L’ECOSOC lance son débat sur la coordination qui met en évidence le fort engagement de ses organes subsidiaires pour réaliser le développement durable
Le Conseil économique et social (ECOSOC) a ouvert, aujourd’hui, son débat consacré aux questions de coordination avec pour but de tirer parti du travail de ses organes subsidiaires et des entités du système des Nations Unies pour surmonter les crises, accélérer la reprise post-COVID-19 et relancer le Programme de développement durable à l’horizon 2030. Les échanges ont notamment porté sur le renforcement de la résilience, l’accélération des progrès en matière de gestion de l’eau et l’appui à la transition énergétique, alors que la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) a pris du retard en conséquence des crises en cours.
En lançant les discussions, le Vice-Président de l’ECOSOC en charge de ce débat annuel a constaté que, pour la première fois depuis qu’il est mesuré, l’Indice mondial de développement humain a diminué deux années de suite, effaçant les gains de développement des dernières années. Dans ce contexte, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit que la croissance mondiale passera de 3,4% en 2022 à 2,9% en 2023, a ajouté M. Arrmanatha Christiawan Nasir, en appelant néanmoins à rester optimiste. « Le financement du développement et des ODD doit remplacer le financement des conflits », a-t-il plaidé, avant de souhaiter que le Sommet sur les objectifs de développement durable prévu en septembre prochain débouche sur des actions transformatrices pour la vie des gens.
Le monde incertain et en proie aux crises d’aujourd’hui appelle des partenariats multipartites plus larges, qui engagent efficacement une diversité d’acteurs au-delà des gouvernements nationaux, pour « ne laisser personne de côté », a renchéri la Présidente de l’ECOSOC. « Le test décisif pour un Sommet sur les ODD réussi est un engagement multipartite efficace et inclusif, qui puisse créer une dynamique en faveur du développement durable », a insisté Mme Lachezara Stoeva.
Les quatre tables rondes de la journée ont rivalisé d’exemples et d’idées pour coordonner le soutien aux nations les plus vulnérables et pour que le monde entier se relève des crises tout en œuvrant pour atteindre les ODD à l’échéance de 2030. Les entités du système des Nations Unies ont fait valoir leur dynamisme et leur engagement pour soutenir les pays de toutes catégories dans cette entreprise. Le travail spécialisé des organes subsidiaires de l’ECOSOC a été particulièrement mis en valeur, en mettant l’accent sur la façon dont leurs mandats et initiatives se coordonnent entre eux.
Premier à montrer l’exemple, le Comité d’experts sur la gestion de l’information géospatiale à l’échelle mondiale a présenté son cadre intégré sur la question qui a pour vocation d’aider les pays à améliorer leurs processus de prise de décision gouvernementale pour faire face aux nombreux défis de développement.
Une feuille de route géospatiale des ODD a aussi été adoptée en 2022 par la Commission de statistique en vue d’aider les pays à utiliser ces informations pour mesurer et diffuser les ODD.
Autre feuille de route, celle soumise par le Groupe de la Banque mondiale à ses actionnaires, qui a pour ambition de renforcer l’engagement collectif en faveur des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. Depuis 2016, les entités de l’ONU ont mis en œuvre de nombreux projets de la Banque mondiale dans des endroits fragiles et en crise, a aussi fait valoir son représentant. De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) a mis en avant son fonds fiduciaire sur la résilience et la vulnérabilité, lancé en octobre dernier, qui appuie les pays en développement dans l’atténuation des effets des changements climatiques.
Dans un autre domaine d’action, c’est en collaboration avec des agences partenaires, dont le PNUD et l’UNICEF, que l’Organisation internationale du Travail (OIT) a lancé en septembre 2021 l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale à l’appui d’une transition juste. Cet outil est un autre exemple d’action collective et coordonnée, car il réunit les États Membres, les institutions financières internationales, les partenaires, la société civile et le secteur privé pour aider les pays à créer 400 millions d’emplois décents et étendre la protection sociale aux exclus.
Les commissions régionales de l’ONU n’ont pas été en reste, notamment avec leurs cinq plateformes de collaboration régionales. Parmi les efforts de ces commissions pour rassembler les acteurs, celle de l’Asie occidentale, la CESAO, travaille avec celle de l’Europe, la CEE, ainsi qu’avec la Ligue des États arabes, la Banque mondiale et le PNUE pour améliorer la gouvernance de l’eau et faire progresser la gestion partagée des ressources en eau.
Les questions relatives à l’eau potable et à l’assainissement (ODD 6) ont d’ailleurs fait l’objet de l’un des débats, alors que se prépare la Conférence des Nations Unies sur l’eau, prévue à New York en mars. Le Président d’ONU-Eau a misé sur cet événement qui donnera naissance à un programme d’action pour l’eau: ce sera notre « modèle d’accélération », a-t-il dit en espérant la création d’une plateforme mondiale ECOSOC sur l’eau. À ce sujet, l’Union européenne a insisté sur l’importance de la gestion de l’eau, plaidant pour une plus grande mobilisation de ressources à cet effet. La Présidente de la dernière session de la Commission de la condition de la femme a, pour sa part, recommandé que les décisions relatives à la gouvernance de l’eau comblent les inégalités entre les sexes dans l’accès à cette ressource.
De mêmes appels à l’action collective ont été entendus en ce qui concerne l’accès à l’énergie, la transition énergétique et la transformation numérique pour arriver à de meilleurs systèmes de santé et de sécurité alimentaire. Les interventions des États Membres, celle de l’Indonésie par exemple, ont mis l’accent sur l’importance du travail en synergie des entités du système de l’ONU pour aider les pays à renforcer, de manière générale, leur résilience. Le Zimbabwe a demandé que les propositions faites ne restent pas lettre morte.
Le débat consacré à la coordination se poursuivra demain, jeudi 2 février, à partir de 10 heures.
DÉBAT CONSACRÉ AUX QUESTIONS DE COORDINATION
Déclarations liminaires
M. ARRMANATHA CHRISTIAWAN NASIR, Vice-Président du Conseil économique et social (ECOSOC) et responsable du débat sur la coordination 2023 de l’ECOSOC, a ouvert cet échange en rappelant que des crises multiples viennent frapper le monde, lequel est déjà fragilisé par une pandémie aux proportions historiques. Alors que les conflits prolongés et la guerre en Ukraine aggravent les crises alimentaire, énergétique, financière et économique, avec des conséquences désastreuses pour les pays en développement, des années de progrès sur de nombreux objectifs de développement durable (ODD) ont été annulées, tandis que la pauvreté et la faim augmentent, a-t-il constaté, avant de déplorer que, pour la première fois, l’Indice mondial de développement humain a diminué deux années de suite, effaçant les gains de développement de ces dernières années. Dans ce contexte, a-t-il ajouté, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit que la croissance mondiale passera de 3,4% en 2022 à 2,9% en 2023.
Le Vice-Président de l’ECOSOC a néanmoins appelé à rester optimiste et à donner la priorité absolue aux efforts de mise en œuvre des ODD, estimant que le sommet qui leur sera consacré en septembre prochain sera décisif: il devra déboucher sur des actions concrètes, pouvant faire une réelle différence dans la vie des gens sur le terrain. « Le financement du développement et des ODD doit remplacer le financement des conflits. » À l’occasion de ce débat sur la coordination, qui vise à tirer parti du travail des organes subsidiaires de l’ECOSOC et des entités du système des Nations Unies afin de surmonter les crises, d’accélérer la reprise post-COVID-19 et de lancer des politiques guidées par le Programme 2030, M. Nasir s’est dit encouragé par les efforts déployés à tous les niveaux pour apporter un changement positif dans la vie des gens. Il s’est réjoui d’entendre les présidents des commissions techniques et des organes d’experts du Conseil, les secrétaires exécutifs des commissions régionales et les chefs des entités du système des Nations Unies sur leurs travaux respectifs consacrés à la mise en œuvre du Programme 2030. Il a espéré que les politiques et initiatives identifiées lors de ce débat contribueront au Sommet des ODD, ainsi qu’à d’autres événements majeurs prévus en 2023.
Mme LACHEZARA STOEVA, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que le monde incertain et en proie aux crises d’aujourd’hui appelle à des partenariats multipartites plus larges, transparents et inclusifs qui engagent efficacement une diversité d’acteurs au-delà des gouvernements nationaux, pour ne laisser personne de côté. Pour elle, une condition préalable à un engagement significatif des parties prenantes est un environnement propice qui offre de vastes espaces civiques à toutes les parties prenantes et promeut une approche sur mesure de ces partenariats. « Le test décisif pour un sommet sur les ODD réussi est un engagement multipartite efficace et inclusif qui peut créer une dynamique en faveur du développement durable », a insisté la Présidente. Le segment qui s’ouvre aujourd’hui a démontré, à son avis, la capacité du Conseil à renforcer son rôle clef en tant que mécanisme central de coordination du système des Nations Unies pour le développement afin d’en assurer la cohérence et la coordination. Mme Stoeva a encouragé les participants à œuvrer de concert au cours des deux prochains jours en vue d’identifier des politiques et des actions transformatrices capables de faire progresser la mise en œuvre du Programme 2030.
M. GUY RYDER, Secrétaire général adjoint chargé des politiques, qui s’exprimait pour la première fois en cette capacité devant l’ECOSOC, après avoir travaillé étroitement avec le Conseil dans ses fonctions précédentes de Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a salué le rôle de ce conseil qui rassemble les travaux et les expertises de son système et des entités de l’ONU en général. Cela est utile pour confronter de manière coordonnée et cohérente les crises multiples et interconnectées d’aujourd’hui, tout en œuvrant pour atteindre les ODD, a-t-il fait valoir. Il a aussi observé que les commissions techniques et les organes d’experts de l’ECOSOC ont aligné leurs travaux sur le Programme 2030, montrant ainsi comment leurs recommandations politiques et leurs cadres normatifs contribuent à faire progresser les ODD. Il a noté que divers mécanismes de coordination sont utilisés pour renforcer les synergies.
Il a rappelé que le Secrétaire général a créé le Groupe mondial d’intervention des Nations Unies en cas de crise alimentaire, énergétique et financière, qui a débouché sur des recommandations et des actions protégeant les plus vulnérables des impacts de la guerre en Ukraine. Il a également cité plusieurs initiatives mises en œuvre pour rassembler le système des Nations Unies afin d’accélérer la reprise après la COVID-19: l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale à l’appui d’une transition juste, le Sommet sur la transformation de l’éducation et le Bureau de la jeunesse des Nations Unies. Le Secrétaire général adjoint a misé sur le Sommet sur les ODD en septembre, qui sera un moment clef pour raviver l’espoir et recentrer notre plan d’action transformateur. Il a rappelé que le Secrétaire général de l’ONU aimerait voir de nombreux dirigeants mondiaux venir au Sommet pour partager leur vision, leurs idées et leurs engagements pour réaliser les objectifs, et qu’il a plaidé en faveur d’un plan de relance des ODD. Le Sommet sur les ODD ouvrira la voie au Sommet de l’avenir de 2024, a poursuivi M. Ryder en invitant à les considérer comme complémentaires. Il a annoncé que, dans les semaines à venir, une série de notes d’orientation seront publiées sur certaines des principales questions proposées par le Secrétaire général avant le Sommet de l’avenir. « Travaillons ensemble pour faire de 2023 l’année où nous libérerons véritablement le pouvoir du multilatéralisme vers un avenir durable pour tous, sans laisser personne de côté », a lancé en conclusion M. Ryder.
Table ronde 1
Remédier aux crises, renforcer la résilience et atteindre les ODD grâce à des politiques tenant compte des risques
La première table ronde du débat sur la coordination 2023 de l’ECOSOC a permis d’explorer la manière dont les organes subsidiaires de l’ECOSOC, ainsi que les entités du système des Nations Unies, notamment les agences spécialisées, traitent les crises actuelles et promeuvent la réalisation des ODD, tout en renforçant la résilience et des politiques centrées sur les risques.
Première panéliste à s’exprimer, Mme PALOMA MERODIO GOMEZ, Vice-Présidente de l’Institut national de la statistique et de la géographie (INEGI) du Mexique et Coprésidente du Comité d’experts sur la gestion mondiale de l’information géospatiale (UN-GGIM) lors de sa douzième session, a souligné l’importance de ces données pour répondre à des défis tels que la pandémie de COVID-19. Des tableaux de bord et des cartes établis par les experts ont ainsi permis de répertorier les taux d’infection et de vaccination par régions, a-t-elle expliqué, avant de se féliciter de l’adoption, en juillet dernier, de la résolution 2022/24 de l’ECOSOC, qui a appelé au renforcement de ces travaux pour réaliser les opérations axées sur les ODD et le Cadre intégré d’information géospatiale IGIF. Ce cadre multidimensionnel aide les pays à améliorer leurs processus de prise de décision gouvernementale pour faire face aux nombreux défis de développement, a précisé Mme Merodio Gomez en insistant sur la transformation numérique dont tous les pays ont besoin pour réaliser leurs priorités de développement et atteindre les ODD. À cet égard, a-t-elle ajouté, le Comité travaille avec les organes subsidiaires de l’ECOSOC pour promouvoir la coordination et la cohérence dans l’utilisation des informations géospatiales. Un exemple en est la feuille de route géospatiale des ODD qui, avec le soutien de l’UN-GGIM, a été adoptée par la Commission de statistique en 2022 en vue d’aider les pays à utiliser les informations géospatiales, les observations de la Terre et d’autres sources de données géospatiales intégrées pour mesurer, surveiller et diffuser les ODD, a indiqué la Vice-Présidente de l’INEGI.
Intervenant en visioconférence, M. GILBERT F. HOUNGBO, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a quant à lui mis l’accent sur les financements nécessaires pour garantir une sécurité de revenu de base et l’accès aux soins de santé essentiels pour tous, lesquels ont augmenté d’au moins 30% après le déclenchement de la pandémie. Pour répondre à ce défi, a-t-il dit, l’OIT a lancé en septembre 2021 l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale à l’appui d’une transition juste, en collaboration avec des agences partenaires, dont le PNUD et l’UNICEF, et sous la direction du Secrétaire général de l’ONU. En réunissant les États Membres, les institutions financières internationales, les partenaires, la société civile et le secteur privé, cet outil vise à aider les pays à créer 400 millions d’emplois décents et à étendre la couverture de la protection sociale aux personnes actuellement exclues, a-t-il expliqué, faisant également état d’un élan impulsé par l’OIT pour renforcer l’économie sociale et solidaire (ESS). L’OIT aide les États Membres, notamment par le biais de l’Équipe spéciale interinstitutions des Nations Unies sur l’économie sociale et solidaire (UNTFSSE), qu’elle copréside avec la CNUCED, a encore précisé M. Houngbo, qui s’est félicité de l’adoption en décembre d’une résolution de l’Assemblée générale reconnaissant la contribution de l’économie sociale et solidaire à la réalisation du Programme 2030.
À sa suite, M. ED MOUNTFIELD, Vice-Président du Groupe de la Banque mondiale en charge de la politique des opérations et des services aux pays (OPCS), qui parlait lui aussi en visioconférence, a observé que, sous l’effet des nombreuses crises, la croissance mondiale connaît un ralentissement spectaculaire, aggravé par la crise énergétique, une inflation forte et le poids des dettes, ce qui rend l’objectif 2030 difficile à atteindre. Dans ce contexte, a-t-il déclaré, le Groupe de la Banque mondiale s’efforce de trouver un équilibre entre la réponse aux crises et le développement grâce à une démarche holistique menée dans le cadre des programmes d’aide d’urgence aux pays. D’ici à juin 2023, a-t-il indiqué, 70 milliards de dollars de financement iront aux pays fragiles pour les aider à faire face aux crises. Concrètement, il s’agit de riposter à l’insécurité alimentaire via des transferts de fonds, protéger les personnes et les emplois, consolider la résilience et la préparation aux crises et renforcer les politiques et les investissements pour améliorer les résultats à long terme. Reconnaissant toutefois que ces efforts ne seront pas suffisants pour répondre à la crise de développement, il a fait état d’une feuille de route soumise par le Groupe de la Banque mondiale à ses actionnaires pour relever les défis clefs de l’époque et renforcer l’engagement collectif en faveur des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire. Quant à la coopération avec l’ONU, il l’a jugée essentielle dans des domaines tels que la santé, la protection sociale et l’agriculture, ajoutant que, depuis 2016, les entités de l’ONU ont mis en œuvre de nombreux projets de la Banque mondiale dans des endroits fragiles et en crise.
Dans le même ordre d’idées, Mme ARMIDA SALSIAH ALISJAHBANA, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) et Coordonnatrice des commissions régionales de l’ONU, a indiqué que ces dernières viennent en aide aux États Membres en leur proposant des options innovantes et en promouvant des partenariats régionaux, notamment via les cinq plateformes de collaboration régionales (PCR). En collaboration avec la FAO et le PAM, la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) a ainsi lancé une note d’orientation conjointe sur la sécurité alimentaire, qui contient des propositions concrètes pour renforcer le plan régional pour la sécurité alimentaire, la nutrition et l’éradication de la faim d’ici à 2025 avec les partenaires régionaux. Aux côtés de l’OMC, du PNUD et de la CNUCED, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) a, pour sa part, appuyé la mise en œuvre de l’Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine, tandis que la Commission économique européenne (CEE) fournit des services consultatifs aux pays de sa région sur la gestion de l’eau, la prévention des accidents industriels et l’évaluation des impacts sur l’environnement. Dans la région arabe, a-t-elle poursuivi, la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) travaille avec la CEE, la Ligue des États arabes, la Banque mondiale et le PNUE pour améliorer la gouvernance de l’eau et faire progresser la gestion partagée des ressources en eau. De son côté, la CESAP œuvre au renforcement de la résilience face aux risques futurs, tout en soutenant le développement d’une protection sociale complète et universelle et en aidant les pays à accélérer leur transition énergétique, a précisé sa Secrétaire exécutive.
Mme MAMI MIZUTORI, Représentante spéciale du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe et Cheffe du Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNDRR), a ensuite insisté sur le renforcement de la résilience face aux chocs actuels et futurs. Soulignant l’opportunité cruciale que constitue à cet égard la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale, les 18 et 19 mai prochains, sur l’examen à mi-parcours de la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe. Elle a encouragé l’ECOSOC à contribuer à ce processus, avant de citer plusieurs exemples d’initiatives qui pourront être examinées à cette occasion, à commencer par la coordination du Plan d’action des Nations Unies et du Groupe de direction sur la réduction des risques de catastrophe pour la résilience. Ce mécanisme est au cœur des efforts déployés par le système des Nations Unies pour aider les États Membres à mettre en œuvre le Cadre de Sendai, a-t-elle rappelé, avant d’évoquer l’initiative « Alertes précoces pour tous » du Secrétaire général, qui vise à garantir que chaque personne sur Terre soit protégée par des systèmes d’alerte précoce d’ici à 2027. Enfin, la haute fonctionnaire a salué l’initiative « Rendons les villes résilientes d’ici à 2030 », dont la vocation est d’aider les gouvernements locaux à renforcer leur résilience aux catastrophes grâce à des partenariats, une assistance technique et des conseils.
Discussion interactive
À la suite de ces présentations, le Maroc, qui s’exprimait au nom du Groupe des pays de même avis soutenant les pays à revenu intermédiaire, a jugé prioritaire, face aux crises multiples que connaît le monde, de reconnaître les vaccins contre la COVID-19 comme des biens publics mondiaux et d’assurer leur distribution sans discrimination, notamment par le biais du Mécanisme COVAX. Il a également appelé la communauté internationale à aider les pays à revenu faible ou intermédiaire à renforcer leur résilience et à progresser vers les ODD. Pour ce faire, il importe selon lui d’aller au-delà du critère du PIB pour l’octroi des financements concessionnels en adoptant un indice de vulnérabilité multidimensionnelle.
L’Union européenne a, elle, constaté que l’avancée vers les ODD est entravée par les conflits, à commencer par la guerre en Ukraine, la pandémie, les inégalités et la crise climatique. Se voulant néanmoins optimiste, elle s’est réjouie que la croissance des capacités énergétiques renouvelables soit appelée à doubler ces cinq prochaines années, le coût de l’énergie solaire ayant notamment diminué de 82% en Europe. Elle a aussi insisté sur l’importance de la gestion de l’eau, estimant que de meilleures mobilisations de ressources sont nécessaires pour y faire face. Appelant à l’unité sur ces questions, elle a indiqué qu’elle fera un point sur sa mise en œuvre des ODD lors du forum politique de haut niveau de juillet.
De son côté, la Chine a appelé à davantage de coopération et de coordination pour donner un coup de fouet à la croissance. Face aux crises actuelles, les États doivent bâtir un marché stable en matière de biens de première nécessité, résister aux tentations protectionnistes, revoir à la hausse leurs prévisions de croissance et atténuer les risques systémiques, a-t-elle prôné, tout en invitant la communauté internationale à penser aux pays à revenu faible, en particulier s’agissant de l’atténuation de leur dette. L’Indonésie a défendu une même approche tout en invitant l’ECOSOC et les entités du système de l’ONU à travailler en synergie pour aider les pays à renforcer leur résilience. Soulignant l’importance des circonstances locales, elle a souhaité que des solutions adaptées soient trouvées pour chacun en matière de financement du développement.
Le Zimbabwe a ensuite demandé au Groupe de la Banque mondiale d’expliquer en quoi consiste son changement de paradigme, avant d’inviter Mme Mizutori à préciser le fonctionnement des alertes précoces pour tous en vue de réduire les risques de catastrophe. Il faut que les propositions faites ne restent pas lettre morte, a-t-il ajouté en appelant les États à travailler ensemble dans ce sens. Enfin, à la suite de l’Inde qui fait part de ses initiatives en matière de création d’infrastructures résilientes face aux catastrophes, la République populaire démocratique lao, nouveau membre de l’ECOSOC, a insisté à son tour sur la nécessité d’aider les pays les plus vulnérables à se relever, en particulier les pays à revenu intermédiaire, qui font face à trop d’obstacles pour y parvenir.
En réponse à ces commentaires et questions, la Coprésidente du Comité d’experts sur la gestion mondiale de l’information géospatiale (UN-GGIM) a réaffirmé la détermination de cette structure à répondre aux défis du moment en prenant des décisions basées sur la science. Le Directeur général de l’OIT a, pour sa part, insisté sur le lien existant entre les crises et les menaces auxquelles font face les ODD, notamment dans le domaine social et environnemental. Il a ajouté que l’OIT est à pied d’œuvre pour lancer en juin une coalition mondiale pour une meilleure justice sociale. Le Vice-Président du Groupe de la Banque mondiale a indiqué que son institution prévoit de faire évoluer son modèle financier pour l’allocation de ressources, notamment s’agissant de l’octroi de prêts à conditions préférentielles et du financement des pays les plus endettés. Enfin, après que la Secrétaire exécutive de la CESAP eut assuré que les commissions régionales de l’ONU continueront de travailler unies dans l’action pour relever les défis en matière de développement, la Représentante spéciale pour la réduction des risques de catastrophe a expliqué que le système d’alerte précoce, dont le plan d’action a été lancé lors de la COP27, consiste à rassembler des informations sur les risques de catastrophe, à faire des prévisions et des suivis, et à réaliser une cartographie précise pour savoir où en sont les différents pays, tant en matière de risques que d’infrastructures et de financements.
Table ronde 2
Politiques transformatrices en vue d’avancer plus rapidement dans la réalisation de l’objectif de développement durable 6 sur l’eau potable et l’assainissement
Mme MATHU JOYINI (Afrique du Sud), Présidente de la soixante-septième session de la Commission de la condition de la femme, a commencé par rappeler l’importance de l’eau et de l’assainissement pour la réalisation de l’égalité entre les sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles. Ainsi, a-t-elle souligné, lorsque l’eau potable n’est pas disponible au sein d’un ménage, le fardeau de sa collecte et de sa purification repose en grande partie sur les épaules des femmes et des filles. Le manque d’installations sanitaires et d’hygiène sûres à la maison peut aussi exposer celles-ci à la maladie, au harcèlement et à la violence, entravant leur capacité à étudier, à générer un revenu et à se déplacer librement. Par ailleurs, lorsque des membres du foyer tombent malades, ce sont principalement les femmes et les filles qui fournissent les soins indispensables. Pourtant, elles ne sont pas représentées comme elles le devraient dans les processus de prise de décision liée à WASH (Eau, Assainissement et Hygiène pour tous), a noté Mme Joyini. C’est pourquoi la Commission considère qu’il faut tenir compte de ces problématiques, de même que de l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles et de l’accès à la santé sexuelle et reproductive. Cela exige que les décisions relatives à la gouvernance de l’eau comblent les inégalités entre les sexes dans l’accès aux autres ressources, afin d’empêcher la discrimination indirecte, par exemple, dans les politiques de tarification.
M. MANSOUR ALQURASHI, Directeur général des affaires internationales au sein de la Commission des communications et des technologies de l’information de l’Arabie saoudite et Président par intérim de la vingt-sixième session de la Commission de la science et de la technologie au service du développement, a donné quelques exemples de solutions technologiques et innovantes pour faire progresser l’ODD 6 relatif à l’eau potable et à l’assainissement, et exploiter les interconnexions avec d’autres objectifs. Les technologies de pointe, telles que l’intelligence artificielle, les mégadonnées et l’Internet des objets peuvent être des catalyseurs dans la surveillance des infrastructures d’eau et d’assainissement et accélérer la réalisation de l’objectif 6. En outre, a observé M. Alqurashi, de meilleurs systèmes d’alerte précoce et modèles prédictifs, y compris certains reposant sur les drones ou les systèmes intégrés d’observation de la Terre, permettent d’anticiper rapidement les menaces de catastrophe et de savoir quelles zones seront particulièrement touchées. Pour le panéliste, l’innovation technologique doit être mise en œuvre de pair avec des innovations en matière de politique et de gouvernance, l’innovation sociale et l’innovation de processus. En effet, une technologie inaccessible vaut souvent à peine mieux que pas de technologie du tout, a-t-il noté, et la notion d’accès peut être décomposée en termes de disponibilité, de prix abordable, de sensibilisation, d’accessibilité et de capacité d’utilisation efficace. Il est donc crucial de privilégier des solutions concrètes, a conclu le Directeur général, en plaidant pour la mobilisation d’acteurs de secteurs et d’horizons différents.
M. GILBERT F. HOUNGBO, Directeur général de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et Président d’ONU-Eau, a indiqué que la Conférence des Nations Unies sur l’eau sera une occasion unique de répondre à la crise mondiale de l’eau et de l’assainissement. Au sein du système des Nations Unies, cet événement doit devenir le catalyseur de progrès importants dans la seconde moitié de la Décennie d’action pour l’eau et du Programme 2030. Aussi a-t-il exhorté l’ECOSOC à encourager ses différents organes à envisager et à annoncer des engagements volontaires, individuellement ou collectivement. Le programme d’action pour l’eau qui en résultera -un des principaux résultats de la Conférence- sera notre « modèle d’accélération », a assuré le haut fonctionnaire, pour qui l’eau et l’assainissement doivent être intégrés à tous les processus intergouvernementaux, « du mondial au local ». Il a donc appelé les États Membres de l’ONU à envisager la création d’une plateforme mondiale ECOSOC sur l’eau, qui contribuerait de manière significative à relever les défis qui se posent de manière urgente dans ce domaine.
M. WENJIAN ZHANG, Sous-Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), a souligné que les objectifs en matière d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène d’ici à 2030 nécessitent une augmentation quatre fois supérieure au rythme actuel des progrès. Leur réalisation passe par le développement et le déploiement rapides de solutions et de politiques innovantes et véritablement transformatrices qui vont au-delà du statu quo notamment en s’appuyant sur des données et informations hydrologiques qui font cruellement défaut dans plusieurs régions. « Ces informations sont importantes pour comprendre où, en quelle quantité et dans quelle qualité l’eau est et sera disponible », a précisé le haut fonctionnaire. Il a fait savoir que des données et des informations plus complètes, connectées et harmonisées sur les ressources en eau aux échelles locale, régionale et mondiale sont nécessaires pour soutenir la prise de décision liée aux changements climatiques et à d’autres changements environnementaux et sociétaux. Raison pour laquelle les services hydrologiques et météorologiques nationaux ont besoin de toute urgence de capacités améliorées pour fournir des évaluations et des perspectives de l’état hydrologique en tant que fondement d’une gestion durable de l’eau.
Discussion interactive
La Colombie a affirmé que, pour avancer vers la mise en œuvre de l’ODD 6, les plus grands émetteurs de gaz à effet de serre doivent véritablement s’engager en faveur de l’action climatique. En outre, il faut améliorer l’accès au financement pour les pays en développement, y compris à travers des mécanismes d’échange proenvironnementaux et, au-delà, mettre en place une véritable transformation du modèle économique. Selon cette délégation également, il faut parvenir à la parité et à l’autonomisation de toutes les femmes et de toutes les filles et promouvoir la pleine participation de celles qui sont issues des peuples autochtones et des communautés locales et de la société civile dans son ensemble, pour qu’elles participent à la conception des politiques publiques.
L’Inde a mentionné l’existence de mécanismes de suivi de la consommation d’eau, dans le cadre d’une campagne nationale de sensibilisation aux questions d’hygiène, qui prévoit également des garanties de traitement et de recyclage des eaux usées. Elle a également précisé que des initiatives de collecte des eaux de pluie étaient en cours, avec le souci d’accorder un rôle plus important aux femmes à cet égard. Les États-Unis ont dit appuyer la réalisation des ODD, notamment du numéro 6, que Washington soutient, en figurant parmi les principaux bailleurs de fonds du secteur hydrique: nous investissons dans le renforcement des capacités avec la participation du secteur privé et en nous appuyant sur des instruments financiers innovants, a ajouté le représentant.
Table ronde 3
Accès à l’énergie et transition énergétique
Au cours de cette session relative à l’objectif de développement durable 7 (énergie propre et à un coût abordable), M. CIYONG ZOU, Directeur général en charge de la coopération technique et Directeur général adjoint de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a relevé que si les industries consomment le tiers de l’énergie mondiale, c’est aussi elles qui sont à l’origine d’innovations en matière d’énergies propres comme les batteries électriques et les éoliennes. Il a appelé les gouvernements à arrêter d’investir dans les sources d’énergies polluantes qui sont à l’origine de la plupart des émissions de gaz à effet de serre. Il a également assuré que l’ONUDI accompagne les pays à faire leur transition énergétique.
Mme SAKIKO FUKUDA-PARR, professeur d’affaires internationales à The New School et Vice-Présidente de la vingt-cinquième session du Comité des politiques de développement, a mis l’accent sur les défis énergétiques qu’affrontent les pays les moins avancés (PMA). Selon elle, parvenir à des sources d’énergie propre demande à ces pays de procéder à des ajustements structurels de leur économie. Les PMA ont contribué à hauteur de 4% aux émissions de gaz à effet de serre, pourtant, ces pays ont recensé 30% des décès dus aux catastrophes naturelles aux cours des 50 dernières années, a-t-elle fait remarquer. Elle a donc appelé à une transition énergétique juste qui nécessite un soutien à ces pays, notamment grâce aux transferts de technologies vertes à leur bénéfice.
Mme LIGIA NORONHA, Sous-Secrétaire générale et Cheffe du Bureau de New York du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a mis l’accent sur l’ODD 7 en lien avec les autres ODD, soulignant le lien étroit qui existe entre cet ODD et la mise en œuvre de tous les autres. Elle a relevé que la transition énergétique requiert d’énormes quantités de minéraux. Il faut donc éviter, à son avis, d’avoir une transition énergétique et une décarbonisation ayant une forte empreinte écologique. Elle a en outre insisté sur le coût de cette transition.
M. ROBERT POWELL, Représentant spécial du FMI auprès des Nations Unies, a fait référence à un rapport du FMI sur l’économie mondiale qui laisse voir des risques de récession amoindris. Il a souligné que les besoins de financement climatique sont évalués à 3% du PIB mondial. Ce financement est selon lui possible avec la mobilisation du secteur privé et un prix de carbone abordable. Il a ainsi invité le secteur privé à partager le risque d’investissement vert. Le fonds fiduciaire du FMI pour la résilience et la vulnérabilité, lancé en octobre dernier, appuie les pays en développement dans l’atténuation des effets des changements climatiques, a fait valoir M. Powell.
Il ne faut pas que la fiscalité soit un obstacle à la transition énergétique, a averti Mme LISELOTT KANA, Cheffe du Département de la fiscalité internationale au Bureau des impôts du Chili et Coprésidente des vingt-cinquième et vingt-sixième sessions du Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale. Intervenant par le biais d’une vidéo préenregistrée, elle a jugé opportun de veiller à ce que l’économie du carbone soit bénéfique pour la transition énergétique. Intervenant également par vidéo, Mme DAMILOLA OGUNBIYI, PDG, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour l’Énergie durable pour tous et Coprésidente d’ONU-Énergie, a expliqué que 185 engagements ont été pris à travers le monde pour la réalisation de l’ODD 7 sur l’énergie propre. Ces contrats énergétiques sont ainsi mis en œuvre pour accélérer les progrès, notamment dans les pays les plus vulnérables, y compris en Afrique.
Discussion interactive
Faisant mention de leur expérience nationale en matière de transition énergétique, les États Membres ont également pris la parole. Ainsi, les États-Unis ont dit avoir lancé de nombreuses initiatives, par le biais du Gouvernement et du secteur privé, en vue de cette transition. La délégation a promis qu’elle allait poursuivre l’investissement pour lutter contre les changements climatiques. Il en est de même pour notre pays, a renchéri la Chine qui a expliqué avoir créé le plus grand marché du carbone au monde, dans le cadre de ses efforts de réduction des émissions polluantes, et avoir grandement investi dans l’éolienne et la biomasse. La Chine a promis qu’elle atteindrait la neutralité carbone d’ici à l’année 2060 et a assuré accompagner les pays en développement vers cet objectif.
La Colombie a appelé à renforcer le marché de l’énergie en Amérique latine. La délégation a fait remarquer que la transition énergétique permet la création d’emplois et qu’elle devrait donner lieu à une réduction des inégalités entre villes et zones rurales dans le domaine énergétique. La Fédération de Russie s’est montrée soucieuse, quant à elle, d’éviter la politisation de la question énergétique, notamment avec les sanctions unilatérales.
Pour l’Inde, les pays en développement, notamment ceux d’Afrique, ne reçoivent pas assez de soutien pour leur transition énergétique. L’ONUDI a des programmes pour accompagner ces pays, a répondu M. Ciyong tout en reconnaissant que la coopération interétatique est essentielle pour les soutenir. Il faut aussi éviter des initiatives de coopération qui pourraient s’avérer négatives pour certains pays, a toutefois averti Mme Fukuda-Parr, de The New School. Selon Mme Noronha, du PNUE, il serait utile de mieux faire le lien entre les gouvernements, l’ONU et le secteur privé dans ces initiatives de collaboration. Et il ne faut pas oublier l’importance d’un leadership fort, a-t-elle relevé. De son côté, M. Powell, du FMI, a souligné que l’atténuation des risques d’investissements dans le secteur énergétique n’est pas du ressort du Fonds mais de banques d’investissement et autres partenaires financiers du secteur privé.
Table ronde 4
Transformation numérique pour la santé et la sécurité alimentaire
M. TEDROS ADHANOM GHEBREYESUS, Directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a rappelé que les technologies numériques recèlent un énorme potentiel pour la santé et la sécurité alimentaire. Il a pris pour exemple les diagnostics numériques pour le dépistage du diabète, du VIH et du paludisme; l’utilisation de drones pour livrer du sang, des vaccins et d’autres fournitures dans des zones reculées; les applications mobiles d’étiquetage des aliments; et la technologie des chaînes de blocs pour améliorer la sécurité alimentaire. « Cependant, nous devons veiller à ce que ces technologies contribuent à réduire les inégalités, plutôt qu’à les creuser », a-t-il ajouté. En effet, l’absence de connectivité ou d’électricité, les inégalités entre les sexes en matière d’accès à la technologie, pourraient laisser certaines personnes encore plus à la traîne. En outre, les outils numériques peuvent également être utilisés pour nuire, par le biais de l’intimidation et des discours de haine, de la désinformation et de la commercialisation de produits et de comportements malsains. Dans ce contexte, a expliqué le Directeur général, l’OMS s’efforce d’aider les pays à mettre en place des directives numériques, des cadres de gouvernance des données et des politiques pour protéger la vie privée et la sécurité des données. Et nous nous engageons à soutenir l’élaboration de lois, de règlements et de politiques qui favorisent la confiance du public et limitent l’utilisation du marketing numérique auprès des enfants et des adolescents, a-t-il ajouté.
Mme GABRIELLA VUKOVICH, Présidente de l’Office central de la statistique de Hongrie et Présidente de la cinquante-troisième session de la Commission de statistique, a expliqué que les défis de notre époque sont étroitement liés aux statistiques et aux données ventilées collectées en temps opportun: ce sont les sources d’informations les plus fiables et elles sont fondées d’un point de vue scientifique, a-t-elle argué. Or, si la majeure partie des pays fournissent des données, pour de nombreuses cibles, leur ventilation ou leur nombre doivent être encore améliorés. Dans ce contexte, la Commission de statistique continue de fournir des directives aux États concernés afin de les aider à améliorer leur stratégie nationale pour moderniser leurs statistiques, promouvoir de nouvelles méthodologies et l’identification de nouvelles sources de données, comme des sources administratives ou les données privées.
Mme GERALDINE FRASER-MOLEKETI, Chancelière de l’Université Nelson Mandela et Présidente de la vingt-et-unième session du Comité d’experts de l’administration publique (CEPA), a considéré comme essentiel de s’assurer que la transformation numérique renforce la confiance dans la capacité des gouvernements à fournir des services publics équitables, à gérer les données individuelles et, dans le cas des réseaux sociaux, à faire face aux risques de désinformation et de polarisation. Le défi principal est donc d’assurer une transformation numérique juste, inclusive, centrée sur les personnes et fondée sur les droits tout en atténuant les risques d’élargissement des fractures numériques. Dans ce contexte, les modèles hybrides de prestation de services publics devraient être considérés comme la norme pour ne laisser personne de côté, a estimé l’intervenante.
M. AMANDEEP SINGH GILL, Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU chargé des technologies, a déclaré que nous devons vraiment faire preuve d’audace si nous souhaitons rattraper le retard accumulé en vue de la réalisation du Programme 2030, ce qui signifie que les technologies, la science et l’innovation doivent être utilisées et exploitées de façon totalement différente de ce que nous avons fait jusqu’à présent. Pour cela, a-t-il dit, nous avons besoin de volonté politique, de penser autrement et de mener à bien une réflexion politique pour mettre en œuvre des cadres réglementaires et de gouvernance adéquats. Il faut le faire par la voie législative tout en veillant à protéger les droits humains, car ces technologies qui ont un fort potentiel doivent être utilisées à bon escient, a rappelé M. Gill. Il a également recommandé d’avoir des infrastructures de connectivité et des formations adéquates dans les domaines suivants: santé, agriculture, sécurité alimentaire, gouvernance, services publics, éducation, transition verte, transition énergétique et transition climatique.
Mme BETH BECHDOL, Directrice générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a considéré, elle aussi, que les technologies numériques peuvent avoir un effet transformationnel sur les économies et les sociétés, notamment s’agissant de l’agriculture, des systèmes agroalimentaires, des systèmes de santé et du développement rural. Ainsi, l’agriculture de précision aide les exploitants à optimiser le rendement des cultures et à améliorer la gestion de l’eau et des engrais, produisant ainsi davantage avec moins d’intrants et moins d’impact sur l’environnement. Mme Bechdol a aussi noté que les outils numériques et les « big data » peuvent améliorer la disponibilité et l’accès aux connaissances et aux informations pour soutenir des interventions politiques plus ciblées et transformatrices dans le cadre des systèmes agroalimentaires. Attention toutefois à ce que cette transformation numérique ne soit pas inaccessible à tous, a-t-elle mis en garde. Nous devons veiller à ce que les petits exploitants agricoles, les agriculteurs familiaux et les communautés rurales aient accès à des technologies pertinentes et applicables à leurs contextes spécifiques, a-t-elle ajouté, avant de citer en exemple l’initiative de la FAO « 1 000 villages numériques », qui favorise le développement local et communautaire pour accélérer la transformation numérique des zones rurales.
Discussion interactive
Dans la lignée de ce qui a été exposé par les panelistes, le Guatemala a appelé les États à renforcer leurs capacités pour créer un environnement propice en vue de réduire l’illettrisme numérique et le manque d’accès à la connectivité et au numérique. Le renforcement de la connectivité peut en effet bénéficier directement aux petits agriculteurs, créer des emplois dignes et améliorer l’inclusion financière. À titre d’exemple, a indiqué la délégation, son gouvernement est en train de mettre sur pied des écoles pour aider les jeunes et les femmes à travailler dans le domaine de l’agriculture. Pour y parvenir, a poursuivi la Suède, le processus doit s’appuyer sur les initiatives existantes au sein des Nations Unies et créer des synergies entre les différents processus existants.
En Colombie, a ajouté sa représentante, les droits à l’alimentation et à la sécurité alimentaire font partie intégrante de la stratégie nationale de la réalisation du Programme 2030. Le Mexique a indiqué que, pour faire face aux défis actuels, il faut améliorer les conditions et les opportunités offertes aux petits agriculteurs qui vivent dans les zones reculées marginalisées. Il a reconnu que la transformation numérique permet d’impliquer les jeunes au sein de leur communauté et de créer des débouchés professionnels dans les zones rurales pour y créer des « écosystèmes numériques ». La délégation mexicaine a suggéré de mettre au point des politiques d’inclusion numérique et de bâtir des infrastructures physiques et numériques pour garantir une croissance plus équilibrée.