Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
9e séance plénière – après-midi
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LDC5: la Conférence sur les pays les moins avancés conclut cinq jours de travail intense par l’adoption de la Déclaration politique de Doha

DOHA, 9 mars -- Les travaux de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA), qui s’est tenue du 5 au 9 mars à Doha, a pris fin cet après-midi avec l’adoption par acclamation de la Déclaration politique de Doha.  La capitale du Qatar a ainsi accueilli la deuxième partie de la Conférence (LDC5), sur le thème « Du potentiel à la prospérité », alors que la première partie avait permis l’adoption du Programme d’action de Doha (2022-2031) le 17 mars 2022, entériné le 1er avril suivant par l’Assemblée générale. 

En adoptant aujourd’hui la Déclaration politique de Doha, les chefs d’État et de gouvernement et représentants des États réunis dans cette ville cette semaine considèrent que, malgré les résultats positifs obtenus dans certains domaines du Programme d’action d’Istanbul (2011-2020), les progrès sont restés en deçà des buts et objectifs qui y étaient fixés.  Ils constatent avec inquiétude que les PMA restent marginalisés dans l’économie mondiale et continuent de souffrir d’extrême pauvreté, d’inégalités et de faiblesses structurelles. 

Par cette déclaration, ils s’engagent fermement à mettre en œuvre le Programme d’action de Doha tout au long de la prochaine décennie, y compris ses six domaines d’action prioritaires, et à faire des progrès pour obtenir les résultats concrets qui y sont énoncés, en ce qui concerne l’étude de la faisabilité d’un système d’actionnariat ou de modalités de substitution, comme les transferts en espèces; de la création d’une université en ligne ou de plateformes équivalentes; de la création d’un centre d’appui aux investissements internationaux; de la création d’un mécanisme de soutien au reclassement durable; de la mise en place de mesures d’atténuation des crises liées à des risques multiples et de mesures de renforcement de la résilience. 

Dans ses remarques de clôture, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohamed, a estimé que le Programme d’action de Doha représente un schéma directeur clair pour la reprise, le renouveau et la résilience des pays les plus vulnérables.  Mais, a-t-elle prévenu, la réussite ne sera pas automatique.  En effet, pour réaliser les objectifs du Programme, les PMA auront besoin d’importants financements, orientés « là où cela compte le plus ».  C’est pourquoi, a-t-elle rappelé, le Secrétaire général de l’ONU a appelé à des réformes de l’architecture financière internationale, en plus d’un stimulus à grande échelle pour réaliser les objectifs de développement durable (ODD), avec la mobilisation d’au moins 500 milliards de dollars par an.  Mme Mohammed a souligné, à cet égard, que les PMA restent au cœur du Programme à l’horizon 2030.  Celui de Doha, s’il reçoit les financements nécessaires, pourrait permettre aux PMA de régler certains des problèmes les plus difficiles qui les empêchent de réaliser leur potentiel.  Au titre des progrès déjà enregistrés, la Vice-Secrétaire générale a salué la coalition numérique « Partner2Connect » ainsi que les nouveaux partenariats annoncés dans le cadre du Forum du secteur privé, qui s’est tenu en marge de la plénière de la LDC5. 

Ce qu’il faut maintenant, a-t-elle insisté, c’est un engagement profond et sur la durée pour réaliser la vision du nouveau Programme car même s’il s’adresse aux PMA, il s’agit en fait d’un accord qui appartient à l’ensemble de la communauté internationale. 

Le Président du Malawi, M. Lazarus McCarthy Chakwera, qui préside le Groupe des PMA, a vu le résultat de cette conférence comme un « succès époustouflant » sur le fond et la forme.  Outre le Programme d’action, l’événement a mobilisé des ressources et donné un nouvel élan pour l’avenir, s’est-il félicité.  Alors que les chances de réaliser les ODD se heurtaient à un mur ces dernières années, il a déclaré que l’heure a sonné pour les pays développés de consacrer 0,15 à 0,20% de leur revenu national brut (RNB) à l’aide publique au développement (APD) pour les PMA.  C’est une condition incontournable pour honorer toutes les autres promesses dans les domaines du commerce, de l’investissement étranger direct et du transfert de technologies, a-t-il insisté, et « c’est aussi l’assurance que le Programme d’action de Doha sera mis en œuvre ».

Le succès du nouveau Programme dépendra d’une appropriation nationale forte et d’un leadership assumé de la part des PMA, a poursuivi le Président du Groupe des PMA.  Il faudra selon lui renforcer l’appui des partenaires du développement et l’engagement des parties prenantes à tenir leurs promesses.  Il a conclu son propos en demandant haut et fort que l’on redouble d’efforts pour réaliser notre objectif ultime, à savoir un reclassement sûr et irréversible de tous les PMA. 

Pour la Secrétaire générale adjointe et Haute-Représentante pour les pays les moins avancés en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, Mme Rabab Fatima, Doha peut se résumer à deux mots: « partenariat et reclassement ».  Elle a fait part de son espoir et de son optimisme à la fin de cette semaine exceptionnelle qui a vu 47 chefs d’État et de gouvernement et 130 ministres remettre les PMA sur les rails.  Quelque 5 000 représentants de gouvernements, de parlements, de la société civile, du secteur privé, de la jeunesse et des médias sont venus aider ces pays à surmonter leurs défis majeurs.  Mon vœu est que ce concept appartienne aux livres d’histoire, a-t-elle dit en citant un représentant de la jeunesse.

L’élan constaté ces derniers jours n’est que le début, a déclaré la Secrétaire générale adjointe, appelant à concrétiser le reclassement durable de tous les PMA en s’appuyant sur les partenariats.  Elle a insisté pour que la mise en œuvre du Programme d’action de Doha tienne compte du contexte et des capacités de chaque pays.  Il faut en outre des actions mesurables et des plans d’exécution, avec un mécanisme de suivi renforcé à tous les niveaux.  Elle s’est réjouie de voir que les dirigeants des PMA ont affiché leur volonté d’appropriation nationale de la mise en œuvre des engagements de Doha.  Quant aux partenaires de développement, elle leur a demandé de tenir compte de cet état d’esprit pour que les PMA puissent élaborer des politiques de coopération nationales répondant à leurs attentes et aspirations.  « Le potentiel des PMA reste intact. »  Si les obstacles financiers, commerciaux, énergétiques et technologiques sont levés, alors ces pays pourront forger un avenir prospère pour eux-mêmes, a conclu Mme Fatima. 

Concluant officiellement cette conférence, son Président, le Ministre d’État du Qatar chargé des affaires étrangères, M. Soltan Bin Saad Al-Muraikhi, s’est dit heureux que Doha ait accueilli la LDC5 et confiant que les résultats de cette conférence seront à la hauteur des attentes.  Convaincu du bien-fondé de la coopération, le Qatar a consacré tous les moyens possibles pour préparer au mieux la LDC5, a-t-il expliqué, avant d’annoncer que l’Émirat souhaite accueillir la Conférence d’examen de mi-parcours.  La Déclaration politique de Doha exprime d’ailleurs une profonde gratitude au Gouvernement du Qatar pour son accueil, son soutien et son hospitalité.

Le Programme d’action et la Déclaration sont des instruments puissants pour permettre à la communauté internationale d’accompagner les PMA vers leur développement durable, a souligné le Président de la Conférence.  Convaincu que le Programme donnera un nouvel élan à la réalisation des ODD, il a espéré que les engagements et promesses exprimés ces derniers jours se traduiront en résultats tangibles.  Pour sa part, le Qatar a promis 60 millions de dollars à cette fin.  Le Qatar place les questions liées aux PMA parmi ses priorités et appelle tous les partenaires de développement à lui emboîter le pas pour que la mise en œuvre des engagements ait un réel impact sur les 1,1 milliard de personnes qui vivent dans ces pays.

En début de séance, les coprésidents des huit tables rondes thématiques de haut niveau, qui se sont tenues en parallèle des séances plénières de la Conférence, ont présenté leurs comptes rendus respectifs*.

Les participants ont également entendu les comptes rendus des forums des parties prenantes (parlementaire, secteur privé, organisations de la société civile, jeunesse) ainsi que de la réunion ministérielle sur la coopération Sud-Sud.  En outre, les rapports du Comité de vérification des pouvoirs et de la Conférence LDC5 ont été adoptés, après leur présentation, respectivement, par le représentant de la Suède et le rapporteur de la Conférence.

* Les communiqués de presse consacrés à ces tables rondes sont disponibles ici

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