En cours au Siège de l'ONU

Cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés,
1re et 2e séances plénières – matin & après-midi
DEV/3447

LDC5: la Conférence sur les pays les moins avancés reprend à Doha avec un Programme d’action 2022-2031 pour passer « du potentiel à la prospérité »

DOHA, 5 mars -- Les travaux de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA) ont repris aujourd’hui à Doha pour examiner les moyens d’accélérer le développement durable de ces pays qui comptent 40% des pauvres du monde.  La capitale du Qatar accueille ainsi, du 5 au 9 mars, la deuxième partie de la Conférence, qui a dû être reportée à deux reprises à cause de la pandémie de COVID-19.  La première partie avait permis, le 17 mars puis le 1er avril 2022 par l’Assemblée générale, d’adopter le Programme d’action de Doha (2022-2031), qui succède à celui d’Istanbul (2011-2020).

« Nous pouvons et nous devons nous unir » pour transformer les mots du Programme d’action de Doha en résultats tangibles, a lancé à l’ouverture de la Conférence le Secrétaire général de l’ONU,  M. António Guterres, qui a réclamé une « véritable révolution en termes d’assistance » à trois égards: une aide immédiate pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), un soutien pour mobiliser et optimiser les ressources nationales, et une réforme impérative du système financier mondial en créant un « nouveau Bretton Woods ».

Le Programme d’action de Doha est « un guide pratique » qui contient des objectifs concrets, a salué le Chef de l’ONU en citant le centre d’appui aux investissements internationaux en faveur des PMA, le Mécanisme de soutien au reclassement durable et l’université en ligne, qui doivent être mis en route conformément au Programme.  Ce sera « la feuille de route » pour résoudre les problèmes des PMA au cours de la prochaine décennie, a revendiqué l’Émir du Qatar, en sa qualité de Président de la Conférence.  M. Tamim bin Hamad Al-Thani a rappelé aux pays riches et développés leur responsabilité morale d’aider les PMA: « Ce n’est pas une faveur. »  En annonçant lui-même un don de 60 millions de dollars pour soutenir la mise en œuvre du Programme, l’Émir a invité les autres États Membres à suivre son exemple. 

Rappelant qu’une personne sur trois dans les PMA vit dans l’extrême pauvreté, le Président de l’Assemblée générale, M. Csaba Kőrösi, a plaidé pour que toutes les décisions aient un impact et que toutes les actions soient transformatrices.  « L’ère des promesses non tenues doit prendre fin maintenant », a martelé le Secrétaire général en exigeant que l’on accorde aux besoins des PMA la place qu’ils méritent: « au cœur de nos projets, au cœur de nos priorités et au cœur de nos investissements ».  Le Président de Djibouti, M. Ismaël Omar Guelleh, a même demandé que les PMA soient considérés comme « une zone d’investissements à fort rendement ». 

Représentant la jeunesse des 46 PMA, soit 226 millions de personnes, la jeune Reekelitsoe Molapo a exprimé combien ils sont impatients de réaliser leur potentiel, comme le thème de la Conférence –« du potentiel à la prospérité »- y appelle.  Elle a plaidé pour un partenariat avec les jeunes des PMA, de même que la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Lachezara Stoeva, a revendiqué un nouveau partenariat mondial avec ces pays.  Les PMA doivent donner le ton dans ce nouveau partenariat, a renchéri le Président Lazarus MacCarthy Chakwera du Malawi, pays qui préside le Groupe des pays les moins avancés.  

Les PMA ont été parmi les premiers à offrir leur soutien et leur solidarité à la Türkiye, a d’ailleurs souligné le Ministre turc des affaires étrangères en faisant référence aux deux séismes majeurs récents.  D’un autre côté, les pays développés n’ont pas été à la hauteur des attentes, a estimé le Président de la Zambie, M. Hakainde Hichilema, en exprimant la déception du « Sud global » face au non-respect des engagements de financement climatique à hauteur de 100 milliards de dollars par an.  Il a formé le vœu que la COP28, prévue cette année aux Émirats arabes unis, permette de rectifier le tir.

De plus, utiliser le PIB comme seul critère  de mesure du développement est apparu insuffisant.  « À chaque occasion, je plaide pour l’adoption mondiale d’un indice de vulnérabilité multidimensionnelle », a déclaré le Président des Seychelles, M. Wawel Ramkalawan.  Un souci que partage le Secrétaire général qui a appelé à trouver de nouvelles façons, pleines de bon sens, de mesurer l’économie des pays: par exemple en élaborant des critères de prêt qui vont au-delà du produit intérieur brut (PIB).

Le Président de la Sierra Leone, M. Julius Maada Bio, s’est pour sa part réjoui que certains pays aient pu quitter le statut de PMA depuis que s’est tenue en 1981 la Première Conférence dédiée à leur situation.  Toutefois, a-t-il nuancé, les inégalités structurelles mondiales persistantes, la pandémie, les tensions géopolitiques récentes, les vents contraires et les perturbations économiques mondiales ont inversé les gains que la plupart des PMA ont réalisés pour atteindre les ODD.  La Première Ministre du Bangladesh, Mme Sheikh Hasina, a quant à elle exprimé sa fierté que son pays se soit qualifié pour un reclassement prévu en 2026.  « Tout cela, nous le devons en grande partie aux mesures de soutien internationales que nous avons négociées pour les PMA. »

Le matin, une cérémonie commémorative a suivi la séance d’ouverture, sur le thème « 50 années de PMA: construire une nouvelle génération de partenariats pour le progrès », sous la présidence de Mme Rabab Fatima, Haute-Représentante, Secrétaire générale de la Conférence LDC5 et avec la contribution notamment de musiciens yéménites et nigérians.

Outre la table ronde thématique de haut niveau tenue cet après-midi sur le thème « Investir dans les populations des pays les moins avancés pour ne laisser personne de côté », la Conférence a, dans la matinée, adopté son ordre du jour et élu les autres vice-présidents (Antigua-et-Barbuda, Bangladesh, Djibouti, Lettonie, Malte, Maroc, Mauritanie, Népal, Paraguay, Pologne, Portugal, République dominicaine et Slovénie), le Qatar ayant déjà été élu en tant que pays hôte.  Les vice-présidents du groupe des États d’Europe occidentale et autres états seront élus ultérieurement.  Le Rapporteur général de la Conférence sera M. Tumasie Blair (Antigua-et-Barbuda).

La Conférence se poursuivra demain, lundi 6 mars, avec la suite du débat général ainsi que deux tables rondes de haut niveau.

OUVERTURE DE LA CONFÉRENCE

M. TAMIN BEN HAMAD AL-THANI, Émir du Qatar et Président de la Cinquième Conférence des Nations Unies pour les pays les moins avancés, a exhorté à résoudre les difficultés mondiales à la lumière de celles des pays les moins avancés (PMA), en particulier l’injustice de l’écart de développement entre ces pays et les pays riches industrialisés.  Notant que certains PMA ont réussi à s’en sortir, l’Émir a mis cette réussite sur le compte de la créativité des pays tout en interpellant les pays riches pour qu’ils s’engagent davantage.  Au passage, il a encouragé tous les pays du monde à tendre la main à la Türkiye et à la Syrie, deux pays qui subissent toujours les séquelles d’un séisme dévastateur.  Il faut venir en aide aux peuples turc et syrien, a insisté le Président de la Cinquième Conférence.  Il a aussi souligné l’importance de la solidarité internationale en faveur des PMA exigeant des solutions durables et efficaces.  « Cette conférence devra faire l’évaluation de ce qui a été fait depuis la Conférence d’Istanbul, c’est-à-dire depuis une décennie. »  Il n’en demeure pas moins que le Programme d’action de Doha devra être la feuille de route pour résoudre les problèmes des PMA au cours de la prochaine décennie, a revendiqué le Président de la Cinquième Conférence. 

L’Émir a insisté sur l’importance d’une bonne mise en œuvre, notamment par la mise en place de l’initiative de stockage d’aliments, de l’université en ligne, ainsi que par le renforcement de la résilience des PMA, l’encouragement des investissements et le soutien au reclassement de ces pays.  M. Al-Thani a rappelé aux pays riches et développés leur responsabilité morale d’aider les PMA.  Ce n’est pas une faveur, a-t-il fait savoir.  Il a en même temps souligné que les PMA eux-mêmes doivent créer des conditions propices en matière de stratégies, de plans et de législations nationales.  Les PMA ne sont pas responsables du passé, a-t-il fait valoir en exprimant leur besoin d’avoir des relations d’égal à égal avec les pays riches.  L’Émir du Qatar a surtout mis en exergue les besoins de sécurité et la nécessité d’atteindre la pleine sécurité alimentaire dans le monde, rappelant l’initiative mondiale des terres arides et la politique de pauvreté zéro du Secrétaire général de l’ONU.  Après avoir souligné la relation entre la paix et le développement, l’Émir a demandé à résoudre la crise de la dette et des changements climatiques.  Il a annoncé que son pays va donner 60 millions de dollars pour soutenir la mise en œuvre du Programme d’action de Doha et renforcer la résilience dans les PMA.  Il a invité les autres États à suivre son exemple. 

Dans ses remarques d’ouverture, le Secrétaire général de l’ONU, M. ANTÓNIO GUTERRES, a rappelé qu’il a fallu reporter soudainement cette conférence, qui devait avoir lieu en janvier 2022, à cause de la vague Omicron de la COVID-19.  Il y a vu un nouveau rappel du fait que le monde subit des changements constants et inattendus.  En effet, a-t-il dit, la guerre en Ukraine a depuis lors éclaté, avec un impact dévastateur non seulement sur les Ukrainiens mais aussi sur les pays les moins avancés (PMA), confrontés à la montée en flèche des prix des denrées alimentaires et de l’énergie alors que les tensions et les divisions dans le monde ne font que s’aggraver.  Compte tenu de cela, le Secrétaire général a appelé le monde à s’unir de nouveau, arguant qu’il n’y a peut-être pas de question plus cruciale autour de laquelle « nous pouvons et nous devons nous unir » que celle de transformer les mots du Programme d’action de Doha en résultats tangibles.  « Nous n’avons pas un instant à perdre. »

Pris au piège d’une marée montante de crises, d’incertitudes, de chaos climatique et de profonde injustice mondiale, les PMA n’ont pas les moyens de suivre l’évolution technologique ultra-rapide, a souligné le Secrétaire général en notant que leurs systèmes sont tendus, voire inexistants, qu’il s’agisse de la santé ou de l’éducation, en passant par la protection sociale, les infrastructures et la création d’emplois.  Le chômage augmente, surtout chez les jeunes, et les femmes sont mises à l’écart, a-t-il remarqué, sans compter que le système financier mondial profondément biaisé accorde aux PMA le plus mauvais des traitements.  Il a donné comme exemple les taux d’intérêts jusqu’à huit fois plus élevés que les PMA doivent payer par rapport aux pays développés.  Aujourd’hui, 25 économies en développement consacrent plus de 20% de leurs recettes publiques non pas à la construction d’écoles, à l’alimentation de leurs populations, ou encore aux opportunités offertes aux femmes et aux filles, mais uniquement au service de la dette, s’est-il indigné.

Fort de ce constat, le Secrétaire général a martelé que les PMA ont besoin d’une véritable révolution en termes d’assistance, à trois égards.  Tout d’abord, ils ont besoin d’une aide immédiate pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  Pour ces pays, ces objectifs représentent la survie même, a-t-il affirmé sans ambages, que ce soit en termes d’éradication de la pauvreté, d’alimentation, de santé, d’eau potable ou d’assainissement.  Il a donc donné rendez-vous au Sommet sur les ODD de septembre prochain, qui, selon lui, sera un moment clef pour témoigner de l’engagement mondial en faveur de l’action.  À cette fin, il a rappelé avoir lancé un stimulus en faveur des ODD visant à fournir au moins 500 milliards de dollars américains par an aux pays en développement.  Il est également temps que les pays développés respectent leur engagement d’allouer entre 0,15 et 0,20% de leur revenu national brut à l’aide publique au développement (APD), s’est-il impatienté.

Parallèlement le Secrétaire général a appelé à intensifier les efforts internationaux pour lutter contre l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent et les flux financiers illicites qui détournent les ressources nationales, en faisant remarquer que les pays à faible revenu perdent une proportion beaucoup plus importante de leurs recettes fiscales en raison d’abus fiscaux tout en étant ceux qui ont le moins d’influence sur les règles fiscales mondiales.  Ces pays, a-t-il souligné, ont besoin d’investissements massifs dans l’éducation et la formation d’une main-d’œuvre hautement qualifiée, dans les capacités manufacturières et technologiques et dans l’amélioration des infrastructures et des réseaux de transport.  Le Secrétaire général a en outre plaidé pour le renforcement des institutions des PMA, misant sur le Programme d’action de Doha qui est un guide pratique et qui contient des objectifs concrets tels qu’un centre d’appui aux investissements internationaux en faveur des PMA, un Mécanisme de soutien au reclassement durable et une université en ligne.  Il a donc appelé les partenaires de développement à soutenir la mise en œuvre de ces objectifs tangibles du Programme d’action de Doha.

En deuxième lieu, il a insisté sur l’impératif de réformer le système financier mondial en créant un « nouveau Bretton Woods ».  Les institutions financières internationales doivent développer des moyens créatifs pour étendre le financement là où les besoins sont les plus grands, a-t-il argué.  Cela signifie qu’il faut notamment développer le financement d’urgence et intégrer des clauses relatives aux catastrophes et aux pandémies dans les instruments de la dette.  Il est également temps d’accélérer la réallocation des droits de tirage spéciaux (DTS) des pays les plus riches vers ceux qui ont le plus besoin d’aide.  Les banques de développement multilatérales devraient transformer leur modèle d’entreprise pour avoir un effet de levier massif en attirant des flux plus importants de financements privés à un coût raisonnable dans les pays en développement, en particulier les PMA, a encore proposé le Secrétaire général, qui a appelé à trouver de nouvelles façons, pleines de bon sens, de mesurer l’économie des pays: par exemple en élaborant des critères de prêt qui vont au-delà du produit intérieur brut (PIB) pour refléter une image fidèle de la valeur du capital naturel, comme la préservation des forêts, des bassins versants et des ressources marines.

Le troisième point du Secrétaire général porte sur la révolution en matière de soutien à l’action climatique dans les PMA.  Ces pays produisent moins de 4% des gaz à effet de serre mondiaux, mais hélas, près de sept décès sur dix liés aux catastrophes climatiques s’y produisent, a-t-il déploré en demandant aux pays développés d’accroître leur appui aux PMA pour les aider à s’adapter, à renforcer leur résilience aux changements climatiques et à passer plus rapidement aux énergies renouvelables.  Ils doivent honorer la promesse qu’ils ont faite de mobiliser 100 milliards de dollars en faveur des pays en développement et simplifier l’accès au financement de l’action climatique;  rendre opérationnel le fonds pour les pertes et dommages convenu à la dernière COP; honorer l’engagement de multiplier par deux le financement de l’adaptation; réalimenter le Fonds vert pour le climat à des niveaux plus ambitieux; et, d’ici cinq ans, appuyer la création de systèmes d’alerte précoce pour chaque personne dans le monde. 

En septembre, le Secrétaire général convoquera un sommet sur l’ambition climatique, a-t-il annoncé, qui sera l’occasion pour les gouvernements, les entreprises et la société civile de passer des paroles aux actes sur les engagements de zéro émission nette et de garantir une justice climatique aux populations qui sont les premières touchées.  Il a également plaidé pour un Pacte de solidarité climatique, afin de mobiliser un soutien financier et technique pour accélérer la transition des économies émergentes vers les énergies renouvelables et maintenir l’objectif de 1,5 degrés en vie.  « L’ère des promesses non tenues doit prendre fin maintenant », et pour cela, le Secrétaire général a exigé que l’on accorde aux besoins des PMA la place qu’ils méritent: « au cœur de nos projets, au cœur de nos priorités et au cœur de nos investissements ».

M. CSABA KŐRÖSI, Président de l’Assemblée générale, a tout d’abord remercié le Gouvernement et le peuple du Qatar d’accueillir à Doha cette cinquième Conférence sur les pays les moins avancés (PMA).  Citant l’historien grec Plutarque, il a ensuite observé que « le déséquilibre entre riches et pauvres est la maladie la plus ancienne et la plus mortelle de toutes les communautés ».  De fait, a-t-il dit, cette conférence intervient à un moment où une action radicale pour transformer les économies des PMA n’a jamais été aussi urgente.  Selon les dernières données, et malgré tous les efforts déployés, une personne sur trois dans les PMA vit dans l’extrême pauvreté, a constaté M. Kőrösi.  Il a ajouté que ces pays fragiles subissent en outre les effets persistants de la pandémie, un « tsunami de dettes », une exposition aux catastrophes et une aggravation des inégalités.  Dans de nombreux PMA, les femmes, les filles, les minorités et d’autres groupes à risque se heurtent encore à d’importants obstacles en matière d’éducation, d’emploi et de soins de santé, a-t-il poursuivi, relevant qu’avant même l’arrivée de la pandémie, plus de la moitié des PMA étaient en situation de conflit actif.  Ces conflits seront exacerbés par les impacts désastreux des changements climatiques, a averti le Président de l’Assemblée générale, avant d’exprimer son inquiétude quant au fait que, d’ici à la fin de cette décennie, la demande en eau devrait dépasser l’offre de 40%. 

Se disant convaincu que tous les États Membres entendent tenir la promesse du Programme 2030 et transformer les économies des PMA, M. Kőrösi a souhaité que cette conférence soit l’occasion de décider de mesures de soutien international supplémentaires.  Il a plaidé pour l’établissement de partenariats renouvelés entre les PMA et les partenaires au développement en vue de surmonter les défis structurels, d’éradiquer la pauvreté, d’atteindre les objectifs de développement durable et de permettre à de plus en plus d’États de sortir de la catégorie des PMA.  Pour cela, il est impératif que les pays se sentent véritablement concernés par le Programme d’action de Doha, a-t-il affirmé, invitant les partenaires de développement à aider les PMA à surmonter leurs vulnérabilités.  Quarante-deux ans après l’adoption à Paris du Nouveau programme global d’action en faveur des pays les moins avancés, dont l’ambitieux objectif était de changer radicalement la situation socioéconomique des PMA, nous devons enfin être responsables des promesses que nous avons faites, a souligné le Président de l’Assemblée générale.  « Si nous soutenons de véritables partenariats et exploitons la technologie et l’innovation, nos objectifs peuvent encore être atteints d’ici à 2030. » Il a souhaité, pour y parvenir, que toutes les décisions aient un impact et que toutes les actions soient transformatrices.  Ce progrès ne sera pas facile, mais je ne vois sincèrement pas de meilleure option pour l’humanité, a-t-il conclu, assurant être prêt avec son équipe à accompagner les PMA sur leur « chemin historique ». 

Mme LACHEZARA STOEVA, Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), a estimé que cette conférence offre l’occasion de veiller à ce que, grâce à un nouveau partenariat mondial, les pays les moins avancés (PMA) soient en mesure d’atteindre les objectifs de développement cruciaux d’ici à 2030.  « Nous avons la responsabilité collective de renforcer leurs efforts de développement et de les faire tendre vers une croissance économique durable pour que tous vivent dans la paix et la prospérité », a-t-elle affirmé.  Voyant dans le Programme d’action de Doha une « nouvelle alliance multipartite pour les PMA », façonnée par l’engagement de ces pays et de leurs partenaires de développement, mais aussi des gouvernements à tous les niveaux, du secteur privé et de la société civile, elle a jugé que le système des Nations Unies est essentiel à la réalisation de cet accord « ambitieux ». 

À mi-chemin des objectifs de développement durable (ODD), nous devons tirer parti des synergies entre le Programme d’action de Doha et le Programme 2030, a plaidé Mme Stoeva.  Selon elle, ce n’est qu’en accélérant la mise en œuvre des six domaines prioritaires du Programme d’action que nous pourrons surmonter les impacts des crises en cours et retrouver un élan dans la réalisation du Programme 2030 dans les PMA.  Mais l’action d’urgence doit être complétée par des efforts à plus long terme pour assurer une reprise durable, a-t-elle ajouté, se félicitant à cet égard que de nombreux PMA soient sortis ou en train de sortir de la catégorie des PMA.  Si leur reclassement est une « étape importante pour le développement », il doit être irréversible, ce qui nécessite un soutien spécifique à chaque pays de la part de la communauté internationale, a souligné la Présidente de l’ECOSOC. 

Mme Stoeva a rappelé que tous les PMA sont vulnérables à la hausse des prix et aux contraintes d’approvisionnement en denrées alimentaires et en carburant.  De surcroît, le resserrement des conditions financières a réduit leur capacité à investir dans le développement durable et à faire face aux impacts des changements climatiques.  Pour inverser la tendance et sauver les ODD, le Secrétaire général a proposé une relance mondiale des ODD, a-t-elle souligné, exhortant la communauté internationale à se mobiliser et à donner suite à son engagement d’offrir des financements adéquats aux PMA.  Considérant que les programmes d’allégement de la dette devraient être accessibles à tous les PMA, elle a estimé que le financement public concessionnel du développement aurait dû être augmenté depuis longtemps.  De même, a-t-elle soutenu, catalyser des flux d’investissement plus élevés dans les infrastructures physiques et sociales peut stimuler la croissance verte et le développement humain, renforçant ainsi la résilience de ces pays aux chocs et aux catastrophes.  En cette année critique pour le Programme 2030, le Sommet sur les objectifs de développement durable, programmé en septembre, sera l’occasion de réorganiser nos efforts en faveur des ODD, a conclu la Présidente de l’ECOSOC, pour qui « la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Doha sera essentielle si nous voulons réussir ».

M. LAZARUS MCCARTHY CHAKWERA, Président du Malawi et Président du Groupe des pays les moins avancés, a demandé une nouvelle ère de coopération d’égal à égal entre les PMA et les pays riches et développés.  Selon le Président, les PMA doivent donner le ton dans ce nouveau partenariat.  Il a exhorté à protéger l’élan créé depuis Doha pour qu’il ne connaisse pas le même sort que le Programme d’action d’Istanbul.  Nous avons déjà les ODD, a dit le Président rappelant l’avenir radieux que le Programme 2030 offre.  Il faut achever ce qui a été commencé, a encouragé le Président du Groupe des PMA. 

Mme SHEIKH HASINA, Première Ministre du Bangladesh, rappelant que son pays défend la cause des PMA depuis 1974, a exprimé sa fierté qu’il se soit qualifié pour un reclassement prévu en 2026.  Le Bangladesh, a-t-elle précisé, est le seul PMA parmi les 50 plus grandes économies du monde en termes de PIB.  Il a en outre réduit son taux de pauvreté de 31,5% à 20% en une décennie et est devenu internationalement reconnu pour la réduction des risques de catastrophe et l’adaptation aux changements climatiques.  Par ailleurs, a précisé la Première Ministre, les mesures de protection sociale représentent 16,75% de notre budget total et nous sommes au premier rang en Asie du Sud pour ce qui est de la réduction des disparités entre les sexes.  Après avoir consacré 6,15% de son PIB à 28 plans de relance pendant la période pandémique, le pays affichait en 2021-2022 une croissance économique de 7,10% et le revenu par habitant a triplé en une décennie, atteignant 2 824 dollars. 

Le Bangladesh est désormais un partenaire fiable dans la chaîne d’approvisionnement internationale, mais aussi une économie numérique à croissance rapide et une plaque tournante régionale pour la connectivité et la logistique, a poursuivi Mme Hasina.  Tout cela, nous le devons en grande partie aux mesures de soutien internationales que nous avons négociées pour les PMA, a-t-elle expliqué, précisant par exemple que l’accès en franchise de droits obtenu de la plupart des économies développées et émergentes a aidé le secteur privé de son pays à bâtir une base manufacturière solide.  De même, les dérogations aux brevets prévues dans le cadre de l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce nous ont permis de répondre localement à 98% de nos besoins pharmaceutiques, tandis que les exemptions prévues par d’autres accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) nous ont permis de stimuler la production agricole et de lutter contre la faim et la malnutrition.  Évoquant également l’apport de l’assistance technique internationale, la dirigeante a appelé à un soutien soutenu pour aider les PMA à doubler leur part du commerce mondial.  Les objectifs d’aide publique au développement (APD) pour les PMA des pays développés doivent aussi être atteints, a-t-elle plaidé en invitant les institutions financières internationales à soutenir la viabilité de la dette des PMA.  De plus, le financement climatique des PMA doit être flexible et prévisible, le transfert de technologie vers ces pays doit être tangible, et nos travailleurs migrants ont besoin de protection, a-t-elle encore préconisé.  Relevant que la pandémie puis la guerre en Ukraine ont porté un coup dur à leurs économies, Mme Hasina a fait observer qu’à cela s’ajoutent la crise climatique et les conflits de longue date dans certains PMA.  Au Bangladesh, nous accueillons 1,2 million de Rohingya déplacés de force depuis le Myanmar sans solution immédiate, a-t-elle rappelé.  Dans un tel contexte, le Programme d’action de Doha est selon elle une « nouvelle source d’espoir » pour les pays les plus vulnérables du monde.  Dans ce cadre, la communauté internationale doit transformer structurellement les PMA et faire bénéficier les « sortants » de mesures de soutien pendant une période prolongée, a-t-elle affirmé.  Les PMA « ne demandent pas la charité », a conclu la Première Ministre.  « Ils souhaitent simplement que les engagements pris soient tenus. » 

M. MEVLÜT ÇAVUŞOĞLU, Ministre des affaires étrangères de Türkiye, qui a lu l’allocution du Président Recep Tayyip Erdogan, resté en Türkiye pour superviser les efforts de secours après deux séismes majeurs, a expliqué que pour son pays, le développement durable des PMA est une priorité absolue.  Le Président Erdogan est confiant que cette conférence constituera une étape importante dans la mise en place d’un nouveau partenariat mondial qui garantira aux PMA un développement social, économique et environnemental, mais aussi une coopération afin que le système économique et financier mondial ne crée davantage d’inégalités.  « Cet engagement doit permettre aux PMA de ne pas être freinés par des décisions prises bien au-delà de leurs frontières. »

Rappelant que le 6 février dernier, deux tremblements de terre catastrophiques ont secoué le sud-est de la Türkiye, M. Erdogan salue la solidarité internationale manifestée à l’égard de son pays.  Les PMA ont été parmi les premiers à offrir leur soutien et leur solidarité durant ces jours si sombres, et le Président les remercie pour cette main tendue qui était, dans certains cas, un sacrifice important en soi.  Soulignant la vulnérabilité extrême des PMA face aux changements rapides et aux crises dans le monde, le Président estime qu’il s’agit d’une responsabilité collective de soutenir leur développement, a poursuivi le représentant.  Pour sa part la Türkiye, en tant que partenaire de longue date et fiable des PMA, fait de son mieux et reste engagée, explique-t-il, en rappelant notamment qu’elle avait accueilli la Conférence PMA-IV à İstanbul en 2011, qui a fixé une feuille de route sur 10 ans, puis la Conférence d’examen à mi-parcours du Programme d’action d’İstanbul en 2016 à Antalya.  La Türkiye, avec la Belgique, est également coprésidente du Groupe des amis des PMA aux Nations Unies et elle accueille la banque de technologie, la seule agence des Nations Unies qui se consacre exclusivement à ces pays.  C’est aussi l’un des pays les mieux classés en termes d’aide au développement et d’aide humanitaire et elle contribue aux efforts des PMA dans de nombreux domaines, notamment le renforcement des capacités, précise le Président.

Nous ne pouvons pas laisser les PMA en situation de marginalisation, déclare encore M. Erdogan, en appelant à agir sans tarder en matière de sécurité alimentaire.  À ce sujet, il évoque l’Initiative céréalière de la mer Noire, négociée par son pays avec l’ONU, l’Ukraine et la Russie, et les efforts en cours pour sa bonne mise en œuvre et son extension.  Selon le Président turc, l’on ne peut plus tolérer qu’il existe aujourd’hui deux mondes séparés par un fossé numérique et technologique.  Il appelle à briser les cercles vicieux qui rendent le développement difficile, en particulier en réformant le système économique et financier mondial, et à trouver des moyens de lutter contre les changements climatiques qui affectent le plus durement les PMA.  Soulignant que le Programme d’action de Doha s’inscrit dans le droit fil des engagements du Programme d’action d’Istanbul et offre des perspectives pour renforcer la résilience, le Président invite toutes les nations à y souscrire et à intensifier les efforts internationaux. 

Mme REEKELITSOE MOLAPO, représentante de la jeunesse d’un pays moins avancé, au nom des 226 millions de jeunes des 46 PMA, a souligné leur engagement dans cette Cinquième Conférence des Nations Unies et leur fierté de faire partie du processus du Programme d’action de Doha.  Ceux qui sont ici aujourd’hui ont l’intention de porter leur voix et de faire partie des solutions aux problèmes auxquels sont confrontés ces pays, a témoigné la représentante.  Elle a dit rêver de connaître une réalité différente de celle des 28 années qu’elle a passées dans un pays moins avancé et espéré que lorsque le Programme d’action de Doha arrivera à son terme, il y aura eu de vrais changements, davantage d’opportunités et d’égalité des chances.

Ne voulant pas s’attarder sur les défis qui accablent les PMA, Mme Molapo a tenu à souligner le courage et l’audace de leur jeunesse et de ses aspirations.  Des aspirations qui incluent l’accès à un emploi décent et à une éducation de qualité, et l’esprit d’entreprise.  Des aspirations à vivre dans des sociétés justes, fortes, durables et égalitaires entre les sexes.  La jeune femme a évoqué des sociétés où les jeunes ont les moyens de réaliser tout leur potentiel et où ils sont reconnus comme des détenteurs de droits et des acteurs clefs du changement.  Les jeunes des PMA sont dynamiques et innovants, a-t-elle affirmé, et ils sont résilients parce qu’ils doivent l’être.  Ils ne se contentent pas de parler des problèmes auxquels ils sont confrontés, mais agissent en conséquence, a-t-elle assuré, notamment pour ce qui est de la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a cité l’exemple concret de Murielle Mpengekese, du Burundi, qui crée des emplois pour les jeunes vulnérables. 

Aux décideurs et chefs d’État présents dans la salle, Mme Molapo a demandé d’accélérer sans plus tarder leur action sur les problèmes auxquels sont confrontés leurs pays; de créer des environnements propices à l’épanouissement des jeunes; de reconnaître leur potentiel et d’investir d’urgence dans la jeunesse, socialement et financièrement; et d’inclure systématiquement les jeunes dans la mise en œuvre du Programme d’action de Doha, arguant que son succès en dépend.  Quant aux jeunes, elle les a priés de renforcer toujours plus leur impact et d’agir de façon stratégique: « militants et manifestants quand il le faut, mais aussi prêts à s’infiltrer dans les espaces où ils peuvent influencer les politiques, les agendas et les structures ».  En fin de compte, pour passer du « potentiel à la prospérité » et réaliser le Programme 2030, il faut que tout le monde soit sur le pont, et cela passe par un partenariat avec les jeunes des PMA, a-t-elle conclu. 

DÉBAT GÉNÉRAL

M. ISMAËL OMAR GUELLEH, Président de Djibouti, a rappelé que depuis l’établissement de la catégorie des PMA quatre plans décennaux se sont succédé.  Aujourd’hui, 50 ans plus tard, « les mesures internationales mises en place pour accompagner les PMA n’ont pas produit les résultats escomptés », a-t-il regretté.  De plus, l’objectif d’accélération de la sortie de la catégorie des PMA se heurte à une multitude de défis.  « Les indicateurs montrent que les crises exogènes ont brutalement heurté les efforts des PMA. »  Le Président a appelé les partenaires bilatéraux et multilatéraux à tenir compte de ces facteurs dans la formulation de leur stratégie de soutien aux PMA.  Ces derniers ne doivent plus être limités à la seule catégorie de pays récipiendaires d’aides.  « Cette vision étroite, étriquée, débilitante doit être changée », a-t-il martelé.  « Les PMA doivent être considérés comme une zone d’investissements à fort rendement. » 

Dès lors, a estimé M. Guelleh, il faut s’attaquer aux failles d’un système multilatéral commercial qui ne joue pas sa fonction de développement et ne favorise pas la solidarité internationale en faveur des plus vulnérables.  D’après lui, les États membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) doivent se réengager à mettre en œuvre toutes les décisions de ses conférences ministérielles prises en faveur des PMA, notamment en ce qui concerne l’accès aux marchés en franchise de droits et hors contingent sur une base durable pour tous ces pays.  En outre, les engagements en matière d’aide publique au développement doivent être respectés.  Le Président a terminé en énumérant le vaste chantier entrepris par son gouvernement pour permettre une transformation durable de l’environnement socioéconomique de Djibouti. 

M. WAVEL RAMKALAWAN, Président des Seychelles, a souligné que le monde a radicalement changé depuis la quatrième Conférence des Nations Unies sur les PMA et l’adoption de la Déclaration politique d’Istanbul et du Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020.  Depuis lors, seuls trois pays sont sortis du statut de PMA, a-t-il rappelé.  Selon lui, tous les gouvernements et les partenaires doivent réagir de manière décisive pour relever les défis auxquels nous sommes collectivement confrontés.  Il a indiqué que 25% des PMA sont des petits États insulaires en développement (PEID).  Les Seychelles ne sont pas un PMA, a-t-il rappelé, notant que sa présence dans cette salle est en fait un signe de solidarité, et un soutien régional et mondial pour « nos frères PEID et africains ».  Il a expliqué que les facteurs qui entravent le développement des PMA et des PEID sur tous les continents et les régions sont de nature similaire, malgré leur potentiel de croissance et de développement rapide.  Ce potentiel pourrait être réalisé si nous avions un accès égal aux ressources et opportunités qui conduisent à la croissance économique et à la stabilité et améliorent la vie des citoyens, a—t-il estimé.

L’objectif de sortir de la catégorie des PMA et d’atteindre les ODD n’a jamais été aussi difficile face à des crises existentielles comme celle des changements climatiques, a poursuivi le Chef de l’État.  Le soutien doit être étendu pour que ces pays puissent poursuivre leurs progrès et il faut veiller à ce que les relations traditionnelles donateur-bénéficiaire se transforment en partenariats mutuels.  « Des pays comme le nôtre continuent de rester vulnérables malgré leur passage au statut de pays à revenu élevé. ».  Les changements climatiques menacent nos moyens de subsistance et notre existence, quelles que soient les conditions économiques, a témoigné M. Ramkalawan.  La principale différence est que de nombreux pays développés ont les moyens de construire leur résilience face aux catastrophes et aux chocs extérieurs.  « Nous ne pouvons pas continuer à compter sur des solutions temporaires pour remédier aux défaillances systémiques et aux lacunes des mécanismes de coopération au développement existants », a argué le Président.  Le temps est venu pour les organisations internationales telles que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et les banques multilatérales de développement de cesser d’utiliser uniquement le PIB par habitant comme mesure du développement, restreignant ainsi l’accès aux financements concessionnels pour les besoins de développement.  « C’est pourquoi, à chaque occasion, je plaide pour l’adoption mondiale d’un indice multidimensionnel de vulnérabilité », a-t-il justifié.  Il a également souligné l’importance de la coopération Sud-Sud, car la solidarité et l’unité entre les pays du Sud permettra des partenariats plus solides et durables. 

Mme NATAŠA PIRC MUSAR, Présidente de la Slovénie, a souligné la vulnérabilité extrême des PMA face aux crises mondiales, y compris la pandémie de COVID-19, les changements climatiques et les crises alimentaire et énergétique.  La réduction de la pauvreté dans le monde en est affectée tandis l’écart avec les PMA ne cesse de se creuser, a-t-elle averti.  Par conséquent, la Présidente a insisté sur l’urgence d’actions mondiales coordonnées, fondées sur la solidarité et le principe de responsabilité commune mais différenciée.  À ses yeux, l’appropriation du leadership en termes de développement incombe en premier lieu aux PMA qui doivent toutefois pouvoir compter sur le soutien de la communauté internationale.  La Slovénie, a-t-elle assuré, sera un partenaire du développement à cet égard. 

Abordant le thème de la science, de la technologie et du développement, la Cheffe de l’État a défendu l’idée que le développement des PMA doit s’accompagner d’investissements et de soutien technologique, tout en mettant en garde contre le risque des utilisations malveillantes des nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle.  La voie vers le développement suppose en outre que les principes de non-discrimination et d’inclusion soient respectés pour ne laisser personne de côté, et il faut veiller également à la réalisation des droits humains des femmes et des filles et à l’égalité des sexes, a poursuivi Mme Musar.  « Nous avons tous la même planète », a-t-elle conclu en appelant la communauté internationale à s’engager de manière sincère pour réaliser ses objectifs communs, à commencer par ceux du Programme d’action de Doha. 

M. FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, Président de la République centrafricaine, a déclaré que depuis le 30 mars 2016, son pays connaît des avancées remarquables dans la lutte contre la pauvreté, l’état de droit, la lutte contre l’impunité, l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes, entre autres.  Cependant, a-t-il déploré, tous ces efforts sont amenuisés par l’embargo « injuste et illégitime » imposé depuis 10 ans sur les armes et les diamants.  Selon lui, le pays est victime de visées stratégiques liées à ses ressources naturelles.  Le Président s’est interrogé sur le point de savoir comment les PMA peuvent-ils passer « du potentiel à la prospérité » s’ils restent confrontés aux ingérences étrangères qui les maintiennent dans la dépendance, l’insécurité et l’instabilité?  La République centrafricaine, dotée d’un immense trésor géologique de plus de 470 indices miniers dont l’or, le diamant, l’uranium et les matières premières stratégiques, a-t-il rappelé, est soumise depuis son indépendance à un « pillage systématique », facilité par l’instabilité politique entretenue par « certains pays occidentaux ou leurs compagnies qui financent des groupes armés terroristes dont les principaux leaders sont des mercenaires étrangers ». 

Comment un PMA peut-il passer du potentiel à la prospérité sans un accompagnement financier et technique des partenaires internationaux? a encore demandé le Président centrafricain en dénonçant la pression de certaines puissances occidentales ayant suspendu leur aide budgétaire.  Il a condamné les campagnes de désinformation et de diabolisation menées par certains médias étrangers en vue de décourager les investisseurs sérieux.  Le peuple centrafricain est « pris en otage » et ses efforts pour atteindre les ODD sont sérieusement compromis par des visées géostratégiques auxquelles il est totalement étranger, a fustigé M. Touadera.  Il a terminé en demandant la levée des mesures de suspension de l’aide budgétaire contre son pays.  Il a en outre sollicité la mobilisation des PMA pour soutenir sa demande de levée totale de l’embargo sur les armes et les diamants afin de permettre au Gouvernement de disposer de ressources financières nécessaires à la réalisation de son plan national de défense et de sécurité et de ses programmes de développement.

M. MAHAMAT IDRISS DÉBY ITNO, Président du Tchad, s’est réjoui que cette conférence offre l’opportunité d’échanger sur les vrais obstacles qui entravent le développement des PMA, tout en permettant aux partenaires d’évaluer leurs engagements.  Sur le plan national, a-t-il indiqué, la mise en œuvre du Programme d’action de Doha 2022-2031 s’inscrit dans la Vision 2030 de son pays et les mécanismes qui en découlent, notamment le plan national de développement 2024-2028.  De l’avis du Chef de l’État, les PMA comme son pays fournissent d’énormes efforts qui devraient être soutenus par la mise à disposition de plus de ressources concessionnelles.  Pour atteindre les objectifs fixés par le Programme d’action de Doha, le Tchad s’est engagé sur la voie du développement, a-t-il dit, et le Gouvernement de transition a mis l’accent sur l’inclusion de la jeunesse, la modernisation de la fonction publique, la promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption.  Assurant que le Tchad dispose d’énormes potentialités qui ne sont pas encore exploitées, il a réitéré son engagement à accorder des facilités à tous ceux qui voudront investir dans son pays.  Le Président a ainsi encouragé les capitaux privés et publics à saisir les opportunités qu’offrent les « zones économiques spéciales » qui viennent d’être créées dans plusieurs provinces du Tchad.  Dans cette perspective, il a milité en faveur du développement de marchés sous-régionaux ainsi que pour la mise en œuvre effective de la zone de libre-échange continentale africaine. 

Le Président a cependant reconnu que des obstacles entravent cette dynamique positive, notamment les catastrophes naturelles découlant des changements climatiques, un phénomène dont les PMA subissent de plein fouet les conséquences néfastes sans en être la cause.  Il a également cité les conséquences de la pandémie de la COVID-19, les défis sécuritaires posés par le terrorisme dans la région et le poids de la pression humanitaire avec l’accueil de près de 600 000 réfugiés et de plus de 400 000 personnes déplacées internes.  À ses yeux, la rencontre de Doha ne doit pas être un « nouveau forum de déclarations sans effet ».  Les populations des PMA, a-t-il conclu, veulent des actes concrets qui impactent positivement leur quotidien. 

M. JOSÉ RAMOS-HORTA, Président du Timor-Leste, a mis l’accent sur les acquis en termes d’ODD, mais aussi sur les défis rencontrés et les réorientations politiques nécessaires pour faciliter une transformation structurelle de son pays.  Pour le Timor-Leste, les voies menant à la sortie de la catégorie des PMA et au développement durable sont clairement identifiées dans son plan de développement stratégique.  Ainsi devrait-il devenir un pays à revenu moyen supérieur, avec une population éduquée et en bonne santé, d’ici à 2030.  Il s’agit, a précisé le Président, de développer et diversifier l’économie pour qu’elle soit moins dépendante des revenus du pétrole et du gaz; d’améliorer les infrastructures pour connecter les personnes et les marchés; de former une main d’œuvre qualifiée et de promouvoir la protection sociale des membres les plus vulnérables de la société.  Si le Timor-Leste a obtenu des résultats significatifs dans certains domaines clefs du développement au cours des deux dernières décennies, le Président est bien conscient qu’il va encore falloir relever plusieurs défis.  Par exemple, malgré une baisse significative de la pauvreté, la pauvreté multidimensionnelle reste élevée à 45,8% et la pandémie de COVID-19 a miné les progrès.  Sur le plan des améliorations, par exemple, le nouveau port moderne entièrement automatisé de Tibar Bay a commencé à fonctionner fin 2022 et un projet de système de câble sous-marin à fibres optiques reliant Darwin au Timor-Leste a été lancé. 

M. Ramos-Horta a reproché aux partenaires du développement des PMA leur tendance à rejeter la responsabilité des échecs sur le partenaire bénéficiaire et à ne pas remettre en question leurs propres programmes d’aide.  De plus, a-t-il dit, les engagements pris en termes d’aide publique au développement (APD) ne se sont jamais remis de la crise financière de 2008 et « plus personne ne parle du mirage des 0,7% du PIB national alloué à l’APD ».  Les budgets de développement ont selon lui été détournés vers la crise des réfugiés en Europe et la lutte contre l’extrémisme violent.  « Les bailleurs de fonds n’ont fait preuve ni de cœur, ni d’humanité, ni de sagesse en annulant ou en restructurant les dettes des pays fragiles, des PMA et des pays à haut risque », s’est emporté le Président.  « Comme si la pandémie de COVID-19 et les catastrophes naturelles ne suffisaient pas, nous nous sommes réveillés avec la folie de la guerre en Ukraine qui se répercute dans le monde entier », a poursuivi M. Ramos-Horta.  De plus, comme pour de nombreux autres PMA, les changements climatiques constituent une menace existentielle.  La baisse des recettes publiques provenant du pétrole et du gaz ont aussi compromis la sortie du pays de la catégorie des PMA et sa progression vers les ODD, a poursuivi le dirigeant.  En conclusion, il a plaidé pour que les partenaires du développement aident notamment les PMA dans leur transition vers des infrastructures énergétiques à faible émission de carbone.  Il a également appelé la CNUCED à leur accorder une attention particulière dans le cadre des zones économiques spéciales. 

M. IBRAHIM MOHAMED SOLIH, Président des Maldives, a rappelé que son pays a été le troisième PMA à obtenir son reclassement, avant de qualifier de « doux-amer » ce passage de PMA à la catégorie de pays à revenu intermédiaire.  Tout en saluant le fait que son peuple soit libéré de la pauvreté qui va de pair avec le sous-développement, il a reconnu que son pays « n’a pas été en mesure de réaliser pleinement la promesse de prospérité que la sortie de la catégorie de PMA est censée impliquer ».  À ses yeux, le problème réside dans le fait que le processus de reclassement ne tient guère compte des vulnérabilités sous-jacentes que les petits États continuent d’avoir malgré l’amélioration de leurs performances économiques globales.  Une fois reclassées, les Maldives ont ainsi dû lutter pour s’assurer que certains des avantages dont elles bénéficiaient en tant que PMA ne soient pas interrompus.  De l’avis du Président, certains de ces avantages auraient dû rester en place pour minimiser l’impact des vulnérabilités propres aux petits États insulaires en développement (PEID) comme le sien.  Des vulnérabilités qui, a-t-il expliqué, découlent de leur taille géographique et de leur dispersion, de leur fragilité face aux changements climatiques, de leur manque de diversification économique, d’un accès insuffisant au financement du développement et des chocs géopolitiques.  Pour les PEID, ces vulnérabilités extrêmes, qui persistent bien après le reclassement, peuvent avoir pour conséquence d’anéantir des décennies de progrès et de développement, a souligné le Président, rappelant que le tsunami asiatique de 2004 a frappé son pays alors qu’il s’apprêtait à quitter la catégorie des PMA.  Depuis, la pandémie a fait des Maldives, pays à revenu intermédiaire supérieur, « un pays sans revenu pendant trois mois ».  Et alors que le pays progressait dans sa relance post-COVID-19, le conflit en Europe a fait grimper les prix des matières premières et perturbé les chaînes d’approvisionnement. 

Le Président a ensuite noté qu’aucun des pays reclassés n’a jamais atteint de manière satisfaisante le seuil de l’indice de vulnérabilité, qui est pourtant l’un des trois critères retenus pour ce processus.  Selon lui, l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle actuellement discuté par l’Assemblée générale aiderait grandement à surmonter ce défi.  Il permettrait en effet d’examiner la vulnérabilité d’un pays au-delà de son PIB par habitant et d’évaluer sa résilience aux chocs, a-t-il fait valoir, appelant les institutions financières internationales à aller au-delà d’une mesure du développement fondée en grande partie sur le revenu national.  Le Président a également fait remarquer que les PMA et les PEID sont touchés de manière disproportionnée par les changements climatiques, sans pour autant avoir accès à un financement adéquat, durable et prévisible pour prendre des mesures d’adaptation, réduire leurs émissions et renforcer leur résilience.  Il a donc appelé le monde développé à tenir sa promesse de financement collectif de 100 milliards de dollars par an et d’accélérer la création du fonds pour les pertes et dommages, décidée lors de la COP27.  Enfin, après avoir plaidé pour un renforcement de la gouvernance et des institutions des PMA, il a réaffirmé l’engagement de son pays à soutenir la mise en œuvre du Programme d’action de Doha. 

M. JULIUS MAADA BIO, Président de la Sierra Leone, s’est félicité que certains pays aient pu quitter le statut de PMA depuis que s’est tenue en 1981 la première conférence des Nations Unies dédiée à leur situation.  Toutefois, a-t-il nuancé, les inégalités structurelles mondiales persistantes, la pandémie de COVID-19, les tensions géopolitiques récentes, les vents contraires et les perturbations économiques mondiales ont inversé les gains que la plupart des PMA ont réalisés pour atteindre les ODD.  Par conséquent, la plupart des PMA n’ont pas réussi à accéder au statut de pays à revenu intermédiaire, a constaté le Chef d’État, non sans rappeler que 14% de la population mondiale vit dans les PMA et continue de lutter contre la pauvreté, l’insécurité alimentaire et la malnutrition, des soins de santé médiocres et d’autres défis structurels.  Appelant à intensifier les efforts internationaux et nationaux pour remédier de toute urgence au sort de ces pays fragiles, il a plaidé en particulier pour un allégement de la dette et pour des investissements dans la connectivité et les infrastructures qui soutiennent la diversification économique.  Il a également invité les acteurs régionaux et mondiaux à soutenir les écosystèmes de paix partagée tout en adhérant à des principes d’efficacité de l’aide tels que le respect de l’appropriation et du leadership des pays.  Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons passer « du potentiel à la prospérité », a-t-il estimé, assurant que le thème de cette cinquième Conférence sur les PMA résonne avec les aspirations de la Sierra Leone.  Nous sommes déterminés à mettre en œuvre des stratégies nationales conformes au Programme d’action de Doha pour la décennie 2022-2031, a indiqué le Président, avant de s’engager, à titre national, à faire progresser le développement du capital humain en investissant dans les personnes grâce à une éducation, des soins de santé et une sécurité alimentaire de qualité.  Il a par ailleurs promis de s’attaquer aux vulnérabilités et à l’exclusion des femmes, des filles, des jeunes, des seniors et des personnes handicapées, tout en intensifiant l’inclusion financière, le développement des compétences, la création d’emplois et la protection sociale.

M. ABDEL-FATTAH ALBURHAN ABDELRAHMAN AL-BURHAN, Président du Soudan, a estimé qu’à mi-parcours de la réalisation du Programme 2030, l’évaluation de la mise en œuvre des objectifs de développement durable est essentielle pour relever les défis qui freinent les aspirations des peuples.  Dans cet esprit, le Soudan accorde une grande importance au développement et déploie de vastes efforts pour atteindre les ODD, a affirmé le Chef d’État, indiquant à cet égard que le Gouvernement soudanais de transition a établi dès 2019 un budget national fondé sur ces objectifs.  C’est ainsi, a-t-il dit, que les ressources budgétaires allouées à l’éducation et à la santé ont dépassé celles consacrées à la défense.  Ces efforts se doublent de discussions avec les autorités américaines pour que le Soudan soit retiré de la liste des États parrainant le terrorisme, a-t-il ajouté. 

Le Président a ensuite fait état du lancement de réformes économiques et sociales destinées à garantir au pays une trajectoire de croissance diversifiée.  À ce propos, le Président soudanais a déclaré apprécier les efforts de la communauté internationale en appui à ces réformes, notamment dans le domaine bancaire.  Rappelant par ailleurs que les PMA figurent parmi les pays les plus vulnérables aux changements climatiques, il a averti que ce phénomène entraîne des afflux de réfugiés au Soudan et entrave le développement du pays.  Cette pression migratoire, favorisée par la situation géographique du Soudan, exige que la communauté internationale partage ce fardeau, a-t-il plaidé, avant d’appeler à l’établissement de partenariats entre son gouvernement et les partenaires de développement pour rechercher des solutions innovantes aux différentes crises qui affectent le Soudan et préparer la fin de la période de transition. 

M. MOHAMED YOUNIS A. MENFI, Président du Conseil présidentiel de la Libye, a appelé à renforcer et repenser les mécanismes internationaux pour permettre aux PMA de surmonter les obstacles à leur développement et de pleinement réaliser leur potentiel.  Ces pays possèdent des ressources considérables qui peuvent permettre leur développement à condition que des mesures appropriées soient prises, a-t-il fait valoir, avant d’annoncer le soutien de la Libye au Programme d’action de Doha.  Il a insisté sur l’impératif de réduire le fossé numérique et technologique entre le monde développé et en développement y voyant un frein majeur.  La communauté internationale doit accorder la priorité au soutien multidimensionnel à apporter aux PMA pour faciliter la mise en œuvre tangible du Programme d’action de Doha, a-t-il estimé avant de demander à l’ONU de préparer une feuille de route à cet effet.  Malgré les circonstances exceptionnelles que la Libye connaît, le pays facilite le commerce des pays sans littoral en passant par son territoire, a-t-il expliqué.  Abordant aussi la question de la migration illégale, le Président a appelé les pays africains d’origine et de transit à encourager les réfugiés à rester dans leurs pays d’origine, ceux-ci devant miser sur le développement et les opportunités d’emploi.  Cela exige un système financier international plus juste, qui allège le fardeau de la dette des PMA, a-t-il exigé, en souhaitant qu’il facilite aussi leur reclassement.  À ce sujet, le représentant a mis en question le manque de progrès depuis la création de la catégorie des PMA.  Il a plaidé pour une action collective de la part de tous les partenaires internationaux pour parvenir aux objectifs visés par le Programme d’action de Doha.

M. HAKAINDE HICHILEMA, Président de la Zambie, a indiqué que l’adoption à l’unanimité du Programme d’action de Doha, au cours de la première partie de cette conférence, a constitué une « lueur d’espoir » pour la transformation structurelle des PMA.  Cependant, la mise en œuvre de ce plan ambitieux implique de galvaniser les engagements multipartites à tous les niveaux, a-t-il affirmé, constatant que les écarts de développement mondial sont particulièrement prononcés dans les PMA.  Dans le contexte actuel de crises multiples, le Chef d’État s’est fait l’écho de l’appel du « Sud mondial » pour une prise en compte des vulnérabilités liées à la dette et une atténuation des défis climatiques et des chocs économiques.  Saluant le rôle « catalytique » que joue les Nations Unies dans la promotion de la coopération Sud-Sud et triangulaire, il a plaidé pour une réforme du système financier international qui tient compte des besoins des PMA.  « Nous vivons dans un monde où les financements ne viennent pas là où les besoins sont les plus grands », a-t-il déploré, souhaitant que cette question soit à l’ordre du jour du dialogue de haut niveau sur le financement du développement, prévu en septembre. 

Évoquant ensuite la vulnérabilité des PMA aux changements climatiques, le Président zambien a applaudi les avancées réalisées lors de la COP27, notamment la création d’un fonds pour les pertes dommages.  Il a néanmoins exprimé la déception du « Sud mondial » face au non-respect par les pays développés de leur engagement de financement climatique à hauteur de 100 milliards de dollars par an.  Il a formé le vœu que la COP28, organisée cette année aux Émirats arabes unis, permettra de rectifier le tir, en mettant l’accent sur le nécessaire doublement du financement de l’adaptation.  Enfin, après avoir énuméré les mesures prises par son pays pour soutenir la transformation structurelle et la diversification économique, il a appelé à des partenariats et des investissements mondiaux pour aider les PMA à se reclasser durablement et à passer véritablement « du potentiel à la prospérité ». 

M. MOHAMMED OULD EL GHAZOUANI, Président de la Mauritanie, a noté que cette cinquième édition de la conférence sur les PMA se tient dans un contexte de crises plurielles superposées qui ont eu des effets délétères pour les sociétés et les économies de ces pays et fait reculer la réalisation des ODD.  Il a salué le Programme d’action de Doha avant de rappeler que le groupe des PMA représente plus d’un milliard de personnes, dont la Mauritanie, et que leurs économies sont exposées au fardeau de la dette.  Leur situation est en outre aggravée par l’impact des changements climatiques et les questions sécuritaires, de sorte que les PMA ont plus que jamais besoin du soutien de la communauté internationale.  Seuls trois pays ont pu sortir de la catégorie des PMA et bénéficier d’un reclassement, a encore souligné le Chef de l’État, ce qui prouve bien l’urgence pour la communauté internationale d’accompagner davantage ces pays. 

Il a passé en revue les efforts de la Mauritanie, notamment en termes de lutte contre la pauvreté avec un régime de protection sociale et des mesures visant à rendre son économie plus résiliente.  Le pays mise en outre sur l’amélioration de la gestion de ses ressources et de la productivité par la diversification de l’agriculture, a-t-il expliqué.  Il a également cité différentes réformes visant à garantir le respect de l’état de droit et la bonne gouvernance. 

M. ANDRZEJ DUDA, Président de Pologne, a dénoncé la « guerre impériale » de la Russie contre l’Ukraine.  La Russie a enlevé de force plus de 100 000 enfants ukrainiens, a accusé le Président estimant que des pays en développement ont connu le même sort dans le passé.  La Pologne a déjà été victime des agressions impériales de pays voisins dans son histoire, a rappelé le Chef d’État qui a dit comprendre l’inquiétude des PMA.  Se disant partisan de relations entre États égaux, il a expliqué que c’est grâce à une relation d’égal à égal que l’on peut garantir le développement économique des pays en développement.  Conscient en outre des attentes des pays du Sud vis-à-vis des pays du Nord, le Président a reconnu l’ampleur des défis dans des pays comme le Yémen, la Syrie et l’Afghanistan.  Il a également cité les problèmes des réfugiés et des déplacés, qui sont estimés à plus de 100 millions dans le monde. 

Le Chef d’État polonais a rappelé que l’Union européenne est le plus grand donateur d’aide et consacre plus de 70 milliards de dollars pour le financement du développement dans le monde, dont 2 milliards de dollars cette année pour l’Afrique alloués à la lutte contre la faim.  L’Europe entend en outre continuer l’exportation de céréales ukrainiennes pour combattre l’insécurité alimentaire, a-t-il aussi fait remarquer.  Décriant les conséquences sur le monde, et en particulier les PMA, de la décision du Président Putin de partir en guerre en Ukraine, le Président polonais a jugé essentiel d’accompagner le développement des marchés intérieurs de ces pays.  S’agissant du Programme d’action de Doha, il a estimé qu’il permettra aux PMA de retrouver le chemin du développement socioéconomique.  Il a aussi mis en exergue la nécessité d’un accompagnement à long terme pour faire face aux chocs climatiques.  Dans les efforts d’atténuation, il a plaidé pour une approche centrée sur l’humain.  La Pologne, a enfin déclaré son président, veut développer ses missions diplomatiques en Afrique en vue d’augmenter les échanges avec les PMA et l’aide dans les domaines des équipements agricoles et des outils informatiques.

M. EVARISTE NDAYISHIMIYE, Président du Burundi, a affirmé que le Programme d’action de Doha, qui appelle à investir dans le capital humain des PMA, vient renforcer les initiatives du Gouvernement burundais, lequel a basé sa stratégie de lutte contre la pauvreté sur le développement humain.  En alliant le dividende démographique et le développement des compétences, le Gouvernement burundais a également placé les jeunes et les femmes au centre de son plan de développement, à travers un grand programme d’autonomisation économique et d’emploi, une banque d’investissement pour les jeunes, une banque des femmes et une assistance financière et technique aux coopératives de production, a-t-il précisé.  S’agissant de l’exploitation des moyens offerts par la science, la technologie et l’innovation pour lutter contre les vulnérabilités multidimensionnelles, le Chef de l’État a vanté le déploiement de la fibre optique sur tout le territoire national et la digitalisation érigée en priorité pour tirer profit de la croissance numérique.  Quant à l’appui à la transformation structurelle, l’agriculture est, au Burundi, le secteur le plus porteur de croissance, ce qui justifie les efforts de valorisation consentis par le Gouvernement, a-t-il dit, faisant état d’une mobilisation de toute la nation pour renforcer la chaîne de valeur agricole.  Dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques et la dégradation de l’environnement, M. Ndqyishimiye a cité en exemple le programme « Ewe Burundi Urambaye » (Burundi couvert) qui promeut la reforestation, l’éducation civique et le développement de l’agroforesterie.  Enfin, il a dit croire en la force des partenariats mondiaux et des outils innovants pour progresser sur la voie d’un reclassement durable.  « C’est un espoir particulier pour le Burundi et pour tous les autres PMA qui se projettent dans les 10 ans à venir. »

M. MSWATI III, Roi de l’Eswatini, a constaté que de nombreux défis restent à relever dans la réalisation de plusieurs ODD, en particulier la réduction de la pauvreté, l’éducation de qualité, la santé, l’énergie, la création d’emplois, l’industrie ou encore l’innovation et les infrastructures.  Bien que l’Eswatini ait dépassé le stade de PMA, les défis auxquels il reste confronté en tant que pays à revenu intermédiaire sont les mêmes, s’est-il inquiété.  Certains pays sortis de la catégorie des PMA ont été fortement touchés par la crise sanitaire et socioéconomique: il est donc urgent de les soutenir pour leur permettre de conserver leur statut et de se prémunir contre les chocs extérieurs.  L’Eswatini ayant connu une baisse substantielle de l’aide au développement, le Chef de l’État a exhorté la communauté internationale à lui apporter un soutien financier et technique plus important afin de lui permettre d’atteindre les ODD. 

Le Roi a évoqué le plan de redressement économique post-COVID-19, élaboré avec le soutien de l’ONU, et qui consiste à renforcer le système sanitaire, notamment par l’embauche de personnel médical, afin que chaque citoyen ait accès à des services de santé de qualité.  Il a invité les investisseurs du secteur pharmaceutique à installer des usines dans le Royaume.  Le fonds national de développement de l’agriculture a également été créé pour soutenir les petits exploitants agricoles, y compris les femmes et les jeunes, et leur permettre de se lancer dans l’agriculture verte.  Le Roi a expliqué que même si son pays ne produit que 0,007% des émissions mondiales de carbone, il s’est engagé à atténuer l’impact des changements climatiques.  Le secteur de l’énergie offre des opportunités d’investissement, alors que le pays cherche à atteindre sa sécurité énergétique et à créer plus d’emplois dans ce domaine.  Enfin, face à l’importance croissante des nouvelles technologies de l’information et des communications, le Chef de l’État a insisté sur l’impératif de combler le fossé numérique qui est un frein majeur au développement durable. 

M. HASSAN SHEIKH MOHAMUD, Président de la Somalie, a plaidé pour la coopération avec les partenaires du développement afin d’accélérer le développement durable dans les pays qui en ont le plus besoin.  La Somalie se trouve à la croisée des chemins de la guerre civile et de la paix, a informé le Président.  L’une de ses priorités est de rétablir les institutions de l’État, a-t-il annoncé en énumérant les défis socioéconomiques et environnementaux auquel son pays fait face.  Le Président a insisté sur l’importance de la protection sociale, y compris pour les populations rurales, en s’appuyant sur les ressources existant au niveau national.  « Le Gouvernement est décidé à passer du potentiel à la prospérité en se basant sur ses propres efforts et ressources », a assuré le Chef de l’État.  La Somalie compte aussi sur les membres de sa diaspora, les jeunes, et les femmes et les filles, a-t-il ajouté en soulignant l’importance de la promotion du capital humain.  Les progrès engrangés sont le fruit des efforts des populations et de l’aide internationale, a conclu le Président. 

M. TEUEA TOATU, Vice-Président de Kiribati, a jugé que le thème retenu pour cette conférence, « du potentiel à la prospérité », est un puissant appel à accélérer les engagements en faveur des ODD.  En tant que PEID et PMA, a-t-il cependant admis, le trajet de Kiribati vers la prospérité souffre de la multiplication des défis socioéconomiques et environnementaux.  Rappelant à cet égard que la pandémie de COVID-19 n’a pas disparu, il a remercié les partenaires au développement pour leur assistance qui a permis au pays de reconstruire son secteur du tourisme et de soulager son fonds souverain après des pertes importantes liées à la crise sanitaire et à ses retombées.  Dans ce contexte, l’adoption du Programme d’action de Doha donne un nouvel espoir à des pays comme Kiribati en raison des engagements renouvelés qu’il suscite.  À titre national, investir dans notre population reste notre priorité, a précisé le dirigeant, affirmant promouvoir un développement inclusif, transformatif et durable, dans lequel les jeunes sont considérés comme des agents de changement.  Favorable à des partenariats, il a également plaidé pour que son petit pays, à la fois reculé et vulnérable aux changements climatiques, puisse tirer parti de l’aide au développement.  Pour le Président de Kiribati, la situation de vulnérabilité des PMA impose de renforcer les infrastructures de ces pays et d’accélérer l’intégration de leurs économies dans les échanges commerciaux.  Il a assuré en conclusion que le reclassement de son pays, reporté à 2024, reste une priorité absolue. 

Mme MARIAM CHABI TALATA ZIMÉ YÉRIMA, Vice-Présidente du Bénin, s’est posée la question du bilan des PMA après un demi-siècle d’existence.  Ce bilan est-il concluant?  Pousse-t-il à l’optimisme quant à l’avenir de « notre groupe »? a-t-elle demandé, s’interrogeant sur la capacité de ces pays à mener aux changements attendus, aux transformations structurelles et durables de leurs économies.  Rappelant que depuis 1971, seulement six pays sont sortis de la catégorie des PMA, que leur marginalisation dans le commerce mondial persiste à ce jour et qu’ils se caractérisent par des effondrements fréquents de croissance, la Vice-Présidente a également rappelé que depuis 1971, quatre programmes d’actions couvrant diverses dimensions du développement pour accompagner les PMA ont été mis en œuvre, et qu’aucun n’a pleinement réalisé ses objectifs.  Arguant que le succès de ces programmes dépend des capacités et de l’esprit d’initiative des PMA, elle a constaté que ces quarante dernières années, la plupart d’entre eux ont vu leurs capacités s’amoindrir à cause notamment de la baisse de l’aide publique au développement.  Concrètement elle a reproché aux grands pays donateurs de ne même plus consacrer 0,15% de leur revenu national brut à l’aide au développement.  Dès lors on comprend pourquoi les PMA peinent à mobiliser les ressources indispensables à leurs projets de développement et à prendre librement des initiatives, a-t-elle argué.  Voilà pourquoi, 50 ans après la création du groupe des PMA, seulement six pays sont sortis de cette catégorie, s’est-elle indignée. 

Si le Bénin, rêve de transformation durable de son économie et de développement, sa quête légitime est confrontée aux problèmes de mobilisation des ressources internes et externes, de gouvernance et de sécurité à ses frontières, a-t-elle expliqué, ajoutant que ces problèmes sont partagés avec la plupart des États ouest africains.  Ces pays attendent une nouvelle génération de mesures adaptées aux contextes, aux réalités et au vécu de la sous-région, a-t-elle expliqué.  La Vice-Présidente a ajouté que pour les PMA d’Afrique subsahariens, avant même les problèmes de croissance et de développement, de graves et sérieux problèmes de sécurité et de survie se posent.  Il importe de les prendre en compte désormais, a-t-elle martelé.  Elle a ainsi exigé une réponse vigoureuse et coordonnées aux défis que constituent aussi bien la piraterie maritime dans le golfe de Guinée que le terrorisme dans la zone sahélienne.  La Cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA devra donc s’atteler à la différenciation des orientations, des stratégies et des actions de développement en ne négligeant pas les spécificités de chaque région, de chaque pays, a-t-elle souhaité.

Mme ESPERANÇA MARIA DA COSTA, Vice-Présidente de l’Angola, a dit que d’importants défis socioéconomiques doivent encore être résolus 50 ans après la création du groupe des PMA.  Elle a dénoncé les chocs nouveaux et émergeants qui obligent à focaliser l’attention sur la résilience.  Elle a demandé à renouveler et renforcer les engagements, par les PMA et leurs partenaires de développement, en faveur de leur relèvement.  Le Gouvernement angolais s’engage à mettre en œuvre le Programme d’action de Doha et a lancé son programme de renforcement de la protection sociale, notamment grâce à des allocations fournies à 1,6 million de familles en 2024.  Des mesures ont été prises pour la croissance économique, y compris dans le cadre du programme de reconversion de l’économie informelle, qui emploie plus de 8 millions de personnes.  Confronté aux effets négatifs de la pandémie de COVID-19, le Gouvernement angolais a revu sa stratégie de développement pour la période 2023-2027, a expliqué la Vice-Présidente: il est maintenant focalisée sur le développement des ressources humaines afin d’augmenter la productivité, la modernisation des infrastructures afin d’améliorer la mobilité, et la diversification économique pour assurer la sécurité alimentaire.  En conclusion, la Vice-Présidente a exhorté les PMA à être décisifs dans leurs interventions afin de garantir la stabilité macroéconomique, d’accroître les capacités de production et de mieux redistribuer les revenus.

M. PHILIP ISDOR MPANGO, Vice-Président de la République-Unie de Tanzanie, a rappelé qu’outre les conflits géopolitiques, les changements climatiques et les effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19, les PMA doivent faire face au fardeau insoutenable de la dette, à l’insécurité alimentaire, à la faiblesse des capacités de production et à la dépendance excessive aux produits de base.  Malgré tous les engagements pris à partir des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), qu’il s’agisse du Programme 2030 ou du Programme d’action d’Istanbul, la plupart des PMA sont loin d’atteindre les objectifs envisagés, a-t-il constaté.  Le dirigeant a cependant salué le Programme d’action de Doha et ses six domaines prioritaires, y voyant un moyen pour les PMA de sauter des étapes et de passer à la vitesse supérieure. 

Dans ce cadre, il a plaidé pour la mise en œuvre de réformes politiques, institutionnelles et réglementaires, afin de faire croître l’économie, de stimuler le développement du secteur privé et d’attirer des investissements et des technologies vertes.  Il a également jugé essentiel de forger des partenariats stratégiques, notamment une collaboration régionale, et de tirer parti du financement concessionnel.  C’est la voie que la Tanzanie a suivie avec sérieux, a-t-il affirmé, indiquant qu’en dépit des épreuves, l’économie nationale reste solide avec une croissance parmi les plus rapides en Afrique subsaharienne et au sein des PMA.  Des progrès ont aussi été enregistrés en matière d’indice de développement humain, s’est-il enorgueilli, avant de vanter les innovations de son pays dans le domaine de la finance numérique, lesquelles ont permis d’étendre les services monétaires mobiles et d’intégrer financièrement les petites et moyennes entreprises.  Avec tout cela, a conclu le Vice-Président, « la sortie de la Tanzanie de la catégorie des PMA est imminente ».

M. ADRIANO AFONSO MALEIANE, Premier Ministre du Mozambique, a espéré que la Conférence LDC5 permettra la réalisation de l’engagement collectif de ne laisser personne pour compte en tirant les leçons du Programme d’action d’Istanbul.  Il a espéré qu’une voie sera ouverte pour le reclassement des PMA.  Il a précisé que le Mozambique s’est doté d’une stratégie nationale de développement visant à mettre en place un système de protection de ses citoyens en privilégiant notamment les chaînes agro-alimentaires.  Son pays attend des investissements directs étrangers pour soutenir ses efforts de développement, a-t-il averti avant de rappeler que son pays est pleinement engagé dans la mise en œuvre du Programme d’action de Doha.

 

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