautés, M. JASON CHENG, urbaniste représentant le Réseau de solutions pour le développement durable, a apporté une sensibilité différente à la discussion, en appelant à la prudence vis-à-vis des STI.  Selon lui, les technologies sont trop perçues comme des solutions miracles et leurs effets délétères sont facilement ignorés.  Elles permettent parfois de détourner le regard des problèmes graves, fondamentaux, comme le sous-investissement chronique.  M. Cheng a formellement mis en garde que les nouvelles technologies ont une « approche condescendante », du haut vers le bas, étant initiée par les groupes de la société les plus puissants, et ne laissant pas souvent leur mot à dire aux communautés visées par les programmes.  « Amener des capteurs intelligents ne règlera pas le problème du sous-investissement », a-t-il prévenu. Plus enthousiaste, Mme GABRIELA ALVARADO, directrice nationale pour la République dominicaine, du Programme alimentaire mondial (PAM), a pris l’exemple de son pays pour prouver que les STI pouvaient efficacement placer les communautés au cœur des solutions tout en luttant contre les changements climatiques.  Lors du dernier cyclone ayant frappé l’île, des drones ont survolé les zones touchées, recueillant des informations et des données, aidant les premiers secours et permettant de bien cibler l’aide humanitaire.  Enfin, le Programme alimentaire mondial (PAM) s’est joint à l’appel de la communauté internationale pour réduire la fracture numérique, en engageant davantage d’investissements.

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